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invoquer sa bienveillance ou pour recourir à son autorité, ne sont autre chose qu’un simple recours par voie gracieuse. Il n est pas nécessaire qu’elles soient écrites sur papier timoré, et il en est de même pour les pétitions qui ont pour objet des demandes de congé ou de secours, ou pour celles qu’on adresse à l’Assemblée nationale. D’après la décision votée par l’Assemblée le 3 juillet 1873, les pétitions adressées à ce corps doivent être envoyées au président de l’Assemblée ou être déposées par un représentant. Les signatures des pétitionnaires doivent être légalisées et, au cas ou la légalisation a été refusée, mention doit être faite de ce refus au bas de la pétition. Les pétitions, dans l’ordre de leur arrivée, sont inscrites sur un rôle général contenant le numéro d’ordre de la pétition, l’objet de la demande, le nom et la demeure du pétitionnaire, ou des pétitionnaires, puis elles sont renvoyées à la commission des pétitions. Chaque pétition est dans la commission l’objet d’un rapport et d’une résolution, et avis est donné au pétitionnaire de ia résolution adoptée. La commission rapporte, en séance publique, tes pétitions sur lesquelles elle conclut au renvoi à un ministre et celles qu’elle juge utile de soumettre à l’examen de l’Assemblée. La priorité ou l’urgence peut être demandée pour l’examen d’une pétition. Dans un délai de six mois, les ministres doivent faire connaître, par une mention portée au feuilleton distribué aux membres de l’Assemblée, la suite qu’ils ont donnée aux pétitions qui leur ont été respectivement renvoyées. Sous quelque forme qu’elles soient présentées, supplique, mémoire, simple lettre, les pétitions adressées aux ministres, à toutes les autorités constituées, aux administrations et établissements publics, doivent être écrites sur papier timbré, à peine d’une amende de 5 francs outre le décime.et le droit de timbre. Il est défendu aux administrations publiques de rendre aucun arrêté sur un acte qui n’est y pas écrit sur papier timbré. Aux exceptions a cette régie que nous avons données plus haut i ! faut joindre celle qui est relative à des réclamations sur les contributions directes, personnelles et mobilières, pour une taxe au-dessous de 30 francs.

— Hist. Pétition des droits. En 1628, le Parlement anglais remit au roi Charles Ier un cahier de doléances qui reçut le nom de pétition of righls {pétition des droits). Dans cette requête, le Parlement réclamait l’exercice des droits garantis par la magna charta et autres statuts royaux, et la cessation des illégalités journellement commises par le pouvoir..Il demandait notamment que nul ne pût être arrêté ou détenu en dehorsdes formes çrescrites parla loi ; que personne ne pût être lorcé à.payer des impôts non consentis par le Parlement, ou k faire des prêts d’argent au roi ; qu’on ne fût plus arbitrairement contraint à fournir le logement et la nourriture aux gens de guerre ; qu’il n’y eût plus ni tribunaux d’exception ni loi martiale. Le roi refusa longtemps de faire droit aux justes réclamations des organes de la nation ; mais, voyant enfin l’onige prêt a éclater sur sa tête, il finit par se rendre à la Chambre des lords et céder à la voix de la nation (7 juin 1628). Depuis lors, la pétition des droits est restée la base des garanties nationales contre les abus de la royauté, et elle a été complétée par la déclaration des droits.

— Législ. Pétition d’hérédité. On désigne ainsi l’action par laquelle l’héritier légitime ou le légataire universel, considéré comme l’héritier, demande la mise en possession totale ou partielle d’une succession ou d’une partie de cette succession contre le détenteur ■ à titre universel qui se croit à tort héritier, ou contre le simple possesseur qui ne peut justifier sa possession par aucun titre. Cette action, considérée comme mixte, c’est-à-dire étant à la fois réelle et personnelle, se prescrit par trente ans. L’héritier légitime qui intente ia pétition d’hérédité contre un autre héritier doit justifier du lien de parenté qui l’unit au défunt ; mais, lorsqu’il l’intente contre un étranger, il n’est pas obligé d’établir qu’il est le plus proche parent. Le légataire universel doit produire un testament valide. Le défendeur peut lui opposer la révocation qui aurait été faite du testament par un acte postérieur. Lorsque l’héritier légitime ou le légataire universel se trouve en présence de possesseurs à titre particulier, c’est-à-dire en vertu d’un acte d’achat, d’une donation, etc., d’objets dépendant d’une succession, il ne peut intenter que l’action en revendication qui se prescrit par dix ans entre présents et vingt ans entre absents,

— Logiq. Pétition de principe. Ce nom a été donné par Aristote k l’un des sept faux raisonnements ou parulogismes dont son cinquième chapitre des Iléfutations sophistiques nous donne la définition en même temps qu’il enseigne à les réfuter. Une pente tellement irrésistible conduit l’esprit humain à ce genre de paralogisme, qu’Aristote lui-même n’a pu y échapper. S’eflorçant de prouver que la terre est au centre du monde, il raisonne comme il suit ; • La nature des choses pesantes est de tendre vers le centre du monde, la nature des corps légers est au contraire de s’en éloigner ; or, l’expérience montre que les choses pesantes tendent vers le centre de la terre, tandis que les corps légers s’en éloignent ; donc le centre du monde n’est autre

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que le centre de la terre. » H est facile de voir que la prétendue loi sur laquelle est basée cette argumentation n’est qu’une affirmation détournée de la proposition qui forme la conclusion. La pétition de principe gouverne en grande partie l’esprit humain et même, sur certains points, les intérêts sociaux. C’est sur une pétition de principe qu’on a longtemps établi la légitimité de l’esclavage : l’esclave est une brute dont les appétits désordonnés doivent être soumis à une domination absolue, dans l’intérêt de la société et dans celui même de l’esclave. Mais pourquoi l’esclave est-il une brute, sinon parce qu’il est esclave ? L’argument invoqué contre lui se réduit donc à une pétition de principe. Le même sophisme est journellement invoqué, tantôt contre les classes populaires en général, tantôt contre la classe ouvrière en particulier. Le faible doit rester faible parce qu’il est faible ; te pauvre doit rester pauvre parce qu’il est pauvre ; ni l’un ni l’autre ne doivent être instruits parce qu’ils cesseraient d’être ce qu’ils sont. Tels sont les arguments qui ont servi de base a l’organisation de presque toutes les sociétés ; arguments faibles par la logique, mais puissants par les intérêts de ceux qui les invoquent ; car il est à remarquer que la pétition de principe, erreur de raisonnement généralement enfantine, est presque toujours inspirée par la passion et le parti pris.

PÉTITIONNAIRE s. (pé-ti-si-o-nè-rerad. pétition). Personne qui fait, qui présente une pétition : Les patriotes éclataient en applaudissements furibonds et narguaient de leurs éclats de joie les pétitionnaires des sections assis à la barre. (Thiers.)

PÉTITIONNEMENT s. m. (pé-ti-si-o-neman

— rad., pétitionner). Action de pétitionner ; résultat de cette action : Un vaste pétitionnement s’organisa.

PÉTITIONNER v. n. ou intr. (pé-ti-si-o-né

— rad. pétition). Présenter une pétition : Le droit de pétitionnkb.

PETITISSIME adj. (pe-ti-ti-si-me — superl. de petit). Par plaisant. Très-petit : La petitissimk république. (Volt.)

PETIT-JUAN, personnage de Racine, qui est un des principaux rôles dans les Plaideurs ; c’est le type du paysan intéressé, singulier mélange de niaiserie et de malice, personnification du bon sens naturel. Petit-Je ; m a bien le langage qui convient à son caractère et à son rôle. Comme tous les campagnards, il ne parle que par proverbes et sentences. Tel qui rit vendredi dimanche pleurera.

Voilà les premiers mots qu’il prononce en entrant en scène. On pourrait relevqr encore bon nombre d’aphorisines populaires que Racine a heureusement mis dans sa bouche. Citons seulement les deux suivants, restés célèbres :

.... Sans argent, l’honneur n’est qu’une maladie.

— Qui veut voyager loin ménage sa monture-C’est bien là le ton du campagnard. Petit-Jean, en effet, n’est à la ville que depuis peu. Il n’y a qu’un an au plus qu’il est au service de Dandin, le juge motiomane. « On l’a fait venir d’Amiens, dit-il, pour être suisse. » Tous ces Normands voulaient se divertir de nous. Or» apprend à hurler, dit l’autre, avec les loups.

Encore un proverbe : Petit-Jean en a pour toutes les circonstances. C’est surtout quand il parle de lui qu’il fait montre de son éloquence populaire. Comme tous les gens du peuple, il parle de sa personne avec un profond respect et se tient en assez grande estime.

Tout Picard que j’étais, j’étais un bon apôtre, Et je faisais claquer mon fouet tout comme un autre ; Tous les plus gros messieurs me parlaient chapeau ba3 :

Monsieur de Petit-Jean, ah ! gros comme le bras !

Il faudrait citer tout le monologue par lequel Petit-Jean ouvre la pièce, si l’on voulait faire connaître tous les vers restés célèbres. Racine, en effet, a su trouver une forme si vive et si saisissante pour exprimer toutes ces idées vulgaires qu’il prête avec raison à son portier de comédie, que chaque trait s’imprime dans la mémoire pour n’en plus sortir. Mais le langage de Petit-Jean ne fait pas seul tout l’intérêt du personnage. Le rôle que lui a donné l’auteur et les situations où il l’a placé ajoutent encore singulièrement à son originalité. Petit-Jean, comme le Xanthias d’Aristophane, est chargé de garder le vieux juge et de l’empêcher d’aller au tribunal. Huit et jour, il faut fuira le guet, car le bonhomme, Qui veut bon grt, mal gré.

Ne se coucher qu’en robe et qu’en bonnet carré,

trompe à chaque instant la surveillance de ses gardiens ; il sort par la fenêtre du grenier, par le soupirail de la cave. Mais ce n’est pas tout : Petit-Jean n’a pas seulement à surveiller le juge ; il faut encore qu’il écarte les plaideurs aussi endiablés que Dandin. M. Chicaneau et Mme la comtesse de Pimbesche assiègent jour et nuit la maison. Petit-Jean leur ferme la porte au nez, tout en recevant leur argent. Enfin, on a trouvé un moyen de satisfaire sans danger la munie de Perrin Dandin. U jugera chez lui désormais. Un procès se présente : le chien Citron a mangé un chapon ; voilà un coupable qu’on va traduire de PETI

vant le juge. Mais il faut des avocats : le portier et le secrétaire de Dandin se chargent de ce rôle, et Léandre, le dis, représente l’assemblée. Petit-Jean est l’accusateur, le ministère public. Il est trop ignorant pour composer un plaidoyer. On lui fait son premier réquisitoire. U n’a qu’à réciter ; mais sa mémoire est faible ; en vain a-t-il recours au souffleur, oui le gêne plus qu’il ne lui sert. U est obligé d’abandonner la magnifique harangue, pleine de grands mots et d’allusions savantes, et, son gros bon sens faisant justice de tout ce patois en honneur au barreau, il s’écrie avec indignation :

Hé ! faut-il tant tourner autour du pot ? Ils me font dire aussi des mots longs d’une toise. De grands mots qui tiendraient d’ici jusqu’à Pontoise. Pour moi, je ne sais pas tant faire de façon Pour dire qu’un mâtin vient de prendre un chapon ; Tant y a qu’il n’est rien que votre chien ne prenne. Qu’il a mangé là-bas un bon chapon du Maine, Que, la première fois que je l’y trouverai, Son procès est tout fait et je l’assommerai.

Petit-Jean, c’est-à-dire Racine, donne ici une bonne leçon aux avocats du temps, arrondisseurs de périodes, ennuyeux discoureurs.quidisaientpompeusement mille choses

dont on n’avait pas besoin et, comme on le verra par l’exemple de l’Intimé, couraient la poste quand ils arrivaient au fait.

Petit-Jean n’est pas une de ces créations originales qui durent à jamais et s’impriment d’une manière ineffaçable dans l’imugination des lecteurs ; mais c’est un personnage curieux, dont le caractère, sans être très-profondément étudié, est cependant bien suivi et bien mené. Ce rôle, à la scène, est toujours fort applaudi.

PETIT-LAIT s. m. Partie liquide du lait, qui reste après qu’on en a séparé par la coagulation le caséum.

— Pharm. Petit-lait d’Hoffmann, Liquide que l’on obtient en traitant par l’eau bouillante le lait évaporé jusqu’à consistance presque solide.

— Encycl. Mat. médicale. On emploie très-souvent le petit-lait pour calmer les phlegmasies des organes digestifs. On l’administre à ladose de 500 à 1,000 gr. par jour. Un bol de petit-lait, pris à jeun Te matin, suffit quelquefois pour guérir, en peu de temps, des gastrites et des gastralgies rebelles. On a nussi attribué à cette substance des propriétés fébrifuges.

On emploie souvent, pour faire le petitlait clarine, utilisé en médecine, le procédé suivant : on porte le lait à l’ébullition et-on y ajoute, par petites parties, une quantité suffisante d’une dissolution faite avec.une partie d’acide tartrique ou mieux d’acide citrique et six parties d’eau. Quand le coagulum est bien formé, on passe sans expression ; on remet le petit-lait sur le feu avec la moitié d’un blanc d’œuf battu avec un peu d’eau froide et on porte à l’ébullition ; on passe et ou filtre à travers un papier Joseph lavé à l’eau bouillante. Souvent on fait des petits-laits médicamenteux, en ajoutant au petit-lait ordinaire des substances qui lui communiquent leurs propriétés. Nous citerons le petit-lait antilaiteux de Weiss, qu’on prépare en faisant infuser dans 500 grammes de petit-lait ordinaire 5 grammes d’espèces antilaiteuses et ajoutant k l’infusion 2 grammes de sulfate de magnésie. Cette préparation est fort employée. On en continue l’usage pendant vingt ou trente jours.

On emploie encore le petit-lait en bains, dans certains établissements de l’Allemagne, comme moyen résolutif et fortifiant contre les névroses anémiques, les diathéses scrofuleuses, les phthisies avec lymphotisme, etc.

C’est en Suisse que la cure du petit-laie fut d’abord imaginée, comme emploi interne et externe, puis elle Be propagea eu Allemagne.

PETIT -MAÎTRE, PETITE-MAÎTRESSE s.

Raffiné ; personne qui affecte une grande élégance de mise, de manières, de 1 au gage : Les petits-maItres tireraient un suc salutaire des fleurs des meilleurs écrits, si les papillons pouvaient devenir abeilles. (J.-J. Rouss.) Nos petits-maîtres sont l’espèce la plus ridicule qui rampe avec orgueil sur la surface de la terre. (Volt.) Petit-maître sur le retour, papillon sur la neige. (Petit-Senn.)

— Encycl. Le petit-maître a précédé les incroyables du Directoire, les dandys et les fashionables de la Restauration, le lion de 1830, le gandin, le petit-crevé et le cocodès de nos jours. Chaque époque a éprouvé le besoin de désigner, par un vocable nouveau, ses jeunes gens à la mode, et, au fond, ces substantifs multiples peuvent passer pour des synonymes. Cependant, en regardant de près, ils sont séparés par des nuances délicates, qui suffisent à peindre toute une époque, et ce serait commettre un horrible contre-sens que de confondre les petits-maîtres de Marivaux avec les petits gommeux de MM. Meilhac et Halévy ; il y a entre eux l’espace de trois ou quatre civilisations disparues.

Le petit-maître fait son apparition vers la fin du règne de Louis XIV et dure jusqu’à la lin de celui de Louis XV. Ce laps de temps considérable, presque tout un siècle, montre que nos bons aïeux étaient d’humeur moins changeante que nous qui avons déjà usé, en deux fois moins de temps, les lions, les dan PETI

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dies, les fashionables et même les gandins. Son costume, ses mnnières, ses affectations do langage, sa fatuité demeurée proverbiale restèrent les mêmes pendant toute cette longue période et l’on n’éprouva pas le besoin de changer son étiquette. Tel il se présente en 1734, dans le Petit-maître corrigé de Marivaux, tel on le retrouve dans le/’efi’ï-mnf/re en province de Harny, en 1765. Les auteurs comiques ne l’ont pas ménagé ; ils en ont fait le type sacrifié de leurs pièces ; c’est lui qu’on berne et qu’on siffle, durant trois ou cinq actes ; c’est lui qui joue les Gérontes, tout jeune et beau qu’il est, et il le mérite par sa suffisance et ses grands airs, dehors trompeurs sous lesquels il cache son incurable nullité. Cependant, si sot et si fat qu’il soit, il s’étudie à être aimable, i ! est galant ; son seul tort est de se croire irrésistible ; il n’a ni la morgue hautaine et froide des dandys de Balzac, ni la trivialité cynique des petits-crevés de la Vie parisienne ; c’est la nuance qui le distingue de ses arrière-neveux et qui fait de ce gandin fossile un être a part. Quelques comédies de l’ancien répertoire ont mis en scène le petit-maître ; nous en donnons une analyse succincte.

Pelil-ffiailre de campagne (le), comédie en un acte, en prose, par un anonyme (Théâtre-Français, 1701). Un M. de Saint-Armel, qui se faisait appeler à Venise le signor Azanni et qui, sous ce nom, a fait de mauvaises affaires, revient en France, sans un sou qui lui appartienne, mais avec- 300,000 francs qu’il a dérobés à son associé, le sieur Ricotte. U compte donner ces 300,000 francs en dot a sa fille ; mais il a une peur, c’est que Ricotte, ou son fils, ne vienne réolnmer la somme. Un petit-maître, de manières séduisantes, le vicomte de Génicourt, vient déclarer qu’il aime passionnément la belle Marianne ; M. de Saint-Armel veut profiter de ce que rien n’a encore transpiré pour bâcler en toute hâte ce mariage ; mais la soubrette, qui sait que sa maitresse aime Eraste, un jeune cadet sans fortune, imagine de dire au vicomte que Ricolle est sur la trace de sou associé et qu’il va venir réclamer ses 300,000 francs. Le vicomte n’aime plus Muruuine ; il laisse la place libre au pauvre cadet, qui est précisément le fils de Ricotte et qui rentre ainsi dans l’argent paternel.

PeUl-iuoliro owpiirent (le), comédie en trois actes, en vers, de Romagnesi (Théâtre-Italien, 1734). Le petit-muttre, Damon, n’a rien de particulier ; il aime Angélique et il est aimé d’elle. Au moment de conclure le mariage, Angélique croit s’apercevoir qu’il a été séduit encore plus par sa richesse que par sa beauté ; elle se brouille avec lui et veut rompre tout à fait. Damon est congédié et va partir ; cependant Angélique Se ravise, une explication a lieu, et elle s’aperçoit qu’elle s’était méprise, que ses soupçons pariaient d’un malentendu. Elle rend toute son affection à Damon et l’on se hâte de célébrer le mariage. La pièce n’offre que du marivaudage, sans l’esprit et la finesse de Marivaux.

Pelll-matlre «n provins» (LK), Comédie en

un acte, en vers, de Harny (Théâtre-Italien, 1765). Quoique Harny ne soit qu’un auteur du troisième ordre, c’est lui qui a réussi à présenter le type le plus complet du petit-maître. À la suite d’une mauvaise affaire, un jeune marquis vu se réfugier à la campagne, dans le château d’un vieux baron qu’d n’a jamais vu, mais auquel il est sûr de plaire, en qualité de petit-maître et de Parisien. Le baron est absent ; la baronne s’engoue du jeune fat et le laisse tout bouleverser dans la maison ; il fait abattre la grande avenue du château, ravage le jardin et déplace le potager, sous prétexte qu’il n’est pas de bon ton de laisser les choses toujours à la même place. La fille de la baronne, Julie, est promise à un voisin, Dainval ; le marquis persuade à ia baronne de la lui donner à lui-même ; il ne demande qu’une minute pour se faire agréer, il fait un compliment 'a. la jeune fille et, sans attendre la réponse, il se retire, certain qu’il est d’avoir été irrésistible. Il croit le mariage conclu et va consoler ce pauvre Dainval, Là-dessus le.baron rentre, furieux de voir sa maison bouleversée ; il prend le marquis, habillé de noir et un fouet a la main, pour le valet et le traite d’insolent ; en revanche, il snluo fort poliment I.épine, le valet du petit-maître, tout couvert d’or, et l’on a beaucoup de peine û le faire revenir de sa méprise : détail de mœurs qui nous montre que les petits-maîtres exagéraient alors la simplicité du costume. La baron se montre ensuite fort sociable envers son hôte, mais il refuse absolument de lui donner sa fille ; lu baronne tient bon et jure que le mariage se fera. Dainval, désolé, s’avise d’un stratagème ; il fait causer le marquis et l’amène à faire des portraits ridicules du baron et de la baronne, qu’il ne sait pas derrière lui ; légèreté fatale I 11 reçoit son congé en bonne forme, et pourtant il ne se tient pas pour battu. • Votre tille m’aime ; elle me l’a écrit et voici sa lettre i dit-il en tirant un billet de sa poche. En effet, la première ligne disait qu’il était adorable, et il n’avait lu que cette ligne-là ; dans la seconde, on le priait d’aller se faire adorer ailleurs. Un peu décontenancé, le petit-maître commande ses chevaux et il achève de se peindre par un dernier trait : t Je pars, dit-il, mais je suis sûr qu’il y a un malentendu et que vous allez me rappeler. > Cette petite corné-