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du reste peu favorable à la végétation. Les plantes exotiques ou méridionales sont cultivées dans les serres et dans les appartements. Les parcs sont au nombre de deux, le pare Pierre et le parc Alexandre. Outre le jardin zoologique, dont nous avons déjà parlé, le Jardin d’été est le plus connu ; l’ornement le plus beau de ce jardin, très-insignifiant sous tout autre rapport, est une magnifique grille dorée soutenue par trente-six colonnes de granit gris et qui est une des curiosités de Saint-Pétersbourg. À côté du Jardin d’été se trouve la promenade de Petropavlovsk ; les autres promenades sont : le boulevard de l’Amirauté, les perspectives Vusili-Ostrof : le jardin du prince loussoupof, etc. Il faut y joindre la rue de la Perspective, lieu de promenade favorite de l’aristocratie pétersbourgeoise, et dont nous avons parlé plus haut.

Marchés, cabarets. Le Gastinoï-dvor est une serte de grand bazar à l’image de ceux de l’Orient. La cour qu’il renferme est couverte presque entièrement de boutiques et d’échoppes. En arrière du Gastinoî-dvor se trouve le Tchoukine-dvor, halle aux vieux objets. Le principal marché de Saint-Pétersbourg est celui de Sennaya-plotcha. « Dans l’origine, dit M. Artamof, comme l’indique son nom (Sennaya-plotcha), la place du marché au foin était affectée spécialement à la vente des fourrages ; mais peu à peu tous les marchands de victuailles s’y donnèrent rendez-vous, et l’administration tolère cet envahissement. De tous les marchés de la capitale, c’est le plus spacieux. 11 offre un coup d’œil animé par le rassemblement d’une foule de campagnards, auxquels viennent se mêler, à l’heure des achats, les maîtres d’hôtels de grande maison, les intendants, les cuisiniers, les restaurateurs, les patrons de bateaux, les économes d’instittuts et de pensionnats, les "aubergistes ou gargotiers, les ménagères allemandes, les cuisinières de maison bourgeoise, les petits employés des différents ministères, les boulangers, les pâtissiers, les fruitiers, en un mot une bigarrure de population de l’aspect le plus original. On peut entendre là, dès l’aube du jour, les langues diverses de l’Ëurope et de l’Asie et tous les dialectes slaves de l’empire ; on peut y voir la réunion de costumes les plus dissemblables et les plus étranges. La police n’intervient pas dans les transactions ; elle se borne à mettre les marchands en ligne et à les empêcher d’obstruer le passage. Un immense drapeau, hissé au milieu de ia place, indique l’heure de l’ouverture du marché. C’est le moment de la vente au détail, et, par conséquent, celui qui offre le plus d’animation. Tant que le drapeau flotte, les marchands de Saint-Pétersbourg n’ont pas le droit d’acheter en gros. La police veille à ce que ces messieurs n’organisent pas avec les vendeurs une entente cordiale pour faire élever ou baisser le prix des denrées. Si les délinquants sont convaincus de ce délit, on les condamne à une amende de 200 à 2,000 francs et à la confiscation de la marchandise. Outre les cabarets placés dans le voisinage du Marché au foin, on trouve, soit dans l’enceinte du marché même, soit dans les rues adjacentes, d’immenses maisons qui servent d’abri à la population flottante de Saint-Pétersbourg, et dans chacune desquelles couchent par nuit î,000 ou 3,000 individus. Ce sont le plus souvent de véritables setitines de débauche, des espèces de parcs humains, avec une enfilade de chambres nues, blanchies à la chaux., sans le moindre meuble, et tout simplement garnies de paille broyée. L’entrée de ces cavernes coûte 0 fr. 04. Chaque locataire choisit sa place, étend sur lui sa peau de mouton en guise de couverture, place sous sa tète son bonnet fourré et dort sans se déshabiller. Ces sortes d’hôtels rapportent jusqu’à 40,000 francs par an à leur propriétaire.

Population, administration municipale. « La population de Saint-Pétersbourg, dit M. J.-A. Martin.fla flussie actuelle), est composée d’éléments très-divers. Sous le rapport des langues, elle se répartit ainsi :

Russes. 500,100

Allemands 40,498

Finnois 16,085

Polonais............ 11,157

Juifs., . 6,745

Suédois, 5,077

Français > 3,104

Anglais 2,099

Divers, 10,342

Sous le rapport des religions :

1871 1854

Chrétiens gréco-russes.. 500,306 419,140

— protestants... 76,531 5S, S34

— catholiques... 21,242 IS, SS6

Israélites 0,054 2,612

Musulmans 2,071 1,201

Bouddhistes j..„ t

Chamaues. j

Adnavieitsys » 1,471

Grées » 1,204

Arméniens » 142

Individus dont on ne connaît pas la religion » 35,578

Total 660,907 539, iss

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La noblesse, le clergé et l’armée, c’est-à-dire l’élément qui n’est ni bourgeois ni industriel, constitue 34 pour 100, c’est-à-dire près du tiers de toute la population. En y ajoutant les paysans (29 pour 100), nous aurons 63 pour 100, C’est-à-dire près des deux tiers de la population totale, de sorte qu’il reste en fait de bourgeois, de marchands et d’ouvriers à peine 28 pour 100, c’est-à-dire moins du tiers de la population ; car les Raanatchintsy, les Finnois et les étrangers forment les 9 derniers centièmes.

D’après un tableau statistique, relatif aux artisans qui, habitent la ville, les plus nombreux sout : les cochers (17,7 pour foo), les couturières (n, l pour 100), les tailleurs (10,3 pour 100), les cordonniers (8,5 pour 100), les menuisiers (6,7 pour 100), les blanchisseuses (6,4 pour 100), les charpentiers (4,4 pour 100) ; les autres métiers n’occupent qu’un très-petit nombre de personnes : serruriers, 2,3 ; pâtissiers et confiseurs, 2 ; maréchaux ferrants, 1,9 ; potiers, 1,7 ; bijoutiers, 1,7 ; maçons, 1,7 ; lithographes, 1,2 ; relieurs’, 1,2 ; tapissiers, 1. Tous les autres métiers sont représentés par des chiffres inférieurs à 1 pour 100. Ainsi donc les cochers, tes couturières et les tailleurs forment 39 pour 100, c’est-à-dire près des deux cinquièmes du total de la masse des artisans, proportion qu’on n’observe dans aucune autre ville del’Europe.

Saint-Pétersbourg est, après Moscou, la ville d’Europe où on se marié le moins-, on y trouve ! mariage sur 125 habitants. Sur 1,000 hommes qui se marient, 875 sont célibataires et 125 veufs. Sur 1,000 femmes dans le même cas, il y a 882 filles (à Paris 911) et lis veuves. Après Paris et Berlin, c’est à Saint-Pétersbourg qu’il naît le moins denfants par 100 habitants. Les naissances illégitimes y sont de 25 pour 100.

La mortalité à Saint-Pétersbourg est plus forte que dans aucune ville d’Europe, si l’on excepte Kazan et Varsovie. Elle est de 1 habitant sur 23,6. D’après les chiffres donnés par M. Spaki, 6,000 personnes seulement atteindraient dans cette ville l’âge de 60 ans, tandis qu’à Moscou 20,044 individus y arriveraient, et dans tout l’empire même 24,821. Le jeune âge, une fois que cinq ans sont passés, échappe aux influences délétères du climat. « À Saint-Pétersbourg, dit M. Kadinski, les jeunes gens de vingt à vingt-cinq ans fournissent à la mort l’épouvantable contingent de 100 individus sur 1,000 décès mâles, proportion qui est le triple de celle qu’on trouve pour l’empire toutentier(30 pour 1,000).»

D’après Schnitzler, une comparaison des tables mortuaires avec celles des naissances montre que, dans toutes les années, il y a un excédant des décès. • En 1853, cet excédant a été de 5,386 ; en 1843, de 5,391 ; en 1856, de 7,695, et en 1855 de 10,635, s’il n’y a pas erreur dans les chiffres inscrits au calendrier académique. Ce n’est donc pas d’elle-même que la population de Saint-Pétersbourg tire son accroissement ; elle ne peut le fonder que sur le renfort arrivant des provinces ; et les années où il n’en arrive point ou peu, la population, loin défaire des progrès, diminue sensiblement, ■

Voici les chiffres relatifs à cet accroissement de la population de Saint-Pétersbourg dû aux nouveaux arrivants :

1750 — 74,273 hab. 1784 — 191,846 1804 — 271,137 1816 — 380,285 1S37 — 468,625 1852 — 532,241 1858 —’ 520,131 1871.— 6G6,907

La misère, l’ignorance et l’ivrognerie produisent la plupart des crimes qui se cemmettent à Saint-Pétersbourg. Pour faciliter l’arrestation des malfaiteurs, on autorise les inspecteurs de police à affermer les maisons garnies et les espèces de bouges populaires dont nous avons parlé plus haut. Par ce moyen, toute une bande se trouve quelquefois enveloppée et saisie d’un coup de filet. D’après M. Artamof, « les arrestations pour crimes et délits s’élèvent annuellement au chiffre énorme de 40,000 individus. ■ À l’époque où écrivait M. Artamof, un habitant de Saint-Pétersbourg sur dix faisait donc tous les ans Un séjour plus ou moins long en prison. D’après le même auteur, « les déserteurs, les vagabonds et les ivrognes figurent en majorité • dans les chiffres des arrestations, ainsi que les prisonniers pour dettes.

Une ordonnance impériale a apporté, en 1873, des modifications à l’administration municipale de Saint-Pétersbourg, et entre autres à 1 organisation delà police. Aujourd’hui, dit la Gazette de Siiésie, la capitale forme, sous le rapport administratif et en ce qui touche la police, un district indépendant du gouvernement de Saint-Pétersbourg. Les Jonctions de grand maître de la police de Saint-Pétersbourg sont supprimées ; un gouverneur.municipal (gradauat sckalmk) est institué, nommé directement par l’empereur, et qui, en général, a les mêmes droits et les mêmes obligations que les gouverneurs provinciaux. Il est le chef de l’administration aussi bien que de la police. Dans toutes les affaires importantes, il a à rendre compte

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directement à l’empereur ; mais, pour certains points, il dépend du ministre de l’intérieur et du chef de la gendarmerie. Le budget est fixé à 277,000 roubles, non compris les frais d’administration et les appointements ; la caisse municipale en prend à sa charge 136,000 pour payer la police aujourd’hui impériale. En outre, la résidence doit porter k son budget une somme pour dépenses imprévues, somme dont l’emploi est laissé au gouverneur. L’ancien grand maître de la police, général Trépoff, a été nommé gouverneur civil du district de la capitale en 1873.

Commerce et industrie. Le commerce extérieur de Sa’mt-Pétersbourg se monte en année moyenne à 160 millions de roubles (près de 550 millions de francs), c’est-à-dire qu’il équivaut à la moitié environ de tout le commerce de l’empire. Les principaux articles d’exportation sont : le lin, les graines oléagineuses, les cuirs, les métaux bruts, les céréales, les fourrures, etc.

Les principales importations de l’étranger consistent en denrées coloniales, sel, harengs, vins, tissus de coton et de toile, instruments et machines en fer, livres, etc.

Les navires de fort tonnage qui entrent par la Neva à Saint-Pétersbourg pendant les sept mois de navigation, c’est-à-dire de mi-avril à mi-novembre, dépassent 3,000, et on constate 22,000 entrées de bâtiments ou barques dans la môme période, apportant 187 millions de céréales, chanvre, lin, eaux-de-vie, huile, bois, fer, briques et divers produits manufacturés.

En outre, un grand nombre de produits de l’étranger sont importés par les voies ferrées de Pétersbourg-Vsrsovie-Cracovie et de Pétersbourg-Wilna-Kcenigsberg. L’exportation des marchandises russes par la voie de Pétersbourg est d’ailleurs menacée de perdre une partie do son importance par suite de la construction de nouvelles lignes de chemins de fer, qui ouvrent au commerce russe de nouveaux débouchés.

Le commerce de Saint-Pétersbourg avec l’intérieur de l’empire est très-actif, surtout depuis la construction des nouvelles voies ferrées. Les importations de l’intérieur consistent principalement en thé, bétail, fruits, œufs, tabacs indigènes, etc.

Saint-Pétersbourg compte un nombre considérable de fabriques, verreries, raffineries de sucre, filatures de coton, fabriques de tubac, tanneries, fabriques de bière. La maison des Enfants-Trouvés possède le monopole de la fabrication des cartes à jouer ; l’administration de la guerre entretient une fabrique de canons ; le ministère des finances, une papeterie, une imprimerie pour le papier titnbré et les billets de Banque, et une cour des monnaies, etc.

D après Schnitzler, les fabriques de porcelaine, les verreries, etc., du gouvernement sont hors d’état de lutter contre l’industrie privée. La fabrique impériale des tapis, sur le modèle de celle des Gobeiins de Paris, est la meilleure fabrique de tapis de tout l’empire ; elle a peu d’importance ; aucun produit de cette fabrique n’a figuré à l’Exposition de 1867 à Paris. Voici quelques chiffres donnés parSchn’ttzler (l’£mpiredesesars, t. IV) relativement aux productions annuelles des principales fabriques de Sain t-Pétershourg. La manufacture de coton de la compagnie de la Neva est la plus importante ; ses produits atteignent le chiffre de 2,500,000 roubles (environ 8,500,000 fr.) par an. Viennent ensuite les fabriques Sampsonof (1,500,000), Association de l’Okhta (783,000), Association russe (650,000), etc.

Les recettes annuelles de la ville s’élèvent à plus de 2,500,000 roubles.

Histoire. L’emplacement sur lequel s’élève aujourd’hui Saint-Pétersbourg était un marais jusqu’au xvnte siècle. Il faisait dors partie de l’Ingrie, province primitivement habitée par la.peuplade finnoise des Ingriens, soumise ensuite à la république de Novgorod et cédée par la Russie à la Suède lors de la paix de Stolbova (1617). En 1703, Pierre Ier s’empara, après un siège de quelques jours, du petit fort suédois de Nyeuschants, construit vers l’an 1300 sur la Neva, à 7 verstes de son embouchure. Les quelques habitations de Nyenschants fournirent des matériaux pour la construction d’une nouvelle ville, élevée d’après les ordres de Pierre, et qu’il baptisa du nom allemand de Pétersbourg (Peter’sburg, ville de Pierre), t Pierre, die un écrivain du commencement du xvme siècle, ordonna en 1702 de ramasser pour le printemps suivant une grande quantité de paysans moscovites, tartares, cosaques, kalinouks, finlandais et ingriens pour mettre son projet h exécution. Aussi vit-on, au commencement de mai 1703, plusieurs milliers d’ouvriers rassemblés de tous les endroits du vaste empire russien, et dont quelques-uns venaient déplus de deux ou trois cents milles d’Allemagnejeter les fondements de la nouvelle forteresse. » Cent mille, d’autres disent deux cent mille de ces malheureux trouvèrent la mort en essayant de bâtir cette ville sur le sol humide et malsain de l’Ingrie. Le czar surveillait lui-même les travaux, Suivant les uns, Pierre Ier, en faisant construire Saint-Pétersbourg, voulait créer un port assez puissant pour menacer la Suède et assez industrieux pour augmenter l’activité du commerce maritime russe sur la Baltique, commerce qui s’effectuait alors principalement par la voie de Riga et de Nov PETE

gorod ; cette dernière ville était descendue à un rang secondaire depuis les massacres d’Ivan. D’autres prétendent que Pierre Ier, après avoir eu l’étrange idée de transporter la capitale de l’empire à Taganrog, sur la mer d’Azov, voulut dès l’origine abandonner l’ancienne capitale, voisine de l’Asie, pour en construire une nouvelle, plus rapprochée des pays d’Europe, dont, s’il faut en croire son fameux Testament, il méditait déjà la conquête à cette époque. Les plaintes des Russes sur la situation de leur capitale bâtie littéralement sur des cadavres et sous un ciel inhospitalier ont bien souvent retenti depuis. Catherine II se plaignant des effets du climat de Saint-Pétersbourg sur sa santé, un courtisan osa lui répliquer : • Ce n’est pas la faute do bon Dieu, madame, si les hommes se sont obstinés à bâtir la capitale d’un grand empire dans une terre destinée à servir de patrie aux ours et aux loups I < Les successeurs de Pierre Ier durent s’occuper d’assainir et de fortifier la nouvelle capitale, qui, en 1724, contenait 60,000 maisons ; mais ces maisons étaient pour la plupart si misérables que deux heures de temps suffisaient pour les démonter et les transporter ailleurs. À cette époque, les groupes de maisons étaient séparés les uns des autres par des marécages, et tout autour de lu ville il n’y avait que de vastes et horribles forêts et des déserts affreux ; à peine sPTon pouvait compter un ou deux grands chemins. Cependant, dès 17f4, Pierre I« avait tranféré le sénat dans la nouvelle ville et y avait fait construire ta forteresse, l’Amirauté et la cathédrale de Saint-Pierre-et-Saint-Paul. Il fit ensuite percer le canal du Ladoga, ordonna en 1723 d’éclairer les rues et prit diverses mesures pour assurer la durée et la prospérité de sa ville. Après sa mort, Catherine I«> n’eut pas les ressources nécessaires pour continuer sur une large échelle les travaux, et ne voulut recourir à aucun des procédés violents dont avait usé son époux pour avoir de l’argent et pour construire la nouvelle ville. Pierre il fit encore moins pour Saint-Pétersbourg ; il habita même constamment Moscou. La czarine Anne ramena définitivement ia cour à Saint-Pétersbourg, et, dès lors devenue capitale, la ville s’agrandit et se peuplade plus en plus. Elisabeth fit construire de nouvelles rues et plusieurs palais, parmi lesquels celui d’hiver. Catherine II fit construire les quais, un grand nombre de palais, fit ériger la statue équestre de Pierre Ier, etc. Ce qui avait été au commencement du XV111e siècle un marécage inhabité devint peu à peu une des plusgraiides villes de l’Europe ; l’histoire d<) Saint-Pétersbourg ne se compose, depuis Aune, que de rémunération monotone des constructions de palais et de3 rues qui n’ont cessé de s’élever comme par enchaînement. L’activité commerciale de la ville ne fut pas étrangère à cet accroissement prodigieux ; mais c’est surtout à son titre de capitale, c’est-à-dire à des raisons d’ordre politique, que Saint-Pétersbourg doit sa prospérité. L’immense personnel administratif de cette ville dirige quatre-vingt millions d’hommes, et sou influence s’étend sur la septième partie du monde habité. Comme d’ailleurs la centralisation administrative est plus grande en Russie que dans tout autre pays de l’Europe, si Saint-Pétersbourg reste la capitale de l’immense empire des deux continents, il est possible qu’il arrive un jour à surpasser en grandeur Babylone, l’ancienne Rome, Paris et Londres. Cependant il a étéplusieurs fois question de décapitaliser SuintPétersbourg.

« Grâe* aux nombreux chemins de fer qui traversent l’empire et se réunissent à Moscou, dit M. A. Martin dans ia Hussie ac~ tuelle (1874), cette ville se trouve en communication rapide avec le reste de l’Europe et avec tous les gouvernements de la Russie ; tandis que sa rivale du Nord commence à se ressentir de la position reculée que lui a donnée son fondateur.... Moscou, la ville nationale, tend à reprendre son rang de capitale, que Saint-Pétersbourg lui avait enlevé. •

Schnitzler exprime la même opinion. De plus, d’après lui, il aurait été question de transférer la capitale de l’empire à Kiev. Nous avons dit plus haut à quels dangers Saint-Pétersbourg se trouve exposé par suite de sa situation ; toutefois, on a tout lieu de croire qu’un avenir des plus brillants est encore réservé à la capitale du Nord, dont le prodigieux développement depuis deux siècles a été un objet dètonnement et d’admiration pour l’Europe entière.

PÉTBRSBOU RG (GOUVERNEMENT I>E SA1ST-),

gouvernement de la Russie d’Europe, borné à l’O. par le tac Peipous, l’Esthonie et le golfe de Finlande ; ce golfe, la Finlande et le Ladoga en forment, avec une partie du gouvernement d’Olonets, la limite au N. ; à l’E., il est borné par le gouvernement de Novgorod ; au S., par celui de Pskof. Superficie, 45,633 kilom. carrés ; 1,083,991 hab., Russes, Caiéliens, Finnois, Allemands, Polonais, Suédois, Lettons, Bohémiens et Arméniens. Il est arrosé par la Neva, la Narova, la Louga et la Sestra. La Siasse, l’Oyate et le VolUhof y ont leurs embouchures. Il est divisé en 8 districts, à. savoir ceux de Saint-Pétersbourg, lidof, Jambourg, Louga, Novaïa-Ladoga, Peterhof, Schlusselbourg et Tsarskoé-sélo.

■ C’est, dit Malte-Brun, une contrée basse,