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ire du jour, image qui ne fut pas étrangère aux Hébreux. (A. Maury.)

— Qui réalise et personnifie en quelque façon un objet impersonnel : Cet homme est l’honnêteté pbrsonnifiée. Les deux peuples, personnifiés en deux hommes, Annibal et Scipinn, s’étreiynent et s’acharnent pour en finir. CV. Hugo.) Lu femme est la conscience de l’homme personnifiée. (Proudh.)

PERSONNIFIER v. a. ou tr. (pèr-so-ni-fi-é

— du lat. persana, personne ; facere, faire. Prend deux i de suite au deux prem. pers. pi. de l’imp. de l’ind. et du subj. prés. : Nous personnifiions ; que vous personnifiiez). Attribuer à une chose inanimée ou métaphysique la figure, les sentiments, le langage d’une personne réelle : L’habitude des peuples enfants, c’est de personnifier les choses. (11. Rigault.) Le sauvage personnifie les arbres, les fleurs, les rochers, mais il n’allégorise pas les temps. (Chateaub.)

— Réaliser dans une personne, exprimer par un type : Dans certains hommes d’État, la Providence personnifia quelquefois une idée, un siècle, une race, un peuple. (D. Stern.) Il Être la personnification, le type, le modèle réalisé de : Pénélope personnifie les douces vertus de l’épouse. (Mme Romieu.) Adonis personnifiait, non-seulement le soleil dans son action sur la végétation, mais la végétation elle-même dans toutes ses phases. (Noël des Vergers.)

Se personnifier v. pr. Être personnifié : L’Irlande SB personnifig dans O’Connell. (Cormen.)

PE11SOON (Chrétien-Henri), naturaliste hollandais, né au Cap de Bonne-Espérance vers 1770, mort à Paris en 1836. I) alla faire ses éludes en Hollande, où il se fit recevoir docteur en médecine, exerça pendant plusieurs années son art en Allemagne et vint se fixer à Paris en 1802. Persoon consacra la plus grande partie de sa vie à l’étude de la botanique et devint membre de plusieurs sociétés savantes. Ses principaux ouvrages sont : Observaliones mycoloyics (Leipzig, in-8») ; De fwigisclavieformibus(Leipzig, 1757, in-8o) ; Synopsis méthodica funyorum (<iœttingue, 1801, in-8o) ; /cônes picts specierum rariorum fungorum (Paris, 1803-1SOS, in-8») ; Synopsis platilarvm (Paris, 1S05-1B07, 2 vol.), manuel estimé ; Traité sur les champignons comestibles (Paris, 1818, in-8») ; Novae lichenum species (Paris, 1811, in-4o). On lui doit, en outre, divers mémoires et quelques éditions d’ouvrages.

PERSOONIE s. f. {pèr-so-nl — de Persoon, botan. holluml.). But. Genre d’arbrisseaux, de la famille des protéaeées, tribu des frankiandiées comprenant un assez grand nombre d’espèces qui eroissenten Australie. Il Syn. de carapa et de marschai.uk, autres genres de plantes.

— Encycl. Le genre persoonie renferme des arbrisseaux à feuilles simples, alternes. Les fleurs, solitaires ou en grappes axillaires, présentent un calice pétaloïde à tube renflé, à limbe divisé en quatre lobes étalés et recourbés ; pas de corolle ; quatre étamines à filets courts, adhérents au calice dans leur moitié inférieure, k anthères linéaires, saillantes, conniventes ; un ovaire libre, ovoïde, inséré sur un disque glanduleux et surmonté d’un style simple terminé par un stigmate obtus. Le fruit est un drupe renfermant un noyau monospernie. Ces végétaux habitent l’Ooéanie ; leur fruit est en général bon à manger. Plusieurs persoonies sont cultivées dans nos serres chaudes, où elles se font remarquer par la bouilli : de leur feuillage et de leurs fleuts généralement jaunes.

PEB.SOZ (Jean-François), chimiste français, né eu Suisse, de parents français, en 1805, mon à Paris eu 1868. Il débuta, en 1826, par être préparateur du cours que Thenard professait au Collège de France, puis fut nommé, en 1833, professeur de chimie à la Faculté des sciences de Strasbourg et devint, en 1835, directeur de l’École supérieure de pharmacie de cetté même ville. Rappelé à Paris à l’occasion de l’Exposition française de 1849, où il fit partie du jury, il suppléa M. Dumas à la Sorbonne eu 1850, fut chargé, en 1852, du cours de U’iuiuro et d’impression des tissus au Conservatoire des arts et métiers et occupa ensuite dans le même étublissementutie chaire de chimie appliquée à l’industrie. M. Fersoz fut membre des jurys internationaux aux Kxpositions universelles de Londres et de Paris. Nommé chevalier de la Lésion d’honneur en 1840, ’il fut promu officier en 1855. Outre plusieursouvruges, publiés en collaboration avec

Gaultier de (Jlaiibry, Biot et M. Puyen, et différents mémoires, on a de lui : Introduction à t’élude de la chimie moléculaire (IS39) ; Traité théorique et pratique de l’impression des tissus (1846, 4 vol. in-8o), avec atias, et de nombreux mémoires insérés dans les Comptes rendus, les Annales de physique et de chimie, le Ilecueil des savants étrangers, etc.

PERSPECTIF, IVE adj. (pèr-spè-ktiff, i-ve

— rad. perspeclioe). Qui représente un objet en pei-peolive : Plan perspectif. Eiéoation perspective.

PERSPECTIVE s. f. (pèr-spè-kti-ve — du lat. perspeclum, supin de perspicere, voir à travers, mot l’uriné ne la préposition per avec lo verbe liclif spicere, voir, regarder, qui se rapporte à la racme sanscrite spaç, propre PERS

ment toucher, puis, d’après Wilson, informer, rendre clair, évident, d où spashta, manifeste, évident, comme nous disons ce qui se touche au doigt. Le latin spicere a de nombreuses ramifications ; il se combine avec différentes prépositions ou particules qui transforment très-diversement son acception primitive ; il entre dans un grand nombre de mots de notre langue : aspect, atxspice, circonspect, espèce, épicier, espiègle, expectative, inspecteur, perspicace, prospectus, répit, respect, spécieux, spectacle, spéculer, spécifique, soupçon, suspect, etc.). B.-arts. Science qui a pour objet de représenter les corps selon les différences d’aspect que l’éloignement et la position y apportent, soit pour la figure, soit pour la couleur : Posséder les règles de /a perspective. Entendre la perspective. Le lieu d’où il faut voir un tableau, la perspective l’assigne dans l’art de la peinture. (Pasc.) Les Chinois négligent entièrement, dans la peinture de paysage, les plus simples régies de la perspective. (Batissier.) La perspective n’-est que l’observation jies lois de l’optique dans la disposition des plans. (Lamenn.) il Perspective linéaire, Celle qui règle la direction et lu dimension des lignes, tl Perspective aérienne, Celle qui indique l’éloignement relatif des objets par la dégradation des couleurs et dos tons, il Perspective sentimentale ou Perspective de sentiment, Celte qui, s’appliquant aux objets qui n’offrent point de ligues droites ou de courbes définies, se pratique d’idée plutôt que par des règles fixes. Il Perspective spéculative, | Théorie de différentes apparences, ou représemation de certains objets suivant les diverses positions da l’œil qui les regarde. Il Perspective pratique, Art de représenter les objets avec la forme qu’ils affectent a nos yeux.

— Aspect des objets vus de loin : Voilà un coteau qui fait une belle PERSPECTIVE, une agréable Perspective. (Acad.)

C’est une belle perspective.

De grand matin,

Que des gens qui font la lessive

Dans le lointain.

A. de Musset.

— Fig. Vue, aspect sous lequel on envisage certains objets : En avançant dans la marche et d’étape en étape, de nouvelles perspectives s’ouvrent vers le passé et y jettetit des lumières parfois imprévues. (Ste-Beuve.)

— Evénement qui se présente dans un avenir lointain, comme probable ou possible : Il a la perspective d’obtenir un brillant emploi. Vous me donuez des perspectives charmantes pour m’ôter l’horreur des séparations. (M™ e de Sév.) C’est étrange, lorsque la jeunesse nous donné la perspective d une longue vie, que nous songions rarement à nous précaulionner pour en jouir. (Cesse de Blessington.) L’éloignement des époques à peindre, la perspective

du temps, est particulièrement favorable au talent de l’historien. (Villeiu.) ...Dans nos excès, notre humeur positive Caresse d’une dot l’utile perspective.

Pohsaed.

On ne doit prévoir que le bien, Assez tôt le mal nous arrive ;

Du moins, puisqu’il n’en coûte rien, Embellissons la perspective.

Dancoukt.

— Peint. Peinture qui représente un lointain et qu’on place au bout d’une galerie, d’une allée de jardin, pour tromper agréablement la vue.

— Géom. Mode de projection des corps, dans lequel toutes les lignes projetantes concourent en un point que l’on suppose être l’œil de l’observateur.

— Moll. Nom vulgaire da diverses coquilles du genre cadran.

— Loc. odv. En perspective, Dans les conditions exigées par les règles de la perspective : Mettre un paysage en perspective, p Dans un certain éloignement, mais à portés de la vue : Du haut de Montmartre On voit tout Paris en perspective. Il Dans l’avenir, en espérance : // a un beau mariage en perspective. Chacun a son idéal de vie heureuse, sa maison d’Horace en perspective. (SteBeuve.)

— Encycl. I. Perspective des lignes. La perspective, telle que nous la considérons ici, est la projection que l’on obtient lorsque les lignes projetantes qui passent par tous les points d’un corps vont concourir en un point que l’on suppose être l’œil de l’observateur. Pour obtenir la perspective d’un corps, il faut joindre le point de concours, supposé donné, à tous les points du corps, et chercher les points de rencontre de ces rayons visuels aveo la surface sur laquelle doit se faire la projection et qui prend le nom de tableau. Les lignes projetantes forment une surface conique dont le sommet est l’œil de l’observateur, et la perspective du corps n’est qu’une section faite dans cette surface par le tableau. On distingue -. la perspective ordinaire, qui est l’art de représenter sur un tableau la forme et le contour des objets tels qu’ils nous apj’araissent, et la perspective isométrique, due au professeur William Farioh.qui a pour objet de conserver dans la représentation le rapport avec les dimensions des parties ; de là le mot isométrique ou d’égale mesure.

; Dans la perspective ordinaire, le tableau
! est toujours supposé être un plan vertical

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placé entre l’observateur et les objets à représenter. On marque d’abord sur ce tableau la hauteur de l’horizon, qui prend le nom d’horizon visuel ou visible, lorsqu’il est représenté par la ligne droite qui sépare le ciel d’avec la mer ; et celui d’horizon rationnel lorsque, la vue n’étant pas terminée par la mer, on ne saurait voir le véritable horizon et que, par suite, on est obligé d’en déterminer un factice à l’endroit où se trouverait le véritable. L’horizon, qui est toujours situé à la hauteur de l’œil de l’observateur, se représente par une droite parallclle à la base du tableau ou a la ligne de terre ; toutes les lignes horizontales qui se trouvent au-dessus de cette ligne font l’effet de descendre, et d’autant plus qu’elles sont plus élevées au-dessus d’elle. Parcontre, toutes celles qui sontaudessous font l’effet de monter ; les perspectives de celles qui sont parallèles vont se réunir en un seul point placé sur l’horizon. Los lignes à la fois parallèles au tableau et à l’horizon sont dites horizontales et sont représentées sur le tableau par des parallèles à sa base ; les autres lignes horizontales sont dites fuyantes et peuvent avoir une foule de directions sur le tableau. Un plan de front est celui qui a pour base une ligne horizontale ; un plan fuyant a pour base une ligne fuyante.

Fig. I.

On nomme point de fuite principal le pied de la perpendiculaire abaissée de l’œil du spectateur sur le plan du tableau ; c’est le point où vont converger les perspectives de toutes les perpendiculaires au plan du tableau. La figure ci-dessus fait bien ressortir les directions de chaque ligne par rapport au point de fuite P.

Chaque ligne a un point de fuite qui est le point de rencontre du tableau avec la paraU lèle à cette ligne menée par l’œil de l’observateur. Toutes les parallèles ont, d’ailleurs, le même point de fuite. Le point de fuite de chaque système de droites parallèles prend le nom de point de fuite accidentel.

D

—.E-’

B

Fig. 2.

La distance d’un tableau est l’écartement "de l’œil du spectateur à ce tableau ; cette distance se porte sur la ligne d’horizon, à droite et à gauche, à partir du point de fuite, et fournit les points de distance ou points de fuites des lignes gui font angle demi-droit avec les lignes horizontales. La figure ci-dessus, qui représente un carré en perspective, donne une idée de la valeur de la distance : soit donnée la ligne horizontale AB, qui est un des côtés du carré ; soit pris à volonté le point de fuite principal P et les points de distanceÛ et D’, qui doivent être également distants du point P. Le côté AB étant horizontal, pour mener des lignes qui fassent angle droit avec lui, il faut, des points A et B, tracer les lignes BP, AP, qui concourent au point de fuite. Pour déterminer le côté EC, on trace les lignes AD, BD’, des points A et B à ceux D, D’ de la distance, qui coupent BP, AP aux points C et E, lesquels fournissent la ligne EC, qui forme le carré et donne sa profondeur en. perspective. On conçoit que plus D et D’ seront rapprochés de P, plus la profondeur sera grande. La distance entièréétant presque toujours en dehors du tableau, on ne l’emploie guère que dans les dessins de petite dimension. Lorsque la cadre qui renferme la vue perspective ne permet pas d’indiquer cette distance, on la divise en fractions et l’on se sert des points de division comme de la distance principale.

Le problème général de la perspective consiste, étant donnés l’objet, sa position par rapport au tableau et la position de l’œil, à trouver la perspective de l’objet.’Pour se donner l’objet, ce qu’il y a de plus simple est d’en prendre les deux projections descriptives sur le plan du tableau et sur un plan horizontal. C’est ce <|Ue nous supposerons toujours dans ce qui va suivre : ainsi, l’objet placé derrière le tableau, supposé vertical, et reposant sur un plan horizontal sera donné par ses projections sur ces deux plans et il s’agira d’en construire la perspective sur le

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plan vertical, la position de l’œil étant d’ailleurs donnée, par sa projection verticale, point de fuite principal, et par sa projection horizontale reportée sur la ligne d’horizon, de manière à fournir les points de distance. Pour nous conformer aux usages, nous donnerons le nom de géométral au plan horizontal de projection, le plan vertical de projection pouvant être désigné indifféremment par les noms de vertical ou dé tableau. La question sera toujours, étant données les deux ligures descriptives, trouver la figure perspective.

Les principes de la perspective se réduisent à fort peu de chose : pour obtenir ia perspective d’une ligne courbe, on ne peut évidemment que chercher les perspectives d’un nombre suffisamment grand de points de cette courbe et les joindre par un trait continu ; h la vérité, la direction du trait pourra êire fournie en chaque point de la courbe perspective par la construction de sa Uuigeiite ; la tangente à la perspective d’une courbe n’étant, d’ailleurs, autre que la perspective delà tangente à cette courbe dans l’espace, on sera ramené à la solution d’un problème relativement simple ; la perspective d’une droite quelconque est fournie parla droite qui joint son point de fuite, toujours aisé à construire, à la perspective d’un de ses points ; on est donc ainsi ramené, dans tous les cas à ce problème élémentaire : Trou ver la perspective d’un point donné par ses deux projections sur le géométral et sur le tableau. C est par la solution générale de ce problème que nous commencerons. Nous montrerons ensuite combien tes applications à toutes les autres questions en sont faciles.

Il existe naturellement une infinité de procédés, aussi simples les uns que les autres, de déterminer lu.perspective d’un point ; mais ils se réduisent tous essentiellement à imaginer par ce point deux lignes droites dans des positions telles que leurs perspectives puissent être obtenues facilement. Le point de concours des perspectives de ces droites sera évidemment la perspective cherchée du point où elles se coupent dans l’espace. C’est précisément à résoudre le problème ainsi posé que sont destinés le point de fuite et les deux points de distance, dont les peintres font effectivement un usage tellement continuel,

qu’on peut dire qu’ils donnent la clef de toutes leurs constructions. Que l’on imagine, en effet, par le point à, représenter d’une part la perpendiculaire au tableau et de l’autre l’une des horizontales inclinées à 45° sur ce tableau ; les points de fuite de ces lignes seront connus d’avance ; ce seront le point de fuite principal et celui des points de distance qui, joint à l’œil, donnerait une parallèle à l’oblique considérée ; d’un autre côté, les points de rencontre avec le tableau de ces deux lignes seront toujours faciles à obtenir, et comme ils seront à eux-mêmes leurs propres perspectives, ilne restera plus qu’à les joindre respectivement aux deux points de fuite ; le point de concours des droites de jonction sera la perspective cherchée du point donné.

Pig. 3.

Supposons d’abord que le point donné soit dans le plan géométral ; soient xy la ligne de terre, a la projection horizontale du point à représenter et a’ sa projection verticale. O la projection horizontale du pointde vue, HH’la ligne d’horizon, et par conséquent Plaprojection verticale du point de vue, ou le pointde fuite principal ; la perpendiculaire au plan du tableau menée par le point A, qui a pour projection a et a’, viendra percer le plan vertical en a’ ; ta perspective de cette droite sera donc suivant a’P ; d’un autre eôté, l’oblique menée par le même point A à 45° sur le tableau irait percer te plan vertical au point au que l’on obtiendra en prenant

a’a, — a’a ;

le point de fuite de cette obliqué sera, au point de distance D, obtenu en prenant

PD = <JI ;

la perspective de cette même oblique sera donc a, D. Ainsi la perspective du point A sera A, au point de concours de a’P et dé a, D.

Si le point D, comme il arrive souvent, na se trouvait pas dans le champ du tableau, on lui substituerait l’un-des points de division de PD en parties égales. Par exemple, supposons qu’on ne puisse porter sur PH’, sans sortir dos limites du ciidre, que le sixième de la longueur OI, soit PDi cette distance (nous

nou3 servons de la mauvaise notation ein»

! ployée par les artistes), on ne portera à pur-