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pie à la peine de mort. Les funérailles de Constantin furent le digne corollaire de sa vie, tissée de cruautés et de persécutions. Les deux partis qui divisaient les chrétiens, Jes ariens et les consubsianlialistes, combattirent à cette occasion jusque dans l’église où le corps de Constantin venait d’être déposé. Le sang coula à si grands flots, que le vestibule en fut inondé, et qu’après avoir fait déborder un puits qui s’y trouvait il se répandit dans les rues.

Persécutions exercées par Constantin et ses successeurs contre les polythéistes. Les

Îiremiers efforts de Constantin pour convertir es polythéistes consistèrent en mesures fiscales. Il promit et fit donner, aux frais du trésor public, à tout converti indigent 20 pièces d’or et une robe blanche. 12,000 hommes faits, et des femmes et des enfants à proportion, se firent baptiser pour profiter de cette largesse, dans une seule année (324). Pour convertir les récalcitrants, il eut recours à des mesures plus sévères ; il défendit la superstition et la folie des sacrifices (ce sont ses expressions pour désigner la religion et les pratiques du culte qu’il avait abjurés), sous peine de la rigueur des lois pour quiconque serait découvert professant le paganisme (341). Constance renouvela ce décret (319), •avec ordre de fermer les temples et menace de confisquer les biens des délinquants, et même de leur infliger lo dernier supplice, ainsi qu’aux gouverneurs qui n’auraient pas obéi à la loi, ou qui auraient négligé d’en appliquer les peines. Théoilose confirma ces dispositions cruelles, que son successeur Arcadius (395), de concert avec l’empereur d’Occident Honorius, déclara applicables aux héréliques comme aux païens.

« Encouragés, provoqués par cette législation barbare, les fanatiques ennemis du polythéisme persécutèrent impitoyablement, à leur tour, les fidèles sectaires de cette religion, et leur haine n’abandonna les païens exterminés que pour se reporter plus violente sur ceux de leurs frères qu’il plaisait à l’Eglise de déclarer hérétiques. » (Simon Granger, p. 82.)

Throdose H ne fit d’abord grâce que de la vie aux païens qui s’obstinaient à sacrifier à leurs anciens dieux (423) ; il finit par prononcer la peine de mort contre quiconque professait l’idolâtrie (426) et donna ordre de fermer et même de détruire les temples païens duus tout l’Orient, en Égypte, etc.

« Autorisés, si ce n’est encore excités par leurs chefs spirituels et leurs magistrats civils, les chrétiens commirent en tous lieux des désordres épouvantables et des excès dont le gouvernement partagea l’odieuse conjpliçité. Les gentils, pousses à bout, se défendirent avec vigueur et défendirent de même une religion à laquellej sans cette imprudente attaque, ils n auraient plus même songé. Ce fut à Alexandrie qu’éclata la guerre civile. Théophile, qui y était évêque, avait sollicite auprès de Theodose et avait obtenu l’ordre de renverser les temples des anciens dieux. Il l’exécuta de la manière la plus propre a soulever les esprits de la multitude, et il réussit sans peine à provoquer une révolte... Le préfet d’Alexandrie et le gouverneur militaire de l’Égypte prêtèrent main forte à l’évêque. En un instant, toutes les statues de marbre furent brisées, et celles de bronze furent converties en vases et autres ustensiles da’ménage. Dans d’autres provinces, les mêmes scènes eurent lieu et avec le même zèle sanguinaire. Mareellus, évêque d’Apamée, en Syrie, entre autres, se mit en inarche à la tête d’une troupe de gladiateurs armés pour détruire le temple d’Aulon. Les païens, avertis de ses desseins, l’assaillirent avec des forces supérieures aux siennes et le vainquirent complètement dans un combat où l’évêque paya de sa vie la violence qu’il avait voulu commettre. » (De Potter, II, 539.)

L’histoire des derniers moments du paganisme n’a pas encore été écrite par des mains impartiales. Il mourut noyé dans le sang de ses partisans. Les païens, chassés des fonctions les plus modestes, le furent ensuite des villes, des bourgs, des hameaux ; ils furent réduits à errer dans les campagnes et à périr, ou à abjurer. Ni le sexe, ni la beauté, ni le talent u étaient respectés par les farouches novateurs. La dernière perle de cette brillante école «/Alexandrie qui produisit tant d’esprits d’élite, la belle Hypaihie, qui, à peine âgée de dix-huit ans, étonnait les plus savants mathématiciens et les plus subtils philosophes, fut arrachée violemment de son char, dépouillée de ses vêlements par ordre de saint Cyrille, étendue toute nue sur les marches de l’église d’Alexandrie, et la populace ameutée éventra vive la vierge, dans l’espoir de trouver dans son sein la preuve de mœurs déréglées ; ses membres furent coupés en morceaux et promenés dans la ville en l’honneur du christianisme. Et de tels cas ne sont pas isolés. Si l’on osait traiter ainsi les plus illustres, que ne faisait-on pas aux plus humbles ?

11 est impossible de lire ’sans frémir le récit des persécutions qui furent exercées, à partir de ce moment, par les sectes chrétiennes victorieuses contre les sectes vaincues ; les récits de meurtres, de viols, de massacres, de pillages et de violences de tout genre se reproduisent invariablement dans chacune de ces

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persécutions. Chaque année, de nouvelles questions religieuses soulevées par de malencontreux théologiens amenaient de nouveaux massacres. Chaque secte croyait de son devoir d’imposer aux autres la solution a seule vraie et conforme à l’esprit de Dieu, » dont elle croyait être en possession. On est étonné aujourd’hui quand on considère quels Sont les problèmes théologiques qui ont donné lieu à tant de guerres et de malheurs. Le recueil des questions oiseuses débattues dans les couvents et parmi les fidèles du moyen âge a servi de matière inépuisable de plaisanteries pour les philosophes du xvni» sièle. Beaucoup d’entre ces questions sont en religion ce qu’est en philosophie le problème dont parle Molière : « Doit-on dire la forme ou la figure d’un chapeau ? •

<■ L’extermination des infidèles n’est pas restée longtemps abandonnée au zèle des laïques, soit princes, soit particuliers. Bientôt l’Église a cru devoir y pourvoir etlemême en créant un monstrueux système de peines et en organisant la persécution sur des bases effrayantes ; elle a partout provoqué les dénonciations, excité les haines, soulevé des guerres et dressé des bûchers. L’Evangile, qui a des textes pour toutes les causes, ne lui a pas fait défaut dans la circonstance. Elle a trouvé un prétexte suffisant dans les paroles suivantes du Christ ; « Au temps de la moisson, je dirai aux moisson « neurs : Arrachez premièrement l’ivraie et liez-la en bottes pour la brûler ; mais amassez le blé pour le porter dans mon grenier... « Ne pensez pas que je sois venu apporter la paix, mais l’épée, la division ; car je suis venu séparer l’homme d’avec son père, la fille d’avec sa mère, la belle-fille d’avec la belle-mère ; et l’homme aui*a pour ennemis ceux de sa propre maison... Désormais, s’il se trouve cinq personnes dans une maison, elles seront divisées les unes con/re lesanmtres ; trois contre deux et deux contre trois... Le frère livrera le frère à la mort,

« et le père le fils ; les enfants se soulèveront > contre leur père et leur mère, et les feront « mourir. » Ces terribles prédictions ne se sont que trop fidèlement accomplies ; massacrés d’abord par les païens, les chrétiens ont massacré ensuite les infidèles, puis ils se sont massacrés entre eux.

C’est à l’Église romaine que revient le triste honneur n’avoir érigé en système les persécutions religieuses. D’accord avec le pouvoir temporel, elle s’est attribué la connaissance des hérésies et l’application des peines, et elle lui a abandonné 1 exécution de ses sentences. Il y avait dans cette combinaison un monstrueux mélange de férocité réelle et d’h3’pocrtte douceur. L Église se bornait à prononcer des jugements sacerdotaux, afin, dit saint Léon,1e Grand, de ne pas souiller sa douceur par des exécutions sanglantes ; mais elle avait statué que les condamnés seraient relaxés, c’est-à-dire remis entre les mains des juges séculiers, qui ne pouvaient alors se dispenser de les envoyer au supplice. C’est ainsi que, suivant le même pape, elle prétendait retirer le bénéfice des exécutions sans en avoir la responsabilité.

D’abord ordonnée partiellement sur divers points des États chrétiens, l’extermination des hérétiques fut convertie en loi générale et rigoureuse par le grand concile de Latran, douzième œcuménique (1215). Condamnés par le pouvoir religieux, les hérétiques étaient livrés au bras séculier pour être exécutés à mort ou enfermés dans une prison perpétuelle ; leurs biens étaient confisqués et leurs enfants notés d’infamie. Les seigneurs qui négligeaient de purger leurs terres de la souillure de l’hérésie en étaient dépouillés au profit de catholiques plus dévoués ; les simples particuliers étaient tonus de dénoncer toutes les opinions hétérodoxes qui arrivaient à leur connaissance, sous peine d’être punis comme suspects. Tout le monde était obligé d’éviter les hérétiques : celui qui leur donnait asile, leur prêtait assistance ou les protégeait de toute autre manière encourait les mêmes peines qu’eux, à moins qu’il ne renonçât à ses liaisons pestiférées : dans ce cas même, il restait infâme et per«3ait tout droit civil. Les personnes liées envers les hérétiques, pour une cause quelconque, étaient dégagées de tout devoir à leur égard ; chacun leur pouvait courir sus et les tuer ; les chrétiens qui se croisaient contre eux jouissaient d’indulgences plénières qui leur ouvraient infailliblement les portes du paradis, et on ne pouvait les molester ni les inquiéter en aucune manière, sous peine d’excommunication. • (Simon Granger, l’Église et le pouvoir, p. 83.)

Persécutions exercées par les chrétiens dans le nouveau monde. Pendant que la sainte inquisition brûlait les hérétiques en Europe, les Espagnols entreprenaient, avec l’autorisation des papes et de l’Église, l’extermination des indigènes de l’Amérique du

Sud, dont le seul crime, de l’aveu même de leurs persécuteurs, était de ne pas être chrétiens. Bien différents des féroces Indiens de l’Amérique du Nord, les anciens Péruviens, Mexicains, etc., avaient atteint un degré de civilisation assez avancé. Ils jouissaient, avant l’arrivée des « propagateurs de la foi, » d’une paix profonde et progressaient de jour en jour. Ils construisaient des villes, des routes, des canaux, détruits lors de l’invasion des soldats du fanatisme, et dont les débris sont

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encore un objet d’admiration pour les savants.

t Alexandre VI donna, par une bulle, à Ferdinand d’Aragon et à Elisabeth (Isabelle) de Castille, sa femme, toutes les terres que l’on aurait découvertes dans le nouveau monde, à l’Occident et au Midi, laissant aux Portugais la partie orientale, de l’autre côté de la ligne qu’il avait tirée du pôle austral au septentrion. Lédroit qu’avait Alexandre de faire un semblable partagé se trouve dans une bulle de Grégoire IX, qui déclare que tous les peuples nouvellement convertis sont sujets du saint-siége ; or, ce n’était que pour les convertir que le ? Espagnols et les Portugais subjuguaient les Américains ; excepté quand ces conversions étaient contraires à leurs intérêts, comme lorsque, selon Brantôme, « force Espagnols furent contraints de présenter requête aux magistrats de l’empereur que les prêtres et moines n’eussent plus à tant baptiser de personnes, d’autant plus qu’ils ne pouvaient plus trouver d’esclaves pour fournir au travail et cavement ■ des mines. >

On ne sait que trop quelles horribles suites eurent !a conquête de l’Amérique et de ses lies par les Européens et la conversion de ses habitants par les missionnaires catholiques. Barthélémy Las Casas, dominicain et évêque de Chiapa, dans un mémoire qu’il intitula : Destruction des Indes, qu’il adressa à Charles-Quint et recommanda par une espèce d’épître dédicatoire h. Philippe, son fils, qui fut depuis Philippe II, fait monter à douze et même à quinze millions.’ le nombre des victimes que firent, dans le court espace de quarante ans, au nouveau monde, l’ambition et l’avarice des seuls Espagnols et l’atroce fanatisme de leurs prêtres. Las Casas rend un précieux témoignage à l’immense population, a la prospérité et aux richesses d’Haïti, de la Jamaïque, de Cuba, du Mexique, du Pérou, de la. Plata, du Guatemala, etc., lors de la découverte de ces pays, ainsi que de la douceur de mœurs et de caractère, de la bonté, de la soumission même des Indiens, leurs habitants. Il serait impossible d’imaginer un genre d’outrage qu’ils n’aient souffert, de cruautés auxquelles ils. n’aient été en butte. Les Espagnols enlevaient leurs trésors, violaient sous leurs yeux leurs mères, leurs femmes, leurs filles et leurs jils ; les mutilaient de la façon la plus barbare, commettant ces atrocités pour le seul plaisir de les commettre ; coupaient les pieds, les mains, le nez, les oreilles ; arrachaient les yeux et la langue ; pendaient, massacraient, brûlaient ; écrasaient les enfants sur le sol ou les broyaient contre la pierre ; et, finalement, n’ayant plus assez de bourreaux pour les exécutions, faisaient dévorer les malheureux que le pape leur avait livrés par des chiens féroces dressés exprès pour cette affreuse chasse. Et pour que la religion ne perdît pas ses droits, même sur les apparences extérieures des supplices, le plus souvent on dressait des gibets assez larges pour pouvoir suspendre à chacun d’eux treize personnes à la fois, de manière, cependant, que leurs pieds touchassent légèrement ia terre, puis on faisait du feu par-dessous et on les brûlait vifs « en l’honneur de Jésus-Christ et des douze apôtres » (A honory reverencia de nuestro Redemptor y de los dos aposteles)-, et l’évêque de Chiapa et un frère Mare de Nisse, franciscain, ont été témoins oculaires de ces horreurs (Ko vidi, soy iestigo, doy tesiimonio, affirmo, etc.). • (De Potter, V, 119 ; Las Casas, f. iv, y sig. verso, 7.)

Sans doute, de savants théologiens réussirent à démontrer aux Espagnols que l’esclavage n’était pas incompatible avec le christianisme. Plusieurs écrivains chrétiens ont jeté feu et flamme contre les polythéistes de l’antiquité, en leur reprochant d’avoir eu des esclaves. Et, cependant, ni les papes, ni les conciles, représentation légale du christianisme, ni le clergé, ni les ordres monastiques, ni la sainte inquisition ne daignèrent jamais s’occuper de la manière dont les Espagnols traitaient leurs « frères en Jésus-Christ. » On vit donc sur le nouveau continent des chrétiens possesseurs d’esclaves chrétiens. Cet état social fut maintenu dans les possessions de la très-catholique Espagne jusqu’au xixe siècle. L’esclavage fut également maintenu dans les colonies françaises par les « rois très-chrétiens. » La Révolution française entreprit l’émancipation des esclaves, qui fut définitivement accomplie par la république de 1848. Comme dans les autres pays, les représentants officiels du catholicisme n’avaient jamais rien fait chez nous pour la suppression de l’esclavage. Comme toujours, ils ne manquaient pas de se justifier par des raisons théologi, ues. Les Juifs ont parmi leurs ancêtres des persécuteurs de Jésus-Christ, et les. nègres, d’après les traditions bibliques, descendent de Cham. « S’il est légitime de persécuter les Juifs, disaient les planteurs et les marchands d’esclaves, à qui on reprochait leur conduite barbare à l’égard des nègres, pourquoi traiterait-on avec plus d’indulgence les descendants de l’infâme Cham, maudit par son père et par Dieu ? »

Il est vrai que ■ les enfants de Japhet, béni du Seigneur, » autrement dit les peuples de l’Europe, eurent bien plus encore à souffrir des excès de la religion chrétienne que les « enfants de Cham. À Les guerres des albigeois, des hussites, des vaudois, des chré PERS

tiens et des musulmans, des guelfes et des gibelins, des catholiques et des protestants, etc., qui coûtèrent la’vie à des millions d’êtres humains et arrêtèrent l’élan de la civilisation pendant plusieurs siècles, sont, certes, le cadeau le plus funeste que le génie le plus malfaisant ait pu faire à nos malheureux ancêtres ; et cependant voilà les dons que les propagateurs d’une religion qui prétendait établir la paix et la concorde universelles apportèrent à l’Europe et à l’Amérique qui, jusqu’à eux, n’avaient connu ni les persécutions t pour la gloire de Dieu, » ni les guerres de religion pour la gloire de telle ou telle Église.

Persécution des protestants au xvie siècle en Angleterre, sous Marie Tudor. Henri VIII fut un partisan zélé de la religion catholique. Quantité de ses sujets des deux sexes furent pendus ou brûlés, les uns pour avoir refusé de le reconnaître comme le chef de la religion catholique, les autres pour avoir attaqué cette religion. Sa mémoire est chargée des malédictions des protestants comme des catholiques ; les premiers le rangent au nombre de leurs persécuteurs. Il fut considéré comme schismatique par le pape pour avoir essayé de le supplanter dans la direction de l’Église catholique d’Angleterre, -et les historiens ecclésiastiques de nos jours lui refusent la qualité de catholique orthodoxe. Il fut dépassé de beaucoup en cruauté par sa fille, Marie Tudor, catholique pure, et à qui ses persécutions religieuses ont valu le surnom de Sanglante. Kn 1555, Marie la Sanglante remit en vigueur les anciennes ordonnances de Richard II, de Henri IV, de Henri V et de leurs successeurs pour la punition des hérétiques. Beaucoup d’Anglais cherchèrent à échapper à la persécution par la fuite. Les vaisseaux transportaient une fouie d’émigrants en Hollande et en Allemagne. Un ordre de Marie, transmis dans tous les ports anglais, arrêta les départs par la menace des châtiments les plus sévères pour les capitaines qui oseraient prendre désormais des émigrants k bord.

« En 1556, un tribunal établi par Marie, à l’instar de celui de l’inquisition d’Espagne qu’elle cherchait à introduire en Angleterre, brûla soixante-dix-neuf protestants. » (De Potter, VII, 488.) Ce tribunal était principalement composé d’ecclésiastiques. « La reine les avait revêtus d’un pouvoir presque illimité ; elle leur avait spécialement recommandé de citer devant eux, non-seulement les hérétiques reconnus, mais toutes les personnes négligeant d’entendre la messe, d’assister aux offices dans leurs paroisses, de suivre les processions et de prendre le pain bénit ou leau bénite. On devait ensuite procéder contre ces personnes suivant toute la sévérité des oriïonnances, pour peu qu’on les trouvât suspectes d’attachement aux doctrines libérales, t (Marie la Sanglante, par E. Hamel, U, 183.) « En dépit des persécutions, les écrits hostiles a la religion catholique se répandaient à profusion dans le royaume. Marie Tudor, pour prévenir le colportage de pareils livres, rendit, en juin 1558, un décret où la férocité était poussée jusqu’à l’excès. En vertu de cette loi sauvage, devaient être considérés comme rebelles et exécutés sur-le-champ : tous possesseurs de ces écrits qui ne les brûleraient pas sans les lire, ou qui les auraient communiqués k d’autres personnes... Suivant les calculs les plus modérés, trois cents personnes périrent dans les flammes, depuis 1555 jusqu’à la fin du règne de Marie ; mais d’autres historiens, parmi lesquels l’archevêque Grindal, estiment qu’il y eut plus de huit cents victimes» (Marie la Sanglante, II, 232), sans compter ceux qui moururent en prison et dans l’exil.

Persécutions religieuses en Espagne et en Italie. On peut lire à l’article inquisition ce qu’était l’épouvantable régime sous lequel 1 Espagne gémit pendant plusieurs siècles. La sainte inquisition ne fut supprimée dans ce pays qu’en 1S08 et, jusqu’aux derniers temps de son existence, elle y prononça des condamnations contre les hérétiques ; les derniers hérétiques condamnés à mort par ce tribunal furent exécutés en 1781 et en 1805.

En Espagne et en Italie, la persécution religieuse était continue, quotidienne, pendant plusieurs siècles. Mais nulle part sur la terre elle ne fut aussi violente et aussi impitoyable qu’à Rome. À Rome, jusqu’en 1870, les gens convaincus ou même seulement soupçonnés de libéralisme étaient envoyés aux galères. On ne brûlait pas les libéraux sur des bûchers, comme l’exigeaient les anciennes traditions de l’Église, parce que, avec le progrès a de l’hérésie et de l’impiété » en Europe, il n’était plus possible d’observer strictement ces traditions très-orthodoxes. Mais on mettait ces libéraux pour le restant de leur vie en lieu sûr, Des documents officiels ont prouvé que ce qu’on disait sur les cachots obscurs et immondes des prisons pontificales était au-dessous de la réalité. Lorsqu’en 1S60 le gouvernement italien délivra les Marches et l’Ombrie du joug pontifical, il procéda, entre autres mesures, à la nomination d’une commission pour visiter les prisons pontificales de ces deux provinces. Rien de plus lugubre que le rapport de cette commission (v. la Cour de lïomc, par Armand Levy, Paris, 1865, p. 214). Elle visita en Ombrie vingt-huit prisons, dont l’une, celle de Roeca di Narni, cou tenait quatre cents prisonniers. Une grande partie de ces derniers étaient détenus ■ pré-