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athénienne (1867, in-8°), ouvrage couronné par l’Académie française ; De Gahitia proviueia rnmnnn (18ti ;, in-8<>) ; lu traduction des N’iuortlrs leçons sur ta science du langage de Max Millier, ’ etc.

PERHOT D’Ani-ANCOCBT, écrivain français. V. Ablancourt.

PERROTÉTIE s. f. (pè-ro-té sî — de Perrotet, bot. i’r.J. Bot. Genre d’arbustes, rapporté avec doute à la famille des célostrinèes, et comprenant plusieurs espèces, qui crnissent surtout au Pérou. Il Syu. de micolbonik, autre genre de plantes.

PERROTIN (Charles-Arthur), éditeur français, né en 1796. En 1812, il entra dans l’armée comme soldut et fit la campagne de Russie, où il resta prisonnier jusqu’en 1853. De retour en France, il ouvrit à Paris un magasin de librairie. Hostile au gouvernement de la Restauration, M. Perrolin eut a subir divers.es tracasseries de ta police ; éditeur des chansons de Béranger, il fut condamné a un an de prison et se lia intimement avec l’illustre chansonnier, dont il acheta les œuvres, moyennant une rente modique, que, spont«néiiifnt, il porta plus tard à une somme plus élevée. Béranger, qui n’avait eu qu’à se louer des procédés de^son éditeur, le désigna en mourant comme son exécuteur testamentaire. M. Perrotiu a donné un nombre considérable d’éditions des œuvres de Béranger, dans tous les formats, âVee ou sans musique. Il a édité aussi de nombreux ouvrages de luxe, notamment les Chansons populaires de la France, ouvrage qui a obtenu une mention honorable à l’Exposition universelle de 1855. Parmi ses autres publications, nous citerons celle des Mémoires de Marmont, duc de Raguse, qui donnèrent lieu en 1857 à un procès, à la suite duquel Perrotin Se vit contraint à insérer dans cet ouvrage les réfutations des attaques dirigées par Marmont contre le prince Eugène.

PERROTINE s. f. (pè-ro-ti-ne —de Perrot, l’inventeur). Machine pour l’impression des indiennes à trois et quatre couleurs.

PEHROTTET (G. Samuel), voyageur et botaniste français, né en 1793. Il avait suivi les cours du Jardin des plantes, où il était attaché comme naturaliste depuis 1817, lorsqu’il prit part, en 1819, à une expédition française envoyée, sous les ordres du capitaine Philibert, dans les colonies françaises. Perrottet emporta avec lui une collection de graines et d’arbres fruitiers pour les déposer dans les colonies. Il visita Cayenne, Bourbon, Suurabaya, Manille, Cavité, revint à Bourbon (mai 1820), où il naturalisa plus de 200 plantes nouvelles, puis se rendit à Madagascar et revint en France en 1821, rapportant avec lui plus de 600 arbres et arbustes, des fruits, des graines, des herbiers, etc. Chargé en 1825 d’explorer la Senégambie, M. Perrottet visita le Wallo, les peuplades du lac N’gher, puis se renditen 1829 à la presqu’iledu Cap-Vert et à l’île de Gorée. De retour en France, il fut attaché au ministère de la marine en qualité de voyageur naturaliste et de botaniste agriculteur. Un lui doit : Catalogue raisonné des plantes introduites dans les colonies françaises de Bourbon ou de Cayenne et de celles rapportées vivantes des mers d’Asie et de la Guyane (Paris, 1824, in- 8") ; Flore de Senégambie (1831 et suiv.) ; Mémoire sur la fabrication de l’indigo et la culture des indigofères tinctoriaux : (faris, 1832, in-8°) ; l’Art de l’indigotier (Paris, 1842, iii-8°) ; Mémoire tur un insecte et un champignon gui ravagent les caféiers aux Antilles (1842, in-8») ; Sur l’industrie séricigène et la culture du mûrier (1842, iu-4°), et de nombreux articles, mémoires, relations de voyages iuséres dans les Anna/es de la Société lituiéeune, les Nouvelles annules des voyages, les Annules muritimes, la Jleuue des lieux-Mondes, etc.

PERRUCHE s. f. (pè-ru-che. — Or. a tiré ce mot ne perruque, k cause de l’aigrette de certaines espèces. Cette explication est très-douteuse. V. perroquet). Oruith. Genre d’oiseaux préhenseurs, tonné aux dépens des perroquets, et comprenant des espèces qui bab.tent les régiuus chaudes de l’ancien continent et de l’Australie : Ces petites perruches sont fort communes en Guinée. (V. do Bumare.) Il Nom vulgaire des perroquets femelles.

— Fara. Jeune fille bavarde : Petite perruche, valTu dis ? — Hein ?... J’ai glissé, je dis : je trébuche* (L. Lava.)

— Mar. Mât élevé au bout du mât de perroquet de fougue. I) Nom de la voile portée par le mât et ne la vergue de cette voile.

~ Encycl. Les perruches se distinguent des perroquets proprement dits par ieur face emplumee, quelquefois seulement le tour des yeux nu oaus une plus ou moins grande étendue ; le bec assez gros, à pointe assez fortemeuterochue ; la queue ètagée, au moins aussi

longue que ie^ corps. Elles habitent l’ancien comment et l’Ooeauie. La perruche à cotlier est d’un vert tendre uniforme, avec un collier ruse sur la nuque, chez le mâle. Elle vit au Sénégal, dans lliide et au Bengale. C’est une des espèces ’ju’on apporie le plus souvent eu Europe. Elle est, eu effet, très-docile, trèsiiite.iigeiite, facile à apprivoiser ; c’est un charmant oiseau, caressant, vif, plein de grâce et de gentillesse, d’un naturel fort uoux, d’une forme élégante et d’un plumage

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très-agréable, apprenant très-bien a parler, d’une voix douce et articulant parfaitement les mots.

La perruche d’AlexUndre, longtemps conJ fondue avec la précédente, s’en distingue par sa taille plus grande, son collier plus

irge et ses couleurs plus vives. D’après l’opinion

gérérale, c’est le perroquet des anciens, rapporté des Indes par Alexandre. Une peinture d’Herculanum représente un chariot découvert, à deux roues, attelé d’une perruche, conduite par une sauterelle qui fait les fonctions de cocher. La perruche des Papous est une petite espèce, très-gracieuse, à plumage vert et rouge ; les uaturels la préparent comme les oiseaux de paradis, c’est-à-dire qu’après lui avoir arraché les ailes et les pattes, ils la font si-cher dans un roseau ; il nous en arrive beaucoup en cet état, La perruche élégante ou de Pennant est encore un charmant oiseau, dont les couleurs varient avec l’âge. On la trouve en Australie, aux environs de la baie Botanique, et dans les montagnes Bleues, où elle est d’un naturel peu détiant. La perruche omnicolore, une des plus jolies espèces, vit dans le même pays ; elle vole par petites troupes aux environs de Sydney et de Puramutta. La perruche à ailes noires est de petite taille et vit dans l’Ile de Luçon ; elle se suspend aux bra iches des arbres pour passer la nuit ; elle est très-friande du suc qui découle des régimes de cocotier fraîchement coupés.

La perruche à tête rouge ne dépasse guère la taille du moineau franc, ce qui lui a valu le nom vulgaire de moineau de Guinée ; on l’appelle aussi petit ménage, à cause de ses habitudes, et on lui donne encore, mais à tort, le nom de moineau du Brésil. » Ces petites perruches, dit V. de Bomare, sont fort communes en Guinée ; elles le sont même au point de causer de grands dégâts dans les récoltes. On les trouve aussi en Ethiopie ; niais celles qui nous viennent du Brésil y avaient d’abord été transportées par les vaisseaux négriers ; il en périt dans les traversées un très-grand nombre, et ces petits oiseaux, arrivés dans nos contrées, ont beaucoup rie peine à se faire au climat. Lorsqu’ils y ont vécu quelques mois, on peut les conserver ensuite plusieurs années. Au reste, cette petite perruche n’apprend point à parler, mais elle est ordinairement fort douce ; elle ne crie pas souvent, et sa voix n’est ni perçante, ni aussi désagréable que celle de la plupart des oiseaux de Sou genre ; elle est trisie et elle passe des heures entières sans faire de mouvemerit. On a coutume de réunir dans la même caga un mâle et une femelle, pour s’amuser des caresses qu’ils se font ; ils se perchent à côté l’un de l’autre et d’une manière très-serrée ; ils s’épluchent réciproquement les plumes de la tête. Lorsqu’un des deux vient à mourir, celui qui survit est encore plus triste qu’à son ordinaire ; mais il ne meurt pas de ses regrets, comme on l’a dit. »

La petite perruche d’Otahiti est un peu moins grosse que la précédente ; la couleur générale de son plumage est d’un bleu changeant et tirant sur le violet ; elle est fort, criarde, vole par troupes et se nourrit de bananes. La perruche huppée n’est pas plus grosse qu’une allouette ; son plumage est rouge, avec la gorge grise ; elle vit à Java, dans l’intérieur des terres, et vole par troupes en faisant un grand bruit ; elle est jaseuse et, quand elle est privée, apprend facilement à parler. La perruche pygmée est la plus petite espèce du genre.

Perruche (la), opéra-comique en un acte, paroles de Dupin et Dumanoir, musique de Clapisson (Opéra-Comique, le as avril 1S40). Ce petit ouvrage a eu du succès, et pendant longtemps il est resté au répertoire comme lever de rideau. Le canevas de la pièce est trop léger pour supporter l’analyse. Il y a dans la partition des chansons auvergnates, un duo du liaiser, chanté par Chollet et MHu pié•vost, un air de Porteur d’eau et un quatuor final dans lesquels on a remarqué de la verve et une gaieté charmante. L’orchestration en est fort distinguée.

PERRUQUE s. f. (pè-ru-ke. — Ce mot, que l’on rencontre pour ia première fois dans Coquillarl, paruît être d importation italienne. Dans cette langue, on trouve parruca et petruca, coiffure à longues boucles. Wachter et quelques autres rapportent ces formes au grec purrichos, fauve, jaune, parce que les premières perruques étaient faites de cheveux blonds, couleur particulièrement estimée des Romains. Le grec purrichos signifie proprement couleur de l’eu, de pur, feu. Mais cette explication de Wachter n’est point adoptée de tous. Dtez s’appuie sur les formes sicilo-sardept/uccd, lombard peluch, espagnol pelucu, pour rapporter le mot au substantif latin pilus, poil, cheveu. On rencontre le même suffixe uc appliqué au même radical dans l’italien piluccare, provençal pelucar, français éplucher. Scheler demande si l’espagnol perico, toupet et aussi perruche, diminutif periquito, perroquet, ne serait pas le même radical pil pourvu d’un autre suffixe. Le lecteur jugera s’il est plus facile de rapporter le français peiruque, italien purruca, perruca, espagnol perico, au grec purrienos ou bieu au latin pilas, par une forme intermédiaire pitucco). Coiffure de faux cheveux ; Perruque ; notre, brune, blonde, grise. Pkrru-

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qur à bourre, à marteau. Prendre, porter perRUQub. Je passe à lioiUau d’uvoir purlé en vers de sa pi ; rkuquk ; mais je ne lui passe pas de s’être donne là-dessus tes violons. (D’Alemb.) Les artistes du, xvite siècle ont peint Louis XI V en Hercule, avec une gronde perruque sur la tète. (M">e de Staël.) L’élégance travaillée est à ia véritable élégance ce qu’est une perruque à des cheveux. (Balz.) La perruq.uk exerce sur les arts une influence qu’on ne peut nier ; c’est sous la perruque t[u’ont brillé les plus beaux génies dont s’honore la France ! (Scribe.)

Changez en cheveux noirs f otre perruque blonde.

Racine.

Je riais de le voir, avec sa mine étique,

— Son rabat jadis blanc et sa perruque antique.

Bon. EAU.

— Pop, Détournement de matériaux appartenant h l’État i’t placés sôus la garde de celui qui se rend coupable de ce fait. Il Forte réprimande : Je me propose de lui donner une perruque.

— Par anal. Amas de filaments imitant une perruque : Les crêtes étaient taillées presque à pic et laissaient pendre à leurs flancs éraillés lie noires racines d’arbres tombant en PliRHu-QUKS épaisses. (H. Castille.) ’

Tête à perruque, Sorte de tête de bois emmanchée d’un long bâton à pied, sur laquelle les coiifeurs posent et accommodent des perruques, il Fam. Tête à perruque ou simplement Perruque, Personne de peu d’esprit, qui tient opiniâtrement à d’anciens préjuges : Aujourd’hui, il y a encore des TETES À perruque à l’Académie. (Scribe.) Le mot perruque était le dernier mot trouvé pur te journalisme romantique, qui en.avait uf/ublé les classiques. (Butz.) Il Adjectiv. : Je vous trouve un peu pemruque.

— Bot. Assemblage de poils ou de filaments très-menus, auxquels adhèrent les spores des champignons augiocarpiens.

— Encycl. Hist. L’usage des faux cheveux remonte ues-haut dans l’histoire, par la raison que la calvitie dépare les plus jolies femmes et que ia coquetterie a du chercher duns l’art les moyens de suppléer la nature. Avoir la tète dégarnie est chose si humiliante que le grave Uaïe lui-même en menaçait les jeunes filles de son temps comme d’une punition exemplaire : ■ Le Seigneur épilera la nuque des filles de Siou, » leur dit-il ; Uominus deylabrabit verticem filiarum Sion. Ce furent donc d’abord les femmes qui portèrent des perruques. Les Grecques en empruntèrent la mode aux Égyptiennes ; mais on ne voit pas que les hommes, sauf les comédiens, aient l’ait usage du même artifice, car Alcibiade et Périclès, qui étaient chauves, paraissaient en public la tète couverte de leurs casques, afin de dissimuler cette infirmité ; de même César assistait aux séances du sénat avec uxô couronne de laurier sur la tête, plutôt que de porter tout simplement une perruque. Ces grands hommes, sans doute, la repoussaient comme trop efféminée ; mais on s affranchit vite de ces scrupules, k Rome du moins. D’après Suétone, l’empereur Othon, frappé de calvitie, portait une perruque qui lui allait si bien, qu’on ne pouvait la distinguer d’une chevelure naturelle. Domitieu, qui se vantait de se voir sans peine la tête dégarnie de bonne heure, est représenté sur toutes ses médailles avec une belle chevelure, parfaitement ajustée. Durant son séjour sur les bords du Danube, Caracalla, pour plaire aux Germains, se fit tondre là tête et remplaça, ses cheveux par une fausse chevelure blonde.

Les femmes surtout eurent la passion des perruques. Les belles Romaines trouvaient que leurs cheveux noirs et rudes rendaient leurs traits trop sévères ; elles préféraient porter les cheveux blonds et tins des Gauloises et des Germaines. Elles mirent en coupe réglée les pays conquis pour s’approvisionner d’opulentes chevelures ; ce qui faisait dire à Ovide :

A’unctibi captivos millet Germania crines !

C’est sous une perruque blonde (flavo crinem abscondente galero) que Messaline courait la nuit les rues de Rome. Cette manie des chevelures d’emprunt devint une véritable fureur, et Martial a fait là-dessus une vingtaine d’épigrammes, pour le moins.

Dans sou histoire des perruques, l’abbé Thiers, s’appuyant sur un passage de Mézeray, pense que ce n’est que sous le règne de Louis XIII et vers l’année 1629 que s’introduisit en France l’habitude de cette sorte d’ornement. L’opinion de ce savant ne saurait être admise, car il est question des perruques dans les auteurs antérieurs au moyen âge.

Après la destruction de 1 empire romain et rétablissement des Francs dans les Gaules, nous voyons, avec un commencement de civilisation, reparaître les faux cheveux sous le nom Ue galéricule, dont les femmes françaises qui en usaient firent gaticolie. Pendant qu’elles s’ornaient de cette parure, leurs maris portaient un couvre-chef, autour auquel elles avaient cousu un ou plusieurs rangs ae cheveux courts et frisés ; c’est ce qu’oa appelait le calautum, dont l’on fit plus laid Calotte.

La chevelure naturelle s’appellait perrique, et cette expression était déjà usitée au Xe siècle ; ce fut au xve que les Français en firent perruque, mot qui fut employé pour désigner indistinctement une chevelure vraie ou

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fausse. Vers la fin du xvte siècle, il arrivft en France, en Italie et en Angleterre ce qui était arrivé à Rome sous les empereurs ; on s’éprit d’un amoui effréné pour les cheveux d’autrui. La fureur de la mode fut poussée si loin que, en 1560, les dames ne paraissaient plus à la cour sans une perruque blonde. On raconte que la reine d’Angleterre Elisabeth ; h l’âge de soixante-quinze ans, portait une perruque à effrayer les plus grands amateurs. Malheureusement pour le sort de la perruque, quelques prédicateurs malavisés se mêlèrent de vouloir la proscrire et d’anathématiser ceux qui en faisaient usage et même Ci ; ux qui laissaient pousser leurs cheveux. Pour eux, c’était un crime de porter une lougue chevelure, vraie ou fausse ; ils exigeaient qu’on portât, à leur exemple, une large calotte simple ou garnie de poils. Godefroy, évêque d’Amiens, célébrant la messe à Saint-Omer, voulut que Robert, duc de Flaudre, et quinze autres seigneurs se fissent couper leurs.cheveux avant d’assister au sacrifice. Les anathèmes furent fulminés simultanément par le clergé catholique et par les ministres protestants. Oubliant pour un moment leurs querelles, ils frappèrent tons les perruques de leurs foudres évangéliques. Il y eut des théologiens qui imprimèrent qu elles étaient l’ouvrage du démon ; ils citèrent & l’appui de leur assertion Tertullien, saint Cyprien et tous les Pères de l’Église giecque et latine ; ils rapportèrent les paroles de saint Grégoire de Nuzianze, qui dit qu’au jugement dernier on arrachera aux femmes les cheveux empruntés dont elles auront chargé leur tête, comme on arracha les fausses plumes dont s’était parée la corneille. La mode des perruques n’en subsista pas moins ; ceux qui ne pouvaient s’en procurer y suppléaient par des calottes garnies de cheveux, de poils de différents animaux, de laine, de fil de lin ou de coton ; on en fit inèn^ de laiton. Louis XIII ayant repris les cheveux longs, depuis longtemps abandonnés, les couriisaus se piquèrent de l’imiter, et ceux que le temps avait dépouillés de leur chevelure adoptèrent les perruques. Les comédiens, les farceurs, les maîtres de danse en tirent autant, pour se donner des airs de gens du monde ; tous ceux qui se piquaient d’être à la mode vinrent à la suite. Ce ne fut guère que vers 1660 que les ecclésiastiques adoptèrent la perruque ; ils s’en parèrent bientôt, non-seulement pour aller dans le monde, mais encore pour remplir leurs t’onctions sacerdotales. Le premier qui s’en coiffa fut l’abbé La Rivière, depuis évèque de Langres. Alors les rigoristes crièrent au scandale, et l’abbé Thiers écrivit tout un volume contre les abbés perruquets. Toutefois, les perruques étaient déjà assez répandues pour qu’il y en eût de diverses formes et de diverses dénominations. Celles des femmes étaient toujours blondes ; celles des hommes étaient composées de longs cheveux qu’on partageait en deux parties et qu’on laissait descendre de chaque côté du buste. Il y avait des perruques à la française, auxquelles succédèrent les perruques k 1 espagnole. Plus tard vint cet immense assemblage de cheveux, appelé perruque in-folio, qui dura tout le règne de Louis XIV et qu’on voit à ce roi dans tous ses portraits, bustes ou statues, même quand on l’a revêtu de l’habit romain, « Comme tout était grand alors, dit Lebert (Recueil des meilleures dissertations sur l’histoire de France, t.X, p. 407 et suiv.), on crut que les perruques devaient participer à la majesté du siècle et l’on ne vit rien de plus digue de respect et d’hommage qu’une tète a grande perruque. Les coiffeurs s’animèrent d’une vive émulation et s’efforcèrent de se surpasser par lu dimension des peiTUques. On en fit qui couvraient la moitié du corps, et cette invention parut si belle, que loute la cour de Louis XIV se fit tondre pour se charger la tète décette crinière de lion. D’abord on porta les perruques blondes, puis noires, puis blanches. Les perruques blauches amenèrent nécessairement la poudre, car elles étaient chères et la tête chauve des vieillards fournissait peu de ressources aux perruquiers. La forme et la frisure do ces perruques varièrent beaucoup. On boucla les cheveux ; on les figura en rosettes, en marrons, suivant le génie de l’artiste chargé de la confection et de l’entretien des perruques. L’Encyclopédie perruquiére, publiée à i’aris en 1757, ne contient pas moins de quaraute-cinq têtes à perruques toutes différentes les unes des autres, quoique appartenant au même règne. L’invention eu était due au génie des André et des Beaumont, qui excellaient également en vers, en prose et en perruques. On y remarque, entre autres, lesperruques au front de fer, aux nids de pie, à la rhinocéros, à ia cabriolet, à l’oiseau royal, à la singulière, à la comète, à la luuatique, à 1 envieux, à l’inconstant, à la jalousie. On dressait encore lies perruques comme des entrées, k ia minute, à la maître d’hôtel, a la Gentiily. C’étaient les plats du métier de maître André. Nulle profession honnête no put se passer de perruque. Le magistrat donna la préférence aux plus vastes ; l’avocat, le procureur ne paiurttut plus au barreau qu’en perruque longue ; le médecin ue. donna plus de consultation qu’en perruque, mais les médecins la portaient roulée pur derrière ou à trois marteaux- > On citait, k Cette époque, les belles perruques comme on cite aujourd’hui les beaux chevaux ; lesper-