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tures grotesques ; mais il n’a ni sa verve intarissable, ni sa franche gaieté. Parmi ces

■ œuvres faiblement écrites, nous citerons : le Prêtre et la danseuse (1832) ; les Mauvaises têtes (1834) ; la Femme et la maîtresse (1835) ; les Soirées d’une grisette (1835) ; le Mari de la comédienne (1837) ; VAmant de ma femme (1838) ; Vierge et modiste (1840, 2 vol.) ; le Garde municipal (1840, 2 vol.) ; Ma vieille tante (1840, 2 vol.) ; les Pilules du diable (1841, 2 vol.) ; le Bambocheur (1841, 2 vol.) ; le Domino rose (lS4l, 2 vol.) ; la Femme du notaire (1841, 2 vol.) ; les Saltimbanques (1842, 2 vol.) ; l’.4mt de la maison (1845, 2 vol.) ; la Permission de dix heures (1842, 2 vol.) ; les Mémoires d’une lorette (1843, 4 vol.), plusieurs fois réédités ; la Reine des carabines (1844, 2 vol.) ; VEnfant de trente-six pères (1844, 2 vol.) ; François les Bas-bleus, 1S45, 2 vol.) ; le Médecin de la Cité (1845, 2 vol.) ; le Sacripant (1345, 2 vol.) ; l’Autel et le théâtre (1845, 2 vol.) ; Cœur de lièvre.(1845, 2 vol.) ; le Débardeur (1846, 2 vol.) ; la Famille du mauvais sujet (1846, 2 vol.) ; la Fille de Jean Rémy (1846, 2 vol.) ; l’Ouvrier gentilhomme (1847,2 vol.) ; la Belle de nuit (1S49, 2 vol.) ; Ce qui plait aux filles (1849, 2 vol.) ; le Trouble-ménage (1849, 2 vol.) ; la Marchande du Temple (1850, 2 vol.) ; la Famille Tricot (1850) ; la Fille du gondolier (1852, 2 voU ; Partie et revanche (1852, 2 vol.) ; Laquelle des deux (1852, 2 vol.) ; les Folies de jeunesse (1853, 3 vol.) ; le Sultan du quartier (1853, 2 vol.) ; le Beau cousin (1853, 2 vol.) ; VAmant à la campagne (1S53, 3 vol.) ; un Mauvais coucheur (1854, 2 vol.) ; une Passion diabolique (1855, 2 vol.) ; Riche d’amour (1855, 2 vol.) ; l’Amour à l’aveuglette (1857, 2 vol.) ; le Mariage aux écus (1857, 2 vol.) ; Turlurette (1857J 2 vol.) ; les Absents ont tort (1853, 2 vol.) ; un^Ami de ma femme (185S, 3 vol.) ; les Coureurs d’amourettes (1859, 3 vol.) ; le Mari d’une jolie femme (1859, 2 vol.) ;• le Capitaine de spahis (1859, 2 vol.) ; l’Enfant volé (1860) ; Manon la ravaudeuse (1860, 2 vol.) ; Jean, Jeanne et Jeannette (18G0, 2 vol.) ; Mademoiselle Colombe (1860, 4 vol.) ; une Fille à marier (1860, 2 vol.) ; les Mariages d’inclination (1860, 2 vol.) ; le Pays des amours (1861, 4 vol.) ; le Secret de madame (1861, 2 vol.) ; la J7ei«- des griseltes (1861, 2 vol.) ; la Fille du forçat (1861) ; la Lorette mariée (1861) ; un Amant trop aimé (1862, 2 vol.) ; l’Enfant de l’amour (1862, 2 vol.) ; la Fille d’une lorette (1862) ; la Filleule d’Arlequin (1862/2 vol.) ; le Mari de la comédienne (1862) ; un Bal de l’Opéra (1863, 2 vol.) ; les Amoureux d’une honnête fille (1864, 2 vol.) ; la Chasse aux écus (1864, 2 vol.) ; Madame de La Beauchalière (1864), etc.

PERRIN (Louis-Benoît), célèbre imprimeur, né à Lyon le 12 mai 1799, mort dans la même ville le 7 avril 1865. Epris de l’amour de son art, il suivit les glorieux exemples laissés dans la typographie lyonnaise par Jean de Tournes, S. Gryphe et autres imprimeurs de la Renaissance. Le hasard lui fournit l’occasion de se signaler. Chargé d’imprimer les Inscriptions antiques de Lyon, important ouvrage d’archéologie locale où les inscriptions sont gravées en fac-similé, Perrin, qui était artiste, ne put se résigner à placer en regard de ces belles lettres les capitales alors en usage ; à son tour, il étudia ces belles inscriptions, et, guidé par la rinesse de son goût, il choisit pour modèle la lettre des grands siècles d’Auguste et des Antonins. En 1846, il dessina et fit graver les capitales augustales. C’était une heureuse innovation ; en effet, les capitales de la Renaissance s’éloignent tellement de la pureté des capitales romaines, que c’est à peine si l’on peut soupçonner nos vieux imprimeurs de s’en être

inspirés. L’antiquité n’avait pu lui donner que les capitales ; ce fut à la Renaissance qu’il demanda le texte courant, et, en 1853, iï commença la gravure des caractères courants romains et italiques. Quoique la capitale et le texte courant soient sortis de sources différentes, l’imprimeur les nomma tous ensemble caractères augustaux. Des Heurs, des frontispices, des blasons, des bandeaux, toute une série enfin d’enjolivures du xvie siècle, complétèrent son inriovation^t rendirent ses éditions inimitables ; elles eurent immédiatement une valeur qui n’a fait que s’accroître depuis la mort de l’imprimeur. Parmi les principales publications sorties des presses de L. Perrin, nous citerons : Documents sur l’ancien gouvernement de Lyon (1854, infol.) ; Voyagé en Grèce et dans te Levant, par Chenavard (1858, in-fol.) ; Inscriptions antiques de Lyon (1846-1854, in-4°) ; Recherches sur les monnaies romaines (1864-1869, in-4«) ; Rymes de gentille et vertueuse dame Pernette du Guillet (1856, in-S°) ; Loys Span (1859, in-8") ; Sonnets humoristiques, par Joséphin Soulary (1858, in-8°) ; Cent cinq rondeaux d’amour (1852, in-8°) ; les Chevauchées de l’âne à Lyon (1862, in-S°) ; Six mois en Orient, par Bottu de Limas (1861, in-8°) ; Gravures sur bois de Simon Voslre (1862, in-8") ; les Patenôtres d’un surnuméraire (1860, in-8°) ; Chambéry à la fin du xive siècle (1S63, in-4°) ; Vasco de Gama (1864, in-4°).

PE11H1N (l’abbé Théodore), littérateur français, né à Laval en 1801. Il se lit, ordonner prêtre en 1827, puis se rendit à Paris où, après la révolution de 1S30, il ouvrit une librairie et fonda divers journaux : la Revue d’agriculture (1830), l’Agriculture pratique

(1833), le Journal de la jeunesse, etc. Outre des traductions d’ouvrages allemands de P. Hermann et de Drexelius, l’abbé Perrin a publié de nombreux écrits, parmi lesquels nous citerons : les Vertus du peuple (1829-1830, 3 vol.) ; les Martyrs du Maine (1S30) ; Origine des dieux du paganisme (IS37, 2 vol.) ; le Purgatoire (1838, 2 vol.) ; Dictionnaire religieux universel (1854, in-8°) ; le Prisonnier de Russie (1864j in-12, 40 édit.) ; Traits remarquables sous le rapport religieux (1864, in-18, 4<= édit.), etc.

PERRIN (Alphonse), artiste dramatique français, né à Paris en 1803, de parents chefs d’emploi au Gymnase, où ils ont compté de beaux succès dans le répertoire de Scribe. Il débuta à dix-huit ans à ce théâtre par le rôle d’Adolphe dans les Mémoires d’un colonel de hussards. Quelques créations lui valurent la faveur’ du public et, plus tard, un engagement avantageux au Vaudeville (1829) ; il y parut, comme au Gymnase, sous le nom de Bcranger qu’il avait pris en abordant la scène et qu’il a quitté depuis. Après avoir repris Ilarwed, une des meilleures inspirations de Lafond, il se fit beaucoup remarquer par sa création de François Ier dans Triboulet et celle de Napoléon dans Bonaparte, lieutenant d’artillerie. Il est le premier noteur qui ait interprété •Napoléon à la scène, et sa réussite ne contribua pas peu à nous amener cette avalanche d’épopées prétendues nationales qui tirent depuis la fortune du Cirque et de la Porte-Saint-Martin. En 1833, M. Perrin accepta un engagement pour l’Amérique. Pendant sept années, il joua dans les principales villes de l’Union, k New-York, à Boston, à la Nouvelle-Orléans, à Philadelphie, et se fit particulièrement remarquer dans Kean de la pièce de ce nom et Buridan de la Tour de Nesle. De retour à Paris en 1840, " il débuta à la Porte-Saint-Martin par le rôle du docteur dans le Docteur noir. Les reprises de Bruno le fileur et des Enfants du délire lui fournirent l’occasion de deux nouveaux succès ; mais ses grands triomphes furent les rôles de Bertrand dans l’Auberge des Adrets et de Louis XVIII du Maréchal Ney, et la façon dont il rendit ce dernier personnage, si différent au physique du premier, excita singulièrement la curiosité. Le portier Simon de Jenny l’ouvrière le rendit très-populaire. Après une tournée dans les départements en compagnie de Frédérick Lemaître, il fit une courte apparition au Gymnase, puis se fixa à la Galté, où il a créé avec une grande originalité : Barbaroc du Petit homme rouge, sir Mac-Dowell de Georges et Marie, Louis XI du Sanglier des Ardennes, Copronica des Oiseaux de proie, Jackal des Mohieans de Paris, etc. Il y a repris, entre autres rôles, celui de Landry de la Tour de JYesle. Artiste expérimenté et d’une bonne tenue, M. Perrin

n’a peut-être pas donné entièrement ce qu’on était en droit d’attendre de lui à ses débuts dans la carrière dramatique. Son jeu correct jusqu’à la froideur dénote un acteur consciencieux qu’un peu de chaleur eût pu servir admirablement. Il faut lui savoir gré de n’avoir jamais cherché le succès, comme tant d’autres, par des moyens forcés et en dehors de la nature et de la vérité.

PEKIUN (Charles), écrivain français, né à Apprieu (Isère) en 1811. Il s’adonna à l’enseignement et professa l’histoire et la géographie aux lycées de Lyon, d’Avignon et de Nîmes. En 1847, il se fit recevoir docteur es lettres. M. Perrin a publié, entre autres ouvrages : États pontificaux de France au xvie siècle (1847, in-S°) ; Plan résumé d’un cours de géographie et d’histoire ancienne à l’usage des élèves de sixième et de cinquième (1849, in-12) ; le Réseau alpique ou Chemins de fer français d’Italie par ta Franche-Comté, la Bourgogne et la Suisse, etc. (1858, in-8°) ; De France en Italie et en A llemagne, études géographiques et militaires (1860, in-8°).

PERRIN (Emile), peintre et administrateur français, né à Rouen en 1815. Son père était conseiller à la cour d’appel de cette ville. Lorsqu’il eut terminé ses études, M. Perrin se rendit à Paris et étudia la peinture successivement sous la direction de Gros et de

Paul Delaroche. Il débuta au Salon "de 1S41 par une aquarelle, le Roman de Crébillon, puis il exposa successivement : J/’îe de La Vallière (1842) ; Louis AT au château de Crécy (1843) ; Malfilàtre mourant (1844) ; Mort de saint Meinrod (1845) ; le Z, «c(l84S) ; la Jeunesse du Guaspre (1S47) ; le Petit Piémontais et Pierre Corneille chez le savetier (1S4S), tableau qui fut acheté par le ministre de l’intérieur. Tout en se livrant a la peinture avec un assez médiocre succès, M. Perrin s’adonnait à la critique d’art et faisait des comptes rendus de Salons dans divers journaux, dans le Nouveau Correspondant, le Moniteur parisien, etc.

Après la révolution de février 1848, M. Perrin devint directeur du théâtre de l’Opéra-Comique. Il fit preuve d’une grande habileté comme administrateur, monta un assez grand nombre de pièces nouvelles, notamment le Val d’Andorre, la Chanteuse voilée, le Caïd, le Songe d’une nuit d’été, la Fée aux roses, Gilles ravisseur, Bonsoir monsieur Pantalon, les Percherons, les Noces de Jeannette, Galatéi, le Chien du jardinier, l’Étoile du Nord, etc., reprit des chefs-d’œuvre de l’ancien répertoire, entre autres Joseph, Zampa, le Pré-aux-clercs, et réunit une troupe excellente, dont les principaux artistes étaient Mines Ugalde, Miolan, Lefèvre, Caroline Duprez, Cabel, MM. Jourdan, Delaunay, Bataille, Hermaim-Léon, Couderc, Faure, etc. À la mort de M. Sevestre, l’administration chargea M. Perrin de diriger, conjointement avec l’Opéra-Comique, le Théâtre-Lyrique, qui était tombé dans l’état le plus pitoyable (1854), M, Perrin se mit à l’œuvre ; mais, voyant l’impossibilité de mener de front les deux entreprises, il abandonna le Théâtre-Lyrique (1355). Deux ans plus tard, il cessa de diriger i’Opéra-Comique, qu’il laissa dans l’état le" plus" prospère (4 nov. 1857). Mais, après son départ, le théâtre, dirigé par M. Roqueplan, ne tarda pas à péricliter et, le 27 janvier 1S62, M. Perrin était mis de nouveau à la tête de ce théâtre. Cette même année, il dut abandonner l’Opéra-Comique pour prendre la -direction du Grand-Opéra. Dans l’administration de cette vaste scène, M. Perrin montra les mêmes qualités administratives et la même habileté qu’il avait

déployées à la salle Favart, Il ne monta qu’un petit nombre d’œuvres nouvelles, entre autres l’Africaine, de Meyerbeer (1865), et le Don Carlos, de Verdi (1867) ; mais il fit jouer avec beaucoup de succès et d’éclat des chefs-d’œuvre de l’ancien et du nouveau répertoire, montés avec autant de goût que de

soin, notamment l’Alceste, de Gluck, le Don Juan, de Mozart, le Faust, de Gounod, Robert le Diable, de Meyerbeer. En avril 1866, un décret détacha l’Opéra de l’administration de la liste civile et M. Perrin, maintenu comme administrateur, devint directeur responsable avec une subvention de 800,000 fr. L’année précédente, il avait été nommé officier de la Légion d’honneur. Après la révolution du i septembre 1870, il se démit de ses fonctions de directeur, mais resta néanmoins administrateur provisoire de. l’Opéra et aida les artistes de ce théâtre à se constituer en société, puis à donner pendant le siège des soirées musicales. Le délégué de la Commune à la sûreté générale révoqua M..Perrin de ses fonctions d’administrateur provisoire de l’Opéra (10 mai 1871). Le 8 juillet suivant, M. Emile Perrin fut nommé par arrêté ministériel administrateur général du Théâtre-Français, en remplacement de M. Édouard

Thierry, et, le 23 du même mois, il était élu membre du conseil municipal de Paris. À ce dernier titre, il a fait un excellent rapport au sujet de la reconstruction de l’Hôtel de villa et a prononcé, en novembre 1873, un discours très-remarque à l’occasion de la distribution des récompenses aux élèves adultes des classes municipales de dessin.

PERRIN (Maurice), savant français, né à Vezelise (Meurthe) en 1826. Il fit ses études médicales à Paris, où il fut reçu docteur en médecine. M. Perrin est devenu professeur de médecine opératoire et directeur des conférences d’ophthalmoscopie et d’optométrie à l’École de médecine et de pharmacie railitui’ res. Il a publié quelques ouvrages, parmi lesquels nous citerons : Du rôle de l’alcool et des anesthésiques dans l’organisme, en collaboration avec M. Lallemand ; Traité d’anesthésiechirurgicale(1863, m-S°), aveole même ; Traité pratique d’ophthalmoscopie et d’optométrie (1870, in-8°).

PERRIN DE BRICHAMBAULT (Antoine-Charles), général et écrivain français, né à Nancy en 1777, mort à Paris en 1842. Élève de l’école militaire de Pont-à-Moussoti, il entra tout jeune au service, fit les premières campagnes de la Révolution en qualité d’aide de camp de Marescot, eut un avancement rapide, commanda le génie à Lorient, Nantes et Lille, devint maréchal de camp sous la Restauration et fut mis à la retraite en 1834. Cet officier composa un grand’nombre de pièces de vers et d’épigrammes insérées dans divers recueils et publia séparément : Passage du grand Saint’Bernard, ode (180 !, in-8°) ; De la nécessité de renverser Bonaparte et de rétablir les Bourbons (1815) ; Odes, Laoeoon, Apollon vengeur, la Religion (Paris, 1821, in-8<>).

PERR1N-DCLAC (F.-M.), littérateur et administrateur français, mort à Rambouillet en

1824. Après de longues pérégrinations en Amérique, il fut nommé sous-préfet à Saneerre, puis à Rambouillet.. On a de lui : Voyage dans les deux Louisianes et chez les nations saitvages du Missouri, par tes ÉtatsUnis, l’Ohio et les provinces qui le bordent, en isai, 1802 et 1803, avec un aperçu des meeurs, des usages, du caractère et des coutumes religieuses et civiles des peuples de ces diverses contrées (Paris, 1805, in-S°), ouvrage qui contient des particularités fort intéressantes ; Salomon, poème traduit de l’anglais, de Prior (Paris, 1808, in-8").

PERRIN DE PRÉCY, poète français, né dans le Forez.vers 1790, mort en 1812.’On n’a de lui qu’un po&me en quatre chants, œuvre spirituelle, intitulée : la. Pipée ou la Chaise des dames (Paris, 1808, in-18).

PERRIN DANDIN, personnage de fantaisie inventé par Rabelais, et que La Fontaine et Racine ont mis en scène après lui, en en défigurant le caractère. Voici, d’après l’histoire de Pantagruel, quel était ce personnage dont le nom est devenu populaire. < Il me souvient à ce propos, dist Bridoye, qu’au temps que j’estudioys à Poictiers en droict, soubz Bro- |

cadium juris, estoit à Semerue ung nommé Perrin Dendin, homme honorable, bon laboureur, bien chantant au letrain, homme de crédit et eagé, autant que le plus de vous autres, messieurs ; lequel disoit avoir vu le grand bonhomme Concile de Latran, avec son gros chapeau rouge ; ensemble la bonne dame Pragmatique Sanction, sa femme, avec son large tissu de satin pers et ses grosses patenostres de jayet. Cestuy homme de bien appoinctoit plus de procès qu’il n’en estoyt vuidé en tout le palays de Poictiers. Tous les débatz, procès et ditférens estoyent par son devis vuidés, comme par juge souverain, qtioy que juge ne feust, mais homme de bien. Et estoyt presque tous les jours de banequet, de festin, de nopees, de commeraig-es, de relevantes, et en la taverne, pour faire quelqu’appointement, entendez. Car jamais n’appoinctoit les parties qu’il ne les feist boire ensemble, pur symbole de réconciliation, d’accord et de nouvelle joye. » Or, quel était le moyen employé par Dendin (dont La Fontaine et Racine ont fait Dandin) pour opérer des rapprochements si difficiles ? Rabelais va nous le dire : c’est dans cette ingénieuse explication que brille cette profonde connaissance du cœur humain qui a placé le livre du curé de Meudon au premier rang. Perrin Dendin avait un fils, nommé Ténot Dendin, lequel, voyant que c’était métier si agréable et de si joyeuse usance quo celui d’appointeur de procès, voulut aussi s’y consacrer. Il parcourait le pays, cherchant où il y avait luttes, débats ou procès, et se proposait comme médiateur. Mais il ne réussissait guère et il en appointait moins en un an que son père en un jour. Comme il s’en étonnait, Perrin Dendin lui dit : « II te faut faire autrement, Dendin, mon filz. Tu n’oppoinctes jamais les différents ; pourquoy ?Tu les prends dès le commencement, estant encore verz et crudz. Je les appoincte tous ; pourquoyîJe les prens sur leur tin, bien meurs et digérez. Ne scays-tu pas qu’on dit en proverbe commun : heureux être le médecin qui est appelé sur la déclination de la maladie ? La maladie de soy criticquoit et tendoità fin, encore quo le médecin n’y survins t. Mes plaidoyeurs semblablement.déelinoyent au dernier but de la

plaidoyerie : car leurs bourses estoientvuides, de soy cessoyent de poursuivre et solliciter. Manquoit seulement quelqu’un qui fust comme paranymphe et médiateur, qui premier parlast d’appoinctement pour soy sauver l’une et l’aultre partie de cette pernicieuse honte qu’on eust dit : Cestuy premier s’est rendu ; il a premier parlé d’appoinctement ; il a esté las le premier ; il n’avoit le meilleur droict ; il sentoit que le bast le blessott. Là, Dendin, je me trouve à propos, .comme lard en pois. C’est mon heur. C’est mon guaing. C’est ma bonne fortune. Et te dy, Dendin, mon filz joly, que, par ceste méthode, je pourroys paix mettre, ou tresves pour le moins, entre le grand roy et les Vénitiens, entre l’empereur et les Suisses, entre les Anglois et les Écossois, entre le pape et les Ferraroys. Entendz bien. Je les prendroys sur l’instant quo les uns et les autres seroyent las de guerroyer, qu’ils auroyent vuidé leurs coffres, espuisé les bourses de leurs subjeetz, vendu leur domaine, hypothéqué leurs terres, consumé leurs vivres et munitions. Là, de par Dieu ou de par sa mère, force forcée leur est de respirer, et de leur félonie modérer. » Il est impossible de faire une satire plus vive, plus vraie de l’entêtement aveugle des plaideurs et surtout de cet amour-propre effréné qui leur fait préférer la ruine à la moindre concession. Ce n’est pas seulement entre les individus, c’est également entre les nations que ces procès ont lieu, et la plupart du temps les diplomates ne sont que des Perrin Dandin politiques. Tous les types légués par la tradition vont peu à peu en s’altérant, et, plus ils ont été empruntés de fois, plus ils ont subi de transformations. C’est ce qui est arrivé pour Perrin Dandin. Le Dandin de Rabelais est un bon paysan, fin matois, qui aime les longs repas et la dive bouteille, et qui trouve le moyen de satisfaire ses goûts tout en arrangeant les différends de ses voisins. Le

Perrin Dandin de La Fontaine est déjà teut autre ; c’est un juge et un juge avide, qui personnifie la rapacité de la plupart des conseillers du parlement. Deux pèlerins se disputent une huître qu’ils ont trouvée sur le sable :

Perrin Dandin arrive : ils le prennent pour juge. Perrin, fort gravement, ouvre l’huitre et la gruge,

Nos deux messieurs le regardant.

Ce repas fait, il dit d’un ton de président ’ « Tenez, la cour vous donne à chacun une écaille, Sans dépens, et qu’en paix chacun chez soi s’en aille. •

Le Dandin de Rabelais se fût mis’à table avec les deux parties et ils eussent mangé l’huître a eux trois, si c’était possible. Enfin, avec Racine, nouvelle transformation. Le Dandin des Plaideurs est un juge ridicule, sur le compte duquel Racine a mis une partie des reproches qu’on pouvait adresser à la magistrature de son temps, et pour son avidité et pour sa cruauté en matière criminelle ; sa comédie est une véritable satire des mœurs judiciaires du xvue siècle. En résumé, le véritable Dandin c’est celui de Rabelais, qui était un prud’homme, un arbitre et non un juge, comme on l’imprime bien souvent à tort dans les annotations de Racine et de La Fout-ine.