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de famille, les deux plus précieuses parties de la propriété.

Après cette rapide esquisse du premier péripatétisme. passons à 1 examen plus rapide encore de l’histoire de cette rêlèbre école.

Les travaux des continuateurs de l’œuvre des premiers péripatéticiens ne présentant aucun nouvel ordre d’idées qui ait une grande importance dans l’histoire de la philosophie, nous nous bornerons à signaler, parmi les principaux péripatéticiens dont les spéculations sont venues jusqu’à nous, du moins en partie, ceux qui modifièrent d une manière notable la doctrine primitive du Lycée, en indiquant, autant que possible, les traits principaux de la philosophie de chacun d’eux.

Théophraste, qui fut un des auditeurs d’Aristote, est particulièrement connu par son. livre Des caractères, imité dans les temps modernes par La Bruyère, qui s’est élevé bien au-dessus de son modèle. Ce péripatéticien paraît avoir essayé de ramener les divers phénomènes du monde physique, ainsi que les facultés et les opérations de t’âme, aux lois du mouvement, en rapportant ces lois elles-mêmes aux catégories d’Aristote. Cette importance attachée k la théorie du mouvement, comme principe général d’explication, dans l’ordre physique et dans l’ordre moral, concorde assez avec la philosophie d’Aristote, qui ne remontait jusqu’à Dieu que comme moteur primitif de l’univers.

Dioéarque de Messine, qui vivait vers l’an 320, nia l’existence des forces spirituelles, envisageant le principe de vie comme une énergie purement matérielle, ce qui, au fond, ramenait tout encore aux lois du mouvement.

Straton de Lampsaque, qui vécut jusque vers l’an 270 av. J.-C, fut un hérétique plus osé dans le péripatétisme. Il nia la réalité de la notion générale de l’être et ne la considéra que comme une abstraction qui représentait simplement l’idée de la permanence des êtres particuliers. En psychologie, il paraît avoir identifié la pensée avec la sensation : en logique, il admit que toute vérité pour 1 homme consiste dans des mots ; en cosmologie, il rejeta l’existence d’une force divine et ne reconnut que la force aveugle de la nature. Suivant lui, tou3 les phénomènes dérivent de deux principes : le mouvement inhérent à chaque corps, et la pesanteur, qui lui est également essentielle, et en vertu de laquelle il tend vers son centre.

Nous devons ajouter à ces philosophes péripatéticiens, depuis l’époque d’Aristote jusqu’à l’an 100 av. J.-C., Eudéme de Rhodes, Aristoxène de Tarente, Héraclide de Pont, Déinétrius de Phalère, Lycon, Critolaûs de Phasélis, Diodore de Tyr. Les uns n’offrent rien de remarquable ; les ouvrages des autres, qui ont joui d une haute réputation, sont perdus et nous ne les connaissons que de nom et par les éloges que leur décernent les auteurs anciens.

Andronicus de Rhodes transporta à Rome la philosophie péripatéticienne et expliqua les ouvrages d’Aristote dans la.capitale du monde vers 1 an 80 av. J.-C.

Alexandre d’Aphrodise, dans le ne siècle de l’ère chrétienne, fonda une école péripatéticienne à Alexandrie.

Aucun souvenir de quelque importance ne se rattache aux noms des autres disciples d’Aristote qui propagèrent sa doctrine dans l’empire romain.

Le péripatétisme fut de bonne heure importé chez les musulmans. L’Arabe A verrhoc-s le professa et n’hésita point à appeler Aristote le comble de ta perfection humaine. Dans plusieurs sectes chrétiennes, le péripatétisme fut adopté avec enthousiasme ; il fut ensuite admis, puis rejeté, puis définitivement accepté par les théologiens, et exerça une influence énorme sur toute la philosophie et la théologie du moyen âge, qui lui voua un culte superstitieux. Après avoir été proscrit par des conciles et par des papes, il reprit brusquement faveur, fut embrassé par saint Thomas d’Aquin et par les plus illustres personnages de l’Église. Il forma le fond de la doctrine scolastique et devint l’objet d’un tel engouement, qu’on ne pouvait soutenir une opinion contraire à celle d’Aristote sans se rendre presque coupable d’hérésie. Non-seulement on en adoptait les principes généraux, que l’on développait avec une subtilité exagérée et dans un style barbare, mais encore on regardait comme indubitables jusqu’aux moindres faits rapportés parce philosophe. Depuis la Renaissance, battu en brèche par Ramus (qui fut assassiné pour ce fait à la Saint-Barthélémy), Patrizzi, Campanella (qui fut brûlé), Bacon, Descartes, etc., etc., le péripatétisme déclina sensiblement ; mais il avait conservé des partisans tellement exaltés qu’on obtint, en 1624, un arrêt du parlement de Paris prononçant la peine de mort contre quiconque enseignerait des doctrines antipéripaléticiennes. La muse comique intervint. Le génie national, le génie du bon sens et de la une ironie, osa, par la bouche de Molière et de Boileau, porter le coup de mort à cette vielle doctrine. Par une réaction fort naturelle, cette philosophie, qui faisait naguère prononcer des sentences de mort contre ses détracteurs, devint l’objet de la risée de la foule. On s’en moqua dans des satires, dans des comédies, dans les salons, dans la rue ; le nom même d’Aristote fut quelque temps ridicule. Mais, si les savants sont

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devenus plus justes envers cette gr.inde école qu’ils admirent sans adopter ses principes, la majeure partie du public instruit ignore les premières lignes des ouvrages péripatéticiens, de ceux d’Aristote lui-même.

PÉR1PATIEN, IENNE adj. (pé-ri-pa-tiain, i-è-ne — rad. péripate). Annél. Qui ressemble ou qui se rapporte au genre péripate. D On dit aussi péripate, ée. — s. m. pi. Famille d’annélides, ayant pour type le genre péripate.

PÉRIPÉTALE adj. (pé-ri-pé-ta-le — du préf. péri, et A& pétale). Bot. Qui entoure les pétales.

PÉRIPÉTALIE s. f. (pé-ri-pé-ta-lt — rad. péripétale). Bot. Classe de plantes polypétales, à étamines périgynes.

PÉRIPÉTIE s. f. (pé-ri-pé-sî — gr. peripeteia, substantif de l’adjectif peripétés, tombé ou tombant ;, de péri, autour, et de pelés, de petâmai, ptêmi, tomber, voler ; de la racine sanscrite pat, qui a la même signification. La

Î’éripélie est étymologiquement un mot anaogue à catastrophe ; il signifie littéralement renversement). Changement de fortune inopiné dans un poème, un roman, et surtout dernier changement qui fait le dénoùment d’une pièce de théâtre : La péripétie est bien amenée dans cette pièce. (Acad.) En qualité de faiseur de tragédies, j’aime beaucoup les péripéties. (Volt.)

— Parext. Evénement, incident qui émeut, saisit, intéresse ; Les péripéties de la lutte. On ne saurait nier que des situations analogues engendrent des péripéties analogues. (Proudh.)

— Encycl. Art dram. Boileau a voulu parler de la péripétie dans ces vers de son Art poétique (chant III) :

Que le trouble, toujours croissant de Bcène en scène, À son comble arrivé se débrouille sans peine. L’esprit ne se sent point plus vivement frappé Que lorsqu’en un sujet d’intrigue enveloppé D’un secret tout à coup la vérité connue Change tout, donne à tout une face imprévue.

Ainsi, dans l’Œdipe-roi de Sophocle, un voile épais enveloppe d’abord le secret qui plane sur la naissance du héros ; une première clarté vient percer ces ténèbres qui s’illuminent peu a peu. Enfin le jour se fait entièrement. Le roi, qui a désiré connaître sa race et sa famille et qui croit échapper enfin aux terreurs qui l’assiègent, se reconnaît, avec une terreur plus grande encore, le meurtrier de son père et l’époux de sa propre mère. C’est une suite de péripéties.

Dans VAtkalie de Racine, la péripétie, par l’imprévu et la grandeur.’du spectacle, peut lutter avec celles de l’Œdipe-roi. Athalie, attirée dans le temple pour y chercher l’enfant et le trésor qu’on lui a promis, se croit encore au faîte de la puissance. Le rideau s’enti’ouvre ; Joas parait, assis sur le trône et entouré de lévites. Le peuple entier l’acclame ; on annonce que l’année de la reine est en fuite, et celle-ci, à ces événements inattendus, reconnaît le triomphe de David.

Le drame moderne affectionne les péripé-, iies violentes qui mettent les principaux personnages dans des alternatives également terribles. Dans le Roi s’amuse, Triboulet veut faire assassiner François Ier et prépare tout pour qu’il tombe dans un piège ; c’est sa propre fille qui, de son plein -gré, se sacrifie et reçoit le coup de couteau destiné à celui qu’elle aime. Lucrèce Borgia veut tirer vengeance d’un affront sanglant qu’elle a reçu ; elle fait jurer à son mari que le coupable ne sortira pas vivant du palais ; Alphonse d’Esté lui accorde sa mort, lui donne même le poison, pour qu’elle le serve de sa main, et il se trouve que le coupable est son fils. DansPotrie de V. Sardou, le principal personnage poursuit deux buts : comme citoyen, l’affranchissement de son pays ; comme mari outragé, la mort du séducteur de sa femme ; mais au moment où il tient celui-ci dans sa main, où il va le frapper, il reconnaît en lui le seul homme qui puisse mener k bien l’insurrection et il sacrifie sa vengeance. Voilà une péripétie éminemment dramatique. La plupart du temps, les péripéties ne sont pas aussi savamment ménagées ; elles naissent d’un incident imprévu ou d’un signe de reconnaissance prudemment laissé à un enfant en bas âge. L’ancien drame du boulevard du Temple abusait de ces péripéties trop faciles.

PÉRIPHALLIE s. f. (pé-ri-fal-H —dupréf. péri, et de phallus). Antiq. gr. Groupe de ceux qui portaient le phallus, dans les dionysiaques. Il PI. Fêtes en l’honneur de Priape. tl On les appelait aussi phallagogies.

PÉK1P11 AS, roi d’Athènes, qui vivait, dit-on, avant Cécrops. Il mérita pur ses bienfaits et sa vertu d’être vénéré par ses sujets comme un dieu. Jupiter, irrité des honneurs rendus à un simple mortel, voulut le précipiter dans le Tartare ; mais Apollon intercéda en sa faveur et le maître du ciel sa borna à le métamorphoser en aigle. Cet aigle devint son oiseau favori et fut chargé du soin de garder la foudre.

PÉRlPHÈBEs.f. (pé-ri-fè-re — gr.periphereia, périphérie). Antiq. Syn. de cruste.

PÉRIPHÉRIE s. f. (pé-ri-fé-rl — gr. periphereia ; ûeperi, autour, et de pliera, je porte. Le grec periphereia est traduit exactement par le latin circumfereniia, circonférence).

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Circonférence, pourtour ; surface extérieure : Le fœtus emploie à respirer toutes les ressources de son organisation ; il y applique tous les vaisseaux qui aboutissent à sa périphérie. (G. St-Hi !aire.) La périphérie du noyau métallique du globe est recouverte d’une épaisse écorce de terrain vitrifié. (Toussenel.) Chez les Juifs, le contact des tombeaux rendait impur ; aussi avait-on soin d’en marquer soigneusement la périphérie sur le sol. (Renan.)

PÉRIPHÉRIQUE adj. (pé-ri-fé-ri-ke — rad. périphérie). Qui appartient à la périphérie : Ligne périphérique.

— Bot. Embryon périphérique, Celui dont la longueur dépasse celle de la graine. Il Périsperme périphérique, Celui qui environne et cache l’embryon.

PÉRIPHÉROME s. m. (pè-ri-fé-ro-medu gr. periphoreà, je porte autour). Rhétor. Syn. de circonlocution,

PÉRIP1IÉTÈS, géant, fils de Vulcain etd’Anticlée. Il assommait avec une massue énorme les voyageurs qui passaient dans les environs d’Epidaure. Thésée le rencontra en se rendant k Corinthe, le tua et garda sa massue comme un monument de sa victoire.

PÉRIPHORANTHE s. m. (pé-ri-fo-ran-te — du prêt’, péri, et du gr. phoros, qui porte ; anihos, fleur). Bot. Involucre des composées.

PÉRIPHORE s. m. (pé-ri-fo-re — du gr. periphoreà, je porte autour). Bot. Corps charnu qui supporte l’ovaire de certaines plantes, et fournit une attache aux pétales et aux étamines.

PÉRIPHORIQOE adj. (pé-ri-fo-ri-ke — rad. périphore). Bot. Qui tient au périphore.

PÉRIPHRAGME s. m. {pé-ri-fra-gmedu préf. péri, et du gr. phragmos, buisson, haie). Bot. Syn. de cantca, genre de polé ■ moniacées.

PÉRIPHRASE s. t. (pé-ri-fra-ze — du préf. péri, et du gr. phrazein, parler. Le grec periphrasis est étymologiquement le même mot que le latin circumlocutio, <e circum, autour, et de loqui, parler). Circonlocution, circuit de paroles, tour que l’on emploie pour exprimer, d’une manière indirecte ce qu’on ne veut pas dire en termes propres : Recourir à une périphrase. Se servir d’une périphrase. Ne parler que par périphrases. Les périphrases outrées de nos vers n’ont rien de naturel. (Fén.) Les définitions et tes analyses sont de véritables périphrases dont le propre est d’expliquer une ckose. (Conditlac.) La périphrase est souvent plus indécente que le mol. (Si-Marc Girard.) Les femmes tolèrent lemot détourné ; elles accueillent le mot élégant ; elles sourient à ta périphrase. (V. Hugo.) La poésie use de la périphrase, mais à propos, dans l’intérêt de la force ou de la dignité du style. (A. Didier.) Un des principaux dogmes du romantisme, c’est qu’il faut appeler les choses par leur nom et bannir les periprases. (liigault.) Plus d’un mot suranné, retrouvant sa jeunesse, Dans le moderne style avec grâce introduit, Peut de la périphrase épargner le circuit.

MlLLEVOÏE.

— Syn. Périphrase, circonlocution. V. CIRCONLOCUTION.

— Encycl. Divers motifs font recourir à la périphrase. On s’en sert par bienséance lorsqu’on a besoin d’exprimer certaines choses1 1 que l’on ne peut désigner par leur nom sans pécher contre l’honnêteté, comme l’a fait le P. Maimbourg en racontant la mortd’Arius : L’effet de cette crainte fut si prompt et si violent que, se sentant pressé d’une mécessité naturelle, il fut obligé de se retirer « la liàle dans un lieu public qu’un lui montra, tout joignant la placé, et là il mourut sur-le-champ d’un horrible genre de mort.

M. de Lamartine, ayant à parler de l’héroïsme de Cainbronne k la bataille de Waterloo, aurait pu citer cette belle pensée qu’on lui attribue : La garde meurt ; elle ne se rend pas.’ Mais, en historien fidèle, il a préféré faire connaître le mot beaucoup moins poétique dont le brave général s’est servi ; mais, jugeant cette expression peu convenable à, la dignité de l’histoire, il a recouru k une longue périphrase pour laisser deviner au lecteur qu’il voulait parler de ce mot qu’ont sou-

vent à la bouche des personnes mal élevées que l’on ennuie, que l’on impatiente.

Les gens du peuple, bien qu’ils soient généralement peu réservés dans leurs expressions, recourent quelquefois à la périphrase dans des cas semblables ; ils disent, par exemple : J’ai marché dans quelque chose, j’aurai du bonheur aujourd’hui ; donner à quelqu’un un coup de pied quelque part.

Une petite demoiselle, n’osant pas appeler toutes les lettres de l’alphabet par leur nom, épelait de cette manière lemot barque : b, a, r, bar ; la lettre après le p, u, e, barque.

Une autre épelait ainsi le motdiable, qu’elle ne prononçait jamais : d, i, a, dia ; 6, l, e,

Me, ESPRIT MALIN.

On se sert aussi de la périphrase pour relever des choses communes ou basses, ou pour voiler des idées tristes.

Platon, dans une oraison funèbre, ayant k rappeler la mort de plusieurs concitoyens, enveloppe cette idée triste dans la périphrase suivante : Enfin nous leur avons rendu les derniers devoirs, et maintenant ils achèvent ce

PATAL VOTAGE,

Mascaron, pour dire queTurenne obtint une

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place dans la sépulture de nos rois, relèv« cette pensée par une périphrase : Le roi, pour donner une marque immortelle de l’estime et de l’amitié dont il honorait le grand capitaine, donna une place illustre à ses glorieuses cendres parmi ces maîtres de la terre qui conservent encore, dans la magnificence de leurs tombeaux, une image de celle de leurs trônes.

Fléchier emploie, pour désigner l’artillerie, cette périphrase philosophique ; des foudres

DE BRONZE QUE L ENFliR A INVENTÉS POUR LA

destruction dks hommes tonnaient de toutes parts.

Voltaire, au lieu de dire simplement : Demandez à Silva comment se forme le chyle et le sang, ennoblit ces idées par une périphrase ; Demandez à Silva par quel secret mystère Ce pain, cet aliment, dans mon corps digéré. Sa transforme en un lait doucement préparé ; Comment, toujours fillré dans ses routes certaines, En longs ruisaeaux de pourpre il eowt enfler mes ucfnei.

Quelle ingénieuse et élégante périphrase imagina Boileau pour dire en vers qu’il avait cinquante-huit ans.

Mais aujourd’hui qu’enfin la vieillesse venue. Sous mes faux chevaux blonds, déjà toute chenue, A jeté sur ma tête, nveo ses doigts pesants, Onze lustres complets, surehanjés de trois ans !

Delille, n’osant, dans sa traduction des Géorgiques de Virgile, faire entrer le mot porc dans la poésie noble, a recouru à une périphrase pour se tirer d’embarras :

Et d’une horrible toux les accès violents Etouffent l’animal gui s’engraisse de glands.

Les’poètes contemporains ne se montreraient pas aussi scrupuleux que Delille.

On se sert aussi de périphrases quand il s’agit de traduire, et que l’une des langues, comme Cela arrive souvent, n’a pas une expression qui puisse rendre exactement celle de l’autre idiome. Par exemple, si l’on avait ù traduire en latin le mot perruque, on serait obligé d’employer une périphrase ; on dit en ce cas : coma adscilitia, chevelure empruntée d’ailleurs.

Mais il faut éviter alors recueil ou tombent les mauvais écrivains qui, par ignorance de la langue dans laquelle ils traduisent, recourent continuellement à la périphrase, faute de trouver le mot propre, bien que celui-ci existe.

Quelquefois, la périphrase est employés quand on a l’intention de développer spécialement certaines idées partielles sur lesquel les on fonde ce que l’on avance. Joad, pat exemple, aurait pu dire simplement à Abner : Dieu sait bien des méchants arrêter les complots ;

mais Racine, qui voulait mettre dans la bouche du grand prêtre et la maxime et la preuve, l’a prise dans une idée partielle comprise dans celle de Dieu, dans l’idée d’un miracle de sa toute-puissance :

Celui gui met un frein d la fureur des flots Sait aussi des méchants arrêter les complots.

La périphrase est également utile pour adoucir des idées qui pourraient paraître dures et révoltantes. Cicéron, contraint d’avouer que les gens de Milon avaient tué Clodius, n’a garde de faire l’aveu sans précaution ; mais il déguise l’horreur de ce meurtre sous une idée qui ne pouvait déplaire aux juges et qui semblait même les intéresser, d autant plus qu’il a d’abord montré la chose comme un guetapens de la part de Clodius. Les esclaves de Milon firent, sans l’ordre de leur mailre.à son insn. loin de ses regards, ce que chacun aurait DÉSIRÉ QUE SES ESCLAVES EUSSENT FAIT KM PAREILLE OCCASION.

Le plus grand usage de la périphrase est dans le genre oratoire et dans la poésie élevée.

Thomas, admirant la tranquillité du dauphin au moment de sa mort, substitue à ces quatre mots une périphrase admirable : Quoi ! dit-il, dans le moment où tout échappe, où le trône s’enfonce et ne laisse voir à sa place qu’un tombeau qui s’ouvre ; quand tous les êtres qui environnent Udme s’en détachent et se reculent ; quand les sens qui la lient à l’univers se retirent ; quand les ressorts de la machine crient et se rompent ; lorsque te temps n’est plus que le calcul lent et affreux de ta destruction ; quand l’âme, solitaire, arrachée à la nature et à ses propres sens, est sur le point d’entrer dans un avenir impénétrable : quoi ! dans ce moment, être tranquille !

Le génie de la poésie consiste à amuser l’imagination par des images qui, au fond, se réduisent souvent à une pensée que le dis* cours ordinaire exprimerait avec pl’.i.s e simplicité, mais d’une manière ou trop sèche ou trop basse ; la périphrase poétique, >»u contraire, produit la pensée sous une fort’je plus gracieuse et plus noble.

Pour dire qu’il se fait tard, Boileai, aVsprime ainsi :

Les ombres cependant sur la ville «pondues Du faite des maisons descendent dans les tu :".

Au lieu de dire simplement nous sommes en automne, J.-B. Rousseau recourt à une péri' phrase pleine d’images agréables : Le soleil, dont la violence Nous a fait languir si longtemps, Arme de feux moins éclatants