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tance d’un enfant jeta Virgile dans des réoes de paungbnésik unioerselle. (Renan,)

— Philos. Système de philosophie de l’histoire, d’après lequel les mêmes genres d’événements se succéderaient sans cesse dans le même ordre.

— Physiq. Artifice d’optique au moyen duquel on fait apparaître 1 image d’un objet en un lieu où cet objet n’existe réellement pus.

— Syn. Poliiigéitcuie, régénération, retial’isuiico. Le premier de ces mots, tiré du

grec, ne s’emploie que comme terme de philosophie ancienne ou transcendante, et quelquefois par rapport au phénix que la Fable faisait renaître de ses cendres. Renaissance appartient au langage ordinaire et se dit, en bonne comme en mauvaise part, de tout ce qui renaît ou semble renaître. Régénération, terme de théologie et de médecine, se prend toujours en bonne part et suppose un travail intérieur qui purifie, qui ramène la santé de l’âme ou du corps.

— Encycl. La mort est-elle un fait définitif ? Est-elle une simple étape dans une série de transformations auxquelles seraient soumis tous les èlres vivants ? Les partisans de la palingénésie universelle affirment le dernier fait ; mais, avant d’exp’bser leur système et les arguments dont ils l’appuient, il convient de rappeler que le mot palingénésie a servi d’abord à désigner une prétention bizarre, monstrueuse, celle de rendre la vie, par des opérations plus ou moins singulières, aux êtres qui l’avaient perdue. Toutefois, les premiers qui tentèrent ces hautes expériences ne prétendaient »as redonner aux êtres morts une véritable vie ; ils s’attribuaient seulement le pouvoir de leur redonner une vie apparente, de les faire voir sous une forme fantastique qui rappelle les ombres des Grecs et des Romains. Voici ce que rapporte sérieusement Kenelm Digby dans son traité De le végétation des plantes : ■ Nous pouvons ressusciter une plante morte, en la faisant revivre au milieu de ses cendres. Quercetan, médecin du roi Henri IV, nous raconte une histoire admirable d’un certain Polonais qui lui faisait voir douze vaisseaux de verre, scellés hermétiquement, . dans chacun desquels était contenue la substance d’une plante différente, savoir : dans l|un était une rose ; dans l’autre une tulipe, etc. Dans chaque vaisseau, on ne remarquait autre chose qu’un petit amas de

cendres ; mais dès qu’if l’exposait sur une douce chaleur, on voyait apparaître peu à peu l’image d’une plante qui sortait de son tombeau ou de sa cendre, et, dans choque vaisseau, les plantes et les Heurs se voyaient ressuscitées en leur entier, selon la nature de la cendre dans laquelle leur image était invisiblement ensevelie. Chaque plante croissait de toutes parts en une juste grandeur, et sur elle étaient dépeints ombratiquement ses propres couleurs, figures, grandeurs et autres accidents pareils ; mais avec telle exactitude et naïveté, que le sens aurait pu ici tromper la raison, pour croire que c’étaient des plantes et des fleurs substantielles et véritables. Or, dès qu’il venait à retirer le vaisseau de la chaleur et qu’il l’exposait à l’air, il arrivait que, la matière et le vaisseau venant à se refroidir, l’on voyait que ces plantes commençaient à diminuer peu à peu, tellement que leur teint éclatant et vif disparaissait ; elles n’étaient plus qu’une ombre de la mort et elles s’enveloppaient derechef sous les cendres. « Ce tour de passe-passe d’un habile prestidigitateur, accepté comme une véritable palingënésie, prit le nom de « secret impérial, » parce que l’empereur Ferdinand III l’avait acheté d’un alchimiste. Le Père Kircher, qui le tenait de l’empereur lui-même, en divulgua les procédés dans son Mundut subterraneus. Voici, d’après lui, comment il faut opérer :

« On prend quatre livres de graines de la plante que l’on désire faire renaître ; on les pile, on met la poudre dans un vaisseau de verre de la grandeur de la plante ; on bouche exactement ; on tient en lieu sec et tempéré. Un soir, par un temps bien serein, on expose les graines pilées à la rosée dans un In rge plat, et on les remet dans le vaisseau avant le lever du soleil. Pendant ta même nuit, à l’aide d’un grand linge bien propre tendu sur quatre pieux, on recueille huit pintes de la même rosée ; on la distille ; on fait calciner ce qui ne se distille pas, et le sel qui en résulte, mélangé avec la rosée distillée ; est jeté sur les graines ; on ferme hermétiquement le vaisseau qui contient le tout, et on le met pendant un mois dans du crottin de cheval. On expose ensuite au soleil pendant le jour, à la lune pendant la nuit, ou serre en lieu sec dans les temps pluvieux. Un jour arrive où la moindre chaleur fait développer une tige, des feuilles et des fleurs. Dès que la chaleur cesse, le spectacle s’évanouit, mais il se renouvelle si l’on chauffe le vaisseau.» Malgré le respect dû au Père Kircher, nous pensons que l’expérience réussirait plus sûrement si, au lieu de piler les graines, on les jetait tout bonnement en terre.

Il n’y avait qu’un pas de ces résurrections de plantes à la palingënésie animale ; on ne tarda pas à le franchir, et l’on se mit à ressusciter, au moins en apparence, les hommes et les bêtes, Gaifarel, dans ses Curiosités inouïes, dit carrément : • Ce secret n’est pas rare, car M. de Claves, un des excellents chi PALI

mistes de notre temps, le fait voir tous les jours. On peut tirer de là cette conséquence, que les ombres des trépassés, qu’on voit souvent paraître aux cimetières, sont naturelles, étant la forme de corps enterrés en ces lieux, ou leur figure extérieure, non pas l’âme, ni des fantômes bâtis par les démons, ni des génies, comme quelques-uns ont cru. 11 est certain que ces apparitions peuvent être fréquentes aux lieux où il s’est donné des batailles ; et ces ombres ne sont que les figures des corps morts, que la chaleur ou un petit vent doux excite et élève en l’air. • En réalité, ce Claves, un rusé compère, se bornait à montrer à qui voulait la résurrection d’un moineau. Digby faisait encore mieux : d’animaux morts, broyés, piles, il en tirait de vivants ; voici ce qu’il nous apprend dans son Recueil des secrets : « Qu’on lave, dit-il, des écrevisses, qu’on les cuise pendant deux heures dans de l’eau de pluie ; gardez cette décoction ; distillez les écrevisses ; conservez la liqueur ; calcinez ce qui reste au fond de l’alambic et réduisez-le en cendres, desquelles cendres vous tirerez le sel avec votre première décoction ; filtrez ce sel et lui ôtez son humidité superflue ; sur le sel qui vous restera rixe, versez la liqueur que vous avez tirée par distillation et mettez en lieu humide, comme dans du fumier, afin qu’il pourrisse, et, au bout de peu de jours, vous verrez dans cette liqueur de petites écrevisses se mouvoir, qui grandiront rapidement en les plaçant dans un lieu favorable. » Voici de la palimjénésie proprement dite. Et pourtant, il est à peu près certain que Digby était de bonne foi. Peut-être faut-il supposer qu’il opérait avec certaines eaux de rivière où les crevettines, petits crustacés qui ressemblent fort à des écrevisses, ne sont pas rares ; plus d’un de nos lecteurs en a peut-être trouvé dans sa carafe.

Mais il est temps d’en finir avec toutes ces visions d’illuminés et d’aborder la question sous un point de vue plus philosophique et plus sérieux. Appliquée à la nature entière, l’hypothèse de lu palingënésie, fondée d’ailleurs sur des observations très-nombreuses et très-plausibles, ouvre à. l’esprit des perspectives grandioses. Notre univers ne serait qu’une forme partielle et temporaire de l’être, soumis à des morts périodiques immédiatement suivies de transformations nouvelles. Charles Bonnet, nprès avoir expliqué à sa manière les six jours de la genèse biblique, qui représentent à ses yeux six époques différentes, continue en ces termes : « Notre globe pouvait avoir subi bien d’autres révolutions, qui ne nous ont pas été révélées, 11 tient à tout le système astronomique, et les liaisons qui unissent ce globe aux autres corps célestes et en particulier au soleil et aux comètes peuvent avoir, été la source de beaucoup de révolutions dont il ne reste aucune trace sensible pour nous, et dont les habitants des mondes voisins ont peut-être quelque connaissance. Ces mêmes liaisons prépareront sans doute certaines révolutions cachées encore dans l’abîme de l’avenir. < Si le mouvement est, comme il parait l’être, la loi générale de 1 univers, tous les phénomènes et toutes les vies partielles qui s’agitent autour de nous sont soumis à cette transformation continue que certains savants désignent par le nom de palingénésie universelle. La terre, comme les autres astres, meurt et renaît périodiquement ; il en est de même des règnes de la nature ; il en est de même en particulier des animaux et de l’homme ; il en est de même de l’état social. De fait, on a déjà remarqué que les civilisations naissaient et mouraient, que les facultés de l’âme dont les civilisations sont l’œuvre étaient dans le même cas. La succession des systèmes religieux et politiques peut être regardée comme la mesure de chacune des

transformations inorales qui agissent fatalement, à ce qu’il semble, sur l’économie des choses humaines. La série et surtout la loi de ces évolutions sont encore mal connues ; mais on ne saurait nier les progrès réalisés par cette science. Les premiers pas l’ont déjà conduite à une idée assez nette de la loi dont il s’agit, en ce qui concerne le globe terrestre. Il y a quelques milliers d’années à peine qu’au lieu d’être comme aujourd’hui pour l’homme une habitation somptueuse, où notre espèce a accumulé des richesses à son usage exclusif, la terre n’était encore qu’une image du chaos, un assemblage bizarre de rocs granitiques, jetés pêle-mêle dans un désordre effroyable et formant autour du centre incandescent de la planète une croûte brisée, prête à s’ouvrir sous l’effort des feux intérieurs. Il n’y avait point alors d’êtres vivants. Plus tard apparurent successivement la vie végétale et la vie animale, qui allèrent dès lors en se perfectionnant. Quelle est la cause de ce phénomène merveilleux ? La vie, de mieux en mieux connue dans ses manifestations, reste absolument impénétrable dans son essence et dans son origine. Mais un fait certain ; c’est que la matière organisée, c’est que l’esprit, quelle que soit son essence, sont l’un et l’autre soumis à des palingénésies sans fin. Tous les sages ont soupçonné la variabilité indéfinie de l’être. Heraclite parle du « ilux perpétuel » des choses ; d’autres, et Pythagore en particulier, de métempsycose. Les avatars ou incarnations successives sont t : n dogme religieux de l’Inde ; le christianisme met au nombre des siens la

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résurrection et la vie future. On suit les pa- I rôles apostoliques : « Nous attendons l’arrivée du jour du Seigneur, dans lequel lescieux seront détruits par les flammes et les éléments dissous par l’ardeur du feu ; mais nou3 attendons aussi, suivant ses promesses, de nouveaux cieux et une nouvelle terre, dans laquelle habitera la Justice. ■ Les poètes classiques professaient les mêmes idées. Elles se trahissent surtout par leurs opinions sur l’enfer, où Pindare, prêtre d’Apollon, fait luire un nouveau soleil, une nouvelle lune et de nouvelles étoiles. Et voici les admirables pensées que les abeilles inspirent à Virgile : II y a en elles une portion de l’esprit divin ; elles ont bu, elles aussi, de l’essence éthérée, car la divinité est répandue et sur toute la terre et sur l’immensité des mers, et dans la profondeur des cieux. C’est de la que les animaux, les troupeaux, les hommes, toutes les espèces de bêtes féroces tirent le souffle délié de la vie ; c’est là aussi que tout retourne après sa dissolution. Là il n’y a point de mort, mais toutes ces âmes vivantes s’envolent vers la région des astres et se retirent dans les hauteurs du ciel. »

En définitive, le progrès, nié avec obstination par la foule de ceux à qui le mouvement cause des vertiges, est régulièrement, scientifiquement constaté par l’étude du globe ;

mais, pour élever sa pensée à la hauteur d’un sujet si sublime, il ne faut pas la borner à la terre, ce coin perdu de l’univers. La lune est une planète refroidie ; la terre peut subir le même sort et voir la vie s’éteindre à sa surface ; mais l’ensemble de l’univers est éternellement emporté dans un magnifique tourbillon, où la vie, sans cesse anéantie dans l’individu, se reproduit dans une série d’êtroa toujours nouveaux, qui tiennent des milieux et des circonstances leurs formes et le mode de leur activité. L’apparente uniformité de la vie est Une erreur causée par la courte durée qu’il nous a été donné d’étudier, et corrigée déjà en partia par l’étude toute nouvelle des époques terrestres. Tout se meut, tout change, tout se transforme dans l’univers ; une seule chose demeure : la substance indestructible et son impérissable activité.

Pallugéuétle philosophique (LA), par Charles Bonnet (Neuchâtel, 1783, in-4»). Nous citons l’édition définitive ; mais l’ouvrage, qui avait paru à Genève dès 1769, avait eu une seconde édition en 1770, et, la même année, Charles Bonnet en avait extrait des Recherches sur les preuves du christianisme, qui l’amenèrent à transformer son œuvre et à la

distribuer dans l’ordre qu’on voit dans l’édition de 1783. Celle-ci est précédée de deux opuscules extraits de l’Essai analytique et des Considérations sur les corps organisés, ces extraits ayant paru nécessaires à l’interprétation de divers passages de la Palingénésie. H en est de même de quelques morceaux préliminaires visant au même but.

Le livre de Charles Bonnet est divisé en vingt-deux parties. Il y traite de l’âme des animaux en général et des raisons qu’il y a de croire qu’elle leur survit :» Plus on étudie l’organisation des grands animaux, dit-il, plus on est frappé des traits nombreux de ressemblance qu on trouve entre cette organisation et celle de l’homme. Il n’y a pour s’en convaincre qu’à ouvrir un traité d’anatomie comparée. Où serait donc la raison pourquoi la ressemblance s’arrêterait à ce que nous connaissons ? Avant qu’on se fût exercé en anatomie comparée, combien étaiton ignorant des rapports entre l’organisation des animaux et celle de l’homme I Combien ces rapports se sont-ils multipliés, développés, diversifiés, lorsque le scalpel, le microscope et les injections sont venus perfectionner toutes les branches de l’anatomie 1 « Le mot âme n’offrant d’ailleurs qu’un sens assez mal défini, l’auteur a soin de dire comment il l’entend. Pour lui, l’âme est un petit corps organique et indestructible. « Ce petit corps organique peut contenir une multitude d’organes qui ne sont point destinés à se développer dans l’état actuel de notre globe et qui pourront se développer lorsqu’il aura subi cette nouvelle révolution à laquelle il paraît appelé. L’auteur de la nature travaille aussi eh petit qu’il veut, ou plutôt le grand et le petit ne sont rien par rapport à lui. Connaissons-nous les derniers termes de la division de la matière ? Les matières que nous jugeons les plus subtiles le sont-elles en effet ? L’animalcule vingt-sept millions de fois plus petit qu’un ciron serait-il le dernier terme de la division organique ? Combien est-il plus raisonnable de penser qu’il n’est que le dernier terme de la portée actuelle de nos microscopes ? • Au fond, Bonnet est matérialiste, il ne comprend pas qu’une substance spirituelle puisse exister. L’âme est donc, dans l’homme et les animaux, une substance matérielle ; mais elle est d’une matière spéciale. « Dieu a pu faire, dit-il, des machines organiques que le feu ne saurait détruire, » II nomme éther la matière de ces machines organiques. Ces matières sont-elles bien des âmes ? Le philosophe, décidé à rester orthodoxe, affecte de penser que ce ne sont que les étuis des âmes, émis auxquels les âmes restent adhérentes après la mort. L’organisation influe beaucoup sur la perfection de l’âme. Cette perfection dépend du nombre et de la portée des sens. Il suit de là que les animaux sont perfectibles d’une manière indéfinie. » Donnez à l’huître,

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dit très-hardiraènt Charles Bonnet, le sens de la vue dont elle parait privée, et combien perfectionnerez-vous son être ! combien ne le perfectionneriez-vous pas davantage en donnant à cet animal si dégradé un plus grand nombre de sens et des membres relatifs ! Quelles raisons philosophiques nous imposeraient l’obligation de croire que la mort est le terme de Ta durée de l’animal ? Pourquoi un être si perfectible serait-il anéanti pour toujours, tandis qu’il possède un principe de perfectibilité dont nous ne saurions assigner les bornes ? « Ce principe de perfectibilité que l’animal possède, il le transmet par la génération, et, de cette manière, il a una existence véritablement indéfinie. Toute uns race ne fait même qu’un seul animal. Ce qu’on appelle une personne dans la série n’est qu’un phénomène particulier dans la vie de l’animal, dont la durée est indéfinie. Puisque l’âme se transmet, elle doit posséder en elle-même les éléments organiques d’un corps et même posséder les éléments d’un nombre indéfini de corps, car elle a le pouvoir de se transmettre un nombre de fois indéfini. Mais, en vertu du principe de perfectibilité, les.animaux sont susceptibles de se transformer dans leur corps et dans leur âme. Il ne faudrait pas imaginer qu’ils auront, dans quelques milliers d années, les mê^ mes formes que celles qu’ils ont ajourd’hui : « Ils seront alors aussi différents de ce qu’ils sont que l’état do notre globe différera de son état présent. S’il nous était permis de contempler dès à présent cette ravissante série de métamorphoses, je me persuade facilement que nous ne pourrions reconnaître aucune des espèces d’animaux qui nous sont aujourd’hui les plus familières... Nous contemplerions un monde tout nouveau, un ensemble de choses dont nous ne saurions nous faire actuellement aucune idée. »

L’homme est le plus parfait des animaux, vivants. Il est plus que tout autre susceptible dese transformer, car il dispose de moyens, que lès autres n’ont pas. Les plantes elles-mêmes sont perfectibles ; tout est perfectible. Il n’y a qu’à voir, par l’étude du globe, ce qu’il a été, comparé avec ce qu’il est devenu. On peut conclure du passé pour l’avenir. Ce que le microscope et la scalpel nous montrent de la croissance d’un seul être est vrai de l’histoire de l’univers : « Ne nous montrent-ils pas le bouton ménagé de loin dans l’écorce, le petit arbre futur renfermé, dans ce bouton, le papillon dans la chenille, le poulet dans l’œuf et celui-ci dans l’ovaire ? Nous connaissons des espèces qui subissent un assez bon nombre de métamorphosés, qui font subir à chaque ’individu des formes si variées qu’elles paraissent en faire autant d’espèces différentes. Notre monde a été apparemment sous la forme de ver ou de chenille ; il est à présent sous celle de chrysalide ; la dernière révolution, la prochaine, lui fera revêtir celle de papillon. » Du reste, la terre n’a pas été faite en perspective da l’homme ; il est étranger au monde microscopique ; avant lui des êtres différents ont eu la terre pour séjour. Maintenant, il a établi sa domination sur une partie des trois règnes de la nature, mais il resterait à démontrer que cette domination ne sera pas un fait transitoire dans les annales du globe. Dans tous les cas, la royauté de l’homme est loin d’être absolue. Ici l’auteur fait l’histoire de. l’espèce humaine depuis son origine jusqu’à nos jours, et cette étude, dans laquelle entre une analyse philosophique étendue du christianisme, occupe une grande partie de l’ouvrage. Elle est destinée à faire pressentir quel pourra être l’avenir de l’humanité. Si 1 homme est destiné à durer, il durera comme être mixte, c’est-à-dire composé d’une âme et d’un corps. Une chose embarrasse l’auteur ; on lit dans saint Paul : ■ Tout ce que j’ai dit sur la résurrection revient à ceci, que la chair et le sang ne peuvent posséder le royaume de Dieu et que la corruption ne jouira point de l’incorruptibilité ! » Cela signifie simplement, d’après Bonnet, que le corps futur sera composé d’une substance fort ténue. Il est inutile de suivre l’autour sur ce terrain théologique, où il n’est resté que par une sorte de parti pris excessivement bizarre. Bonnet accorde à l’homme trois facultés : celles de connaître, d’aimer et d’agir. ■ Nous concevons très-clairement, dit-il, que ces facultés sont perfectibles à l’infini. Noua suivons à l’œil leur développement, leur progrès, leurs effets divers. Nous contemplons avec étonnement les inventions admirables auxquelles elles donnent naissance et qui démontrent d’une manière si éclatante la suprême élévation de l’homme sur tous les êtres terrestres. » En examinant les choses de plus près, il voit que l’intelligence de l’homme croît de siècle en siècle, que ses moyens d’action sur la nature et sur lui-même augmentent progressivement. Il admet aussi 1.4 perfectibilité des sens. « Ou imaginera si l’on veut, dit-il, que no3yeux réuniront les avantages des micioscropes et des télescopes et qu’ils se proportionneront exactement à toutes les distances... On doit appliquer à d’autres sens ce que je viens de dire de ia vue. Peut-être cependant que le goût, qui a un rapport si direct à la nutrition, sera supprimé ou converti en un autre sens d’un usage plus étendu et plus relevé. » Il se perd ensuite dans des considérations sur le ciel, sur le monde spirituel que l’homme est destiné h,

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