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— Se contenter : Il a 20,000 francs de rente ; on se passerait à moins. (Acad.) il Inus.

— Se priver, s’abstenir, renoncer à, ne pas ’ avoir recours a, ne pas user de : II faut savoir jouir et savoir SE passer : j’ai tàtè de l’un et de l’autre. (Volt.) Qui ne veut vivre que tranquille peut se passer des philosophes et des poètes ; mais on ne se passe pris d’eux quand on veut vivre avec dignité. (E. Bersot.) On est toujours riche des choses dont on sait se passer. (Bonnin.) Il n’est pas une jeune fille de quinze à seize ans qui n’aime mieux faire ses robes que de s’en passer. (Mme Guizot.) Paraître est tout ; pour ce qui est d’être, on s’en passe aisément. (Jacques.) La liberté matérielle est la seule qui puisse se passer de dignité. (V. Hugo.) Le prêtre détourne de la prière privée, qui est un moyen de se passer de lui. (Renan.) Les peuples robustes de corps et d’esprit savent su passer de médecin. (Maquel.) Nulle société ne peut se passer de morale. (Vacherot.) Le monde ne peut se passer ni de religion ni de liberté. (E. Laboulaye.) C’est posséder les biens que aavoir s’en passer.

ReONARD.

Le sage doit apprendre a se passer des autres.

E. Auoier.

— Pardonner a soi-même : Le sage ne se passe aucune faiblesse. Si l’homme se passe une faute, il en commettra trente. (Saint Martin.) il Se permettre : Sb passer certains plaisirs.

— Enfoncer dans son propre corps : Il se passa son épée au travers de la poitrine. Lus Indiens se passent quelques-unes des belles plumes des aras à travers les joues, la cloison du nez et les oreilles. (Buff.)

— Fam. Se passer son épée au travers du corps, La vendre pour manger ou pourboire.

On s’en passe plus aisément que de pain, Se dit d’une chose dont il n’est pas malaisé de se priver.

— Prov. Il faut que jeunesse se passe, On doit avoir de 1 indulgence pour les fautes que la vivacité et l’inexpérience de la jeunesse font commettre : Il n’a que vingt ans ;il faut que. jeunesse se passk. (Scribe.) n Jeunesse est forte à passer, 11 est difficile de ne pas commettre de folie quand on est jeune.

— Gramm. Employé comme neutre ou intransitif, le verbe passer prend tantôt l’auxiliaire avoir, tantôt l’auxiliaire être. Si l’on ne veut parler que de l’action elle-même et la représenter au moment de son accomplissement, on met l’auxiliaire avoir : Le boulet m’a passé près de ta tête. Si l’on veut représenter, outre l’action, l’état qui en est la suite, le séjour, la cessation d’existence, on prend l’auxiliaire être : Il est passé en Amérique depuis un an. La mode en est passée, elle n’existe plus.

— Syn. Pauer, ne limier. Outré que se passer peut signifier perdre son éclat, il diffère an passer même lorsque les deux expressions paraissent synonymes. Passer signifie qu’une chose est passagère, qu’elle ne dure qu’un temps, et il signifie cela d’une manière générale ; se passer montre les’choses mêmes pendant qu’elles passent, et il les représente dans leur manière d’être pendant que l’action du temps se manifeste en elles. Les maux passent a la longue, mais cela n’empêche pas qu’on n’en sente tout le poids pendant qu’ils se passent. On dit, en général, que la vie passe vite ; on dit d’une coquette que sa vie se passe à allumer des passions qu’elle n’a pas l’intention de satisfaire.

— Puncr, dépasser, outre-passer, etc. Y, DÉPASSER.

— Allas, filst. Laisse* passer la justice du

roi, Phrase qui rappelle certaines exécutions expéditivis de Charles VI. V. justice.

— Rucïue passera comme le café, Mot attribué à Mme de Sevigné, V.’cafÉ.

— Laisses faire, laisses passer, Maxime

des économisas du xvni« siècle. V. laisser.

— AUuS. littér. Passer du grave au doux, du plaisaut au sévère, Vers de Buiieau (Art poétique, ch. 1er, v. 70). Voici le passage : Heureux qui, dans ses vers, sait, d’une voix légère, Paner du grave au doux, du plaisant au sévère.

On fait de fréquentes allusions à ce vers de Boileau, qui est une imitation de ï’Omne tulit punctum d’Horace.

« Souvent aussi, et très-souvent, dans l’âme de d’Alembert la raison s’égayait, une douce philosophie s’y permettait un léger badinnge ; d’Alembert donnait le ton : et qui sut jamais mieux que lui

Mêler le grave au doux, le plaisant au sévère ?Marmontkl.

« Que ferait le drame romantique ?Il broierait et mêlerait artistement ensemble ces deux espèces de plaisir. Il ferait passer à chaque instant l’auditoire du sérieux au rire, des excitations bouffonnes aux émotions déchirantes, du grave au doux, du plaisant au sévère. Car le drame, c’est le grotesque avec le sublime, l’âme sous le corps ; c’est une tragédie sous une comédie. •

V. Huoo.

s Une tragédienne, nommée Bosquillon, y tenait l’emploi de Ml’s Raucourt, et la rap PASS

pelait quelquefois avec bonheur. Quant au directeur Deharme, il jouait un peu de tout, sans être déplacé dans rien : je l’ai vu, dans la même soirée, jouer Abel, les Fausses infidélités et Colin du Devin du village...’Voik ce qu’on appelle :

Passer du grave au doux, du plaisant au sévère. «

Brazîer.

t Répondez-moi vite, vite, vite.

— Eh ! sur quel ton ? dit Marie attendrie, mais hésitante encore. Vous mêlez si bien le plaisant au sévère qu’on ne sait jamais auquel croire. »

P. Meurice.

— J’en passe, ei des meilleurs, Hémistiche

célèbre à’Hernani, drame de V. Hu£0. Le roi don Carlos propose une trahison à Ruy Gomez ; celui-ci montre successivement au roi les portraits de ses ancêtres, qui tous ont été des gentilshommes remplis de bravoure et d’honneur. Sur un geste d’impatience du roi, Ruy Gomez termine par cet hémistiche devenu proverbial ;

J’en passe, et des meilleurs.

Dans l’application, ces mots sont devenus une sorte de formule au moyen de laquelle on abrège une énumération, une nomenclature :

« On jouait aux petits billets un soir, après dîner, chez Mis de T*". Voici quelques demandes des uns et quelques réponses des autres, le tout au hasard et au courant du crayon :

— Pourquoi est-ce que je l’aime ? — Parce qu’elle ne t’aime pas.

— Pourquoi est-on fidèle ? — Par nonchalance.

— À quoi sert d’être beau ? — On voit bien que tu ne l’es pas.

— Pourquoi les femmes sont-elles coquettes ? — Parce que nous sommes coquins.

— Que préférez-vous ?— Ce qui me préfère. — Pourquoi ne l’atmez-vous plus ? — Pour

ne pas avoir le dernier.

J’en passe, et des meilleurs. »

Jules Lecomte. « J’en passe, et des meilleurs... ; mais j’aurais beau multiplier les noms, débrouiller le chaos du passé, analyser subtilement les origines, faire passer les uns après les autres sous vos yeux tous les habitants de cette cité bizarre, il faut bien, tôt ou tard, que j’arrive à cette conclusion désolante, que, de toutes les races qui fourmillent dans l’enceinte d’Alger, la nôtre, celle des Européens, est incomparablement la plus chétive et la plus laide. > Ctjvillier-Fleury.

« Le vieillard laissa tomber sa tête sur sa poitrine, affaissé, englouti dans le douloureux orgueil d’un passé à jamais évanoui. Et vraiment il avait été beau ainsi-, passant cette revue généalogique avec la pointe de cette vieille épée qui tremblait dans sa main tremblante ; il avait été grand et beau comme Ruy Gomez, montrant au futur Charles-Quint les portraits de ses ancêtres ; lui aussi aurait pu hocher la tête et dire : « J’en passe, et des meilleurs. •

Auguste Luchet.

— Passes-moi la rhubarbe, je vous passerai le séné. V. RHUBARBE.

PASSER s. m. (pas-sèr —mot lat.). Ornith. Nom donné par les. auteurs anciens au genre moineau, et plus particulièrement au moineau domestique. Il Syn. de pyroite, autre genre d’oiseaux.

PASSERAGB s. f. (pa-se-ra-je). Ornith. Nom vulgaire d’une espèce d’outarde.

— Bot. Nom vulgaire des lépidiers et du cresson des prés, plantes ainsi appelées parce qu’on leur attribuait autrefois la propriété de guérir la rage. Il Petite passerage, Cresson des marais. Il Passerage sauvage, Cvesnoa des prés.

— Encycl. Le mot passerage, comme beaucoup de noms vulgaires, a une acception variable et mal délinie. Tantôt on le prend comme synonyme du genre lépidier (v. ce mot) ; tantôt on l’applique seulement à un petit nombre d’espèces de ce genre ; tantôt enfin on le donne exclusivement à une seule de ces espèces. La passerage à larges feuilles ou grande passerage est une plante vivace, à racine fusiforme, rameuse, blanchâtre ; la tige, qui atteint et dépasse la hauteur d’un mètre, est glauque, dressée, rameuse, et porte des feuilles alternes, assez épaisses, glabres, d’un vert glauque ; les fleurs, blanches, — très-petites, groupées en panicule terminale, ont une co . rolle cruciforme et des étamiues tétradynaines ; le fruit est une silicule ovoïde, comprimée, velue, pointue au sommet.

Cette plante est abondamment répandue dans toute l’Europe ; elle croit dans les lieux ombragés et herbeux incultes, au bord des chemins et des ruisseaux, au voisinage des habitations, etc. ; souvent même elle devient incommode par ses racines longuement tra PASS

cantes. Aussi ne la cultive-t-on que dans les jardins botaniques, où il faut avoir soin d’isoler ou de cerner ses racines, ou bien de la tenir en pot, pour l’empêcher d’envahir les plates-bandes. Il suffit de ta semer sur place ; elle se propage ensuite trop facilement d’ellemême, soit par ses graines, soit par ses racines. La passerage, perdant ses propriétés par la dessiceation, doit toujours être employée fraîche ; on peut la récolter pendant toute la durée de sa végétation, mais de préférence à l’époque de la floraison, qui a lieu vers le mois de juillet ; la racine, qui est vivace, peut être recueillie toute l’année.

La passerage a une odeur forte et acre, une saveur piquante beaucoup plus prononcée dans les feuilles que dans les fleurs, et qui est due probablement a une huile essentielle sulfurée, analogue à celle que l’on retire du cresson ; on a prétendu qu’elle renfermait de l’ammoniaque ; mais cela n’est pas bien démontré. Appliquée sur la peau, elle détermine la rubéfaction. On l’emploie néanmoins, dans plusieurs pays, comme condiment et même comme aliment ; mais, pour ce dernier usage, il faut la cueillir très-jeune. Il est bon d’ailleurs de n’en manger.qu’en petite quantité et de la mélanger avec le cresson. Elle possède, mais a un degré plus énergique, les propriétés de cette dernière plante et du cochléaria. Elle entre quelquefois comme fourniture dans les salades. D’autres fois, on en exprime le suc, qu’on mélange avec du vinaigre, pour servir d’assaisonnement aux viandes. Enfin, quelques personnes en mangent les feuilles a jeun, comme apéritives.

La racine et les feuilles de la passerage sont employées en médecine ; elles constituent un excellent antiscorbutique, et il y a peut-être lieu de s’étonner qu’on les utilise aussi peu sous ce rapport. On a vanté aussi cette plante contre les scrofules, l’hypocondrie, l’hystérie, l’hydropisie. L’abbé Rousseau la faisait distiller avec de. l’eau miellée fermentée, pour faire une liqueur alcoolique et aromatique qu’il administrait dans les névroses. On l’employait aussi comme apéiïtive, incisive etemménagogue, et, à l’extérieur, comme détersive, résolutive et rubéfiante ; elle a été prescrite contre la gale, les dartres, les névralgie, les rhumatismes, la sciatique ; dans ce dernier cas, on pilait les racines fraîches et on les mélangeait avec du beurre, pour les appliquer sur les points douloureux. Enfin, nous ne pouvons omettre les vertus merveilleuses qu’on attribuait à cette plante pour la guérison de la rage et qui lui ont valu son nom, mais qui sont purement imaginaires.

En agriculture, on ne tire aucun parti de la passerage ; elle pourrait néanmoins rendre quelques services. L’extrême facilité de sa propagation suffirait pour la recommander ; adoucie et améliorée par la culture, elle fournirait un légume de plus aux jardins potagers. Ce serait encore une bonne plante fourragère, car tous les bestiaux la mangent volontiers, EUe a un assez bel aspect pour mériter une place dans les jardins paysagers. On pourrait d’ailleurs l’utiliser en la récoltant, dans les nombreuses localités où elle est abondante, soit pour la donner, mélangée avec d’autres plantes, aux animaux domestiques, soit pour la convertir en engrais.

Lapnssern^eibéride ou petite passerage, vulgairement nommée nasitor sauvage, chasserage, etc., diffère de la précédente par sa taille plus petite et ses feuilles supérieures linéaires ; elle croit dans les mêmes localités, et on la reconnaît aussi à l’odeur de chou qu’elle exhale. Ses propriétés sont à peu près semblables, mais moins prononcées. Elle a été préconisée comme lithontriptique ; on l’a vantée contre les maladies de la peau, la sciatique, l’asthme, l’hydropisie du cœur ; on lui a attribué des propriétés analogues a celles de la belladone et de la digitale, ce qui parait très-douteux. Enfin, on l’a administrée avec succès contre les fièvres intermittentes, soit seule, soit associée au quinquina. Ou en a même extrait un principe particulier appelé lépidine, qui a paru un moment devoir prendre place dans la matière médicale à côté de la quinine et de la saiieine.

Lapassera^erudérale est une plante annuelle, qui croît dans les lieux stériles et lès décombres. Elle est employée en Russie contre les lièvres intermittentes, et produit de bons effets lorsque ces lièvres sont accompagnées de symptômes scorbutiques. Elle a aussi la propriété, même quand elle est sèche, de détruire les punaises ; il suffit de la mettre entre deux feuilles de papier sous les matelas, et le lendemain on y trouve les insectes morts ou engourdis ainsi que leurs œufs. La passerage oléracée est regardée en Océunie comme un puissant antiscorbutique ; il en est de même de la passerage couchée, qui croît dans le midi de la France. Les Indiens mangent lesfeuilles de lu passerage de Virginie. La passerage enivrante est usitée aux lies Sandwich contre la syphilis ; on s’en sertaussi pour enivrer le poi3 ;><m et en faciliter la pêche. La passerage cultivée est plus connue sous le sum de nasitor. V. ce mot.

PASSERANI (Alberto Radicati, comte de), philosophe italien, né dans le Piémont, vivait au xvme siècle. Il prit une part active aux démêlés que le roi Victor-Amédée II eut avec le saint-siége relativement à la nomination des bénéfices consistoriaux et écrivit à ce sujet des pamphlets si violents contre la cour

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de Rome, qu’il fut cité à comparaître devant l’inquisition et qu’il vit ses biens confisqués. Passerani se sauva en Angleterre, puis il habita la France et ta Hollande, où il mourut. On doit à ce libre penseur, gnt.id ennemi duclergé et qui avait adopté les idées philosophiques alors dominantes, plusieurs écrits parmi lesquels nous citerons : Pièces curieuses sur les matières les plus intéressantes (Rotterdam, 1736) ; Dissertation sur la mort (Rotterdam, 1733), dans laquelle il justifie le suicide ; la Religion mahométane comparée à la païenne (1737, in-8") ; Projet facile, équitable et modeste pour rendre utile à notre nation un très-grand nombre de pauvres enfants qui lui sont maintenant fort à charge, etc.

PASSERAT s. m. (pa-sora — du lat. passer, moineau). Ornith. Ancien nom du moineau franc.

PASSERAT (Jean), littérateur et érudit français, né à Troyes en 1534, mort à Paris en 1602. Placé dans le collège de sa ville natals par un de ses oncles qui était chanoine, il y fut malmené à.l’excès par un régent et s’enfuit à Bourges, où, pressé par la misère, il se vit obligé de demander du travail dans une mine de fer ; ayant abandonné bientôt un travail aussi dur qu’ingrat, il alla à Sancerre et se réfugia auprès d’un religieux du monastère de Saint-Samr. De retour à Troyes, il se fit pardonner cette longue escapade et rentra en grâce auprès de son parent, qui le remit au collège et l’y entretint pendant trois ans.

Jean Passerat vint ensuitéà Paris, où il étudia quelque temps au collège de Reims, sous un professeur nonlmé Rochon. De retour dans sa province, il y fit la connaissance de Lescot, qui possédait parfaitement la langue latine, et qui, appelé à Paris pour occuper la chaire de rhétorique au collège du Plessis, fit donner a son compatriote la chaire d’humanités dans le même établissement. De ce collège, notre Champenois passa dans celui du cardinal Le Moine, et là devint l’aini du célèbre Muret.

Après trois années d’études du droit romain sous le fameux professeur Cujas, h Bourges (ou à Valence, en Dauphiue), il revint à Troyes, puis alla à Epernay au moment où cette dernière villa se voyait sur le point d’être assiégée par le prince de Condé’. Dépêché à ce capitaine par les habitants, il parvint à désarmer sa colère.

Fixé enfin à Paris en 1569, Jean Passerat devint l’hôte, le commensal, l’ami de Henri de Mesme, maître des requêtes, homme instruit, qui se plaisait à protéger les lettrés et les savants. Notre poëte érudit demeura chez ce Mécène éclairé et libéral jusqu’en 1598. Il hérita alors de la chaire d’éloquence au Collège du France, laissée vacante par l’infortuné Ramus, victime de la Saint-Barthélémy, et professa avec une très-grande distinction jusqu’au moment où les troubles de la Ligue le forcèrent à suspendre ses leçons, qui étaient fort suivies. Passerat ne put reprendre son cours qu’en 1594, après l’entrée de Henri IV à Paris. Il avait employé les loisirs que lui faisaient les événements politiques de cette époque agitée, à travailler sur Plaute, et il avait coopéré, en 1593, à la fameuse Satire Ménippée avec Jacques Gillot, comseiller-clere du parlement, Pierre Le Roy, chanoine de Rouen, Nicolas Rapin, prévôt de la connétablie, et d’autres écrivains. Ce fut lui qui, secondé par Rapin, rima les vers de 1 ouvrage. Vers la fin de sa vie, il devint aveugle, mais, jusqu’au dernier moment, il sut conserver sa verve caustique et sa joyeuse humeur.

Cet auteur justement célèbre, à la fois érudit et lettré, fut inhumé dans l’église des dominicains de la rue Saint-Jacques, où Jean-Jacques de Mesme lui fit ériger un mausolée. Passerat eut l’estime des rois Charles IX et Henri III. Ses productions satiriques ne contribuèrent pas peu à faciliter au Béarnais l’accès du trône de France.

Un proche parent du défunt (Jean Rougevalet) lit imprimer ses ouvrages en 100G et les dédia à Sully.

On a de lui : Vers d’amour et de chasse ; Métamorphose d’un homme eu oiseau, dont la grâce naïve parait avoir inspiré La Poniaine. Ses poésies latines se distinguent par l’élégance, la pureté, mais on y trouve un peu. de recherche. Il a laissa aussi des ouvrages d’érudition, des Commentaires sur Catulle, Tibulle et Properce. La meilleure édition de ses poésies est celle de l’Angelier (160G). L’édition en huit langues du Dictionnaire dé Calepin, qu’on a donnée à Genève en 1609, sous le nom de Passerat, n’est pas de lui et ne fut qu’une spéculation de librairie. Au moment de sa mort, cédant à des scrupules exagérés, Passerat fit jeter aux flammes un commentaire complet des œuvres de Rabelais, pour qui il avait une admiration sans bornes, commentaire dont on ne saurait trop regretter la perte et dans lequel il donnait la clef de toutes les allégories de cet écrivain original et profond.

Sur le lit de douleur où il fut retenu cinq années, Passerat se lit sa propre épitaphe :

Jean Passerat ioy sommeille, Attendant que l’auge l’éveille ; Et croit qu’il se réveillera Quand la trompette sonner».