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vre poli, où elle est de nouveau triturée pour passer dans une eu ve d’eau nette et tiède, où, par les soins d’un ouvrier appelé gouverneur, elle est remuée à diverses reprises ; depuis quelques années, le gouverneur a été remplacé par une machine.

Le moule qui doit former la feuille en lui donnant sa longueur, sa largeur et son épaisseur, s’appelle forme. Il se compose d’un châssis en chêne, auquel est adapiée une grille de fil de laiton plus ou moins.fm, dont les brins sont placés parallèlement, et maintenus dans cette position par un tissu du même fil.

Cet assemomyc, soutenu en dessous par des tringles horizontales appelées pontuscaux, prend le nom de vergeure, et la trace qui est laissée sur le papier le fait distinguer par le nom de papier vergé. La marque du format ou du fabricant est figurée par d’autres fils de cuivre auxquels on donne le nom de filigranes. La grandeur de la forme détermine celle de la feuille de papier, et l’épaisseur de celle-ci est donnée pur un second châssis a jour et très-mince, qu’on appelle frisquette ou couverte et qu’on applique d.esr sus. Pour faire une feuille, un ouvrier prend une forme, la plonge dans la cuve ou elle s’emplit de liquide, la retire en l’élevant horizontalement, puis il lui imprime divers mouvements saccades, à peu prés comme fait une cuisinière pour étendre et égaliser dans une poêle les œufs battus d’une omelette, afin de délier les filaments de la pâte et de la distribuer également dans la forme où elle a été introduite. C’est lit ce qu’on appelle ovorir, d’où le nom d’ouvreur ou puiseur donné à l’ouvrier chargé de cette opération. Celui-ci poseensuite sa forme sur un plan incliné, pour permettre à la pâte de s’égoutter, retire la frisquette qu’il pose sur une forme nouvelle et recommence comme il vient d’être dit, Tout cela se fait assez.vile pour qu’un ouvrier puisse préparer ainsi de quatre mille cinq cents à cinq mille feuilles par jour. Un autre ouvrier, appelé coucheur, prend la forme sur le plan incliné, la fait égoutter un peu et la renverse sens dessus dessous sur un morceau de feutre appelé flotre. La feuille, dont la pâte s’est coagulée, se détache ; on la recouvre d’un nouveau morceau de feutre et on dépose en dessus une autre feuille, et ainside suite, jusqu’à ce qu’il y ait vingt-six feutres employés, contenant vingt-cinq feuilles ou une main de papier. Cette main, daïis cet , état, s’appelle quay ou guet. On nommeporse l’assemblage d, un certain nombre de quays suivant la nature du papier. Ainsi, une porse de papier de petite qualité doit contenir dix. quays ; le grand raisin, cinq quays ; le grand colombier, deux quays. Chaque porse est soumise à l’action d’une presse qui exprime des feutres l’humidité qu’ils contiennent. Un ouvrier, nommé teneur, sépare les feutres des feuilles, et de ces dernières forme des perses blanches en les plaçant en contact imraé. diat les unes avec les autres. On presse les porses blanches autant pour en exprimer l’humidité que pour en faire disparaître le grain des feutres ; on sépare les feuilles et ou les étend par paquets sur des cordes dans un bâtiment appelé l’étendoir, et c’est là qu’elles sèchent. Autrefois, lorsque les paquets étaient secs, un ouvrier appelé>aiter«ii*, aidé desallerantes, procédait au collage en trempant les feuilles dans une colle composée de rognures de cuir, de raclures de parchemin avec un peu d’alun de Rome ; on exprimait, on pressait les feuilles une troisième fois pour leur faire dégorger la trop grande quantité « de colle qu’elles avaient prise, on faisait sécher de nouveau et on mettait en.mains et en rames. Avant de mettre en rames, des trieuses examinent avec soin les feuilles dans la salle d’apprêt et mettentdecôté les bonnes, c’est-à-dire celles qui sont sans défaut. On soumet alors ces feuilles à une sorte de laminage, au moyen duquel on obtient des papiers tissés, satinés ou glacés. On obtient le glaçage en mettant les teuilles entre des feuilles de zinc ou de cuivre, et le lissage et le Bâti nage, en les plaçant entre des cartons.

— On réunit ensuite les feuilles en mains et en rames qu’on recouvre d’un fort papier gris, appelé niaeulauire grise. Les papiers obtenus par la fabrication à la main portent le nom de papiers à la main ou de papiers de cuve.

La fabrication à la mécanique s’obtient de la façon suivante. Lorsque la pâte est préparée par les procédés que nous avons indiqués plus haut, on la dépose dans un cuvier çlacé en tète de la machine qui doit la transformer en papier. De là, elle arrive par un robinet ou appareil régulateur dans un compartiment appelé vat, où tourne un agitateur qui mêle la pâte avec de l’eau versée par un robinet. De là, elle tombe en nappe sur une toile métallique qui a une marche constante et un mouvement latéral de va-et-vient très-rapide afin de bien étaler la pâte et de laisser écouler l’eau qu’elle renferme. Sur chaque bord de la toile sont fixées deux courroies de ■ cuir, qui émargent la pâte humide et ont pour objet de déterminer la largeur qu’on veut donner au papier. Latoiiemetallique entraîne la pâte en égalisant son épaisseur entre des jeux de cylindres revêtus de manchons de . ïeutre. En passant entre ces cylindres, la pâte devient assez consistante pour pouvoir uuitter la toile. Elle est alors déposée sur un feutre qui conduit le papier entre de nou PAPI

veaux cylindres qui le pressent fortement des deux côtés et lui donnent de la consistance. De là, lepapier passe sur des cylindres chauffés à l’intérieur par un courant de vapeur, durcit, perd son humidité et rencontre de nouveaux cylindres également chauffés, destinés à lui donner un nouvel apprêt ou satinage. Arrivé alors à l’état de fabrication complète, il va s’enrouler autour d’un grand dévidoir, qu’on enlève en coupant la feuille lorsqu’il est suffisamment chargé de papier. Ce dernier forme une longue bande continue que des ciseaux, manœuvres par le moteur, découpent au fur et à mesure en feuilles de la dimension nécessaire. On place ces feuilles découpées ainsi entre des plaques de zinc, puis on les porte sous la presse pour en extraire ce qui reste d’humidité ; enfin, on finit de les sécher dans une étuvo, puis on les prépare par mains et par rames, ainsi que nous l’avons dit plus haut, pour les livrer au commerce. Quant au papier qui se trouve déchiré et quant aux rognures, on les porte à la pile rafhneuse, où ils sont transformés de nouveau en pâte ouvrable. Le papier obtenu par le procédé que nous venons de décrire est appelé papier à la mécanique ou bien encore papier continu ou sans fin, parce qu’en effet sa longueur peut-être indéfinie.

Si la fabrication mécanigue présente de grands avantages en ce qu’elle permet de fournir à la consommation une quantité considérable de papier et d’obtenir ce produit à un prix relativement modique ; elle a par coutre l’inconvénient de donner un papier moins solide que la fabrication à la main, la pâte étant simplement déposée sur le feutre du cylindre et n’étant pas secouée et balancée dans une forme do façon à bien lier les filaments. Mais si les anciens papiers étaient beaucoup plus solides, ils étaient aussi moins souples, et leur surface moins polie présentait plus de difficulté pour l’écriture ; aussi fallait-il se servir de plumes d’oie, seules assez douces pour le grain de ce papier ferme et sillonné de fortes vergeures tracées par le filigrane. C’est la fabrication à la mécanique qui, en produisant des papiers doux et satinés, a propagé l’emploi des plumes de fer, d’un usage général aujourd’hui.

Depuis l’invention de ce genre de fabrication, on a créé plusieurs machines en vue de diminuer la main-d’œuvre. Nous citerons particulièrement" : lacoupeuse de chiffons, sorte

de hache-paille ; la releveuso de pâte, sorte de tambour revêtu de toile métallique fine, qui sert au relevage des pâtes perdues pendant le lavage des défilés et le travail de la machine à papier ; le régulateur, ayant pour objet de faire produire un papier de poids et d’épaisseur constants ; Vèpurateur, qui permet le nettoyage complet pendant le travail même ; la calandre ; les machines à couper le papier en long et en large, etc.

— III. Format dus papiers. Avant l’mtrodution de la papeterie mécanique, les dimensions du papier étaient déterminées par la grandeur des formes. Le plus souvent, les formats devaient leur nom aux marques de fabrique qu’ils portaient, et un certain nombre de ces désignations se sont maintenues. On dit encore du papier tellière, grand raisin, couronne, jésus, écu, colombier, carré, grand aigle, cavalier, grand monde. Le papier carré était autrefois le plus usité de tous’pour l’impression. Le papier telliére, également appelé papier ministre et qui doit son nom à ce qu’il fut fabriqué pour la première foispour les bureaux de Le Tellier, ministre de Louis XIV, est employé dans les bureaux pour l’écriture et pour l’impression des circulaires et autres imprimés semblables des grands bureaux. L’usage des machines, qui a prévalu, ayant permis de fabriquer des papiers de toute dimension sur la demande des acheteurs, tout le système sur lequel les formats anciens étaient calculés a été renversé et les industriels se contentent de marquer leurs papiers par centimètres de hauteur et de largeur.

Le tableau suivant donnera une idée des papiers employés dans le commerce le plus ordinairement.

Noms et «sages. Lorg. Haut.

Grand monde (cartes géograph.,

dessins, etc.)... im, i94 o™, S70

Grand aigle (cartes géo- ’

graph., gr. registr., etc.). ba,014 0, n>CS8

Grand soleil (gr. ouvrages). 1^,000 o, m6SO Grand colombier (cartes,

dessins, gravures).... Om,90û 0™, G00 Grand jésus (dessins, impression, écriture).... Om,720 O^.SCO

Jésus ordinaire (impress.). i)u>,700 om,550 Grand raisin (impression).. 0™,040 001,500 Cavalier (impression).... Om,600 0"V50 Double cloche (écrituro).. 0Et,5S0 oni, S90 Carre (impression, écriture). om.sso om, .t50 Coquille (écriture).... •. Om,5ûO ont,4 40

Ecu (écriture) om,530 0^,400

Couronne (écriture, impression) CVGO om,360

Telliére (tableaux, comptes,

dessins, etc.) Qm,450 001,350

Florette (exportation).... oo>,44û o«>,340

Pot ou écolier (écriture).. Om,400 0"i,3l0

Cloche de Paris (écriture.. Om,390 O^VOG

Petite cloche normande (id.). 0^, Z6ù 0"’,2ii0

Petit à la main (id.) om. SGO oai,260

Dans le commerce, on vend le papier en paquets, désignés sous le nom de rames. La

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rame contient 20 mains ou cahiers ayant chacun 25 feuilles, ce qui fait en tout 500 feuilles. La rame de papier de Hollande n’a que 20 mains de 24 feuilles. Ordinairement chaque feuille est pliée en deux. Toutefois, notamment pour le papier à dessin, on laisse les feuilles ouvertes afin d’éviter le pli du milieu qu’il est fort difficile de faire disparaître. Les papiers à lettres ou de petit format, qu’on emploie dans la correspondance, sont coupés et divisés en cahiers de six feuilles, et vingt de ces cahiers font ce qu’on appelle une rainette.

—IV. ProducTios du papier. Depuis l’introduction de la fabrication mécanique, la papeterie a pris une prodigieuse impulsion qui s’explique par la multiplication des livres et surtout par le développement extraordinaire du journalisme. De toutes les nations, celle qui produit et consomme le plus de papier, c’est la libre république des États-Unis. La première fabrique de papier aux États-Unis fut fondée en 1693, àBoxborourg(Pensylvanie) ; la deuxième à Elisabeth, et la’troisième à Boston en 1728.

En 1SG0, le nombre des fabriques à papier s’élevait déjà à 555 usines et leur produit était évalué à plus de 100 millions de francs. Depuis cette époque ; beaucoup d’établissements ont décuplé d’importance et leur nombre total a continué à s’accroître dans des proportions inouïes.

D’après le Moniteur belge, en 1873, les États-Unis possédaient 800 fabriques de papier, dotées de 3,000 machines fournissant annuellement 200,000 tonnes de papier. Les États-Unis tirent leurs chiffons de vingt-six contrées différentes, surtout de l’Italie, et comme ces chiffons ne peuvent suffire à la consommation, ils ont recours à la production étrangère et fabriquent depuis un certain nombre d’années du papier avec certaines matières végétales, notamment avec du bois.

Après les États-Unis, c’est l’Angleterre qui tient le premier rang. Ce pays ’possède 850 fabriques et 1,500 machines produisant annuellement 175 millions do kilogr. de papier à la mécanique, plus 12 millions de kilogr, de papier à la main, d’une valeur lotule de 200 millions de francs. Ce pays fabriq’ùe de beaux papiers ; mais la grande proportion de coton qu’on emploie dans les chiffons force à adopter un mode de collage spécial à la gélatine, exécuté mécaniquement. Par suite de ce collage, on fabrique des papiers qui ont l’apparence de la solidité sans être solides en réalité et l’Angleterre fait venir de l’étranger, particulièrement de la France et de la Belgique, tous les papiers minces qu’elle consomme. Elle exporte une assez grande quantité de ses papiers.

La fabrication du papier se chiffrait en France, d’après le recensement de 1867, par un total annuel de 130 millions de kilogrammes, comprenant les papiers dits de bureau, les papiers à journaux, les papiers à cartes à jouer, les papiers il cigarettes, les papiers peints. Cette fabrication consomme 115 millions de kilogrammes de chiffon environ ; les 15 autres millions qui complètent le total de 130 millions, ainsi que le déchet considérable de manutention, sont fournis par le bois, le plâtre et autres ingrédients.

Les fabriques répandues sur diverses parties duterritoire sont au nombre de 280. Les principales papeteries sont celles d’Angoulême dont la réputation est universelle, de Rives d’Aunonay, illustrée par les frères Montgolfier, de Sainte-Marie (Seine-et-Marne), où se fabriquent des papiers spéciaux et celui des billets de banque ; d’Essonnes, l’une des plus grandes usines de ce genre. Citons encore les papeteries du Marais, du Souche, près de Saint-Dié, de la vallée de Vire pour les papiers communs, de Prouzet, de Saiut-Omer, de Morlaix, de La Haye-Deseartes, prés de Tours, de Besançon, où l’on a appliqué pour la première fois en France le collage à la gélatine sur la machine, etc. Nous comptons en France 140 cuves pour faire le papier à bras, 270 grandes machines pour le papier blanc et coloré, collé ou non collé/et 230 machines pour le papier d’emballage.

La majeure partie des papiers fabriqués en France y est employée. L’exportation, cependant, atteint le chiffre d’environ 10 millions et l’importation ne dépasse guère 200,000 kilogrammes. Les cuves et les machines emploient 34,000 ouvriers, dont 11,000 femmes. I^es cuves à bras tendent de plus en plus à être remplacées par des machines.

Avant la loi du 4 septembre 1871, qui a frappé en France les pnpi«rs de tout genre, la moyenne du papier à la cuve, pour impression de livres de luxe, tirage de gravures, etc., n’atteignait pas le chiffre de 2 ir. le kilogramme ; la moyenne des papiers h imprimer et à écrire était d’environ V fr. 10 le kilogramme : celle des papiers de pliage et d’emballage de 0 fr. 40 le kilogramme. Cette loi a frappé d’un droit de 15 fr. les 100 kilogrammes le papier à lettres, le papier à cigarettes, le papier soie, le papier parchemin et les similaires ; d’un droit de 5 fr. les 100 kilogrammes, les papiers à écrire, à imprimer, U dessiner, le papier pour musique et les papiers assimilables ; le papier blanc de tenture ou à pâte de couleur, le papier d’emballage, le papier buvard et ses similaires ; seuls, les papiers et les objets confectionnés en papier destinés à l’exportation sont affranchis de ce droit. Quant au papier employé à l’impression

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des journaux et autres publications périodiques assujetties au cautionnement, il est, en outre, frappé d’un droit de 20 pour 100 par 100 kilogr. Cet impôt, qui, d’après les évaluations budgétaireSj devait produire 0,644,000 fr., a donné un déficit d’environ i million.

La fabrication Aupapier est beaucoup moins importante dans les autres pays d’Europe. Néanmoins, en Italie, cette industrie est fort active en Lombardie, dans le Piémont, dans la Vénétie, la Toscane et le Napolitain. On exporte d’Italie du papier en Amérique, en Orient, en Angleterre, en Belgique et en France. En Belgique, la production du papier est d’environ)5,000 tonnes, dont les deux tiers sont exportés en Angleterre. Le papier belge, le moins cher de l’Europe, est de mauvaise qualité, parce que le kaolin entre pour 30 pour 100 dans sa fabrication.

D’après une statistique publiée par M. D. Rudal, de Vienne, il existerait dans lémonde entier 3,960 manufactures de papier, employant 90 000 hommes et 180,000 femmes, non compris les 100,000 personnes qui s’occupent de l’achat des chiffons. Ces 3,9G0 manufactures produiraient environ 1,800 millions de livres de papier de chanvre, de lin, de coton, de paille, de jute, de sparte, etc. D’après lui, moitié de ce produit est employé pour l’imprimerie, un sixième pour l’écriture, le tiers restant pour les autres usages. Il divise le tout comme il suit : pour les pièces officielles, 200 millions de livres ; pour l’enseignement, 180 millions ; pour le commerce, 240 millions ; pour l’industrie manufacturière, 180 millions ; pour la correspondance privée,

!00 raillions-, pour l’imprimerie, 900,000 millions.

Enfin, le docteur Albinus Rudal a calculé qu’un Russe consomme 1 livre de papier par an ; un Espagnol, 1 livre I/2 ; un Mexicain, un Centre-Américain, 2 livres ; un Italien ou Autrichien, 3 livres 1/2 ; un Anglo-Américain, 5 livres 1/2 ; un Français, 7 livres 1/2 ; un Allemand, 8 livres ; un habitant des États-Unis, 10 livres 1/4 ; un Anglais, Il livres 1/2.

—V. Différentes sortes de pap : ers. Selon leur mode de fabrication, on divise, comme nous l’avons vu, les papiers en deux grandes classes : les papiers à la mécanique ou papiers de cuve et les papiers à la main, dits aussi papiers continus ou sans fin. Les premiers, qui sont plus solides, sont généralement employés pour les actes publics, les livres précieux, les registres, le dessin, etc. En général, ils se distinguent par l’empreinte que laissent dans leur tissu les vergeures et les pontuseaux, ce qui leur fait donner le nom do papiers vergés. Toutefois, le papier h la main n’est pas toujours vergé. Quelquefois on le fabrique sur une toile mécanique très-serrée, de sorte que la surface est unie comme le parchemin et il porte-alors le nom de papier vélin. Le papier à la mécanique, dont l’usage est beaucoup plus répandu et qu’on emploie, soit pour écrire, soit pour confectionner des livres et des journaux, a l’aspect lisse du papier vélin. Néanmoins on lui donne quelquefois l’aspect du papier vergé, ce qui s obtient au moyen d’une disposition particulière de la nappe métallique sur laquelle coule la pâte.

On distingue, en second lieu, les papiers en deux autres classes : les papiers collés et les papiers nou collés. Les papiers non collés s’emploient pour l’impression, les papiers collés ’ seuls servent pour l’écriture. Sans l’encollage, ils boiraient et il serait à peu près impossible de s’en servir. L’encollage se fait de deux façons. Dans la fabrication du papier mécanique, on verse la colle dans la pâte lorsqu’elle est dans la pile rafrineuse, c’est-à-dire au moment où l’on va s’en servir. Cette colle se fait avec un savon résineux, de la fécule parfaitement blanche et de l’alun : la fécule, très-dilatée par l’alcali et la température, divise la matière savonneuse et la répartit uniformément : il se produit ensuite, par la réaction de 1 alun, un savon résineux à base d’alumine et insoluble, qui s’interpose dans la pâte et la rend imperméable. Comme la colle se trouve distribuée dans toute l’épaisseur du papier, on peut le gratter et écrire ensuite dessus sans qu’il boive. Lorsque le papier se fabrique à la main, ce n’est plus la pâte qu’on encolle, mais le papier lui-même. On se sert alors de gélatine ou de colle forte préparée à cet usage avec de l’alun et maintenue à une température de 25° environ. Dans ce bain do colle, on plonge les feuilles de papier par poignées, puis on les fait sécher. Le collage à la gélatine s’effectue difficilement ; mais il fournit pour les papiers de luxe des produits supérieurs. Avec ce procédé, la surface seule de la feuille reçoit la préparution, de sorte qu’elle boit lorsqu’on la gratte. L’analyse chimique permet de reconnaître facilement le procédé employé pour l’encollage, et par suite le mode de préparation du papier. Le papier h mécanique, dont la colle contient de la fécule devient indigo au contact d’une solution iodée, tandis que le papier a. la main collé dégage de l’azote provenant de la gélatine.

Enfin, on distingue encore- les papiers en deux grandes catégories, selon qu’ils sont blancs, comme cela a lieu ordinairement, ou colorés. Les papiers de couleur sont fabriqués comme le papier blanc, si ce n’est qu’on colore la pâte avant de l’employer, dans la cuve à ouvrer, avec le bleu de Prusse, l’ex-