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OIGN

indigestion et il en meurt. Le fermier Grelu,

?ui est toujours un prison, a fait son deuil du

estin traditionnel ; mais il, a tort : son geôlier, qui a son oie de NoSl comme tout le monde, lui en apporte un morceau succulent. Ce qui vaut encore mieux pour lui, c’est que ce gredin de Picou, pressé de questions par un juge habile, finit parVavouer l’auteur de l’incendie. La morale de cette histoire, c’est que l’innocence peut être injustement persécutée, mais que le crime reçoit tôt ou tard son châtiment.

Oio du Caire (l’) (l’Oca del Cairo], opérabouffe en deux actes, de Mozart, écrit en 1783, représenté à Paris, au théâtre des Fantaisies-Parisiennes (juin 1807). C’était un livret stujiide, que l’auteur, un chapelain de la cour de Salzbourg, avait fabriqué pour céder aux instances du père de Mozart, et que le fils avait flualement laissé de côté, désespérant d’obtenir du uoiito les corrections convenables. La pièce devait avoir trois actes. Le dernier ne fut jamais composé. M. André, éditeur de musique à Offenbach, fit graver le manuscrit. Il n’y avait d’orchestrés que l’ouverture, le quatuor d’introduction, l’air d’Isabelle, le trio qui termine le premier acte, et les ritournelles des autres morceaux. Lu reste n’offrait que la basse chiffrée. M. Victor Wilder a traduit en vers cette pièce informe, en a arrangé quelques scènes pour en rendre la représentation supportable. Un vieil épouseur do soixante ans, !e tuteur Beltrnra, veut se marier à sa pupille. Son neveu est épris de la belle et finit par se substituer a l’oncle. Les manèges et les jeux de scène, les échelles, les scènes de balcon, les tours de clef inutiles, les escalades ne manquent pas, et à la fin de la pièce apparaît une oie colossale conduite par un eunuque, sans qu’on devine en quoi la présence de ces deux personnages intéresse le dénoûment. La femme du tuteur Bextram, que tout le monde croyait morte depuis longtemps, sort des flancs de cette oie, ainsi que plusieurs petits-enfants qu’elle ramène du harem du pacha d’Égypte, où elle a séjourné plusieurs années. C’est une folie de carnaval, peu comique en somme. La partition offre plusieurs morceaux ravissants. M. Constantin, chef d’orchestre des Fantaisies-Parisiennes, a complété l’orchestration inachevée avec habileté et conscience. Il a introduit dans l’ouvrage une ouverture et une scène d’introduction tirées d’un opéra manuscrit de Mozart, intitulé : lo Sposo deluso, ainsi qu’un trio de la Villanella rapila, opéra de Bianchi, niais dont la musique a été composée par Mozart en 1784. L’ouverture débute par un motif présenté par les clarinettes et les hautbois, et qui a vieilli. L’adagio qui suit est empreint de cette mélancolie qui abandonne rarement Mozart. Après le quatuor d’introduction, le ténor Fabrice chante un air dont la mélodie est charmante, et dans lequel on remarque une rentrée de flûte dont

I effet est délicieux. L’air d’Aurette, la soubrette, est plein d’expression et d’esprit. Le duo qu’elle chante avec son amoureux Pascal est une scène de fâcherie et.de réconciliation à la Molière, et qui est bien traitée. L’air de la pupille Isabelle est le digne pendant de l’air de la comtesse : Doue sono, des Nozze. Pendant lo duo de la bague entre liabelle et Fabrice, et qui se termine en trio, on entend un roucoulement de violons d’une grâce achevée. Le deuxième acte débute par un quatuor dans la forme italienne. La scène de JoconUe : Quand on attend sa belle, exprime une situation analogue, et la comparaison de ces deux scènes peut servir à démontrer on quoi diffère le goût français du génie allemand. Dans la pièce française, l’expression est tendre, mais vive, sobre et un peu railleuse ; dans le quatuor du plus doux et du plus sensible des Allemands, la symphonie domine et les personnages sont plutôt des musiciens excellents que des amoureux. Devant ce magistral ensemble, le pauvre petit trio de Nicolo se dérobe comme il peut, mais avec un sourire plein de malice et de grâce qni veut dire : Je reviendrai. Le duo des cadeaux offre un accompagnement de grupetti qui n’a pas la légèreté des dessins d’orchestre <Je Mozart. Nous ne croyons pas qu’il doive lui être attribué. Les couplets de Bextram sont des meilleurs, ils sont suivis d’un quatuor et d’un chœur final.

Cet ouvrage avait déjà été exécuté à l’Académie de chant de Magdebourg le 3 février JSGl.

OIGNARD s. m. (oi-gnar ; gn mil.). Ornith. Nom vulgaire du canard siflleur. Il On dit aussi oignis s. f.

OIGNEMENT s. ni. (oi-gne-man ; gn mil. — rad. oindre). Action d’oindre, onction.

II Peu usité.

OIGNlN, rivièrode France (Ain). Elle prend sa source au-dessus de Rougemont, baigne Izenave, passe près d’Izernore et se perd dans l’Ain, près du château de Coiselet, après un cours de 45 kilom. L’Oignin reçoit le Flou, le Bras-du-Lac, l’Ange et l’Anoonnan.

OIGN1ES, bourg et commune de France (Pas-de-Calais), cant. de Carvin, arrond. et à 33 kilom. de Béthune, à 30 kilom. d’Arras ; l, "40 hab. Mines de houille. On y voit un château moderne, entouré de jardins et d’un vaste parc renfermant plusieurs pièces d’eau et une belle grotte artificielle. L’église, ré OIGN

cemment construite, est surmontée d’une tour carrée et décorée de remarquables vitraux.

OIGNON ou OGNON s. m. (o-gnon ; gn mil. — lat. unio pour usnio, mot qui se rapporte à la racine sanscrite ush, brûler, d’où le sanscrit ushna, oignon, littéralement chaud, brûlant, piquant, à cause do l’àcreté du suc. L’explication que l’on donne ordinairement du latin hjii’o, tirée de ce que le bulbe de l’oignon est unique, semble quelque peu forcée. Jamais un objet naturel n’est désigoé par un substantif abstrait, et appeler l’oignon une union, parce qu’il est seul ou réuni, serait une chose fort étrange en linguistique). Bot. Espèce du genre ail ; bulbe de cette plante, fort employé dans les préparations culinaires : Oignons blancs. Petits oignons. Soupe à /’oignon. Omelette aux oignons. Une botte (Joignons nouveaux. Alberoni, en 1707, n’avait été connu que sur le pied d’un uomo faceto e piacevole, gui faisait des soupes à /’oignon excellentes. (Volt.)

Mais fuyeï l’onde, et qu’un tuf sablonneux De vos oignons nourrisse la famille.

Campbnou. Il Nom vulgaire de tous les bulbes de plantes : Ses oignons de jacinthe, de tulipe, de lis. Z/’oignon du lis est composé d’écaillés en recouvrement. (J.-J. Rouss.) On trouve toujours dans les souterrains de la taupe des débris de /’oignon de colchique auprès du nid de ses petits. (B. de St-P.) Croiriez-vous qu’il existe des gens assez extravagants pour donner deux ou (rois cents iouis d’un oignon en fleur ? (.Mme de Genlis.) Il Oignon marin, Nom vulgaire de la scille maritime. 0 Oignon de loup, Nom vulgaire du potiron gris. Il Oignon musqué, Nom vulgaire du muscari. il Oignon sauvuge, Non vulgaire du muscari chevelu. U Oignon d’Espagne ou d’hiver, Ail flstuleux.

— Pop. Grosse montre fort bombée : Quelle heure est-il à ton oignon ? ii Argent comptant : Jl a de /’oignon. Il n’est pas facile d’expliquer ce sens bizarre du mot oignon. On pourrait y voir, selon M. Ch. Nisard, une métaphore populaire. Selon lui, Y oignon étant un assemblage de plusieurs follicules et n’offrant par lui-même qu’un tout en apparence indivisible, le peuple, avec sa promptitude naturelle à saisir les rapports, a fort bien pu assimiler à ce légume les pièces de monnaie, qui se composent également de fractions. Mais cette explication nous semble violemment tirée par les cheveux. Du reste, M. Ch. Nisard lui-même remarque l’emploi que font les vieux poëtes du mot oignon pour signifier une faible valeur :

Ainsi parloient les compaignons Du bon mai&tre Krançoys Villon, Qui n’avoîent vaillant deux alignons. Tentes, tapis ne pavillon.

(Les Jte2’eues franches.) Les Danois jadis et Saxons À vous, Anglois, firent grans armes ; Ils n’y gagneront deux oygnons, Non obstant leurs gratis vuaquarmes.

Robert Gàciuin. * Oignon signifie ici très-peu d’argent. N’avoir pas vaillant deux oignons équivaut à cette locution plus moderne : Savoir pas deux sous vaillant ; comme, pour marquer le dénûment de quelqu’un, on avait dit : Il n’a pas vaillant deux oignons, on eu sera venu à dire, pour exprimer l’idée opposée : Il a des oignons, il a de l’oignon.

Pelure d’oignon, Nom donné aux pelli cules interposées entre les diverses couches qui composent les bulbes des oignons.

Flûte à l’oignon, Mirliton, ainsi dit parce que ses deux extrémités sont fermées par une pelure d’oignon ou par une peau de baudruche.

Chapelet d’oignons ou Corde d’oignons, Oignons assemblés en chapelet, pour être suspendus et conservés.

— 5e mettre en rang d’oignons, Se ranger à la file, sur une même ligne. U Prendre place avec d’autres personnes, sans y être invité. On a voulu faire remonter cette locution au baron d’Oignon, grand maître des Cérémonies aux états de Blois ; l’habitude bien connue de disposer les oignons en chapelets ou en cordes suffit pour l’expliquer.

Être vêtu comme un oignon, Être fort couvert de vêtements ; se dit par allusion aux nombreuses pellicules qui enveloppent l’oignon et ses diverses couches.

Il y aura de Voiynon, Il y aura du grabuge. Cette locution est assez ancienne dans notre langue, car on la trouve déjà dans la Sutgrc Ménippée ;

Que plus on ne brigua

Estre de la ligue

De saincte union ;

Car, ne leur déplaise,

Puisqu’on pend les seize,

Ii y « de l’oignon. Chacun sait <pjô l’oignon est acre et cuisant : Jl g a de l’oignon est sans doute une expression analogue à : Jl va en cuire, ou mieux encore elle fait songer aux larmes que l’âcretô do l’oignon fait verser lorsqu’on l’épluche.

Regretter les oignons d’Égypte, Regretter une position inférieure a celle qu’on occupe ; se dit par allusion aux Israélites qui, ayant dans Je désert de la manne à discrétion, regrettaient les oignons et les viandes bouillies dont ils s’étaient nourris en Égypte.

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Marchand d’oignons se connaît en ciboules, On est difficilement trompé sur les choses de son métier.

— Argot. Aux oignons, Aux petits oinnons, Expressions usitées pour exprimer l’excellence de certaines choses, par allusion à certains mets préparés avec des oignons : Comment trouves-tu ce chapeau ? — Aux petits oignons, tl Ironiq. Aux petits oignons, Vertement, d’une manière rude : Qu’il vienne ! je l’accommoderai aux petits oignons. J’arrangerai son affaire aux pktits oignons. Je vais l’arranger ça aux petits oignons.

— Comm. Pelure d’oignon, Etoffe extrêmement légère.

— Pathol. Callosité douloureuse qui vient aux pieds.

— Art vétér. Grosseur à la sole du cheval : i’oiGNON est toujours un défaut grave ; il exige une ferrure particulière, et détermine souvent la boiterie. (Lecoq.)

— Moll. Oignon blanc, Nom vulgaire de l’hélice gigantesque.

— Bncycl. Bot. Uoignon est, sans contredit, la plus importanie des espèces d’ail ou aulx, dont le nombre s’élève à environ cent soixante. Il fait partie de la section à feuilles cylindriques creuses, avec l’échalote, la ciboule, la civette ou ciboulette, section qui a pour parallèle celle des aulx à feuilles planes, dont l’ail commun est le type et dont le poireau et la rocambole sont les principales espèces. Où l’a dit originaire d’Égypte, mais il est probable que cette assertion n’est basée que sur la célébrité dont il a joui, dès la plus haute antiquité, dans ce pays, car il a toujours réussi dans tous les climats chauds et tempérés, et même dans les pays frojds. On peut même attribuer aux diversités de cultures auxquelles il a été soumis depuis si longtemps, et aux diversités de climats et de terrains où on l’a fait prospérer, le grand nombre de ses variétés comme forme, grosseur, couleur, saveur, odeur, etc. C’est une plante vivace, en réalité bisannuelle dans nos potagers et connue.de temps immémorial, dont les espèces cultivées de nos jours sont à peu près les mêmes que celles du temps passé.

Cette liliacée, alliacée [allium cepa, de Linné ; ainsi nommé du celtique cep ou cop, tête, à cause de la forme du bulbe) a pour caractères : bulbe arrondi ou ovale, très-variable de forme, de grosseur et de couleur, à tuniques internes charnues, à tuniques externes membraneuses rouges ou blanches ; feuilles simples, cylindriques, creuses et pointues, au centre desquelles s’élève la tige ou hampe ; cette hampe, également fistuleuse, haute d’environ 1 mètre, nue, renflée au milieu et terminée par une grosse houppe ou ombelle sphérique de fleurs blanches, verdâtres ou rosées.

Nous venons de dire qu’on ignore la patrie de ce légume, que les anciens faisaient entrer, comme nous, dans leurs préparations culinaires, et qui constitue une nourriture des plus saines ; nous savons seulement que, dans les contrées méridionales, il acquiert beaucoup plus de développement que dans celles du Nord, et que sa saveur y est beaucoup plus douce, en sorte qu’on peut beaucoup mieux l’y manger cru. Nous renvoyons au paragraphe relatif à l’horticulture la revue que nous ferons de ses variétés les plus remarquables, et nous citerons seulement, dans celui-ci, les suivantes : l° L’oignon d’Espagne : bulbe très-gros et aplati, d’un jaune soufre, à saveur douce ; 2° l’oignon rouge foncé, a bulbe large de médiocre grosseur, très-âcre, connu dans le Nord et en Belgique | 3° l’oignon de mort ou rouge pâle, l’un des plus répandus en France et des plus gros ; 40 i oignon blanc de Nocéru ou de Florence, commun en Italie, très-hâtif, petit ; 50 l’oignon d’Égypte, qu’on appelle aussi l’oignon vivi Eare ou encore l’oignon’ bulbifère, dont l’omelle produit de petits bulbes et dont le bulbe du pied est souvent énorme.

— Hortic. Les climats et terrains humides sont défavorables à l’oignon. Ce légume demande un sol riche et bien ameubli ; mais il n’est pas d’usage de le fumer directement ; le plus souvent, on le sème dans une terre qui vient de produire un autre légume pour lequel on l’avait fortement fumée ; tout le monde sait, par exemple, que les oignons se plaisent à la suite des choux, des pois, des haricots ou d’autres plantes potagères. Dans le cas cependant où on leur consacre un fumure, on s’y prend des l’automne afin que l’engrais ait le temps de se consommer. Au printemps, la culture des oignons n’admet que le terreau en couverture sur le semis. Après la levée, on peut répandre sur les planches quelques poignées de colombine sèche en poudre, ou du guano, ou de la poudrette, ou de l’engrais de poisson, ou un mélange de cendres et de suie ; l’essentiel, c’est de ne jamais se servir de fumier frais.

La terre destinée à l’oignon sera labourée profondément avant l’hiver et ne recevra plus ensuite qu’un coup de bêche superficiel, huit ou quinze jours avant l’époque du semis. Ou ne doit jamais semer sur labour frais, ni sur fumure fraîche ; l’oignon hait le fumier et ii graisse, disent les jardiniers, ’ lorsque la terre en contient qui n’est pas très-bien consommé. Le sol naturel à l’oignon parait être un sable gras et humide, ou des terres légères et fraîches. Dans des terres de ce genre,

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situées sous un climat très-chaud, l’oignon atteint des dimensions colossales. En Égypte, on en rencontre fréquemment qui ne mesurent pas moins de 1 pied de diamètre. Les terres argileuses trop peu ou trop humides, les terrains caillouteux, les sables purs ne conviennent pas à l’oignon ; le fumier lui communique un goût acre et désagréable.

Le semis de l’oignon n’a pas d’époque fixe ; autrefois, à Paris, les maraîchers se rendaient esclaves d’une date et faisaient leurs premiers semis A’oignons à la Saint-Antoine, le 17 janvier. Dans le nord de la France et en Belgique, les horticulteurs s’assujettissent également à une date, qui varie selon la contrée, disant qu’à cette date il faut semer l’oignon, lors même qu’on devrait faire le semis sur lu neige. Quoi de plus absurde ? Cette date doit varier suivant les climats, les terrains, les années, et il est naturel qu’elle varie aussi suivant les habitudes. En France, quand le temps le permet, il faut commencer les semis vers le milieu de février, les continuer jusqu’au 15 mars dans les environs de Paris, et les prolonger jusqu’à la première quinzaine d’avril plus au nord. Dans Test et lu sud-est de ta France, on est dans l’habitude de semer en pépinières et de repiquer ensuite, procédé qui donne d’excellents résultats, surtout dans les terres fortes. Dans le Nord, au contraire, on sème en place ou à demeure. Dans les Ardennes, à diverses reprises, on a essayé de transplanter les petits oignons de printemps ; mais on a dû y renoncer, les produits étant constamment chétifs.

Avant de semer, on gratte la surface des planches ou des carrés avec le râteau de fer, ou sème à la volée et on enterre avec le râteau de bois. Si la terre semble trop meuble, on enterre la graine en piétinant, et l’on recouvre avec du terreau et de la bonne terre bien divisée. Quelquefois, on sème en lignes, pour faciliter les sarclages et les binages ; alors, les lignes sont tracées au cordeau, à om,15 l’une de l’autre ; on ouvre des rigoles avec des perchettes de la grosseur d’un manche à balai, que l’on couche à terre, aux places marquées, et sur lesquelles on marche. On répand la graine dans les rigoles ainsi obtenues, et on la recouvre à l’aide d’un dos de râteau. Au bout de trois semaines ejJviron, tes oignons lèvent et il ne reste plus qu’à les sarcler et à les mouiller en temps sec, et plus tard à les éclaircir, de façon à laisser entre eux des intervalles de om,0S à om,09. A moins d’une forte sécheresse, on n’arrose plus les oignons dès qu’ils commencent à tourner. Dans les climats humides et aussi dans les terrains frais, beaucoup de personnes ne les arrosent jamais et tont bien ; les produits ne s’en conservent que mieux.

Quand les oignons ont presque atteint leur grosseur ordinaire, il est d’usage d’abattre leurs fanes avec le dos du râteau, ou en les tordant avec la tnain, ou bien encore en roulant sur les planches une petite futaille vide. Le changement de couleur des feuilles et la sortie du bulbe de terre annoncent la prochaîne maturité ; la dessiccation de la feuille et du pied est le signe que cette maturité est complète. Alors, vers ta fin d’août ou en septembre, on arrache les bulbes, on coupe les fanes à om,05 ou à om,06, et on laisse les oignons éparpillés sur place pendant huit ou dix jours, exposés au soleil, pour les faire un peu sécher. Ensuite on les nettoie des restes do leurs racines, des pellicules inutiles et on les porte au grenier, sur un lit de paille sèche. On les remue tous les quinze jours ou tous les mois, afin de les aérer et d enlever les bulbes qui peuvent s’être gâtés. On ne doit jamais toucher aux oignons gelés, sous peine do les voir pourrir ; ils se rétablissent d’eux-mêmes.

Pendant les grands froids, on recouvre ordinairement le tas d’oignons avec de la paille ou une couverture de laine. Les cultivateurs les plus industrieux forment, par le moyen des fanes et de brins de paille, des chaînes H’oignons qu’ils suspendent en lieu sec, et principalement aux poutcelles des cuisines ; ils s’y conservent mieux que partout ailleurs. Les petits oignons et ceux que l’on doit consommer les premiers s’étendent sur le plancher ou, mieux, sur des claies. On ne mélange pas ordinairement les oignons de différentes récoltes, parce que ceux de la première se gardent mieux que ceux de la seconde. Ceux de la troisième doivent être consommés les premiers, comme se conservant le moins.

Pour faire de la graine d’oignon, on prend, aussitôt que les forces gelées ne sont plus à craindre, quelques beaux bulbes et on les plante à bonne exposition. Bientôt les tiges s’élèvent ; ou les soutient délicatement à l’aide de tuteurs ; puis, la graine étant mûre, ce qui arrive en août ou septembre et ce que l’on constate à l’inspection des capsules qui s’ouvrent, on coupe les têtes florales, on les réunit en bottes et on les fait sécher soit à l’ombre, soit au soleil. Enfin, on les égraine entre les mains. Il se trouve toujours une partie de la graine qui est mauvaise ; on la reconnaît à sa couleur pâle et à sa légèreté. La graine d’oignon se conserve deux ans, et très-difficilement trois.

Les ennemis de l’oignon sont : 1° le petit ver blanc qui attaque la racine des choux, et que les maraîchers de Paris appellent guillot ; 2° la teigne de l’oignon, dont la chenille se montre en septembre et octobre et nuit aux semis et aux repiquages d’arrière-saison ;