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dit M. Perrot, un des chefs du parti qui*voyait l’avenir de la Grèce dans une scrupuleuse fidélité aux traditions et aux formes religieuses du moyen âge, dans une alliance intime avec la Russie. Aussi fit-il une guerre acharnée à Phannakidis, qui cherchait à faire connaître iu clergé grec quelques-unes des idées ~u’a répandues dans l’Occident, sur l’origine u christianisme et l’histoire des Églises, la critique moderne. » Oiconomos a laissé de nombreux écrits de controverse religieuse, qui louchent à la politique, des ouvrages qui attestent sa solide érudition, et on lui doit une intéressante imitation de VAvare de Molière, 1"Exindavelonis, « l’Homme aux quarante aiguilles, ■ pièce qui o été représentée avec succès sur le théâtre d’Athènes. Nous citerons de lui : Trois Hures sur l’art de la rhétorique. (Vienne, 1813) ; Quatre livres d’enseignements généraux’et grammaticaux (Vienne, 1817) ; lissai sur la très-proche parenté de la langue slavo-russe et de la grecque (Saint-Pétersbourg, 1828, 3 vol. in-8°) ; De la vraie prononciation de la langue grecque (Saint-Pétersbourg, 1S30, in-8°) ; Sur la haute antiquité de la prononciation grecque, etc.

OICTIÈVE s. f. (oi-ktié-ve — du lat. octavus, huitième). Féod. Droit féodal qui consistait à prendre le huitième des gerbes.

OÏDÉMIE s. f. (o-i-dé-mî). Ornith. Syn.

d’CBDÉMIB.

OÏDÈS s. m. (o-i-dèss — du gr. oidéô, je suis enflé), Entom. Syn. d’ADORiON.

O’ÏDIÉ, ÉB adj. (o-i-di-é — rad. oïdium). Bot. Qui ressemble ou qui se rapporte ù l’oïdium.

— s. m. pi. Tribu de champignons, ayant pour type le genre oïdium,

OÏDIUM s. m. {o-i-di-omm — du gr. ôon, œuf). Bot. Genre de champignons filamenteux, type de la tribu des oïdiés, comprenant plusieurs espèces qui croissent sur les végétaux vivants ou morts ; maladie delà vigne, produite par une des espèces de ce genre : //oïdium de Tucker est le champignon qu’on observe sur les oignes malades. (A. Dupuis.) M. Mares observa l’action du soufre sur les vignes atteintes de /’oïdium. (L. Figuier.) La destruction de l’ortolan et du bec-figue a livré la vigne à l’invasion de la pyrale et de f oïdium. (Toussenel.)i’oïmuM l’uckerii confisque les raisins et boit le vin en herbe. (A. Kair.) Il On dit aussi oïdion et quelquefois oïdib s. f.

— Encycl. Les oïdiums sont des champignons microscopiques, de petites moisissures qui se développent sur les substnnces végétales et animales ; ils consistent essentiellement en filaments simples ou rameux, très-petits, couchés ou dressés, distincts ou en touffes, à peine entre-croisés, cloisonnés, et dont les articles se résolvent en sporidies. Les filaments primitifs, ordinairement blancs et pulvérulents, donnent naissance a d’autres qui s’élèvent perpendiculairement et supportent trois ou quatre spores arrondies ou ovoïdes, transparentes et caduques. Les oïdiums, surtout dans leur jeune âge, ressemblent beaucoup aux érysiphés et sont souvent très-difficiles à distinguer de ceux-ci. Les mucédinées de ce genre sont très-communes ; on les trouve sur les graminées, les légumineuses, les borraginées et autres plantes ; elles ne paraissent pas, en général, causer de graves dommages, à. moins qu’elles ne recouvrent la totalité des feuilles.

Une espèce d’oïdium a, dans ces dernières années, acquis une fâcheuse célébrité ; c’est l’oïdium de Tucker, qui croît sur la vigne ; Berkeley le caractérise ainsi : filaments fertiles allongés, à la fin cloisonnés ; spores larges, elliptiques ou oblongues, tombant plus tôt que dans les autres espèces, probablement à cause de leur dimension plus grande et, par suite, ne formant pas de filaments monilitormes. Les organes végétaux qui en sont couverts présentent d’abord le même aspect que les autres ; seulement, ils sont recouverts d’un duvet blanc, pulvérulent, très-ténu, visible à une certaine distance. Les spores sa détachent au plus léger attouchement, et on ne voit guère alors que les pédicelles. Les raisins envahis par loïdium paraissent recouverts d’une poussière blanche et répandent une odeur particulière de moisi. Si les grains sont peu développés, ils se flétrissent, se dessèchent et tombent ; s’ils sont plus gras et plus avancés, leur enveloppe se rompt, les pépins sont mis à nu ou même chassés au dehors ; si la rafle* elle-même est infestée, elle se dessèche, meurt et se détache du cep. Lors même que le fruit arrive à maturité, il donne des produits bien moins abondants et de quulité inférieure.

Observé pour la première fois par Tucker à Margate en 1845, l’oïdium était signalé deux années après dans les cultures forcées des environs da Paris ; en 1840, il avait envahi les serres de Versailles, les vignobles de Suresnes et de Puteaux et ceux de la Belgique et du nord de la France. À partir de l’année suivante, il se répandit, avec une rapidité alarmante, dans toutes les provinces du Midi, ainsi qu’en Italie et en Espagne. Il en résulta des diminutions considérables dans les récoltes et une crise menaçante pour la production vinieole. Dès lors, savants et praticiens s’occupèrent sérieusement, chacun à leur point de vue, de l’étude des caractères du fléau et des moyens de le combattre.

La cause du mal est un des points qui ont

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le plus exercé la sagacité des observateurs. L’oïdium est-il la cause de la maladie ou bien n’est-il que la conséquence d’un état morbide antérieur, produit par la nature du sol ou des engrais, les intempéries atmosphériques, les vices de la culture, la dégénérescence des ceps, les altérations dues à des piqûres d’insectes, etc. ? On a beaucoup discuté a cet égard, et la question est loin d’être aujourd’hui parfaitement résolue. Il paraît néanmoins probable que le champignon parasite est bien la cause qui produit et constitue la maladie, et que sa disparition, partout où il n’a pas déjà altéré les tissus, amène la disparition de cette même maladie et de tous ses effets.

Quant aux remèdes proposés contre l’oïdium, ils ont été très-nombreux ; chacun a voulu apporter et préconiser sa panacée. Tous les spécifiques vantés n’ont, en général, produit que peu ou point de résultat ; il serait maintenant oiseux de les rappeler. Il est, néanmoins, un agent dont l’efficacité a été bien constatée et qui a été généralement adopté dans la pratique. Le soufre débarrasse complètement les vignes de l’oïdium, quand il est bien employé ; c’est là un fait reconnu. Restait à savoir sous quelle forme et de quelle manière on doit appliquer le remède. On a proposé et essayé tour à tour les fumigations d’acide sulfureux ou d’acide sulfhydrique, le lavage avec des solutions de sulfure de chaux, de sulfure de potasse ou de soude, de sulfate de fer, ou aveu de la fleur de soufre ou du soufre pulvérisé en suspension dans l’eau, enfin la fleur de soufre répandue sur les ceps préalablement mouillés pour qu’elle adhère mieux. Mais la plupart de ces procédés ne sont applicables qu’en petit, dans les serres, les jardins, sur les treilles, etc. Le dernier seul est vraiment pratique quand on veut opérer en grand sur des vignobles ; il constitue le soufrage.

L’oïdium pulmonaire est formé par des tiges longues, rameuses, tubuleuses, cloisonnées, portant des spores nombreuses superposées à l’extrémité des rameaux ; il a été observé dans les crachats, les cavernes et sur la matière tuberculeuse d’un malade atteint de pneumo-thora^.

L’oïdium blanchâtre se compose de filaments réunis en couches ou en plaques pseudomembraneuses, lâchement entre-croisées et

formant un corps velu, d’abord humide et blanchâtre, plus tard fauve ou brunâtre. On le trouve sur la membrane muqueuse de la bouche des enfants à la mamelle, dans l’œsophage, l’estomac et l’intestin grêle des enfants et des adultes, principalement dans les phthisies, les phlébites, les fièvres typhoïdes, etc. Il accompagne et aggrave, chez l’homme et les animaux, la maladie appelée muguet.

OIE s. f. (oî — bas lat. auca, mot que M. Littré tire de avica, dérivé fictif de avis, oiseau, sans doute de la même racine que le sanscrit avi, mouton, grec ois, latin ovis, gothique avis, etc., savoir la racine nu, qui n’a pas moins d’une vingtaine de significations différentes. On pourrait peut-être aussi comparer à avis, oiseau, le sanscrit avi, air, vent, d’où le grec aiêtas, aigle, qui, selon Benîey, équivaut au sanscrit aviyata, proprement qui va dans l’air, de avi, avec la racine ya, aller. Le nom général avica, oiseau, aurait été réduit dans oie à un sens spécial, comme jumentum, bête de somme, dans jument. On a tiré aussi le bas latin auca du latin oca, occa, oie, probablement pour coca). Ornith. Genre d’oiseaux palmipèdes, type de la famille des ansérinêes, comprenant une vingtaine d’espèces, répandues dans les diverses régions du globe : Oie domestique. Oie sauvage. Plume d’oiE. Les plaines marécageuses sont les lieux que les OIES aiment à fréquenter, (Z. Gerbe.) Les oies pondent toujours à la même place. (Joigneaux.) Il Oie à duvet, Nom vulgaire de l’eider. Il Oie noire, Nom vulgaire de la macreuse. Il Oie de mer Nom vulgaire du harle. Il Oie de la mère Carey, Nom vulgaire de l’albatros, il Oie de Solan, Nom vulgaire du fou. Il Oie renard, Nom vulgaire du canard tadorne.

— Fam. Personne fort sotte, fort niaise : C’est une oie. Il raisonne comme une oie. Elle est bêle comme une oie, comme deux oies. Leur Paris est très-probablement un grand fumier où beaucoup de dindons gloussent et où beaucoup d’oiES barbotent. (H. Taine.)

Contes de ma mère l’oie, Contes dont on amuse les enfants ; ouvrage d’esprit sans portée, sur des sujets insignifiants ; discours tout à fait dépourvu de vraisemblance, tl Cette locution paraît prise d’un ancien fabliau, dans lequel on représente une mère oie instruisant de petits oisons et leur faisant des contes difues d’eux et d’elle-même. Grimm, cepenant, la rattache à la légende de Berthe aux pieds d’oie, dite la reine Pédauque.

Merde d’oie, Couleur verdâtre, mêlée de jaune, u On prononce généralement merd’oie.

Patte-d’oie. V. ce mot à son rang alphabétique.

Petite-oie. V. ce mot à son rang alphabétique.

— Prov. Qui a plumé l’oie du roi, cent ans après en rend la plume, On finit toujours par expier les torts qu’on a eus envers les grands.

Il Si tous les fous portaient un bonnet blanc, nous ressemblerions à un troupeau d’oies, Les

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fous sont en très-grand nombre ; nul n’est exempt de folie.

— Jeux. Tirer l’oie, Sorte d’exercice usité dans les fêtes de campagne, et qui consiste à suspendre une oie vivante a un pieu, à lancer des bâtons contre ce but, jusqu’à ce que le cou de l’animal ait été rompu et détaché : Tirer l’oie est un exercice barbare gui devrait être interdit. (Acad.) Il Jeu de l’oie, Jeu que l’on joue avec deux dés sur un carton où il y a des figures d’oies disposées de neuf en neuf cases, et qui porte ordinairement le titre de Jeu de l’oie renouvelé des Grecs : Plus mk trou-madame et un damier, avec un jeu de l’oie renouvelé des Grecs, fort propres à passer le temps lorsque ion n’a que faire. (Mol.) Le jeu de l’oie vous a renouvelée comme il l’a été par les Grecs. (M™ de Sév.)

Tous ces jeux de hasard n’attirent rien de ton. J’aime les jeux galants où l’esprit se déploie ; C’est, monsieur, par exemple, un joli jeu quo l’oie.

Reonard.

Il On remarquera la distraction de M’c de Sévigné, qui semble avoir cru que les Grecs avaient, non pas inventé, mais renouvelé le jeu de l’oie.

— Mar. Mouiller en patte d’oie, Jeter trois ancres, disposées en triangle, par un gros temps.

— Astron. Constellation de la partie septentrionale du ciel, qui est placée entre la Lyre et l’Aigle, et qua l’on réunit souvent avec celle du Renard, pour former avec les deux le Fleuve du Tigre. Il Oie d’Amérique, Constellation australe, appelée aussi toucan.

— Mamm. Oie de mer, Nom vulgaire du dauphin.

— Encycl. Ornith. L’oie, avec le canard, auquel on l’a pendant longtemps réunie pour former un seul genre (le genre canard de Linné), se présente, comme oiseau domestique, dans nos fermes au second rang et immédiatement après le coq et la poule. Aussi lui devonsuous un article suffisamment développé. Nous essayerons de traiter avec ordre de tout ce qui concerne cet oiseau, aussi intéressant qu’utile, sous les titres suivants : Zoologie de l’oie ; Chasse de l’oie sauvage ; Élève et engraissement des oies ; Applications domestiques et commerciales de l’oie et de ses produits ; Coutumes anciennes et modernes relatives à l’oie.

— I. Zoologie de l’oie. Cet oiseau palmipède lainellirostre, c’est-à-dire à pieds palmés et à bec garni de lames transversales, espèces de dent», après avoir été confondu, non-seulement avec les canards, mais encore avec les cygnes, a été distrait des uns et des autres par les classificateurs modernes qui, après une étude attentive, ont reconnu chez l’oie des mœurs et des caractères anatomiques assez distincts pour en faire un genre à part (genus anser de Briss.) dans la tribu des canards genre qui tient le milieu entre celui des canards et celui des cygnes. Les oies ont un bec relativement plus court et plus large à. la base que celui des deux autres genres, les tarses plus longs, les jambes plus rapprochées du milieu du corps et, par suite, la démarche plus facile ; et si de ces principaux caractères physiques on passe à la comparaison des mœurs, on reconnaît vite que, beaucoup inoins aquatiques que les canards et les cygnes, les oies nagent peu, ne plongent jamais et ne se rendent au bord de l’eau que le soir, à l’heure justement où les canards la quittent. Toutefois, ce sont les terrains bas et humides, les plaines marécageuses que ces oiseaux affectionnent, et ils ne les quittent guère que pour alier chercher leur nourriture dans les champs ensemencés.

Les oies ont un caractère singulièrement farouche et méfiant ; ce n’est qu’avec les plus grandes précautions que le chasseur peut s’approcher assez des oies sauvages pour les tirer, soit dans les champs où elles pâturent, soit sur les étangs où elles vont s’abattre pour y passer la nuit. Leur ouïe est délicate, leur vue excellente, et, au moindre cri que pousse l’une d’elles, la bande entière s’envole avec de bruyants battements d’ailes et en répétant toutes avec épouvante le cri d’alarme qui leur fait prendre la fuite. Ces instincts farouches, que la domesticité a nécessairement atténués, se sont transformés,

dans nos 'oies de basse-cour, en une vigilance qui, pour être exempte de tout sentiment de terreur, n’en est pas moins toujours en éveil. Qu’une porta s’ouvre, qu’un ennemi se montre sur la terre ou dans les airs, aussitôt se lèvent toutes les têtes et sortent de tous les grands cous allongés ces cris gutturaux et métalliques qui ressemblent tantôt aune trompette d’alarme, tantôt à un grondement sourd et profond. La nuit, leur sommeil est si léger qu’au moindre bruit toutes s’éveillent et multiplient leurs clameurs.

Comme les grues, dont elles imitent le haut vol et l’ordre de voyage, les oies émigrent deux fois l’année, l’une au printemps pour quitter les pays méridionaux et gagner les régions froides où elles font leur couvée, l’autre k l’automne pour revenir vers les régions plus chaudes avec la génération nouvelle ; on les voit alors sur deux longues files, formant un angle aigu, voler dans les airs ; celle qui tient le sommet de l’angle cède la place à celle qui la suit quand elle est fatiguée et

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va se placer à la queue dans le sillon ouvert par les autres.

C’est dans les marais ou les bruyères humides que chaque couple d’oies fait son nid. Ce nid, assez grossièrement construit d’herbes sèches et de joncs coupés, sur lesquels sont parfois répandues quelques plumes, contient de six à. douze œufs, suivant les espèces. Ces œufs, verdâtres ou blanchâtres, sont couvés par la femelle seule et éclosent au bout de vingt-cinq ou trente jours. Si le mâle ne couve pas, du moins il surveille et protège, au besoin, sa femelle, qu’il ne quitte que le moins possible. À peine la nichée est-elle éclose, qu’elle est conduite h l’eau, où le3 petits se plongent avec une satisfaction marquée, après une très-courte hésitation.

Les oies se nourrissent de graines de toutes sortes, de racines, d’herbes tendres et même d’insectes. La chair de ces oiseaux sauvages n’est pas, en généra !, excellente ; mais on les chasse toutefois avec ardeur dans les pays qu’elles habitent, parce qu’elles fournissent une ressource aux classes pauvres de la population.

Il est peu de dictons populaires qui soient aussi peu justifiés par la nature que celui qui a fait de l’oie l’emblème de la stupidité, car l’instinct de cet oiseau est très-developpé. Nous avons dit un mot de sa prudence et de sa vigilance, qui sont extrêmes, et ce ne sont pas ses seules qualités ; les oies domestiques sont familières, attachées, reconnaissantes pour les personnes qui leur donnent des soins constants ; et les oies sauvages montrent une finesse qui ne se dément jamais, en vue de leur sûreté. Mais, comme elles forment toujours société, lorsqu’une oie, soit sauvage, soit domestique, se trouve isolée, elle prend des manières gauches, embarrassées, une certaine mauvaise grâce qui, jointe à un manque, plus apparent que réel, d agilité, rend pourtant, à ce point da vue, assez bien compte du proverbe : « Bête comme une oie. »

C est surtout en Allemagne que les oies sauvages arrivent en troupes nombreuses ; en France, elles ne viennent qu’en hiver et toujours pour descendre dans les contrées du Midi. En été, elles vont au Spitzberg, au Groenland, à la baie d’Hudson et dans toutes les régions boréales les plus éloignées et les plus froides. Le vol de l’oie sauvage ne s’annonce par aucun bruit, et les combinaisons que forment les bandes dans leurs émigrations sont ingénieuses ; elles paraissent calculées pour le plus de sûreté et le moins de peine possible de chacun des membres de la caravane, suivant leur nombre plus ou moins considérable. Elles se mettent, en général, avons-nous dit, sur deux lignes obliques eu forme d’angle ; mais il convient d’ajouter quo la longueur relative de ces lignes est déterminée par les conditions de direction du courant d’air, et que, si le nombre des voyageuses est peu considérable, elles se contentent de former une seule ligne droite. Il existe sur le globe de grands points de partage où se font les grands rendez-vous de ces oiseaux et où ils se divisent en troupes innombrable* pour sa rendre dans les diverses contrées. Relativement à l’Asie Mineure, c’est le mont Taurus qui est ce rendez-vous ; relativement à l’Europe, c’est le mont Stella. Les bandes secondaires se séparent, à leur tour, en d’autres points pour en former de nouvelles de quatre à cinq cents chacune, qui ne manquent jamais de regagner leur patrie de la saison. Nouvelles preuves du développement de leur instinct. Si les oies émigrent tous les ans, elles n’ont pas, pour le faire, une époque aussi précise que d’autres oiseaux, tels que les hirondelles ; elles règlent leurs départs sur la température de l’année ; dans les hivers peu rudes, elles se pressent moins de regagner le Midi ; ce sont les rivières, lorsqu’elles se glacent, qui paraissent être leur principal régulateur, et c’est pour cette raison que le passage des oies sauvages dans les pays moyens et leur arrivée dans les pays méridionaux est un indice de l’invasion prochaine des courants d’air froid et un signe précurseur de la gelée.

Les oies sont polygames et changent de robe deux fois l’année, au moins pour la plupart des espèces ; cette mue a lieu en juin et en novembre ; alors le plumage change de couleur chez le mâle et devient, à cette dernière époque, un habit de noces qu’il ne quittera qu’après avoir pourvu à la propagation de sa race.

Cuvier a divisé le genre oie en deux sections, les oies proprement dites et les bernaehes ; les caractères qui les distinguent consistent en ce que, chez les bernaches, le bec, plus court et moins gros, ne laisse point apercevoir, au dehors, les extrémités des lamelles. Un autre ornithologiste, M. Vieillot, les a également classées en deux sections, mais en basant leur différenciation sur les palmes des doigts ; la première comprend toutes les oies qui sont complètement palmipèdes, et la seconde toutes celles qui n’ont qu’une demi-palmure. Le même a, ensuite, subdivisé la première section en deux soussections, fondées sur la présence ou sur l’ab*sence d’éperons aux ailes. Quoi qu’il en soit, on a décrit un grand nombre à espèces du genre oie, au moins une trentaine, et ce nombre pourrait peut-être être restreint. Nous signalerons les suivantes :

L’oie ordinaire, ou commune, ou cendrés (anser cinereus de Meyer ; anas anser de