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vag, ’vig, qui, en sanscrit, signifie aller, errer, trembler, d où, entre autres dérivés, vûga, aile, vâgid, aile, oiseau et nom d’une plante aux graines ailées. De vig, venter, vient aussi viga, la graine que le vent emporte. Le Scandinave vaenge, aile, allemand winge, anglais wing, appartient au gothique vigan, mouvoir, agiter, qui répond mieux au sanscrit vah, porter ; mais la forme nasale est semblable à celle du lithuanien winksznas.

— Bot. Le genre orme renferme des arbres, généralement de grande taille, à rameaux alternes et distiques, portant des feuilles semblablement disposées, ovales, aiguës, dentées, plus ou moins rudes au toucher ; les fleurs, hermaphrodites, ordinairement rougeâtres, paraissant avant les feuilles et groupées en fascicules latéraux sessiles, présentent un calice membraneux à cinq divisions, cinq étamines et un ovaire ovoïde, comprimé, à deux loges uniovulées, surmonté de deux styles divergents ; le fruit est une saniare arrondie, comprimée, monosperme par avortement et entourée d’un large rebord membraneux. Les espèces de ce genre sont assez nombreuses, mais souvent difficiles à dislinfuer, à cause des variétés ou même des hyrides, qui forment des passages insensibles de l’une à l’autre ; elles habitent les régions tempérées de l’hémisphère nord ; la France en possède quelques-unes, mais le plus grand nombre se trouve aux États-Unis ; nous insisterons particulièrement sur celle qui,

connue depuis très-longtemps et universellement répandue, forme, à tous les points de vue, le type du genre.

L’orme champêtre ou commun est un arbre de première grandeur, à racines traçantes et drageonnautes, à tige droite, régulière, recouverte d’une écorce épaisse, gris brunâtre, rugueuse, crevassée, souvent même subéreuse ; ses feuilles, molles et pubescentes dans le jeune âge, plus tard épaisses, rudes et coriaces, varient beaucoup pour la dimension. Cette espèce présente de nombreuses variétés : à tige tortueuse (orme tortillard) ; à écorce subéreuse (orme liège ou subéreux) ; à rameaux dressés (ormepyramidal), étalés horizontalement, pendants (orme pleureur) ; h feuilles très-grandes ou très-petites, avec les variétés intermédiaires, à feuilles diversement découpées, molles ou coriaces, luisantes et presque lisses ou d’un aspect sombre et rudes an toucher, d’un vert foncé ou bronzé, ou bien panachées, bordées ou maculées de jaune ou de blanc, etc. La distinction de ces variétés est assez importante pour que plusieurs d’entre elles aient été désignées sous des noms spéciaux. Le choix de celles que l’on veut Cultiver n’est pas indifférent ; il dépend surtout du but que l’on se propose. Pour les avenues et les plantations de ligne en général, on donnera la préférence aux variétés ordinaires à larges feuilles. Les arbres destinés à être plantés isolément ou à figurer aux endroits les plus apparents des massifs seront choisis panai celles qui présentent quelque particularité remarquable dans la direction des rameaux, la forme ou la couleur du feuillage, etc. Mais, si l’on recherche avant tout l’utilité, si ou cultive l’orme en vue de produire du bois de travail, les variétés à petites feuilles sont bien préférables pour la qualité des produits. Sous ce rapport, on ne saurait trop recommander l’Orme tortillard, facile à reconnaître aux protubérances que présente la tige, à la texture particulière du bois, à la direction verticale des rameaux, aux boutons presque noirs, enfin aux feuilles petites, épaisses, fermes, coriaces et rudes au toucher.

L’orme est originaire des régions de l’Europe centrale, où il est fréquemment cultivé, surtout comme arbre de ligne ; on le trouve souvent aussi dans les forêts, mêlé avec d’autres arbres ; mais il y forme rarement l’essence dominante. C’est un arbre des climats tempérés ; il redoute les extrêmes de température, surtout du chaud ; on le voit s’élever asses haut sur les montagnes, notamment aux aspects du sud et de l’ouest ; mais il vient tout aussi bien en plaine (si toutefois il y trouve un sol convenable), et là les expositions du nord et de l’est sont celles où il prospère le mieux. Sa rusticité est remarquable, même chez les jeunes sujets ; mais il faut se rappeler que ceux-ci lèvent souvent à l’époque des grandes chaleurs, et qu’il sera bon, par conséquent, de leur donner un abri dans les premiers temps. Peu difficile sur la nature du sol, il ne redoute que ceux qui sont trop arides ou marécageux ; la disposition traçante de ses racines lui permet de prospérer même dans les terres peu profondes. Si le fond est frais ou même humide, il croit bien plus rapidement, mais c’est aux dépens de la qualué du bois. L’orme se propage très-facilement de toutes manières. Toutefois, le semis constitue le mode le plus économique et le plus généralement employé

pour créer des massifs forestiers ; on peut même, dans ce cas, se dispenser de travailler toute la surface du sol ; un labour pur bancles ou par carrés peut suffire, du moins dans la plupart des circonstances. En général, quand on est libre de choisir l’époque du semis, on doit préférer le mois de juin ; mais alors il faut préparer un abri aux jeunes plants, qui lèveront à l’époque des chaleurs ; pour cela, on divise le sol labouré en bandes étroites, qui recevront alternativement l’orme

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et une céréale (orge ou avoine) semée d’avance au printemps. Dans certains cas, si le terrain est en pente trop rapide pour être soumis à un labour en plein, on prépare le sol par carrés, ou mieux par bandes alternes ; une partie restant ainsi inculte, l’autre reçoit à la fois l’orme et la céréale, semée alors dans l’unique but de protéger les jeunes plants ; c’est un léger sacrifice, bien compensé par les résultats.

On récolte les graines d’orme à la main, dans le courant de juin ; on les étend en couches minces, dans un lieu bien aéré, et on les remue fréquemment. Comme elles perdent do très-bonne heure leur faculté germinative, il faut, autant que possible, les employer immédiatement ; si l’on est forcé d’attendre à l’automne ou au printemps suivant, on les conserve par les procédés ordinaires, en évitant surtout de les laisser en tas. Au moment du semis, on s’assurera si elles sont de bonne qualité, c’est-à-dire bombées au centre, fermes au toucher, farineuses et humides à la fois, d’Une odeur fraîche, agréable et d’une saveur oléagineuse prononcée. Comme cette graine est très-légère, on évitera de la répandre par les grands vents et de la recouvrir d’une couche de terre trop épaisse. Dans les pépinières, on sème les graines aussitôt après la récolte ; on arrose le semis, si le temps est sec ; on repique les jeunes plants au bout de deux ou trois ans et on leur donne les soins ordinaires, jusqu’à ce qu’ils soient assez forts pour être plantés à demeure.

L’orme, cultivé en massifs, émet une quantité considérable de drageons, dont on peut tirer un parti avantageux pour la multiplication ; mais il faut les relever munis d’une proportion suffisante de racines et les repiquer une fois en pépinière. La propagation par boutures ou par marcottes est très-aisée, mais rarement mise en usage, vu l’avantage que présentent les autres modes. On n’a guère recours à la greffe (en fente ou mieux en écusson sur l’orme commun) que pour propager les variétés bien distinctes et particulièrement l’orme tortillard.

L’orme, même quand il est très-gros, reprend bien à la transplantation. Mais cela ne dispense pas de soigner les plantations en massifs, au moins pendant les premières années ; les soins consistent en binages, sarclages, et au besoin en recepages pour les plants mal venants. Quant aux arbres d’avenue, on doit, autant que possible, éviter de les ététer à la transplantation ; si l’on est forcé de le faire., dans des cas exceptionnels, où reformera la tête au moyen d’un rameau latéral. Dans l’année qui suit la plantation, il faut, outre les deux sèves, ébourgeonner le bas de la rtige ; mais l’élagage proprement dit ne doit <r, être appliqué que plus tard. En général, les 'ormes plantés le long des routes et des chemins sont fort mal dirigés ; on les ébranche d’une manière inintelligente et barbare et c’est là, sans contredit, une des principales causes des accidents (ulcères, nécroses, gélivure, roulure, etc.) que l’on remarque dans les plantations de cette essence ; on ne saurait donc trop recommander ici un élagage rationnel et progressif. Quant aux insectes, malheureusement trop nombreux, qui attaquent l’orme, on ne peut songer à les détruire, ou tout au moins k atténuer leurs ravages, que dans les petites cultures, les moyens de préservation ou’de destruction étant peu ou point applicables en grand.

L’orme n’étant jusqu’à ce jour qu’une essence subordonnée dans les forêts, nous n’aurons que peu de chose à dire sur le mode d’exploitation qui lui convient. On pourrait en faire des futaies, car il réunit toutes les qualités requises pour cela : tempérament rustique, croissance rapide, grande longévité, dimensions considérables^ valeur des produits, facilité de dissémination des.graines, etc. Mais c’est surtout une essence précieuse pour les taillis ; non-seulement il repousse bien de souche jusqu’à un âge très-avancé, mais encore ses racines longuement traçantes émettent de nombreux drageons, qui concourent, avec les graines produites par les baliveaux, à regarnir les vides, sans qu’on ait pour ainsi dire besoin de s’en occuper. Enfin, on exploite souvent l’orme en émondes ou en têtards, à des intervalles qui varient suivant l’objet qu’on a en vue. Comme il supporte très-bien la taille, on en fait de très-bonnes haies vives, des palissades, des brise-vent, etc. Rappelons encore pour mémoire son emploi très-répandu pour les allées, les avenues, les quinconces, etc.

Le bois de l’orme est très-dur et fort, serré, coriace ; ses fibres ligneuses, entrelacées et comme enchevêtrées, lui donnent une compacité et une élasticité toutes spéciales et le rendent fort peu sujet à se fendre. Il a un grain fin, unecouleuragréablement nuancée et peut prendre un beau poli. Les variétés à petites feuilles, et surtout l’orme tortillard, présentent sous ce rapport, et toutes choses égales d’ailleurs, une qualité supérieure. Quand ce bois est encore vert, il est plus aisé à travailler, mais aussi plus sujet à se voiler, à se tourmenter ; aussi est-il bon de ne l’employer que plusieurs années après la coupe. Pour hâter sa dessiccation, il faut le faire sécher rapidement à la flamme et à la fumée ; une fois sec, il ne se déjette plus.

L’orme est un excellent bois de charpente ; il vient, sous ce rapport, après le chêne et le

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châtaignier ; on l’emploie, dans les constructions navales, pour toutes les parties qui sont sous l’eau. C’est un des meilleurs bois d’industrie ; il sert dans la menuiserie et le charronnage, surtout pour les pièces exposées au frottement ou qui exigent de la solidité ; l’orme tortillard est recherché pour faire des jantes de roues ; c’est celui qu’on préfère, dans l’artillerie et les équipages, pour les affûts, les caissons, les fourgons, etc. On en fait encore des vis de pressoir, des écrous, des roues d’engrenage, des arbres et des roues de moulin, ainsi que des billots, des tuyaux de conduite d’eau, des montures d’armes à feu. Les loupes et les broussins d’orme sont employés dans les ouvrages de marqueterie. Ce bois, quand il est sec, est assez bon pour le chauffage et pour la fabrication du charbon ; ses cendres sont très-riches en potasse. Les feuilles d’orme servent à la nourriture dubétail ; dans certains pays, on les récolte avec soin, et on les fait sécher pour les donner en hiver aux vaches et aux moutons, soit en nature, soit après avoir été bouillies dans l’eau. Enfin, les fleurs sont recherchées par les abeilles.

L’orme a eu jadis une grande réputation en médecine, et on emploie encore quelquefois son écorce, ou du moins la partie intérieure (liber) de celle-ci ; on la récolte avant la floraison ; on enlève l’épiderme, puis on divise le liber en lanières longues et étroites, que l’on fait sécher après les avoir préalablement roulées en petits paquets allongés. Cette écorce, telle qu’on la trouve dans le commerce, est mince, très-flexible, dépourvue d épiderme, rougeâtre, inodore, d’une saveur mucilagineuse et astringente. L’analyse chimique y constate une forte proportion d’amidon et de.mucilage ; sa décoction est rougeâtre, visqueuse, et colore en noir les sels de fer. On a beaucoup vanté l’emploi de cette écorce contre les affections cutanées ; on prétend même avoir guéri par ce moyen des maladies qui ressemblaient fort à la lèpre. On l’a préconisée aussi contre l’ascite, les rhumatismes, l’eczéma chronique, les maladies syphilitiques, etc. On l’administre sous forme

de tisane, de sirop ou d’extrait. Mais, comme ce médicament a des propriétés peu énergiques, il faut, pour obtenir un effet sensible, 1 administrer à des doses tellement élevées qu’il devient par cela même débilitant.

On trouve souvent, sur les feuilles de l’orme, des vésicules ou galles, produites par un insecte du genre tenthrède ; leur volume, très-variable, atteint la grosseur du poing ; elles renferment un liquide clair, visqueux, douceâtre, appelé eau d’orme par les anciens auteurs. Vers l’automne, ces galles se dessèchent, et on y trouve, après Ta mort des insectes, un résidu noirâtre appelé baume

d’orme. L’eau dont nous venons de parler était employée autrefois pour les maux d’yeux, les coups, les contusions, et le baume était préconisé contre les maladies de poitrine ; on avait soin de distiller ou de purifier ces produits pour en séparer les insectes. Enfin, les jeunes pousses et les feuilles étaient vantées comme purgatives. Mais ces médicaments sont aujourd’hui presque complètement abandonnés. La sève de l’orme renferme du carbonate de chaux et de l’acétate de potasse, et le terreau produit par ses racines est riche en acide ulmique.

Nous allons passer rapidement en revue quelques autres espèces, cultivées surtout comme arbres d’ornement. L’orme de montagne diffère#de l’orme commun par sa taille un peu moins élevée, ses feuilles plus grandes et cordiformes ; c’est un bel arbre à large cime. L’orme pédoncule a des rameaux diffus, étalés, des feuilles ovales assez grandes. Ces deux espèces croissent spontanément en Europe. L’orme d’Amérique est un arbre de première grandeur, à tige droite, couronnée par une cime ample et bien fournie, à feuilles grandes, ovales, aigùes ; il offre aussi plusieurs variétés. L’orme rouge est un arbre de 20 à 25 mètres, à rameaux étalés et à feuilles ovales, très-grandes ; il appartient, comme le précédent, à l’Amérique du Nord. L’orme de Sibérie ou orme nain est un petit arbre très-élégant, à rameaux grêles et retombant avec grâce ; originaire du nord de l’Asie, il a une végétation irès-précoce. L’orme de Chine est encore une essence de petite taille, à rameaux grêles, portant des feuilles lisses et persistantes.

L’orme joue un certain rôle dans notre histoire et nous rappelle souvent les mœurs, les coutumes, les usages civils et religieux de nos ancêtres. C’est sous son ombrage que les Gaulois et les Francs rendaient la justice et passaient leurs contrats. Au moyen âge, on s’y rassemblait au mois de mai pour tenir les plaids de courtoisie et gentillesse, et se livrer aux jeux sous formel, c’est-à-dire à la danse, au chant et aux concours de poésie. Ce fut souvent aux ormes, placés dans le lieu le plus apparent de chaque commune, que les chasseurs étalaient les dépouilles des animaux qu’ils avaient tués, ou que les paysans venaient payer la dîme. On cita surtout l’orme de Saint-Martial, à Toulouse, où les maîtres du gai savoir tinrent leur première séance. Sous Henri IV, cet arbre utile fut propagé partout, et l’on donne encore le nom deSiilly à plusieurs sujets qui datent de cette époque.

ORME (Robert), historien anglais, né à Anjengo, sur la côte de Malabar (Inde), en 1723, mort en 1801. Son père, chef d’un coinp ORME

toir anglais, l’envoyafaire son éducation dans ■ la Grande-Bretagne, d’où à revint dans l’Inde en 1742. Employé alors comme comptable par la compagnie des Indes, Robert Orme rendit de grands services, prit part à toutes les mesures administratives qui assurèrent aux Anglais la conquête de l’Inde^ fit en 1753 un voyage en Europe, retourna, l’année suivante, dans l’Inde, en qualité de membre du conseil de Madras, se mêla activement, en 1759, aux opérations de la guerre du Carnatic et, devenu riche, voyant sa santé ébranlée par le climat, il retourna cette même année en Angleterre. Pendant la traversée, le vaisseau qu’il montait tomba au pouvoir des Français. Conduit à Nantes, il recouvra la liberté vers la fin de 1760, se rendit à Londres, commença la publication d’un ouvrage sur les guerres des Anglais dans l’Indoustan, reçut alors le titre d’historiographe de la compagnie des Indes, avec une pension de 300 livres sterling, et fit, en 1773, un voyage à Paris pour se mettre en relation avec Bussy, qui avait fait la guerre dans-le Carnatic. On a de lui : Histoire de la guerre des Anglais dans l’Indoustan de 1745 à 1763 (Londres, 1763-1776,

2 vol. in-i<>, avec cartes et plans), ouvrage fort remarquable par son exactitude, son impartialité, et par les intéressantes notions qu’il renferme sur les Indes ; une traduction française en a été donnée à Lausanne (1791,

3 vol. in-12) ; Fragments historiques sur l’empire mogol, sur les Mahruttes et les affaires des Anglais dans l’Inde (Londres, 17S3, in-8°), très-importants pour l’histoire de l’Inde.

ORME (de L’), architecte français. V. De-

LORMB.

ORMÉA, ville d’Italie, province et à 28 kilom. S. de Mondovi, dans les Apennins, sur la rive gauche du Tanaro ; 5,460 hab. Fabrique do draps et de toiles. La muraille dont elle est ceinte et que protège un fort ne l’empêcha pas d’être très-endommagée pendant la campagne de 1796.

ORMEA (Charles-François-Vincent Ferrero, marquis d’), homme d’État piémontais, hé à Mondovi, mort à Turin en 1745. Il était juge à Carmagnole lorsque Victor-Amédée eut l’occasion de trouver en lui un esprit fécond en ressources, adroit, prompt et d’une remarquable activité. Appelé à un emploi important, Ferrero répondit complètement à l’attente de son souverain, qui le nomma comte de Roazio, surintendant des finances et ministre de l’intérieur. Pour rétablir les finances de l’État, Ferrero assujettit à la taille la noblesse, sans -tenir compte de ses murmures, puis se rendit à deux reprises à Rome, gagna les cardinaux par des présents et parvint à faire signer à Benoît XIII un concordat qui mit fin aux discussions de la cour de Rome et de cette de Turin (172S). De plus en plus satisfait des services de son ministre, Victor-Amédée, en abdiquant, recommanda Ferrero, devenu marquis d’Ormea, à son fils Charles-Emmanuel III (1730). Sous le nouveau souverain, le ministre conserva donc son poste et son crédit. « Plein -d’audace et prodigieusement actif, dit Foisset, souple et insinuant sous une apparence de franchise, il montrait tour à tour de la hauteur ou de la modération, imaginait avec promptitude les moyens d’exécution et traitait les affaires de l’État comme si elles eussent été les siennes. » Ayant remarqué que Victor-Amédée, poussé’ par sa femme morganatique, l’ambitieuse marquise de Spino, songeait à remonter sur le trône et à en faire descendre son fils, le marquis d’Ormea résolut d’empêcher la réalisation de ce projet, qui menaçait le Piémont de nouvelles secousses politiques. Avec sa promptitude de décision, il fit signer au jeune roi CharleS-Emmanuel l’ordre d’arrestation de son père et envoya ce dernier, sous bonne garde, au château de Rivoli. À partir de ce moment, d’Ormea devint, après son souverain, le premier personnage de l’État et reçut, outre le portefeuille de l’intérieur, celui des affaires étrangères (1732) et la dignité de grand chancelier de robe et d’épée (1742). En 1741, il signa avec le pape Benoît XIV un nouveau concordat par lequel le roi de Sardaigne, reconnu vicaire perpétuel dit saint-siège dans le Vercellais, avait le droit de nommer aux prélatures de ses États, abolissait le droit d’asile des églises et faisait contribuer le clergé aux charges publiques. Eu 1742, il conclut avec Marie-Thérèse un traité pour défendre le Milanais contre les Espagnols. Lorsque, en 1744, la guerre s’engagea entro la Sardaigne et la France et que les Français vinrent assiéger Coni, d’Ormea, convaincu que la conservation de cette place. était de la plus haute importance, amena lo roi à livrer bataille aux assiégeants, bien qu’il eût des forces de beaucoup inférieures. Le roi de Sardaigne fut battu à la Madona de Olmo (29 septembre 1744), mais parvint pendant la bataille à faire entrer dans Coni des vivres et des troupes, ce qui eut pour résultat de faire lever le siège à l’ennemi. D’Ormea s’éteignit l’année suivante, avec le regret d’avotr été impuissant à écarter les revers qui frappaient son pays.

ORMEAU s. m. (or-mo — dimin. d’orme). Bot. Jeune orme ; orme en général : Pépinière <f ormeaux. Aliéed’oRMiiAUX. Voye^ sur cette coltine cette église entourée de vieux ormeaux, (B. de St-P.)