Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 11, part. 2, Molk-Napo.djvu/76

Cette page n’a pas encore été corrigée

MONT

Montagu, qui épousa Elisabeth de Courtenay. Ce dernier mourut vers 1245, laissant Guillaume, seigneur de Montagu et de Sombernon, marié à Jaequette, dame de Malain. De ce mariage sont issus Guillaume II, qui suit, et Alexandre dk Montagu, auteur de la branche des seigneurs de Sombernon. Guillaume II, seigneur de Montagu, fut père de Eudes II, qui mourut en 1332, ayant eu, de Jeanne de Suinte-Croix, Henri, seigneur de Montagu, mort sans alliance en 1347, laissunt pour héritière sa sœur, Isabelle, qui porta la seigneurie de Montagu à son mari, Robert Damas, vicomte de Chalgn.-De ce mariage sortit, entre autres enfants, Philippe Damixs, seigneur de Montagu, auteur d’une nouvelle maison de ce nom et marié à Jeanne de Crux. lien eut Jean Damas, seigneur de Montagu, père de Louis des MoNTAQu, mort sans enfants.

MONTAGU ou MONTAGUE (sir Édouard), magistrat anglais, né à Bridgstock, comté de Northampton, mort en 155G. Il était avocat lorsqu’il devint membre de la Chambre des communes où, par ses talents, il acquit’une grande influence et fut nommé président de cette assemblée. En 1523, Henri VlÏL/dans un pressant besoin d’argent, fit présenter à la Cnambre un bill de subsides qui fut rejeté. Il appela aussitôt auprès de lui Montagu et lui dit : « Eh quoi ! l’ami, ils ne veulent pas ■ admettre mon bill ? s’il n’est pas passé demain, ajouta-t-il en mettant la main sur la tête du président, cette tête ne restera pas sur vos épaules. «Epouvanté par cette menace, qu’il savait ne devoir point être vaine, le président agit avec tant d’habileté que, le lendemain, l’assemblée votait l’impôt demandé. En 1532, Montagu fut nommé avocat du roi, puis il devint grand juge de la cour du banc du roi, fonction qu’il résigna en 1545 pour prendre l’emploi beaucoup plus lucratif de président du tribunal des plaids communs, entra au conseil privé et fût désigné par Henri VIII comme un des seize exécuteurs de son testament. Sous le règne d’Édouard VI, Montagu contribua à renverser du pouvoir le duc d« Somerset (1549), puis consentit, non sans difficulté il est vrai, à seconder les menées du duc de Northumberland, qui voulait changer l’ordre de la succession au trône en faveur de Jeanne Grey. Pour cette complaisance, après la mort d’Édouard VI, il perdit ses emplois, fut emprisonné à là Tour et, après avoir recouvré la liberté, il alla terminer ses jours dans la retraite.

MONTAGU ou MONTAGUE [Richard), érudit et prélat anglais, né à Dorney, comté de Bnekiiigham, en 1578, mort à Norwich en 1641. Il remplit diverses fonctions ecclésiastiques, devint chapelain du roi Jacques Ier, chanoine de Windsor, puis fut promu, en 1028, à l’évêché do Chichester, qu’il échangea dix ans plus tard contre le siège déNorwich. En 1625, il avait été cité devant la Chambre des communes pour un de ses écrits, intitulé Appel à César, écrit axant pour but, d’après l’accusation, de troubler la paix de l’Église, d’inspirer l’indifférecce aux. fidèles et de les porter autant qu’il était en lui à se réconcilier avec le papisme ; mais il parait que cette poursuite fut abandonnée. Montagu était un homme vfort instruit, dont la plume, dit Fuller, était trempée dans le fiel quand il écrivait contre ceux qui pensaient autrement que lui. Nous citerons, parmi ses ouvrages : Diairibs upon the prst part ofSelden’s history of Tithes (Londres, 1621, in-4») ; Anatecta exercitationum ecclesiaslicarurn (Londres, ! 622, in-fol.) ; Appelle Csesarem (Londres, 1625) ; Anlidialribs ad priorem partem diutribarum J.-C. Bulengeri contra Is. Casaubonmn (Londres, 1625, in-fol.) ; Apparatus ad origines ecclesiasticas (Londres, 1635, in-fol.), etc. Citons aussi de Montagu : The iwo invectiues of Gregory Naziunzeti againtt Julian (Eton, 1610), traduction d’autant plus recherchée qu’on ne la trouve pas dans les éditions de saint Grégoire. • ■ >

MONTAG U ou MONTAG DE (Édouard) ; comte de Sandwich, célèbre général, amiral et homme d’État anglais, né en 1655, mort au combat de Solebay en 1672. Bien qu’il eût été élevé dans les idées du parti qui admettait la royauté absolue, il adopta les opinions libérales de son beau-père, lord Ûrewe, se rangea du côté du Parlement contre Charles Ier, reçut en 1643 ie commandement d’un régiment, à la tête duquel il se conduisit brillamment en plusieurs rencontres, notamment aux batailles de Marston-Moor et de Naseby, fut nommé membre de la Chambre des communes et alla y siéger avant d’avoir atteint sa vingt et unième année. Cromwelî le prit en affection et lui donna une place dans la trésorerie. Quelque temps après, Montagu entra dans la marine, fut adjoint a l’amiral Blake dans le commandement de la flotte de la Méditerranée (1656), puis fût mis à la tête d’une Hotte destinée à empocher les Hollandais d’agir contre la Suède et à aider les Français a. prendre Dunkerque. Pendant cette campagne, il battit les Espagnols près des Dunes et se conduisit de façon à donner une haute idée de ses talents. Après la mort de Cromwell, Montagu reçut un commandement important dans la Baltique et força les Suédois à lever le siège de Copenhague. À cette époque, plusieurs motifs de mécontentement contre l’administration le décidèrent à contribuer au rétablissement do la monarchie des Stuarts. Il revint en Angleterre sans en

MONT

avoir reçu l’ordre, fut destitué ; mais, ’peu après, le conseil d’État l’adjoignit à Monk dans le commandement de la flotte de la Manche. Montagu cingla alors vers les côtes de Hollande, prit à son bord Charles II et le ramena en Angleterre (1660^. En récompense de sa conduite, le roi lui conféra l’ordre de la Jarretière, les titres dé vicomte Hinchinbroke, do comte de Sandwich, et le nomma membre du conseil privé, maître de la garde-robe, vieeamirai d’Angleterre. Lorsqu en 1664 la guerre éclata avec la Hollande, le comte de Sandwich, amiral dé l’escadre bleue, prit un grand nombre de vaisseaux, remporta en 1665 une victoire navale, en employant pour la première fois une manœuvre hardie, qui consiste à couper en deux la ligne ennemie, s’appropria les riches cargaisons des bâtiments capturés etlen donna une partie à ses officiers. De retour à Londres, Montagu fut envoyé a Madrid pour négocier la paix entre l’Espagne et le Portugal (1660). Il réussit complètement dans cette mission, signa en môme temps avec l’Espagne un traité de commerce fort avantageux pour son pays, revint en Angleterre en 1668 et devintpeu aprèï président du bureau de commerce. La guerre ayant recommencé avec la Hollande en 1672, Montagu prit, sous les ordres du duc d’York, grand amiral, le commandement de la flotte, commanda l’avant-garde de l’armée navale lors du fameux combat naval qui eut lieu le 28 mai de cette même année dans la baie de Soledad, tua de sa main l’amiral hollandais Van Ghent, perdit les deux ^iers de l’équipage du Royal-James, qu’il montait, ne put empêcher un brûlot d’aborder son vaisseau, refusa de se sauver et périt dans les flammes, avec tous ses officiers. Quinze jours après, la mer rejeta sur la plage de Harwich son cadavre, qui fut porté à Londres et enterré’a Westminster. On a de lui un certain nombre de Lettres et une traduction du Traité de métallurgie de l’Espagnol Alorizo Barba (1674).

MONTAGD ou MONTAGUE (Jean), comte de Sandwich ; homme politique anglais, de la même famille que le précédent, né à Londres en 1718, mort dans la même ville-en 1792, Lorsqu’il eut achevé ses études, il rit autour de la Méditerranée un, voyage d’où il ^apporta un grand nombre d objets curieux.et d’antiquités. Arrivé à sa majorité, il entra dans la Chambre des lords, combattit là politique d’Horace Walpole, devint.second lord de l’amirauté en.1744, contribua à réprimer l’insurrection jacobite de 1743, prit part, en qualité de ministre plénipotentiaire, aux conférences qui amenèrent le traité ’ d’Aix-la-Chapelle (1748), remplit à trois’ reprises, ’ de 1748 à 1751, de 1763 a 1765, de 1771 à 1782, les fonctions de premier lord de l’amirauté et fit preuve d’une grande habileté administrative lors de la guerre avec l’Amérique II s’attacha à réformer de nombreux abus et encouragea les voyages d’exploration. C’était un orateur plus solide que brillant, plein de bon sens et de modération, un homme affable et généreux. Son chapelain, Jean Codke, a publié le Voyage fait par le comte de Sandwich autour de la Méditerranée pendant les années 1738 et 1739 (Londres, 1799, in-8°).

MONTAGU (Basile), jurisconsulte anglais, né à Londres en 1770, mort à Boulogne-sur-Mer en 1851. Il était fils naturel du cpnUe de Sandwich, qui lui fit donner une excellente éducation. A’la suite d’un procès, il perdit la part d’héritage que lui avait laissée son père en 1792, étudia alors le droit, se fit recevoir avocat’ en 1798 et devint, en 1806, commissaire aux faillites. Montagu a laissé la réputation d’un praticien instruit. Il fonda avec S. Roinilly, Wilberforce, etc., une société ayant pour but d’amener l’abolition progrèssive de la peine de mort. Ses principaux ouvrages sont : Digeste des lois sur les faillites (Londres, 1805, 4 vol. ih-8°) ; Opiniçns de divers auteurs sur la peine de mort (Londres, 1809-1813, 3 vol. in-S°) ; Recherches sur les effets des liqueurs fermentées (Londres, 1814) ; las’Lois et là pratique dans les faillites^ (Londres, 3 vol.. in-8<>) ; les Lois et ta pratique des élections parlementaires (Londres, Ï839, in- 8<>).

MONTAGU ou MONTAGUE (Charles), comte d’Halifax, homme d’État anglais..V. Halifax.

—MONTAGU (Jean du), homme d’État français. V. Montàigu.

MONTAGUE (Mary Pierrepont, lady Wortlby), dame anglaise que son esprit, sa beauté et ses lettres ont rendue célèbre, née à Thoresby, comté de Nottinghain, en 1690, morte eii 1762. Elle était la htle aînée du duc de Kingston. Tout enfant, elle se fit remarquer par l’extrême vivacité de son intelligence, et son père, qui ; était devenu veuf en 1694, se plut à cultiver avec un soin extrême ses heureuses dispositions. Elle reçut, une éducation classique et, eut les mêmes précepteurs que son frère ; avec lui, elle apprit non-seuler ment le français, l’italien, l’allemand, mais aussi le latin ~et le grec. Vivant presque toujours à la campagne, s6it, à Thoresby, soit à Actonjprès de Londres/la jeune fille consacra tous ses instants à la lecture et à l’étude et se lia intimement avec une dame déjà âgée, mais d’un caractère élevé et de beaucoup d’esprit. Celte dame, mistress Anne Wortley, « avait, dit M. Chanut, un fils froid judicieux, beau, instruit, nommé Édouard Wortley Montàgue. Ce jeune homme et lady I Mary eurent occasion un jour de causer ion MONT

guement. Il fut ravi de trouver une jeune fille qui pouvait parler des auteurs classiques et qui montrait autant de jugement que de connaissances. De son côté, lady Mary fut charmée d’un jeune homme qui, au lieu de lui faire la cour, entamait avec elle une discussion sur les héros romains, qui avait été élevé à Cambridge et, de plus, qui avait beaucoup voyagé sur le continent. Ils eurent ensuite une correspondance qui dura deux ans. Il l’aima autant qu’il le pouvait, c’est-à-dire à un degré fort tempéré, et elle l’aima de tout son cœur, mais avec les formes de réserve qu’imposaient les convenances. • Les deux jeunes gens se connaissaient depuis trois ans, lorsque, le duc de Kingston ayant présenté à sa fille un prétendant à sa main, Édouard Wûrtley se décida a se mettre sur les rangs et se vit naturellement préféré. Une discussion d’intérêts amena là due à refuser son consentement : ’mais Mary n’en épousa pas moins celui qu’elle, aimait’, et devint, le 12, aoùt 1712J lady Wortley Montagne. Pendant’ trois ans, le-jeune couple vécut a ja campagne ; mais en 1715, lord Montàgue, alors membre de la

. Chambre des communes, fut nommé au poste de commissaire duTrésor.et alla habiter Londres avec sa femme. L’apparition de lady Montàgue dans la haute„société ; et à la cour produisit, une vive sensation. Sa Beauté, son esprit, son savoir, .le. charmépiquant de sa conversation attirèrent aussitôt autour d’elle les.hbmmes lesplûs distingués’du temps, notamment Àddison, Congrèvè et Pope. En 1716, son mari ayant été appelé au postéd’ambassadeur à Constantinôple, elle voulut le suivre, bien que là guerre que se faisaient les impériaux et les Turcs rendît ce voyage périlleux et, pendant’un séjour de deux années dans le Levant, elle ne cessa "d’écrire à ’ses amis et à ses amies de Londres, à sa sœur, lâdy Rich, comtesse de Nar, à mistress l’histlethwaythe, à Pope, à d’autres encore des

iettres extrêmement remarquables dont nous parlerons dans i’article ci-après. Ce fut pendant qu’elle habitait Constantînople que lady Montagne connut l’usage de l’inoculation. Ayant été frappée des avantages que présentait ce procédé pour ’prévenir les affreux ravages.de la petite vérole, elle fitinocuier son fils et, de retour en Angleterre, elle s’attacha k y faire connaître et à répandre l’usage d’un procédé qu’elle considérait à juste titre comme un bienfait pour l’humanité. Son inari ayant été rappelé en’1718, elle revint avec lui à Londres après avoir visité,1’Archipeli Tunis, les ruines de, Caithage, l’Italie et la France, Quelque temps après, elle alla habiter, près de Londres, au village, de Twiçkenhain. La, pendant vingt ans, ’ellépartagea son temps entre l’éducation de ses enfants, l’étude et la société brillante et lettrée qui se réunissait autour d’elle et qu’elle charmait par son esprit etsaheaulé. Elle était dans tout l’éclat de ses charmes lorsque le peintre Kneller fit son portrait et la représenta, vêtue d’un costume oriental. Pope, était, un de ses plus fervents admirateurs, et il en vint à concevoir pour elle une vive passion. Enhardi par la liberté de ses manières, par les excentricités de son langage, il lui lit.un jour une déclaration en règle. Mais lady Montàgue était vertueuse. Bien que quelque peu ’étourdie, coquette et très-séduisante, elle aimait son mari, le froid et compassé Montàgue, à.qui elle resta toujours fidèle. Pope, d’ailleurs, était d’un physique peu fait pour séduire. À sa déclaration, elle éclata de rire, et le poète en conçut un tel dépit qu’il ne lui pardonna jamais. A partir.de ce moment, il ne cessa de poursuivre de ses traits mordants ceile dont il avait célébré jusque-la l’esprit et la beauté en vers et en prose. ’,

En 1739, l’affaiblissement de la santé de lady Montàgue l’obligea d’aller chercher un climat plus doux que celui de l’Angleterre, Elle partit seule, pour l’Italie, habita successivement Venise, Avignon, Chambéry, Louyère, près du lac I.sep, puisse nouveau Venise. (1758)., Trois ans plus tard, elle apprit la mort de son mari et -sa fille, la- comtesse de Bute, lui demanda de revenir en Angleterre. Elle céda à ses’ instances et mourut, peu après son retour en Angleterre, d’un cancer dont elle était atteinte depuis longtemps. Un’beau monument en marbre, surmonté d’une statue représentant la Beauté en pleurs, fut élevé en son honneur en 1789 dans la cathédrale de Litchfield, Outre les Lettres auxquelles elle doit sa réputation, lady Montàgue a laissé des poésies écrites avec facilité et élégance, mais qui manquent d’inspiration poétique. Ses meilleures sont les six pièces satiriques sur les mœurs de la haute société, qu’elle intitula : Tower. Eclogues. Ses Lettres, publiées après sa mort (1763, 3 vol. in-12) ; ont été Souvent rééditées depuis. Ses Œuvres complètes, avec une notice due à sa petite-fille, Louisa Stuart, ont été publiées en 1836-1837 (3 vol. in-8°).,

« Lady Mary Wortley Montàgue, dit Selden, est une grande dame anglaise du xvmo siècle, aussi célèbre par sa correspondance que Maie de Sévigné l’est en France par la sienne. Son style ; est un modèle d’anglais classique ; elle a vécu familièrement aveu les hommes d’État et les écrivains les plus distingués de son temps, échangé des lettres avec Pope, lord Hervey, le poète Young. Elle a voyagé, pensé ;.elle a eu des opinions politiques et

philosophiques, .Enfin, ^circonstance remarquable chez une femme, elle a montré de

MONT

4âi

l’impartialité dans ses jugements et dtkv modération dans ses vues. D’autre part, die a introduit la vaccine en Angleterre et mérite jusqu’à un certain degré la reconnaissance nationale... La sagesse et l’esprit de Mmt de Sévigné sont d’une mère ; la sagesse et l’esprit de lady Mary Wortley sont d’une grande dame du xviu» siècle. Sa morale est moins saine que celle de Ma" de Sévignéetsa philosophie, souvent empreinte de scepticisme, se borne à estimer les biens positifs et à fuir les maux imaginaires. « Tout le secret du bonheur, disait-elle, consiste à porter de préférence nos regards sut" ce que notre si■ tuation peut offrir d’avantageux, à Elle se proposa de vérifier la justesse, de cet axiome ; mais l’épreuve ne répondit point à son attente et lui montra l’insuffisance d’une sagesse qui repose principalement sur l’êgoïsme et confond le repos avec l’indifférence.’^, ,

Montagne (LETTRES »B LADY WORTLEY)»

publiées à Londres (1763, 1803, 1S17, 1836-1837, 3 vol.). Parmi ces lettres, écrites pour la plupart pendant le voyage qu’elle lit eri Turquie et durant son séjour de deux ans dans ce pays (1716-1718), les plus intéressantes sont celles qu’elle adressa à ses amis et à sa sœur d’Aridrinople, de Constantihople et do Péra. Aucun voyageur n’avait, avant elle, décrit les mœurs-privées des Turcs avec plus d» vérité et de charme.’Douée d’un esprit fin et juste, d’un coup d’œil observateur, d’un* jugement prompt et solide, et admise, à la faveur de son sexe, dans-l’intérieur des sérails et des habitations tuiqueSj elle a vu ce qu’une femme seule pouvait voir, et ellé a peint, avec autant.de sagacité que de finesse, ce qu’avant elle personne n’avait encore eu le moyen de découvrir. En général, ses Lettres ont de l’aisance, de la grâce, de la facilité ; on y trouve une élégance naturelle, une grande variété de tournures et d’expressions et des traits spirituels qu’il est rare de rencontrer à un égal degré dans les relations de voyages, l.ady Montàgue raconte et décrit sans cesse ; elle sait répandre de l’intérêt sur les choses les plus frivoles et de la gaieté sur celles qui en paraissent le moins susceptibles ; elle met surtout dans ses descriptions tant de simplicité, de clarté et d’ordre, qu’on voit pour ainsi dire les objets dont elle parle ; les personnes qu’elle passe en revue. Si, dans ses Lettres, elle a moins de naturel, ’d’abandon, de grâce et do sensibilité que Mme de Sévigné, à qui on l’a fréquemment comparée, elles prouvent, en revanche, plus d’instruction, plus de goût et plus de solidité dans lo jugement. •’•■•■ ■ > ■ ■■ ’ "’

La correspondance de lady Montagne a, sur presque-tous les recueils épistolairés, ’ un immenseavantiige-, -elle n’a point pour objet de raconter de petites intrigues ou d’insignifiantes anecdotes sur un cercle où une coterie, mais bien de donner une foule de détails absolument neufs lorsque lady Montàgue écrivait et qui sont curieux encore aujourd’hui, grâce à l’immobilité des coutumes de l’Orient. Nonobstant quelques défauts, tels que le manque de douceur et de délicatesse, des traces de pédanterie et une hardiesse cavalière à raconter des détails scabreux, les Lettres de lady Montàgue ’se maintiennent à un rang éminent dans les productions de la littérature anglaise, grâce à l’esprit et au style vif et pittoresque de l’auteur. Ces Lettres ont été traduites en français par Atison (1805, 2 vol. in-12).

MONTAGUE (Édouard WortleyJ, écrivain anglais, fils de la précédente, né à Londres en 1713, mort à Padoue en 1776. Il s’est rendu fameux par la bizarrerie de son caractère et par ses aventures. Il fut le premier Anglais sur lequel ait été pratiquée l’inoculation. Édouard Montague passa les premières années de sa vie à Constantinople, où sa mère l’avait conduit. De retour en Angleterre (1719), on le mit au collège de Westminster ; mais peu après il disparut, et un ami de sa famille finit par le retrouver au service d’un marchand de poisson, Ramené au collège, il s’échappa de nouveau, s’embarqua sur un navire, se rendit en Portugal et y devint, conducteur d’ânes. Le hasard le fit rencontrer au bout de quelques années4 par le capitaine du navire sur lequel il avait servi comme mousse. Pour la seconde fois, il fut ramené à sa famille. Celle-ci, pour satisfaire sa passion des voyages, l’envoya dans les colonies avec un homme instruit, le révérend Forster, chargé de terminer son éducation. Après avoir longtemps couru le monde, Montague revint en Angleterre, se livra avec passion au jeu, s’endetta et, pour échapper à ses créanciers, se rendit à Paris (1751). Mais à peine arrivé, il fut emprisonné au Châtelet, comme ayant joué un rôle dans une affaire honteuse. Toutefois, il parvint à recouvrer la liberté, passa de nouveau-en Angleterre, où, pendant quelque temps, il mena une vie assez tranquille, fut nommé eu 1754 membre de la Chambre des communes, où il joua un rôle des plus effacés, puis reprit le cours de ses voyages, parcourut la terre sainte, l’Égypte, l’Arménie, l’Italie, séjourna pendant plusieurs années à Constantinople, prit l’habit musulman et adopta tous les usages des Turcs. Son père en mourant ne lui laissa de son immense fortune qu’une rente de 1.000 livres sterling et sa mère se borna à lui léguer une guinée (1762). Il se trouvait à Padoue et dînait avec le peintre Roumey, lorsqu’un os

61