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plus généreux sentiments, souffle sur l’enthousiasme, disperse les illusions et ne laisse guère à l’homme ou à la femme que l’égoïsme. Il y a de délicates analyses dans cette Napoline, qui pourtant a été trop prônée par les habitués du salon de la dixième Muse. « Dans Napoline, dit Sainte-Beuve, Mme de Girardin suppose une jeune fille, une amie intime qui se croit fille du grand homme du siècle, de Napoléon, et qui l’est, grâce à une faute de sa mère, et c’est bien pourquoi on l’appelle Napoline. Cette jeune fille, que Mme de Girardin décrit avec une complaisance de sœur, a tous les enthousiasmes d’abord, tous les cultes et tous les amours d’un cœur de jeune fille. »

Napoline aime le comte Alfred de Narcet et en est aimée d’abord ; cependant, au moment de l’épouser, le comte s’aperçoit que, si elle a une jolie figure et beaucoup d’autres qualités, elle n’a guère de dot, et alors il la sacrifie à une duchesse, puis à une grosse héritière. Justement, une fortune échoit en ce moment à Napoline. Alfred n’est pas encore marié et tout peut se réparer ; aussi rentre-t-il précipitamment chez lui en apprenant que Napoline l’y appelle. Il la trouve, en effet, dans sa chambre, mais elle s’y est tuée : la jeune fille n’avait pu survivre à un abandon qui avait froissé chez elle les sentiments les plus délicats.


NAPOLITAIN, AINE adj. (na-po-li-tain, è-ne — du lat. Neapolis, Naples). Géogr. Qui appartient à Naples, au royaume de Naples ou à leurs habitants : Les mœurs mapolitaines. Les bandits mapolitains s’arrêtent au son de l’angelus, au moment de commettre un crime. (L. Gozlan.)

— Pharm. Onguent napolitain, Préparation mercurielle employée contre la syphilis ou mal de Naples,

— Substantiv. Habitant de Naples ou du royaume de Naptes : Le Napolitain n’a besoin que de peu travailler pour gagner sa vie. (St-Marc Gir.)

— s. f. Mus. Espèce d’orgue de Barbarie.

— Jeux. Au tré-sept, Réunion dans une main du trois, du deux et de l’as d’une même couleur : Napolitaine en cœur, en trèfle.

— Comm. Etoffe de laine cardée, chaîne et trame pure laine, lisse, rase et non foulée, qui est presque exclusivement employée pour vêtements de femmes : La mapolitaine a été créée à Eeims en 1824 ou 18Z5, et, depuis cette époque, elle est demeurée un produit spécial et exclusif des fabriques de cette ville. (Bezon.) La véritable mapolitaine n’est pus foulée ; mais on fabrique une sorte de mapolitaine qui est soumise au foulage, et qui est plutôt un peiit drap àe l’espèce appelée drap de dame. (Bezon.)

— Encycl. B.-arts. L’école napolitaine ne se distingue pas aussi nettement que les autres écoles, vénitienne, romaine, lombarde, de l’histoire générale de l’art en Italie ; on ne trouve guère une époque précise où elle ait dominé toutes les autres, et les principaux maîtres qu’on y rattache peuvent en être distraits. Ainsi Giotto, qui travailla longtemps à Naples, doit être rattaché à l’école florentine ; Ribera, que revendique l’école napolitaine, appartient à l’une des écoles espagnoles ; Polydore de Caravage, à l’école romaine, . et Salvator Rosa, Napolitain de naissance, n’a presque rien fait à Naples.

Cependant si, au cours de la Renaissance et même au xvie siècle, il n’y eut véritablement pas d’école napolitaine, au xvne siècle le grand nombre de maîtres appelés à Naples concoururent k faire de cette ville un centre artistique important. Aucun lien ne rattache, il est vrai, ces maîtres les uns aux autres, et c’est à peine si l’on peut donner le nom d’école, comme le dit très-bien Ménard, à une coterie d’artistes aussi célèbres par leurs crimes et leurs intrigues que par leur talent, et dont l’histoire ressemble a celle d’une troupe de bandits. Nous passerons donc légèrement sur ces origines d’une école napolitaine, que Lanzi fait remonter aux premières colonies grecques et dont il voit la continuation dans les auteurs inconnus de charmants vases peints et de belles mosaïques des époques romaine et byzantine. Quelques maîtres napolitains apparaissent au xive et au xve siècle : Tommaso dé Stefani, surnommé le Gioitino, qui avait reçu à Naples des leçons du grand artiste florentin, appelé par le roi Robert, ou qui, du moins, put étudier ses nombreuses œuvres à l’église Sainte-Claire, à Sainte-Marie-Couronnée et au château de l’Œuf ; Nicol’ Antonio del Fiore, dont il existe encore quelques peintures à San-Lorenzo ; Antonio Solario, surnommé il Zingaro, bohémien, d’abord forgeron, puis peintre paramour, comme le Flamand Quentin Metsys, et qui peignit à fresque, avec un grand talent, le cloître de Saint-Séverin ; un grand nombre de ses tableaux, remarquables par l’incroyable variété des figures et la précision du dessin, ornent la plupart des églises de Naples. L’engouement pour ce maître fut tel, que sa manière, appelée zingaresque, subsista longtemps après lui dans toute une lignée d’élèves, dont les principaux sont Simone Papa, Angiolino di Roccadireme, Silvestro dé Buoni, Bernardo et Raimo Tesauro. Cette petite école est toute réaliste et, exagérant la vérité du maître, tombe parfois dans le grotesque et la caricature.

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Andréa Sabattini de Salerne (1430-1545), qui travailla beaucoup à Naples, fit une heureuse réaction en y important le style et le goût de ses maîtres, Pénigin et Raphaël ; ses élèves, Césare Turco, Francesco et Fabrizio Santafede, Paollilo et surtout Polydore de Caravage (mort en 1543), fondèrent une brillante école que l’on peut surtout rattacher à ce dernier ; il eut pour disciples k Naples Giambernardo Lama, l’Espagnol Francesco Ruviale, Marco Cardisco, dit le Calabrese, Battista Crescione et Leonardo Castelani, avant d’aller fonder à Messine une école encore plus renommée. Léonard, surnommé le Pistoja, Francesco Curia, Hipp. Borghese, Giov. Corso, Francesco Imparato suivirent, au contraire, les traces de Gio. Francesco Penni, dit le Fattore, et de Perino del Vaga, ces grands admirateurs de Raphaël ; Marc de Sienne et Angiolo Criscuolo imitèrent la manière de Michel-Angé, importée à Naples par Vasari, qui vint y peindre le réfectoire des Pères olivétains et y exécuta beaucoup d’autres travaux. Antonio Amato, Pirro Ligorio, Giuseppe Valeriani, Matteo de Lecce et Piètre-Negrone marquent la fin de cette période.

Michel-Ange de Caravage, réfugié à Naples en 1606, k la suite d’un homicide, peut être considéré comme le chef de la véritable école napolitaine, celle du xvue siècle, quoique le plus illustre de ses élèves, Ribera, ait aussi étudié d’autres maîtres et soit réclamé par l’Espagne ; Corenzio, Ribera et le Caracciolo tinrent de lui, non-seulement son faire violent, mais ses mœurs brutales et agressives. Ces trois artistes, dont un seul eut un immense talent, formèrent une association dont le but étuit d’empêcher quiconque n’était1 pas eux, leurs élèves ou leurs amis, d’exercer la peinture à Naples. Excellents spadassins, ne reculant devant aucun coup de force, ils restèrent, en effet, maîtres du terrain. Annibal Canache, le Josépin et le Guide furent obligés de fuir précipitamment, laissant leurs travaux interrompus ; Geisi, élève du Guide et qu’on avait fait venir pour le remplacer, n’eut pas même le temps de s’installer ; deux de ses élèves ayant été jetés à l’eau par cette, féroce association, il s’enfuit bien vite ; lé Dominiquin, appelé pour refaire de mauvaises fresques du Caracciolo, fut en butte à toutes sortes de menaces et de mauvais traitements ; il s’obstina pourtant et finit par mourir empoisonné. Corenzio et Caracciolo ont couvert d’innombrables fresques, d’uné qualité médiocre, la plupart des églises de Naples ; leurs meilleurs morceaux sont dans la chapelle de Saint-Janvier. Ribera, du moins, laissa à Naples de nombreux chefs-d’œuvre : la Descente de croix, de la Chartreuse ; le Martyre de saint Janvier, dans la chapelle du Trésor ; le Saint Jérôme, de la Trinité. À côté de cette tapageuse coterie, Santafede, Lanfranc et Stanzioni, plus connu sous le nom de chevalier Massimo, faisaient le moins de bruit possible ; ils héritèrent de la suite des travaux lorsque le Caracciolo fut mort, que Corenzio se fut tué en tombant d’un échafaudage, et que Ribera, ayant eu l’une de ses filles violée, renonça à peindre. Massimo Stanzioni, élève du Caracciolo, artiste ingénieux et abondant, d’une facilité et d’une prestesse d’exécution extraordinaires, est regardé comme le maître en qui s’incarnent le mieux les qualités et les défauts de l’école napolitaine. On regardait comme son chef-d’œuvre un C/irist mort, à la Chartreuse de Naples. Ribera persuada aux religieux que ce tableau avait betoin d’être nettoyé et le leur fit laver avec une eau corrosive qui détacha toute la peinture ; ses élèves, Muzzio Rossi, Francesco Rosa et sa nièce Aniella, poignardée par son mari, Agustin Beltrano, autre disciple de Stanzioni, Bernardo Cavallino, Andréa Vaccaro, continuèrent ses traditions ; le dernier l’égala presque par sa facilité à imiter tous les genres ; il faisait k volonté du Michel-Ange ou du Guide de façon à tromper les connaisseurs ; ce n’est la qu’un art de décadence.

Avant de s’éteindre, l’école napolitaine jeta un vif éclat avec Aniello Falcone, Salvator Rosa, Luca Giordano et Solimène. Les deux premiers furent, avec Giov. Do, Barthol. Passante et Franc. Franeazoni, les élèves de Ribera ; mais Salvator Rosa passa peu de temps à cette académie et peut k peine compter, quoique Napolitain, dans l’école de Naples. Compromis dans l’insurrection de Masaniello avec Falcone, qui s’était fait nommer capitaine de la fameuse compagnie de la mort, il s’enfuit à Rome, tandis que son ami se sauvait en France. Si on peut le compter dans l’école napolitaine, c’est le plus grand artiste de cette école. Falcone, qui comme lui peignait des paysages d’une grandeur sombre, coupés de lumières blafardes et d’ombres noires, eut le temps de faire quelques élèves : Domenico Spadaro, Viviani Codagora, Carlo Cappola, Andréa di Lione. La grande peinture parut renaître un moment avec Luca Giordano (seconde moitié du xvns siècle), élève de Pierre de Cortone à Rome et de Ribera à Naples ; ses Marchands chassés du temple, aux Hiéronymites, attestent la fougue et la vigueur de son exécution. Il inonda Naples, Florence, Rome, Venise de ses œuvres, et, appelé en Espagne, y laissa encore d’innombrables tableaux, témoignant d’une facilité d’invention toujours égale, d’une audace qui ne se démentait jamais ; la couleur en est fraîche et transparente,

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mais le style est peu élevé. Luca Giordano marque la limite extrême entre l’art, dont il fut le dernier représentant, et la décadence que précipitèrent ses disciples, Aurello et Niccolo Rossi, Giuseppe Simonelli, Franceschitto, Paolo de Matteis j ce dernier, le plus habile de tous et celui qui garda quelque originalité propre, vit quelques-unes de ses qualités revivre dans Giuseppe Mastroteo et Gianbattista Lama. Après P. de Matteis, on ne peut citer que Solimène, qui se forma à Naples par l’étude de Preti et de Lanfranc, dont il reproduit les principaux traits ; sa fécondité était presque égale à celle de Luca Giordano et beaucoup d’églises de Naples possèdent de ses compositions, assez rares en dehors du territoire napolitain. Ses élèves, Ferd. Sanfelice, Franc, de Mura, Scipion Capella, ne furent guère que ses copistes. Son école se perpétua jusqu’au milieu du xvme siècle.

Napolitain (LE DANSEUR) OU le Jenne p6ebeur napolitain damant la tarentelle, Statue

de bronze, chef-d’œuvre de Francisque Duret. Un adolescent svelte, élégant et souple, exécute la danse favorite du peuple napolitain avec une légèreté, une gaieté et une^u-7-i(i tout k fait channa’ntes. Cette statue obtint un grand succès au Salon de 18G3, où elle figura en regard du Jeune pêcheur à la tortue, cet autre chef-d’œuvre signé du nom de Rude. T. Gautier, qui débutait alors dans la critique d’art, lui consacra les lignes suivantes : > Le Danseur napolitain de M. Duret est remarquable sous plus d’un rapport ; la pose est élégante et hardie ; il y a du mouvement et de la vie dans ce bronze ; le sourire joue sur la bouche ; les yeux, chose rare en sculpture, ont du regard et de l’expression ; il y a. bien çà et là quelques réminiscences de formes antiques, mais, somme toute, c’est une bonne chose. Le sujet est adroitement choisi, et il a permis à M. Duret de déployer son talent à traiterlenu.» Unautre critique, M. Ch. Lenormant, s’exprima ainsi : à Comme lignes, comme effet, sous tous les points de vue, le Jeune pêcheur dansant exerce une séduction irrésistible. On y trouve toute la nouveauté que l’art peut se permettre sans tomber dans l’affectation, tout le mouvement qu’on peut atteindre sans encourir le reproche de maniéré et de tortillage. • L’exécution, toutefois, ne parut pas sans défauts à M. Lenormant : • Plus complète au premier abord que la figure de M. Rude, dit-il, celle de M. Duret résiste moins kla froideur de l’examen ; les jambes manquent de finesse dans l’étude ; le torse est plus remarquable à cet égard ; mais les bras, le cou et la tête sont certainement trop grêles pour le reste de la figure ; il y a de l’incertitude dans le type choisi par M. Duret, comme âge et comme développement ; la tête est féminine, malgré la petite moustache qui ombre les lèvres, et toute cette partie de l’ouvrage tombe presque dans le gentil. • Quelque fondées que puissent être ces critiques, le Jeune pêcheur dansant la tarentelle n’en doit pas moins être considéré comme une des meilleures productions de la statuaire au XIX« siècle ; après avoir longtemps figuré au musée du Luxembourg, il a pris place parmi les chefs-d’œuvre du Louvre. Au Salon de 1838, Duret exposa un autre Danseur napolitain, • projet de statue destinée, dit le catalogue, à faire pendant à celle du Luxembourg. à Ce nouvel ouvrage, simple projet, d’ailleurs, n’eut pas le succès du premier ; c’est par erreur qu’il a été signalé dans la biographie*de Duret, comme étant l’œuvre capitale de l’artiste et celle qu’on a coutume d’appeler le Danseur napolitain ; ce titre, que le Jeune pécheur dansant la tarentelle reçut dès son apparition, lui a été conservé depuis. Le type napolitain, le plus animé et l’un des plus gracieux de l’Italie, a fréquemment inspiré nos artistes. Outre les statues de Duret et de Rude, nous citerons : un Napolitain jouant à la morra, statue de M. Franceschi (Salon de 1853) ; un Petit pêcheur napolitain, statue de marbre par M. Forceville-Ûuvette (Salon de 1S54) ; une Jeune femme napolitaine apprenant la prière à son enfant, groupe exposé par A. Husson au Salon de 1842 ; une Napolitaine des montagnes, buste de marbre par Clesinger (Salon de 1859) ; un Pêcheur napolitain, tableau de Barbier-Walbonne (Sulon de 1822) ; des Napolitains en prière, tableau de Lugardon (Salon de 1831J ; une Vieille napolitaine, buste par R. Belliazi (Salon de 1873), etc.

NAPOFHILE s. m. (na-po-fi-le — du gr. napé, vallée boisée ; philêo, j’aime). Ornith. Genre-d’oiseaux, très-voisin des guêpiers.

NAPOTHÈRE s. m. (na-po-tè-re — du gr. napê, vallée boisée ; therêo, je chasse). Ornith. Genre d’oiseaux, voisin des pies-grièches.

NAPOULE, village de France (Var), arrond. et k 50 kilom. E. de Draguignan ; 60 hab. Verrerie. Ce village donne son nom k un petit golfe formé par la Méditerranée et qui s étend entre Napoule et le cap de laOroisette, sur une largeur de 8 kilom. Quelques restes de murailles romaines, et ruines d’un château fort bâti au xive siècle.

NAPPE s. f. (na-pe — lat. mappa, même sens. Ce changement du m en n se rencontre dons quelques autres mots). Linge dont on couvre la table pour prendre ses repas : Nappe ouvrée, damassée. Une mappe blanche ?

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Mettre la mappe. Chez les liomains, il n’y avait point de mappe sur la table. (Ste-Foix.) Sous Henri III, la mappe était plissée et frisée comme les collerettes depuis François /".. (De Cussy.) Le linge de corps et de table est un luxe inconnu en Orient ; on mange sans mappe. (Th. Gaut.)

La nappe encore vierge est mise pour l’orgie.

Tu. de Banville.

La déesse en entrant, qui voit la nappe mise, Admire un si bel ordre et reconnaît l’église.

Boileau.

J’ai vu les plus purs fronts rouler après l’orgie, Parmi les Ilots de vin, sur la nappe rougie.

Th. Gautier.

— Par anal. Couche plane : Cette mine de fer est déposée en mappes, c’est-à-dire par couches horizontales, comme tous les autres sédiments des eaux. (Buff.) Il Vaste étendue superficielle : Une mappe d’eau. Une mappe de verdure. L’hiver s’annonce en couvrant le sol refroidi d’une mappe blanche. (Fr. Pillon.)

Loin des yeux de Cérès, le blé monte et jaunit. S’allonge en nappe d’or, mollement s’aplanit.

Boisjolin.

L’œil aime a contempler ces frais amphithéâtres, Et l’or des feux du jour sur les nappes bleuâtres.

Dei.ii.le-

Mettre la nappe, Donner à dîner. Signifie aussi Fournir pour un repas la salle, le couvert et certaines parties des consommations, les convives se chargeant d’ailleurs de fournir les mets.

La nappe est toujours mise dans celte maison, On y trouve à boire et à manger à quelque heure qu’on y vienne.

Il a trouvé la nappe mise, Se dit d’un homme sans fortune, qui a fait un riche mariage.

— Prov. Celui qui met la nappe est toujours le plus foulé, La plus grande dépense et la plus grande peine sont pour celui qui donne a dîner.

— Hist. Trancher la nappe, Se disait de l’action d’un héraut qui, pendant un banquet solennel, venait couper la nappe devant un des convives, pour lui reprocher un acte déloyal, ou le faire rougir de son oisiveté. Alain Chartier attribue à Du Guesclin l’introduction de cette coutume.

— Ltturg. Nappe d’autel, Linge dont on couvre l’autel. || Nappe de communion, Linge placé devant les communiants.

— Hydraul. Nappe d’eau, Espèce de cascade, dont l’eau tombe en s’étendant sans se diviser.

— Topogr. Nappe d’eau, Niveau général des eaux d’un canton.

— Géol. Nappes d’infiltration, Eaux souterraines occupant de larges surfaces.

— Véner. Peau de cerf qu’on étend par terre, quand on veut donner la curée aux chiens.

— Oisell. Filet qui sert à prendre les cailles, les alouettes, les ortolans : On prend les alouettes avec des mappes ou filets de huit à neuf toises de long sur une disaine de pieds de haut. (Dict. delà Convers.) Il Pièce de filet à tissu uni.

— Pêche. Nappe de filet, Certaine étendue de filet simple, que l’on tend à plat.

— Techn. Morceau de toile blanche sur lequel les bouchers suspendent leurs grands quartiers de viande. Il Nom donné, dans les filatures de coton, au coton sortant de la première carde sous la forme d’une large étoffe légère et d’égale épaisseur.

— Constr. Large table de plomb, employée pour mettre certaines surfaces à l’abri de la pluie.

— Géom. Nom que l’on donne habituellement à une portion indéfinie d’une surface courbe : Les mappes d’un hyperboloïde de révolution. Les deux branches de l’hyperbole s’obtiennent en coupant par un même plan tes deux mappes d’un cône. Il Se dit quelquefois, mais rarement, d’une portion fermée de surface.

— Encyol. Econ.’dom. L’usage des nappes remonte, suivant quelques historiens, à Louis le Débonnaire. C’est, suivant eux du moins, vers 830 environ de notre ère que s’introduisit l’usage des nappes en toile ; plusieurs années avant cette date, on avait fuit des nappes en cuir et même en parchemin. Selon Ermold le Noir, poëte contemporain de Louis Ier, les nappes dont on couvrait la table de ce monarque étaient velues et peluchées. Au xii® et au xme siècle on les nommait doubliers parce qu’elles étaient doubles. À cette époque et jusqu’à l’emploi des serviettes, lesquelles, suivant Montaigne, ne commencèrent à être en usage que de son temps, soie à la fin du xvie siècle, chaque convive s’essuyait avec la portion de nappe qui pendait devant lui. La. nappe est aujourd nui d’un usage commun et recouvre la table dans toutes les maisons aisées, au moins aux jours où le maître de la maison donne à dîner.

— Liturg. Au moyen âge, on garnissait de nappes les dressoirs et les crédences. Ces nappes étaient souvent fort riches, en linge damassé, avec des bordures et des franges d’or, de soie, etc. Les nappes de table se comfiosaient comme aujourd’hui de deux pièces, a nappe proprement dite descendant jusqu’à terre, et le napperon ne s’étendant que jus-