Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 11, part. 2, Molk-Napo.djvu/428

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

bre ou d’épisodes grotesques, le poëte apparaît dans des pages d’une ciselure merveilleuse. Telle est cette magnifique comparaison que Victor Hugo fait de la stabilité des institutions impériales avec celle de la Néva, tant qu’elle est gelée : on bâtit des maisons dessus, de lourds chariots lui marchent sur le dos ; ce n’est plus de l’eau, c’est de la roche. Les passants vont et viennent sur ce marbre qui a été un fleuve. On improvise une ville, on trace des rues, on ouvre des boutiques, on vend, on achète, on boit, on mange, on dort, on allume du feu sur cette eau ; on peut tout se permettre. Ne craignez rien, faites ce qu’il vous plaira, riez, dansez, c’est plus solide que la terre ferme, cela sonne sous le pied comme du granit.

Puis, tout à coup, entendez-vous ce bruit sourd ? entendez-vous ce grondement profond et formidable ? C’est la débâcle, c’est la Néva qui s’écroule ! Oui, nous l’avons entendu ce craquement prophétisé à dix-huit ans de distance. Un admirable livre surtout, c’est celui où Victor Hugo résume à grands traits l’histoire de la tribune française depuis Mirabeau, montre tout son rayonnement, jette en passant un mot aux grands orateurs qui l’ont illustrée, groupe autour d’elle toutes les gloires de notre nationalité pour aboutir à cette conclusion sèche et tranchante : « C’est là ce que M. Bonaparte a supprimé ; Alléluia ! dit M. Sibour. Hosanna ! répond M. Parisis. »

Napoléon le Petit est un livre qui restera ; il faut le lire et le relire ; il est bon qu’un pays comme la France retourne de temps en temps à cette page néfaste de son histoire pour que les défaillances du passé servent au moins d’enseignement.

Napoléon III, sa vie, ses œuvres et ses opinions, par A. Morel (1870, in-18). Publié un peu avant le plébiscite de 1870, au moment où Napoléon III était encore tout-puissant, ce livre était un acte de courage de la part de l’auteur et de la part de l’éditeur, A. Lechevallier. On y garde peu de ménagement pour l’homme de Décembre, et les sous-entendus, les rapprochements qui pullulent, les révélations sur la vie privée du prince et de son auguste famille ont dû être bien malvenus aux Tuileries.

À proprement parler, ce livre est moins une biographie qu’une analyse philosophique, une étude de caractère. Il semble avoir été composé d’après la théorie favorite de Taine : expliquer l’homme, son caractère, ses tendances et ses actions, d’après les lois du sang et des milieux. Dans cette théorie, la filiation devient la première base de recherches, et M. A. Morel n’a pas manqué d’exposer la vie et les aventures capricieuses de la reine Hortense, de rappeler son attachement pour l’amiral Verhuel, et comme, plus loin, en maint endroit, il attribue fort justement à Napoléon III un flegme tout hollandais, la conclusion à tirer du rapprochement est facile : on ne pouvait pas en dire davantage en 1870.

Toute la dynastie des Bonaparte,

Race d’Agamemnon qui ne finit jamais,

est passée rapidement en revue ; chaque personnage est analysé, disséqué en quelques lignes, et cette galerie, qui sert de préface au volume, n’en est pas la partie la moins curieuse. L’analyse est naturellement plus complète et poussée à fond pour Napoléon III ; mais les nombreuses pages consacrées à la reine Hortense, pages très-finement écrites, offrent de cette singulière femme un portrait vivant et qui reste dans l’esprit. Pour le héros du 2 décembre, l’auteur a pris soin de ne porter son jugement que d’après les écrits publics émanés de lui, écartant ainsi les faits en eux-mêmes, et les écrits intimes, comme les lettres confidentielles. C’est ainsi que les premières années de Louis Napoléon, ses hauts faits dans la charbonnerie italienne, son voyage en Amérique, ses séjours à Londres, l’échauffourée de Strasbourg, le coup de main de Boulogne, l’emprisonnement de Ham, sont appréciés d’après des documents émanés de l’homme. On est surpris de la richesse des aperçus que peut offrir ce genre d’investigation, insuffisante au premier abord. Tout le trouble de ce cerveau obscur, encombré de rêves et de théories contradictoires, ressort admirablement de cette patiente analyse. Toutefois, l’auteur n’extrait pas la pensée de Napoléon sur un fait donné de sa vie des documents concernant ce fait lui-même ; il la recherche dans d’autres endroits de ses œuvres, où elle a pu lui échapper et où alors il est certainement sincère. Ainsi, c’est dans l’Histoire de César qu’il va chercher le jugement du prince sur ses complices du coup d’État : « Aux époques de transition, et c’est là l’écueil, lorsqu’il faut choisir entre un passé glorieux, et un avenir inconnu, les hommes audacieux et sans scrupule se mettent seuls en avant... Des gens souvent sans aveu s’emparent des passions bonnes ou mauvaises de la foule. Pour constituer son parti, César recourut quelquefois à des agents peu estimables : le meilleur architecte ne peut bâtir qu’avec les matériaux qu’il a sous la main. » Voilà les Morny, les Maupas, les Magnan, les Saint-Arnaud jugés par leur maître.

L’auteur s’arrête au coup d’État ; en effet, l’analyse psychologique de l’homme peut être considérée comme complète à cette époque ; il ne fait plus que développer, dans un sens prévu, les tendances qu’un examen attentif a pu démêler dans la première partie de sa carrière.

Napoléon III. Iconogr. Il est triste de penser que, de tout temps, artistes et poëtes ont rivalisé d’empressement à consacrer leurs œuvres à la glorification des potentats. Sans doute, il est des âmes fières et viriles que rien ne peut courber et qui ne craignent pas d’imprimer au despotisme la flétrissure d’une poésie ardente ou d’une peinture vengeresse ; mais, hélas ! beaucoup plus grand est le nombre des adulateurs et des plats valets.

À peine arrivé au pouvoir, Napoléon III trouva des poètes pour célébrer ses hauts faits et des artistes pour transmettre à la postérité sa physionomie indécise, louche et vulgaire. Comme président de la République, il parut au Salon de 1849, sculpté en marbre par M. Émile Thomas ; voici comment cette image fut appréciée par Louis Desnoyers, dans le Siècle : « L’enthousiasme du ministère de l’intérieur a commandé à M. Thomas le buste de M. le président de la République. L’exécution est bonne, quoique un peu molle. ; l’attitude est auguste, comme dirait M. l’évêque de Meaux. Quant à nous, simple mortel, nous dirons tout bonnement que la pose a de la dignité et que l’expression de la figure ne manque pas d’intelligence. M. le président de la République est représenté de grandeur surnaturelle, en costume de général, épaulettes à graine d’épinards et grand cordon, en un mot, en véritable costume de premier magistrat. La ressemblance physique, enfin, est de celles qu’on peut appeler officielles : ce n’est pas de la vérité vraie, de la vérité qui sort du puits ; c’est de la vérité approximative, c’est de la harangue en marbre. Heureux, du reste, les grands fonctionnaires, si on ne les flattait jamais qu’en effigie ! Ce buste de M. le président de la République, selon toute apparence, est destiné à servir de prototype pour tous les plâtres qu’attendent avec tant d’impatience les mairies des 30,000 communes de France, depuis qu’elles ont envoyé celui de Louis-Philippe rejoindre ceux de Charles X, de Louis XVIII et de Napoléon Ier dans les greniers municipaux, malgré l’enthousiasme successif des vénérables prélats de Meaux. » Une reproduction en bronze de ce buste a figuré au Salon de 1850. À ce dernier Salon aussi a paru le portrait équestre du président de la République, par Horace Vernet, au sujet duquel nous ne pouvons mieux faire que de citer encore l’opinion du spirituel Desnoyers : « Le portrait de M. le président de la République, par Horace Vernet, se recommande à la curiosité par le sujet en même temps que par l’exécution. M. Vernet ne procède que par tours de force. Il lance un cheval de face en dehors du cadre, et ajuste ainsi une composition toute de raccourci que lui seul est capable d’exécuter. Ce système a plus de hardiesse que de vrai style, et c’est bien là plutôt le portrait d’un simple écuyer que celui d’un magistrat suprême. Nous indiquerons, entre autres « beautés » de ce genre, une pression du genou de gauche contre la monture, qui est digne de d’Aure ou de Pellier. À l’exception du ciel, qui nous paraît d’un sombre fort inquiétant pour la prorogation, c’est, à tout prendre, une toile extraordinairement prestigieuse, comme tout ce qui est improvisation !» Il a été fait de nombreuses copies de ce tableau ; il a été gravé par Jazet, par Ach. Martinet et lithographié par Léon Noël. Un autre portrait équestre du prince-président de la République a été peint par Lansac (Salon de 1850). Un portrait en pied, par Séb. Cornu, a été gravé par Émile Pichard (Salon de 1850). Des bustes du prince Louis-Napoléon ont été sculptés par Mme  Lefèvre-Deumier (Salon de 1852), Armand Caqué (sous la direction du comte de Nieuwerkerke, Salon de 1850) ; des médaillons, par Jos. Félon et par Jules Peyre (Salon de 1852) ; des camées, par Michel Dagand, George Hewitt, V.-P. Lebas (Salons de 1850 et 1852), etc. À ce dernier Salon, une médaille commémorative du 2 décembre a été exposée par le graveur Oudiné ; la face représente Louis-Napoléon, conduit par la Sagesse et terrassant l’hydre de l’anarchie, et la France reconnaissante lui offrant la couronne civique !!

À partir de cette date sanglante jusqu’en 1870, les portraits du sauveur se multiplient à l’infini ; il nous suffira de citer : des statues exécutées par Debay fils (équestre, en bronze, exposée devant le palais de l’Industrie en 1855), A.-L.-M. Ottin (deux statues de marbre, l’une exécutée pour la Bourse de Marseille, l’autre exposée au Salon de 1861 et appartenant au prince Jérôme Napoléon), G. Clère (statue de pierre à la Faculté de Nancy) ; des bustes par Ant. Desbœufs (Salon de 1853), Devaulx (Salon de 1853), Al. Oliva (Salon de 1S53), J.-Aug. Barre (Salon de 1853), Follet (Salon de 1861), Lequien (Salon de 1863), Iselin (Salon de 1883), Carrier-Belleuse (marbre, au Salon de 1865 ; bronze, au Salon de 1870), Oliva (marbre, aux Salons de 1869 et de 1870), etc. ; des médaillons par Elshoect (marbre, au Salon de 1853), Borrel (bronze, 1853), Fannière (Salon de 1863), Ponscarme (Salon de 1863) ; des gravures, par Cornilliet (Salon de 1853), Metzmacher (Salon de 1861) ; des tableaux par W. Borione (Salon de 1852), E. Lansac (équestre, Salon de 1853), Alfred de Dreux (Salon de 1853), Winterhalter (Expos, univ. de 1855), Fréd. Millet (miniature, Salon de 1859), Mme  Monvoisin (miniature, Expos, univ. de 1867), etc.

Les portraits peints par Hippolyte Flandrin (Salon de 1863) et Cabanel (Salon de 1865) méritent une mention spéciale.

Tableau de Flandrin. Vêtu du costume de général de division, Napoléon III est debout près d’une table sur laquelle il appuie la main droite, tandis que la gauche joue avec la poignée de l’épée. Derrière lui est un fauteuil. Sur la table sont placées des cartes géographiques, un livre au dos duquel on lit : Commentaires de César, et un buste de Napoléon Ier qu’ombrage un trophée de drapeaux. Tous ces accessoires sont traités avec vigueur et fermeté, mais la valeur des détails n’enlève rien à l’importance de la figure. Le modèle est posé avec une simplicité magistrale ; la tête, de face, est modelée en pleine lumière ; l’expression est calme, juste, un peu trop idéalisée toutefois. Le dessin est d’une pureté exquise ; la finesse lumineuse des tons et la netteté des contours donnent à l’ensemble du relief et de la puissance.

Tableau de Cabanel. Autant le portrait de Flandrin vise à un certain idéal, autant celui qu’a peint M. Cabanel tombe dans une plate et vulgaire réalité. Le souverain, vêtu d’un habit noir, d’un gilet et d’une cravate de couleur blanche, appuie la main droite sur la hanche et la main gauche sur une table, recouverte d’un tapis rouge à franges d’or, où est posée une couronne impériale. Une porte s’ouvre, à gauche, sur un corridor d’où la lumière arrive transversalement ; un aigle d’or est placé au fond dans une niche. Ce portrait, qui ne laisse pas d’ailleurs que d’être ressemblant, a valu à M. Cabanel la médaille d’honneur au Salon de 1865.

Les compositions historiques où Napoléon III joue le principal rôle sont généralement très-médiocres. Nous rappellerons, pour mémoire : L’Éducation du prince Louis-Napoléon, groupe sculpté par M. Chatrousse (Salon de 1853) ; Napoléon III recevant Abd-el-Kader à Saint-Cloud, bas-relief de M. Carpeaux (Salon de 1853) ; Napoléon III visitant l’école de Saint-Cyr, tableau de M. Fontaine (Salon de 1853) ; le Prince Louis-Napoléon se dépouillant d’une partie de ses vêtements pour les donner à des pauvres, tableau de M. Lassalle (Salon de 1857) ; le Prince-président parcourant les boulevards le 13 Juin 1849, gravure de Leguay, d’après Philippoteaux (Salon de 1857) ; Napoléon III distribuant des secours aux inondés de Lyon, tableau de Lazerges et de Janet-Lange (Salon de 1857) ; Napoléon III visitant les inondés de Tarascon, tableau de W. Bouguereau (exposé en 1857 et appartenant au musée de Marseille) ; Napoléon III visitant les ouvriers des ardoisières d’Angers, tableau d’Antigna (Salon de 1857) ; Napoléon III, le roi de Prusse et l’empereur de Russie passant la revue des troupes à Longchamp le 6 juin 1867, tableau de Dupray (Salon de 1868) ; Napoléon III accordant la grâce des Flittas, tableau d’Alfred Darjou (Salon de 1868), etc.

Le Napoléon III à Solferino, de Meissonier, qui est au musée du Luxembourg, mérite une description. L’empereur, suivi de son état-major, inspecte du haut d’une éminence le vaste champ de bataille ; monté sur un cheval alezan, il se penche légèrement sur l’arçon de sa selle, comme pour accompagner le regard qu’il promène autour de l’horizon. Au bas du talus où il s’est arrêté manœuvre une batterie de canons rayés, et, sur les collines lointaines que domine la tour de Solferino, on distingue les régiments en marche. Derrière l’empereur, vingt-quatre officiers à cheval sont groupés, attendant en silence le résultat de l’examen et les ordres qui peuvent leur être donnés. Quelques-uns semblent vouloir lire les impressions et la volonté du maître sur son visage ; un jeune officier se retourne pour regarder des cadavres d’Autrichiens aplatis contre le sol vers la gauche du tableau ; le peintre s’est représenté lui-même vêtu d’un costume moitié militaire, moitié civil, se penchant et regardant au loin ; c’est le quatrième cavalier en partant de gauche. Toutes les figures, de proportions très-exiguës, sont indiquées avec une précision et une justesse extraordinaires ; la scène est d’une extrême vérité. « Le peintre, dit Th. Gautier, s’est inspiré directement de la réalité, et il en a donné une image tellement exacte qu’elle fait illusion. Le portrait le plus ressemblant de l’empereur est assurément ce cavalier, haut à peine de quelques centimètres ; on le reconnaîtrait à l’habitude du corps, quand même on n’en verrait pas le visage. Du premier coup d’œil on le distingue, et il devient le centre du tableau. Les autres personnages présentent un caractère d’individualité remarquable, et, malgré l’exiguïté des proportions, on discerne, comme s’ils étaient peints de grandeur naturelle, leurs figures bronzées, leurs moustaches, leurs cheveux noirs ou grisonnants, les moindres détails de leur physionomie. Ils vivent chacun d’une vie propre. On sait leur âge, leur tempérament : ce sont des hommes complets et non de vagues images. Cet état-major, groupé autour de l’empereur dans une attitude respectueuse, est un chef-d’œuvre de composition... Les chevaux, pour la science et la finesse du dessin, la vérité d’allure, le soyeux de la robe, la distinction de la race, ne laissent rien à désirer. La perfection ne saurait aller plus loin... À notre avis, le Napoléon III à Solferino est, malgré sa petite dimension, un véritable tableau d’histoire, bien que ce nom ne s’accorde ordinairement qu’à de grandes toiles où il n’y a rien de réel. » Exposé pour la première fois au Salon de 1864, ce tableau a reparu à l’Exposition universelle de 1867, avec les portraits peints par Flandrin et Cabanel.


NAPOLÉON (Napoléon-Joseph-Charles-Paul Bonaparte), plus connu sous le nom de prince), fils de Jérôme Bonaparte. V. Bonaparte.


NAPOLÉONE s. f. (na-po-lé-o-ne — du nom de Napoléon Ier.) Bot. Genre d’arbrisseaux, type de la famille des napoléonées, originaire d’Oware, sur la côte occidentale d’Afrique.

Encycl. Les napoléones sont des arbrisseaux à feuilles alternes, ovales-oblongues, entières, aiguës. Les fleurs, solitaires en dehors de l’aisselle des feuilles, ont un calice adhérent, à cinq divisions égales ; une double corolle, qui présente quelque analogie avec la fleur des passiflores. On y a vu une allusion à la double couronne que portait Napoléon Ier, comme empereur des Français et roi d’Italie. Le fruit est une baie globuleuse, polysperme, couronnée par le limbe persistant du calice. La napoléone impériale croit à Oware, en Afrique, où elle a été découverte, vers 1787, par Palisot de Beauvois. C’est un charmant arbrisseau à fleurs d’un beau bleu d’azur, sur lequel tranchent agréablement le rose des pétales intérieurs et le jaune d’or des étamines. Elle est cultivée dans nos serres.


Napoléone (LA), Elle courait manuscrite vers 1803, et elle obtint un grand succès dans les salons royalistes comme dans les salons républicains. On n’y démêlait pas bien, au reste, si l’auteur, encore fort jeune, était l’un ou l’autre ; ce qui en faisait le mérite, c’était qu’on y trouvait quelques vers bien frappés à l’adresse du despote :

       Qu’une foule pusillanime
Brûle aux pieds des tyrans son encens odieux ;
       Exempt de la faveur du crime,
Je marche sans contrainte et ne crains que les dieux.
On ne me verra pas mendier l’esclavage
       Et payer d’un coupable hommage
       Une infâme célébrité.
Quand le peuple gémit sous sa chaîne nouvelle,
Je m’indigne d’un maître, et mon âme fidèle
       Respire encor la liberté.

La Napoléone se terminait par ces vers :

   Avant que tes égaux deviennent tes esclaves,
Il faut, Napoléon, que l’élite des braves
        Monte à l’échafaud de Sidney.

L’ode fut imprimée sans l’aveu de l’auteur, qui se nomma bravement lorsqu’il vit le libraire inquiété. Cela lui valut une courte détention à Sainte-Pélagie et des persécutions ou tout au moins des tracasseries de la police, tant que dura l’Empire.


NAPOLÉONE, ÉE adj. (na-po-lé-o-né — rad. napoléone). Bot. Qui ressemble ou qui se rapporte au genre napoléone.

— s. f. pl. Famille de plantes dicotylédonées, ayant pour type le genre napoléone.

Encycl. La famille des napoléonées renferme des arbrisseaux à feuilles alternes, simples, dépourvues de stipules. Les fleurs, solitaires, ordinairement axillaires, présentent un calice adhérent à l’ovaire, monosépale, à limbe divisé, persistant ; une corolle monopétale, caduque, plissée ; cinq étamines ou plus, insérées à la base de la corolle, libres ou polyadelphes, à anthères à deux loges, s’ouvrant longitudinalement ; un ovaire infère, à une seule loge pluriovulée, surmonté d’un style simple, terminé par un stigmate anguleux et lobé. Le fruit est une baie charnue, couronnée par le limbe du calice, à une seule loge contenant de nombreuses graines revêtues d’une pulpe. Cette famille, qui a des affinités avec les styracées, comprend les genres napoléone et astéranthos, qui habitent l’Afrique et l’Amérique du Sud.


NAPOLÉONIEN, IENNE adj. (na-po-lé-o-niain, iè-ne). Hist. Qui appartient aux Napoléon ou à Napoléon Ier, ou à leurs partisans : La dynastie napoléonienne. Le type napoléonien. Des idées napoléoniennes. Des opinions napoléoniennes.

— Substantiv. Partisan de Napoléon : La Restauration traqua les napoléoniens. || On a dit quelquefois napoléoniste.


NAPOLÈONISME s. m, (na-po-lé-o-ni-sme — rad. Napoléon). Politiq. Système politique de Napoléon. || Attachement à la personne ou au système politique de Napoléon Ier.


NAPOLÉONITE s. f. (na-po-lé-o-ni-te — du nom de Napoléon.) Minér. Roche particulière que l’on rencontre en Corse.


NAPOLÉONVILLE, ville de France, ch.-l. d’arr. (Morbihan). V. PONTIVY.


NAPOLIER s. m. (na-po-lié). Bot. Nom vulgaire de la bardane.


Napoline, poème, par Mme  Émile de Girardin (1833, in-8o). L’auteur a voulu faire, dans cette petite œuvre qui n’est pas sans charme, une satire du monde, qui éteint les