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MUSE

cinquième, elles se désenflèrent, et il n’y eut plus moyen de souffler. (Cervantes.)

— Equipement mil. Petit sac de toile dans ’ lequel les cavaliers serrent leurs effets de

pansage.

— Techn. Sac en toile qu’on suspend a la

tête du cheval pour lui servir de mangeoire ambulante, || Petite bouteille occasionnée par l’air comprimé entre le feutre et la feuille de papier, lorsque celle-ci n’adhère pas exactement au feutre dans toutes ses parties. Il Assemblage de quarante fils de cKaîne réunis par un seul et même lien.

— Main m. Espèce de musaraigne des prairies.

— Ornith. Nom donné, dans le département dô Loir-et-Cher, à l’alouette lulu ou cujelier.

— Arboric. Variété de poire.

— Encycl. La musette dont nous allons parler ici n’a rien de commun avec la cornemuse j c’est un instrument de musique à vent et à anche, d’un caractère agreste et pastoral. Il n’a jamais pu prendre droit de cité dans la grande famille des instruments de l’orchestre. Sous Louis XIV, cependant, cette musette figurait dans les concerts de la cour et faisait partie de la bande instrumentale dite de la Grande-Ecurie ; mais son règne fut de courte durée. La musette est un petit instrument du genre du hautbois, une sorte de chalumeau aigre et criard, et dont les sons ne sont pus toujours justes. On a essayé de l’employer dans les musiques militaires, mais sans aucun succès, et l’on a dû promptement y renoncer. Son étendue ne dépasse pas celle d’une octave, sans demi-tons, ce qui en rend le jeu à peu près impossible dans l’ensemble. Sa forme ressemble beaucoup à celle du hautbois, mais elle est beaucoup plus courte et elle est percée de trous sans clefs. On a tenté pourtant d’y en adapter quelques-unes, mais jusqu’ici ces tentatives n’ont amené aucun résultat pratique.

On a dit, et nous ne savons ce qu’il faut en croire, que l’invention de la muselé était due à un ménestrel célèbre du xine siècle. Ncus avouons n’avoir trouvé aucun renseignement précis à l’égard de l’invention de la musette par Colin Muset. En tout cas, si Colin Muset a donné son nom à la musette, il ne peut s’agir ici de la cornemuse, qui est beaucoup plus ancienne que lui.

On donnait aussi naguère le nom de musette, par analogie, à une sorte d’air champêtre et paàtora ! dont l’exécution convenait a cet instrument. C’est’ ce que l’on faisait aussi, au xvme siècle, pour le tambourin, espèce d’air de danse qui était accompagné par le galoubet et par le tambourin, et qui fut un moment très-usité au théâtre : Rameau écrivit plusieurs tambourins pour ses opéras.

LerhythmedelamuseUeétaitordinairemerit à six-huit ; le caractère en était naïf, agreste et doux ; le mouvement un peu lent, et le compositeur faisait en sorte, lorsqu’il ne voulait pas employer l’instrument lui-même, d’en imiter les effets à l’aide de ceux qu’il avait à sa disposition dans l’orchestre. On trouve un air de musette plein de fraîcheur dans l’ouverture de Nina ou la Folle par amour, de Dalayrac. La naïve et courte musette des Indes galantes a été pour Rameau ce qu’est pour Meyerbeer le quatrième acte des Huguenots. La musette que nous donnons ici fournit un exemple des sentiments tendres que ces sortes de compositions musicales vtaiant chargées d’exprimer.

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— mours, Vontren-trer dans leurs droits 1 J’en DEUXIÈME STROPHE.

Dans notre bel âge,

Prenons au passage

Le plaisir qui suit,

•Et pour toujours s’enfuit.

TROISIÈME STROPHE

Aimable jeunesse, Folâtrez sans cesse Quand tout vous sourit ; Le temps passe et s’enfuit.

— Techn. Ce petit sac, qu’on applique à la tête du cheval pour lui faire prendre sa nourriture, est une invention modeste, mais utile, dont les charretiers de Paris savent tirer un excellent parti. Pourtant tous tes modèles ne sont pas également avantageux. Le plus ancien consiste en un simple sac de toile suspendu à la tète par une courroie. L’animal y mange péniblement, parce qu’il y respire avec peine et est souvent gêné par la poussière contenue dans le grain. On a imaginé do percer des trous à travers la toile ; ces trous.sont formés par de petits ronds de cuivre qu’une rainure circulaire suffit à maintenir en place. C’était déjà un progrès : les inconvénients de la musette primitive sont atténués ; cependant ils ne sont pas totalement supprimés. Une musette plus parfaite a été imaginée dans ces dernières années. La partie antérieure est formée par un grillage en ficelle et imperméable à travers lequel l’air pénètre aisément dans le sac. La monture est en caoutchouc vulcanisé, tissé et très-solide. Cette monture étant élastique se raccourcit à mesure que le cheval mange, c’est-à-dire à mesure que le poids du grain diminue ; de cette manière, la nourriture se trouve toujours à la portée des lèvres de l’animal. Le prix n’est pas sensiblement augmenté.

MUSETTE, la muse de la Bohême, un des jolis types féminins créés par H. Murger. C’est elle qu Aimé Millet a sculptée, si peu vêtue, ■sur le tombeau du romancier, en la baptisant poétiquement de Jeunesse effeuillant des roses. Comme toutes les créations de Murger, Musette est vraie ; c’est une sœur de Manon Les» caut, aimant les dentelles, les cachemires, les bijoux, aimant aussi son poète, mais mettant trois jours k venir de la rue Taitbout à la rue des Canettes, parce qu’en route elle a rencontré un Anglais. V. étudiants.

MUSÉUM s. m. (mu-zé-omm — du gr. rnouseion, musée). Musée, grande collection destinée à l’étude : Le muséum d.histoire naturelle.

— Antiq. École d’Alexandrie, fondée par Ptolêmée 1er : £es' Ptolémése fondèrent à Alexandrie te Muséum. (Boissonade.) Il On dit aussi MUSÉON.

Muséum d’iiUtoiro naturelle. V. JARDIN DES PLANTES.

Muséum des sciences et des ans, encyclopédie populaire, par lédocteur Dionysius Lardner (Londres, 1853-1855, 12 vol.). Dans cet ouvrage, dont le succès en Angleterre et aux États-Unis a été immense, Lardner a poursuivi un but essentiellement utile et pratique. Laissant de côté les hautes spéculations scientifiques, il a cherché à vulgariser la science, à répandre dans toutes les couches de la population les connaissances utiles. Il s’est attaché, non à présenter ses réflexions personnelles sur les principaux points de la science moderne, mais à transmettre à chaque lecteur ce qu’il lui importe de connaître pour comprendre le mouvement au milieu duquel il vit. À côté de la théorie, il a toujours

placé la pratique. Après avoir rappelé ce qu’on a fait, exposé ce que l’on fait, il indique souvent ce qu’on doit faire. Le Muséum est une série de petits traités sur les diverses parties de la science et leurs applications aux arts et à l’industrie. Pour donner une idée de l’intérêt que présente l’ouvrage, il suffit de prendre au hasard un certain nombre de questions dans la table si variée de la collection : Les planètes sont-elles habitées ? Qu’est-ce que l’eau, qu’est-ce que l’air, qu’est-ce que le feu, qu’est-ce que la lumière ? Des influences attribuées à la lune. Des latitudes et des longitudes. Pronostics du temps. Erreurs populaires. Des météores. Des accidents sur les chemins de fer. Des voies de transport par terre, par eau, par fer, aux États-Unis. Des influences attribuées aux comètes. L’art du potier. L’imprimerie. La croûte du globe terrestre. Le stéréoscope. Qu’est-ce que les comètes ? La terre avant Adam. Les éclipses. Le son. Le microscope. Mœurs des termites. La terre à vol d’oiseau. Science et poésie. Les abeilles. La navigation à vapeur. Du tonnerre, des éclairs, des aurores boréales. L’électromagnétisnie et ses applications. La machine à vapeur. L’œil. L’atmosphère. Le temps, mesure, division, etc. Les pompes. Les lunettes. L’horlogerie. Les merveilles du microscope. La locomotive. Le thermomètre. Le kaléidoscope. Les nouvelles planètes. La planète de Leverrier et d’Adams. L’inh’niment grand et l’infiniment petit. L’almanach. Les marées. Le monde des étoiles. Qu’est-ce que l’homme ? De l’intelligence et de l’instinct. La lanterne magique, Qu’est-ce que le soleil,

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qu’est-ce que la lune ? La chaleur du globe terrestre. Le télégraphe électrique. Tremblements de terre, volcans. Le baromètre. Qu’estce que la vapeur ? La lampe de sûreté. Qu’estce que la terre ? etc., etc. Cette table des matières n’est point une indication menteuse. Tous ces petits traités n’ont rien de superficiel ; ils sont élémentaires, démocratiques en quelque sorte, mais ils exposent la science et ses applications principales d’une manière claire, dans un cadre suffisant, mis à la portée de toutes les intelligences. C’est ce qui a permis à sir David Brewster de dire en toute justice : « C’est un des ouvrages les plus intéressants et les plus utiles qu’on ait publiés pour l’instruction scientifique de.toutes les classes de la société. » Cet intéressant et utile ouvrage a été traduit en français en 1857.

MUSEUR. EUSE s. (mu-zeur, eu-ze— rad. muser). Farci. Musard, personne qui a l’habitude de inuser.

— Adjoctiv. : Que cet enfant est museur 1

MUSGRAVE (Guillaume), médecin et antiquaire anglais, né à Carlton-Musgrave, comté de Somerset, en 1657, mort à Exeter en 1721, Il commença d’abord par étudier pendant plusieurs années le droit à l’université d’Oxford ; mais il y renonça ensuite pour se livrer complètement à la médecine. Ses études médicales furent très-brillantes et il fut reçu docteur en 1689. Il alla ensuite s’établir à Exeter, où il se livra à des travaux sur la médecine et sur les antiquités. Ses écrits qui concernent la médecine sont : Dissertatio de arthritide symptomatica (Oxford, 1703, in-8o) ; Dissertatio de des Salute, in qua illius symbola, templa, statum, nummi, inscriptiones exhibentur et illustrantur (Oxford, 1716, in-4o); De arthritide primigenia et regulari (Londres, 1774, in-8o). Le recueil intitulé Transactions philosophiques contient de lui plusieurs articles, parmi lesquels nous citerons ; An account of the cutting of the cæcum (1683) ; Some experiments relating to digestion and of a large bed of glands observed in the stomach of a yack (1684); On the cause and use of respiration (1698) ; On throwing warm water into the thorax (1698) ; Of a periodical palsy in a young woman (1098) ; Experiments upon freezing (1698) ; Argument for the most fréquent use of laryngotomy (1698) ; Of a polypus found in a dog ; Account of hydratids voided by stool (1705) ; On transmitting blue coloured liquors into the lacteals (1700). Ses ouvrages relatifs à l’archéologie ont été réunis et publiés à Exeter (1720, 4 vol. in-8o). Le plus important a pour titré : Belgium britannicum (Exeter, 1719, in-8o), avec fig.

MUSGRAVE (Samuel), médecin et philologue anglais, petit-fils du précédent, mort à Exeter en 1782. Il exerça la médecine dans cette ville, publia le traité de la goutte régulière de son grand-père, et se fit connaître par quelques écrits sur la médecine qui ont pour titre : Apologia pro empirica medicina (Londres, 1763) ; Some remarks on Boerhaave's iheory of the attrition of the blood in the lungs (Londres, 1760) ; An essay on the nature and cure of the worm fever (Londres, 1776) ; Speculations and conjectures on the qualifies of the nerves (Londres, 1776) ; Gulstonian lectures on the dyspnæa, on pleurisy and peripneumonia ; On pulmonary consomption (Londres, 1778). On lui doit aussi quelques travaux philologiques : Exercitationum in Euripidem libri duo (1762, in-8o) ; une édition d’Euripide (Oxford, 1778, 4 vol. in-4o), d’une grande beauté typographique ; des dissertations Sur la mythologie des Grecs, etc.

MUSGKA.VE(sir Richard), écrivain politique anglais, né vers 1757, mort à Dublin en 1818. Il siégea pendant quelque temps au Parlement, où il vota avec le ministère, puis devint collecteur de l’excise à Dublin, reçut, en 1782, le titre de baronnet, remplit les fonctions de shérif pendant les troubles d’Irlande et se vit forcé dans une circonstance, par suite de l’absence du bourreau, de pendre lui-même un malheureux condamné. Lorsque l’insurrection fut comprimée, Musgrave, qui avait montré une grande animositè contre les insurgés, publia l’histoire de toutes les insurrections qui avaient eu lieu en Irlande depuis l’arrivée des Anglais. Cet ouvrage lit la plus grande sensation. Musgrave, qui s’y était fait l’apologiste de la torture et avait attaqué de la façon la plus injuste et la plus passionnée les prêtres catholiques irlandais et leurs compatriotes, fut désavoué par le gouvernement et vit ses doctrines vivement combattues à la fois par les protestants et par les catholiques. Ses principaux ouvrages sont : Lettre sur la situation présente des affaires publiques (1794, iii-80) ; Considérations sur l’état actuel de la France et de l’Angleterre (1796, in-8c) ; Vue succincte de la situation politique des États du Nord (1801, in-S :>) ; Mémoires des différentes rebellions de l’Irlande depuis l’arrivée des Anglais (isoi, in-4») ;, etc.

MUSH (John), théologien catholique an"glais, né dans le Yorkshire vers le milieu du xvie siècle. Il se fit ordonner prêtre à Rome, puis retourna en Angleterre, s’y adonna avec beaucoup de succès à la prédication et acquit une grande réputation de savoir et de sagesse. On. lui doit, entre autres "écrits : Declaratio motuum et turbalionum inter jesuitas et sacerdotes seminariorum, in Anglia {Rouen,

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1601, in-4<>) ; Relation des souffrances des catholiques dans le nord de l’Angleterre, etc.

MUSICAL, ALE adj. (mu-zi-kal, a-lerad. musique). Qui appartient, qui a rapport à la musique : Art musical. Science musicale. Sons .musicaux. Là où le son musical manque, il ne faut guère chercher à le créer. (M’ne Monmarson.ï L’art musical embrasse quatre choses : le rhythme, -la mesure, le mouvement, l’expression. (Lamenn.)

— Où l’on fait de la musique : Soirée, matinée MUSICALE.

Echelle musicale, Série des sous successifs renfermés dans une octave.

Ectiuains musicaux, Auteurs qui écrivent sui ’a musique.

— Méd. Bruits musicaux, Degré le plus élevé des bruits de souffle perçus par l’auscultation.

MUSICALEMENT adv. (mu-zi-ka-le-manrad. musical). Au point de vue de la musique : Il faut être doué musicalement pour comprendre ce morceau. (Champfl.)

MUSICASTRE s. m. (mu-zi-ka-stre — de musique, avec la finale péjorative astre). Mauvais musicien.

MUSICIEN, ENNE s. (mu-zi-si-ain, i-è-ne — lat. musicus ; dû musica, musique). Personne qui sait la musique, qui possède l’art de la musique : Un bon musicien. Une médiocre musicienne. Si le grammairien sait peu de musique, le musicien sa it encore moins de grammaire. (D’Olivet.) Les musiciens ont l’oreille conformée d’une façon particulière. (G. Sand.)

— Personne dont la profession est de composer ou d’exécuter de la musique : Des musiciens ambulants. Les musiciens d’un orchestre. À tout prendre, il vaut mieux être MUsicikn que soldat ; la blessure d’un sifflet ne laisse aucune trace sur le front. (Méry.) Le musicien qui veut rendre du bruit par du bruit se trompe ; il ne commit ni le faible ni le fort de son art, et il en juge sans goût, sans lumières. (J.-J. Rouss.) Un musicien, assez mal vêtu, disait, en parlant de sa voix, dont quelqu’un faisait l’éloge : » Il est vrai que j’en fais ce que je veux.Ma foiJ monsieur, lui dit un plaisant, vous devriez bien vous en faire une culotte. » • ■

— Poétiq. Oiseau chanteur : Si le rossignol est le chantre des bois, le serin est le musicien de la chambre. (Buff.) Il Poète, écrivain harmonieux : Cette histoire me fut racontée par un de nos écrivains les plus célèbres, le plus grand musicien littéraire que nous ayons, Charles Nodier, (iiaiz.)

— Pop. Haricot, à cause des propriétés venteuses de ce légume : Une salade de musiciens.

Musicien de la Samaritaine, Mauvais musicien, il Vieille loc.

— Hist. Musiciens du roi, Chanteurs et instrumentistes qui faisaient partie de la musique de la chambre ou de la chapelle du roi de France.

— Ornith, Musicien de ■ Saint - Domingue, Organiste.

— Adjectiv. : Artiste musicien. Cette actrice est excellente comédienne, mais elle n’est pas du tout musicienne.

— Encycl. On donne indifféremment le nom de musicien a tout individu, artiste ou non, dont le métier, dont la profession est d’exécuter de la musique d’une façon quelconque. Le grand virtuose qui, par l’effet d’un talent magique, charme une brillante assemblée, appelle les applaudissements et provoqua l’enthousiasme, qu’il soit chanteur dramatique ou instrumentiste, qu’il s’appelle Paganini ou Nourrit, Duprez ou Bottesini, la Maïibran ou la Pasta, est un musicien ; l’artiste plus modeste et souvent fort méritant, qui borne son talent à accompagner au piano ou à faire sa partie dans un orchestre, est aussi un musicien ; musicien encore l’infortuné, homme ou femme, qui passe sa vie à courir le cachet, a arpenter tous les quartiers d’une grande ville pour rentrer le soir chez lui, exténué, après avoir passé son temps à enseigner le peu qu’il sait à un tas de bambins plus ou moins maussades, plus ou moins intelligents, qui ont rais sa patience à l’épreuve et lui ont appris ce que c’est que la charité chrétienne ; musiciens encore les pauvres gratte-boyau ou souffleurs de cuivre des orchestres de bastringue ; enfin, ces pauvres diables qui s’en vont dans les rues et dans les cours des maisons populaires nasiller une chanson plaintive ou moduler dans le mode barbare, sur un instrument avachi et dont ils jouent Dieu sait comme, des lambeaux de mélodies arrachés on ne sait où et qu’ils écorchent avec un sang-froid qui n’a d’égal que la mansuétude de leurs auditeurs.

De même que quiconque tient une pluma devient écrivain, depuis le journaliste à copie éternellement gratuite, depuis le pamphlétaire immonde, jusqu’au philosophe sublime, jusqu’au poète inspiré, quiconque se sert de son gosier ou tient en main un instrument est classé musicien. Seulement, la musique a cela de bon, qu’en aucun cas elle n’est déshonorante, comme le devient la plume entre des inains infimes, et que, si elle est cultivée -parfois d’une façon lâcheuse pour les oreilles d’autrui, elle ne peut se mettre au service d’aucun mauvais sentiment.