Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 11, part. 2, Molk-Napo.djvu/303

Cette page n’a pas encore été corrigée

708

MUSA.

sâtre, mais qui change de teint avec les saisons, ce qui a occasionné beaucoup d’erreurs dans les travaux de classification. Les musaraignes, dont les analogies avec les rats sont nombreuses, se distinguent toutefois de ces derniers par la forme allongée de la tête que termine une sorte de petite trompe et, en un mot, par tout ce qui peut différencier un insectivore d’un rongeur. Ces insectivores sont généralement de très-petits animaux ; l’une des espèces, le sorex etruscus, est même le plus petit mammifère connu ; ils sont presque aveugles et vivent d’insectes, de vers et autres petites proies ; ils vivent solitaires dans des trous creusés dans la terre ou dans les murailles et en sortent rarement le jour. Ils vivent, du reste, tout près de nos habitations et se réfugient parfois dans nos greniers pendant l’hiver. Certaines musaraignes aiment particulièrement les lieux secs, tandis que d’autres se plaisent dans les prairies humides et le long des ruisseaux où on les voit souvent plonger pour poursuivre leur proie. La plupart des espèces répandent, surtout à l’époque du rut, une odeur musquée qui provient, on le sait, de la matière qui suinte des glandes de leurs flancs. C’est à tort que l’on a dit que leur morsure était venimeuse. Les musaraignes, qu’Aristote appelait mygales et Pline musaraneus, et dont tant de naturalistes se sont occupés depuis, au moyen âge et de nos jours, doiventètremisesaunombre des genres qu’on désigne sous le nom de cosmopolites. On retrouve, en effet, les espèces qui le composent dans toutes les parties du monde et presque sous tous les climats ; mais c’est surtout la France et l’Allemagne qu’elles paraissent affectionner. La difficulté de se procurer ces petits animaux, les variations de leur pelage, qui parfois dans la même espèce se modifie singulièrement avec l’âge, les saisons et les sexes, ont rendu très-difficile la caractéristique spécifique des musaraignes ; aussi les naturalistes ne sont pas d’accord sur le nombre des espèces. Quelques-uns de ces petits mammifères, conservés a l’état de momie, ont été trouvés dans les nécropoles des anciens Égyptiens, qui tes considéraient comme des animiiux sacrés, parce que, suivant leur mythologie, Latone avait pris la forme d’une musaraigne pour échapper aux poursuites de Typhon, Toutefois, on n’est pas entièrement sur que ces musaraignes momifiées appartiennent à l’espèce qui est encore en Égypte, Quelques auteurs en ont fait une espèce distincte sous le nom de sorex religiosus, tandis que d’autres les rattachent au sorex flavescens, espèce d’Afrique que l’on rencontre souvent en Égypte. On a également trouvé des musaraignes fossiles. Nous allons décrire en quelques mots les espèces les plus connues :

La musaraigne commune ou musette (sorex araneus) est d’une longueur approximative de O^jOCï, la queue non comprise, qui a om,035. Le pelage est gris en dessus et cendré en dessous ; il varie du reste beaucoup ; les oreilles sont nues, arrondies, très-grandes ; les dents d’une blancheur éclatante ; Ta queue longue, grêle et couverte de poils courts. La musette habite l’Europe centrale et méridionale ; on la trouve dans les bois généralement ; mais, l’hiver, elle se rapproche des habitations et se cache dans les coursa fumier et les écuries chaudes. Sa morsure n’est nullement venimeuse. La musaraigne leucode, noire en dessus et blanche en dessous, à queue assez courte et apiatie, se trouve dans l’Allemagne occidentale et aux environs de Strasbourg. It&musaraigne ardoisée habite le Cap de Bonne-Espérance. La musaraigne blonde, d’un blond rougeâtre, est commune dans la Cafrerie. La musaraigne géante, dont le corps seul a om,15 ou om, 16, est d’un gris brun ; elle est très-répandue dans l’Inde, où elle se rend incommode par la forte odeur qu’elle répand. C’est toujours la nuit qu’elle sort de sa retraite et qu’elle fait entendre un petit cri aigu que 1 on rend a peu près par le mot kociih. Les indigènes l’appellent mandjourvu. Citons encore la musaraigne de Toscane, la musaraigne de Forster des États-Unis, la musaraigne très-petite de Russie, la musaraigne d’eau, qui habite les ruisseaux tranquilles de presque toute l’Europe ; on en a vu une, un jour, aux environs de Paris, qui pendant plus d’une demi-heure a combattu avec une grenouille qu’elle avait saisie par la patte ; la musaraigne porte-rame à queue ammeie et plate, etc. V. INSECTIVORES,

Ou connaît quelques espèces de musaraignes fossiles des terrains tertiaires. Parmi elles, le sorex brachygnalhus se distingue par la brièveté et la force de l’os mandibulaire ; la base de la couronne de l’incisive s’étend jusque sous la première molaire. On trouve aussi dans les cavernes, dans les brèches osseuses et dans quelques dépôts arénacés de l’époque diluvienne, des ossements de musaraignes, dans lesquels on reconnaît tous les caractères des espèces actuelles.

MUSARD, ARDE adj. (mu-zar, ar-de — rad, muser), Fam. Qui muse, qui a l’habitude de muser : Les enfants sont plus ou moins MU SAItDS.

Ce matin pourtant, Ma muse musarde A fait la moutarde Après le dîné.

DêSAUOIERS.

— Substantiv. Personne qui muse, qui a l’habitude de muser ; C’est un musard, une

M.USAUDE,

MUSC

— Nom donné autrefois à certains bateleurs ou musiciens provençaux qui chantaient, jouaient des instruments ou récitaient des vers.

MUSARD, musicien fiançais, né en 1789, mort le 30 mars 1853.11 s’est fait une réputation européenne comme chef d’orchestre de bals publics et des bals de l’Opéra. Vers 1840, il fonda, dans une salle de la rue Vivienne, à Paris, le Concert Musard, qui eut pendant plusieurs années beaucoup de succès ; les concerts qu’il ouvrit dans les Champs-Élysées n’obtinrent pas moins de vogue. Mais son triomphe a été la direction de l’orchestre infernal et entraînant des bals de l’Opéra. Il fut réellement l’inventeur de ces airs de danse, dignes du sabbat, comme il a été le créateur des concerts-promenade, de ces concerts qui gardent son nom. Il était le maître suprême de la musique échevelée, le grand arrangeur qui trouvait partout des motifs de valses, de polkas et de contredanses. Il eût trouvé un galop vertigineux dans le Requiem de Mozart, une pastourelle dans la Création d’Haydn. Nul ne peut se vanter d’avoir dépensé, aux dépens de tous les maîtres, plus de ressources fécondes, plus d’entrain, plus de flonflons. Il jetait ça et là, avec une prodigalité sans pareille, les faciles trésors du plus ingénieux chef d’orchestre qui fût au monde ; il lançait à tous vents les idées des autres, arrangées en musique de danse, comme le dissipateur jette par la fenêtre l’argent de ses pères ; il faisait de la musique avec tout ; comme il trouvait des quadrilles dans unJDies iras, il faisait de la musique en brisant des chaises, en tirant des coups de pistolet ; Hatévy s’est prudemment arrêté aux bugles de Sax ; Musard a été jusqu’au canon. Et il appelait à son aide tout ce qui fait éclat, tout ce qui brille, tout ce qui est la bonne humeur, l’entrain et la folie. Aussi, à l’Opéra, l’a-t-on maintes fois porté en triomphe. Obligé, par une paralysie du bras, de renoncer à diriger un orchestre, il se retira àAuteuil, dont il devint maire. C’est au bruit de la trompe carnavalesque que Paris apprit sa mort, coïncidence dont un poète académique tirerait quelque magnifique antithèse. — Son fils, M. Alfred Musard, né à Paris en 1828, entreprit, en 1856, de ressusciter, sous divers noms, les anciennes soirées musicales de la rue Vivienne.

MUSARDER v. n. ou intr. (mu-zar-déaugment. de muser). Fam. Faire le musard : Perdre son temps à musarder.

Sut les places musarder.

Sur les quais baguenauder,

On sait bien que ce métier

N’enrichit que le bottier.

DÉSA.Ijr. UEH.8.

MUSARDERIB s. f. (mu-zar-de-rî — rad. musarder). Action de musarder, manière d’être du musard : La musarderie est une des plaies des grandes villes, il On dit aussi musardisk. On disait autrefois musàrdib.

Musurion, poème en trois actes de Wieland. Ce petit poème, divisé en trois chants, parut en 1768. Voici le sujet en deux mots. Phanias, désillusionné sur l’amour et sur l’amitié, quitte Athènes et fuie vers une solitude ■ pour y cacher sa douleur. Musarion, une femme aimable qui le fuyait pendant sa prospérité, le recherche maintenant qu’il est malheureux. Us rentrent tous deux dans la maison de Phanias et y rencontrent un stoïcien et un pythagoricien, en train de s’arracher les cheveux. On les sépare, puis on prie les deux rivaux d’exposer leurs systèmes pendant le repas ; ils y consentent, mais le philosophe stoïcien s’enivre et le pythagoricien se laisse enflammer par les charmes d’une jeune esclave. Tout honteux et confus, ils disparaissent le lendemain. Musarion démontre alors à Phanias qu’il ne faut prendre le monde ni pour un élysée, ni pour un enfer. Phanias se contente de cette douce philosophie que Wieland lui-même a appelée la philosophie des grâces et vit heureux avec Musarion. C’est l’amour du cœur qui triomphe dans tout le poème sur l’amour des sens et sur les extases mystiques des imaginations platoniques. Ce poème, par ses détails, est un charmant badinage dans lequel il faut surtout louer la finesse de l’ironie et le charme de la versification. « Musarion, a dit Gœthe, fut l’ouvrage qui agit le plus sur moi, et je me rappelle encore l’endroit où je lus les premières feuilles. »

MUSART (Charles), jésuite et écrivain mystique français, né à Aire en 1582, mort a Vienne (Autriche) en 1653. Il s’adonna à l’enseignement de la rhétorique, de la philosophie, de l’Écriture sainte, se fit remarquer à Douai par ses talents de prédicateur, puis alla se fixer à Vienne (1631), où il professa avec beaucoup de succès la morale et la théologie. On lui doit un certain nombre d’ouvrages d’un style élégant et pur. Les principaux sont : Lilium Marianum (Douai, 1622) ; Cor devotum Jesu (Douai, 1627) ; Aclus interni virtutum (Douai, 1628) ; Spéculum mortalitatis humaine (Lille, 1630) ; Très claves cosli aure£ (Vienne, 1632) ; Sunamitis ckristiana (Vienne, 1637) ; Christus passus (Vienne, 1640) ; Manuale pastorum (Douai, 1653), etc.

MUSC s. m. (nmsk — latin muscus, grec moschos. Selon Delâtre, ce mot, de même origine que la grec mus, souris, et le sanscrit mûsha, mûs/rika, a pour racine mus/i, voler, et désigne proprement une espèce de chevrotain,

MUSC

■ originaire de l’Asie centrale, et ensuite la substance odorante qui est fournie par cet animal, D’autres étymologistes rapportent le latin muscus et le grec moschos, au persan mosq, musé, du sanscrit mushlca, testicule, probablement de la racine mish, répandre, arroser, féconder). Mamm. Espèce de chevrotain, qu’on appelle aussi porte-musc.

— Par ext. Matière odorante que porte le musc dans une poche sous l’abdomen ; Odeur de musc. Sentir le musc. Le paradis de Mahomet est une terre de musc et de la plus pure farine de froment. (Chateaub.)

Muse artificiel, Résine jaune qui a l’odeur du musc.

Musc indigène, Fiente de vache séchée au soleil et qui a l’odeur du musc.

Musc végétal, Huile essentielle de moscatelline.

Couleur de musc, Sorte de couleur brune : Gants, drap couleur de musc. (Acad.)

Drap musc ou simplement Musc, Ancienne sorte de drap de couleur de musc : Un appartement tapissé de drap musc. (Le Sage.)

Peau de musc, Peau parfumée de musc.

— Bot. Herbe au musc, Nom vulgaire de l’ambrette.

— Arboric. Gros musc d’hiver. Poire d’hiver, longue et verte, qui est très-parfumée.

— Encycl. Le musc est une substance d’une odeur très-forte, d’une saveur amère, d’un brun très-foncé et d’une grande volatilité, contenue dans une poche, placée entre l’ombilic et les parties de la génération, tout près du prépuce, chez une espèce de chevrotain de Tartarie. Il est demi-fluide dans l’animal vivant, et, à l’état de consistance solide et grumeleuse qu’il prend en se desséchant après la mort de 1 animal, il présente, paraît-il, à l’analyse chimique, la composition suivante :

Graisse 1,1

Cholestérine 4,0

Sels solubles dans l’eau : potasse,

ammoniaque, combinées à une

matière animale particulière.. 36,5

Résine amère 5,0

Extrait alcoolique, acide lactique,

sels 7,5

Ammoniaque combinée à l’acide

lactique et à* l’eau 45,5

Sable 0^4

100,0

Le chevrotain porte-musc (moschus moschiserus) est un mammifère ruminant sans cornes. Il y en a dans le Tonquin, dans le Bengale, dans le Thibet. Le musc de bonne qualité, lorsqu’il a été récemment recueilli, a la consistance du miel et est rouge brunâtre ; il devient presque solide et noirâtre ; son odeur est difficile à supporter quand elle est concentrée ; mais elle est susceptible d’une grande expansion et devient agréable, pour le plus grand nombre des odorats, lorsqu’elle est suffisamment affaiblie. C’est à l’état grumeleux qu’on le trouve presque toujours dans le commerce. Il nous vient de différentes contrées de l’Asie.

La poche qui contient le witisc, particulière au chevrotain mâle, est située sur la ligne médiane du ventre, entre l’ombilic et la verge. Sous la peau qui constitue la partie extérieure de la poche, on trouve deux faisceaux musculaires. C’est sous ces couches musculaires qu’on découvre l’enveloppe propre du musc, laquelle forme un sac complet et qui se compose de trois membranes. La première est appelée enveloppe fibreuse ; la seconde enveloppe nacrée, et la troisième enveloppe épidermoïdale. Cette dernière membrane est très-délicate, formée de deux couches, dont une extérieure argentée et l’autre intérieure d’un brun jaunâtre. Cette enveloppe contient de nombreuses excavations et des plis très-prononcés. Chaque excavation contient deux corpuscules ou plus, aplatis, généralement ovales ou d’un brun rouge. Ces corpuscules sont formés par une membrane très-mince, renfermant une petite masse brunâtre, qui est considérée comme l’organe glandulaire qui sécrète le musc.

On distingue communément dans le commerce deux sortes de musc, le musc tonquin, qui est le meilleur, et le musc kabardin. Les poches de muse tonquin sont ovales, larges de0’°,05 àom,06, et recouvertes de poils. Le côté de la bourse qui touchait au ventre est formé par une peau sèche noire. Ce muse arrive par la voie de Canton. Le musc kabardin, qu’on appelle aussi hiu.sc du Bengale, musc du Thibet, ou encore musc de Sibérie, paraît venir des monts Altaï, par la voie de Saint-Pétersbourg. Les bourses qui le contiennent sont généralement plus petites que les précédentes ; elles sont plus sèches, plus plates et marquées d’un sillon longitudinal répondant au fourreau de la verge ; le poil extérieur est sec et blanchâtre. La substance même de ce musc est plus sèche, d’un bruu chocolat clair, non ammoniacale, d’une odeur musquée moins forte, se rapprochant d’une odeur aromatique végétale. Il est aussi moins estimé.

Nous avons donné la composition chimique du musc la plus accréditée. D’après l’analyse de MM. Blondeau et Guibourt, il contient : Ammoniaque, huile volatile, stéarine oléine, cholestérine, huile acide unie à l’ammoniaque, gélatine, albumine, fibrine, muriate d’ammoniaque, sels divers.

MUSC

Certaines substances, telles que les amandes amères, le soufre doré d’antimoine, possèdent la curieuse propriété de détruire presque complètement 1 odeur du musc-

Le musc est antispasmodique et stimulant. On l’emploie en médecine, dans tous les accidents nerveux graves, qui compliquent d’autres maladies. On l’administre en poudre, en pilules ou délayé dans une potion à la dose de ogr,10 à 0Sr,2O et jusqu’à ogr,50.

On sait que les parfumeurs font un très-grand usage du musc. Ce produit est d’un prix très-élevé.

Musc végétal. On appelle ainsi une huile végétale, tirée de la moscatelline (odoxa moschatellina de Linné), de la mauve musquée (malva moschata) et du minulus moschatus. Cette huile est l’essence même de ces trois végétaux. On l’emploie, en médecine, à la dose de 2 à 4 gouttes en vingt-quatre heures comme antispasmodique, en remplacement du musc.

MUSCA s. f. (mu-ska — mot lat.). Entom. Nom scientifique du genre mouche.

MUSCADE s. f. (mu-ska-de — forme féminine de muscat, irrégulière et inusitée hors des cas qui suivent). Bot. Fruit du muscadier : La muscadk ronde est plus recherchée que la longue, qui n’en est qu’une variété ; on estime surtout celle qui esj récente, grosse, pesante, de bonne odeur, d’une saveur agréable, quoique amère, et gui, étant piquée, rend un suc huileux. (Raynal.)

Aimez-vous la muscade ? on en a mis partout.

Eoilbau. Il Muscade femelle, Muscade delà plus petite espèce. Il Muscade mâle ou Muscade sauvage. Espèce la plus grosse et d’une forme plus allongée.

— Nom donné par les escamoteurs à une petite boule dont ils se servent pour leurs tours de gibecière : Passez, muscade !

— Se disait autrefois pour raisin muscat.

Beurre de muscade, Substance qu’on obtient en mettant a la presse de la muscade broyée et mouillée.

— Moll. Nom marchand de la bulle ampoule.

— Zooph. Nom donné autrefois à des polypiers globuleux fossiles, dont la forme Se rapproche de celle des noix muscades.

— Adjectiv. : Noix muscade.

— Bot. Hose muscade, Rose qui a l’odeur du musc.

— Encycl. Bot. La muscade, telle qu’on la trouve dans le commerce, est la graine du muscadier, débarrassée de ses enveloppes ; elle est ovoïde, du volume d’une petite noix, dure, brunâtre dans les parties saillantes, avec de nombreux sillons gris blanchâtre. On trouve souvent dans ceux-ci des parcelles de chaux, provenant des manipulations qu’on fait subir à la graine. À l’intérieur, elle est d’un gris veiné de rouge, d’une consistance ferme, mais se laissant entamer au couteau. On distingue plusieurs sortes ds muscades, savoir : la muscade ronde des Moluques, appelée aussi muscade cultivée, muscade a la reine et improprement muscade femelle, et à laquelle surtout s’applique la description ci-dessus, ; la muscade de Cayenne, plus petite et moins huileuse, produite, comme la précédente, parle muscadier aromatique ; la muscade longue des Moluques, appelée aussi muscade sauvage et improprement muscade mâle, produite par le muscadier tomenteux, et qui est également moins huileuse et moins aromatique. Sous le nom de muscade en coque, on trouve encore, assez rarement il est vrai, dans le commerce, les diverses sortes de muscades, et surtout la muscade longue, encore renfermées dans leur coque ou enveloppe. On doit choisir de préférence les muscades récentes, bien nourries, rondes, pesantes, compactes, bien saines, et rejeter toutes celles qui sont légères, cariées ou attaquées par les insectes ; souvent les trous faits paries larves sont bouchés avec une pâte composée de la poudre et du beurre de muscade,

La muscade a une odeur suave, aromatique, forte, pénétrante ; une saveur acre, chaude, piquante, aromatique. L’analyse, faite par Bonastre, a donné une matière grasse, blanche et insoluble (stéarine), une matière grasse colorée (élaïne), un huile volatile, un acide, de la fécule, de la gomme ou naturelle ou formée et enfin un résidu ligneux. En distillant les muscades avec de l’eau, on obtient une huile essentielle ; en exprimant les amandes pulvérisées, on retire un mélange d’huile fixe et d’huile volatile, appelé beurre de muscade.

Les noix muscades qui se vendent en Europe atteignent chaque année le chiffre de 250,000 livres, et, pour éviter la dépréciation de cette denrée, les Hollandais, lorsque les récoltes sont abondantes, ne gardent que la quantité consommée annuellement et brûlent le reste. • Le 10 juin 1760, dit Valmont de Bomare, j’en ai vu à Amsterdam, près de l’Amirauté, un feu dont l’aliment était estimé g millions, argent de France ; on devait en brûler autant le lendemain. Les pieds des spectateurs baignaient dans l’huile essentielle de ces substances ; mais il n’était permis à personne d’en ramasser, et encore moins de prendre les épices qui étaient dans le feu. Quelques années auparavantet dans le même lieu, un pauvre particulier qui, dans un semblable incendie, ramassa quelques muscades