Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 11, part. 2, Molk-Napo.djvu/293

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tout, qui n’eût rien été sans moi, qui n’est connu que par moi, qui écrivit cela ! Il est difficile de se séparer du malheur avec plus de brutalité, et de courir avec plus d’impudeur au-devant d’une nouvelle fortune. »

Au mois de février 1814, Murat marcha contre le vice-roi d’Italie, qu’il força à se replier sur l’Adige, mais l’attaqua mollement. Peu après, le 2 avril, Napoléon était renversé et remplacé par Louis XVIII. Le roi de Naples trouva dans ce dernier un adversaire déclaré. Il fut mis en discussion dans le congrès de Vienne et sentit la couronne glisser de sa tête. Il songea alors à son beau-frère, relégué à l’île d’Elbe, lui envoya des émissaires et l’assura d’une coopération efficace s’il voulait tenter de reconquérir son trône. Ayant appris, le 5 mars 1815, le débarquement de Napoléon en France, puis le succès de son entreprise, il déclara qu’il regardait la cause de son beau-frère comme la sienne et que bientôt il le lui prouverait. En effet, il quitta Naples le 16 mars à la tête de son armée, après avoir diminué les impôts et promis une constitution représentative, et il s’avança en Italie en appelant les populations aux armes et à la liberté. Les Autrichiens se replièrent devant lui jusqu’au Pô ; mais là il fut repoussé et forcé de rétrograder à son tour. Bientôt une grande partie de son armée l’abandonna. Poursuivi par les troupes austro-anglaises, il essuya, le 2 mai, une complète défaite à Tolentino, après une bataille de deux jours. Rentré à Naples le 18, avec quelques hommes seulement, il promulgua la constitution annoncée ; mais il était trop tard. Dès le lendemain il dut quitter sa capitale, qui fut occupée par les Autrichiens au nom de Ferdinand IV. Murat gagna Gaëte, débarqua à Cannes avec sa famille le 25 mai et envoya un courrier à Napoléon pour lui annoncer son arrivée et se mettre à ses ordres. Mais celui-ci ne répondit point à son beau-frère et même lui fit interdire l’accès de Paris par Fouché. Il devait regretter plus tard cette détermination ; lorsqu’il disait à Sainte-Hélène, en parlant de Waterloo : « Murat nous eût valu peut-être la victoire ; car que nous fallait-il dans certains moments de la journée ? enfoncer trois ou quatre carrés anglais. Or, Murat était admirable pour une pareille besogne. Il était précisément l’homme de la chose ; jamais, à la tête d’une cavalerie, on ne vit quelqu’un de plus déterminé, de plus brave, de plus brillant. »

Murat se disposait à aller habiter près de Lyon, lorsque arriva la nouvelle de la défaite de Waterloo. La sanglante réaction royaliste qui éclata alors dans le Midi le força à chercher une retraite obscure dans le Var. Là, il reçut de nombreuses visites d’officiers français et d’intrigants, qui, flattant son esprit aventureux, le poussaient à retourner à Naples, en lui montrant le peuple prêt à se soulever en sa faveur. Murat se laissait aller à cette illusion. « Je n’ai pas besoin, disait-il à un de ses officiers qui s'efforçait de le détourner de ce rêve d’une seconde restauration désormais impossible, je n’ai pas besoin d’un bataillon de vieux soldats pour rallier les populations à mon drapeau ; mon nom seul suffit : je partirai seul, si mes amis ne veulent pas me suivre. » Toutefois, il finit par céder aux conseils d’amis plus clairvoyants, sollicita de l’empereur d'Autriche, par l’entremise du duc d’Otrante, l'autorisation de se rendre dans ses États avec sa famille et reçut une réponse favorable. Sur ces entrefaites, il fut averti par les autorités de Marseille qu’une troupe de bandits royalistes devait l’enlever ou le tuer dans la nuit du 17 au 18 juillet. Murat alla se réfugier à Toulon, où il passa quelques jours, puis se cacha près de cette ville. Il allait chercher une retraite auprès d’un de ses amis, dans les environs de Roanne, en attendant la conclusion de ses derniers arrangements avec le cabinet de Vienne, lorsqu’il apprit qu’un bâtiment de commerce allait faire voile pour le Havre. Le capitaine de ce navire consentit à le recevoir à son bord, le matin, à la sortie du port. Mais Murat, empêché par la violence des flots, ne put parvenir jusqu’à ce bâtiment, qui s’éloigna. En ce moment, sa tête venait d’être mise à prix. Il dut chercher un asile dans la montagne ; chez une pauvre bûcheronne. Au bout de huit jours, ses amis parvinrent à lui procurer une barque pour se rendre en Corse. Pendant la traversée, une tempête s’éleva, et l’ancien roi de Naples allait être englouti lorsqu’il fut recueilli par le paquebot de Toulon à Bastia. Arrivé dans cette ville, il ne s’y trouva point en sûreté et se rendit à Vescovato, où il put, après tant d’agitations, goûter quelques moments de repos chez le général Franceschetti.

« Les intrigues qui l’avaient assiégé en Provence le poursuivirent en Corse, dit Germain Sarrut, à qui nous emprunterons le dernier et dramatique épisode de la vie de Murat ; des émissaires de France et d’Italie renouvelèrent leurs suggestions perfides ; à les en croire, Naples et les principales villes du royaume attendaient et pressaient de leurs vœux le retour de Joachim. Malheureusement pour lui, les plus sages, les plus prudents de ses amis n’étaient pas à Vescovato. Leur voix ne put combattre ni balancer l’influence des mauvais conseils ; il se décida aussitôt à tenter une entreprise dont trop de gens lui garantissaient le facile succès. Il lui fut aisé de trouver, de recruter en Corse un certain nombre de soldats, et il nolisa six barques, sur lesquelles il fit transporter secrètement des armes et des munitions ; pour se procurer les fonds nécessaires à ce coup de main, il mit ses diamants en gage. Tous les préparatifs étaient terminés, lorsque le comte Macirone vint le trouver ; il lui apportait de Paris les passe-ports en vertu desquels il était autorisé à se rendre et à vivre dans les États autrichiens. Après avoir lu les conditions qui lui étaient faites, Murat s’écria : « Il est trop tard ! le sort en est jeté ; dans un mois, je serai à Naples. » Et il mit à la voile dans la nuit du 28 septembre 1815.

« Il avait confié le commandement de sa petite escadrille à un ancien capitaine de frégate, qui devait à la faveur de Murat ce grade dans la marine napolitaine ; il se nommait Barbara, et bien que quelques avis fussent parvenus à Joachim sur le compte de cet homme, dont on l’engageait à se défier, il croyait à son dévouement et à son courage. Contrariés par les vents, les bâtiments dont se composait l’escadrille furent dispersés, le 5 octobre, par une tempête, et quand, dans la matinée du 6, on fut en vue des côtes des Calabres, les signaux ne purent rallier qu’une seule barque qui contenait 40 soldats. Un officier qui avait été envoyé pour répondre aux questions de la douane avait été retenu prisonnier : les douaniers menaçaient de faire feu si les barques ne s’éloignaient pas.

« Murat sembla reconnaître la nécessité d’une prompte retraite. Mais Barbara, qui avait reçu le prix de sa trahison, insista pour qu’on abordât au Pizzo, et Murat lui donna enfin l’ordre qu’il désirait.

« Quand la barque fut arrivée devant le port, les principaux officiers de Murat, qui n’avaient pas été consultés sur son nouveau projet, le supplièrent d’y renoncer ; ils voyaient bien que le roi courait à la mort. Il fut inflexible et donna le signal du débarquement. Avant de quitter sa barque, il prescrivit à Barbara de se tenir prêt à le recevoir avec sa suite dans le cas où ils seraient forcés de rembarquer. 30 hommes environ, officiers, soldats et domestiques, l’accompagnèrent. Quelques cris de « vive Joachim ! » l’accueillirent lorsqu’il fut descendu sur le rivage ; 10 ou 12 canonniers gardes-côtes le suivirent ; mais à peine sa petite troupe avait-elle pris la route de Monteleone que des paysans, réunis et commandés par un officier de gendarmerie nommé Cappellani, firent feu sur elle. Des rassemblements se formaient sur d’autres points. La résistance était impossible, et il fallut retourner sur ses pas. Mais lorsque Murat et ses compagnons furent revenus au rivage pour se rembarquer à la hâte, le bâtiment qui devait le recevoir et le capitaine Barbara qui devait les attendre avaient disparu. Il ne restait au prince et à sa troupe aucun moyen de retraite. La populace du Pizzo s’était réunie aux paysans et aux gendarmes. Une décharge de fusils tua un des compagnons de Murat et en blessa sept autres.

« Fait prisonnier avec le reste de sa troupe, il fut conduit au fort ; il eut à subir les lâches insultes de Cappellani, qui le fouilla, lui enleva ses papiers et vingt-deux diamants. Le commandant supérieur de la province, le général Nunziante, arriva de Monteleone dans la nuit du 8 au 9, et son premier soin fut de faire transférer l’illustre prisonnier dans une chambre particulière. Le quatrième jour de sa détention, il fut prévenu par le général Nunziante que le gouvernement avait transmis, par le télégraphe, l’ordre de le retenir prisonnier, malgré ses réclamations pour être transporté sur un bâtiment portant le pavillon de la Grande-Bretagne. Dans la nuit du 13, ce général reçut l’ordre de former une commission militaire pour juger l’ex-roi de Naples : la veille, on avait éloigné de lui les généraux Franceschetti et Natale, qui étaient enfermés dans la même chambre. La commission militaire se composait d’officiers qui, pour la plupart, avaient reçu de Murat leurs grades et leurs décorations. Il était condamné d’avance ; son arrêt, prononcé dans la matinée du 13, lui fut annoncé à trois heures. Il était résigné à son sort ; il ne sollicita pas la faveur d’un recours auprès du monarque qui régnait à Naples ; il ne se plaignit pas ; à peine put-il obtenir la permission d’écrire à sa femme. Murat descendit alors dans une des cours intérieures du fort, où se trouvaient réunis 20 gendarmes ; en passant devant le front de ce détachement, il lui adressa un salut militaire. L’officier chargé de faire exécuter la sentence voulut lui mettre un bandeau sur les yeux ; il le refusa ainsi que la chaise qu’on lui offrit : « J’ai trop souvent bravé la mort pour la craindre, » dit-il, d’un ton ferme, mais sans jactance. Puis il prononça, en faveur de ses compagnons, quelques paroles qui furent interrompues par le signal de mort ; il tomba, et quand on le releva pour l’aller ensevelir dans une fosse préparée au cimetière du Pizzo, il pressait encore sur son cœur le portrait de sa femme. »

« Sorti des montagnes des Pyrénées comme un soldat qui cherche aventure, dit Lamartine, signalé à l’armée par sa bravoure, offert au premier consul par le hasard, devenu cher et utile par le zèle et par l’amitié, élevé à la main de la sœur de Bonaparte par sa beauté et par son amour, porté aux grands commandements par la faveur, au trône par l’intérêt de famille, à l’infidélité par l’ambition de sa femme et par la faiblesse du père pour ses enfants, précipité par le contre-coup de la chute de l’Empire, disgracié à la fois par Napoléon et par ses ennemis, incapable de l’obscurité et de la médiocrité après tant d’éclat et tant de fortune, se jetant de désespoir dans l’impossible et ne trouvant que la mort, mais tombant, jeune encore, avec toute sa renommée, emportant, sinon l’estime entière, au moins tout l’intérêt et toute la compassion des contemporains, laissant à la postérité un de ces noms qui éblouissent les âges, où l’on trouvera des ombres sans doute, mais pas de crimes : tel fut Murat ! Deux patries le revendiqueront : la France qu’il servit ; l’Italie qu’il gouverna. Mais il appartient, avant tout, au monde de l’imagination et de la poésie ; homme de la fable par ses aventures, homme de la chevalerie par son caractère, homme de l’histoire par son époque. Il mérita, plus que tout autre, l’épitaphe rarement méritéé par ceux qui servent ou qui gouvernent les cours : homme de cœur, dans toute la grandeur et toute la sensibilité du mot. Aussi l’histoire, qui aura de l’enthousiasme et des reproches, aura surtout des larmes pour lui. »

Murat aimait le luxe, l’apparat, les richesses du costume, la pompe des cérémonies. « Au moment d’une bataille, dit Béguin, il se revêtait de son plus brillant uniforme, il implantait dans son panache une aigrette étincelante de diamants, et il aimait à parader devant les troupes. Guerrier, il n’eut pas, comme Hoche, Desaix, Kléber et Lannes, ce génie stratégique qui prépare un plan de campagne ainsi qu’on crée le plan d’un grand poëme ; mais nul mieux que lui ne sut saisir l'à propos d’un mouvement, distribuer, réunir, mouvoir des masses de cavalerie, tenter d’incroyables hardiesses et forcer la fortune. Roi, il gouverna sagement, libéralement et se fit aimer. Arrivé sur le trône avec 12 millions de fortune personnelle, qu’il dépensa dans l’intérêt du royaume de Naples, il en descendit ruiné, presque sans aucunes ressources. » De son mariage avec Caroline Bonaparte, il avait eu deux fils et deux filles ; Napoléon-Achille Murat, né en 1801, mort aux États-Unis en 1847 ; Napoléon-Lucien-Charles, né à Milan en 1803 ; Laetitia-Joséphine, née en 1802 et qui a épousé le comte Pepoli de Bologne ; enfin Louise-Julie-Caroline, nêe en 1805 et femme du comte Rasponi de Ravenne.


MURAT (le comte Pierre-Gaétan), fils d’André Murat, né à La Bastide-Fortunière eh 1798, mort en 1847. Il devint député du Lot en 1830, demanda inutilement l’abrogation du décret qui bannissait la famille Bonaparte et siégea pendant plusieurs législatures.


MURAT (Joachim-Joseph-André, comte), homme politique et diplomate français, fils du précédent, né à Paris en 1828. Lorsqu’il eut achevé son éducation dans sa ville natale, il suivit la carrière diplomatique, devint attaché à la légation de Florence en 1849, puis chargé d’affaires par intérim (1852), et passa au même titre en Suède en 1853. L’année suivante, il revint en France et fut élu, comme candidat officiel, député par la première circonscription du Lot, qui lui renouvela son mandat en 1857, en 1863 et en 1869. En 1856, le comte Murat suivit en Russie le comte de Morny, nommé ambassadeur extraordinaire pour assister au couronnement d’Alexandre II. Secrétaire du Corps législatif depuis 1854, il fit, en outre, partie du conseil général du Lot, devint maire de La Bastide-Murat et reçut, en 1862, la croix d’officier de la Légion d’honneur. La révolution du 4 septembre 1870 le rendit à la vie privée. Mais, lors des élections du 8 février 1871, il fut nommé dans le Lot député à l’Assemblée nationale. Dans cette Chambre, le comte Murat s’est joint au petit groupe bonapartiste dit de l’appel au peuple. Il s’est prononcé, le 1er mars 1871, contre la déchéance de Napoléon III et a voté à peu près constamment depuis lors avec les membres réactionnaires de cette Assemblée. On lui doit quelques proverbes, joués sur des théâtres de société, et une relation de la cérémonie du couronnement d’Alexandre II.


MURAT (Napoléon-Achille, prince), écrivain français, fils du roi de Naples, né à Paris en 1801, mort aux États-Unis en 1841. Sa mère, Caroline, le mit au monde peu après l’explosion de la machine infernale, à laquelle elle avait assisté avec une indicible épouvante. La santé de l’enfant se ressentit longtemps de la secousse éprouvée par la mère et il devint sujet à des spasmes contre lesquels la médecine fut impuissante. Lorsque son père devint roi de Naples, Napoléon-Achille prit le titre de prince royal des Deux-Siciles. Il se trouvait au château de Frohsdorf, en Autriche, lorsqu’il apprit la mort de son père, et continua à habiter l’Europe jusqu’à sa majorité. À cette époque, il passa aux États-Unis, se fixa dans la Floride, où il acheta des propriétés, devint directeur des postes et épousa, en 1826, une petite-nièce de Washington, Catherine Dudley, dont il n’eut pas d’enfants. On a de lui : Lettres d’un citoyen des États-Unis à un de ses amis d’Europe (Paris, 1830) ; Esquisse morale et politique des États-Unis (Paris, 1832) ; Exposition des principes du gouvernement républicain, tel qu’il a été perfectionné en Amérique (Paris. 1833, in-8o), etc.


MURAT (Napoléon-Lucien-Charles, prince), homme politique français, frère du précédent, né à Milan en 1803. Il passa sa première jeunesse à la cour de son père, devenu roi de Naples, puis suivit sa mère en Autriche en 1815, habita ensuite Venise et s’embarqua, en 1824, pour rejoindre aux États-Unis son frère Achille et son oncle Joseph Bonaparte. Mais, assailli par une tempête sur les côtes d’Espagne, il fut retenu prisonnier et n’obtint qu’avec peine sa liberté.-En 1827, il épousa Miss Carolina-Georgina Fraser. Peu après son mariage, il perdit dans des faillites tout ce qu’il possédait, et sa femme fut réduite, pour faire vivre le jeune ménage, à ouvrir une pension de jeunes filles. En 1839 et en 1844, le prince Murat se rendit en France, où, traqué par la police, il ne resta que fort peu de temps. À la nouvelle de la révolution de 1848, il quitta les États-Unis, reprit la route de l’Europe et fut, peu après son arrivée en France, nommé membre de la Constituante par les électeurs du département du Lot. M. Lucien Murat fit partie du comité des affaires étrangères, vota presque constamment avec la droite, appuya de tout son pouvoir la politique du président de la république, devint, en mars 1849, colonel de la 3e légion de la garde nationale de Paris et fut réélu à l’Assemblée législative à la fois par les électeurs de la Seine et par ceux du Lot. Envoyé, en octobre 1849, à Turin, en qualité de ministre plénipotentiaire, il fut remplacé dans ces fonctions par M. Ferdinand Barrot en 1850. Après le coup d’État du 2 décembre 1851, le prince Murat reçut un siège au Sénat, et un décret postérieur lui conféra le titre de prince de la famille impériale, en vertu duquel il reçut les qualifications d’altesse et de monseigneur. Après la chute des Bourbons de Naples en 1860, le prince Murat écrivit qu’il déclinait toute initiative dans la revendication du trôné occupé par son père et qu’il laissait aux Italiens toute liberté d’action en leur recommandant la prudence. Néanmoins, au mois de mars 1861, il déclara ouvertement, dans une sorte de manifeste, ses prétentions au trône dé Naples, prétentions que, de son côté, le gouvernement français, dans une note officielle insérée au Moniteur, déclara ne vouloir encourager en rien. M. Lucien Murat était grand maître du Grand Orient de France, lorsque, s’étant prononcé au Sénat pour le maintien du pouvoir temporel du pape, il s’aliéna les loges maçonniques, excita des orages au sein de l’ordre et dut donner sa démission. Il fut remplacé au commencement de 1862, comme grand maître, par le maréchal Magnan, désigné non par le libre choix des loges, mais par un décret impérial. Depuis la révolution de 1870, il a complètement disparu de la scène politique. Le prince Murat a eu cinq enfants de son mariage avec miss Fraser : Caroline-Laetïtia, née en 1832 et mariée au baron de Chassiron ; Joseph-Joachim-Napolêon, né en 1834 ; Achille-Napoléon, né en 1847 et qui a épousé la princesse Dudiani de Mingrélie en 1868 ; Anna, née en 1841 et mariée avec le duc de Mouchy en 1865 ; enfin, Louis-Napoléon, né en 1851. — Le fils aîné de M. Lucien Murat, le prince Joseph-Joachim-Napoléon Murat, né en 1834, entra dans la cavalerie, devint officier d’ordonnance du chef de l’État, lieutenant-colonel (1863), puis colonel des guides de la garde (1866). Il a épousé la fille du prince de Wagram. Ayant eu, en 1869, un démêlé avec M. Comté, entrepreneur, il le fit appréhender par les valets de son beau-père et l’accabla de coups de pied et de coups de poing. Cette façon princière de traiter les gens ne fut pas du goût de M. Comté, qui voulut poursuivre M. Joachim Murat devant le tribunal de Corbeil ; mais ce tribunal se déclara incompétent pour ce motif que l’inculpé appartenait à la famille impériale. Toutefois, après le meurtre de Victor Noir par M. Pierre Bonaparte, une haute cour ayant été convoquée, M. Ollivier, pour donner satisfaction à l’opinion publique, justement irritée, crut devoir traduire M. Murat devant cette cour, à raison de sa conduite envers l’entrepreneur (11 janvier 1870). Ce dernier retira peu après sa plainte et l’affaire en resta là.



MURAT (Jean), peintre français, né à Felletin (Creuse) en 1807, mort en 1864. Élève de Regnault, de Blondel et d’Hersent, il eut de brillants débuts qui semblaient promettre un maître. La Veuve au tombeau de son mari mort pour la liberté, Circé, Eucharis, Charles VII et Agnès Sorel, ainsi que quelques portraits qu’il exposa de 1831 à 1835,1 avaient déjà fait connaître avantageusement du public, lorsqu’il remporta en 1837, à l’École des beaux-arts, le grand prix de peinture avec un morceau représentant Noé faisant un sacrifice au sortir de l’arche. À son retour d’Italie, Murat se fixa à Paris, où il continua à s’adonner à la peinture historique et religieuse. Parmi les œuvres qu’il exposa, nous citerons : Agar dans le désert (1842), qui lui valut une 2e médaille ; les Lamentations de Jérémie (1844), pour lesquelles il obtint une 1re médaille ; Numa écrivant ses lois (1846) ; Abraham recevant les trois anges (1849) ; le Christ prêchant la charité (1853), etc. Outre ces tableaux, bien composés, au dessin correct, à l’exécution soignée, mais qui manquent d’originalité, on doit à cet artiste des travaux décoratifs dans plusieurs églises.