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quille de forme très-variable, assez bombée, à deux valves égales, mais inéquilatérales, épaisses, rongées aux sommets. L’animal est ovale-oblong, plus ou moing allongé et épais, ayant le manteau ouvert en avant, des branchies assez longues, le pied quadrangufaire, très-grand, très-épais et comprimé. Ce genre comprend un grand nombre d’espèces, la plupart mal connues. Elles sont répandues dans toutes les parties du monde, mais surtout dans l’Amérique du Nord ; c’est là qu’on trouve les espèces les plus remarquables par leur grande taille ou leurs belles couleurs. Toutes les mulet les habitent les eaux douces, notamment les lacs et les rivières. Elles rampent au fond de l’eau à l’aide de leur pied. Ces animaux sont vivipares-, les petits, qui prennent leurs premiers développements dans les branchies des parents, ont alors de très-petites dimensions et des formes tellement différentes de celles de l’adulte qu’ils sont presque méconnaissables ; aussi plusieurs.auteurs les ont-ils pris pour un genre particulier, vivant en parasite sur les branchies des mulet les. Les coquilles de ces mollusques sont généralement de grande taille, de tonnes ovales assez élégantes, de couleurs noirâtres, brunâtres, verdâtres ou violacées, souvent irisées et nacrées en dedans ; aussi sont-elles recherchées dans les collections. Quelques espèces méritent une mention spéciale.

La mulelte des peintres atteintjusqu’à om, l 0 de longueur ; elle est allongée, nacrée à l’intérieur, recouverte extérieurement d’un épiderme luisant, brun ou verdâtre. Elle est très-commune dans toute l’Europe centrale et habite surtout les eaux courantes. On dit qu’en Italie on mange l’animal comme les escargots. Les peintres se servent des valves de cette coquille pour y mettre leurs couleurs j de là le nom de l’espèce.

La mulelte perlière, beaucoup plus grande et plus épaisse que la précédente, a son bord inférieur échanoré et sinué vers son milieu ; blanche et nacrée en dedans, elle a sa surface extérieure profondément striée et recouverte d’un épidémie brun ou noir. On la trouve surtout dans le Rhin. Linné, ayant remarqué que les perles qu’on y trouve quelquefois étaient simplement une sécrétion destinée par l’animal à boucher les trous faits à sa coquille par certains animaux aquatiques qui sont très-friands de sa chair, avait imaginé de percer la coquille pour multiplier ces sécrétions. Mais ces perles ne sont pas d’une belle eau et n’entrent pas dans le commerce.

MULEY EL OATAS, roi de Fez, ’mort en 1550. Il monta sur le trône en 1535, donna des commandements importants aux deux chérifs Muley Mohamed et Muley Aehmet, qui se déclarèrent indépendants, s efforça de mettre un terme à leurs envahissements progressifs, fut fait deux fois prisonnier par Muley Mohamed et dut racheter sa liberté en abandonnant une partie de ses provinces. Attaqué jusque dans Fez, sa capitale, El Oatas tomba encore une fois entre les mains de son redoutable adversaire, qui le déposa en 1545 et le lit mettre à mort après une captivité de cinq ans.

MULEY MOHAMED, roi de Fez et de Maroc, assassiné en 1557. Il gagna les bonnes grâces du roi de Fez, Muley el Oatas, qui le chargea de l’éducation de ses enfants, puis lui confia le gouvernement de Taroudant, en même temps qu’il donnait au frère de ce dernier, Muley Aehmet, le gouvernement de Maroc. Les deux frères, poussés par l’ambition, se déclarèrent indépendants en 1536 et se firent proclamer rois. Muley el Oatas ayant voulu réprimer leurs entreprises ambitieuses, fut vaincu à plusieurs reprises par Muley Mohamed, dont il devint deux fois prisonnier et qui ne lui rendit la liberté qu’en échange d’une par.de de ses possessions. Tournant alors ses armes contre son frère Muley Aehmet, dont il ne voulait pas reconnaître la suzeraineté, Mohamed le battit en diverses rencontres et finit par le reléguer à Tafilet, après s’être emparé de Maroc. Devenu maître du sud de l’empire, Muley Mohamed résolut de s’emparer de la région septentrionale. En conséquence, il recommença la guerre avec Muley el Oatas, le battit de nouveau, assiégea Fez, qui ne se rendit qu’après vingt et un mois de résistance, déposa Oatas, dont il épousa la fille, et mit ainsi fin à la dynastie des Merinis, qui avait régné 337 ans (1545). Il envoya ensuite trois de ses fils s’»niparcr de Tlemcen et de quelques autres provinces du Nord ; mais leur expédition échoua et deux de ses fils y trouvèrent la mort. À partir de ce moment, le caractère de Mohamed Muley s’aigrit ; il commit plusieurs actes.de cruauté et fit notamment étrangler le roi de Fez et son fils Sidan (1550). Attaqué par le dey d’AI■ ger, Salab Reis, qui envahit le Maroc et prit Fez, attaqué en même temps par son frère Muley Aehmet, Muley Mohamed réunit deux armées, battit ses ennemis, fit exterminer les principaux habitantsde Fez et périt assassiné

Iiendant une expédition contre les tribus ber)ères do l’Atlas. Il eut pour successeur son fils, Muley Abd-Allah.’

MULEY-ABD-ALLAH, empereur de Maroc, fils du précédent, mort en 1574. Il succéda à son père en 1557, régna d’abord avec sagesse et modération ; puis, jaloux de l’affection que le peuple témoignait à ses frères, à qui il avait confié des gouvernements, il les fit as MULE

sassiner. En 1562, il essaya vainement de s’emparer de Mazagran. Ce prince fit construire des palais et des édifices utiles, notamment des collèges, et laissa le trône a son fils, Muley Mohamed.

MULEY MOHAMED, surnommé le Nègre, sultan de Maroc, fils du précédent, mort en 1578. Appelé au trône-après la mort de son père en 1574, il se rendit odieux en faisant périr ses frères dans la crainte de trouver en eux des compétiteurs, fut détrôné par son oncle, Muley Abd-el-Melek, se rendit alors a Lisbonne auprès du roi dom Sébastien et le détermina à faire une expédition dans le Maroc, en lui promettant que, à peine débarqué, il verrait se joindre à lui de nombreux alliés maures. Dom Sébastien débarqua à Tanger le 25 juin 1578. Bien qu’il ne vît point se présenter les alliés qu’on lui avait promis, il ne voulut point attendre des renforts et marcha contre Muley Abd-el-Melek. Enveloppés par des forces considérables, les Portugais furent exterminés à la célèbre bataille, d’Alcaçar-Quivir. Dom Sébastien y trouva là mort, Muley Mohamed se noya au passage d’une rivière et Muley Abd-el-Melek, malade depuis longtemps, succomba avant la fin de la journée, ce qui fit donner à cette bataille le nom de bataille des trois rois.

MULEY ABD-EL-MELEK, roi de Fez et de

Maroc, de la première dynastie des Chérifs. Il régna de 157S a 1578. Lors de l’avénementde son neveu Muley Mohamed (1574), craignant de devenir la victime de ce prince barbare, il leva l’étendard de la révolte et s’empara du trône (1574). Muley n’était point encore complètement affermi lorsqu’il fut atteint d’une grave maladie. Sur ces entrefaites, il apprit que 20,000 Portugais venaient de débarquer sur la côte d’Afrique. Ayant vainement essayé d’acheter la paix, il se fit porter en litière à la tête de ses troupes et périt d’épuisement après la célèbre bataille d’Alcaçur-Quivir (1578), gagnée par lui sur les

Portugais, commandés par dom Sébastien de Portugal, qui lui-même fut tué dans l’action.

MULEY ACHMET ou AHMED LABASS-AL-MANSOUR, sultan de Fez et de Maroc, mort en 1003. Après la mort de Muley Abd-el-Melek, il fut proclamé comme son successeur sur le champ de bataille d’Alcaçar (1578). Pendant son règne, qui dura vingt-cinq ans, la tranquillité du Maroc fut à peine troublée. Il vainquit facilement, en 1594, Muley Naur qui lui disputa le trône, fit une guerre heureuse dans les États voisins du Niger, construisit plusieurs édifices d’utilité publique, répara les routes et les ports, réprima des abus, et mourut regretté de ses sujets, dont il avait mérité la reconnaissance.

MCLEY SIDAN (Zôidan), sultan de Maroc, fils du précédent, mort en 1630. Il succéda à son père en 1603, lutta avec succès contre ses deux frères aînés qui lui disputaient le trône, et mit un terme à des’incursions de tribus berbères dans ses États. En 1620, il reçut de Hollande une ambassade dont faisait partie le professeur Golius, qui écrivait fort bien l’arabe sans pouvoir le parler, ce qui étonna beaucoup le sultan.

MCLEY ABD-EL-MELEK, empereur de Maroc, fils du précédent, mort en 1635. Il succéda à son-pèra en 1630 et fut le premier prince de Maroc qui prit le titre d’empereur dans ses relations avec les puissances étrangères. Il se rendit odieux au peuple par ses débauches et par ses cruautés, fut déposé à la suite d’un soulèvement général, parvint néanmoins à vaincre ses compétiteurs, à reprendre son pouvoir, et fut assassiné par un esclave, dont il s’était attiré la haine.

MULEY ALI, empereur do Maroc, né à Jambo, près de Médine, vers 1610. Il est le chef de la branche des Faletti, actuellement régnante, qui prétend descendre du Prophète. Des musulmans du Maroc, qui étaient allés en pèlerinage à Médine, furent frappés des éminentes-qualités de Muley et le décidèrent à venir habiter leur oays. D’après une tradition, à peine Muley tut-il arrivé dans le Maroc que la disette qui dévastait l’empire cessa par suite d’abondantes récoltes, et le peuple, toujours crédule, attribua à son intervention cet heureux changement. Proclamé roi de Tafilet sous le nom de Muley Chérir vers 1650, il vit son autorité successivement reconnue par les autres provinces, à l’exception de Maroc, rendit la paix et l’abondance à un pays épuisé par les guerres civiles et la disette et mourut vivement regretté de ses sujets. Muley Aii laissa son trône à son fils, Muley Mohamed, qui hérita de ses vertus et mourut en 1664, après avoir été renversé par son frère, Muley Archyd.

MULEY ARCHYD, empereur de Maroc, né en 1631, mort à Fez en 1672. Ce prince, un des plus cruels qui aient régné sur ce pays, se révolta contre son frère, Muley Mohamed, qui le battit et le fit prisonnier, parvint à recouvrer sa liberté, s’enfuit dans les montagnes du Rif, gagna la confiance du cheik de ces montagnes, corrompit ses soldats, puis marcha à la tête de nouvelles troupes contre son frère Muley Mohamed, le vainquit à son tour et le força de s’enfermer à Tafilet, où il mourut peu après (1064). Devenu alors maître du pouvoir, Muley Archyd agrandit ses possessions en soumettant les habitants du Rif, Fez (1665), Argilla, Salé, Maroc, fit traîner à

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la queue d’une mule, dans les rues do cette dernière ville, Muley Cheik, fils de l’usurpateur Crom, étouffa quelques révoltes dans le sang et devint le souverain le plus puissant de 1 Afrique. Il voulut aussi en être le plus riche et n’épargna dans ce but ni les exactions, ni les crimes. Quelques belles qualités et un grand courage étaient ternis en ce prince par une cruauté extraordinaire : l’office de bourreau, qu’il exerçait souvent, lui paraissait un des plus beaux attributs de son pouvoir. Parmi ses traits de barbarie, Chftnier cite le suivant : « Pour forcer des femmes dont il avait fait périr les maris à payer des contributions exagérées, il fit placer leurs mamelles entre les bords de l’ouverture d’un coffre et les comprima de son propre poids. » Muley Archyd se cassa la tête contre un arbre dans un divertissement à cheval.

MULEY 1SMAËL, empereur de Maroc, né en 1640, mort en 1727. Après la mort de son frère, Muley Archyd (1672), il se fit proclamer empereur à Fez pendant que les villes de Tafilet et Maroc reconnaissaient pour souverains, la premièro Muley Haràn, la seconde Muley Aehmet. Trois ans de guerres, signa ; lées par d’atroces cruautés, mirent Muley Ismaël en possession do tout l’empire. Ayant mis en déroute le caïd Mahomet el Hadji, qui commandait une armée de 60,000 hommes, il envoya à Fez et à Maroc 10,000 têtes pour annoncer sa victoire et terrifier ses ennemis. En 1678, son empire fut désolé par une peste horrible, qui enleva plus d’un million d’hommes. Cette même année, Ismaéi créa une milice composée de noirs, sorte de garde prétorienne qui lui fut toute dévouée, mais qui créa, par ses prétentions et par son arro- ■ gance, de nombreux embarras à ses successeurs. Après avoir triomphé de ses compétiteurs et des révoltes intérieures, l’empereur de Maroc enleva Tanger aux Anglais (1684), Larache et plusieurs autres places aux Espagnols, assiégea vainement Ceuta pendant vingt-six ans, conclut un traité de commerce avec Louis XIV et tenta une expédition infructueuse contre les Algériens (1700). Les inquiétudes que lui donnait le grand nombre de ses enfants mâles, la révolte de l’un d’eux et les préparatifs d’un immense armement dirigé contre les Espagnols et que la tempête dissipa en 1722, occupèrent la dernière partie de} sa vie. Muley Ismaël mourut après un règne de cinquante-quatre ans. C’était un politique habile, actif, entreprenant, mais un homme rapace, perfide et cruel. Il avait eu un nombre prodigieux de femmes et plus de huit cents enfants mâles.

MULEY ACHMEÏ-DÉBY ou AHMED DE-HABY, empereur de Maroc, fils du précédent, mort on 1729. Il succéda à son père en 1727. Sa généreuse conduite envers son frère Abdallah, qui s’était révolté contre lui, semblait promettre un prince humain et juste ; mais cet espoir fut bientôt déçu. Livré entièrement a son goût pour l’ivrognerie, il souilla le trône par toutes sortes d’intamies et de crimes, provoqua un soulèvement.général, fut déposé momentanément par son frère Abd el Kelek qu’il vainquit, ressaisit le pouvoir, fit mettre, à mort les révoltés et leur chef et mourut lui-même peu de jours après ;

MULEY ABD-ALLAH, empereur de Maroc ; né en 1694, mort à Fez en 1757. Frère du précédent, à qui il succéda en 1729, grâce a sa mère, la négresse Lela Coneta, qui gagna à ■ prix d’argent les alboccaris, milice alors toutepuissante. AVant son avènement, il avait montré quelques qualités ; mais, une fois monté sur le trône, il ne se fit plus remarquer que par son caractère bizarre, cruel et sanguinaire. Son règne n’offre qu’une longue sérié de meurtres et d’expéditions malheureuses. Il échoua dans toutes les expéditions qu’il tenta contre les Espagnols d’Afrique à l’instigation du duc de Ripperda, fut continuellement en guerre avec ses frères, se vit cinq fois déposé et cinq fois réintégré au pouvoir suprême, fut pendant les douze premières années de son règne le jouet do l’inconstance de son peuple, de l’indiscipline de ses soldats et ne resta paisible possesseur de son trône que lorsqu’il eut fait exterminer en partie les alboccaris. Malgré sa férocité et son avarice, Muley Abd-Allah se montra accessible aux Européens, facilita les rachats des chrétiens, conclut la paix avec les Hollandais et les Anglais et autorisa l’établissement de plusieurs comptoirs dans ses États.

MULEY YÉZ1D, empereur de Maroc, né en 1*50, mort en 1792. À la mort de son père Sidi Mohamed (1790), il monta sur le trône, gouverna, à l’exemple de son grand-père Muley Abd-Allah, avec une grande barbarie, rendit surtout les juifs victimes de sa cruauté et de sa cupidité, fit piller ceux de Larache, Tetouan, Alcaçar et n’épargna les juifs des autres villes qu’en recevant d’eux des contributions énormes. En 1791, il investit les places possédées par les Espagnols sur les côtes du Maroc, eut à lutter contre ses deux frères, Muley Abderhamau et Muley Hischem, qui voulurent profiter de la guerre contre l’Espagne pour s’emparer du trône de Maroc, les battit, mais reçut alors une blessure dont il mourut peu après,

MULEY SOLIMAN, empereur de Maroc, frère du précédent, mort en 1822. Il monta sur le trône après la mort de son frère (1792), força ses quatre autres frères à se soumettre à son pouvoir, et s’occupa a partir dé ce mo MULE

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ment a gouverner ses sujets avec une habileté et une sagesse qui procurèrent au Maroc vingt-cinq ans de tranquillité. Grand ami de la paix, il conclut des traités avec la France, les États-Unis, Hambourg, la Sardaigne et évita ave*c soin tout conflit exté- ’ rieur. Les dernières années du règne de ce prince furent malheureuses. À la suite d’une affreuse disette qui vint ravager l’empire en 1818, les montagnards du Tell refusèrent de payer l’impôt. Soliman envoya pour les soumettre son fils Ibrahim qui fut battu, et marcha alors contre eux. Sa seule présence eût suffi.à rétablir l’ordre et déjà des envoyés des tribus étaient venus faire leur soumission lorsque Ibrahim, pour venger sa défaite, fit fusiller les envoyés. Cet acte aussi barbare qu’impolitique provoqua de sanglantes représailles ; Cinq cents hommes, choisis parmi les plus braves des tribus, se rendirent alors au camp de l’empereur comme pour venir solliciter leur pardon et massacrèrent pendant la nuit Ibrahim et un grand nombre de soldats impériaux. Soliman, échappé au massacre grâce à l’humanité d’un montagnard qui lui sauva la vie, se vit peu après assiégé dans Méquinez par les révoltés, dont lo nombre s’était considérablement accru. En même temps Fez se souleva et le neveu de l’empereur, Muley Ibrahim, consentit à se mettre a la tête des révoltés et à se laisser proclamer sultan. Mais, peu après son arrivée à Tetouan, Ibrahim mourut (1821), désignant pour lui suecôderjson frère, Muley Zied. Muley Soliman battit ce dernier, mais il mourut avant d’avoir pu rétablir la paix dans son empire. C’était un prince juste et sobre, qui abolit l’esclavage, défendit la course et la piraterie, et se montra presque constamment animé des meilleures intentions. Il désigna pour successeur Muley Abderhaman, fils de son frère Muley Hischem.

MULEYABDERHAMANouABDEBRAHMAN,

empereur do Maroc et de Fez, né en 1778, mort en 1859. Il était fils de Muley Hischem et neveu de Muley Soliman, qui, après l’avoir, exilé avec son père à Tafilet, le nomma gouverneur de Mogador et le désigna en mourant pour lui succéder (1822). Pendant les premières années de son règne, il eut à comprimer une révolte de Berbères (1823-1824), puis la révolte des ondayas, milice marocaine, qu’il dut assiéger dans le nouveau Fez et qu’il licencia (1831), enfin une insurrection fomentée à Fez par le marabout Sidi Mohammed ben Thayeb. Ayant forcé la ville à capituler, il accorda la vie au marabout qu’il sa borna ti faire promener sur un âne la tête tournée vers la queue de l’animal, mais se montra inflexible envers ses principaux complices, dont vingt-six furent enfermés vivants dans une maçonnerie. À l’exception de ces révoltes, la paix régna à l’intérieur sous le gouvernement de ce prince. Mais il n’en fut pas de même avec les puissances européennes, qui eurent de nombreux différends avec Muley Abderhaman. En 182S, l’Autriche ayant voulu s’affranchir, à l’exemple de l’Angleterre et de la France, du tribut annuel qu’elle payait au Maroc pour se racheter du pillage exercé par les États barbaresques, un navire de commerce du port de Venise fut pillé par les Marocains et son équipage réduit en servitude. Une escadre autrichienne, sous les ordres de l’amiral Bandiera, se rendit alors sur les côtes de Maroc, mais sans pouvoir obtenir aucune réparation. Toutefois, l’empereur Muley finit par consentir à signer un traité par lequel il rendait le navire capturé et renonçait pour l’avenir au tribut. La conquête d’Alger par les Français en 1830 devait être pour l’empereur de Maroc l’origine de périls uion autrement sérieux. En 1831, il chercha à s’emparer de Tlemcen ; toutefois, devant l’action militaire et diplomatique de la France, il renonça à. ses prétentions sur la régence et résista longtemps aux excitations^’Abd-el-Kader qui réveillait l’ancien fanatisme dans les tribus marocaines et les poussait a la guerre sainte contre les envahisseurs. Enfin, cédant au courant do l’opinion, Muley fit remplir les cadres de son armée par des contingents de nègres et de Kabyles et déclara la guerre à la France ; mais, malgré leur bravoure, ses troupes furent complètement battues à Isly par Bugeaud (13 août 1844), pendant qu’une escadre française sous les ordres du prince de Joinville bombardait Tanger, Mogador et répandait la terreur sur les côtes du Maroc. Muley Abderhaman, comprenant l’impossibilité de résister "a. la supériorité écrasante des armes françaises, s’empressa de signer le traité de Tanger, par lequel il s’engageait h éloigner ses troupes de nos frontières algériennes et à reléguer l’émir Abd-el-Kader dans l’intérieur de son empire. Cette même année, il eut un grave différend avec l’Espagne au sujet du meurtre de l’agent consulaire de cette nation ; mais, grâce à la médiation de l’Angleterre, l’affaire s’arrangea par le traité de Madrid (septembre 1844). L annéo suivante, la Danemark et la Suède s’affranchirent du tribut qu’ils avaient payé jusque-là au Maroc. En 1847, Muley Abderhaman dut comprimer l’insurrection des provinces du centre et de l’est qui s’étaient déclarées pour Abd-el-Kader et rejeta l’émir sur la rive française do la Malouïa, où celui-ci tomba entre les mains du général Lamoricière (1848). Depuis cette époque, les pirateries des Riffains ou habitants de la côte septentrionale causèrent de nom-