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ligieuse de l’Espagne, autorisa le rit mozarabe et donna même aux ecclésiastiques de ce culte national une chapelle de la cathédrale de Tolède. Il fit même imprimer le missel (1500) et bientôt après (150S) le bréviaire mozarabes. Malheureusement, comme plusieurs morceaux s’étaient perdus, il crut devoir combler les vides par des emprunts faits au missel de Tolède, qui n’avait rien de mozarabe. Son essai de restauration du vieux culte ne fut pas heureux et le rit romain triompha en Espagne, malgré les mozarabes, comme il a triomphé en France malgré les gallicans.

Les ouvrages Unvrimés par les ordres de Ximenès étaient devenus à peu près introuvables, lorsque, en 1755, un gallican, le Père Lestée, homme savant et habile, les réimprima pour faire pièce aux uiiramontains. Un autre ecclésiastique, le Père Lebrun, fit dans le même but, vers la même époque, une Histoire du rit mozarabe, où il cherchait à établir la ressemblance de ce rit. avec le rit gallican. Bergier suivit la même voie dans son Dictionnaire de théologie. Mais^malgré tout, le rit mozarabe est mort et le gallioa- ■ nismeVa suiviau tombeau.’■ ’• " ’"'*’ '■’.

MÛZARABIQUE adj. (mo-za-ra-bi-ke —. rad. mozarabe). Qui appartient aux. mozarabes : Culte mozarabique. Iri " ’

— Diplom." Syn. dewiSiGOTHiQUB : Écriture

MOZARABIQUE.

MOZARITE s. m. (mo-za-ri-te). Hist. Membre d’une tribu arabe, il Descendant des Ismaélites nomades.,

t.

MOZART (Jean-Georges-Léopold), compositeur allemand, père de Wolfgang Mozart, ’ né à Augsbcurg en 1719, mort k Salzbourg en 1787. I ! était fils d’un relieur, qui eut l’intelligence de laisser se développer sans contrainte l’instinct musical qui s’était révélé dans son enfant. Le jeufie homme lit ses humanités et, son éducation terminée, entra au service du comte de Thun en qualité de valet musicien. Quelques années plus tard, Mozart vint s’établir à Salzbourg, fut attaché en qualité de-premier violon a.la chapelle.du princeévêque, et y épousa Maria-Anna Bertlina ou plutôt Pertlin, dont il eut sept enfants. De cette nombreuse lignée, deux rejetons-seuls Survécurent, Marie-Anne ou Nannerl, née en 1751, et Wolfgang, né en 1756. Nommé, en 1702, second maître de chapelle, pui3.ph.ef d’orchestre des concerts de son évêque, et plus que, médiocrement rétribué malgré le savoir dont il avait fait preuve dans ses dï-, verses fonctions, Léopold, qui avait consacré à l’éducation musicale de sc3 enfants ’toute son intelligence, songea à donnera sa petite famille un talent qui pût lui procurer à la fois la gloire et la fortune et lui assurer pour l’avenir une position • indépendante. C’est alors qu’il entreprit, avec son fils et sa fille, les longs voyages dont nous parlons dans la biographie de Wolfgang. Erii 1777, .il revint à Salzbourg et s’y fax» ; laissant son fils retourner en France avec sa "mère. Plein de confiance dans la destinée de son Woferl, qu’il semblait avoir entrevue dès les premières années de cet enfant, il attendit avec calme sa dernière heure et mourut le 28 mai 1787, cinq mois environ avant la représentation du bon Giovanni, le chef-d’œuvre de son fils, et, au dire presque général, le chef-d’œuvre des chefs-d’œuvre.. >, .-■

Léopold Mozart était un homme instruit et un savant musicien. Il a laissé, en manuscrit, un grand nombre de pièces religieuses.composées pour la chapelle de Salzbourg, douze oratorios, deux opéras, des intermèdes et des divertissements. Oh a publié de lui : six trios, douze pièces ; de clavecin, des compositions pour l’orgue, trente sérénades, des concertos et symphonies, et.enfin une méthode de violon qui à longtemps joui en Allemagne d’une grande réputation, ,, ,., ,"

MOZART (Jean-Chrysostome-Wolfgang-Gotdieb), illustre compositeur allemand, fils du précédent, né à Salzbourg le 27 janvier 1756, mort, à Vienne ’le 5 décembre 1793, à l’âge de trente-cinq ans. Son père fut. son seul maître, et il se borna à surveiller le merveilleux, développement de l’instinct musical chez son fils. Wolfgang avait à peine atteint sa troisième année, qu’il essayait de reproduire ; sur le piano, les exercices enseignés à, sa sœur Marie-Anne, plus âgée que lui de quatre uns. Bien plus, il combinait déjà-sur. le clavier des consontiances et se plaisait surtout aux tierces et aux sixtes, seuls intervalles quépût embrasser l’exiguïté de sa main. Dès sa quatrième année, il répétait, do mémoire, les gamines et les passages chantants des concertos joués par sa sœur, et dictait même à son père de petits morceaux que M. de Nissen, le second inari de Mme Mozart, a publiés dans la vaste biographie qu’il a consacrée à l’illustre compositeur.

Le caractère de Mozart réunissait les contrastes les plus divers ; tour à tour bruyant et méditatif, joueur et acharné au travail, il laissait monter à ses lèvres la naïveté do son cœur affectueux., « M’aiinez-vous bien ? • disait-il à toutes les personnes qui fréquentaient la maison de son père ; et, si la réponse affirmative se faisait attendre, ses yeux s’humectaient de larmes. À cette maladive sensibilité il joignait un goût très-développé pour les sciences exactes. On le vit, pendant quelque temps, couvrir Jçs murs et Us tables de çhif.

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fres et de figures géométriques. Cette excursion dans le domaine des mathématiques fut courte ; il revint vite à sa chère musique. Un jour, on lui fit cadeau d’un petit violon proportionné à-sa taille ; il se mit à travailler seul et en secret l’instrument. Peu de temps après, Wengl, violoniste renommé de l’époque, vint rendre visite h Léopold Mozart et lui proposa d’essayer quelques trios qu’il venait de composer. Wolfgang demanda aussitôt qu’on voulût bien lui confier une partie. Léopold se récria et refusa. L’enfant se mit., aussitôt à pleurer en disant que, pour jouer une seconde partie, il n’était pas indispensable d’être d’une habileté hors ligne. « Eh bien alors, riposta le père, joue avec-M. Schachner, ’mais joue tout’doucement, car^si on t’entend, tu seras renvoyé. « Létrio coin- ? mença.et les exécutants poussèrent une exclamation de surprise en entendant Wolfgang exécuter k première -vue, non-seulement la

parlie du second.violon, mais encore celle du.premier. C’est aussi par intuition géniale que

l’enfant s’assimila presque toutes les règles . de l’harmonie.• ! ! avait à’peine six ans/qu’il essaya-de composer un concerto. «Que fais- :tu là ?’lui dit son père, le voyant barbouiller un papier à musique. <—’Je compose un concerto dont la première partie est bientôt finie. — Montre-nous, ton chef-d’œuvre.-Non, ce n’est pas fini ! » Mais Léopold arra- ! che de3-mains de son fils de.papier noirci et y jette un regard curieux. Tout à coup ses yeuxis’illuminént, .un sourire de.joie et d’orgueil paternel vient éclairer, son visage, et il tend le papier à l’un de ses amis qui se trouvait k ses côtés : « Voyez, dit-il, comme cela’ est bien, et "comme.les règles sont observées 1 » ’ ■’ • ’ '.

Ces preuves d’un génie précoce firent en-tievûir à Léopold la future destinée de son, fils et lui inspirèrent un.projet qu’il mit immédiatement a exécution. ;Son but bien-arrè té ; était un voyage artistique k travers toute ( l’Europe. En faisant parcourir ces contrées à-ses deux enfants, Léopold.voulait, non-seulement améliorer-sa position, modeste,

mais encore perfectionner l’éducation de ces] deux chères créatures en.les mettauteurap-., port avec, les grands maîtres do l’art. Marie-^ Anne -ou- Nannerl, alors-âgée de onze-ans,était /de première..force sur. le. clavecin ; i Wolfgang, dans sa sixième année, possédait une exécution merveilleuse ;.il jouait les piè- ; ces brillantes avec-tant de charme et d’éclat, l’andante avec tant de grâce, les, fugues de Hsençl.el et.dé Bach avec tant de netteté et de précision ; l’improvisation.était chez lui si. facile et si abondante ; en un mot, les fleurs, dp son génie se montraient déjasi vivaceset radieuses, quéL Léopold était fondé a croira

3ue le moment ôtait/venu de poser les bases e la fortune/et de l’indépendance rêvées pour ses enfants. Une autre, raison guidait" encore ce père prévoyant. Les admirables facultés de son fils le remplissaient d’admiration et parfois, -même de respect., Hoinmepièux, et confiant dans la volonté divine, il, pensait avoir mission de ràonti’er-au monde> cet enfant du miracié, comblé de tous les dons intellectuels. ’ ■" y., ■.

C’est en 17û2 qu’il commença les voyages projetés. Au mois de juin, il se met en routa pour. Muniçh, avec sa femme et ses deux enfants. Dans la nombreuse correspondance de Léopold Mozart, on n’a trouvé aucune lettre, relative à leur séjour dans cette ville ; on sait seulement que Wolfgang joua un concerto devant l’électeur de Bavière, — k la grande admiration de ce dernier. Le 19 septembre dû lamente année, la famille se mit en route pour Vienne et n’y arriva que vers le milieu d’octobre. Cinq jouis entiers furent consacrés au prince-évêque de Passau qui, pour toute ré-, tnunération, fit don aux virtuoses d^un ducat ! Ou est forcé de s’arrêter au couvent des fian- ; cisoains, à Ips, et Wolfgang monte iinmédia. ternent à l’orgue, arrachant à leur réfectoire les pères franciscains frappés de stupeur. On , arrive à Vienne et Woferl (diminutif de Wolfgang) s’empresse, pouréviter à son père les ennuis de la douane, de se mettre dans les bonnes grâces du receveur, lui.enseigna le clavecin et lui joue un menuet sur le violon. Le 10 octobre, Léopold Mozart, se trouvant à l’Opéra, entend l’archiduc Léopoid dire à l’an (de ses ^voisins : « Il êst.arrivé un petit bonhomme qu’on dit jouer admirablement du clavecin. « Le même jour, il reçoit à onze heures ; l’ordre de se rendre à Schœnbrunn, résidence d’été de l’empereur. « Nous avons été reçus, dit Léopold, .avec une-, faveur si extraordinaire qu’un récit détaillé paraîtrait fabuleux. Woferl a sauté sur les genoux de l’impératrice, l’a prisé’aù cou’- et’ 1 ai-mangée de caresses. Nous sortîmes restés auprès- dé Sa Majesté’de tfois’à six heures. » L’empereur s’était placé près de Wofèrl. ’«'Monsieur, lui dit l’enfant, je vais jouer’un concérto très-difficile deM. Wagenséil, votre maître de chapelle ; je voudruis’bién l’avoir auprès^ de moi, il me tournerait les feuillets, voulez-’ —vous le faire appeler ? « et l’empereur fit appeler M.- Wagenseil.’Ori ajoute même que l’empereur, qui traitait Mozart un peu en-enfant, lui’ayant dit en plaisantant «’il n’y a pas de mérite à jouer avec tous lesdoigtSj le difficile serait déjouer d’un, seul doigt, » Wolfgang, pour toute rèpohsei joua, avec l’index seul, des passages très-rapides et très-difficiles. Le 21, Woferl ressent les atteintes d’une.liQvro scarlatine ; inais(.vers le 30, -hy

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<.’.r.

maladie cède ; elle avait coûté cher, 50 ducats, non compris, les messes. •’ -. " «..’ | Au mois de novembre, la tamille quitta, Vienne. Mozart, au dire de M. Oulibicheff, avait manifesté, dès cette première exhibition

Îmblique, un haut sentiment dé sa valeur et de a dignité de l’art.’ Les suffrages, déquelqùe part qu’ils vinssent, lui étaient complètement indifférents s’ils n’étaient de bonne foi et raisonnés.’Lorsqu’on le faisait jouer devant des

ignorants eii musique, on n’obtenait de lui que des contredanses ; des-menuets et des bagatelles ! Il aurait ; parai t-il-, jugé sévèrement’ son auditoire impérial ; C’est pendant ce même séjour à Vienne quése plane une anecdote soùvérit’réprodiiité par les nombreux biographes d’ù maître. Pendant une visitéfaite a

l’impératrice par les virtuoses enfantins, deuxdes archiduchesses prdmèrièrerit’Woferl dans le palais, Mozart glissa*siir le-.parquet ;. une des.-princesses1 n’y fit pasJ attention’ ;’l’autre archiduchesse, Marie-Antoinette, la future. reine dé France, le ramassa et lui prodigua’ d ! : ilféctùëusès caresses ; « :Vous êtes bbhne, t dit’Mozart, et je veux vous épouser :’» IJ’a’rchiduchesse raconta le faitk l’impératrice, quil dèman’dàà l’ènfarit comment lui ’était’venùe1 cette pensée ! "« Par reconhaissàhcé, dit-il^’ elle a été bonne pour, moi’, mais sa sœur nef s’est occupée dé rien. ■ t "- " , ’"

Au retour à Sâlzbdurg, ’plusieurs mois furent consacrés au rè’p’os et à l’étude. ! Puis, le 9*jiih4763, "’uno nouvelle excursion fut déci^’ déé en Pr’aricè ; en Xriglet’eVre et en Hollande.. Lapremière halte se fit’SMunich : L’électeur’ Ma’ximilièn III manda’les’enfants. «Maintenàn’t’, écrit’ ■Léopb)d-Mozart ; ! il ’fera ’chaud avant’rque noUs "partions ; l’habuuaë de ce pays es, t dé faire attendre si longtemps qu’on peut se répviter h’èureiix dé n’y-dépenser que

ce qu’on y^gagne ! ’Jén’ai pris a’mà plaindre^

de 1 électeur, il est pauvre, p Enfin, !le ïï juin, lés yoicVlibres’ dé ’continuer leur route., A. L’oûisbb’urg^’onrèhcqritra Jphielli, hialtre de chapelle du’graiid-du’c :« qui, dit Léopold, se

■ donné toutes les1 p’eiries du moiidèi pour éloigner lès Alïemaiids’Jde cette Jcpur. Il y est déjà parvenu, ’et il.^coritihuèra. ".D^Louis ■ bourg, la ^famillé Mozart" gagna Bruxelles, puis Aix-la-Chapelle ; dans cette tournée^ les

Ijèuhes virtuoses’avaièiit reçu forcé cadeaux,

! « une vraie boutique d’épées, dentelles, niàntillas.’tab’atières’/étiiis’f’iiïaià

quant à l’argent,

il est rare. «Enfin, le 18 novembre, on arriva

k-Paris."Grimm se fit’-la prdvidencede la fai

; mille Mozart ; il introduisit’les virtuoses à la’

■ courra lui seul plaça. 320 billets de leur pre ■ mier concert, c’est-k-dire pour 80- louis :’On’ lira-avec intérêt, dans la-lettre de-Léopold, l’impression prodûitésnr lui’dès ’son arrivée dans notre capitalo.’ « L’es femmes sont-elles* belles k-Paris ? Impossible de vous le dire, car elles sont peintes-comme des- poupées de Nuremberg et tellement défigurées parfleurs dégbûiants artifices, qu’une remine’natureUemènt belle serait.méconnaissable aux yeux d’un hôDnête-Àiiemantl.’En fait de, dévotion,les plus grands miracles sont opérés par celles qui nésont ni, vierges, ni femmes, ni yeuves, et les miracles se font tous sur des corps vivants. Suffit I On a’de la peine a discerner ici la maitresse.de la maison. » Quoi qu’il en" soit, la" réception k la cour fut bbnne. fOn voit Mmes Adélaïde et Victoire, sœurs de Louis XV„se plaisant’k caresser les enfants. Augrand couvert qui.eut lieu dans-la nuit du" nouvel an, non-seulement toute la famille Mozart fut admise à-.’jntablft royale, mais encore «.monseigneur Wolfgang dut sejenir tout le temps prés^de.la reine, lui parla constamment, lui, baisa souvent les mains, et mangea, à côté d’elle, les mets qu’elle daignait lui fuire.servir. V Nanherl eut beaucoup de succès, mais Wolfgang.réussit au delà dé toute espérance, .ftimè de Pompadour, ,à qui l’enfant prodige fut présenté, eut le tort dé jouer, là.majesté. «, Qui donc est-elle ?’dit Wolfgang à son père ;.elle a refusé de m’einbrasser, moi qui ai embrassé l’impératrice ! ■ Cependant, à.Paris comme, à Bruielles, les. cadeaux affluaient, mais l’argent se produisait peu. « D’ici k quatre semaines, j’espère vous donner quelques nouvelles plûs/solldes dô ces fameux louis d’or dont il faut faire une plus grande consommation k Paris qu’à Maxglan, pour se faire connaître. Les seigiVèurs sont criblés de dettes.-Les-plus grandes’fortunes se trouvent à peu près-entre les riiains de centvpersonnesidontquelques gros’ banquiers et’ fermiers généraux, er presque tout l’argent se dépense- pour des Lucrèces qui ne s’a poignardent pas.» En ce qui conV. cerné l’état" actuel’de la musiquéfrançaise, Léopold mêle, dans son appréciation, le miel à l’absinthe : « Hy a-ici une. guerre inces- ; santé entre les musiques, française -, et ita^ liehhé. Toute la mùsiûuejfrançaise ne vaut pas le diable, mais il s opère de grands changements. Les Français commencent à tour1

nerï et, dans dix ou quinze ans, je l’espère, lé goût français aura, complètement changé" de face. Les Allemands sont’les maîtres pour les œuvres qu’ils publient1, «i " ’ •

À cette époque, le jeune Mozart faisait graver à Paris quelques-unes de ses compositions ; le duc d’Ayen présenta k Mu’éVictoire de France l’œuvre Ira des sonates gravées qui est’ dédiée à cette princesse. La dédicace de.l’œuvré II est’adressée k Mme la’ comtesse de Tessé. ■ Nous avons bien ensemencé, écrit Léopold, et nous espérons une tïonqe-récolte.-» Au mois d’avril (ne*), les

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Mozart donnèrent deux concerts, et, quelques jours après, ils quittèrent Paris pour gagner Londres., Aussitôt, ils reçurent une invitation à la cour’. Mozart exécuta, à première vue, des morceaux de Bach, d’Abel, deHœndel ; il ravit l’assemblée en jouant sur l’orgue du roi ; ensuite, il accompagna un morceau de chant exécuté par la reine et un air de flûte ; enfin, il prit la partie de violon des airs de Haendel et, sur la simple basse, il improvisa des mélodies ravissantes. Toute la réunion fut plongée dans l’admiration. « En un mot, dit Léopold, ce qu’il savait quand nous avons quitté Salzbourg n’était qu’une ombre de ce qu’il sait aujourd’hui. Cela dépasse toute imagination ; il a dans ce moment un opéra dans la tête, qu’il ne.veut faire exé ; cuter-què par de jeunes Sulzbourgeois ; j’ai été obligé de lui nommer tous les jeunes gens , de Salzbourg qu’iV inscrit d’avance pour son orchestre..» Le 5 juin eut lieu le premier concert public auquel assistèrent les arnbas’ sadeurs et les premières familles d’Angleterre ; la recette atteignit cent guinées. Un amateur passionné de musique, M. Daine I Barrington, conçut alors un singulier soupçon.-Le soprano argentin de Wolfgang lui ’ donna l’idée que le prétendu petit garçon était une jeune fille de quinze h seize ans, et alors, il se mit-à suivre Mozart dans tous les concerts, s’introduisit chez son père, examina, fureta, questionna, et, eufln, de guerre lasse, fit demander, par l’intermédiaire de l’ambassadeur anglais près de la cour de Bavière, l’extrait baptistaire de Wolfgang-Gottlieb Mozart. Quand l’irréfutable document fut arrivé, M. -Barrington, tranquille. désormais, écrivit, en faveur du prodige musical, un mémoire inséré ’dans les. Transactions philosophiques, qui produisit une énorme sensation.

Le l" août, la famille Mozart quitta 1 Angleterre, passa par La Haye, où la maladie faillit- enlever Nannerl et Wolfgang, puis revint à Paris. Après s’être fait entendre deux fois a. Versailles, les artistes se dirigèrent sur Lyon, où ils séjouroèrent quatre semailles. De Lyon, on gagna la Suisse, et enfin, on’arriva à Munich le 8 novembre. Après un-court séjour dans cette dernière ville, la famille regagna la ville natale, Salzbourg, ou Wolfgang se livra, pendant plus d’une année, à’l’étude approfondie des maîtres allemands et des meilleurs compositeurs italiens.

En 1767 commença un nouveau voyage. Ce fut sur Vienne qu’on se dirigea ; la petite vérole y sévissait, et Wolfgang fut touché par faile du.-âéau. Sa/vie fut de nouveau mise en danger ; des soins empressés le sauvèrent.’-. ■».

Ici commence la, carrière sérieuse de Mozart ; le compositeur va paraître. Il entrait dans sa douzième.année, et Joseph U, qui avait succédé àFrançois Ier, lui demanda en plaisantant un opéra-bulïa ; on remit à Wolfgang un petit libretto, la Finta simplice, et, en quelques’semaines, il en écrivit la partition. Alors commencèrent des’ tribulations sans nombre. Lé génie précoce de Mozart inquiétait même les musiciens dont la réputation était le plus solidement établie ; il eut contré lui tous les musiciens de Vienne. L’opéra devait être prêt pour Pâques (1768) ; mais quelques retards survinrent, et, en face d’une opposititioh trop’biëh organisée, Mozart dut renoncer à le faire entendre. Il prit unééclatànte revanche. L’empereur lui confia la composition d’une messe solennelle k grand’orchestre pour l’inauguration d’une église. L’œuvre dirigée par l’auteur lui-même obtint.un succès fou, qui couvrit d’humiliation sceptiques et ennemis. Pour compléter le triomphe de Wolfgang, Mesmer, alors dans tout l’éclat de sa réputation et partisan passionné des Mozart, voulut venger l’enfant de toutes ces vexations. Il fit construire, dans son hôtel, un théâtre sur lequel on représenta un opéra bouffe spécialement écrit, par Woferl, Baslien et Saslienne, . qui réussit. Après avoir ainsi affirmé son talent dans les genres dramatique et religieuxi le futur auteur de Don Giovanni retourna k Salzbourg où, pendant toute l’année 17Û9, il travailla particulièrement là langue italienne. Quand il eut terminé cette.étude ; il voulut visiter 1 Italie et parvint à décider son père. Léopold et lui partirent seuls, laissant.à Salzbourg Nannerl et sa mère, et, vers la fin de décembre 1770, ils arrivèrent k Vérone. Dès son arrivée, le jeuné-’artiste fut l’objet de l’empressement général. La foulo s’écrasait aux églises dans lesquelles il tenait l’orgue ; il lui fallait se faire précéder de quelques drôles vigoureux pour-se frayer un chemin. U existe, dans

?ouvrage de Goschler, une lettre de Wolfgang^

pétillante de malice et d’humour, dans laquelléil’trace k sa sœur le portrait des

Èrinoipaux chanteurs du.thèàtre de Vérone. >e Vérone ; dl se rendit à Mantoue, et se fit entendre au concert de l’Académie philharmonique. Au théâtre, il entendit chanter un Demetrio dont il ne nomme point l’auteur, et envoya a’ sa sœur une esquisse k l’emportepièce des’chanteurs et danseurs, avec le programme du cori’cert qu’il a donné. Kn février, à Milan, il assista k la répétition générale du Césare t’« Egitto de Piccinni et, vers la fin de ce •même mois, se fit entendre en public. Le triomphe fut complet, comme partout ailleurs ; aussi Wolfgang s’en donne k cœur joie :’mascarades, (este di bailo, il prend sa part âe toutes les fêtes du carnaval, sans