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quand elle imite le profil de celle du mouton, c’est-à-dire quand elle forme une ligne convexe depuis les yeux jusqu’au bout du nez : Les chevaux barbes ont la tête belle, petite et assez ordinairement moutonnéiï. (Buff.)

— Géol. Roche moutonnée, Roche dont la surface offre des aspérités usées en forme de mamelons, après le passage d’un glacier.

— Encycl. Géol. On observe fréquemment autour des glaciers, surtout de ceux des Alpes, dans les parties abandonnées par les glaces, des roches marquées de stries ou de cannelures parallèles très-nattes, dirigées dans le sens du mouvement de translation de la masse ; on peut les comparer à des sacs de laine empilés les uns sur les autres ; c’est ce qu’on appelle des roches ou des surfaces moutonnées. On pense que ces stries sontdues au frottement prolongé de la glace ou des corps qu’elle a charriés. Telle est du moins l’explication la plus satisfaisante et la plus généralement admise. Ce fait, ajouté à d’autres, a conduit plusieurs géologues a penser que les glaciers étaient plus étendus autrefois qu’ils be le sont de nos jours. Les glaciers de Chamounix, entre autres, paraissent avoir reculé d’une lieue.

MOUTONNEMENT adv. (mou-to-ne-manrad. mouton). Néol. Comme un mouton, à la manière des moutons : Les hommes sont si habitués à se copier moutonnement les uns les autres, gu’ils sont plus disposés à pardonner un vice qu’une singularité. (LaBouisse.)

MOUTONNER v. a. ou tr. Cnou-to-nérad. mouton). Rendre frisé, annelé comme la toison d’un mouton : Moutonner une perruque.

— Argot. Surveiller, chercher à faire parler en se donnant pour un camarade, et en déguisant les rapports que l’on a avec la police : Certains détenus sont chargés de moutonner les autres prisonniers.

— v. n. ou intr. Se couvrir d’écume, de vagues blanchissantes : La mer moutonne. Le vent devient frais et les vagues moutonnent. (Lamart.) L’eau gui caresse les rochers revenait moutonner à mes pieds avec un doux murmure. (Fr. Wey.)

— Par anal. S’agiter comme des vagues : La dernière vibration du douzième coup s’éteignait à peine que toutes les têtes moutonnèrent comme tes vagues sous un coup de vent. (V. Hugo.) Quelques gardes nationaux étaient Vavant-garde de cette plèbe ; derrière eux, on voyait moutonner des têtes hâves dont les yeux étincelui ent sous des paupières rouoes. (E. Gonzalès.)

MOUTONNERIE s. f. (mou-to-ne-rï — rad. mouton). Caractère mouton, esprit d’imitation : De là cette moutonnerik qu’on appelle si volontiers dans le monde bon sens, et qui se réduit à penser d’une manière que le grand nombre ne désapprouve pas. (Turgof.)

— Fam. Fadeur de certaines poésies pastorales :

Dans ton beau récit pastoral.

Avec te» moutons pêle-mêle.

Sur un ton bien doux, bien moral,

Berger, bergère, auteur, tout bêle ;

Puis bergers, auteur, lecteur, chien,

S’endorment de moutonnerie ;

Pour réveiller la bergerie.

Oh ! qu’un petit loup viendrait bien !

Lebrun.

MOUTONNET s. m. (mou-to-nè). Métrol. anc. Monnaie frappée sous Charles VI. Il On disait p.us ordinairement agnel.

MOUTONNET-CLAIRFONS (Julien-Jacques), érudit français, né au Mans en 1740, mort en 1813. Il fit ses études chez les oratoriens du Mans et devint un excellent helléniste. Désireux de trouver quelque position avantageuse, il vint à Paris et, pour ménager ses modiques ressources, il dut faire le voyage à pied; le surnom de Clairfons, qu’il ajouta à son nom patronymique de Moutonnet, lui rappelait un épisode de ce voyage pédestre, une halte auprès d’une source dont l’aspect pittoresque lavait frappé. En arrivant à Paris, il entra comme précepteur dans une grande famille et noua quelques relations avec divers gens de lettres, Jean-Jacques Rousseau entre autres. Il se maria, demanda ses moyens d’existence à un modeste emploi dans l’administration des postes et cultiva un peu les lettres durant ses loisirs. C’est par d’estimables traductions du grec, du latin et de l’italien que Moutonnet-Clairfons s’est fait connaître. On lui doit les Baisers de Jean Second, trad. française accompagnée du texte latin (1771, in-8°) ; Anacréon, Sapho, Bion et Moschus (1773, in-8°), traduction jugée assez bonne pour avoir été souvent contrefaite ; l’Enfer de Dante, trad. accompagnée du texte, de notes et d’une vie de Dante (1776, in-8°) ; une traduction du Paradis est restée manuscrite. Ses ouvrages d’imagination sont assez faibles. Nous nous bornerons à citer les Îles fortunées (1771, in-8°) et la suite de ce petit roman moral : l’Hirondelle et ses petits (1772) ; la Bonne mère, la Fille bien née (1772), autres nouvelles morales. On lui doit encore un Manuel épistolaire, choix de lettres puisées dans les auteurs français et latins (1788, in-12), et quelques brochures de polémique : le Véritable philanthrope (1790, in-8°) où il prit la défense de Jean-Jacques Rousseau ; Morel dénoncé au public comme plagiaire (1803, in-8°). Confiné jusqu’à la fin de ses jours dans son petit emploi, Moutonnet avait pris pour devise ces deux vers latins de sa façon :

Aurea libertas blande respexit amantem ;
Sperno divitias otioloque fruor.

Il mourut des suites d’une opération de la taille.

MOUTONNEUX, EUSE adj. (mou-to-neu, eu-ze — rad. moutonner v. n.). Mar. Qui moutonne, qui se couvre de vagues ou de nuages blancs et floconneux : Mer moutonneuse. Ciel moutonneux.

MOUTONNIER, 1ÈRE adj. (mou-to-nié, iè-re — rad. mouton). Qui est de la nature du mouton : La race moutonnière. La gent moutonnière.

.... La moutonnière créature Pesait plus qu’un fromage....

La Fontaine.

Qu’un seul mouton se jette à la rivière, Vous ne verrez nulle âme moutonnière Rester au bord : tous se noiront à tas.

La Fontaine.

— Fam. Aveuglément, sottement imitateur : Les esprits civilisés sont tous moutonniers en étude de la nature. (Fourier.) La multitude est toujours moutonnière. (Leblanc.)

— Rem. Ce passage de la fable du Corbeau voulant imiter l’Aigle :

.... La moutonnière créature

Pesait plus qu’un fromage....

est accompagné de cette note dans le commentaire do Ch. Nodier : « Moutonnière, adjectif de la création de La Fontaine, qui est d’un effet fort comique. • M. Walckenaër n’a pas hésité à répéter cette assertion : « Moutonnier, adjectif de la création de La Fontaine. « Voici, dit Génin, comme ce mot est de la création de La Fontaine. Il existe une traduction de Merlin Coccaie, publiée en 1606, mais, k en juger par le style, fort antérieure k cette date. Dans le XHe chant, où Rabelais a pris la célèbre histoire des moutons de Panurge, on lit, page 321 : « Maintenant, arriveront ici trente marchands moutonniers duTésin. » Et k la page 325 : à Or Balde, entendant les paroles audacieuses de ce vilain moutonnier, desguaine incontinent son espée et se deslibère d’attaquer ces braves maraus. » La Fontaine n’aurait donc fait que changer montonnier, formé sur l’italien montone, en moutonnier. Mais il n’a pas même eu besoin de prendre cette peine ; Rabelais la lui avait épargnée. En effet, Rabelais nous représente, après que tous les moutons ont fait le saut dans la mer, « bergiers et moutonniers les prenant ungs par les cornes, aultres par les jambes, aultres par la toyson, et le perfide Panurge armé d’un aviron, non pour ayder aux moutonniers, mais pour les engarder de grimper sur la nauf et évader le naufiuige, dont il arriva que tous périrent misérablement noyés, bêtes et gens. Alors Panurge triomphe. La nauf vuiuée du marchant et des moutons, reste il icy, dist Panurge, ulle âme moutonnière ?' Cet épisode des moutons avait tellement plu à La Fontaine qu’il l’avait rimé pour servir de prologue au conte de ÏAbbesse malade, qui débute par ce vers :

L’exemple sert, l’exemple nuit aussi.

Les moutons de Panurge arrivaient là tout naturellement. La Fontaine, on ne sait pour quel motif, a supprimé cette partie du conte de i’Abbesse. 11 y avait transporté l’expression littérale de Rabelais :

Qu’un seul mouton se jette a la rivière. Vous ne verrez nulle âme moutonnière Rcîter au bord : toutes feront le saut.

La Fontaine pouvait donc avoir pris cet adjectif dans deux auteurs différents, Rabelais et Merlin Coccaio, k qui il a emprunté son début de la fable le Hat et la Grenouille, et aussi dans Villon, qui l’a lui-même employée :

Et a ce malostru Changeon

Moutonnier, qui tient en procès, Je laisse trois coups d’escourgeon.

(Petit Testament.)

MOUTONNIÈREMENT adv. (mou-to-uière-man

— rad. moutonnier). D’une façon moutonniers, sottement imitatrice.*

MOUTOUCHI s. m. (mou-tou-chi). Bot. Nom que les naturels de la Guyane donnent k une espèce de ptérocurpe.

MOUTTADAR s. m. (mou-ta-dar). Fermier de l’impôt dans l’Inde.

MOUTURE s. f. (mou-tu-re — rad, moudre). Techn. Action ou manière de moudre du blé : Il y a des moulins qui font une meilleure mouture que les autres. (Acad.) La mouture coûte aux consommateurs beaucoup moins aujourd’hui qu’autrefois. (J.-B. Say.) Il Mouture à la, grosse. Mouture unique, suivie d’un blutage hors du moulin, il Mouture du riche, Mouture à la grosse, suivie d’un blutage fait avec un bluteau très-fin. Il Mouture pous le bourgeois, Mouture k la grosse, suivie d’un blutage milin. Il Mouture rustique ou des pauores, Celle dans laquelle la farine est blutée très-gro«sièrement. Il Mouture économique ou à blanc, Celle dans laquelle on séparo complètement les sons, après avoir parfaitement écrasé les grains, il Mouture à là lyonnaise, Série de moulures successives, qui donnent en dernier résultat une farine bise, c’es’.-k-dire incomplètement isolée du son. n Monture en son gros ou de Melun, Celle après laquelle le bou MOUT

langer doit séparer le son du gruau, qu’il renvoie ensuite au moulin. Il Blé mouture, Mélange de froment, de seigle, d’orge, par parties égales.

— Par ext. Salaire d’un meunier : Prendre double mouture.

— Fam. Tirer d’un sac deux moutures, Prendre double profit dans une même affaire : C’est vous qui sophistiquez la nature, si vous croyez que, quand l’homme peut légitimement tirer deux moutures d’un sac, il n’y manque jamais. (Dider.)

— Coût. Taxe prélevée par le particulier, le seigneur ou l’État, propriétaire d’un moulin, sur ceux qui y faisaient moudre leurs grains : Le gouvernement pontificat ayant malheureusement jusqu’ici maintenu le droit de mouturb dans ses provinces, les moulins y sont rares, par suite très-éloignés les uns des autres ; et presque toute la population pauvre ne consomme sue du blé de Turquie, qui n’est pas sujet au droit. (Lamoiicière.) Il On appelait franc-moudre l’exemption du droit de mouture, accordée k quelques personnes.

— Pharm. Action de réduire en poudre, k l’aide d’un moulin, les céréales, les graines, les amandes et quelques racines sèches.

— Encycl. Techn. I/opération do la mouture consiste essentiellement k séparer, sans les altérer, les différentes parties qui constituent le blé ou les autres céréales. Pour obtenir le meilleur résultat possible, il faut qué la farine soit tout au plus tiède en sortant des meules, que le son soit large, parfaitement évidé et conserve la même couleur qu’il avait sur le grain. Les procédés employés sont très-variés ; mais ifs peuvent se ramener k deux modes principaux, savoir : la mouture économique ou à blanc et la moulure k la grosse. Dans cette dernière, il suffit d’un seul moulage, et l’opération est terminée dès que le grain est broyé et que la farine sort d’entre les meules. Dans l’autre, au contraire, elle ne fait alors que commencer, cor il faut moudre et reiuoudre ; mais comme c’est du premier broiement que dépend la perfection de toutes les farines, on ne saurait apporter trop de soins aie faire convenablement. Une mouture défectueuse ferait perdre k la farine, et par conséquent au pain, des qualités que tout le talent des boulangers ne saurait leur rendre.

La mouture économique consiste donc k faire la plus belle farine, k en obtenir la plus grande quantité possible, k écurer les sons sans les réduire en poudre, et k les séparer si exactement des produits principaux qu’il n’en reste pas la moindre parcelle. Voici, d’après Parmentier, comment elle s’opère : o Le blé parfaitement nettoyé par différents cribles, placés dans l’étage supérieur du moulin, arrive k la trémie, passe ensuite sous les meules et tombe dans un bluteau ou dodinage qui sépare la première farine. Les gruaux mêlés avec les sous se rendent dans une bluterie qui met k part les différents gruaux, les recoupettes et les sons. La première mouture étant achevée, on reprend les gruaux et les recoupettes séparés, on les porte sous les meules pour en obtenir, par plusieurs moutures, différentes farines. Le restant n’est plus que le remoulage, la pellicule ou le petit son qui recouvrait les gruaux. Ainsi, dans la mouture économique, chaque mouvement de la roue fait aller les cribles destinés a nettoyer les grains, les meules qui doivent les écraser, enfin lesbluteaux qui séparent la farine d’avec les sons, ce qui produit une grande épargne de temps, de frais de transport et de main-d’œuvre, puisque ces différentes opérations s’exécutent de suite, dans le même endroit et par le môme moteur. > *

La moulure de Melun ou en son gras diffère de la précédente en ce qu’on adapte au moulin un seul bluteau, assez fin pour laisser passer la farine dite de blé ou fleur de farine. Ce qui reste est le son gras, que le meunier renvoie au boulanger ; celui-ci le blute pour en séparer les sons d’avec les gruaux, qu’il renvoie moudre pour en obtenir toute la farine contenue. Il serait certainement plus avantageux et plus économique de faire ce blutage au moulin. La mouture dite k la lyonnaise, présentée k tort comme un raffinement de la mouture économique, consiste k retirer par un premier broiement la fleur de farine, puis, par la mouture des gruaux, la première et la seconde farine ; enlin, on mêle ce qui reste avec les gruaux bis et les sons, et on les remoud. Cette mouture n’est bonne qu’a faire des farines bUes, et, si les produits en sont plus considérables, c’est qu’une partie du son passe dans la farine.

La mouture k la grosse est la plus généralement adoptée, mais avec quelques modifications locales, Ainsi, à Paris et aux environs, le meunier renvoie la farine brute au boulanger, qui la blute chez lui et renvoie les gruaux pour les moudre. Il est difficile de juger ainsi de la nature des produits qui, au sortir de la huche, sont souvent confondus pêlp-méle. Dans les provinces du Nord, on ne moud qu’une seule fois, et la farine est renvoyée brute k son propriétaire. En employant un bluteau fort serré, il ne passe que la fleur de farine ; c’est ce qu’on nomme vulgairement mouture du riche. Si le bluteau est plus clair, on retire avec la farine les gruaux les plus fins, et alors le produit porte le nom de moulure pour le bourgeois ; les autres

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gruaux sont utilisés pour faire le pain bia. Enfin, si on tient les meules fort serrées et les bluteaux bien ouverts, de manière k laisser passer tout d’un coup la farine, les gruaux et les recoupettes, mais k l’exclusion au gros son, -le blutage étant fait d’ailleurs hors du moulin, on obtient la mouture rustique, appelée aussi mouture des pauvres ou des indigents ; ce dernier procédé, qui n’est que l’enfance de l’art, est inférieur même k la mouture lyonnaise, qu’on peut adopter seulement dans les temps de disette.

La mouture méridionale diffère de la mouture à la grosse, usitée dans l^Nord, en ce que la farine renvoyer* brute est conservée ainsi pendant un certain temps sans être blutée ; c’est ce qu’on appelle conserver la farine en rame. Cette méthode, bien que préconisée encore dans certains pays, n’en a pas moins tous les défauts de la mouture k la grosse du Nord ; elle a d’ailleurs des inconvénients qui lui sont inhérents ; ainsi, le son qui séjourna dans la farine peut, k la longue, lui faire perdre sa blancheur, et il est aisément attaqué par les insectes.

La mouture économique a l’avantage de rendre un sixième ou un septième de plus en farine. « Ce qu’il y a de plus étonnant encore, dit Parmentier, c’est qu’elle augmente les qualités spécifiques des produits ; par exemple, les blés intérieurs, qui, à l’exception des temps de disette, n’ont de débit qu’k la faveur du très-bon marché, pourraient donner, étant écrasés par cette méthode, une farina plus abondante et plus belle que celle des meilleurs grains broyés dans des moulins défectueux. » Elle peut nussi offrir, par le mélange des farines bise et blanche, un pain plus blanc et plus substantiel que celui qui proviendrait de la première farine obtenue par les moulins ordinaires. On pourrait même y joindre avantageusement un tiers ou un quart de farine de seigle.

— Fin. Impôt sur la mouture. Ce mode d’impôt ; portant sur la réduction en farine des grains, blé, orge, maïs, sarrasin, châtaignes, etc., existait depuis fort longtemps en Italie et fonctionnait dans plusieurs États, entre autres en Toscane, en Vénétie, dans l’ancien royaume de Naples, dans les États du pape et en Sicile, lorsqu’eut lieu l’unification de la Péninsule. L’impôt sur la mouture fut alors aboli, mais le mauvais état des finances italiennes obligea, en 1868, le ministère Sella à le rétablir, en modifiant toutefois le système de perception employé jusqu’alors. L’ancien système était basé sur les déclarations faites au receveur, déclarations d’après lesquelles tel ou tel moulin était tarifé. En dépit de la multitude d’agents fiscaux, ce procédé laissait trop de place k la fraude. Le système actuel, adopté par M. Sella, est le suivant : un compteur mécanique enregistre le nombre de tours de roue de la meule et sert du base k l’évaluation du fisc. Ce compteur, fourni par l’État ou poinçonné par lui, est l’objet d’une surveillance spéciale de la part des agents du gouvernement. La taxe est fixée sur le type de cent tours de meule, pris comme unité d’impôt, et k une somme qui varie avec le grain nus en farine. Elle est de 0,50 par 100 pour le blé et correspond k 2.litres par quintal de grain. Le tarif divise les grains en deux principales catégories, pour lesquelles la taxe est différente. Des amendes pécuniaires, portées contre les individus convaincus de contravention, de fraude ou de mutilation du mécanisme, garantissent la bonne exécution de la loi.

Ce mode da ■ perception, si parfait qu’il puisse paraître, si on le compare k l’ancien, n’empêche pas toute fraude ; en effet, l’impôt variant avec la nature du grain réduit eu farine, certains meuniers font régler leur compteur pour moudre du maïs et font passer du blé sous la meule, après s’être munis d’une double clef de la caisse a. farine dans laquelle tombent les produits de la mouture ; d’autres, soulevant plus que de raison la meule supérieure, obtiennent, il est vrai, par ce procédé, une farine grossière, mais font ainsi passer une quantité de blé supérieure avec un moindre nombre de tours de roue-Il serait trop long d’énumérer le nombre des moyens employés par les meuniers pour frauder le fisc ; bornons-nous k dire que le compteur actuel ne fonctionne aujourd’hui qu’en attendant qu’un procédé plus parfait ait été inventé. Un prix de 50,000 fruucs a été fondé pour l’invention de cet engin.

Disons maintenant quelques mots du rendement de cet impôt. D’après les résultats statistiques de M. Peruzzi, secrétaire général du ministère des finances, l’impôt sur la mouture a donné les recettes suivantes au Trésor : 17 millions en 1869 ; 27 millions en 1870 ; 42 millions en 1871, et 59 millions en 1872 ; de ce dernier chiffre il faut déduire 4 millions qui ont été remboursés. Les recettes totales, de 1869 k 1872, c’est-à-dire depuis la création de l’impôt sur la mouture, ont été de US millions de francs environ, et les remboursements effectués k la suite de réclamations reconnues fondées ; de 11 millions ; reste net, 137 millions environ. Le progrès du rendement de l’impôt sur la mouture, accusé par les chiffres que nous venons de citer, est dû k l’emplo : d’appareils plus exacts et k une surveillance fiscale plus active. Les frais de perception de cet impôt s’élèvent en moyenne, aujourd’hui, k 5,33 pour 100. À l’époque de lu,