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leur surface en contact jusqu’à une profondeur de 5 à 6 millimètres, de façon que les rayons se croisent lorsqu’elles sont superposées. Ces rayons sont formés en plan incliné, pour présenter une arête vive et tranchante qui coupe les grains de blé soumis à leur.action, pour, .faciliter le broiement qui "doit avoir lieu spus les parties, pleines en contact. Les meules sont dressées ou rhabillées a l’aide d’un marteau tranchant en acier fondu et bien trempé, dont les ouvriers rha-^jljeurs’se sèrvertt en frappant des coups léger^ et parallèles sur toute la surface.

La vitesse des meules de 110,30 est de 116 à 120 tours par minute. Quelques meuniers donnent la préférence a des meules de i<n,40 à " !l, ml50 et même i m,60 de diamètre, tout en adoptant le sysième américain ; la vitesse de ces meules ne s’élève guère qu’à 80 et 100 tours par minute.

Les meules courantes sont maintenuesen suspension à l’extrémité d’arbres verticaux en fonte, appelés fers de meules, qui leur communiquent un mouveïnent de rotation continue et rapide. Cette pièce, importante est liée à la meule au moyen d’un manchon conique en fonte ajusté<au sommet de l’arbre, fixé par deux nervures et Vaverse par une nille à deux branches dont les extrémités sont incrustées et scellées dans la meule. La nilte n’est pas invariablement rixéo au manchon j elle-ny est qu’ajustée de manière à balancer sur son centre, et elle est placée de façon que le contact de la pointe de l’arbre se trouve à plus de la moitié du plan inférieur. De cette sorte, la meule tenue en équilibre en son point central n’éprouve aucune roideur lorsqu’elle tourne sur elle-même, entraînée par l’arbre, -surtout si elle est bien équilibrée. Le fer de meule est maintenu dans sa verticalité, d’une part à l’éide d’une pointe aciérée par une cVapaudine qui renferme son pivot et, de l’autre, par un boitard en fonte garni de coussinets et ajusté dans l’œillard de la meule fixé. Pour pouvoir régler la mouture, on soulagé les meules en soulevant la crapaudine, et avec elle le fer de meule et la meule courante, au moyen d’un petit appareil à levier ;

La communication de mouvement dans un moulin est, sans contredit, la partie principale du mécanisme ; elle se luit ordinairement par engrenages ; depuis quelque temps, on remplace ceux-ci par des courroies, quoique le mouvement dans ce dernier cas soit plue compliqué et plus coûteux que dans lô premier ; les avantages que présente l’emploi des courroies sont la douceur et la régularité duj mouvement, que l’on ne peut obtenir qu’imparfaitement avec les engrenages les mieux taillés et divisés.

Dans la mouture américaine, les meules doivent être très-rapprochées, afin de produire le moins possible de gruau. Les blés qui conviennent le mieux pour ce genre sont tes durs et demi-durs. Pour 100 kilogrammes de bié, on obtient en moyenne : 60 kilogrammes de farine à pain blanc ; M kilogrammes de farine à pain demi -blanc ; 24 kilogrammes de son gros.et menu, et 2 kilogrammes de dér chet.

Dans les moulins employés dans les petites usines de nos campagnes pour faire la mouture économique ou française, les meules ont 2 mètres de diamètre et font 55 à 60 tours par minute.’En sortant ries meules, que l’on tient assez espacées.pour que le grain soit seulement concassé, la mouture est séparée par le bluteau en farine dite de blé, qui traverse le tissu, en gruau, qui traverse plus loin, et en son volumineux et léger. Ces premiers gruaux sont soumis de nouveau à l’action des meules, que l’on tient alors plus rapprochées, et ils fournissent à leur tour une farine de premier gruau et des seconds gruaux, qui donnent à leur tour une.farine de deuxième gruau et de troisième gruau. Enfin, ceux-ci produisent des farines bises de troisième gruau, un quatrième gruau et des issues, appelées remoulages ou recoupas, qui’contiennent les Ïiarties dures et grisâtres avoisinant l’enveoppe des grains. Pour ces cinq opérations, 100 kilogrammes de blé donnent en moyenne les résultats suivants :

r Farines blanches.

kilogr. ire opération, farine dite de blé 38,33

2e opération — de 1" gruau 19,18

3e opération — de 2« gruau 8,51

Farines bises.

<e opération -* de 3» gruau 5,00

6e opération ’ — dé 4é gruau 3,33

1 ’-' : ■ * Issues :

Son gros et petit.......... io,82

Recoupes 6,80

Recoupettes, . 5,70

Déchets, .évaporation, perte.... 2j35

’ Les blés durs, demi-durs et tendres se traitent également bien par cette méthode.

Pour la.mouture à gruaux, dont les farines sont employées à faire les pains de luxe dans les villes, les ’meules sont convenablement espacées pour bien détacher l’écorce du gruaU.r en produisant le moins possible.de toile farine. La mouture est alors amenée dans un blutoir en étarnine, qui sépare la farine dite petit blanc ou à vermicelle, puis le mélange de son et de gruaux est versé dans une bluteriB d’étoffe à mailles, qui partage

les gruaux en trois grosseurs, dont lès moins gros, dits fins finots, fournissent la première qualité de farine. Les" moyens et les gros sont traités séparément et débarrassés du son et de la folle farina qui peuvent encore y adhérer ; puis, ils sont soumis de nouveau a la mouture et donnent^alors une farine qui, réunie à la précédente, forme le numéro 1 et de nouveaux gruaux. La farine obtenue des 3e et :4e gruaux donne le numéro 2 ; celle qui

firovient de la 5« mouture est dite blanche ; a 60 mouture fournit de la farine que l’on mélange avec celle d’écorçnge ; la 70 mouture donne la farine bise. 100 kilogrammes de blé de bonne qualité fournissent en moyenne : , .■>.., kilogr..

Criblure ou petit blé......, .■ 0,800 Farine dite à vermicelle 20,352

Farine dite des gruaux n« 1... 20,353 Farine dite des gruaux u° î... 6,3C0

Farine blanche 11,443

Farine bise.j 19,040

Son.....„.’-... 6,000

—"Recoupe-.-. ’, ■’.'— : 6,400

Remoulage. TT. 7^509

Perte i ;649

Dans les usines bien organisées des environs de Paris et montées à l’américaine, on moud en moyenne 15 à 16 hectolitres de blé en 24 heures, soit 1,100 à 1,200 kilogrammes par paire de meules, en produisant 60 à 63 pour 100 defariue première, recherchée par la boulangerie parisienne, La force nécessaire par paire de meules dans ces conditions, y compris le nettoyage et le blutage, est de 2 chevaux et demi, soit 20 à 22 kilogrammes par force de cheval et par heurp. Dans un grand nombre de localités, on rapproche moins les meules qu’à Paris ;’on leur fait moudre alors 24 à 25 hectolitres de blé en 24 heures, soit 1,800 à 1,900 kilogrammes, et chaque paire de meules absorbe la force de 3 chevaux, soit 25 à 26 kilogrammes par force de cheval et par heure. Dans les manutentions militaires, les opérations étant moins parfaites et les meules beaucoup moins rapprochées, chaque paire moud 30 à 32 hectolitres par 24 heures, soit 2,300 à 2,500 kilogrammes, et exige une puissance effective de 3 chevaux et demi, environ 28 à 30 kilogrammes par force de cheval et par heure.

D’après un assez grand nombre d’observations discutées pur Navier, la pratique aurait conduit à donner aux meules un poids tel, que l’effort qu’elles exerceraient par mètre carré, 8» elles posaient librement sur une surface horizontale, ne soit pas inférieur à 600 kilogrammes, tii supérieur à 1,070 kilogrammes, et il admet 850 kilogrammes comme une charge moyenne convemTble. Cet ingénieur admet, en outre, pour l’effort moyen exercé au point situé aux deux tiers du rayon de la meule, le vingt-deuxième de la charge par mètre carré qui serait due au poids d’à la meule ; soit

Effort = -r x 666D’ = 3’6, Î7D*.

Le* travail utile devient alors dans "ce cas égal à la vitesse multipliée par cet éffort ; soit :

Tu = v x 30,27D". J ’"

Hachette rapporte que dans un moulin de Corbeil, mû par une roue à aubes-transmettant 1,321 grandes unités dynumiques par heure, la meule ayant 2 mètres de diamètre et faisant 67 révolutions par minute, la quantité dé farine brute produire a été de 200 kilogrammes en une heure 15 minutes. De ces résultats, on peut conclure que la’mouture à la grosse de 100 kilogrammes de blé absorbe 825 grandes unités dynamiques. , M. d’AUbuisson conclut, des résultats obtenus par différents observateurs, que la force que doit transmettre l’arbre d’une roue hydraulique commandant un moulin est au moins de 3 chevaux par hectolitre de 75 kilogrammes à moudre par heure ; c’est 1,080 grandes unités dynamiques pour 100 kilogrammes de blé.’

Il n’est pas sans intérêt de compléter ces renseignements généraux sur les moulins et leur rendement en mouture par la vitesse, et le rendement des diverses machines auxiliaires, ainsi que par la force qu’elles consomment : .",

10 Machines préparatrices : ï° Machine à nettoyer avec cylindres en treillis de fil de fer pour purifier les blés des pailles, des terres, des pierres, etc. : produit par heure, 1,000 litres ; force motrice en chevaux-vapeur, od>, S5 ; vitesse de rotation du cylindre par minute, 25. —. 2° Machine à nettoyer avec deux batteurs et un. ventilateur : produit, 670 litres ; force, 0<*,26 ; vitesse de rotation des axes-des batteurs, 120 ; vitesse de l’ailette, 60. — 3° Machine à nettoyer avec pierres, brosses, ailettes (ramonerie) : produit, 670 litres ; force, 1 cheval ; tours de meule par minute, 170 ; tours de la brosse dans le même temps, 170 : tours de l’ailette par minute, 340. — 40 Machine à- nettoyer avec cylindre frotteur vertical et cylindre incliné en fer-blanc, pour enléverles grains de semence, de Cartier : produit, 400 litres ; force, 1 cheval ; tours par minute du cylindre vertical, 280 ; tours par minute du cylindre incliné en fer-blanc, 28. — Comprimeur ; produit, 1,000 litres ; force, 1 cheval ; rotations par minute du cylindre d’alimentation,

MOUt.

5,5 ; rotations par minute du cylindre de compression, .30.

ss> Farine. — 1° Tamis à.brosse : produit, 31’ litres ; force, och, i. — 20 Tamis à cylindre avèc, bourse : rotations par minute, 24 ; force motrice, OÇh, 13, .rendement avec une surface de tamis de 24 mètres carrés, S00 et 800 litres. — 3° Tamis à semoule : force, ccn, i ; vitesse, 24 tours par minute. 3° Machines de transport. — 1° Tire-sac : force motrice, 2 chevaux ; vitesse, i<n,5 par minute. — 2» Machine à élever : produit,

9,000 litres ;Jforce motrice égale au *— de la

30

hauteur, soit ^- ; vitesse par minute, i»i,3. 36

30 Machine à conduire, avec vis : rendement, 1,000 litres ; force motrice, 1 cheval ; vitesse par minute, 25 tours.

On désigne encore les moulins par le nombre de paires’de meules qui les composent ; ainsi, on dit : moulin à deux, à trois, à’quatre, à quarante paires de meules. On n’est pas toujours parfaitement d’accord sur le nombre de paires de meules à établir quand on construit un moulin neuf ; cela tient à plusieurs causes : la première est que chaque pays travaille d’une manière particulière et, par suite, fait produire plus ou moins à chaque paire de meules ; la seconde provient de 1 incertitude sur la force à employer, force variable, non-seulement avec la quantité de grains à moudre, mais encore avec la nature même des produits que l’on veut obtenir ; la troisième est relative aux dimensions mêmes des meules ; ainsi, celles de lm,50 de diamètre prennent plus de force que les meules de lm,30, mais elles font plus d’ouvrage ; de même, celles de im,60 à 2 mètres exigent plus de puissance et donnent plus de mouture.

On construit encore des moulins à deux meules mobiles, appelés moulins bitournants, dans lesquels les deux meules tournent eu sens inverse et sont animées d’une vitesse moitié moindre que celle des autres movlinsh meule gisante, soit 58 à 60 tours par minute. Le blé introduit dans les meules se trouve pris par les deux surfaces en contact ; il est broyé instantanément et est chassé aussitôt par la force centrifuge. Cette double action atteint plus efficacement le grain de blé et rend les sons plus larges. La boulange, dégagée rapidement par l’effet contraire des meules, ne séjourne pas sous celles-ci et, par suite, n’y prend pas un degré de chaleur aussi élevé que dans le mode précédent. Cesmoulins produisent une mouture de 36 à 38 hectolitres par 24 heures, ce qui. représente le double du travail ordinaires M. Baron de Pontoise a installé un moulin de ce système, dan, s lequel dés meules de O’n.go de diamètre moulent 15 hectolitres de blé en 24 heures et font autant d’ouvrage dans le même ’temps que deux autres meules de îni. SO, sans que la force dépensée ait besoin d’être augmentée.

Dans ces derniers temps, pour accroître le

rendement des moulins, on a fait usage de l’accélérateur, Cabanes, qui active notableinënt le travail des meules, eu leur faisant produire, beaucoup plus qu’elles’ne le font ordinairement. Cet appareil consiste à introduire entre les surfaces travaillantes des meules, au moyen d’un ventilateur, une grande*quantité d’air froid qui, ne pouvant trouver d’issue qu’à leur circonférence, tend à y précipiter le blé et, par suite, à faire dégager la mouture "avec plus de célérité que par la’ seule action de la force centrifuge. Des’expériences comparatives, faites ù là Manutention militaire des vivres dé Paris, ont donné les résultats suivants, avec des meules de im,30 de diamètre, marchant à la vitesse de 120 tours par minute : avec le système Cabanes, 259ki’,5o de mouture par heure et par jeu de meules, les déchets déduits ; par le système ordinaire, 104kil,50 par heure et par jeu de meules, déduction faite des déchets. Le rapport qui existe entre ces deux travâux’est d’environ 2,5 à 1. Le combustible employé pour faire mouvoir les appareils qui ont produit ces rendements s’est élevé : dans le premier, casa nku,20 par 120 kilogrammes de bié moulu et dans le second cas à l4kil,40 pour la même quantité de rendement. , M. Cabanes a construit des moulins portatifs, qui peuvent aisément s’installer à bord des navires, dans les. fermes, etc., et dans lesquels la meule intérieure est mobile et l’autre fixe, contrairement à, ce qui se fait dans les grandes minoteries. Ce système, avec Tapplicalion rationnelle du ventilateur et là multiplicité des orifices de sortie, réunit les avantages d’un travail plus considérable, d’un moindre prix de revient et d’une économie dans l’emploi de la force motrice. Avec des appareils de ce genre, on peut obtenir 400 à 450 kilogrammes de mouture parheure, c’est-à-dire trois à quatre fois plus qu’avec le système généralement adopté ; ceci avec des meules de lm,50 de diamètre, rayonnées & l’américaine et munies de l’accélérateur.

— II. Moulin à huile. Les moulhis à broyer les graines oléagineuses se composent de deux meules verticales en granit, de 101,80 à S mètres de diamètre et om,45 à om,50 d’épaisseur, montées sur un même axe qui les traverse au centre ; elles roulent sur une troisième meule fixe et horizontale qui repose sur un massif solide en pierre de taille. Ces meules verticales, qui pèsent environ 3,000 ki MOUt

logrammes chacune, agissent de tout leu* poids pour écraser la graine qui leur est soumise et en forment une espèce de pâte. L’arbre moteur vertical fait habituellement 1S à 20 tours par minute ; au-dessus de cette vitesse, il.devient difficile de conduire le travail. Les meules étant tournées cylindriques et parcourant un chemin circulaire, i ! en résulte à leur circonférence un glissement très-prononcé, qui est nu’ au milieu de leur largeur. (Jette considération permet de déterminer leur vitesse de rotation par minute, connaissant celle de l’arbre vertical, leur diamètre au roulement et lu distance de l’axe vertical au milieu de leur largeur, qui mesure le rayon de la circonférence moyenne décrite par ce point des meules ; en effet, le nombre de tours dé la meule sur ejle-inème est en raison inverse des circonférences ou des rayons ; ainsi : R étant le rayon de la meule, V le rayon du cercle décrit, o la vitesse de l’arbre vertical et x la vitesse de la meule, on a

VT

x =* —» R

Elle est généralement comprise entre 10 et 11 tours par minute, soit environ 1 mètre à 1°>,20 à’ia circonférence. Des meules de 2 mètres de diamètre, semblables aux meules décrites précédemment, peuvent écraser 23,000 kilogrammes de graines en 22 heures, qui produisent environ 8,740 kilogrammes d’huile.

V. HUILE.

— III. Moulin horizontal à écraser la canne À sucre. Les premiers moulins qui furent employés pour extraire le sucre de la canne étaient composés de cylindres verticaux en bois dur du pays, montés sur des pivots. Leur arbre était entaillé en forme de dents pourcoramuniquer le mouvement qu’il recevait d’un manège, d’un moulin à vent ou d’un autremoteur. Ces appareils prip-itifs ont été remplacés par des espèces de laminoirs à trois, cinq ou six cylindres horizontaux, entre lesquels la canne à sucre passe successivement. Ce système a pour but d’oxercer une. pression convenable pour en faire sortir le jus. Dans quelques-uns de ces moulins, les cylindres sont échauffés par la vapeur -pour désagréger beaucoup plus aisément tejus sucré que retiennent les cellules ; à cet effet, ’les cylindres sont percés de petits trous à travers lesquels passe la vapeur à l’état globulaire et s injecte dans les cellules des cannes qui cèdent, par voie d’endosmose, le jus le plus dense quelles contiennent. Là vitesse avec laquelle on’fait marcher les cylindres est très-lente, à cause de la pression considérable qu’ils doivent exercer ; elle est de 3 à 4 tours-pour des cylindres de olo,60 de diamètre, ce qui correspond à ’Dm,10 à 0<n,13 de vitesse par seconde à la circonférence. Un moulin à trois cylindres horizontaux, pouvant fournir 1,800 à 2,0*00 litres de jus par heure, consomme 5 à 6 chevaux-vapeur. Un moulin k cinq cylindres demande une puissance beaucoup plus grande, soit 8 à 10 chevaux. Le rendement que l’on obtient avec les moulins à’ cinq cylindres est de 68 kilogrammes de jus pour 100 kilogrammes de cannes ; il est environ de 20 à 25 pour 100 plus éievé qu’avec les anciens moulins et ceux à trois cylindres ; mais il est vrai de dire que la force dépensée est plus considérable ; cependant elle n’atteint pas un rapport aussi élevé que celui du rendement, soit environ 10 à 12 pour 100 en plus.

— IV. Moulin A vent. Les moulins à vent, suivant Furetière, auraient été inventés en Asie et importés en Europe à la suite des croisades. L’Orient aurait été contraint, par suite du manque d’eau, de recourir à ces sortes de machines. On pense qu’ils ont été employés, dès l’année 718, en Bohême, où, d’après les annales de ce pays, Halak aurait fait conr struire le premier moulin à vent qu’on ait vu dans cette contrée. Ceux qui, comme Furetière, pensent que les moulins à vent furent introduits en France et en Angleterre à la suite des croisades peuvent s’appuyer sur un ancien usage normand, subsistant encore aujourd’hui, qui est de donner aux moulins k vent le nom de turquois. Ce terme est employé en 1408 dans un aveu rendu au roi par à seigneurie de Thorigny :

■ En ladite terre souloit avoir ung moulin turquoys à vent, qui du tout est cheu. •

En réalité, l’origine de ces moulins est entourée de ténèbres ; plusieurs écrivains, l’abbé Lebeuf, D. Tassin, D. Toustain et Legraud d’Aussy, en font remonter l’existence au xtio siècle et s’appuient sur la charte de fondation du monastère de Neubourg, près da Mortain. En 1105, Guillaume, comte de Mortain, autorise dans cet acte la construction do moulins à vent ; mais, en lisant avec attention ce document, on découvre quelques indices de fausseté et on ne peut invoquer l’autorité de cette charte. Il faut redescendre à la fin du règne de Henri II pour trouver une mention authentique. Elle est fournie par un acte, sans date, d’Alexandre de Liéville qui, vers 1180, donna à l’abbaye de Saiut-Sauveur-le-Vtcpmte une terre près d’un, moulin à vent, sis probablement à Montmartin, en Graine. Au xuie siècle, Roger Le Rou donna à l’abbaye de Montebourg un moulin à vent, à Turqueville, avec un espace de 7 pieds au delà du tour de l’échelle : Afolendinum meum et terram in qua situm est, desuper mansurum sarraceni, cum semilis et viis et omnibus ad idem

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