Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 11, part. 2, Molk-Napo.djvu/201

Cette page n’a pas encore été corrigée

éôé MOSC

"ML ;, >nf.

son nom, et elle a deux étages. On y voit vrogt chapelles ou petites églises voûtées, basses, badigeonnées de toutes sortes de couleurs et communiquant ensemble. L’extérieur, est sculpté en entailles tourmentées. Au-dessus des coupoles de l’église s élance une floche pyramidale surchargée d’ornements, terminée par une boule k pointe et surmontée, ainsi que les coupoles, d’une croix placée sur le croissant. A tu façade, on ne voit, aucuh portail’régulier ; du côté’gauche, on monte par un escalier au premier étage de lé*lise ; dû côté droit, on pénètre par une porté basse dans les églises placéps à fleur de ^f* Cu sii, truer itôiiumeht, qu’on nommerwtpafbare si l’ornementation ’n’y’était pas prodiguée à pleines’mains, est placé sur une terrasse entourée d’Un beau grillage en fonte. , Jié&lîse, de. Martiu-le-Confe&seur est un idijicç moderne que. l’on a comparé à Saint-—W."$ Londres. La coupole est vaste et élégante ; le fronton de la façade est orné de peinturés à, fresque. Le clocher est réuni à église par une espèce d’arcade.

Parmi lès autres églises de Moscou, nous signalero^is : la cathédrale duSauveur-dans-les-Bqis, 1 église Notre-Dame-de-Kazan, l’église del Assomption et celle de Nicolas-Graude-Croix. Les monastères renferment souvent dans leur’enceinte jusqu’à six églises, dont quelques-unes d’une grande richesse. On y trouve aussi des bibliothèques et des peintures, historiques. Le plus remarquable de ces monastères est celui de Saint-Simon, fondé en 1370. La première é-’lise est surmontée d’une grande et magiïififîue coûpéle entourée de quatre autres de dimensions, moindres. Les murs sont "couverts dé fresques représentant des scènes bibliques. L’iconostase, ttriiîtement travaillé, est orné de figures en vermeil, et tés portes tzariennes sont d’une grande richesse. Le nouveau monastère du bauveut», -fondé en 1462, renferme dans son enoemte un grand nombre de maisons peintesen blanc et recouvertes en tôle. On y entrerons une belle voûte, au-dessous d’un des pus élégants clochers de Moscou. Dans l’église principalé, dont le toit est surmonté de cinq coupoles, se voient des peintures fort remarquables ^représentant un Combat entre tes /tusses et les Tartares. Parmi les autres monastères de "Moscou, nous citerons celui de Danilof ; dont l’enceinte renferme trois églises <et’un cimetière ; celui de la Vievgo-du-Don, bâti en 1591 et dont l’enqeînte est formée pur un mur carré d’une hauteur considérable et flanqué de tourelles (le toit de l’église principale est surmonté d’une grande coupole dorée) ; celui de Novo-Dévitchei, qui renjemie huit églises et dont les murs crénelés et les tours imposantes se présentent a la vue comme une forteresse redoutable ; celui de l’Ascension, un des édifices les plus réguliers que l’on trouve dans Moscou ; ceux des, iMiracles, du Sauveur-au-delk-de$-Iraages (Ztt-ikono-spas, $), d’Andronief, etc.

L’ancien palais des czars, construit, dit-on, en-J487, sous Ivan 111, ’est du style le plus bigarré. Chaque étage offre des galeries avec des-colonnes et des croisées en cintre. Les étages superposés rentrent de toutes parts a mesure qu’ils s’élèvent. Le dernier n’est plus qu un-petit belvédère de formé équilutérale. Un immense escalier serpente le long de ce singulier édifice et aboutit à une douzaine de coupoles bulbeuses dont le palais est flanqué à gauche, tandis qu’à droite on ne voit s’élever qu’un seul dôme avec Sa coupole de même forme.

Le palais de Granovitaïà, qui, du côté de 1 ouest, touche au palais précédent.’est beaucoup plus ancien. Il consiste en une salle voûtée ayant au milieu un énorme pilier vers lequel les voûtes, partout peu élevées, s’abaissent encore. C’est dans cette salle que les empereurs, après la cérémonie du sacre reçoivent les félicitations du clergé, de lu ’cour et des hauts fonctionnaires. Dans l’angle a droite, s’élève un trône magnifique.

Une galerie fait communiquer le palais des izara avec Je palais impérial bâti sous le règne S Elisabeth et reconstruit presque en entier en 1817. Il a deux étages avec un attique : De la terrasse qui règne devant le premier, on découvre une vue magnifique. •

Lé’ ; palais patriarcal, ’ fondé par Nicon en 1G5d, est le siège d’un comptoir. Dans l’église on conservel’ancienne, bibliothèque synodale, riche en manuscrits précieux.

Le palais des Armes est un immense bâtiment construit dans le goût moderne et orné de colonnes, de statues et de bas-reliefs. L’étage principal se compose d’une longue série ne salles où sont exposés des trônes, des couronnes, des scepu-es et autres joyaux, de la vaissellejd’or, et d’argent ciselée, des trophées d’armes, et de drapeaux, des armures russes et étrangères, des selles et harnais enrichis de pierres précieuses, des objets d’art de toute espèce. Signalons aussi : la tour de Soukharaf ; le monument de Minine et Pojaiski, formant un groupe colossal en bronze, placé sur un piédestal de granit, poli et Orné de bas-reliefs du même matai ; le tombeau de Matveïef, espèce de chapelle sépulcrale ; le palais du sénat, le palais impérial, aujourd’hui un ruine, etc.

L’université impériale de Moscou, qui a son siège dans un bel édifice de la rue Ma. khovaîa, fut fondée pur Elisabeth et ouverte le 26 avril 1735. Elle se compose dé quatre

MOSÔ

—, *’ f t

Facultés : la Faculté éthico-politique, celle de médecine, celle des sciences physico-mathématiques et celle de littérature. L’université possède une riche bibliothèque, un musée d histoire naturelle, un cabinet anatomiqua, un cabinet de chimie, etc. Citons en outre : l’Académie impériale de médecine et de chirurgie ; l’Institut de l’ordre de Sainte-Catherine ; l’École du commerce ; l’École arménienne ; hfmaison des enfants trouvés et des orphelins ; l’hôpital de Sainte-Catherine ; 1 hôpital Gaiitzyne ; l’arsenal ; le grand hôpital militaire ; le Grand-Théâtre impérial.

Moscou, la ville sainte des Russes et le berfieau de leur nationalité ; fut fondée en 1147 parle prince Georges Dolgorouki, puis complètement détruite en 1176 par le prince souverain de Kazan ; elle se releva cependant de ce désastre, et la ruine du principat’ de Kie-w par les Mongols en 1235, l’occupation du sud de la Russie par les Tartares de la Horde d’Or, accrurent son importance. Ses princes, à partir d’Iaroslaw II (123S), devinrent les grands princes de Russie, et, de 1300 a-1703, le siège du gouvernement russe y fut placé. Cette ville vit toujours augmenter sa prospérité et son commerce, malgré les nombreuses calamités qui tombèrent sur elle ; elle fut assiégée ou prise par Olgierd en 1369 ; par Toklamouich, chef des Lithuaniens, en 1382 ; par Jédigei, compagnon de Tamerlan, en 1400 ; par Dmiiri-Kheminlha en U45 ; par les Tartares en 1451 et 1477 ; par Otrepief en 1605 ; par Ladislas, fils de Sigismond III, roi de Pologne, en 1611 ; enfin, par Napoléon 1er en igjg. En partie détruite à cette époque, elle ne tarda pas à se1 relever de ses ruines et les maisons neuves y furent’ reconstruites d’après le modèle exact des maisons détruites.

Mosd

Moicuii (OCCUPATION ET INCENDIE DU). Le

7 août 181Î, la terrible bataillé dé la MôSkova ouvrait k Napoléon la route de Moscou, et, le H, la grande armée, parvenue au sommet d’un coteau, découvrait au-dessous d’elle le magnifique panorama formé par la vieille cité des czars, où elle espérait trouver enfin quelque repos. Murât, qui commandait l’avant-garde, se mît aussitôt en marche pour

préparer les logements et les Vivres, pénétra à travers le faubourg de Drogomilovr jusqu’au pont de la Moskova, s’y croisa uverc une arrière-garde russe et, suivi de Son état-major et d’un détachement de cavalerie, se mit en devoir d’explorer le centre de la ville. Alors seulement le roi de Naples fut frappé de l’aspect sinistre de cette ville dont les dehors avaient provoqué un si grand enthousiasme. Partout le silence et la solitude : on eût dit une ville morte ou abandonnée tout à coup de ses habitants. Presque au même instant une décharge de mousqueterie éclate, partant des murs du Kremlin, etMurat, surpris, apprend de quelques Français appartenant aux familles étrangères établies à Moscou que presque toute la population a fui. La fusillade qui venait d’accueillir Murât était dirigée par une poignée d’hommes répandus dans le Kremlin. Nos soldats furieux se précipitèrent sur eux et les sabrèrent jusqu’au dernier. Le lendemain, 15 septembre, Napoléon entrait à-Moscou.

Son premier soin fut, arrivé au Kremlin, de monter au sommet de la tour du grand Ivan et dé contempler de là sa conquête. 11 s’occupa ensuite de la distribution de l’armée dans les divers quartiers de la ville. La garde occupa une partie du Kremlin et des environs, et’le surplus des troupes fut partagé sous le commandement des maréchaux Davout, Pouiatowski, Ney et du prince Eugène.’

Dès le lendemain de l’occupation française, un incendie éclata dans un vaste bâtiment renfermant’les spiritueux que le gouverneînent’rasse débitait pour son compte au peuple de la capitale. On crut à un hasard à une- imprudence, et on réussit à se rendre maître du feu avant qu’il eût causé de trop ■grands désastres. Mais, au moment où ce résultat était atteint, un nouvel incendie, celui-ci d’une extrême violence, embrasait avec une rapidité inouïe l’ensemble de bâtiments connu sous le nom de Bazar. Les secours fuient organisés activement ; mais malheureusement les marchandises de toutes sortes entassées dans ce lieu, et notamment les huiles et spiritueux, ne lardèrent pas à démontrer l’inutilité de ces secours. Force fut alors de faire la part du feu. On pouvait toutefois espérer que l’incendie demeurerait circonscrit dans les bâtiments du bazar, lorsqu’un vent violent se leva tout à coup et, soufflant d’abord de l’est, porta l’incendie k l’ouest, dans les rues de Tverskaïa, de Nikitskaïa et de Povorskaïa, comprises entre les routes de Twei- et de Sinolensk, et les plus riches de la vieille cité. Le feu, trouvant dans les innombrables constructionsde bois, très-nombreuses alors a, Moscou, un nouvel aliment, se répandit avec une activité effrayante. Chacun, tout en redoublant d’eiforts pour circonscrire les effets du fléau, déplorait cette fatalité inexplicable et s’étonnait des progrès vraiment prodigieux des flammes, lorsqi.e le hasard lit apercevoir en l’air deux fusées volantes dont la découverte fut une révélation subite : presque aussitôt on mit la main sur des misérables portant des matières inflammables au bout de longues perches. Arrêtés et questionnés sous menace de mort, ils révélèrent enfin

l’ordre donné par Rostopchin avant d’abandonner Moscou.

On sait que l’armée russe, après la décision prise dans le conseil convoqué par le général Koutouzof à la suite de la défaite de la Moskova, s’était retirée silencieusement en traversant Moscou pour aller prendre position sur la route de Riazan. Le gouverneur de Moscou, le comte Rostopchin, avait fait l’opposition la plus vive à la détermination du conseil. Contraint de préparer une évacuation qu’il désapprouvait, il se décida à partir, mais en laissant derrière lui une ville déserte et en ruine. Usant des pouvoirs que lui conférait sa dignité de gouverneur, il commença par ordonner à tous les habitants de Moscou de sortir immédiatement de la ville, en emportant ce qu’ils pourraient, menaçant des châtiments les plus terribles ceux qui résisteraient ; comme complément à cet ordre, il répandit et fit répandre dans le public simple et crédule les plus odieuses calomnies contre les Français. Ses ordres et la terreur qu’inspiraient les Français, dépeints par lui sous les couleurs les plus sauvages, avaient presque fait le vide dans la ville. Ce n’était pas assez pour Rostopchin, car il voulait faire de Moscou une ville déserte ; il n’entendait pas que les envahisseurs profitassent de ses richesses et de ses trésors : faire de Moscou une ruine, après en avoir fait une solitude, tel était son projet, connu de lui seul et des complices dont nous allons parler. Sous le prétexte de faire fabriquer une machine infernale dirigée contre les Français, il avait accumulé une quantité formidable de matières inflammables dans un de ses jardins. Le moment venu, c’est-à-dire une heure avant l’évacuation générale, Rostopchin réunit les condamnés pour meurtres ou vols, leur rendit la liberté et leur enjoignit, dès que la population aurait franchi les portes de la ville, de mettre le feu aux principales maisons, les assurant qu’en agissant ainsi ils se réhabilitaient et faisaient œuvre de citoyens. Il n’en fallait pas tant pour décider des hommes certains de profiter de l’incendie par le pillage, et on a yu que, dès l’entrée de Murât dans Moscou, ils ne perdirent pas une minute. L’incendie qui ravageait les principaux quartiers de la ville était donc leur œuvre, et Rostopchin triomphait.

Napoléon, instruit de la vérité, fit instituer immédiatement des commissions militaires qui, séance tenante, envoyèrent au gibet les auteurs d’un acte qui accuse chez celui qui l’a commandé un patriotisme sauvage, mais qui ne manque pas d’une certaine grandeur. Tandis que des mesures générales du sauvetage étaient organisées, l’armée, débordée par le fléau, se mettait à la recherche des pompes à incendie de la ville et n’en trouvait aucune. Rostopchin, en quittant Moscou, les avait toutes enlevées. Rapportons un fait qui montre le désintéressement farouche de ce gouverneur : le colonel Wolzogen l’ayant rencontré au sortir de la ville et l’ayant interrogé sur ses intentions à propos de cet attirail de pompes qu’il était fort surpris de voir emmener : « J’ai mes raisons..., » répliqua Rostopchin d’une voix sombre, et il ajouta cette phrase dont le sens ne fut expliqué que plus tard : « Pour moi, colonel, je n’emporte de cette ville que le vêtement que vous voyez sur mon corps. ■

Cependant l’incendie était devenu général, car le vent, se déplaçant sans cesse, n’avait pas tardé à porter le désastre dans presque tous les quartiers de la ville. Le vent soufflant tout à coup du sud-ouest poussa, le lendemain, des flammèches brûlantes jusque dans la cour du Kremlin, ou se trouvaient plus de quatre cents caissons de munitions, sans compter les quelque cent mille livres de poudre de l’arsenal. li n’y avait pas un instant à perdre, car la moindre étincelle pouvait anéantir ces ressources et mettre l’armée française à la discrétion de l’ennemi. L’état-major de Napoléon et ses officiers d’artillerie le conjurèrent de quitter le Kremlin, du moins jusqu’au moment où le fléau, ne trouvant plus rien à dévorer, s’arrêterait de lui-même ; car, devant l’impuissance et l’inutilité des secours, on avait fini par se résigner. Napoléon ordonna le départ. Peu après, l’armée tout entière se repliait sur les routes par lesquelles elle était entrée, aussi silencieuse, aussi tristement affectée qu’elle était joyeuse et pleine d’espoir l’avant-veille. Un grand nombre de malheureux habitants suivaient, et ce fut un défilé sinistre que ces pauvres gens ruinés, en larmes, souvent attaqués par les brigands à qui Rostopchin avait rendu la liberté. Seule, la vieille garde demeura héroïquement massée autour du Kremlin, résplue à le disputer aux flammes. Napojéon alla s’établir au château de Petro-wskoié, à une lieue de Moscou, sur la route de Saint-Pétersbourg.

Le lendemain du départ de l’empereur et des troupes, le vent passa’ du sud-ouest à l’ouest et les flammes entamèrent une nouvelle partie de la ville. Les derniers restes de la population se réfugièrent dans les champs découverts situés de ce côté. « L’incendie approchant de son affreuse maturité, dit le célèbre historien qui nous a laissé le tableau le plus complet de cet épisode unique dans la civilisation moderne, on entendait à chaque minute des craquements épouvantables. Les toits des édifices, dont les appuis étaient consumés, s’affaissaient sur eux MOSC

mêmes et s’abîmaient avec fracas en faisant jaillir des torrents de flammes sous la pression produite par leur chute. Les façades élégantes, composées d’ornements appliqués sur des constructions en charpente, s’écroulaient et remplissaient les rues de leurs décombres ; les tôles rouges, emportées par le vent, allaient tomber çk et là, encore toutes brûlantes. Le ciel, recouvert d’un épais nuage de fumée, apparaissait difficilement à travers ce voile et, chaque jour, le soleil se montrait à peine comme un globe d’un rouge sanglant. Enfin, les quatre cinquièmes de la ville étant détruits, l’incendie s’arrêta ; une pluie abondante et continue éteignit enfin peu à peu l’affreux brasier qui avait remplacé les hautes flammes. Le Kremlin était encore debout. L’incendie terminé, on put juger seulement alors de l’immensité du désastre. Une lugubre procèssion de malheureux habitants rentra peu à peu, explorant les rues pleines de décombres, venant savoir si leurs demeures étaient sauvées où brûlées et s’il leur restait encore quelque moyen de vivre dans cette ville en ruine. ■ Afin de donner aux malheureux survivants de ce grand désastre quelques secours, on leur livra les quartiers incendiés, en les autorisant à" en tirer ce qu’ils pourraient. Cette autorisation amena la découverte de précieuses trouvailles, argenterie, bijoux, vêtements, etc., etc., et, ce qui valait mieux encore, des approvisionnements en tous genres et des vivres suffisants à la nourriture de toute une armée. Cachés dans les caves, ces provisions et ces vivres, bien qu’échauffés, n’avaient rien perdu de leurs qualités. Napoléon, averti de cette découverte importante, fit cesser le3 recherches qui peu à peu avaient pris l’aspect d’un pillage, rentra dans Moscou le 19 et, organisant aussitôt d’une manière régulière des recherches nouvelles, acquit bientôt la certitude de l’existence, dans les caves de Moscou, de quantités vraiment prodigieuses de grains, de viandes salées, spiritueux, sucres, café, etc. Le docteur Larrey ne craint pas d’affirmer dans ses Souvenirs qu’on pouvait nourrir nos troupes pendant six mois avec les provisions trouvées à Moscou. Tranquille alors de ce côté, Napoléon s’assura des fourrages et des convois de viande fraîche en attirant les paysans des environs par la promesse de payements immédiats et s’occupa aussitôt de secourir les habitants. Aux uns on construisit des cahutes, aux autres on distribua de l’argent, à tous des vivres.

Une visite de l’empereur à l’hospice des Enfants trouvés, situé un peu au-dessous du Kremlin et gouverné par le général Touklmine, fit la meilleure impression. Napoléon songeait-il alors à faire la paix ou tout au moins espérait-il, disons mieux, désirait-il des ouvertures de la part d’Alexandre ? C’est ce que les entrevues de Napoléon avec le général Touklmine et avec un autre personnage de l’époque, M. de Jackowleff, semblent établir péremptoirement. Malheureusement, il était trop tard, La conduite de Rostopchin avait eu pour résultat d’exaspérer l’armée russe, commandée par Koutouzof et qui de loin avait assisté à cet incendie. Nous n’avons pas. À entrer ici dans des détails qui ne se rapportent point à Moscou particulièrement, mais à la campagne de Russie, les divers mouvements de l’armée russe autour de Moscou, les instances de Benningsen pour un retour offensif contre les Français, le refus de Koutouzof et sa retraite sur le camp de Torontino, où il alla prendre position. Durant ce temps, Napoléon, enfermé dans Moscou, s’occupait de réorganiser l’armée au cas où Alexandre lefuserait de venir k composition ; il fit exécuter au Kremlin d’importants travaux de défense, qui convertirent ce palais en véritable forteresse, assura de nouveau les approvisionnements de vivres et attendit paisiblement le résultat des négociations. Il fit chercher des popes, les engagea à rouvrir les égjises et à y célébrer le cuite divin, à y prier même pour l’empereur Alexandre, leur souverain légitime. Enfin, il alla jusqu’à assister aux représentations théâtrales, dans le but de procurer quelques ressources aux malheureux comédiens ruinés par la guerre. On atteignit le mois d’octobre. Le 19, Napoléon quittait Moscou, anxieux, incertain, mais contraint à cette résolution pur l’attitude de l’ennemi. Le maréchal Mortier restait seul avec 10,000 hommes. Le 21, Napoléon s’arrêtant définitivement k un dernier parti, l’abandon complet de la vieille cité moscovite, expédiait à Mortier l’ordre de faire sauter le palais dés czars. Mortier exécuta cet ordre inutile et barbare, incomplètement il est vrai, le 23 octobre.

MOSCOU (gouvernement de), division administrative de la Russie d’Europe, presque

au centre de ce vaste empire, et qui confine aux gouvernements do Tver au N.-O., de Smolensk à l’O., de Kalouga et de Toula au S., de Riazan a l’E. et de Vladimir au N.-E. Il mesure 240 kilom. de longueur, sur 220 kilom. de largeur ; superficie, 31,025 kilniu. cariés ; 1,350,000 hab. Chef-lieu, Moscou. Administrativement, le gouvernement est divisé en

treize districts. Le sol, généralement plat, est arrosé par la’Moskova, l’Oka, la Nara, la Kliozma, etc. ; il produit toutes sortes de céréales, du chanvre, du fin et du houblon ; on y trouve de belles forêts, dont les essences dominantes sont le sapin, le pin, le bou-