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baleines, rencontrèrent par hasard l’Ile da Terre-Neuve et découvrirent dans ses eaux ce fameux banc sur lequel la jonction de deux grands courants marins détermine l’accumulation d’un si grand nombre de cabillauds (v. Terre-Neuve). D’autres ont attribué l’honneur de cette découverte au Portugais Gaspard de Corte-Real, qui se serait rendu dans ces parages au commencement du xvio siècle ; mais, à cette époque, la pèche de la morue sur le banc de Terre-Neuve était déjà renommée dans tout le monde maritime. Avant le voyage de Corte-Real, un navigateur anglais avait trouvé sur les mers de Terre-Neuve plus de cinquante navires appartenant à toutes les nations.

Quoi qu’il en soit de la question du banc de Terre-Neuve en particulier, il est incontestable, dit M. Pascallet, que les nations de l’Europe se livrent à la pêche de la viorne depuis le îxe siècle. Au commencement du xe siècle, on trouve des pêcheries établies sur les côtes de la Norvège et de l’Islande. Dès l’année 1368, Amsterdam avait une pêcherie sur les côtes de la Suède, et ce fut en 1536 que la France envoya à Terre-Neuve te premier bateau de pêche. En 1578, la Franco envoya à Terre-Neuve 150 navires pour la pêche, l’Espagne 100, le Portugal 50 et l’Angleterre 30. Au moment de la. Révolution, le produit de la pêche française de la morue s’élevait à 15,731,000 francs. Année moyenne, de nse a 1790, il est sorti de France, seulement pour la pêche de Terre-Neuve,372 bâtiments. Ces succès étaient le résultat de la paix de 1783 et des nombreux encouragements par lesquels le gouvernement stimulait l’ardeur des armateurs et des matelots. Chaque année, il y avait près de 11,000 matelots français occupés à cette pêche. Mais, à partir de 1792, nos pèches déclinèrent sensiblement jusqu’au traité d’Amiens, qui les remit sur leur ancien pied. Aujourd’hui, nos départements maritimes se livrent avec succès à ces grandes pêches productives, dont s’enrichissent Granville, Saint-Malo, Saint-Brieuc, Bayonne, etc. Ces pêches mettent en mouvement quatorze ou quinze millions de capitaux, sans parler du coût primitif de la construction des navires. Elles emploient plus de 400 navires, montés par plu3 de 12,000 marins qui, élevés à cette forte école, forment une excellente réserve pour les besoins imprévus du service. Quant k la consommation des poissons faite par la France elle-même, elle est évaluée à 12 millions de kilogrammes.

La morue qui vient d’être décrite et dont nous venons de raconter la pêche et les préparations diverses est la première espèce du genre. La seconde est la morue églefin, qui diffère de la morue commune par ses formes plus allongées, par sa ligne latérale noire et par une tache noirâtre sur chaque flanc. Cette espèce, presque aussi abondante que la précédente, est moins agréable au goût, parce que sa chair est plus molle et moins blanche ; on en fait, toutefois, de nombreuses salaisons sur les côtes de Bretagne, où ce poisson abonde particulièrement. Le dorsch, ou petite morue des côtes de la Norvège et de l’Islande, fournit les poissons salés connus sous le nom de rondfisch ou de stockfisch rond, parce qu’ils sont roulés et arrondis après leur dessèchement. On les nomme également klippfisch ou poisson de roche, parce qu’on les fait sécher sur les rochers des bords de l’océan septentrional. Le capelan ou officier est également une petite morue, mais qui se rapproche du merlan par ses grandes dents et son museau pointu, Ce poisson, qui n’est long que de om, i5 ou 0"i,16, est très-bon à manger frais ; il est également très-estimé comme appât

J)our la pêche à la grande morue. On trouve es capelans amoncelés en quantités énormes dans certaines anses, tout près de la surface de l’eau. Aussi sont-ils dénoncés de loin aux pêcheurs par des nuages d’oiseaux de mer qui planent au-dessus d’eux et en dévorent un grand nombre. Il existe encore diverses espèces dans les mers septentrionales, ainsi qu’en Amérique, et non-seulement des morues, mais encore de grands gades voisins de ce dernier genre, qu’il serait peut-être très-avantageux d’étudier et de rechercher dans les parages qu’ils habitent, afin de suppléer à la destruction progressive que l’on fait des morues proprement dites.

— Art culin. Il y à de nombreuses manières d’accommoder la morue ; mais, quelles que soient les sauces dont on l’accompagne, il convient de la préparer et de la cuire de la manière suivante : la laisser d’abord tremper dans de l’eau fraîche pendant deux ou trois jours, suivant que la morue est plus ou inoins salée, en ayant soin de renouveler l’eau deux fois par jour et de placer les morceaux la peau en dessus. Cela fait, on ratisse la morue, puis on la met à l’eau froide dans une marmite. Quand la morue commence k écumer, on retire la marmite et on la place près du feu de façon à maintenir la morue très-chaude sans que cependant l’eau où elle plonge puisse bouillir. On la laissé ainsi une deini-heure, puis on l’égoutte et on peut la servir sans autre apprêt, garnie de pommes de terre bouillies, avec une sauce au beurre dans une saucière.

Morue à la maître d’hôtel, La morue étant cuite à l’eau comme nous venons de le dire plus haut, on met dans la casserole une quan MORU

tité de beurre proportionnelle à la grosseur du morceau de poisson qu’on veut accommoder, après avoir eu soin de diviser le beurre en petits morceaux. On y ajoute du poivre un peu gros, des ciboules finement hachées, puis on y mer la morue divisée par grandes lames. On recouvre alors le poisson d’une couche très-mincé de farine mouillée d’un peu d’eau chaude. Ces apprêts terminés, on met la casserole sur un feu assez vif et on la remue constamment. Quand la morue est bien chaude, on y ajoute le suc d’un citron et le plat peut être servi au bout de quelques minutes.

Morue à la provençale. Elle se prépare de la même façon que la précédente, mais une partie du beurre y est remplacée par quelques cuillerées d’huile d’olive, et les fines herbes par trois ou quatre gousses d’ail écrasées.

Morve en brandade ou brandade de morue. ■ Parmi les ragoûts provençaux ou languedociens qui ont pris singulièrement faveur k Paris, et dans lesquels l’ail joue un grand rôle, il faut distinguer surtout les brandades de merluche, dit Grimod de La Reynière. (Lisazmorue, s’il vous plaît ; l’erreur est excusable, les Provençaux disant merluche pour morue ; mais <, jant à la brandade, elle se fait toujours avec de la belle, et bonne morue.[On sait qu’un restaurateur du Palais-Royal a fait sa fortune par sa manière de préparer les brandades et que l’on se porte en foule chez lui tous les jours encore (1804) parce qu’il a la réputation de les faire excellentes. »

La brandade, oubliée aujourd’hui des Parisiens, est encore en grande estime chez les Provençaux. Pour la préparer, après avoir soigneusement dépouillé la morue des peaux et des arêtes, et l’avoir brisée en petits morceaux, on met de l’huile, du persil et de l’ail dans une casserole qu’on place sur un feu doux ; on ajoute la morue et, de temps en temps, on y verse de l’huile, et du lait quand elle épaissit. On remue très-longtemps la casserole sur le fourneau, ce qui fait que la préparation se réduit en une espèce de crème. Mais tout le monde n’atteint pas ce résultat, qui suppose une grande habileté dans le maniement de la casserole. Un procédé plus sûr consiste à piler la morue avec de l’ail et de l’huile dans un mortier, à, la mettre sur le feu et à remuer continuellement avec une cuiller en bois, en ajoutant tout le temps de l’huile qu’on fait couler fil à fil. On verse un peu de lait de temps en temps, comme dans la méthode précédente.

Morue d la ménagère ou à la bonne femme. Pour préparer ce mets, on place dans une marmite des pommes de terre lavées et non pelées, puis des oignons auxquels on se contente de couper la tête et la queue. Sur ce lit de légumes, on place la morue coupée en gros morceaux. On met le tout sur le feu en prenant soin qu’il ne soit point assez vif pour faire bouillir l’eau. Lorsque la morue est cuite, on la retire de la marmite en prenant garde qu’elle ne refroidisse, puis on laisse cuire les pommes de terre et les oignons. Cela fait, on les retire, on les épluche, puis, la morue étant débarrassée de ses arêtes, on fait une sauce avec du beurre, deux cuillerées de farine délayée dans du lait, et lorsque le tout bout depuis une dizaine de minutes, on y met d’abord les pommes de terre, puis les oignons et enfin la morue. On laisse mijoter pendant dix minutes et le plat est cuit.

On prépare encore la morue de diverses façons, notamment au gratin, à la Béchamel, en vol-au-veitt, en croquettes et de diverses autres manières qui n’ont rien de spécial pour la morue.

—Thérap. Huile de foie de morue. V. huile. , MORULE- s. f. (mo-ru-le — dimin. du lat. mora, retard). Court intervalle : Si le mouvement est interrompu de morules, quelle est la cause qui suspend le cours d’un corps une fois agité/ (Boss.) Il Inusité.

MORUM s. in. (mo-romm — du lat. mora, mure). Palhol. Nom donné a de petites tumeurs arrondies et rouges, imitant une mûre de mûrier, qui se développent aux parties génitales, après un coït avec une personne infectée du mal vénérien.

MO RUS s. m. (tno-russ — mot lat.). Bot. Nom scientifique du mûrier.

MORUS s. m. (mo-russ — gr. mdros, fou). Ornitli. Nom proposé pour le fou.

MORUS (Samuel-Frédéric-Nathanael), philologue et théologien allemand, né à Laubun en 1730, mort à Leipzig en 1792. Il fut l’un des élèves les plus distingués d’Ernesti, professa d’abord la philosophie (1768), puis la littérature grecque et latine (1771) et changea plus tard cette chaire contre celle de théologie. Il est également apprécié comme philologue et comme homme de goût. Ses éditions sont accompagnées de notes excellentes où il s’applique surtout à bien faire ressortir l’esprit de chaque auteur et k faire comprendre la vie des anciens ; il négligeait un peu la critique du texte et rejetait dans des index bien composés toutes les observations grammaticales. Son édition du Panégyrique d’isocrate est son chef-d’œuvre ; elle a paru en 1766 et a été reproduite souvent, en dernier lieu par Bai ter, en 1831. On vante aussi le Longin, De sublimitate (1769) ; l’Histoire

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grecque de Xénophon (1778) et sa Cyropëdie (1784) ; les Commentaires de Jules César, qui ont été reproduits par Oberlin (1780). Parmi ses écrits théologiques, on cite des traités latins, entre autres sur la soumission de l’homme à Dieu, des sermons, un manuel général de théologie : Epitome théologies chris■ lianx (1789), qui a été longtemps adopté dans les facultés protestantes d’Allemagne ; Cornmentarius exegetico-historicus in Mari Epitomen (Halle, 1797-1798, 2 vol. in-8<>). Cet ouvrage contient le développement qu’il donnait dans ses leçons k son Epitome théologies ; Leçons académiques sur la morale théologique (Leipzig, 1794-1795, 3 vol. in-8«) ; Dissertationes théologies et philologics (Leipzig, 1787-1794, 2 vol. in-8°). Par son caractère conciliant et bienveillant, il exerça une heureuse influence sur lajeunessede l’université ; il accéléra le progrès des études théologiques en leur appliquant les découvertes récentes de la critique et de la philologie. Toutefois, on pourrait lui reprocher de l’avoir fait à son corps défendant, tant il redoutait l’éclat et le bruit de ce qui ressemble à une hardiesse. Il était tellement aimé, qu’à sa mort les étudiants prirent spontanément le deuil.

MORUS (Thomas), grand chancelier d’Angleterre. V. More.

MORUS (Alexandre), ministre protestant français. V. More.

MORUYER adj. m, (mo-ru-ié — rad. morws). Pêche. Se dit des navires qui font la pêche de la morue : Navires moruyers. Il On dit aussi MORUTIER.

MORVAN s. m. (mor-van), Mamm. Mouton d’Afrique à longues jambes.

MORVAN, en latin Morvennensis Pagus, petit pays de l’ancienne France, dans la Bourgogne et le Nivernais, compris actuellement dans les départements de l’Yonne et de la Nièvre. Ses villes principales sont Château-Chinon et Vézelay, Ce pays est traversé, du N.-E. au S.-O., par une chaîne de montagnes, à laquelle il donne son nom et qui est un contre-fort de la Côte d’Or. Le sol, en général peu fertile, est en partie couvert de bois et de pâturages et nourrit une grande quantité de bestiaux, dont il se fait un commerce considérable.

Suivant M. Pierquin de Gembloux, des Huns se seraient conservés dans le Morvan depuis la retraite d’Attila. Les Morvandeaux à qui il attribue cette origine ont la tôle carrée, les yeux petits et en amande, la face aplatie, le nez légèrement épaté, les cheveux roidés et le visage glabre. Leur principale famille se nomme, d’après cet auteur, lus Gaûx ou les Geaux. Ce sont même les chevaux des Huns qui auraient laissé dans le Morvan une race fort voisine de celle de l’Ukraine et remarquable comme elle par sa sobriété et sarésistance aux fatigues et aux intempéries des saisons,

MORVAN ouMORMAN, roi de la Bretagne armoricaine, mort en 818. Elu chef des Bretons k l’époque de l’avènement de Louis le Débonnaire, il prit le titre de roi et refusa de payer le tribut que Charieniagne avait imposé k la Bretagne. Louis envoya alors auprès de lui l’abbé de la Marche de Bretagne, Witeher, pour l’engager k reconnaître sa suzeraineté ; mais le roi des Bretons, poussé par sa femme, répondit k l’envoyé : « Va dire k ton César que Morvan n’habite point sa terre et qu’il ne veut point de Ses lois ; je refuse le tribut et je défieles Francs. » À cette nouvelle, Louis le Débonnaire envoya contre le chef révolté une armée formidable qui ravagea le pays et que Morvan harcela dans sa marche sans oser l’attaquer en plaine. Contraint de se replier et de laisser Vannes k découvert, le chef breton perdit cette place, continua la guerre de partisan et fut tué, dans une rencontre, par Hosfel, le chef militaire des Francs. Sa tète fut portée à Louis et les Bretons se soumirent pendant quelques années.

MORVAN (Olivier-Jean), littérateur français, né à Pont-Croix (Bretagne) en 1754, mort sur l’échafaud en 1794. Il exerçait avec talent la profession d’avocat k Quimper et s’était fait connaître avantageusement par des pièces de vers, lorsque commença la Révolution. Il fut élu, en 1790, membre du directoire de son département, concourut k l’établissement du nouveau régime, s’occupa

particulièrement de l’administration et de la vente des biens nationaux, des mesures relatives à la suppression des droits féodaux, fut arrêté, ainsi que ses collègues, comme fédéraliste et condamné à la peine capitale. On cite da lui : Epilre aux Muses (17S6) ; Ode contre le jeu, dédiée k Dusaulx ; Ode sur le triomphe de l’humanité dans le dévouement héroïque du prince Léopold deBrunswick(ns9, in-S°), etc.

MORVAN DE BELLEGARDE (Jean-Baptiste), littérateur français. V. BellëGARDe.

MORVANDEAU, ELLE adj. Cnor-van-do, è-le). Géogr. Qui est du Morvan : Paysan morvandeau. Il Qui appartient au Morvan ou à ses habitants : Mœurs morvandelles, h On dit aussi morvanpiau, iale ; Or, dans les ménages morvandiaux et bourguignons, la plus légère douleur, le plus petit travuillement de nerfs est un prétexte à-vin cuit. (Balz.)

— Substantiv. Habitant du Morvan : Un Morvandeau. Les Morvandeaux. Une Mor-

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vandëlle. La chaumière du Morvandeau ne rappelle en rien celle du Franc-Comtois, de l’Auoergnat et du Bas-Languedocien. (Violtetle-Duc) Il On dit aussi, dans le pays, Morvandiot, ottb.

— s, m. Linguist. Patois parlé dans le Morvan.

— Encycl. Linguist. Le langage du Morvan (Noires’Montagnes, suivant une étymologie celtique) se rattache k l’idiome romanobourguignon. Le pays où il est parlé, jadis

partagé entre la Bourgogne et le Nivernais, est divisé aujourd’hui entre les départements de la Côté-d’Or, de la Nièvre, de Saône-et-Loire et de l’Yonne.

Le patois morvandeau varie d’un village et même d’un hameau k l’autre. On ne le retrouve plus dans son originalité native que vers le centre de la contrée, k Planchez’, k Arleuf, k Villapourçon. Ce patois, malgré sa rusticité et sa pauvreté naturelles, est alternativement doux et véhément, parsemé d’images et de comparaisons, toujours fortement accentué et souvent’ hérissé d’énergiques interjections. Il admet rarement le participe et l’adjectif. Née de La Rochehe écrivait, en 1746, que ce langage était si particulier, qu’on aurait pris les Morvandeaux pour des gens d’un autre continent, et qu’il aurait fallu rester longtemps avec eux et même s’attacher beaucoup k leurs termes pour les entendre. Cette assertion est évidemment exagérée ; il suffira, pour s’en convaincre, de jeter les yeux sur l’échantillon suivant, extrait d’une légende du pays, en patois du haut Morvan :

« Aine poore fonne vivot chu l’coôté d’aine das montées du Morvand. OUI’ v’not d’parde soun honme que n’ii aivot laichè, poo toot ben, qu’aine méçanto caihute, aine p’tiote uioe et ain zouli enfant qu’totot encoi.

Opheurline d’vant qu’date voive, oll’ n’aiviot don pus qu’son p’Uot qu’peulot i’uitaicer ai lai vie.

L’toorment li lié bentoôt parde sai poore zeunesse et sai biauté ; iot chi p’aot d’çoora que d’noos 1 Sas gros œillots nars feurent bentoôt çanzès aitoot. Sas zoos ateient pus bliâmes ! lai mêgreur d’son corps montret, liailas, Saijrnourl qu’oll’ aivot ben souffri. Son soin s’tairissè... »

Il faut lire en français :

« Une malheureuse femme vivait sur le flanc d’une des montagnes du Morvan. Elle venait de perdre son mari, qui ne lui avait laissé, pour toute fortune, qu’une pauvre cabane, une petite ouche et un bel enfant encore à la mamelle.

Orpheline avant d’être veuve, elle n’avait plus que son fils qui pût l’attacher k la vie.

Le chagrin ternit bientôt sa belle jeunesse et tous ses charmes ; c’est si peu do chose que l’homme 1 Ses grands yeux noirs furent aussi bientôt changés. Ses joues palus, la maigreur de son corps accusaient, hélas ! de bien grandes soulfrances. Son sein s’était tari... »

Suivant le procureur général Dupin, le morvandeau est moins un patois qu’un français suranné, où sont restés en usage un grand « ombre de mots vieillis qu’on retrouve dans Rabelais et dans Montaigne, et beaucoup d’expressions latines ou italiennes. Ces dernières y auraient été apportées par lu cour des ducs de Nevers de la maison de Gonzague, qui étaient Italiens. Le zézayement règne généralement dans le patois morvandeau, mais il n’a pu s’introniser dans les Noires-Montagnes par la seule influence des courtisans. Il devait y exister avant l’arrivée des Italiens.

Pour désigner les caractères du patois morvandeau, il faut le comparer avec le patois bourguignon. / s’emploie toujours pour je. Ainsi l’on dit : « Y fau qu’i m’en aiie » (il faut que je m’en aille). Dans le centre de la Bourgogne, on emploie indifféremment i ou je.

L’t final, au prétérit des verbes, se change en é dans le dialecte morvandeau. Par exemple, on dit : « Chitoot le père en fié le partaize et ly baillé sai part, » tandis qù^n bourguignon on dit : « Aussitô le peire en fezi le partaige et l’y bailli sai part. » Si le changement de l’t en c’est fréquent dans le Morvan, celui de la diphthongue ai en o ne l’est pas moins : « O vené eune grande faimène en ce pays let. » Il faudrait dire en patois bourguignon : « Ai vin eine grand fameigne an ce paï lai, » La finale é s’emploie aussi pour u dans le dialecte du Morvan pour le prétérit des verbes : « Son père Vaiparsevé ; » il faudrait dire dans celui de la Bourgogne : « Son peire l’éporsu. » L’a bourguignon se change souvent en o et en e en moruandeuu. On dit das fonnes au lieu de dire dé faune (des femmes) ; o feillot, au lieu de ai failloo. Le ch remplace souvent le s dur et le ç. Exemple : chu, sur ; laiché, laissé ; méçante, méchante, etc. Lej et le g doux sont représentés par z : zouli, joli ; zeunesse, jeunesse ; ccm.eé, changé, etc.

Le patois morvandeau n’a point de littérature.

MORVE s. f. (mor-ve — du lat. morbus, maladie, parce que la morve est la maladie par excellence du cheval. Comme dans la morve du cheval il y a un flux par les narines, le mot a pris le sens de mucosité nasale. L’application du mot morue aux plantes paraît confirmer l’étymologie de morbus, maladie. Cependant, d’après Soheler, cette non- • velle acception pourrait engager à chercher une autre origine qui convienne aux deux acceptions du mot moroe et qui soit plus en