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tout k fait stérile, je ferai tout ce qui dépendra de moi. • Holbein partit vers la fin de 1526 et fut reçu de la façon la plus.amicale par le chancelier qui lui donna un logement dans sa propre maison et lui fit obtenir de nombreuses commandes. Dans une nouvelle lettre du 5 septembre 1529, Érasme se déclare enchanté des portraits de Thomas More et de sa famille que Holbein lui avait rapportés ; les docteurs Waagen et Woltmann pensent qu’il s’agit du magnifique dessin k la Êlume qui se voit actuellement au musée de iàle et qui représente en effet le chancelier et sa nombreuse famille ; dessin que les mêmes connaisseurs croient avoir été l’esquisse d’un tableau, jadis très-admiré et malheureusement perdu, dont il existe une excellente copie à Nostall-Priorv, résidence de la famille Wynn dans le Yorkshire. « Cette page, dit Waagen, comprend dix figures en pied de grandeur naturelle, bien posées et d’une vérité extraordinaire, des physionomies d’une vérité frappante et d’une exécution magistrale jusque dans les moindres détails. » L’âge de sir Thomas, cinquante ans, étant indiqué dans’le dessin, Holbein a pu ne faire que cette esquisse en 1529, et il aura seulement peint le tableau après son retour en Angleterre, en 1530, lorsque le chancelier atteignait en effet la cinquantaine.

Des portraits de Thomas More attribués k Holbein se voient dans plusieurs musées et galeries ; mais il n’y en a guère qu’un seul qui soit authentique : c’est celui qui appartient h M. Henry Huth, de Londres, et qui représente le chancelier k mi-corps, en vêtement de couleur vert foncé avec un collet de fourrure, les deux, mains posées l’une sur l’autre et appuyées sur une table de bois, la droite tenant un papier. Thomas More n’a pas de barbe et porte les cheveux assez longs. Un rideau vert, à demi soulevé, laisse voir dans le fond le ciel bleu.

M. Woltmann, le savant biographe de Holbein (Holbein und seineZeit, 1868, 2 vol.), nous apprend que le prétendu portrait de Thomas More, qui est inscrit dans le catalogue du Louvre sous le no 210, représente sir Thomas Wyatt, l’un des Anglais les plus instruits et les plus accomplis do son temps. Ce portrait est d’ailleurs fort beau. Le tableau du musée de Bruxelles (11° 19) qui passe pour être le portrait de More et qui a été gravé comme tel par Vorsiermann et E. de Boulonnois n’est pas l’œuvre de Holbein, mais celle d’un peintre français. Les portraits catalogués dans les" musées de Florence, d’Aix en Provence (ancienne collection Bourguignon de Fabregoule), de La Haye, etc., ne représentent certainement pas le célèbre chancelier. Le tableau du musée d’Aix est, d’ailleurs, une œuvre capitale.

MOUE ou MORUS (Marguerite, Elisabeth et Cécile), filles de l’illustre chancelier Thomas More. E : les furent célèbres, au xvie siècle, pur leur savoir, et leurs grâces. L’aînée, Marguerite, épousa William Roper. Sa seconde fille, nommée Marie, traduisit du latin en anglais l’Exposition que son aïeul avait écrite sur la Passion, et du grec en latin l’Histoire ecclésiastigue d’Eusebe. Marie la Catholique voulut l’uvoir pour fille d’honneur. Elle s’était distraite des ennuis de la captivité qu’elle avait partagée avec son père en écrivant en prose et en poésie grecque et latine.

MORE (Henri), en latin Momi, philosophe anglais, né à Grantham, comté de Lincoln, en 1614, mort à Cambridge en 16S7. Après avoir étudié à Cambridge la philosophie et la théologie, il lit l’éducation de quelques jeunes gens de qualité, prit le grade de maître es arts en 1639 et fut iigrégé peu après au collège du Christ, dans la même ville, où il termina sa vie. Complètement dépourvu d’ombilion, il refusa no»-seulement divers évêchés qui lui furent offerts, mais même de simples bénéfices, et consacra sa vie tout entière à l’étude. En 1661, la Société royale l’admit au nombre de ses membres. Henry More avait une vive imagination. Ses relations avec Van Helmont et avec le fameux thaumaturge Valentin Greatreakes.dans l’intimité desquels il vécut longtemps chez lady Conway, 1 amenèrent à s’éprendre des doctrines de Platon et de celles qu’avaient professées les théologiens mystiques Ficin, Plotin, Trismégiste, à combattre Kobbes ainsi que ceux qui dans le xviio siècle prêchaient l’impiété en Angleterre. Il s’est attaché à trouver" une doctrine pouvant concilier la raison et le dogme chrétien, le libre examen et la tradition. « Mai3 plus érudit que philosophe, dit Franck, et d’une imagination très-aventureuse, il a exagéré les différents principes qu’il devait associer ensemble et, en les exagérant ou en les faussant, il les a rendus plus inconciliables... More no fut point un penseur original. Il n’a que des vues isolées, dont quelques-unes sont d’une remarquable hardiesse ou d’une véritable profondeur, mais qui ne s’accordent pas ensemble. Le théologien, chez lui, nuit au philosophe ; le philosophe compromet le théologien, et l’un et l’autre se laissent tromper trop facilement par une érudition complaisante dont l’imagination fait les principaux frais. » 11 croit à un Dieu personnel, créateur et providence du monde, au-dessous de qui il place les âmes angéliques, les âmes humaines, les âmes des brutes et l’esprit du monde. À l’exception de Dieu, il n’admet pas de purs esprits et, comme

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Origène, Une conçoit les êtres qu’en relation avec la matière ; à mesure que l’esprit s’élève ou s’abaisse, la matière se substitue ou s’épaissit de plus en plus ; l’atténuation progressive des corps marque ainsi les innombrables étapes que -nous sommes appelés k parcourir avant d’arriver jusqu’à la béatitude éternelle. Les traités et les poSmes de More lui acquirent de son temps une grande réputation et furent lus avec avidité, mais ils sont aujourd’hui-à peu près complètement tombés dans l’oubli. Ses ouvrages philosophiques ont été réunis et publiés sous le titre û’Opera omnia (Londres, 1679, 2 vol. in-fol.). Citons aussi de lui un recueil de poésies, publié sou3 le titre de Psycho-Zola, or the tife of the soûl and oiher poems (Londres, 1640, in-8o).

MOUE (Alexandre), en latin Horui, pasteur protestant français, né à Castres en 1G16, ■mort à Paris en 1670. Il fit ses études théologiques à Genève et l’emporta sur tous ses concurrents, en 1639, dans un concours pour une chaire de grec, et fut appelé, en 1642, à une chaire de théologie. Ces succès et aussi sa vanité lui firent bientôt de nombreux ennemis qui décidèrent de le perdre. Médiocrement orthodoxe, Morus professait sur la prédestination, sur la grâce et sur l’imputation du péché d’Adam des opinions assez différentes de celles qui avaient cours alors. Ses collègues l’attaquèrent sur ces points auprès du conseil et finalement l’obligèrent à s’élcigner. En 1619, il obtint une chaire de théologie à Middelbourg ; mais bientôt il quitta cette ville pour se rendre k Amsterdam, où il enseigna l’histoire ecclésiastique. Durant un voyage qu’il fit en Italie, une cabale fut montée contre lui et il se vit contraint de rentrer en France.

Excommunié par le synode de Nimègue, puis relevé de cette excommunication par le synode de Loudun, More fut, en 1659, nommé pasteur de l’église de Charenton.

À Paris, comme purtout, il obtint les plus brillants succès par ses prédications ; m : iis là aussi, comme partout où il avait passé, il fut loin d’être à l’abri de tout reproche, et sa conduite privée permit à ses adversaires d’obtenir, en 1661, que le consistoire le suspendit pour un an. Depuis lors, il exerça son ministère paisiblement jusqu’à sa mort. More jouissait comme prédicateur d’une réputation énorme, que ne parait pas justifier la lecture de ses sermons. « Ce qui charmait son auditoire, dit M. Haag, c’était la grâce, la chaleur de son débit et surtout Tes allures piquantes, les traits satiriques, les bons mots dont il semait ses discours. • On a de lui des ouvrages peu importants. Nous citerons : Calvinus, oraiio historien et apologetica pro Joh. Caluino contra Crotium (Genève, 1648, . in-4o) ; Causa Dei (Medjol., 1653, in-4o) ; Fides publica contra culumnias /. Miltoni (1654, in-12) ; Poematn (Paris, 1669, in-8o), et des Sermons qui forment plusieurs volumes.

MORE (Hannah), femme auteur anglaise, née k Stappleton, près de Bristol, en 1745J morte k Clifton en 1833. Son père était un pauvre’pasteur qui tint longtemps Une école ue village, puis vint diriger l’école de Sainte-Marie, à Bristol, en 1769. Hannah, dont l’instruction avait été jusqu’alors fort négligée, fit, à partir de cette époque, des progrès extraordinaires, et par la suite, grâce k la protection et à l’aide de quelques personnes qui avaient été frappées de son mérite, elle put ouvrir une institution de jeunes filles avec ses quatre autres sœurs. Un drame pastoral, intitulé : la Recherche du bonheur, qu’elle avait composé à dix-huit ans, mais qu’elle rit imprimer seulement en 1773, obtint un tel succès que, d’après les conseils de ses amis, elle se mit k écrire pour le théâtre. S’étant rendue à Londres, elle entra en relation avec Johnson, Burke, Beattie, Joshua Reynolds, mistress Montague, le célèbre acteur Garrick, etc., composa et fit représenter, de 1773 k 1779, trois tragédies, dont une surtout, Percy, obtint un très-grand succès, renonça, après la mort de Garrick, à écrire pour le théâtre et fit paraître en 1782 ses Drames sacrés, compositions bibliques qui obtinrent une vogue extraordinaire. Devenue, grâce à la vente de ses ouvrages, maitresse d’une fortune qui lui assurait son entière indépendance, Hannah More se retira k la campagne, près de Bristol, avec ses sœurs en 1786. Là, elle partagea son temps entre les travaux littéraires, les exercices de la dévotion et la pratique de la charité. Frappée de l’état misérable et de l’abrutissement des paysans de Cheddar, elle

résolut de se faire leur institutrice, créa une école du dimanche, où elle donna avec ses sœurs l’instruction aux personnes des deux sexes, et parvint k fonder dans la contrée soixante écoles du même genre, non sans avoir rencontré de la part des membres du clergé une opposition fort vive. En 1805, sur le bruit de sa réputation, la reine d’Angleterre voulut avoir l’opinion d’Hannah More sur le meilleur système d’éducation à donner à la princesse Charlotte. C’est alors qu’elle composa son ouvrage intitulé : Idées sur les moyens de former le caractère d’une jeune princesse (1805), ouvrage qui reçut la complète approbation de la famille royale. Miss More

mourut k Clifton k l’âge de quatre-vingt-huit ans, après avoir vu successivement s’éteindre ses quatre sœurs, toutes plus jeunes qu’elle. Jusqu’kla fin de sa vie, elle conserva toute sa vivacité d’esprit et légua en mourant une

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somme de 250,000 francs à des établissements de bienfaisance. Hannah More tint un rang distingué parmi les écrivains de son temps. Son style en prose et en vers est élégant, facile, harmonieux et ferme ; ses sentiments sont élevés et nobles ; ses pensées, fines, justes et naturelles. C’est elle, dit-on, qui a créé l’expression de bas bleu, qui est restée et même devenue européenne pour désigner une femme de lettres. Outre les ouvrages précités, miss More a composé un grand nombre d’écrits qui ont été réunis par elle et publiés en 19 vol. in-go. Nous mentionnerons les suivants : le Captif inflexible (1774, in-8<>), la Fatale fourberie (1779), tragédies ; Florio et la lias bleu (1786), poèmes ; ('Esclavage ou la Traite des nègres (1788) ; Penséessur le grand (1788, in-4o) ; Evaluation de la religion du monde faskionable (1791) ; les Politiques de village ; Critiques du système moderne d’éducation des femmes (1799, 2 vol. in-8o) ; Cœlebs à ta recherche d’une femme (1809, 2 vol. in-8o), roman traduit en français par Huberde Harwell-Farm (1816) ; Morale chrétienne (1812) ; Essai sur le caractère et les écrits de saint Paul (1815, 2 vol. in-8o) ; Mémoires et correspondance de miss More (Londres, 1838, in-8o).

MORE (Édouard), littérateur anglais. "V. Moore.

MORE, ÉE adj. (mo-ré — du lafc. morus, mûrier). Bot. Qui ressemble à un mûrier.

— s. f. pi. Famille de plantes, ayant pour type le genre mûrier.

— s. m. Pharm. Vin de mûres.

— Encycl. Bot. La famille des morées renferme des arbres, des arbrisseaux et des herbes à suc laiteux, k feuilles alternes, accompagnées de stipules libres et caduques. Les fleurs petites, verdâtres, unisexuelles, disposées tantôt en épis, tantôt sur un réceptacle plan, creux ou fermé et pyriforme, ont un calice de trois à cinq sépales soudés à la base, et sont dépourvues de corolle. Les mâles ont de trois k cinq étamines insérées au fond du calice et opposées k ses divisions ; les femelles ont un ovaire libre, k une seule loge uniovulée, surmonté de deux styles filiformes, portant le stigmate à leur face interne. Le fruit se compose de nombreux carpelles réunis sur un réceptuele charnu ; l’embryon est entouré d’un albumen charnu. Cette famille, qui a des affinités avec les urticées, comprend les genres mûrier, brous.ionétie, maclura, figuier, dorstënie, etc..

MORÉAC, bourg et commune de France (Morbihan), canton de Locminé, arrond. et k 20 kilom. S.-E. de Pontivy ; pop. aggl., 254 hab. — pop. tôt., 2,963 hab. Minoteries. Aux environs, menhir de 2 mètres de hauteur ; restes dun retranchement romain.

MOREA1I, territoire du Sénégal, arrosé par la Mellacorée et dont les habitants ont accepté la suzeraineté de la France.

MOREAU, ELLE adj. (mo-rô, è- !ô — rad. more). Manège. Noir foncé et luisant : Cheval moreau. Cheval de poil moreau. Jument

MORELLK.

— s. m. Cheval moreau : Monter «m moreau.

Sans dégainer et sans monter moreau, Mettez a fin périlleuse aventure.

Mme DESIIOULIÈRES.

— Sorte de cabas de cordes, que l’on remplit de foin et quB l’on attache sous la bouche des bêtes de somme, pour qu’elles puissent manger en route.

MOREAU (Sébastien), chroniqueur français, né k Viilefranche vers la fin du xve siècle. Il entra dans l’administration, devint référendaire général du duché de Milan, fut

chargé, en 1524, de recueillir les deniers offerts à François I« prisonnier par le clergé, s’acquitta avec autant de zèle que 3e probité de sa mission et alla porter les sommes qu’il avait reçues à Bayonne, où il fut témoin de la délivrance du monarque. Moreau a rédigé la relation des événements qui accompagnèrent cette délivrance, sous le titre de la Prinse et délivrance du roy, venue de la royne, seur aisnée de l’empereur, et recouvrement des enfants de France (1524-1530). Cet écrit, aussi intéressant que véridique, a été publié dans les Archives curieuses de l’histoire de France (tome II).

MOREAU (Jean), théologien français, né k Laval, mort vers 1584. Il prit le grade de docteur en théologie et devint par la suite chanoine k la cathédrale du Mans, On a de lui, à l’état de manuscrit, une histoire assez intéressante des évêques du Mans, sous le titre de : Nomenclatura seu legenda aurea pontificum ce nomanensium ab aww Verbi incarnati 902, usgue ad annum 1572.

MOREAU (Jean), chroniqueur français, qui vivait dans la seconde moitié du xvie siècle. Il était chanoine de Quimper, présidial de la même ville, et se montra partisan déclaré de la Ligue. Il a laissé, .sur les guerres de la Ligue en Bretagne, une histoire où l’on trouve des détails que l’on chercherait vainement ailleurs. Le Bastard de Mesmend a publié cette chronique sous ce titre : Histoire de ce qui s’est passé en Bretagne durant les guerres de là Ligue, et particulièrement dans te diocèse de Cornouailles, par Moreau (Brest et Paris, in-S«, 1836).

1HOUEAU (René), médecin français, né à

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Montreuil-Bellay (Anjou) en 1600, mort en 1656. Son père, médecin lui-même, lui donna les premières leçons de son art et, en 1617, Moreau partit pour Paris où il fut reçu docteur en 1621. Nommé doyen de la Faculté de médecine en 1630, il fut élu.deux ans plus tard professeur en médecine et en chirurgie. On a de lui : Pétri Bissoti apologetica disceptatio, in qua docetur per quse loea sanguis mitti debeat in viscerum in/lammationibus, prsisertim inpleuritide(ZZ, in-ao) ; Schola Salernitana, hoc est, de valétudine tuenda opus, nova méthodo insiructum, infinitis versibus auctum, et ttovis animadversionibus Benali Moreau (1625, in-8o) ; Jacobi Sylvii, Ambiani, opéra medica, jam demum in sex partes digesta, castigata et indicibus necessariis instructa (Genève, 1630, in-fol,) ; Gulielmide Baillouvita (1635, in-4») ; Défense de la Faculté de médecine de Parti contre son calomniateur Théophraste lienaudot (1641, in-4o) ; De affecta loco in pleuritide (1641, in-8<>) ; De laryngotomia (1646, in-8o).

MOREAU (Jean-Baptiste), compositeur français, né à Angers en 1656, mort k Paris en 1733. Admis comme enfant de chœur k la cathédrale d’Angers, il y fit ses études musicales et obtint bientôt une place de maître do chapelle k Langées. Il quitta cette ville pour se rendre k Dijon, puis k Paris. Arrivé dans cetto ville sans ressourcés, il put, grâce à quelques relations, arriver jusqu à la dauphine, Victoire de Bavière, qui le présenta au roi, k la maison duquel il fut attaché comme musicien, Moreau écrivit alors pour la cour quelques divertissements, parmi lesquels on cfto les Bergers de Marly. Quelque temps après la fondation, par Mma de Maintenon, de la maison royale des demoiselles de Saint-Cyr, Moreau fut attaché k cet établissement comme maître de musique. Il fut, en cette qualité, chargé de composer la musique des chœurs à’Esther  ; il s’en acquitta k la, grande satisfaction de toute la cour et de Kacine qui attribua une partie de succès qu’obtint sa pièce k la musique qui, de son aveu, ■ était fort touchante et bien appropriée aux paroles. 1 Moreau composa également la musique des chœursd’Athalie. La partition des chœurs à’Esther, monument curieux de l’art musical français de cette époque, fut publiée en 1689 (l vol. in-41)). La partition d’Athalie ne fut point publiée du vivant de. Moreau, mais il en existe au musée de Versailles plusieurs copies, faites par les demoiselles de Saint-Cyr et corrigées de la main même du compositeur. Moreau mit également en musique les chœurs de Jonathas, tragédie de Duché, et plusieurs chansons et cantates du poète Lainez. Il a laissé en manuscrit le psaume In exitu Israël, une messe de Bequiem. Enfin on a de lui un traité de musique, intitulé l’Art mélodique. Il a, de plus, formé quelques bons élèves, parmi.lesquels on cite Clérambault et Dandrieu.

MOREAU (Jacob-Nicolas), pùbliciste, historiographe de France, né k Saint-Florentin

enl7i7, mort en 1803. Après avoir été quelque temps conseiller k la cour des aides de Provence, il abandonna la magistrature et consacra sa plume à la défense des traditions monarchiques. Adversaire des économiste.*, et particulièrement des philosophes de sou siècle, auxquels il donna le nom de Cacouacs, il les attaqua vivement dans un Mémoire (1757) qui lit grand bruit. Un zèle si ardent pour la royauté et la religion valut k Moreau les emplois lucratifs de conseiller k la cour des comptes de Provence, de premier conseiller de Monsieur (Louis XVIII), de bibliothécaire de Marie - Antoinette et d’historiographe de France. Sous Louis XVI, il fut chargé de la garde des chartes, des monuments historiques, des édits et des déclarations qui avaient formé successivement la législation française depuis Charlemagne. Moreau écrivit pendant un demi-siècle et composa un grand nombre d’ouvrages. Il ne manquait ni d’esprit, ni de talent, ni d’érudition, ni de finesse ; mais ses écrits, dans lesquels il défendit constamment l’arbitraire et le des Eolisme, sont rapidement tombés dans l’ouli. Nous nous bornerons à citer de lui : l’Observateur hollandais ou Lettres sur les affaires présentes de l’Europe (La Haye, 1755-1759, 5 vol. iD-12), sorte de gazette qui commença à le faire connaître comme pùbliciste ; Mémoires pour servir à l’histoire de notre temps (Francfort, 1757, 2 vol.) ; Nouveau mémoire pour seruir à l’histoire des cacouacs (Amsterdam, 1757) ; Examen des effets que doivent produire l’usage et la fabrication des toiles peintes (Paris, 1759) ; Lettres historiques sur le Comtat Venaissin (1760) ; Leçons de morale, de politique et de droit publiepuisces dans l’histoire de la monarchie (Versailles, 1773), plan d’études rédigé pour 1 instruction de Louis XVI et de ses frères ; les Devoirs du prince réduits à un seul principe (Versailles, 1775) ; Principes de morale, de politique et de droit public ou Discours sur l’histoire de France (Paris, 1777-1789, 20 vol. in-S"), compilation indigeste, restée incomplète et remplie d’assertions plus que hasardées, de principes faux ; Variétés morales et philosophiques (Paris, 1785, 2 vol.) ; Exposé historique des administrations populaires aux plus anciennes époques de notre monarchie (Paris, 1789, 2 vol. in-8o) : Maximes fondamentales du gouvernement français (Paris, 1789), etc. La plupart des ouvrages de Moreau ont paru sans nom d’auteur.

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