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qui ne sont, sauf la dernière, que de toutes petites satires des ridicules, sans mouvement et sans action. La Dévote, ou Moratin a voulu rivaliser avec Molière en créant un Tartufe femelle, est au-dessous même de Lady J’artufe de Mme de Girardin. Il s’était pourtant exercé à des œuvres plus franches en donnant d’excellentes traductions espagnoles à’LTamlet, de VEcole des maris et du Médecin malgré lui.

Lors des événements de Bnyonne et de la déposition de Charles IV, Moratin se rallia aux oppresseurs de son pays pour conserver ses bénéfices ecclésiastiques et mérita d’être rangé parmi les afrancesados, parti dontlenom même était une injure, puisque, si le titre de Français est glorieux pour nous, il était alors pour un Espagnol synonyme d’apostat. Le roi Joseph le nomma directeur de la bibliothèque royale de Madrid. Sa vie, dès lors, fut pleine de vicissitudes ; avançant ou reculant avec l’armée française, contraint d’espérer la défaite de ses compatriotes pour rentrer dans Madrid, puis abandonnant de nouveau la capitale reprise par les Espagnols, il se trouva finalement enfermé dans la petite ville de Pefiiscola, où les débris de notre armée soutinrent un siège vigoureux. Certain d’être fusillé lors de la reddition de la ville, il s’évada et, quelque temps après, crut faire un coup de maître en se ralliant aux vainqueurs. Il en résulta que les deux partis le considérèrent comme transfuge ; ses biens n’en furent pas moins séquestrés et, quoique Ferdinand VII, rappelé au trône, lui témoignât quelque bienveillance personnelle, Moratin resta comme écrasé sous le mépris public. En 1814, Ferdinand leva le séquestre qui pesait sur ses biens, lui rendit ses pensions et lui offrit même une sinécure honorifique au palais ; Moratin refusa, abreuvé de dégoûts par ses concitoyens et rêvant toujours qu on voulait l’empoisonner. Il quitta l’Espagne, s’établit d’abord à Bordeaux, voyagea un peu en Italie et vmt-se fixer à Paris, où il composa un dernier ouvrage, fruit de patientes études et son meilleur titre littéraire, les Origines du théâtre espagnol, imprimé après sa mort {Paris, 1833, in-S<>). Moralin mourut en 1828. Son corps fut inhumé au Père-Lachaise, près du tombeau de Molière et de La Fontaine ; un décret royal en ordonna la translation à Madrid en 1853.

La biographie de l’homme politique, ou tout au moins du citoyen, porte en elle-même son enseignement ; le poète comique a été ainsi jugé par M. Ed. Thierry ; ■ S’il s’agissait de choisir entre Moratiu et les illustres ancêtres du théâtre espagnol, je regarderais son couvre comme la malheureuse revailche du petit esprit d’arrangement contre le grand esprit d’invention, du sens judicieux contre le sens héroïque, de l’ordre factice et de ta vérité inférieure contre le hasard apparent du génie et contre la vérité idéale ; mais la question n’est pas ainsi posée. En 1700, au moment où parut le Vieillard el la jeune fille, l’ancien art dramatique espagnol n’était plus qu’une image défigurée de lui-même, une ombre difforme et ridicule. Les derniers imitateurs, pourquoi ne pas dire les singes de Rosns et de Moreto ? étaient k Kosas et k Moreto ce qu’est le bizarre héros de Cervantes au vieux Cid et à ses frères d’armes. La réforme du théâtre espagnol, a laquelle Moratin a donné une date, est la même qu’inaugura Goldoni dans le théâtre italien, réforme salutaire ; car l’esprit enjoué vaut mieux que la boursouflure banale, l’observation que le lieu commun, le comique naturel que le grotesque déréglé, les caractères que les silhouettes fantastiques. Mais, à force d’étudier l’homme dans Molière, Moratin ne s’est pas assez défendu de reproduire certains types de Molière aussi volontiers que le personnage humain... Moratin n’a pas la simple et haute raison des maîtres, et c’est pour cela qu’il n’est pas le Molière, mais le Goldoni de 1 Espagne, avec plus de grâce cependant, plus de distinction et de délicatesse, plus de juste observation, de mouvement et de vie. Les personnages se groupent d’une manière heureuse. Rien qu’à lire la scène, on voit le geste, l’attitude et le tableau. S’il a beaucoup emprunté au répertoire de l’ancienne comédie, il l’a bien rendu au vaudeville moderne. »

Les Œuvres complètes de Moratin, comédies, traductions et poésies lyriques, ont été éditées k Barcelone (1835, gr. in-8°). Quelques-unes de ses comédies sont traduites dans le Théâtre étranger de Ladvocat. Des imitations du Baron, par Dumaniant, et du Vieillard et ta jeune fille, par Brazier et Carmouche, ont été jouées à Paris, la première en 1804 (PorteSaiut-Martin).la seconde en 1824 (Vaudeville). Une récente traduction des comédies complètes est due à M. Hollander (1855, in-8<>).

MORATO ou MORETO (Fulvio-Pellegrino), érudit italien, né k Mantoue vers 1495, mort en 1547. Il professa les belles-lettres avec beaucoup de distinction dans diverses villes, notamment à Ferrare, où il fonda une écolo qu’il fut contraint d’abandonner sous l’inculpation de pactiser secrètement avec les doctrines de la Réforme, se retira alors k Vicence (1530), puis à Venise et obtint de revenir à Ferrare en 1538. Morato consacra les dernières années de sa vie à la culture des lettres et a l’éducation de sa fille, la célèbre

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Olympia Morata (V. Morata). Outre divers ouvrages manuscrits, on a de lui : Il rimario di lutte le cadentie di Dante e Petrarca (Venise, 1528, in-8°), le plus ancien dictionnaire de rimes que l’on connaisse ; Carmina quxdam iatina (Venise, 1533), ; Del significato de eolori e dé mazzoli (Venise, 1585, in-8°).

MORATOIRE adj. (mo-ra-toi-re — du lat. mora, retard). Jurispr. Qui accorde ou formule un délai : Sentence moratoire, il Lettres moratoires, Lettres d’État qui accordaient un délai, il Intérêts moratoires, Intérêts courant par l’effet d’une demande en justice, et qui sont dus k raison du retard apporté au payement d’une créance que le jugement déclare exigible.

— Encycl. Jurispr. Intérêt moratoire. V. intérêt.

MORAVA, en latin Afargtis, rivière de la Servie, formée de deux branches, la Morava occidentale et la Morava orientale, nées aux monts Tchemermé etTchardagh, en Turquie. Elle coule au N.-E. et se jette dans le Danube après la réunion de ses deux branches, à 8 kilom. au-dessous de Sememlria. Cours de 300 kilom.

MORAVE adj. (mo-ra-ve). Géogr. Qui habite la Moravie, il Qui appartient k la Moravie ou à ses habitants.

— Hist. relig. Frères moraves, Association religieuse qui fut en guerre continuelle avec l’Église catholique.

— Substantiv. Habitant de la Moravie : Un Morave. Les Moraves.

— Encycl. Frères moraves. L’origine de cette association remonte vraisemblablement à la conversion de la Moravie au ixe siècle par deux moines grecs, Cyrille et Metliodius. Les membres de cette communauté firent de tout temps une opposition constante à l’Eglise romaine, qui les persécuta sans cesse, mais sans arriver k les détruire. Ils combattirent, les armes à la main, leur éternelle ennemie, avec les disciples de Jean Hus, dans les armées du terrible Ziska et des deux Procope jusqu’à la défaite complète de la secte par les calixtins (1434). La secte vaincue, qui s’appelait alors secte des taborites, disparut, comme parti politique, en 1453, et de ses débris se forma celle des frères bohèmes qui se constituèrent en Église distincte en 1457 sous le nom d’Unité des frères, et sous la direction du curé Michel Bradacz. Les persécutions que les frères bohèmes eurent à subir de la part des calixtins contribuèient à consolider leur communauté, qui modifia, en 1467, sa discipline Sur le modèle des Églises apostoliques, rejeta la transsubstantiation, le purgatoire, surtout l’adoration des saints, et abolit une foule de rites et de cérémonies plus ou moins modernes. Chassés de Bohème par le roi Ferdinand, les membres de l’Unité des frères se réfugièrent en Moravie, où leurs principes étaient toujours en honneur, et quittèrent le nom de frères bohèmes pour celui de frères moraves, sous lequel ils sont plus connus. C’est ici que commence pour les historiens la société des frères moraves. Nous avons tenu k établir le lien qui rattache cette société aux antiques traditions de la Moravie, lien que les historiens religieux d’Allemagne indiquent tous et dont les écrivains français, sauf M. Eugène Haag (Histoire des dogmes), semblent ne pas même se douter. Chassés de Moravie en 1627, les frères moraves s’établirent sur les frontières de la Saxe et de la Lusace, où la bienfaisance du comte Zinzendorf alla les chercher (1722). La nouvelle communauté accueillit d’abord dans son sein des éléments si divers, qu’elle n’aurait pas tardé à se dissoudre si Zinzendorf n’avait réussi à y rétablir la paix et la concorde en 1727. Le collège directeur fut établi k Hernhut (haute Lusace) et les membres de l’Unité des frères prirent de là le nom de hernhutes, sous lequel’ils sont plus connus en Allemagne que sous celui de moraves.

Les frères moraves établirent bientôt entre eux la discipline qui y règne encore, qui les attache étroitement les uns aux autres, qui les partage en différentes classes, qui les met dans une entière dépendance de leurs supérieurs, qui les assujettit k des pratiques do dévotion et à de menues règles semblables à celles d’un institut monastique,

La différence d’âge, de sexe, d’état, relativement au mariage, a formé parmi eux les différentes classes, savoir : celles des maris, des femmes mariées, des veufs, des veuves, des filles, des garçons, des enfants. Chaque classe a ses directeurs choisis parmi ses membres. Les mêmes emplois qu’exercent les hommes entre eux sont remplis entre les femmes par des personnes de leur sexe. Il y a de fréquentes assemblées des différentes classes en particulier et de toute la société ensemble. On y veille k l’instruction de la jeunesse avec une attention particulière.

À toutes les heures du jour et de la nuit, il y a dans le village d’Hernhut des personnes de l’un et de l’autre sexe chargées par tour de prier pour la société ; sans montre, sans horloge ni réveil, ils prétendent être avertis, par un sentiment intérieur, de l’heure à laquelle ils doivent s’acquitter de ce devoir. S’ils s’aperçoivent que le relâchement se glisse dans leur société, ils raniment leur zèle en célébrant des agapes ou des repas de charité. La voie du sort est fort en usage parmi

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eux ; ils s’en servent souvent pour connaître la volonté du Seigneur.

Ce sont les anciens qui font les mariagesnulle promesse d’épouser n’est valide san3 leur consentement ; les filles se dévouent au Sauveur, non pour ne jamais se marier, mais pour n’épouser qu’un homme à l’égard duquel Dieu leur aura fait connaître avec certitude qu’il est régénéré, instruit de l’importance de 1 état conjugal et amené par la direction divine à entrer dans cet état.

En 1748, le comte Zinzendorf fit recevoir à ses frères moraves la confession d’Augsbourg et la croyance des luthériens, témoignant néanmoins une inclination k peu près égale pour toutes les communions chrétiennes ; il déclare même que l’on n’a pas besoinde changer de religion pour entrer dans la société.

Aujourd’hui encore, cette société a en elle un puissant principe de vie : c’est une tolérance très-large qui, laissant de côté les distinctions dogmatiques, s’attache uniquement k réveiller dans les coeurs l’amour mystique de Dieu et du Christ. Soumission absolue au Sauveur, union intime avec celui qui nous a réconciliés avec Dieu sur la croix, voilà à peu près, à quoi se borne toute la théologie des hemhutes ou de l’Unité des frères. Guidée par ces principes, l’Unité des frères admet indifféremment dans son sein des membres de toutes les autres sectes. Chez les moraves, l’adoration du Fils a complètement remplacé le culte que les catholiques rendent au Père. Pour eux, en effet, le Christ est le centre de toute la religion ; le connaître et l’adorer constitue toute la théologie. Pour eux, le dogme de la satisfaction est le point capital de la religion chrétienne ; et ils l’envisagent à un point de vue si matériel qu’ils se rapprochent des piétistes et des méthodistes. A leur avis, toute la religion se concentre dans le sentiment de notre corruption naturelle et de notre rédemption par la passion et la mort sanglante du Sauveur.

Les moraves ont été de tout temps les adversaires du particularisme calviniste et de la prédestination ; ils admettent l’universalité de la grâce et croient que tous les hommes sont appelés au salut, qu’ils sont libresde conquérir ou do rejeter. De cette croyance découle, pour les membres de l’Unité des frères, la Foi en l’excellence des bonnes œuvres.

Dès les persécutions de 1627, des colonies de frères moraves se sont établies k l’étranger, en Russie, en Pologne et dans différents pays voisins, où elles se constituèrent en communautés qui se mirent ensuite en rapport avec la communauté centrale de Hernhut. Depuis, le nombre des établissements de ce genre u augmenté, ainsi que leur importance, et l’on trouve de grandes communautés moraves en Russie, en Hollande, en Amérique et jusque sous les climats les plus incléments. C’est que les théories religieuses et sociales des membres de l’Unité des frères les rendent admirablement aptes k la colonisation. Doués d’un ardent amour de l’humanité, fervents partisans de la fraternité de tous les hommes sans distinction de caste, de nation ou de couleur, animés d’un prosélytisme fervent, soutenus par une patience sans bornes, ils s’établissent dans des lieux inconnus ou abandonnés et considérés comme stériles ou malsains par les autres hommes. Ils se mettent résolument à la tâche, dessèchent les marais, défrichent les plaines incultes et créent d’admirables colonies. Ils pratiquent le communisme des premiers chrétiens, et jamais cette organisation n’a produit chez eux d’autres résultats que de resserrer étroitement les liens de la fraternité humaine, et de faire progresser sûrement et rapidement les colonies installées sous les plus défavorables auspices. Leurs mœurs sont très-pures, leurs habitudes simples et austères. Ils s’occupent peu d’industrie et beaucoup de travaux agricoles. Leurs colonies ont aidé à la prospérité des localités où elles étaient établies ; et même en Russie, un autocrate peu scrupuleux, frappé de la beauté de leur établissement sur le Volga, n’a jadis rien trouvé de mieux que de se l’approprier.

MORAVIE (Jérôme de), religieux et musicographe. V. Jérôme db Moravie.

MORAVIE (margraviat de), en allemand Mahren, province de l’empire d’Autriche, formant, avec la Silésie, un des dix-neuf grands gouvernements de la nouvelle division administrative de l’empire. Elle confine, auN., à la Silésie autrichienne ; à l’O., à la Bohême ; au S., à la basse Autriche et, k l’E., à la Hongrie. Superficie, 22,730 kilom. carrés ; 1,075,000 hab., dont les trois quarts sont Slaves, les autres Allemands. Cap., Briinn. Les monts Sudetes séparent cette province de la Silésie autrichienne ; les montagnes de Moravie, de la Bohême, et les monts Carpathes, de la Hongrie. Des ramifications de ces diverses montagnes parcourent tout le pays, où l’on ne rencontre des plaines qu’au sud, vers lequel s’incline généralement le sol de cette contrée. Le plus important de ses cours d’eau est la Morawà ou March, qui a donné son nom au pays, et qui pourtant n’est navigable que sur une très-faible partie de son cours. L’Oder y prend sa source, .mais il quitte aussitôt le territoire morave pour former, sur une courte distance, la limite morave-silésienne. On n’y trouve pas de grands

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lacs, mais beaucoup d’étangs, La crête des montagnes est peu fertile, mais l’intérieur du

fiays offre bon nombre de belles plaines, et e sol est d’une grande fécondité dans ce qu’on appelle Yffanna, ainsi qu’au sud, où 1 on récolte des vins médiocres. La Moravie, généralement élevée de 160 k 300 mètres au-dessus du niveau de la mer, jouit d’un climat plus doux que celui de la plupart des autres contrées placées sous la même latitude. Le vent dominant est celui du N.-O. Le domaine agricole se répartit de la manière suivante : terres labourables, 1,050,000 hectares ; jardins, 23,400 hectares ; vignes, 22,300 hectares ; prairies, 142,000 hectares ; forêts, 490,000 hectares ; jachères, 56,000 hectares ; pâturages, 15,400 hectares. La récolte des grains est évaluée à 7,000 hectolitres ; celle des vins, à 240,000 hectolitres. On y compte environ 150,000 chevaux, 380,000 bêtes k cornes, 480,000 moutons. Le 1er est la plus importante des richesses minérales que recèlent les montagnes de ce pays ; on y trouve aussi delà houille, un peu de plomb et d’argent, mais beaucoup de carrières de chaux et de marbre. Parmi ses sources minérales, il faut citer les eaux thermales sulfureuses d’Ullersdorf, les sources acidulées d’Andersdorf et de Luhatschowitz.

Cette province est une des contrées les plus industrieuses de l’empire d’Autriche. Les toiles de Moravie soutiennent la comparaison avec les meilleures toiles de Silésie. La fabrication des étoffes de coton commence à y prendre d’importants développements ; ses manufactures de draps et de tissus de laine sont connues depuis longtemps, et la fabrication des cuirs n’y a pas moins d’importance. Les minés de fer, exploitées par l’industrie privée, ont pris dans ces dernières années d’immenses développements. Il convient aussi de mentionner la fabrication des armes, des aiguilles, et autres produits métalliques, ustensiles de cuisine, porcelaine, faïence, papier, vinaigre, sucre de betterave, eaux-devie, bière, produits chimiques, etc. Le commerce intérieur y est des plus actifs, favorisé qu’il est par des canaux, des chemins de fer et de bonnes routes. Adniinistraiivement, la Moravie est divisée actuellement en six cercles, qui portent les noms de leurs chefs-lieux respectifs, savoir : Briinn, lglau, Olmutz, Hradisch, Neu-Titschein et Znaïm.

À l’époque de l’empire romain, la Moravie était habitée par les Quades, tribu germaine. Quand ceux-ci, k la suite des Goths et des Vandales^ passèrent en Espagne, en l’an 407 de notre ère, ils furent remplacés en Moravie par les Rugiens et les Hérules, puis vers 548 par les Lombards. Enfin, quand ces derniers émigrèrent vers le sud de l’Europe, la contrée fut peuplée par une colonie d’Esclavons, expulsés par les Bulgares, et qui, du nom.de la Morawa, près de laquelle ils s’établirent, furent appelés Moraves. À l’époque de la chute du royaume des Avares, les Moraves se répandirent plus loin et fondèrent un État qui, sous le nom de Grande Moravie, comprenait un territoire autrement étendu que la Moravie actuelle. Charlemagne, dans une des nombreuses incursions qu’il lit au cœur de la Germanie, subjugua les Moraves et contraignit leur roi Samoslaff k recevoir le baptême ; cependant le véritable apôtre de la Moravie fut saint Cyrille. Après la mort de Charlemagne, le roi des Moraves, Mégomir, voulut se ren ira indépendant ; mais Louis le Débonnaire le rendit tributaire, et, peu après, Louis le Germanique fit prisonnier le roi Radislaff. Arnoul, empereur d’Allemagne, agrandit la Moravie du côté de l’Oder et du côté de la Hongrie ; mais le roi Swatopluk s’étant révolté contre lui, il le vainquit, aidé des Bohèmes et des Hongrois, Sous Swatobog, fils de Swatopluk, la Moravie devint la proie des Hongrois, des Polonais et des Allemands, et, : i partir de 1029, elle lit partie du royaume de Bohême, dont elle accepta la constitution et les lois. En 1147, elle fut érigée en margraviat, devint k diverses reprises l’apanage des cadets de la maison de Bohême, puis fut divisée en un certain nombre de principautés et de duchés. Au xive siècle, toutes les parties du margraviat de Moravie furent réunies dans la maison de Luxembourg et, après la bataille de Mohacz (152S) où périt le roi de Bohême Louis II, elle échut comme la Bohême à la maison d’Autriche, qui l’a conservée depuis cette époque.

MORAWA ou MARCH, la Mora ou Marchus des Romains, rivière de l’empire d’Autriche, dans la Moravie. Elle prend su source au mont Schneeberg, sur les confins de la Bohême et de la Moravie, coule au S., baigne Olmutz, Kremsier, sépare la basse Autriche de la Hongrie, reçoit la Taya, la Miava, et, après un cours de 280 kilom., se jette dans le Danube^ 13 kilom. au-dessus de Presbourg. Elle est navigable depuis Goding, eu Moravie, jusqu’à son embouchure.

MORAWSRI (François), général et poêle polonais, né en 1783 à Pudliszki, grand-duché de Posen, mort en 1861.11 était employé dans l’administration lorsqu’il s’enrôla dans l’armée française, se distingua en maintes occasions pendant les campagnes de 1809, 1812 et 1813. Après la reconstitution de la Pologne, il entra dans l’armée avec le grade de colonel et devint en 1819 général de brigade. Ministre de la guerre pendant larévo-