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plusieurs écrits relatifs à sa querelle avec les jésuites, on a de lui : Quæsita XVII proposita (Rome, 1645, in-4o) ; Catechismus sinice scriptus (1649).

MORALI (l’abbé Octave), philologue italien, né à Bonate, près de Bergame, en 1763, mort en 1826. Après avoir fait des éducations particulières à Brescia et à Venise, il se rendit en France et séjourna pendant quoique temps à Paris, où il s’occupa de philologie grecque et latine. Esprit libéral, l’abbé Morali adopta les principes de la Révolution française, devint membre du Corps législatif de la république Cisalpine, puis professa la littérature grecque au collège de Brera, dont il fut bibliothécaire. C’était un homme de beaucoup de savoir et de goût, mais qui a fort peu écrit. Il ne put achever un dictionnaire grec-italien qu’il avait entrepris. On lui doit une traduction en vers de l’Hymne à Jupiter de Callimaque (Milan, 1807, in-8o) et une édition de l’Arioste (Milan, 1818).

MORALISANT, ANTE adj. (mo-ra-li-zan, an-te — rad. moraliser). Qui moralise, qui réforme les mœurs : Aussitôt qu’une vérité utile et moralisante prend corps et devient visible, les esprits y gravitent et s’y rallient. (Mme L. Colet.)

MORALISATEUR, TRICE adj. (mo-ra-li-za-teur, tri-se — rad. Moraliser). Qui est propre à moraliser : Quelle condition favorable au développement de l’intelligence, si, par elle-même et par les loisirs qu’elle procure, la richesse était un principe moralisateur ! (Proudh.)

— Substantiv. Personne ou chose qui est propre à moraliser, qui moralise : Qui remplira les hautes fonctions de moralisateur dans une société industrielle ? (Blanqui.)

MORALISATION s. f. (mo-ra-li-za-si-on) — Action de moraliser, de rendre moral, d’amener à des principes moraux : La moralisation des masses. Le travail est le seul agent de moralisation auquel il soit possible de recourir avec chance de succès (Mich. Chev.) Le point de départ de la justice et du droit furent les moralisations individuelles qui, en s’agglomérant, produisirent la moralisation de tous. (Mme L. Colet.)

MORALISÉ, ÉE (mo-ra-li-zé) part. passé du v. Moraliser. Rendu moral, amené à la pratique de la morale : Le peuple devrait être moralisé par l’instruction.

MORALISER v. n. ou intr. (mo-ra-li-zé — rad. morale). Donner, des leçons de morale, des conseils moraux : Aimer à moraliser. C’est la souffrance qui prédispose les hommes à moraliser, (Rigault.) Il est facile de moraliser après un bon repas. (Ledru-Rollin.) Moraliser, passe encore ; mais sermonner, fi donc ! (L. Jourdan.)

Je m’égare et je moralise
Peut-être un peu hors de saison.

Mme Deshoulières.

|| Servir de leçon de morale :

Tout est matière à nos réflexions ;
Tout événement moralise.

Lamotte

|| Traiter des questions de philosophie morale Nous ne moralisons pas plus raisonnablement que Confucius. (Lamart.)

— v. a. ou tr. Rendre amoral, régler les mœurs de, Eclairer le peuple, c’est le moraliser. (V. Hugo.). La famille seule peut moraliser le riche et le pauvre. (E. Legouvé.) Le travail moralise l’homme. (Mich. Chev.) || Rendre conforme à la saine morale : moraliser les journaux, la littérature. Il n’y a qu’un moyen de moraliser les arts, c’est de les rendre absolument

— Fam. Faire la morale à ; moraliser un enfant.

— Absol. Rendre les hommes moraux : La prison punit, soit ; mais elle ne moralise pas. (L.-J. Larcher.)

Se moraliser v. pr. Devenir moral : Ce peuple tend à se moraliser.

MORALISEUR, EUSE s. (mo-ra-li-zeur, eu-ze — rad. moraliser). Fam. Personne qui aime à moraliser, à faire la morale ou à parler morale : Un moraliseur insupportable.

MORALISME s., m. (mo-ra-li-sme — rad. morale). Philos. Système philosophique purement pratique et qui néglige les autres parties de la science pour s’attacher exclusivement à la morale.

— Relig. Croyance religieuse qui préconise les bonnes œuvres et néglige les dogmes et le culte.

MORALISTE s. (mo-ra-li-ste — rad. morale). Philosophe qui a écrit sur la morale ou sur les mœurs La sobriété est regardée par tous les MORALISTES comme la mère de lit santé et de la sagesse, (Descuret.) Montaigne est un écrivain admirable ; c’est un dangereux moraliste. (S. de Sacy.) Les moralistes sont bons à lire et le sont rarement à voir. (S. de Sacy.) L’autorité d’un moraliste lui vient du principe même de sa morale. (Nisard.) Le plus grand des Utopistes est le moraliste qui se flatte de corriger les hommes. (A. Fen.) Les vers d’Homère, les statues de Phidïas, les peintures de Raphaël ont plus élevé l’âme que tous les traités des moraliste. (Th. Gaut.) La philosophie anglaise compte plus de moralistes que de métaphysiciens. (E. Scherer.)

|| Ecrivain qui cherche à corriger les mœurs par des tableaux vifs qui en font sentir les vices et les ridicules : La Rochefoucauld, La Bruyère, Molière, sont de grands moralistes un peintre auquel, le monde donne toujours des sujets de tableaux variés l’infini. (De Ségur). Parmi les moralistes, La Bruyère représente essentiellement l’honnête homme. (S. de Sacy.) De l’étude des passions naquit le poëte, de l’étude des caractères le moraliste et de celle des mœurs l’historien. (Mme C. Fée). Pour peindre le cœur des autres, un moraliste fait poser le sien (Petit senn.). En France, les moralistes ne nous font point défaut ; nous pouvons citer dans l’espace relativement restreint de trois siècles, les noms de Montaigne, Pascal, La Bruyère, La Rochefoucauld, Ducloos, Vauvenargues et Joubert. (Melyil Blancourt).

— Personne qui fait la morale, qui aime à faire la morale : Ma chère moraliste, je n’admets pas du tout votre théorie (Balz.) Me préserve le ciel de m’ériger ici en moraliste, moi, ton amie, moi qui suis femme et faible comme toi. (Scribe).

— Hist. relig, Nom donné en France aux jansénistes.

— Adjectiv. Qui concerne les moralistes : La coterie moraliste est fille du luxe. (Fourier).

Encycl. Le moraliste se propose de nous montrer, comme dans un miroir, nos penchants, nos habitudes, nos imperfections et nos misères. La variété infinie d’un tel sujet a permis de le reprendre à des époques diverses, sous des aspects sans cesse nouveaux, et il réserve encore aux moralistes de l’avenir bien des coins inexplorés. Un grand nombre d’écrivains, sans faire des études morales l’objet de leurs travaux, ont été moralistes par occasion. Hésiode, que l’on regarde comme le plus ancien des moralistes, ne s’était point d’enseigner la morale ; il enseignait les travaux des champs et les généalogies héroïques, mais dans ses poëmes, il excella à présenter les vérités de sens commun, les prescriptions morales, avec une forme concise et pénétrante. Il a laissé dans la mémoire des hommes un grand nombre de proverbes et a fondé en Grèce l’école de la poésie gnomique. Les vers de Solon abondent également en maximes morales. Phocylide racheta par la précision élégante du style la sécheresse de sa morale didactique. Theognis a semé ses élégies de sentences quelquefois relevées par la vivacité de la forme et l’éloquence de l’expression.

En dehors des poëtes gnomiques, on compte chez les Grecs, parmi les moralistes, Aristote, Théophraste, Xénophon, Plutaraue et Lucien. Ce n’est point par son Traité des vertus et des vices, par sa Morale à Nicomaque, par sa Morale à Eudème, ni par sa Grande morale, que le premier se range parmi les moralistes ; toutes ses œuvres appartiennent exclusivement au philosophe. Il fut moraliste dans le livre de la Rhétorique, où il décrivit avec une merveilleuse exactitude les passions et les mœurs, dans le but d’apprendre à l’orateur comment il peut les faire servi ses desseins. On y trouve le tableau des âges de la vie, qu’Horace a imité, et que Boileau a traduit d’Horace.

Theophraste, disciple d’Aristote et qui lui succéda comme chef de l’école péripatéticienne, est resté célèbre surtout par un petit livre auquel on a donné le titre de Caractères moraux. C’est une suite d’extraits d’un ouvrage beaucoup plus considérable, aujpurd’hui perdu, et que l’on croit avoir été fait dans le but d’offrir des modèles aux poëtes comiques. Tandis qu’Aristote s’était borné à des traits généraux, Theophraste a pénétré dans l’analyse des travers et des vices, les a décrits avec détail et, les a représentés par des traits empruntés à la vie réelle. Son livre été imité par La Bruyère, bien supérieur à lui, et les deux ouvrages sont désormais liés ensemble de telle sorte que l’écrivain grec a été conduit à la popularité par l’auteur du xviie siècle. Xénophon est placé au nombre des moralistes par le Banquet, dialogue où Socrate expose ses principes sur l’amour ; par l’Hiéron, dialogue où Hiéron, tyran de Syracuse, se plaint des soucis du pouvoir, et où le poëte Simonide démontre que le chef d’un peuple ne peut trouver le bonheur, si ce peuple lui-même n’est heureux ; enfin, par un troisième dialogue intitulé l’Economique, et relatif à l’administration domestique et à l’agriculture. « Plutarque, dit M. Pierron, est moraliste avant tout ; son âme d’honnête homme, passionnée pour le bien, se mêle à tout ce qu’il écrit… La grande collection de ses œuvres diverses, connue vulgairement sous le titre de Morales, contient des traités de toutes valeurs et presque de tous genres. Mais, parmi cette-multitude d’écrits qui, pour la plupart, n’ont avec la morale proprement dite que des rapports indirects et fortuits, il en est un certain nombre dont la morale didactique est le sujet, la substance même ; et ceux-là, sont les plus renommés de toute la collection : ce sont ceux où le génie de Plutarque s’est montré avec tous ses avantages. » Lucien fut surtout le peintre fidèle des mœurs de l’empire romain au iie siècle. Admirable de bon sens et de verve, il a reproduit en traits comiques et vivants cette société en dissolution. Il a poursuivi de ses plaisanteries les préjugés et les vices, les superstitions et l’ignorance ; il a démasqué et ridiculisé avec une franchisse impitoyable toutes les fourberies et principalement celles des sophistes. Par son amour de la vérité, par le sens droit qui le guide, il a été essentiellement moraliste.

Si des Grecs nous passons aux Latins, nous retrouvons le moraliste dans les traités de Cicéron Sur l’amitié et Sur la vieillesse, dans les Epitres et les Satires d’Horace, dans les Satires de Juvénal et de Perse mais où il convient, de l’étudier en lui-même, en dehors des préoccupations littéraires, c’est chez Sénèque et Marc-Aurèle, qui formulèrent les principes de la philosophie stoïcienne. Sénèque dans ses traités Sur la colère, Sur les bienfaits ; Sur la tranquillité de l’âme, dans ses Lettres à Lucilius, a montré une morale douce et humaine et élevée, qui condamne l’esclavage, qui proclame l’égalité naturelle de tous les homme, qui veut qu’on pardonne à son ennemi. Les sentiments de Senèque se retrouvent dans le Manuel d’Epictète, que nous a laissé Arrien. « Epictète, dit Pascal, est un des philosophes du monde qui aient le mieux connu les devoirs de l’homme. Il veut, avant toute chose, qu’il regarde Dieu comme son principal objet, qu’il soit persuadé qu’il gouverne tout avec justice, qu’il se soumette à lui de bon cœur… Souvenez-vous, ajoute-t-il, que vous êtes fait comme un acteur et que vous jouez votre personnage dans une comédie, tel qu’il plaît au maître de vous le donner. S’il vous le donne court, jouez-le court ; s’il vous le donne long, jouez-le long ; soyez sur le théâtre autant de temps qu’il lui plaît, paraissez-y riche ou pauvre, selon qu’il l’a ordonné… il montre en mille manières ce que l’homme doit faire. Il veut qu’il soit humble, qu’il cache ses bonnes résolutions, surtout dans, les commencements, et qu’il les accomplissent en secret ; rien ne les ruine davantage que de les produire. Il ne se lasse point de répéter que toute l’étude et le désir de l’homme doivent être de connaître la volonté de Dieu et de la suivre. » Marc-Aurèle dans ses Pensées, uni des plus sublimes traités de morale, qu’on ait jamais écrits, a fait entendre cette belle parole : « Comme Antonin, ma patrie est Rome, comme homme, ma patrie est le monde. Nous sommes tous concitoyens, nous sommes tous frères ; nous devons nous aimer, puisque nous avons la même origine et le même but. » Ailleurs il dit : « Alexandre et son muletiers, morts, ont la même condition : rendus aux principes genérateurs ou dispersés en atomes.

En France, le premier nom que nous troùvions à mettre en relief parmi les moralistes est celui de plus attrayant des manuels de morale. Son des amusements privilegiés des esprits aimables et graves. e’amiet le disciple de Montadiegne, Charron, n’a pas mis dans son Traité ta sagesse les qualités de style qui charment chez son maître ; mais, malgre ses défauts de forme, son est resté un des ll’iavmreo sur ddeé’morale que recommandent le plus la vérite, l’élévation de l’esprit et le scepticisme de Montaigne dans son Dialogue sur Epictète et Montaigne, fut entraîné lui-même par une autre voie au scepticisme, dans ses Pensées. La rocheloucauld, dans pas appelées sans raison un triste livre, a vu toute la nature humaine sous un jour désavantageux. Selon lui, l’homme ne fait rien et n’êprouve rien qui ne se rapporte à lui-même, qui ne tende ouvertement ou par des voies détournées à sa propre satistaction. L’égoïsme, passions et les passions d’apres lui, sont les seuls motifs de nos actions et de nos jugements.

On pourrait s’attacher, par des liens plus ou moins directs, au groupe des moralistes, une partie des auteurs du xviiie siècle : Montesquieu, Voltaire, Jean-Jacques Rousseau, Duclos, pour ne citer que les plus célèbres. Mais celui qui fut exclusivement moraliste est Vauvenargues, l’auteur de l’Introduction à la connaissance de l’esprit humain, suivie de Réflexions et de Maximes. Voltaire, qui contribua beaucoup à la réputation de ce livre, a dit « qu’il n’en connaît guère de plus capable de former une âme bien née et digne d’être instruite ». On trouve en effet dans ce livre d’un écrivain mort à trente et un ans, outre la netteté, la justesse et l’énergie de l’expression, une chaleur, une générosité, une élévation d’âme qui se communiquent au lecteurs et qui rappellent constamment cette belle phrase de Vauvenargues lui même : « Les grandes pensées viennent du cœur. » Apres lui, nommons Joubert, qui vécut en grande partie au xviiie siècle, mais dont les Pensées ne furent publiées qu’après sa mort( (1824). par Chateaubriand. Son livre, ingénieux et charmant, plaît aux délicats ; mais, subtil et cherché dans le style, il ne peut se lire de suite sans fatigue. « C’est, selon l’expression de Sainte-Beuve, de l’esprit distillé et fixé dans tout son sac : on n’en saurait prendre beaucoup à la fois. » Après le nom de Joubert, on ne peut se dispenser de citer celui de Mme Swetchine, qui lui ressemble beaucoup par la finesse et l’ingéniosité. Les écrivains contemporains ont


un peu abandonné ce genre, signe évident que les lecteurs le goûtent moins ; car, en littérature comme au théâtre, comme partout, l’opinion est en définitive la vraie reine du monde.

Moralistes français Études sur les, par Prévost-Paradol), Paris, 1864, in-18). Le style Prévost-Paradol est connu ; il nous suffira donc de dire que ce livre est un vrai modèle de style académique. Mais pourquoi l’auteur a-t-il choisi un pareil sujet ? Un moraliste est un homme qui a curieusement étudié le cœur humain, qui en connait toutes les grandeurs et aussi toutes les turpitudes ; c’est un confesseur indiscret qui sonde votre conscience à votre insu et malgré vous. Les livres d’un pareil homme doivent se lire en tête-à-tête avec lui si l’on veut en retirer plaisir et profit ; tout commentateur est un fâcheux qui vient rompre le charme du tête-à-tête. Le livre de Prévost-Paradol ne dispensera personne de lire nos moralistes, car la lecture de Vauvenargues, de Pascal et de La Rochefoucauld est de celles dont aucun article de critique, ne saurait tenir lieu. Néanmoins, les trop rares amateurs de prose élégante et pure, feront bien de lire les Moralistes français, de Prévost-Paradol ; ils n’y apprendront pas grand-chose, mais ils écouteront avec plaisir cette spirituelle musique qui plaît aux oreilles délicates.

MORALITÉ s. f. (mo-ra-li-té — rad. morale). Rapport d’un acte, d’une opinion, d’un point sentiment, d’un objet avec les règles de la morale, leur qualité au point de vue de la morale : Avant l’âge de raison, nous faisons le bien et le mal sans le connaître ; il n’y a point de moralité dans nos actions. (J-J. Rouss.) La moralité d’un roman consiste dans les sentiments qu’il inspire. (Mme de Staël.) La moralité de chaque action humaine est fixée par un acte momentané et irrévocable. (J. de Maistre.) Interrogez les commissionnaires sur la moralité de leur métier, tous vous diront que la commission est un brigandage. (Proudh.) La moralité d’un acte suppose dans l’agent intelligence, liberté et force. (Géruzez.) || Conformité d’un acte, d’une opinion, d’un sentiment, d’un objet aux règles de la morale ; qualité de ce qui est moral : Pour mettre à la portée du citadin la douteuse moralité des spectacles, le gouvernement prend un morceau de son pain au paysan qui a faim. (Bastiat.) || Rapport de la conduite d’une personne avec les règles de la morale, sa qualité au point de vue de la morale : La moralité est dans la conscience. (B. Const.) On peut juger de la moralité des principes par la moralité des agents qu’ils emploient. (Mme C. Fée.) On sait la moralité d’une population quand on connaît celle des femmes. (G. de Beaumont.) La femme est à un certain degré responsable de la moralité de son époux. (Mme Gasparin.) || Conformité de la conduite, des opinions, des sentiments d’une personne avec les règles de la saine morale : Je ne doute pas de votre moralité. L’absence du bonheur conduit à l’absence de la moralité. (Mme de Staël.) Il n’y a pas un prolétaire aujourd’hui dont la moralité politique ne soit supérieure à celle d’Aristote. (P. Leroux.) La moralité de la femme est exclusivement la base du bonheur au sein de la famille. (Colins.) Combien d’hommes ne doivent leur moralité qu’à une occupation assidue qui les arrache à eux-mêmes ! (Bonnin.) Tout ce qui blesse la moralité et la dignité de l’homme blesse la loi de la nature. (A. Martin.) Rien ne sert davantage la prospérité et la moralité des nations que les idées justes. (Proudh.)

— Réflexion morale : Tirer des moralités d’un conte, d’une histoire. Recueil de moralités. Moralités chrétiennes. Là-dessus on peut tirer une belle moralité, c’est qu’il ne faut condamner personne sans l’entendre. (Mme de Sév.) J’aime les moralités, elles endorment. (Baron.).

Et si vous n’aviez là que des moralités
Vous sauriez un peu mieux suivre mes volontés.
           Molière

|| Signification morale : Le christianisme a tire du sépulcre toutes les moralités qu’il renferme. (Chateaub.) La moralité d’un ouvrage est moins dans l’ouvrage même que dans son auteur. (Rigault.) La statistique ne voit que les chiffres et n’en recherche point la moralité. (Ledru-Rollin.)

— Litter. Conclusion morale qu’un auteur a voulu faire tirer de son œuvre : La moralité d’une comédie, d’un apologue, d’un conte, d’un roman. Certains critiques voient, dans la moralité, le but essentiel de toute œuvre littéraire. Il y a en toute histoire moralité. (P. L. Courier.) Il ne faut pas que la multitude sorte du théâtre sans emporter avec elle quelque moralité austère et profonde. (V. Hugo.) Dès que le récit est terminé, la moralité sort et on la déduit. (Ste-Beuve.) || Se dit particulièrement d’une sorte de sentence morale qui précède ou suit un apologue :

Au moment où je fais cette moralité,
Si Peau d’Ane m’était conté
J’y prendrais un plaisir extrême.
La Fontaine

— Théâtre. Pièce de théâtre que jouaient les clercs de la basoche et où figuraient des idées abstraites personnifiées : Rabelais composait des moralités et y jouait un rôle. (Nisard.)