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À mesure que le soleil s’élève au-dessus de l’horizon, il dissipe promptement ces brouillards dont, vers sept heures du matin, il ne reste plus aucune trace, si ce n’est quelques nuages légers et fugitifs qu’on aperçoit encore dans les régions élevées de l’atmosphère et qui ne tardent pas à se fondre complètement dans l’azur du ciel. En hiver, de novembre à mars, la température du jour varie de 10 k 20° centigrades ; la nuit, elle descend à 8°, 60, 4°, rarement à 0°. Cette irrégularité de température occasionne des fièvres auxquelles les étrangers sont plus sujets, mais dont les indigènes eux-mêmes ne sont pas exempts. La chaleur excessive de l’été donne naissance à des irruptions de sauterelles, de mouches et de moucherons qui font d’énormes dégâts. Les punaises, les crapauds, des serpents de plusieurs mètres de long sont aussi une des plaies du Maroc. La lumière du soleil trop vive engendre fréquemment des maladies de l’organe do la vue.

Le sol renferme d’immenses richesses minérales ; mais, comme dans tous les paysatrophiés par l’islamisme, ces richesses restent inutilement enfouies dans les mines, et, les rares autorisations de recherches accordées à, des Européens n’ayant jamais pu être utilisées faute de protection, quelques filons seulement sont exploités çà et là par les indigènes. Parmi ces richesses, on compte des mines d’or, d’argent, de cuivre, d’étain, de zinc, de plomb, d’antimoine, de fer, de soufre et autres métaux. Les mines de cuivre paraissent les plus abondantes. On trouve du sel gemma dans quelques montagnes, et les lacs salés et les bords de la mer en fournissent des masses considérables. On y a découvert aussi de belles améthystes, et, près de Fez, une pierre à foulon nommée téfcl. On y trouve aussi en abondance la chaux, le gypse, l’argile à poterie. Parmi les eaux minérales, on ne connaît guère que celles de Mouley-el-Mansour, non loin de Méquinez ; elles sont thermales et sulfureuses. Le docteur Mary-Durand a découvert en 1854 une source très-riche en principes ferrugineux, à UDe lieue environ du cap Spartel.

La végétation, dans tout l’empire du Maroc, est très-riche et très-vigoureuse. Dès le mois de janvier, les prairies sont couvertes de fleurs, et, pendant les mois d’avril et de mai, la terre n’est qu’un vaste tapis de verdure. Au nord, d’immenses forêts de chênes à glands doux fournissent une nourriture agréable., semblable à nos châtaignes ; des chênes-liéges, dont l’écorce est l’objet d’un petit commerce, des cyprès, des gommiers, des arbousiers, des cèdres élèvent vers le ciel leurs troncs gigantesques et mêlent leur feuillage de manière à intercepter complètement les rayons du soleil. An midi, les citronniers, les jujubiers, l’olivier acquièrent des dimensions énormes ; le grenadier fournit du bois de construction ; les acacias, les thuyas, les dattiers, les amandiers, les micocouliers, les cistes odoriférants forment d’immenses forêts. Les collines, et principalement les plaines arrosées par les nombreux cours d’eau qui descendent du massif de l’Atlas, sont propres à toutes les cultures. Le sol donne trois récoltes par an. Les ports de Tanger, de Mogador, de Tétouan sont souvent pleins de vaisseaux européens. qui viennent exporter du froment, de l’orge, du riz. Le Maroc nourrit une partie de l’Espagne, et souvent la France a eu recours à lui dans des temps de disette. Cependant l’agriculture y est des plus primitives ; l’unique instrument aratoire est une sûrte de charrue avec laquelle on gratte la terre avant d’ensemencer. On n’emploie aucun fumier et l’on se contenta de faire parquer les troupeaux dans les champs qu’on veut cultiver. Les bords des rivières qui descendent de l’Atlas sont recouverts d’un humus riche en matières organiques. L’orge, le froment, l’avoine, le millet, le sorgho, le mais, les garbanças, sorte de pois que l’Arabe mange rôtis, y donnent de magnifiques récoltes. Dans les jardins, on cultive le figuier, l’olivier, le citronnier, l’oranger, le grenadier, le chou, l’artichaut, le melon, les salades, le concombre. Le tabac, le coton, la canne à sucre donnent de bous produits. La vigne se distingue par une végétation luxuriante ; ses rameaux atteignent la cime des plus hauts arbres. Les amandes sont, avec les dattes, le seul fruit ricolté en vue de l’exportation. Dans le S.-O. se trouve un arbuste, appelé argan, qui fournit une huile passable. En utilisant les moyens d’exploitation fournis par le progrès moderne, on y obtiendrait sur une immense échelle tous les produits végétaux de la zone méditerranéenne. Ajoutons que l’orseille, le sumac et le henné y fournissent des matières colorantes estimées.

À force d’irrigations, on fait venir dans les terrains sablonneux des melons, du piment, des concombres. Les dattes, qui croissent en abondance sur le versant du désert, ont fait ’ donner à cette région le nom de pays des Dattes (Biledulgerid).

Sur le règne animal du Maroc, principalement sur les petites espèces, nous n’avons que quelques indications vagues et sans valeur. On sait.toutel’ois que cette contrée nourrit un grand nombre d’animaux, parmi lesquels on peut citer plusieurs espèces de chameaux ; la moins estimée se nomme talayé ; il y en a d’autres qui font deux fois et même trois fois plus de chemin que celle-ci ; mais

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elles sont toutes surpassées en vitesse, au dire de plusieurs voyageurs ; par le heisie ou chameau du désert, qui se distingue du dromadaire seulement par une taille plus élégante. On trouve au Maroc des ânes de deux espèces, l’une de grande et l’autre de très-petite taille ; de beaux chevaux de raee arabe ; des bêtes à cornes petites, dont le lait est peu abondant et de mauvais goût ; de nombreux moutons, de laine commune, à l’exception de celle de Tedla, qui, dit-on, est aussi fine et aussi brillante que la soie ; une grande quantité de chèvres, parmi lesquelles celles de Tafllet sont renommées pour fournir les peaux, les plus estimées des fabriques de maroquin. On élève beaucoup dé volaille et d’abeilles ; on recueille aussi en abondance un miel très-aroinatique, que les abeilles déposent dans les troncs d’arbres. On compte parmi les animaux sauvages : le lion, la panthère, la gazelle, L’hyène, le furet, quelques singes, une espèce de marmotte ; presque tous ces animaux ne fréquentent guère que les forêts et les frontières du Sahara, où l’on rencontre aussi beaucoup d’autruches.

En résumé, au point de vue économique, les produits animaux qui servent d’objet de trafic sont, au Maroc, les laines, les bestiaux, les cuirs et les peaux, un miel exquis et une excellente cire jaune, le kermès, le corail, les sangsues, les plumes d’autruche, venues en grande partie du Sahara, de même que les dents d’éléphant.

Sur la géographie physique du Maroc, consultez la Description géographique de l’empire du Maroc, par Emilien Renou (Sciences historiques et géographiques, Ville vol.) ; le Voyage au Maroc, de Uérard Rohlf (Revue algérienne, 1863).

Population ; mœurs. L’état civil n’existant pas au Maroc, il est fort difficile d’indiquer le chiffré exact de la population qui l’habite ; aussi trouve-t-on dans les auteurs une grande diversité d’appréciation : les uns ne donnent au Maghreb que 4 millions d’habitants ; d’autres lui en attribuent 16 millions. D’après des renseignements récents, pris aux diverses légations de Tanger, cette population peut av«c quelque certitude être évaluée k 9 millions environ, qui se décomposeraient à peu près de la manière suivante :

Berbères j £’"a^h, S 3,300,000

j Schellocks.... 1,450,000

Maures 3,550,000

Arabes 7-40,000

Nègres 140,000

Juifs. 340,000

Chrétiens et rouégats.... ■ 500

Le Maroc se compose en effet de quatre peuples principaux, de mœurs et d’habitudes tout à fait différentes : les Berbères, les Arabes, les Maures et les juifs, et d’un petit nombre de nègres, de chrétiens, de renégats et de bohémiens.

io Les Berbères occupent la plus grande parue du territoire. On les divise en Amazighs, qui ont souvent les yeux bleus, les cheveux blonds et la barbe rare, et en Schellocks, plus civilisés que les Amazighs. Cette race habite surtout les régions montagneuses, dont les sommets ne sont pas moins élevés que ceux des Pyrénées.

2° Les Maures habitent surtout le littoral. Ils sont un mélange de toutes les races qui se sont établies aux différentes époques dans les villes de la côte et de l’intérieur, y compris les nègres esclaves, avec lesquels ils se sont souvent croisés. Les Berbères et les Arabes chassés de la péninsule ibérique par les Espagnols en ont formé sans doute la masse principale. Avides, astucieux, fanatiques, corrompus, rampants avec les grands, orgueilleux avec les faibles, ils constituent la bourgeoisie marocaine et fournissent au pays tous les fonctionnaires civils et religieux. Leur langue contient un grand nombre de mots latins et espagnols. Leur peati revêt toutes les couleurs, depuis celle de la race caucasique jusqu’à celle des descendants de Cham.

3» Les Arabes du Maroc forment deux classes qui, parla différence de leurs mœurs, semblent deux peuples à part : les uns habitent les villes et leur vie est celle des Marocains en général ; les autres, les Bédouins, sont nomades. Voleurs, comme les Maures, ils sont moins perfides et plus hospitaliers,

40 Les juifs sont relativement nombreux au Maroc. Les uns descendent de ceux qui, venus de l’Asie à une époque que l’histoire n’a pu déterminer, prirent le nom de Palestins ; d’autres ont pour ancêtres ceux qui furent chassés de l’Espagne et du Portugal du xivo au xvie siècle ; d’autres y viennent de diverses contrées pour y exercer le com. merce. Ceux qui proviennent de la première émigration parlent encore un ancien dialecte syro-chaldaïque. Les juifs sont traités durement au Maroc. Dans toute autre ville que Tanger, ils sont parqués dans une enceinte dont les portes sont fermées chaque soir, d’où les immondices ne sont jamais enlevées et qui porte le nom doAlelluh. Leur costume est prescrit, afin qu’on ne puisse les confondre avec les fils du Prophète. Dans certains quartiers et même dans certaines villes, il ne leur est permis de circuler que pieds nus, et les rues adjacentes aux mosquées leur sont interdites. Leur témoignage n’a aucune valeur en justice, et attaqués par des musulmans, ils ne doivent pas se défendre. Ecrasés

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d’impôts, honnis, vexés de toute manière, on se demande comment les juifs peuvent vivre au milieu d’un peuple qui leur est aussi hostile et’comment celui-ci peut tolérer des hommes dont il considère la vue comme une souillure et le nom comme le plus violent affront. Les juives du Maroc sont d’une grande beauté, et rivalisent, du reste, en cela avec les Marocaines, On connaît un certain nombre de villages que les juifs peuplent entièrement, et on cite, en pays berbère, plusieurs tribus, uniquement composées de juifs et assez considérées ; mais il est bon peut-être de rappeler a ce sujet qu’il existait en Algérie, du temps de la conquête arabe, des tribus berbères converties au mosaïsme.

Quant aux nègres, ils forment à peu près un vingtième de la population du Maroc ; les uns sont libres et les autres esclaves. À la partie commerciale, nous parlerons de ces derniers. Le nègre libre est avec le blanc sur le pied d’égalité sociale. L’empereur Sidi-Mohammed, ’mort en 1859, était mulâtre, et, le harem contenant plusieurs négresses, la plupart de ses fils le sont aussi. Les nègres peuvent être appelés à de hautes fonctions ; le gouverneur de Fez, par exemple, appartient à cette race. En entrant au Maroc, le nègre est obligé d’embrasser l’islamisme ; mais à la religion de Mahomet il mêle toutes sortes de pratiques superstitieuses.

Les renégats, Français, Italiens, Portugais, Espagnols, déserteurs des présidios ou de notre armée d’Afrique, aventuriers courant après la fortune, viennent au Maroc, où, pour gagner tout d’abord la confiance des indigènes, ils se font musulmans ; mais le sultan ne va plus, comme autrefois, chercher parmi eux les ministres et les gouverneurs. Quelques-uns cependant, ceux qui ont été soldats, entrent dans la garde de 1 empereur ; d’autres exercent un métier ou une industrie quelconque. Tous sont honnis et méprisés.

Les chrétiens sont peu nombreux ; la plupart sont employés aux maisons consulaires.

Les bohémiens sont connus au Maroc sous le nom de sorciers du Sour, quoique n’étant pas originaires de cette contrée. Diseurs de bonne aventure et marchands d’amulettes, ils vivent d’une vie errante et nomade.

La condition de la femme, au Maroc, est on ne peut plus triste. Toujours séquestrée dans le harem ou la maison de Son mari, quand celui-ci est riche, elle traîne sa vie dans la paresse et la solitude ; si, au contraire, le mari est pauvre, elle est condamnée aux plus rudes travaux des champs et de la maison : c’est une bête de somme ou un in-Btrumentr de plaisir, « une esclave le jour, une maîtresse la nuit, > dit le Marocain, qui peut du reste avoir chez lui autant de concubines qu’il peut en nourrir.

Les Marocaines ne peuvent sortir que le visage complètement couvert et à l’abri des regards de tous les hommes, surtout des juifs et des roumis (chrétiens). Généralement "brunes avec de beaux cheveux noirs, leur teind est d’une blancheur mate ; leurs yeux sont grands et vifs et leurs dents très-blanches. Le maquillage est chez les riches très-habituellement employé, surtout avec le henné, qui leur sert à noircir les sourcils et à se teindre les ongles.

Les femmes des Arabes errants et des Bédouins sont assujetties aux travaux les plus durs, et leur continuelle exposition aux ardeurs du soleil détruit bientôt en elles toute trace de beauté.

Les Marocains, comme tous les autres mahométans, sont peu communicatifs et ne se voient que dans les lieux publics. Leur maintien est grave et silencieux. Leur orgueil national leur fait mépriser les autres peuples, surtout les chrétiens, dont ils ne prononcent jamais le nom sans y joindre quelque injure. Cependant on ne trouve chez eux nul sentiment d’honneur individuel. Ce peuple, indolent et peu intelligent, n’en est pas moins cupide et avide de présents. Un de ses proverbes est que « du vinaigre donne est plus doux que du miel acheté. ■ Il est en général strict observateur de la loi musulmane ; mais il pratique cependant certaines cérémonies religieuses étrangères à cette loi, telle que celle de porter tous les vendredis des provisions sur les tombeaux des parents ou des amis, cérémonie à laquelle les marabouts assistent en récitant des prières. La vénération des Marocains pour les pèlerins qui reviennent de La Mecque est telle, qu’ils les considèrent comme des saints (liaaji). Au reste, les imans et quelques chefs religieux sont seuls à comprendre et k pratiquer sérieusement l’islamisme. Quant au peuple, sa religion, toute de formes et de superstitions, porte les traces des différents cultes qui se sont succédé sur le sol qu’il habite. Il a bien un grand respect pour Dieu et pour Mahomet, son prophète, mais l’unité divine est souvent confondue avec les notions polythéistes des Berbères. Ainsi, sur les pièces de monnaie, sur les portes et les murs des maisons, partout enfin, on trouve des figures cabalistiques, une main par exemple, destinées à les préserver du mauvais œil. En revanche, bien des prescriptions du Coran sont tombées dans un oubli complet, telle que celle qui interdit aux sectateurs du Prophète de boire du vin et des spiritueux.

Physiquement, le Marocain est bien constitué et peu sujet aux maladies ; il doit cela à sa sobriété et à son indifférence brutale, non

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moins qu’à la pureté du climat. Au Maroc, on ne rencontre presque point de difformités naturelles, et cela s’explique par le peu de soins donné aux enfants du peuple, qui, aussitôt nés, sont exposés h toutes les intempéries et abandonnés à tous les effets pernicieux des maladies du jeune âge. On comprend que tous ceux qui sont rachitiques, malingres ou simplement délicats, doivent fatalement succomber dans les premières années, et qu’il ne reste alors que des tempéraments aussi sains que robustes. Généralement, le Marocain reste valide jusqu’à soixante ans, terme ordinaire de sa vie. La. femme meurt plus jeune, et la précocité, la. réclusion et le défaut de soins la laissent étiolée à vingt ans.

Histoire. L’empire actuel du Maroc correspond k une partie de l’ancienne Mauritanie Césarienne, à la Mauritanie Tingitane et à une partie de la Gétulie. La Mauritanie Tingitane, d’après une division de l’Espagne faite au temps de l’empereur Othon, était comprise dans le gouvernement de ce royaume sous le nom à’Espagne Transrétane.

Cette contrée a passé successivement de la domination des Carthaginois à celle des Romains. Les Vandales 1 ont conquise sur les Romains, et l’empire grec l’a reprise aux Vandales sous le règne de Justinien.,

L’an 27 de l’hégire (647 de J.’-C), Othman, qui venait de succéder au calife Omar, résolut de porter l’étendard de Mahomet jusque dans le Maghreb. Cette tentative ne fut pas heureuse et elle ne fut renouvelée que vingt ans plus tard. Les succès que les musulmans, sous le commandement d’Ebn-Khodaïdy, obtinrent dans cette seconde expédition, portèrent un coup fatal à la domination byzantine. À partir de cette époque (667 de J.-C), les califes nommèrent des délégués qui, en leur nom, gouvernèrent la province d’Afrique. L’un de ces gouverneurs, Mouça-ebn-Nocaïr, s’empara de Tanger et soumit les Berbères de cette province qui résistaient encore. Ce fut sous le commandement de Mouça qu’eut lieu l’un des événements les plus considérables de l’histoire d’Espagne. Une armée, sous les ordres de Tarif (fondateur de Tarifa), envahit la péninsule, s’empara de plusieurs villes et commença l’ère de cette domination, qui dura tant de siècles.

Mouça mourut disgracié en 718 et fut remplacé par Mohainmed-ebu-Yesid, dont les pouvoirs n’eurent, ainsi que ceux de tous ses successeurs, qu’une courte durée, jusqu’à Khatid-ebn-Hoinud, que le peuple révolté salua du titre de calife. C’était déclarer la déchéance des califes de Syrie.

L’histoire du Maroc est obscure et n’offre que peu d’intérêt jusqu’à la fin du vmo siècle.

L’islamisme avait poussé rapidement dans le Maroc des racines profondes. Mais les peuples qui habitaient cette contrée, passionnés pour l’indépendance, et placés à l’extrémité du vaste empire des Arabes, reconquirent bientôt une existence à part, et, dès le viiio siècle, reconnurent pour chef le fanatique Edris,

En 788, Edris se lit proclamer roi de Fez et, à la tète d’une armée nombreuse, il soumit toutes les tribus de cette province et les força d’embrasser l’islamisme. Fondateur de la dynastie des Edrissites, qui occupa le trône de Fez jusqu’en 986, il mourut empoisonné par un envoyé du célèbre Haroun-al-Raschid. Son fils, Edris-ben-Edris, lui succé’da. Le règne de ce prince fut très-heureux. Grand nombre de tribus vinrent se soumettre volontairement à son pouvoir. Telle fut la véritable origine du royaume de Fez. Ses successeurs jusqu’à la fin de la dynastie des Edrissites furent :

828. Mohammed-ben-Edris.

830. Ali-ben-Mohamraed.

848. Yaya, frère du précédent. Ce prince stupide et cruel fut chassé du royaume par le peuple. C’est sous le règne de Yaya que fut construite la célèbre mosquée El-Carubin par Fatima, tille d’Ali, monument qui existe encore aujourd’hui.

854. Yaya IL

885. Yaya III, prince instruit qui cultiva les sciences et les lettres. Sous le règne de Yaya 111, un homme, se disant descendant de Fatima, fille du Prophète, leva l’étendard de la révolte et parvint à s’emparer du trône sous le nom d’Abdallah. Mais il ne l’occupa pas longtemps et fut remplacé par Musa-ben-Abi-1-Afya, qui appartenait à la secte des Falimites.

Musa leva une armée pour aller combattre les Edrissites, qui se préparaient à la défense ; il soumit Tanger et Arzila, mais il no put s’emparer d’une forteresse occupée par ses ennemis, et il rentruà Fez, laissant ses soldats sous les ordres de l’un de ses généraux.

À partir de cette époque, les Fatimites et les Edrissites se livrent sans cesse des combats sanglants et avec des succès divers, et les rois de l’une et de l’autre de ces deux dynasties no furent que des rois éphémères.

En 912, Abul-1-Ayx, de la dynastie Edrissite, se voyant entouré d’ennemis de touto part, offrit à Abd-er-Rhaman, qui régnait sur les Arabes de l’Andalousie, de lui céder la couronne. Abd-er-Rhaman fit passer une armée sur la terre de Maghreb ; mais il no put occuper que Tanger et Ceuta. Son fils et successeur El-Hakem devait plus tard achever l’œuvre de son père. À cette même époque, El-Mohadi, se disant descendant d’Ali

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