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185S. Il commença à se faire connaître dans sa ville natale par la publication de quelques ouvrages en prose et en vers, puis vint se fixer à Paris, collabora à divers journaux, au Corsaire, à la Mode, aux Flèches parisiennes, à la France scientifique, religieuse et littéraire ; au Rivarol, miroir des folies du siècle, recueil mensuel, etc. Parmi ses ouvrages, nous citerons : Physiologie du Moulinais (Moulins, 1843) ; Poésies religieuses !^ 1845) ; l'Évangile républicain (184S) ; Petites odes et petits poèmes (1852) ; Manuel du savoir-vivre (18~>3) ; Romances et fantaisies (1855) ; les femmes du demi-monde (1S55), etc.

MEILLF.RA.1E (la), bourg et commune de France (Loire-Inférieure), canton de Maisdon, arrond. et à 18 kilom. S. de Châteaubviant, sur une colline d’où l’on jouit d’une belle vue ; 1,671 hab. Tisseranderie, brasserie, forge, tannerie. A 1 kilom, S.-E. du bourg, près d’un vaste étang entouré de tous côtés par un grand bois de chênes, on trouve la célèbre abbaye de la Trappe, ancien monastère de l’ordre de Cîteaux, fondé en 1132. L’édilîce construit à cette époque a été reconstruit dans le cours du xviui : siècle. Une partie de l’église remonte à la construction primitive, l’autre fut rebâtie au xve siècle. En 1792, les religieux du couvent, obligés de se disperser, fondèrent divers établissements à l’étranger. En IS16, ils reprirent possession de leur ancienne retraite, qui est aujourd’hui un bel établissement religieux et agricole, dont les colonies se sont répandues en Algérie, en Irlande, en Angleterre et aux États-Unis. Le portail principal, qui s’ouvre entre deux contre-forts, est décoré des statues de la Vierge, de saint Benoît, de saint Bernard et des armes de l’abbaye. L’église abbatiale appartient en grande partie au style roman. La crosse abbatiale, un splendide ivoire du xvie siècle, appartint à Jacques-Raoul de La Guibourgère, évêque de La Rochelle en 1636. Las jardins potagers de l’abbaye sont magnifiques.

MEILLERÀYE (comtes et ducs de La). V. La. Meillerayb.

MEILLET (Augusto - Alphonse -Edmond), chanteur français, néàNevers en 1828, mort à Veuïes (Seine-Inférieure) en 1871. Il était fils d’un avoué de sa ville natale. Après avoir fait ses études au collège Louis-le-Grand, il se prépara au baccalauréat et se présenta en même temps au Conservatoire, s’j’ fit entendre et fut admis. Cédant à la volonté de son père, il commença son droit, ce qui ne l’empêcha nullement de remporter, à l’âge de dix-neuf ans, trois prix de chant, d’opéracomique et d’opéra ait Conservatoire. Il y avait parmi les élèves de cet établissement en même temps que lui une jeune personne nommée Mlle Meyer. Lors Ldu concours en 1848, cette dernière partagea avec M. Meillet le prix d’opéra-comique. La consonnanee des noms des deux camarades amena une méprise qui devait influer sur leur existence tout entière : lors de la proclamation des.lauréats, les amis de Mlle Meyer comptaient les nominations qui la concernaient ; ceux de Meillet en faisaient autant à son égard. De telle sorte que les amis des deux élèves, confondant les deux noms, supputèrent autant de nominations qu’il en avait été prononcé pour l’un et pour l’autre. Quand la méprise fut reconnue, on rappela les deux jeunes gens à grands cris ; M. Meillet offrit-sa main à Mlle Meyer, la ramena et l’embrassa au bruit des applaudissements ; à partir de ce jour, ces deux cœurs, si bien faits comme leurs voix pour être d’accord, s’entendirent, et, quatre ans plus tard, on décembre 1852, M. Meillet épousait Mlle Meyer. Après être resté un an encore au Conservatoire, malgré ses succès, M. Meillet, qui s’était perfectionné sous Moreau-Sainti et Galli, débuta, en 1850, à l’Opéra, dans le rôle de Frantz de l’Ame e ; i peine. Mais la fatigue l’obligea bientôt do quitter Paris ; il alla, par ordonnance des médecins, dans le Midi et parut à Nîmes dans le roi de Giralda, Figaro et autres rôles du répertoire de l’Opéra et de l’Opéra-Comique. Eu 1851, à l’ouverture du Théâtre-Lyrique, il accourut à Paris, se fit entendre dans le Barbier et le Maître de chapelle, puis chanta Frontin de Ma tante Aurore, et créa, entre autres rôles, Eloi de la Butte des moulins et Miller de la Poupée de Nuremberg. Après son mariage avec Mlle Meyer devenue pensionnaire de I Opéra-Comique, il passa à ce théâtre, où il débuta avec beaucoup de bonheur par le rôle de Scapin de i’Irato et Créa BJeemann des Deux Jacquets. Puis, quittant l’Opéra-Comique, 11 revint, en compagnie de sa femme, au Théâtre-Lyrique (1854) et partagea avec elle un do ses plus brillants succès dans sa création de Chariot Digonnard de Bonsoir, voisin ! Le rôle do Pacôme du Bijou perdu et celui de Conrad dans la Fille invisible le posèrent comme un excellent baryton et comme un comédien plein d’entrain, de verve ot de rondeur. IL a abordé avec non moins de succès, dans le répertoire moderne et dans le répertoire courant, un assez grand nombre de rôles, parmi lesquels nous rappellerons : Rickurd Cœur de JÂon, Maître Wolfram, le Médecin malgré lui, les Noces de Figaro, la Poupée de Nuremberg, la Tante Aurore, la Butte des moulins, la Fille invisible, le Billet de Marguerite, Jaguaritq, etc. Meillet alla jouer ensuite sur divers théâtres de province, puis revint

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à Paris en 1888, et fut de nouveau engagé au Théâtre-Lyrique. Bien que sa voix commençât à être un peu fatiguée, il n’obtint pas moins de vif3 succès dans le Brasseur de Prestou et le Val d’Andorre. En 1869, la direction de l’Opéra-Comique l’engagea pour monter YOmbre, et il créa le rôle du docteur avec une verve et une rondeur des plus remarquables. Il mourut à la suite d’une attaque d’apoplexie.

MEILLET (Marie-Stéphanie Meyer, dame), cantatrice française, femme du précédent, née à Paris en 1829. Elle est fille d’un architecte. Destinée de bonne heure à l’enseignement, il ne lui restait plus qu’un examen à subir pour obtenir le diplôme d’inspectrice des écoles primaires, lorsque, d’après les conseils de Panseron, elle lentra vers l’âge de seize ans au Conservatoire. Sa famille ne songeait, en la plaçant dans cet établissement, qu’à compléter son éducation musicale. Après deux ans passés dans les classes de solfège et de chant, elle obtint deux prix, partageant celui d’opéra-coinique avec M. Meillet, qui devait plus tard devenir son mari. À peine sortie du Conservatoire, on lui proposa un début à l’Opéra-Comique, où, malgré sa timidité, elle parut en 1849, avec beaucoup de succès, dans le ijôle de Fiamma du Diable à l’école. Elle aborda successivement, à ce théâtre, un grand nombre de rôles, parmi lesquels nous distinguerons : Clara dans Adolphe et Clara, Mariette du Moulin des tilleuls, Zerline de Fra Diavolo, Cadige de la Fée aux roses, Anna dans la Dame blanche, Mme de Ligneul dans la Fêle du village et Angélique du Fidèle Berger, rôle créé a l’origine par Jenny Colon. Devenue Mme Meillet (1852), elle quitta l’Opéra-Comique et passa avec son mari au Théâtre-Lyrique, où elle reçut le plus brillant accueil dans sa charmante création de Bonsoir, voisin ! Hermance de la Fille invisible, Régia i’Obéron, de Weber, et la reprise de Robin des bais ont prouvé que, bien que vouée depuis longtemps aux rôles comiques ou de demi-caractère, elle pouvait atteindre a la hauteur des créations dramatiques et du chant sérieux et passionné. Comédienne accomplie et excellente cantatrice, Jouée d’une voix fiatche et pure, Mme Meillet chante avec beaucoup de sentiment, de justesse et d’agilité. Sa méthode est parfaite, son jeu est fin, vif et gracieux.

MEILLET (Léo), membre de la Commune de Paris, né à Lévignac (Lot-et-Garonne) vers 1842. Il vint étudier le droit à Paris, où il se fit inscrire au barreau, et se signala pendant les dernières années de l’Empire comme un des plus fougueux orateurs des réunions publiques. Après la révolution du 4 septembre 1870, il.fut élu chef de bataillon de la garde nationale et fit l’opposition la plus vive au gouvernement de la Défense. Après la journée du 31 octobre, il fut élu adjoint au maire du Xllie arrondissement, demanda en décembre la nomination d’une

Commune révolutionnaire, fut poursuivi devant un conseil de guerre et acquitté le 6 janvier 1871. Lors des élections du 8 février suivant pour l’Assemblée nationale, Léo Meillet obtint 43,000 voix. Le 18 mars, il applaudit au mouvement communaliste, et, ce jour même, il parvint à sauver, au péril de sa vie, les généraux Chanzy et Langourriau, ainsi que ie député Turquet, qu’on venait d’arrêter à la gare d’Orléans. Elu le 26 mars membre de la Commune dans le XIIl° arrondissement, il rit successivement partie des commissions de la justice, des affaires étrangères, de la révision des arrêts de la cour martiale, se signala par son exaltation, demanda la démolition de la chapelle Bréa, la validation des élections, quel que fût le nombre des électeurs, la création d’un comité de Salut public, etc. Appelé à faire partie de ce comité le 2 mai, il fut remplacé sept jours plus tard, prit le commandement du fort do Bicêtre et fit fusiller le garde Thibault, accusé de relations avec le gouvernement de Versailles. Le 17 mai, la Commune le nomma commissaire civil auprès du général Wrobleski ; mais, le 21, il dut rentrer à Paris et combattit sur les barricades contre l’armée de Versailles. Sur le point d’être arrêté, il se rendit chez M. Turquet, qui tint à honneur do sauver celui qui l’avait sauvé, le prit pour secrétaire et le garda chez lui pendant vingt-deux jours, rue Sainte-Aune. Grâce à M. Turquet et au général Chanzy, il obtint un passe-port sous ie nom d’un négociant belge et parvint à gagner la frontière après diverses péripéties pendant lesquelles il montra autant d’audace que de

sang-froid. Le 18 février 1872, il fut jugé par contumace par le 6« conseil do guerre et condamné à la peine de mort, comme ayant pris part à l’insurrection et à l’exécution des dominicains d’ArCueil.

MEILLEUR, EURE adj. (mè-fleur, eu-re ; Il mil. — lat. melior, qu’on a rattaché au grec ameinân, même sens. Corssen le rapporte au grec mita, beaucoup, mallon, plus, pour malion, malista, le plus ; il pense que la racine est le sanscrit mal, tenir, comprimer, grec mullô, malassô, latin molo, mol Ho, gothique malioia, lithuanien malu, russe rneliu, kymrique melin. C’est aussi l’opinion d’Eichhoff), Dont la bonté

  • est supérieure, qui vaut mieux, qui est préférable ;

s’emploie au lieu de plus bon, qui est inusité : Cet homme est bon, mais son frère est meilleur. L’affaire n’est pas en meilleurs

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termes qu’auparavant. Les lois rigoureuses ne rendent pas les peuples meilleurs. (Acad.) Les femmes sont extrêmes : elles sont meilleures ou pires que les hommes. (La Bruy.) L’homme cherche à perfectionner tous ses ouvrages ; mais il ne fait rien pour se rendre meilleur. (Sanial-Dubay.) Soyes meilleur, vous serez plus heureux. (De Lévis.) L’homme ne doit s’instruire que pour devenir meilleur. (Ferrand.) Un ton poli rend les bonnes raisons meilleures et fait passer les mauvaises. (Chateaub.) Les vertus rendent constamment heureux ceux qui les ont, elles rendent meilleurs ceux même qui les voient et qui ne les ont pas. (J. Joub’ert.) Si vous ne rendez l’homme meilleur ne songes pas à conserver sa santé. (De Feuchtersleben.) La solitude n’est utile, qu’à celui qui y apporte un désir sincère de devenir meilleur.(De Gérando,) L’espérance «/meilleure que le souvenir. (Balz.) Nous sommes meilleurs et plus heureux que nos devanciers. (E. About.)

11 n’est meilleur ami ni parent que soi-même. La Fontaine.

Notre meilleur ami, c’est encor le travail.

C. d’Haeleville.

II est bon de parler et meilleur de se taire, ■ [très.

Mais tous deux sont mauvais, alors qu’ils sont ouLa Fontaine.

...Un honnête homme a droit à mon respect ;

On sent que l’on devient meilleur a son aspect.

Ponsard,

De meilleure heure, Plus tôt : 5e lever, se coucher de meilleure heure. Dans-le Midi ; on se marié de meilleure heure.

Le meilleur, la meilleure, superlatif de bon, Qui exprime la supériorité, l’excellence sur tous, et s’emploie an lieu de le plus bon ; C’est le meilleur ouvrage de cet auteur. C’est le meilleur homme du monde. Il n’y a pas d’Uomme qui n’ait ses défauts : le meilleur est celui qui en a le moins. (Horace.) L’homme du meilleur esprit est inégal ; il souffre des accroissements et des diminutions. (La Bruy.) Il est Constant que lks meilleurs ménages sont ceux où la femme a le plus d’autorité. (J.-J. Rouss.) L’équité est la meilleure politique. (F. Bastiat.) Une femme est le meilleur ami qu’on puisse s’attacher. (Droz.) Les temps de demi-justice et de demi-liberté sont les meilleurs pour l’éloquence. (S. do Sacy.) Ce qu’il y a de meilleur en nous a son terme en Dieu. (De Custine.) La liberté est la meilleure gloire et la plus grande force des nations modernes. (Vacherot.) La liberté, au temps où nous sommes, est la meilleure garantie de l’ordre. (Lamenn.)

La raison du plus fort est toujours la meilleure.

La Fontaine.

... Le philosophe est sobre en ses discours Et croit que les meilleurs sont toujours les plus courts.

Destouches.

La meilleure partie, la meilleure part, La plus grande, la principale partie : Avoir la meilleure part d’un héritage.

— s. m. Le meilleur, Ce qu’il y a de meilleur, ce qui vaut le mieux, ce qui est préférable à tout : Quand on n’a rien à dire, le meilleur est de se taire. (Acad.) Le moins de servitude qu’on peut est LE meilleur. (Pasc.) La tendance au meilleur est à la vertu ce que l’esprit d’invention est aux arts. (De Gérando.) Le tour est un peu fort, le meilleur est d’en rire.

AMDaiEUX.

— Ce qui est meilleur que.tout le reste, en fait de boisson : Loire du meilleur. Laissons toute mélancolie ; apporte du meilleur, rince les verres, boute ta nappe. (Rabelais.) Il n’allait jamais sans une gourde remplie du meilleur. (Dider.)

Du meilleur de mon cœur, Bien volontiers, avec le plus grand plaisir :

Du meilleur de mon cœur je donnerais sur l’heure Les cent plus beaux louis de ce qui me demeure. Et pouvoir à plaisir sur ce murte assener Le plus grand coup de poing qui se puisse donner.

SlOUÈKE.

Le meilleur n’en vaut rien, Se dit de deux ou de plusieurs personnes également méchantes ou vicieuses.

— Adv. Il fait meilleur, On est mieux : Il fait meilleur ici que chez nous. Il II est préférable : Il fait meilleur languir que désespérer, il Le temps est plus beau : Il fait meilleur aujourd’hui qu’il ne faisait hier.

— Mar. Meilleur ! Plus fort ! Avec plus de vigueur : Nages, nagez donc ! meilleur tribord !

— Gramm. Lorsque meilleur, comparatif, est suivi de la conjonction que et d’une proposition qui n’est pas formellement négative dans la pensée, mais où l’affirmation ne doit être présentée qu’avec uno sorte de restriction, le verbe doit être précédé de ne, à moins que la proposition dont meilleur fait partie ne soit elle-même négative : Il est meilleur qu’il ne parait. Si meilleur dépend d’une proposition négative ou interrogative, il n’y a plus de raison pour mettre ne, a moins qu’on ne veuille donner au verbe de la proposition complémentaire un sens plutôt négatif que positif : Il n’est pas plus riche qu’il le parait, cela suppose qu’il parait un peu riche ; Il n’est pas plus riche qu’il ne le parait, cela fait entendre qu’il ne le parait pas et qu’il ne l’est pas.

Lorsque meilleur, précédé de l’article, devient un superlatif et qu’il est suivi d’un pronom conjonctif, il demande souvent le subjonctif. V. la note but le subjonctif.

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— Allus. littér. J’en ppoe, et de* moîllenra,

Hémistiche de Victor Hugo, dans Mernani. V. passer.

Meilleur nlcnde, éeat le roi (le) (El mejor alcalde el rey]. Ce titre signifie que le roi est le meilleur des juges, l’alcade étant revêtu des deux pouvoirs administratif et judiciaire. Lope de Vega a pris ce proverbe espagnol pour sujet d’un de ses drames, emprunté à la chronique d’Alphonse le Sage. Sous Alphonse VII, renommé comme un grand justicier, un gentilhomme galicien ayant pris par force son champ a un laboureur, le pauvre paysan alla se plaindre au roij qui était alors a Tolède. Celui-ci enjoignit au gentilhomme de restituer l’héritage. Mais à peine eut-il pris connaissance de l’ordre du roi que le hobereau furieux menaça de mort le pauvre

homme et ne lui laissa que le temps de s’échapper en toute hâte. Voyant qu’il ne pouvait se faire rendre justice, le laboureur revint auprès du roi et rit attester, par les autres gentilshommes de la contrée, que le ravisseur avait méprisé l’ordre du souverain. Aussitôt don Alonso donne l’ordre à deux de ses chevaliers de monter à cheval et de le suivre ; il se rend, avec eux, rapidement en Galice, sans s’arrêter ni jour ni nuit. Là, le roi fait appeler l’alcade du lieu, qui lui confirme les faits. Le gentilhomme, reconnaissant le roi, veut s’enfuir ; mais on l’arrête et don Alonso le fait pendre devant la porte de son manoir. Il va sans dire que le champ fut rendu.

En vertu de son droit de poète, Lope de Vega a modifié le sujet que l’histoire lui fournissait. Ainsi, dans le Meilleur alcade, le bergerSanchone s’est pas vu enlever son champ,

mais sa femme, par don Tello de Neyra, gentilhomme galicien. On comprend ce que cette simple modification donne d’intérêt dramatique au sujet. Tous les caractères de la pièce, ceux que l’histoire indiquait au poBte et ceux qu’il a créés lui-même, sont tracés avec une grande vérité. Alonso VII, justicier sévère, indulgent pour les faibles, est bien tel que l’histoire nous la montre. Don Tello, le gentilhomme orgueilleux, violent et sensuel, plein de mépris pour ce paysan, son rival, indigné de la résistance d’une villageoise, est dessiné do main de maître. Sancho est également intéressant ; son courage excite la sympathie. Ainsi que l’a fait observer un critique, le principal mérite de ce remarquable ouvrage est dans la peinture des moeurs. Ce sont bien là les idées, les croyances du moyen âge espagnol ; c’est bien là l’organisation sociale de ces temps ; c’est bien là ce siècle énergique et encore à demi barbare, où la force brutale et le caprico du plus fort décidaient de tout. Quant à la connaissance intime dos mœurs et des sentiments de cette époque, Lope de Vega l’avait acquise en étudiant l’histoire, les vieilles chroniques, les anciennes romances espagnoles, qu’il connaissait mieux que personne de ses contemporains.

Le Meilleur alcade a été traduit en français par M. Damas-Hinard, tome 1er du Théâtre de lope de Vega (Paris, 1841, 2 vol. in-12).

MEILLONAZ (Marie-Anne Carrelet, dame Marron, baronne de), peintre et femme de lettres française, née à Dijon en 1725, morte à Bourg-en-Bresse en 1778. Elle s’adonna avec un certain succès à la peinture et exécuta des tableaux dont on voit quelques-uns à Notre-Dame de Dijon. En 1752, elle épousa le baron de Meillonaz. À la suite d’une discussion littéraire qui eut lieu devant elle, dans un cercle intime, au sujet de Sophonisbe de Voltaire, elle refit la pièce d’abord en prose, puis en vers (17G7). Deux années après, elle rit paraître deux tragédies : les Héraclides ou le Dévouement de la famille d’Hercule, et Childéric, roi de France, puis successivement le Prisonnier, appelé ensuite le Comte d’Barville ; Atride et Clarice ; Antigone ; le Bonpère ou l’École des pères, comédie. Voltaire a parlé avec éloge de Mme de Meillonaz et l’astronome Lalande a écrit sa vie (1780).

MEÏMENDY (Khodjah-Ahmed-ibn-Haçan, surnommé al), homme d’État musulman, né à Meîmend (Khoraçan), mort en 1033 de notre ère. Pendant dix-huit ans, il remplit avec des talents supérieurs les fonctions do vizir du célèbre sultan de Perse Mahmoud le Ghaznévide, introduisit à sa cour le poète Ferdouçy, se vit en butte à de nombreuses accusations de la part de ses envieux, mais se maintint au pouvoir, grâce à la haute protection que lui accorda la sultane Hnrnm-Nour. Après la mort de cette princesse, Meïmendy fut destitué et relégué dans une forteresse do l’Indoustan. Sous le règne du sultan Mus’oud, il recouvra la liberté, fut do nouveau appelé à diriger les affaires et mourut trois ans après,

MEIN, en latin itfsnusou Maganus^ rivière d’Allemagne, qui se forme dans la Bavière septentrionale, cercle de Haute Franconie, par la réunion, en aval de Culmbach, de deux ruisseaux appelés le Mein Blanc et ie Mein Rouge ; ils prennent tous deux leur source dans les montagnes du Fichtelgebirge, le premier au mont Ochsenkopf, le second, plus au S., près du viliage de Kreussen. Le Mein, se dirigeant de l’E. À l’O., traverse la Bavière, la Hesse-Darmstadt et les provinces prussiennes de

Hesse, et se jette dans le Rhin, à Castel-Mayence, vis-à-vis de Mayence, après un

cours de 450 kilom., dont 300 sont navigables. Parmi les localités baignées par ses eaux, nous signalerons : Baireuth, Wurss-