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duisit d’importantes améliorations. Dans son désir d’organiser l’Allemagne en un corps politique plus compacte, et de mettre un terme aux guerres civiles intérieures, il divisa l’empire en cercles et adhéra à la ligue de Sûreté de la Sounbe ; mais la Suisse, qui avait été comprise dans ces cercles et qui avait été invitée à adhérer à la ligue, s’y refusa énergiquement, parce que c’eût été,

Far cet acte, reconnaître la suzeraineté de Autriche. L’empereur, soutenu par toute la ligue d" Souabe, lui déclara la guerre (1498) ; mais, vaincu dans six sanglantes batailles, il se vit forcé de sigr.er (22 septembre 1499) la traité de Bàle, qui consomma la séparation complète de la Suisse avec l’empire d’Allemagne.

Le successeur de Charles VIII, Louis XII, ayant de nouveau porté les armes en Italie et s’étant emparé dune grande partie du royaume do Naples et de Milan, Maximilien se vit forcé, par le manque de troupes et d’argent, de reconnaître le roi de France comme possesseur légitime du duché de Milan ; il reçut, il est vrai, comme indemnité, une somme do 200,000 livres et la promesse que son fils épouserait Claude de France, tille de Louis XII ; mais cette promesse ne fut pas tenue, et Claude fut fiancée de nouveau, en 1500, au jeune duc d’Angoulémo, plus tard roi sous, le nom de François Ior. Furieux de cette nouvelle insulte de la part de la France, Maximilien pénétra en Italie, à la tête d’une armée, et marcha sur Milan ; mais il fut battu à Cadore par les Vénitiens, qui s’emparèrent ensuite do Fiume et de Trioste. Ces échec» firent tourner sa colère contre la république vénitienne, et, oubliant son ressentiment contre Louis XII, il consentit à entrer dans l’alliance formée entre ce prince, le pape Jules II et le roi Ferdinand d’Aragon, sous lu nom de Liyue de Cambrai, pour châtier ces orgueilleux marchands dont la puissance le disputait alors à celle des premiers États de l’Kurope. Mais, abandonné par le pape et par Ferdinand, avec lesquels les Vénitiens effrayés s étaient empressés de traiter, il fut trop faible pour lutter seul et en conçut une haine encore plus profonde pour la France, sur laquelle il fit retomber l’insuccès da l’entreprise. Aussi, en 1511, il adhéra à la Sainte-l.igue formée contre cette puissance entre le pape, les rois d’Angleterre et d’Aragon et Venise. On a vu, au règne de Louis XII, quel fut le résultat de cette nouvelle guerre, qui aboutit à la bataille de Guinégalo ou Journée des Eperons (17 août 1513). François Ier, ayant reconquis le Milanais en 1515, conclut avec Maximilien le traité de Bruxelles, qui non-seulement abandonnait aux Français la possession du duché, mais donnait encore Vérone aux Vénitiens, moyennant une somme de 200,000 ducats payée a l’empereur.

Maximilien Ier, on le voit, ne fut guère heureux dans ses entreprises militaires ; mais s’il n’agrandit pas par.—es conquêtes les possessions de la maison d’Autriche, il atteignit ce but d’une autre manière, par des héritages et surtout par des mariages. (Je fut ainsi qu’en unissant son fils Philippe à Jeanne, infante d’Espagne, et sa fille Marguerite à l’infant Jean, il fit passer la couronne d’Espagne dans sa famille, à laquelle il assura en outre la possession des royaumes de Bohème et de Hongrie, en négociant le mariage da ses deux petits-enfants, Ferdinand et Marie, avec Anne et Louis, fille et fils du roi Ladtslas II. Ce fut lui qui posa ainsi les fondements de la puissance de son petit-fils, Charles-Quint, qui lui succéda.

L’Allemagne lui dut, en outre, un grand nombre d’institutions, telles que rétablissement de la chambre impériale (1495) et du conseil aulique de l’empire (1501) ; lu création d’une milice permanente (Laitds/aiechtc) et du service des postes, une nouvelle organisation do la police, etc. Il avait montré, dès Ba jeunesse, beaucoup de goût pour l’étude des. sciences et des lettres. Il protégea toujours les savants, les poiHes et les artistes et enrichit plusieurs universités, notamment celles de Vienne et d’ingolstadt. Sa bravoure personnelle et sa galanterie lui méritèrent, autant qu’à François L’f, le surnom de liai chevalier ; mais il manquait d’un esprit vraiment politique et capable de concevoir et de mener à bout de grandes entreprises. « Il n’existe et il n’a jamais existé, je crois, dit Machiavel, de prince plus dissipateur : c’est ce qui fait qu’il est toujours dans le besoin, et que, quelle que soit la situation où il se trouve, il n’a jamais assez d’argent. Son caractère est extrêmement inconstant : aujourd’hui il veut une chose, et ne la veut plus le lendemain ; il ne veut prendre lus avis de personne et croit ce que chacun lui dit ; il désire ce qu’il ne peut avoir et se dégoûte de ce qu’il pourrait 'obtenir : delà les résolutions contraires qu’on lui voit prendre à chaque instant. D’un autre côté, il a l’humeur extrêmement guerrière ; il sait conduire et maintenir une armée en ordre et y faire régner la justice et la discipline. Il sait supporter aussi bien que personne les fatigues les plus pénibles ; plein de courage dans le péril, il n’est inférieur, comme capitaine, à qui que ce soit de ce temps. Dans ses audiences, il montre beaucoup d’affabilité, mais il no veut les donner que lorsque cela lui convient ; il n’aime point que les ambassadeurs viennent lui faire la cour, à moins qu’il ne

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les fasse appeler auprès de lui. Il est extrêmement secret. Il vit dans une agitation continuelle de corps et d’esprit ; mais souvent il défait le soir ce qu’il a arrêté le matin.» Outre un grand nombre d’écrits sur l’art militaire, l’horticulture, la. chasse et l’agriculture, il avait dicté un récit complet, mais romanesque, de sa vie (v. Weiss-Ku- Nie). Il a longtemps passé en Allemagne pour l’auteur du 2'heuerdank, dont il est le héros. L’empereur Ferdinand Ior) son petit-fils, lui fit élever un monument à Inspruck. Sa Vie a été écrite de nos jours en allemand par Klupfel (Berlin, 1864).

' — Iconogr. L« musée du Louvre possède un beau portrait de l’empereur Maximilieu Ier, dont l’auteur est inconnu. Maximilien, coiffé d’une toque de velours rouge, vêtu d’une robe fourrée et portant le collier de la Toison d’or, est représenté de profil, tourné a droite ; il tient à la main un papier sur lequel on déchiffre quelques mots de haut allemand à peine intelligibles, et que le livret traduit de la sorte : ■ Moi, pauvre soldat, je demande mon congé de dix semaines, de vous conseil et secours comme... » Ce portrait est de l’école flamande.

Albert Durer a consacré à Maximilien un certain nombre de compositions remarquables. On a de lui le Portrait de l’empereur en 1519 (musée de Vienne) ; le Char de triomphe de Maximilien, immense peinture murale de l’hôtel de ville de Nuremberg, malheureusement restaurée et détériorée à plusieurs reprises, et la célèbre suite de gravures connue sous le nom de Triomphe de Maximilien, huit grandes planches sur bois divisées en quatre-vingt-douze parties. Le Triomphe de Maximilien est une des merveilles do la gravure sur bois. Hans Burgkmair, né en U"3, a composé également un Triomphe de l’empereur Maximilien ou Histoire de ses guerres, carrousels, fêtes ; la Généalogie de l’empereur Maximilien, suite de soixante-dix gravures représentant en pied les personnages dont il lait descendre son héros ; les Images des saints et saintes de la famille de Maximilien, suite de cent vingt-deux gravures sur bois. Notons encore les illustrations originales d’un livre curieux, le Weiss Kunig (le Roi blanc), dénomination allégorique de Maximilieu. Ces gravures, qui retracent la naissauce, l’éducation et les hauts faits de l’empereur, sont dues en partie à Burgkmair, en partie à Albert Durer. Le texte et les gravures sur bois, dont les planches ont pu être rassemblées au nombre de deux cent trente-sept, ont été publiés en ms (in-8°).

MAXIMILIEN H, empereur d’Allemagne, né en 1527, mort à Ratisbonne en 1576. Il était fils de l’empereur Ferdinand [er et d’Aune, fille de Ladislas, roi de Bohême. Élevé à la cour d’Espagne, sous les yeux de (Jharles-Quint, son oncle, dont il épousa la fille Marie, il manifesta, sous l’influence do son premier précepteur, Wolfguug ïieverus, un goût prononcé pour la Reforme, fut sur le point d’embrasser le luthéranisme et entretint une correspondance avec les chefs du parti protestant. Néanmoins, les remontrances paternelles, le spectacle attristant des disputes violentes qui s’étaient élevées entre les protestants, la permission accordée aux laïques de recevoir la communion sous les deux espèces le décidèrent à continuer à professer la religion dans laquelle il était né. Elu successivement roi des Romains (1558), roi de Bohème (1562) et de Hongrie (1563), il succéda à son père, l’année suivante, sur le trône impérial. Peu après, en 1505, il repoussa une attaque dirigée contre la Hojngrie par le prince do Transylvanie, Jean Zapoly, qui fitalliance uvecSoliman, et, l’année suivante, le sultan lui déclara la guerre. Aussitôt, Maximilien convoqua à Augsbourg une diète, pour demander dos secours contre les musulmans (1566J. D’une voix unanime, protestants et catholiques lui accordèrent, pour trois années cousécutives, des subsides plus considérables que tous ceux qu’on avait votés jusqu’alors ; puis les deux partis religieux, très - animés l’un contre l’autre, exposèrent leurs prétentions réciproques à Maximilien, qui se borna au rôle de médiateur et déclara s’en tenir à la paix de religion conclue en 1552.

Avec les subsides obtenus, l’empereur leva une année de" 100,000 hommes qu’il conduisit en Hongrie pour repousser les Turcs ; mais, sur lus entrefaites, Soliman étant mort, son successeur Sélim II évacua la Hongrie et conclut avec l’empereur, eu 1507, une trêve de huit années. Maximilien permit en 1568 aux seigneurs et membres de l’ordre équestre professant en Autriche le luthéranisme d’exercer leur culte dans leurs domaines ; il intercéda, mais en vain, cette même année, auprès du roi d’Espagne en faveur des Pays-Bas, mit tous.ses soins à empêcher les guerres de religion et demanda nommaient à la diète réunie à Spire, en 1570, d’interdire des levées d’hommes qui se faisaient dans 1 empire pour le compte de la cour de France et des huguenots. Voyant sa santé décimer, il fit cuuroiiner son fils aîné, Rodolphe, roi de Hongrie (1572) et de Bohème (1575). puis convuqua à Ratisbonne (1575) une diète à laquelle il demanda de désigner ce prince comme son successeur au trône impérial, et le fit élire roi des Romains. Lorsque Henri III eut déposé brusquement la couronne de Pologne poux

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aller mettre sur sa tête celle de France (1574), Maximilien proposa son fils Ernest aux Polonais. Un parti nombreux l’élut lui-même pendant qu’un autre parti choisissait pour roi Étienne Bathori, qui s’empressa de se rendre on Pologne et fut couronné après avoir signé une capitulation que Maximilien s’était refusé à souscrire Peu après, l’empereur mourut subitement. C’était, au dire de Henri III, le gentilhomme le plus accompli de son temps. À une grande dignité naturelle, il joignait la grâce des manières, un grande affabilité envers tous, une douceur de caractère qui n’excluait ni la fermeté ni l’énergie. Il était sobre, actif, équitable, judicieux, éclairé, parlai t avec une grande facilité plusieurs langues, cultivait et protégeait les sciences et les arts. Enfin, ce qui pour le temps où il vécut peut être regardé comme son plus beau titre de gloire, il montra une grande tolérance pour les opinions religieuses, accorda aux protestants le libre exercice de leur culte et, comme on lui demandait do les persécuter, il répondit par cette parole mémorable pour l’époque ■ « Ce n’est point en rougissant les autels du sang hérétique qu’on peut honorer le Père commun des hommes. » Il avait eu cinq fils, dont deux, Rodolphe et Matthias, furent empereurs, et trois filles, dont l’une épousa Charles’IX, roi de Fiance.

MAXIMILIEN (François-Xavier-Joseph), dernier électeur de Cologne, évêque de Munster, grand maître de l’ordre Teutonique, fils cadé -le Marie-Thérèse, né en 1756, mort à Vienne en 1S01 II se montra protecteur éclairé des arts et des sciences, fit construira de magnifiques édifices dans ses États, établit des écoles primaires jusque dans les plus petits villages, et refusa constamment, pendant la Révolution, de se prêter aux vues des émigrés français

MAXIMILIEN, nom de plusieurs ducs et rois de Bavière. V. Bavière (souverains de).

MAXIMILIEN-JOSEPH, roi de Bavière.

V. BaviÈris.

Mniiniiiirn-Jo.ppi. (ordriî de). Ordre de chevalerie créé, le 1«janvier 1806, parMuximilien-Joseph, premier roi de Bavière, qui

lui a donné son nom, et l’a spécialement destiné à récompenser les services militaires. 11 se compose de trois classes : grands-croix, commandeurs, chevaliers Les, sujets bavarois qui y sont admis acquièrent la noblesse personnelle, et, si leur père ou leur aïeul ont joui de la même faveur, la noblesse héréditaire. Cette décoration donne droit a une pension qui cesse d’être payée dès que les membres se retirent du service. Le nombre des membres est illimité. La décoration consiste en une croix en or, émaillée blanc, à quatre branches et huit rayons pommettes d’or Les angles sont remplis de lames d’or. Le milieu est occupé par un médaillon émaillé bleu, sur lequel an voit, d’un côié le chiffre en or du roi Maximilien, de l’autre la devist. : Virtuti pro patria Une couronne royale réunit la croix au ruban qui est noir, avec une bordure blanche et bleue da chaque côté. La décoration est portée par les grands-croix en écharpe de droite à gauche, au cou par les commandeurs, et à la boutonnière par les chevaliers. Les grands-croix ont, en outre, sur le côté gauche de la poitrine une plaque qui reproduit la croix et son inscription.

Maxlittilïen pour la science ot l’nri (ORDRU.

de) Ordre d« chevalerie créé, le 28 novembre 1853, par Maximilien II, roi de Bavière, pour récompenser les services rendus dans les sciences, les lettres et les arts Les membres forment une seule classe ; mais celle-ci est divisée en deux sections, une pour la science et l’autre pour l’art. Le ruban est bleu foncé liséré de blanc. La devise se coinpose des mots : Fur Wissenschaft mid Kunst (Pour la science et l’art).


MAXIMILIEN-JOSEPH, prince et littérateur bavarois, né le 4 décembre 1808. Il est. le fils aîné du duo Auguste, dont il a hérité, en 1834, les titres et privilèges de la maison princiore des Deux-Ponts-Birkenfeld. I ! étudia k l’université de Munich et voyagea ensuite en France, en Angleterre, en Suisse, en Italie, et enfin en Grèce, en Turquie, en Égypte, en Nubie et en Syrie. Il a publié le récit de ses voyages en 1830-1840. Sous le pseudonyme de Phimtutuè. Il a également fait paraître des drames et des nouvelles fort estimés : Nouellen (1831) ; Livre d’esquisses (1833) ; Jacobina (1835) ; le Beau-frère (1S3S). Il a aussi publié un Recueil de chants popu taires et de mélodies de la haute Biwière (1S40). Admis au conseil d’État en 1827, le duc Maximilien a assisté à toutes les niètes tenues depuis. Eu 1848, il a été nommé lieutenant général de l’armée bavaroise et commandant de la milice du cercle de Haute Bavière.


MAXIMILIEN (Ferdinand-Joseph), empereur du Mexique, archiduc d'Autriche, né à Schoenbrünn le 6 juillet 1832, fusillé le 19 mars 1867. Frère de l'empereur d'Autriche François-Joseph Ier, il devint successivement, par droit de naissance, vice-amiral, membre du conseil d'amirauté, commandant en chef de la marine, colonel d'un régiment de lanciers autrichiens, chef du régiment prussien des dragons de Neumark n° 3. Le 23 juillet 1857, l'archiduc Ferdinand épousa la fille de Léopold, roi des Belges, la princesse Charlotte, âgée de dix-sept ans. Peu après, il reçut le gouvernement du royaume Lombard-Vénitien, et habita Milan jusqu'à l'époque de la guerre d'Italie en 1859. Deux ans plus tard, il fut nommé président de la Chambre des seigneurs; mais il ne tarda pas à se démettre de ce poste, fit un voyage en Angleterre, puis se rendit avec sa jeune femme à Paris. Le frère du vaincu de Solferino et la petite-fille de Louis-Philippe reçurent un brillant accueil à la cour des Tuileries, et se concilièrent les sympathies du despote qui gouvernait alors la France.

Lorsque, à l'instigation du parti clérical et des porteurs de bons Jecker (v. JECKER), le gouvernement français fit l'impolitique et funeste expédition du Mexique, et résolut d'implanter un empire dans ce pays, il jeta les yeux sur l'archiduc Ferdinand, et le désigna à l'assemblée de cléricaux notables qui se réunit à Mexico après la prise de cette ville par les Français. Cette assemblée, représentant non le pays, mais le parti rétrograde, s'empressa de proclamer Ferdinand empereur du Mexique (10 juillet 1863), et envoya auprès de l'archiduc une commission chargée de lui offrir la couronne. Le 3 octobre 1863, la commission arriva au château de Miramar et présenta au jeune prince le vote des notables. Ce ne fut pas, parait-il, sans de longues hésitations que l'archiduc Ferdinand se détermina à se lancer dans une aventure qui devait lui être si fatale ; mais, sur les instances de sa femme, avide de ceindre une couronne ; sur l'assurance formelle que lui donna le chef du gouvernement français de le maintenir sur le trône avec l'argent et les soldats de la France jusqu'en 1868, après une longue et laborieuse négociation dirigée par Gutterrez de Estrada, il finit par accepter (10 avril 1864), avec le consentement de son frère, l'empereur d'Autriche, et renonça alors à ses droits éventuels sur la couronne d'Autriche.

Devenu empereur du Mexique sous le nom de Maximilien, il s'embarqua avec l'impératrice Charlotte, le 14 avril, sur la frégate autrichienne la Novara, et débarqua à la Vera-Cruz le 29 mai. Il fut froidement reçu dans cette ville, où dominait le sentiment patriotique et libéral. Mais, grâce au parti clérical qui organisa des ovations sur sa route, il put croire, en arrivant à Mexico (12 juin), qu’il était accepté par la population. Pendant que l'armée française poursuivait le grand patriote Juarez (v. JUAREZ), et essayait, mais en vain, d'écraser définitivement la résistance héroïque des républicains au joug étranger, Maximilien s'occupa d'organiser le gouvernement. Mis au pouvoir par les cléricaux et les réactionnaires, il les appela à la direction des affaires, décréta une amnistie pour les délits politiques, dans l'espoir de s'attirer des partisans, décida que chaque dimanche il donnerait des audiences à ceux qui avaient à lui proposer des projets utiles ou à lui demander le redressement d'abus, et institua plusieurs commissions, chargées d'étudier et d'organiser les diverses parties de l'administration. Le maréchal Bazaine fut mis à la tête de la commission de la guerre ; un autre Français, M. Corta, présida la commission des finances, et M. Velazquez de Léon, ministre d’État, fut chargé de modifier dans le sens d'un gouvernement absolu l'administration intérieure. Après avoir, le 26 juin, donné la régence à l'impératrice, il partit pour aller visiter les provinces de l'empire et les villes les plus importantes de l'intérieur, dans le but d'étudier par lui-même l'esprit des populations. Bien que circonvenu par son entourage clérical, Maximilien, qui ne manquait ni de sagacité ni de bon vouloir, put bientôt constater qu'il faisait fausse route, et acquit la conviction qu'il n'y avait que danger dans une politique de réaction, qu'il ne pouvait rien fonder que par un large système de conciliation, s'étendant à ceux-là mêmes qui étaient ses adversaires. Jusque-là il était l'empereur du parti clérical qui l'entourait, qui occupait les principales fonctions. Après son voyage, Maximilien inclina visiblement vers des nuances d'opinions plus libérales qu'il s'efforça de rallier à l'empire ; il étendit le cercle de ses choix pour les fonctions du gouvernement, sans tenir compte des antécédents ; il appela notamment au ministère des hommes plus jeunes et plus actifs, qui étaient connus pour leur libéralisme modéré. Le 27 décembre 1864, il se décida à faire de lui-même ce que le saint-siége ne voulait pas l'aider à faire. Il chargea le ministre de la justice de lui proposer immédiatement une mesure ayant pour effet d'assurer l'entretien de l'Église aux frais de l'État, la gratuité du culte, de garantir les intérêts légitimes créés par les lois de réforme, au moyen d'une révision soigneuse des opérations de désamortissement ; enfin, il recommanda à son ministre de se guider « d'après les principes les plus larges et les plus libéraux sur la tolérance religieuse, sans perdre de vue que la religion de l'État est la religion catholique. » Pendant l'année 1865, Maximilien porta dans toutes les parties de l'administration des velléités de libéralisme, et montra le désir de doter le Mexique de plusieurs institutions et améliorations utiles. À vrai dire, le statut ou constitution qu'il avait promulgué n'offrait aucune garantie, et laissait au pouvoir toute latitude dans l'arbitraire, car il n'établissait ni institutions politiques sérieuses ni une représentation nationale