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cet homme eut le temps de s’enfuir à Hambourg, et là il fit paraître une diatribe calomnieuse et, virulente contre son bienfaiteur. Les détracteurs de l’ex-capucin s’emparèrent avidement de ce libelle diffamatoire, qui est devenu le texte de tout ce qui a été dit et écrit contre un homme dont le plus grand tort était d’avoir vu le jour sous une mauvaise étoile.

On voit ensuite Maubert, rentré en grâce auprès de l’électeur de Saxe, roi de Pologne, prêter le secours de sa plume au comte de Bruhl contre la Prusse. Les brochures publiées irritèrent le grand Frédéric, qui obtint que l’écrivain serait expulsé des Pays-Bas. Gouvest vint alors à Bruxelles et dut à la protection du comte de Cobentzel une pension de 600 ducats, le privilège de la Gazette et la direction de l’imprimerie royale. Mais, au milieu de cette prospérité momentanée, il se vit en butte à mille tracasseries, à mille vexations de tous les instants ; Maubert dut songer à la retraite et rentrer en France, où le maréchal de Belle-Isle lui promettait un emploi. Nouveau mécompte !… quand il arriva, le maréchal était mort.

Cet événement fit prendre à Maubert le chemin de l’Allemagne, où il obtint la direction de la troupe de comédiens français qui devait jouer à Francfort durant les l’êtes du couronnement de l’empereur.

Il se rendait à Francfort, lorsqu’il fut arrêté « comme moine fugitif et vagabond • et incarcéré sans autre forme de procès. Il resta onze mois sous les verrous, S’étant évadé, grâce à (assistance d’un ami, il retourna à Amsterdam et n’y fut pas plus tôt arrivé qu’il fut jeté en prison, sur la plainte d’un certain libraire avec qui il était en procès. Il ne fut él « rgi qu’au bout de deux ans, quand l’affaire eut été vidée, et s’achemina vers le Danemark. À Altuna, il succomba à un accès de goutte, n’ayant que quarante-six ans.

On a reproché au publiciste normand d’avoir acheté à Durey deMorsan, en Hollande, au prix de 20 écus, le manuscrit du Testament politique du cardinal Alb'jronit et de l’avoir publié avec ses initiales (M. D. G.) ; mais le fait est complètement faux, puisque l’ouvrage fut composé à Ailaman, en Suisse, bien avant l’époque où Maubert se. rendit en Hollande.

MAUBEUGE, en latin Malbodium, ville forte de France (Nord), chef-lieu de Canton, arrond. et à 16 kilom. N. d Avesnes. sur la Sambrej pop. aggl., 4, 074 hab. — pop. tôt., 13, 234 hab. Hauts fourneaux, fabrication de quincaillerie, scieries de marbre, brasseries, iabrication de clous, filatures de lin. Commerce de houilles, ardoises, marbre, fer. Cette petite ville, située dans une très-forte position sur la Sambre, doit son origine à un monastère fondé eu 650 par sainte Aldegonde, fille d’un seigneur du pays. On voit encore dans le trésor de l’église paroissiale une des sandales de la sainte. L’abbaye de Maubeuge fut convertie (967) en un chapitre dechauoinesses qui, au xiie siècle, renoncèrent aux vœux solennels pour se séculariser. Elles faisaient frapper de petites monnaies déplomb qui avaient cours dans tout le Hainaut, et avaient le gouvernement de la ville et de son territoire, et la juridiction soit au civil, soit au criminel. Pour être reçue chanoinesse à Maubeuge, il fallait prouver une noblesse très-ancienne dont l’origine fût indépendante de tout acte d’anoblissement par*charte princiére.

Maubeuge n’était d’abord qu’un bourg, qui fut détruit par les Normands en 881. Peu à peu une ville se forma à l’ombre du monastère, et bientôt Maubeuge, à l’exemple d’autres villes nées dans les mêmes circonstances, revendiqua des privilèges municipaux ; il paraît prouvé qu’elle jouissait déjà d’une organisation communale au xiiie siècle. En effet, à cette époque (1293 environ), Jean d’Avesnes, comte de iriaiuaui, ayant demandé à Maubeuge une contribution de guerre, les habitants la refusèrent et joignirent à ce refus les injures les plus violentes. Le comte irrité revint en force contre la ville, qui se soumit et dut subir alors les conditions du vainqueur. Ces conditions, tout en maintenant à Maubeuge ses franchises municipales, la plaçaient directement sous la main du comte, par suite d’une série d’impôts échelonnés au profit de ce dernier. La ville était alors assez riche par la fabrication de draps qui composait sa principale branche de commerce. Moins d’un demi-siècle plus tard (1339), le comte Guillaume de Haiuaut constitua enfin d’une manière positive la bourgeoisie de Maubeuge en augmentant ses franchises et ses privilèges. Maubeuge est une des villes du Nord qui eurent le plus k souffrir des vicissitudes de la guerre. Sa situation suffît à en donner l’explication. En 1477, Louis XI s’en empara et la livra aux flammes. La maison commune et l’église de Noire-Dame de la Croix échappèrent, seules au désastre. En 1543, le dauphin, fils de François Ier, alors en guerre avec Charles-Quint, prit à son tour Maubeuge et y ralluma 1 incendie. Enfin, dix ans plus tard (21 juillet 1553), Henri II y renouvela le même désastre. Pendant le xviie siècle, Maubeuge passa successivement au pouvoir du caruinal de La Valette (1637), de don Francisco de Mello, gouverneur des Pays-Bas (1641), et du duc (i’Harcourt pour la France (1653). Le traité de Nimègue nous maintint aéUuitivemeui aa. possession (1679). L’en MAUB

ceinte de Maubeuge était alors plus étendue qu’aujourd’hui, mais ses fortifications ruinées par les sièges nombreux qu’elle avait soutenus n’offraient plus aucune défense. Louis XIV visita Maubeuge en 1680 et chargea Vauban de l’entourer de nouveaux ouvrages : le terrain de ces ouvrages ayant été pris sur la ville même, l’enceinte se trouva diminuée d’autant. Les Autrichiens assiégèrent Maubeuge en 1793, mais la victoire de Watignies les força à lever le siège. Cette place fut encore vainement assiégée en 1814 par la duc de Weimar, mais en 1815 elle tomba entre les mains des alliés, et les Russes l’occupèrent jusqu’en 1818.

Maubeuge posséda longtemps une des plus importantes manufactures d’armes de France. Cette manufacture, créée par lettres patentes de Louis XIV en 1704, employait avant la Révolution 418 ouvriers et— fournissait exclusivement les fusils d’infanterie, mousquetons et pistolets. Sous la République, le Consulat et l’Empire, la manufacture de Maubeuge prit une puissante extension : elle occupa un instant jusqu’à 1, 200 ouvriers et fabriqua dans une seule année jusqu’à 36, 000 armes. La paix ralentit considérablement cette activité, et sous la Restauration le chiffre d’ouvriers ne dépassait plus 500. Le gouvernement résolut alors d’ordonner la suppression de la manufacture, suppression qui, retardée par les vives instances de la ville, a eu lieu définitivement en 1835.

Maubeuge, ville toute militaire, ne possède aucun monument digne de remarque, sinon ceux que nous avons cités dans le cours de cette notice, mais nullement au point de vue architectural.

Eu face de Maubeuge, sur la hauteur de la Falize, on trouve une fontaine miraculeuse, qui est un but de pèlerinage très-fréquenté.

MAUBEUGE (Jean Gassacrt, dit dk), peintre flamand. V. Mabitse.

MAUBEUGEOIS. OISE s, et adj. (înô-heujoi, oi-ze). Géogr. Habitant de Maubeuge ; qui appartient à cette ville ou à ses habitants : Les MAUBKuCrKOis. La population maubeu-

OliOISK.

MAUBOIS s m. (mô-boi). Comm. Sorte d’étoffe fabriquée à Lyon, et qu’on emploie pour les vêtements d’hommes.

MAUBOUGE s. m. (mô-bou-je). Dr. coût. Impôt sur les boissons qui entraient ou que l’on brassait dans les lieux où il y avait foire et marché.


MAUBOURGUET, bourg de France (Hautes-Pyrénées), oh.-l. de cant., arrond. et à 27 kiloin. N. de Tarbes, au confluent de l’Adour et del’Echez ; 2, 516 hab. Récolte et, commerce de vins excellents. On y remarque une belle église, bâtie par les templiers au xive siècle, et les ruines de l’abbaye de La Réole, dont quelques chapiteaux ont été recueillis dans la mairie de Tarbes.


MAUBREUIL (Marie-Armand, comte de Guerri de), marquis d’Orvault, aventurier français né à Maubreuil en 1784, mort à Paris au mois de juin 1868. Il appartenait à l’une des plus anciennes familles de la Bretagne et du Poitou. Sa mère étant morte en lui donnant le jour, il se trouva de bonne heure à la tête d’une grande fortune. Il avait suivi son père en émigration, mais sa grand-mère paternelle obtint que l’enfant reviendrait auprès d’elle et de son grand-oncle, le marquis d’Orvault. Il avait alors quinze ans. La Vendée était soulevée pour la deuxième fois en faveur des Bourbons ; plein d’ardeur, il se jeta dans les rangs des Vendéens, où l’on comptait déjà vingt-deux membres de sa famille. Il combattit à la tête de ces paysans aveuglés qui, fanatisés par leurs prêtres et leurs seigneurs, amis des privilèges, repoussaient avec un entêtement qualifié d’héroïsme cette bienfaisante Révolution, dont la moindre tâche était de les arracher à l’asservissement et à l’ignorance. Le jeune marquis a reconnu plus tard, dans une brochure imprimée, que la cause qu’il défendait alors n’était pas celle qui convenait à son pays. « On peut l’excuser, dit-il, de s’être trompé à son âge. » Quand la province fut pacifiée, il revint auprès de son aïeule et de son grand-oncle, qui lui firent achever en deux ans ses études.

Au commencement de l’Empire, nous le retrouvons, par les soins de Caulaincourt, placé en qualité d’écuyer et de capitaine des chasses auprès de Jérôme, roi de Westphaîie. Sa bonne mine, son luxe et ses chevaux lui valurent la faveur du jeune roi. Nommé lieutenant au 1er  régiment de chevau-légers, il fit la campagne d’Espagne, sauva son colonel dans une rencontre, se signala par sa bravoure devant Alcantara, où il eut son cheval tué sous lui, et reçut la croix de la Légion d’honneur. Rappelé à la cour de Cassel avec le grade de capitaine des chevau-légers de la garde, il encourut bientôt la disgrâce du roi pour avoir inspiré de la passion à la maîtresse du souverain. Forcé de quitter le service de Jérôme par suite de cette aventure, à laquelle il ne faut pas trop se presser d’accorder une entière créance, car c’est lui-même qui s’en est fait le narrateur, il vint à Paris, encore fort riche, et se jeta dans des spéculations ayant pour but la fourniture des vivres-viandes de l’armée et les remontes de la cavalerie française. Ces entreprises compromirent en grande partie sa fortune. Pour le dédommager, on lui proposa l’approvisionnement de Barcelone et de toutes les places d’Espagne occupées par les Français. Comme payement, on lui accordait l’importation de denrées coloniales pour des sommes équivalentes à ses livraisons. Ce traité lui devait assurer des bénéfices considérables. Quoique déjà signé par le ministre de l’administration de la guerre, il fut rompu par Napoléon, qui se borna à dire : « Plus tard on indemnisera. » De ce moment date la haine de Maubreuil pour les Bonaparte. Cependant, en février 1814, alors que, témoin des malheurs que l’Empire avait fait fondre sur la France, il oubliait ses propres revers, il offrit de lever à ses frais deux escadrons de cavalerie dans les départements de l’ancienne Bretagne et de les conduire en partisans contre les alliés. Sa proposition fut rejetée ; Maubreuil se laissa de nouveau dominer par son mécontentement ; il sympathisa avec les affidés des Bourbons.

Le caractère ardent et vindicatif de cet homme, qui déjà avait fait tous les métiers, servi tous les gouvernements, ne devait pas tarder à éclater publiquement. Lorsque les alliés entrèrent à Paris en 1814, Maubreuil, ivre de joie et de vengeance, se montra en compagnie de Sosthène de La Rochefoucauld, un des hommes les plus exaltés du parti des Bourbons. Il parcourut les boulevards, vociférant contre l’empereur, et attacha même sa croix de la Légion d’honneur à la queue de son cheval. Il eut l’impudeur de prendre la tête du cortège avec ses nobles amis, qui, pour mieux saluer encore l’entrée triomphale de nos vainqueurs, imaginèrent d’abattre lu statue de Napoléon qui surmontait la colonne Vendôme. Maubreuil et Sosthène de La Rochefoucauld, attelés à des cordes passées autour du cou de la statue, allèrent jusqu’à s’attirer le mépris du grand-duc Constantin et des ennemis de notre patrie, par leurs démonstrations insensées.

Ces actes de frénésie frappèrent ce honteux Talleyrand, qui, d’abord l’âme des menées antinationales et alors le chef du gouvernement, provisoire, était sans doute en quête d’un séide qui voulût se charger d’une mission délicate. Talleyrand fit écrire à Maubreuil par Roux-Laborie, son confident intime et secrétaire du gouvernement provisoire, pour l’attirer chez lui. Un entretien eut lieu, à la suite duquel Maubreuil reçut, a-t-il déclaré plus tard, la mission d’assassiner Napoléon et ses deux frères Joseph et Jérôme, d’enlever le roi de Rome et de s’emparer des diamants et des trésors de la reine de Westphalie. Des ordres signés du ministre de la guerre général comte Dupont, du commissaire provisoire de la police générale Anglès, du directeur général des postes Bourrienne, de l’autorité militaire russe et de l’autorité militaire prussienne, datés des 16 et 17 avril 1814, enjoignirent de mettre à la disposition de Maubreuil toutes les forces militaires françaises et étrangères, les agents de l’autorité administrative, les chevaux et postillons dont il lui plairait de requérir le secours pour l’accomplissement d’une mission secrète et l’exécution des mesures qu’il prendrait « pour le service de S. M. Louis XVIII. »

C’est avec des pouvoirs aussi extraordinaires, et dont les pareils avaient été délivrés à un nommé Dassies, ex-garde-magasin de Nogent-sur-Marne, son complice, que Maubreuil, suivi de ce dernier, quitta, le 18 avril, à midi, Paris, que la reine de Westphalie avait abandonné le même jour à trois heures du matin. Maubreuil revêtit en route un uniforme de colonel de hussards et Dassies un habit de garde national. À Montereau, tous deux se présentèrent chez l’officier commandant les troupes ; ils s’annoncèrent comme aides de camp du ministre de la guerre, exhibèrent les ordres dont ils étaient porteurs, et mirent en réquisition huit mameluks et chasseurs de la garde. À la tête de ce détachement ils arrêtent, le 21 au matin, à peu de distance du village de Fossard, la princesse et sa suite, lui déclarant qu’ils sont chargés de saisir ses malles, parce qu’elle est soupçonnée d’avoir enlevé les diamants de la couronne, puis ils ordonnent aux postillons de conduire jusqu’à Fossard la voiture qui portait les caisses ou malles. En même temps Maubreuil fait demander à Montereau un second détachement de chasseurs et mameluks. La reine, reléguée dans une écurie de l’auberge de Fossard, voit ouvrir ses caisses, au nombre de onze, contenant ses bijoux, ses diamants et son or ; ces caisses furent chargées sur une patache et dirigées sur Paris, malgré ses protestations et ses pleurs. Pendant que la reine, forcée de monter en voiture, est escortée par deux chasseurs qui la laissent à deux lieues de Fossard, Maubreuil et Dassies sortent du village en calèche et rejoignent la patache sur la route. Lorsque les caisses furent ouvertes, le 26 avril, à la préfecture de police, on trouva un déficit en diamants et en bijoux évalué à deux millions de francs environ ; de plus, 84,000 francs en or avaient disparu. On retrouva une partie des diamants et bijoux dans les divers domiciles de Maubreuil, l’autre partie dans la Seine, près du pont des Invalides. La reine, dès le 21 avril, avait écrit de Villeneuve-la-Gaillarde à l’empereur Alexandre, son parent, pour l’informer du guet-apens dont elle venait d’être victime. Sur la plainte de ce dernier, le gouvernement provisoire fit arrêter Maubreuil et Dassies. Ce dernier fut mis en liberté le 10 octobre, mais Maubreuil, qui avait fini par déclarer qu’il avait été chargé de tuer Napoléon, fut traduit devant le tribunal correctionnel de la Seine, pour n’avoir pas fidèlement exécuté les ordres d’autorités militaires supérieures, puis comme accusé de vol à main armée sur une grande route. Maubreuil n’opposa, pour toute défense, que les ordres qu’il avait reçus. Le tribunal s’arrêta devant des documents aussi graves et se déclara incompétent ; Maubreuil fut en conséquence mis à la disposition des ministres, c’est-à-dire de ceux qui avaient signé les pièces dont il était porteur. Transféré à l’Abbaye et tenu au secret le plus rigoureux, il fut rendu à la liberté l’avant-veille de l’entrée de Napoléon à Paris, le 18 mars 1815. Il se retira à Saint-Germain chez le comte Danès, maire de cette ville, son ami. Quant à son complice Dassies, il se rendait au-devant de Napoléon à Auxerre, et recevait de lui le grade de colonel et un brevet d’officier de la Légion d’honneur. Saisi au bout de cinq jours par la police de Napoléon, Maubreuil fut traduit devant un conseil de guerre, qui se déclara, lui aussi, incompétent. Son affaire ayant été renvoyée devant les tribunaux ordinaires, il allait être jugé par la cour d’assises, lorsque, avec l’aide du marquis de Brosses, officier des Bourbons, qui était accouru de Gand, il parvint à fuir à Bruxelles sous un nom supposé et en prenant la qualité de marchand de chevaux. Mais à peine avait-il atteint cette ville, fort souffrant d’un coup de pied de cheval à la jambe, qu’il fut enlevé par ordre du comte de Sémalle, commissaire de Louis XVIII près du roi des Pays-Bas, et transporté à Gand, dans une chambre de l’hôtel de ville, où Maubreuil, désespéré, s’ouvrit les veines avec un éclat de verre. On le guérit, et ordre fut donné par le roi des Pays-Bas de le transférer à la citadelle de Vesel. Une lieue avant d’arriver à Tirlemont, des hommes masqués et armés mirent en fuite son escorte et l’emmenèrent. Ce fait étrange peut faire supposer qu’à la cour de Louis XVIII Maubreuil possédait des amis puissants.

La seconde Restauration étant venue modifier les choses, Maubreuil revint à Paris et y vécut ignoré, résistant à son ami Auguste de La Rachejacquelein, qui l’engageait à se réfugier en Vendée. Il se flattait d’être oublié, lorsqu’en 1816 il fut signalé à la police comme étant sans cesse occupé d’intrigues contre le gouvernement royal et comme ayant formé le projet d’enlever les princes français à Saint-Cloud. Toutefois, ce ne fut point à raison de ces faits qu’on le déféra à la justice. Le 12 janvier 1817, on distribuait à tous les députés une adresse du marquis de Brosses, présentée par celui-ci en faveur de son ami Maubreuil. Un arrêt de la cour royale intervint, mettant hors de cause et rendant à la liberté Dassies, et renvoyant Maubreuil en police correctionnelle, comme prévenu seulement d’abus de confiance. Maubreuil comparut, le 10 avril 1817, devant le tribunal correctionnel de la Seine. Il essaya de se défendre lui-même, voulut soulever le voile qui couvrait sa conduite et rejeter sur les premiers coupables l’odieux de cette singulière et ténébreuse aventure. La publicité fut interdite, et un arrêt de la cour de cassation renvoya le marquis devant la cour royale de Rouen, puis devant la cour de Douai. L’affaire était pendante, quand une main mystérieuse ouvrit au prisonnier les portes de son cachot ; et c’est ici le cas de remarquer que chaque fois que Maubreuil se trouva dans une situation critique, son évasion fut toujours favorisée. Le tribunal correctionnel de Douai ne tarda pas à le condamner par contumace à cinq ans de prison, dix années d’interdiction des droits civils, et à une amende de 500 francs, pour avoir, sous prétexte d’une mission particulière, enlevé les diamants de l’ex-reine de Westphalie. Maubreuil, réfugié en Angleterre, envoya aussitôt aux grandes puissances réunies au congrès d’Aix-la-Chapelle un écrit ayant pour titre ; Adresse au congrès d’Aix-la-Chapelle, par Marie-Armand de Guerri de Maubreuil, marquis d’Orvault, concernant l’assassinat de Napoléon et de son fils, attentat ordonné par la Prusse, la Russie et les…, dans lequel tout ce qu’il avait fait, tout ce qui lui avait été demandé, tout ce qu’il avait souffert était dévoilé. Ce factum eut un retentissement européen. Les trois grandes puissances dont les agents avaient signé les ordres de Maubreuil réclamèrent auprès du gouvernement anglais, qui répondit que « dans la Grande-Bretagne la voie des tribunaux était ouverte à tout le monde. » Le marquis, menacé d’enlèvement, tracassé par la police française, eut l’idée de solliciter alors du cabinet britannique l’autorisation de se rendre à Saint-Hélène, pour, disait-il, s’expliquer avec Napoléon lui-même. Le refus qu’il essuya lui fournit l’occasion de publier une nouvelle brochure. Enfin, privé de tout moyen de subsistance, il revint à Paris et se présenta audacieusement à la préfecture de police. On parut d’abord disposé à le laisser libre ; mais étant tombé malade et s’étant fait transporter à l’hospice Saint-Louis, il en fut enlevé pour être conduit à la Conciergerie. La, on le menace, puis on lui propose une pension de la part du gouvernement s’il consent à se retirer à l’étranger. Il accepte de se rendre à Bruxelles et d’y séjourner six mois. Passé ce délai, il revint à