Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 10, part. 3, Lu-Marc.djvu/96

Cette page n’a pas encore été corrigée

MACÂ

des ouVragûS les plus attrayants et les plus instructifs qui existent. Les articles qui le composent appartiennent presque tous au. genre biographique et sont consacrés à l’histoire politique et littéraire d<s l’Angleterre : c’est une galerie de portraits dignes dp Rubens et de Van Dyck, et où figurent Milton, Machiavel, Byron, Hampden, Horace Walpole, lord Châtain, Bacon, -William Temple, Addison, Johnson, Frédéric le Grand. L’auteur a combiné avec un grand bonheur les ressources d’une riche imagination et les éléments fournis par la réalité. Son art n’a que le tort d’être un peu trop sensible. Il y a dans sa manière abus de l’antithèse. Macaulay n’énonce jamais une pensée remarquable sans en préparer l’effet par un contraste ; il n’expose jamais un fait saillant sans le mettre en relief par le rapprochement de faits contraires. Cet artifice, qui revient perpétuellement et qui se marque jusque dans la coupe symétrique dé sa phrase, serait monotone si Macaulay ne trouvait dans l’étendue de son savoir, la précision de sa mémoire et la fécondité de son imagination d’inépuisables moyens de Variété. »

Les wighs ayant repris possession du pouvoir, en 1846, Macaulay occupa un poste dans le cabinet formé par lord John Russell. Mais la carrière ministérielle de l’historien devait être de courte durée. Député d’Edimbourg, il défendit la subvention du séminaire catholique de Maynooth. Cet acte de tolérance irrita ses électeurs protestants et, lors des élections de juillet 1847, il perdit son siège, qui fut donné à M. Cowan. Macaulay profita des loisirs que lui créait cet échec pour quitter momentanément la politique et . s’adonner à des travaux historiques. En 1848, il publia le premier volume de sa belle Histoire d’Angleterre, à laquelle nous avons consacré un article spécial (v. histoire), et qui eut un succès éclatant. L’année suivante, l’université de Glasgow le choisit pour recteur. Il devint, également en 1S49, conseiller honoraire de Lincoln’s lnn, puis, en 1850,professeur d’histoire à l’Académie royale.

Lors des élections de 1852, la ville d’Edimbourg, qui regrettait vivement son vote de 1847, tint à honneur de reporter ses voix, sur l’illustre historien. Macaulay y fut élu membre du Parlement sans avoir fait un seul discours, une seule circulaire, une seule dépense, et vint reprendre son siège dans cette Chambre des communes qui avait été privée pendant cinq années de l’éclat de son nom. Mais il n’y rapportait point les mêmes forces et soulfrait déjà du mal qui devait prématurément terminer sa via. Il s’affaiblissait visiblement et, se trouvant bientôt hors d’état do répondre selon sa conscience à la confiance de ses commettants, il leur rendit, en 1855, le mandat qu’il tenait d’eux. En 1858, la reine l’appela à siéger à la Chambre des lords ; mais il ne lit qu’y paraître : l’affaiblissement rapide de ses forces semblait étouffer la feu de son âme. Il s’éteignit en décembre 1859. Il repose aujourd’hui sous les voûtes de Westminster,

Lecteur infatigable, Macaulay lisait tout et retenait tout. Il était particulièrement curieux des œuvres de l’imagination populaire : il cherchait dans les vieilles ballades, dans les chants de la rue, dans les complaintes de l’échafaud, les traces des impressions passées de la foule, restées dans ses habitudes ou dans ses souvenirs. Il était véritablement bon, aimable, et passait pour un des plus agréables causeurs qu’où put rencontrer. Il parlait comme il écrivait, avec abondance, et était inépuisable en histoires intéressantes. Le célèbre Sidney Smith n’avait pas de plus redoutable rival en causerie, et, bien que grand ami de Macaulay, il ne.pouvait toujours se résigner à se voir enlever la parole, 11 s’en vengeait par d’innocentes épigrammes. ’ ■ Macaulay est bien plus agréable depuis son retour de l’Inde, dit-il un jour ; il a maintenant des éclairs de silence. • Il racontait encore que le ministre d’Amérique en Angleterre, fatigué par ses compatriotes qui voulaient tous être présentés à Sidney Smith ou à Macaulay, s’était procuré deux personnes pour jouer leur rôle et essuyer les présentations. « Il a joué de malheur, ajoutait Sinith, car les Américains assurent chez eux qu’ils ont vu un Sidney Smith qui avait l’air gauche et un Macaulay silencieux.»

Mais le jugement le plus heureux peut-être qui ait été porté sur Macaulay est tout entier dans ce mot spirituel de lord Melbourne, qui dit un jour de son collègue au ministère : «Je voudrais être sûr d’une seule chose autant que Macaulay est sûr de toutes choses. > La certitude d’avoir raison est, en effet, le trait le plus marqué de l’esprit et du caractère de Macaulay ; ce sentiment n’avait rien chez lui de l’entêtement ou de l’orgueil : c’était une sorte de foi religieuse dans la puissance de la vérité et dans les moyens de.la rendre manifeste à l’intelligence de l’homme ; c’était aussi la forte sérénité d’une belle âme, heureuse du temps où elle vivait, lière et contente du grand spectacle que lui offrait son pays, et intérieurement flattée de sa propre considération et de sa propre gloire :

« Mucaulay, dit M. Tuine, est libéral dans le plus large et le plus beau sens du mot. Il demande que tous les citoyens soient égaux devant la loi, que les hommes do toutes les sectes soient déclarés capables de toutes les fonctions publiques. Il réfute M. Gladstone et

Mac A’

les partisans des religions d’État avq’c une ardeur d’éloquence, une abondance de preuves, une force de raisonnement incomparables ; il démontre jusqu’à l’évidence que l’Etat n’est qu’une association laïque, que son bût est tout temporel, que son seul objet est de protéger la vie, la liberté et la propriété des citoyens ; qu’en lui confiant la défense des intérêts spirituels on renverse l’ordre dès choses, et que lui attribuer une croyance religieuse c’est ressembler à-un homme qui, non content de marcher avec ses pieds, confierait encore à ses pieds le soin d’entendre et de voir. Cet amour de la-justice chez Macau- ’ lay devient une passion quand il s’agit de la ; liberté politique ; c’est là le point sensible et, . quand on la louche, on touche l’écrivain au cceur. Macaulay l’aime par intérêt, parce qu’elle est la seule garantie des biens, du bonheur et de la vie des particuliers ; il l’aime par orgueil, parce.qu’elle est l’honneur de. l’homme ; il l’aime par patriotisme, purce qu’elle est un héritage légué par les générations précédentes... Ce qui frappe en Macaulay, c est l’extrême solidité de son esprit. H prouve tout ce qu’il dit avec une force et.une autorité étonnantes’. On est’presque*sûr dé ne jamais s’égarer en le suivant. S il emprunte un témoignage, il commence par mesurer la véracité et l’intelligence des auteurs qu’il cïte-j et par corriger Tes erreurs qu’ils peuvent avoir commises par négligence ou partialité. S’il prononce un jugement, il s’appuie sur les faits les plus certains, sur les principes les plus clairs, sur les déductions les plus simples et les mieux suivies. S’il développe un raisonnement, il ne se perd jamais dans une digression. S’il s’élève à des considérations générales, il monte pas à pas tous les degrés de la généralisation Sans en omettre un seul. Toujours, dans ses livres, la discussion saisit et emporte le lecteur ; elle avance d’un mouvement égal, avec mie force croissante, en ligne droite, comme ces grands fleuves d’Amérique aussi impétueux qu’un torrent et, aussi larges qu’une mer. Cette abondance de ’ pensée et de style, cette multitude d’explications, d’idées et de faits, cet amas énorme de science historique va roulant, précipité en avant par la passion intérieure, entraînant les objections sur son passage, et ajoutant à l’élan de l’éloquence la force irrésistible de sa masse et de sou poids. »

Outre les ouvrages précités, Macaulay a publié deux volumes de Discours (Londres, 1854), Ses œuvres ont été traduites en français par MM. de Peyronnet, Amédée Pichot, Guillaume Guizot, etc..,

MACAULAY - GRAHAM (Catherine Gambridge, dame), femme auteur anglaise, née à, Ollantigh, comté de Kent, en 1733, morte à Benfield, comté de Berks en 1791. Les uns ont loué, exalté, presque sanctifié mistress Macaulay ; le ministre Wilson lui érigea une statue de marbre dans son église paroissiale de Waibrock ; les autres ont poussé la critique jusqu’au inépris. Aujourd’hui, elle est tombée dans le plus complet oubli, et à peine ses nombreux ouvrages sont-ils feuilletés encore par quelques rares érudits.

Catherine Gambridge fit elle-même son éducation. A vingt-sept ans, elle se maria avec le docteur Macaulay. Devenue veuve en 1778, elle épousa un tout jeune homme, le frère de Graham, si célèbre en Angleterre par son empirisme. Ce mariage disproportionné fut. l’occasion et le point de départ des railleries qu’eut à subir mistress Macaulay-Gruham tout le reste de sa vie, et ces railleries, adressées d’abord à la femme, rejaillirent sur l’auteur et sur son œuvre. Ses ennemis enveloppèrent habilement le tout dans le même ridicule, et tout fut tué du même coup.

C’est trois années après son premier mariage, en 1763, que mistress Macaulay fit paraître le premier volume de son Histoire d’Angleterre depuis Jacques Jet jusqu’à l’auénement des Brunswick, qui comprend 8 volumes in-8°. Elle publia ensuite Remarques sur les principes du gouvernement et de la société par Hobbes (1767, in-8°) ; Pensées détachées. sur quelques principes de Hobbes (1769, in-8°) ; Pensées sur les motifs du mécontentement actuel (1770) ; Plaidoyer modeste pour ta propriété littéraire (1774, in-8°) ; Histoire d’Angleterre depuis la dévolution jusqu’au temps présent, et une suite de Lettres à fin ami adressées au docteur Wilson, prébendier de Westminster (bath, 1778, l vol. in-4«) ; Adresse au peuple d’Angleterre, d’Écosse et d’Irlande sur les affaires présentes (1775, in-8°) ; Traité sur l’immobilité des vérités morales (1763, in-s°) ; Lettres sur l’éducation (1790, in-8°) ; Observations sur les réflexions de AI. Burke sur ta Révolution française (in-8°).

Dans les œuvres diverses dont nous venons de donner les titres, surtout dans la première qui est la plus remarquable, l’auteur révèle un esprit élevé et une passion ardente pour la liberté.

MACAULEY (Elisabeth Wright), dame anglaise, née en 1785, morte à York en 1837. Elle fut d’abord comédienne et parut sur les théâtres de Londres, puis abandonna la carrière dramatique pour aller faire de ville en ville des cours publics sur la religion, la philosophie, la littérature, etc., cours qui lui valurent un grand succès de curiosité,

MACAULT (Antoine), traducteur français, né à Niort vers la fin du xve siècle. Il fut valet de chambre de François Ier en même

Macô’

temps que Marot. Il traduisit plusieurs ouvrages grecs et latins d’une façon assez remarquable et dans un style d’une grande netteté : Diodore de Sicile (1535) ; le Combat des ratsetdes grenouilles (1540) ; les Apophthegmes d’Érasme (1545) ; l’Institution d’un jeune prince ' envoyée par Isocrate à JVicoclèp (1547) ; les Quatorze phitippiques’de Cicçron (1548, in-fol.). Son ami Clément Marot a célébré son mérite dans une pièce de vers qui se termine ainsi : .... Macault le gentil traduisant Mille bous mots propres à oindre et poindre ■ Dicts par les Grecs et Latins : t’avisant Si bonne grâce eurent en bien disant, Qu’en escrivant Macault ne l’a pas moindre..„

MACAYO, ville du Brésil, dans la province d’Alagoas ; 5,000 hab. Port sur l’océan Atlantique. ■ ■•• ■

MACBETH, roi d’Écosse, dont le nom et les forfaits ont été immortalisés par Shakspeare dans Une admirable tragédie, mort en 1057.’ Il était cousin germain du roi Duncan VII’ et devint, après la mort de son père Sinéll, thane de Glamis. D’une grande bravoure, il se signala dans une expédition contre Mac- ’ diiald, troi des Iles, puis fit un grand carnage des Danois qui avaient envahi le royaume. Ces succès lui gagnèrent la faveur populaire. et commencèrent^ faire naître en sou esprit l’idée de parvenir au trône. D’après la chronique de Holinshed, Macbeth se rendait auprès du roi Duncan avec son ami Banquo, lhane de Loehquhabir, lorsque, en traversant une lande, il aperçut trois vieilles femmes à l’aspect farouche et surnaturel. « Salut, Macbeth, thane de Glamis 1 dit l’une. Salut, Macbeth, thane de Cawdor 1 fit la seconde. Salut, Macbeth, futur roi d’Écosse ! dit à son tour la troisième. — Quelles femmes êtesvous, leur dit alors Banquo, vous qui promettez tout à mon compagnon et rien à moi ?,

— Nous te promettons, reprit une des vieilles femmes, de plus grands bienfaits qu’à lui, car il fera une triste fin et ne laissera pas d’enfants pour lui succéder, tandis que tes descendants monteront sur le trône d’Ecosse, à Et à ces mots les trois sorcières disparurent. En arrivant à la cour de Duncan, Macbeth apprit que le thane de Cawdor venait d’être dépossédé pour crime de félonie et qu’il était nommé à sa place. Cette prompte réalisation d’une des prédictions des sorcières ne lui laissa plus douter qu’il ne parvînt au trône. Poussé par sa femme, rion moins ambitieuse et sanguinaire que lui, sûr de trouver des appuis dans quelques-uns de ses amis, Macbeth assassina Duncan dans le château d’Inverness et se fit proclamer roi (1040). Pendant environ dix années, il gouverna avec assez de modération et dé justice ; mais enfin, tourmenté par les alarmes que lui causaient les fils de Duncan échappés à ses poursuites, il donna un libre cours à son humeur farouche et sanguinaire. Il commença par faire tuer Banquo, son ami, et, pour rendre vaine la prédiction des sorcières au sujet de la postérité de ce dernier, il ordonna de mettre à mort Fleance, fils de Banquo, qui parvint à s’échapper ; puis, sous prétexte 3e félonie, il fit périr un grand nombre de seigneurs dont il confisqua les biens. Il s’enferma alors dans son château de Dunsinane, se croyant à l’abri de tout danger, parce qu’on lui avait prédit qu’il ne serait pas tué par un homme fié d’une femme, ni vaincu, tant que la forêt de Bimam ne serait pas transportée à Dunsinane. Cependant l’orage grondait sur sa tête. Macdun, comte do Fife, dévoué à Malcolm, fils de Duncan, se rendit en Angleterre, obtint une armée du roi Édouard et marcha contre Macbeth. Tout à coup ou vint annoncer à ce prince, enfermé dans son château fort, que la forêt de Birîia’in s’avançait vers le château. C’étaientlés soldats de Macduff et de Malcolm qui, pour dissimuler leur marche, s’étaient couverts de grands rameaux coupés dans la foret. Frappé de stupeur en voyant s’accomplir la prédiction, Macbeth voulut néanmoins se défendre ; mais, dès le commencement de l’action, ses soldats s’enfuirent et lui-même périt sous les coups de Macduff, qui n’était pas né à terme, mais avait été tiré par forcé du sein de sa mère.

Maciioih, tragégie de Shakspeare, représentée en 1606, un de ses grands chefs-d’œuvre. Macbeth est l’œuvre qui met le mieux en relief les côtés sombres et terribles de ce génie si familier avec le mystère et la terreur. En lisant la chronique de Holinshed, que nous avons résumée plus haut, ’ on s’aperçoit que Shakspeare n’a rien eu a inventer, comme exposition et comme dénoûment de l’action ; il n’a eu qu’à creuser les caractères et à leur donner cette vie intense qui anime toutes ses créations. La chronique lui fournissait les événements et les personnages ; ce qui appartient en propre au poêle, c’est lu relief tragique qu’il leur a donné, ’ et cette terrible création de lady Macbeth, à l’aide de laquelle les diverses parties du drame ont leur lien et l’ensemble son unité.

L’exposilion de Macbeth est fantastique et transporte l’esprit d’un bond dans les infernales sorcelleries du moyen âge. Les trois weirds (sorcières) sont accroupies dans une lande déserte. À droite, dit Al. Phil. Chaules, grondent les Ilots do la mer houleuse qui déferle sur les sables ; à gauche, la guerre, la mêlée, les passions furieuses, le sang qui coule, Les Norvégiens sont descendus pour

M’aC’B’

èiô’

piller les terres. Macbeth et son ami Banquo se battent pour le roi Duncan, bonhomme et pieux, mais « soupe au lait, » dit la chronique, ce qui explique mille choses. Les weirds s’interpellent à peu près en ces mots dont nous conservons l’assonance et l’accent brutal :

iro weird. Quand nous reverrons-nous toutes les trois,

Sous la foudre, ou l’éclair, ou la pluie ?.î° weird. Quand ils auront terminé leur brouhaha ;. ■

—Quand la bataille, perdue et gagnée, sera finie.

1 3* weird.i Avant le soleil couché, tout sera fait.

lro weird. Quel est l’endroit ? 2e weird. La lande inculte. • Vr

i3c wrird. Nous y trouverons Macbeth. ■ lr« weird. Oh 1 ohl. chat Graymalkin, tu m’appelles, ;

Je suis à toi, j’arrive. ■j. : i, iihj, j.’..•

les trois weirds. Paddock nous attend, . le crapaud nous demande, Nous voici.. Le beau, c’est l’affreux ; l’affreux, c’est le

beau.

Dans l’air épais, dans la brûmê’ih’fectôi v Glissons, passons, fuyons.

Les vieilles retournent à leur chat et à leur crapaud. La bataille finit ; le vainqueur, annoncé pur ses clairons aigus, — truVè’vse Ta bruyère. « Oh ! le beau jour, s’écrie Macbeth, et le triste jôurl Oncques n’en vis-jede pareil. • Ici commence la vraie création shak- : spearienne : Macbeth aura le tempérament poétique. Il ne sera pas le vulgaire tyran, mais un être heureusement, noblement doué, ■ intéressant dans le crime, homme d’imagination rêveuse, sensible aux impressions extérieures ; son oreille attentive écoutera les. cris de l’oiseau funéraire. Comme il est fait pour vivre dans la sphère idéale, -il sera lé’martyr de sa propre, pensée, et.si-hy.foflçe morale lui manque, les rares instincts et lesdons précieux qui sont en lui toucheront notre cœur d’une pitié profonde. Bariqùb, s’on compagnon d’armes, n’est point préoccupé de l’état du ciel et du soleil ; il veut tout bonnement se rendre à Forres par le plus court chemin. C’est lui qui rencontre et aperçoit les gardiennes de la bruyère. ’■

Banquo. Quels sont ces êtres vêtus de si sauvages habits, si décrépits et si courbés, qui marchent sur la terre et ne ressemblent pas à ceux qui l’habitent ? Parlez, êtes-vous dès êtres vivants ? La voix d’un homme peutelle vous interroger ? Toutes trois, do vos doigts crochus, vous fermez vos lèvres sèches et blêmes, et vous paraissez ine comprendre... Êtres à barbe grise et qui semblez des femmes, qui êtes-vous ? ’

Macbeth. Si vous pouvez parler, répondez, qui êtes-vous ?

ir« weird. Macbeth, salut à toi, thane de Glamis, salut h toi 1

2e wkird. Macbeth, salut à toi, thane de. Cawdor, salut à toi I

30 weird. Macbeth, salut à toi I un jour tu seras roi. »

À peine est-il rentré dans son château que Macbeth apprend à la fois qu’il est nommé thane de Cawdor, réalisation de la premièro prophétie, et que le roi Duncan lui fait demander l’hospitalité, ce qui peut lui donner le moyen de réaliser la seconde. Les suggestions de lady Macbeth ébranlent son esprit incertain. Ce personnage de lady Macbeth, quoiqu’il ne fasse qu’apparaître, écrasa tous les uutres. Sa volonté de femme ambitieuse maîtrise le faible Macbeth.

« Thane de Glamis, s’écrie-t-elle, thano de Cawdor, tu l’es déjà ; ce que l’on t’a promis’, tu le seras aussi. Je te connais cependant ; ta nature m’effraye. Tu ne sais pas prendre la routé la plus brève, celle par où l’on arrivé. Le lait de la charité humaine coule dans tes veines. Tu voudrais la grandeur ; l’umbition ne te manque pas : ce qu’elle exige de mal, tu n’oses l’exécuter. Tu veux rester pur et tu voudrais être grand. Tu veux gagner le prix qui couronne la fraude et tu ne veux pas être perfide.., . Les créneaux dé mos murailles vont te recevoir, ô Duncan, et cette fatale entrée ; le corbeau s’enroue en vain à ta l’annoncer. Venez, esprits qui donnez des pensées de mort. Que je perde mon sexe I Faitesmoi cruelle et féroce, que mon sang s’épaississe, point de remords !... ■

La scène qui suit.le meurtre est terrible. Macbeth reparaît les mains ensanglantées, et ce qui le tourmente, c’est do n’avoir pu dire amen.

Lady Macbeth. Ne creusez pas ces idées. Macbeth. Mais pourquoi donc n’ai-je pa3 pu dire amen ? C’est moi qui eu avais besoin, de la grâce d’en haut. L’amen que je voulais prononcer m’étouffait.

Lady Macbeth. Il ne faut pas penser de cette manière à des actes pareils ; on deviendrait fou. •

Macbeth. Il m’a semblé qu’une voix me disait à l’oreille : Plus de sommeil, MacbethI Macbeth a tué le sommeil ! Le sommeil, qui est l’innocence, le réparateur de la vie quand les soucis en déchirent la trame ; le sommeil, qui nourrit l’homme, étanche les plaies de notre âme, nous baigne dans l’oubli et nous f : ii’t revivre clinquè jour,

107