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jardins, est la promenade favorite des habitants de Lyon. À l’extrémité des bassins se dressent deux élégants pavillons.

Les autres places sont : la place des Terreaux ou de l’Hôtel-de-Ville, décorée d’une jolie fontaine et bordée par l’hôtel de ville, le palais des Arts et le cercle du Divan dont l’aspect est imposant ; la place des Cordeliers, où l’on remarque une fontaine monumentale en fonte, le palais de la Bourse, le grand marché couvert et l’église Saint-Bonaventure ; la place des Célestins, décorée d’une fontaine en fonte ; la place Sathonay, plantée de marronniers, au milieu de laquelle a été placée une fontaine surmontée de la statue de Jacquard, par Foyatier ; la place de Lyon, décorée de jardins et d’une fontaine monumentale ; la place Saint-Jean, qui se fait remarquer par un charmant monument en marbre blanc servant de fontaine et couvrant un groupe sculpté par M. Bonnassieux ; la place Tholozan, où a été érigée une statue en bronza du maréchal Suchet, et la place Morand, décorée de squares et d’une fontaine surmontée de la statue de Lyon, par M. Bonnet.

Les plus belles promenades de Lyon sont celles de Rouville et de la Tête-d’Or. La promenade de Rouville se compose de jardins anglais qui dominent la rive gauche de la Saône, et d’où l’on découvre de charmants points de vue. Le parc de la Tête-d’Or, le bois de Boulogne de Lyon, couvre, sur la rive gauche du Rhône, une superficie de près de 120 hectares. On y remarque des parterres, des jardins botaniques, des collections d’arbustes exotiques, une galerie d’histoire naturelle, des serres, une riche pépinière, des pièces d’eau, des ponts rustiques, des cafés, etc.

Un service inauguré en 1856 par la Compagnie générale des eaux de France alimente toute la ville, à l’aide d’un puisard établi en amont de Lyon, et de deux réservoirs placés sur le flanc et au sommet du coteau de Montessuy. Un réservoir spécial de 5,000 mètres cubes fournit l’eau nécessaire à l’arrosage public.

Le système de fortification qui couvre Lyon et les villes suburbaines se compose de trois parties distinctes : celle de la rive du Rhône, qui entoure la Guillotière et les Brotteaux ; celle de la rive droite de la Saône, qui défend l’accès de Vaise, de Fourvières et de Sainte-Foy ; enfin celle d’entre Saône et Rhône, qui protège la Croix-Rousse et la ville proprement dite. La première partie comprend, en allant du N. au S., les forts de la Tête-d’Or, des Charpennes, des Brotteaux, de la Part-Dieu, de Villeurbanne, de Lamothe, du Colombier, et enfin celui de la Vitriolerie, situé au bord du Rhône, près du chemin de fer de Lyon à la Méditerranée. Entre les Brotteaux et le fort de la Part-Dieu, on remarque un grand établissement d’artillerie, de construction toute récente. En avant du fort des Charpennes se trouve le Grand-Camp, terrain de manœuvre de l’armée de Lyon. La deuxième partie se compose des forts Sainte-Foy, Saint-Irénée, et de ceux de Loyasse, de Vaise et de la Duchère. Ces ouvrages sont soutenus par une enceinte continue, qui, commençant au-dessus du pont d’Ainay, au fort Saint-Just, contourne le plateau de Fourvières et se termine sur le rocher de Pierre-Scise. La troisième partie comprend l’enceinte continue de la Croix-Rousse, qui commence au fort Saint-Jean, et en avant de laquelle s’élèvent les forts de Caluire et de Montessuy. Du haut de leurs parapets, ainsi que des torts Sainte-Foy et Saint-Just, on jouit de points de vue magnifiques.

Monuments. Lyon est riche en monuments religieux et civils.

L’église primatiale, dédiée à saint Jean et classée parmi les monuments historiques, fut commencée à la fin du XIIe siècle, et terminée en 1470. C’est un bel édifice gothique. La façade et le chevet sont flanqués de deux tours carrées, dont l’une renferme une cloche du XVIIe siècle, pesant 10,000 kilog. La partie supérieure du portail date de la fin du XVe siècle. Les voussures de la façade offrent encore, malgré les mutilations qu’elle a subies, surtout en 1562, des bas-reliefs très-curieux. Les principales curiosités de l’intérieur de l’édifice sont : les boiseries du chœur, apportées de Cluny ; les vitraux ; deux croix conservées à droite et à gauche de l’autel depuis la tenue du concile général de 1274 ; l’horloge astronomique, construite en 1598 par Nicolas Lippius, de Bâle ; une belle chaire en marbre blanc ; deux statues en marbre blanc, saint Jean et saint Étienne ; la chapelle de Saint-Louis, bâtie au XVe siècle par le cardinal de Bourbon et son frère Pierre de Bourbon, gendre de Louis XI.

L’église d’Ainay, qui occupe l’emplacement d’un temple dédié à Rome et à Auguste par soixante nations des Gaules, fut bâtie au VIe siècle. Détruite par les Sarrasins au VIIIe siècle, et reconstruite plus tard dans le style byzantin, elle fut consacrée en 1106 par le pape Pascal II. « La façade, dit M. Mérimée, est ornée d’un cordon de losanges incrustés en couleur rouge. À l’extérieur, l’abside présente un appareil varié, composé de pierres taillées en losanges, en carrés, etc., dont la forme se dessine au moyen d’incrustations semblables. » La porte principale paraît remonter au XIIIe siècle ; la tour qui la surmonte semble être postérieure à la construction primitive. On remarque à l’intérieur les quatre colonnes de granit qui soutiennent la coupole et qui appartiennent à l’époque romaine ; les peintures sur fond d’or, dont H. Flandrin a décoré les trois chapelles absidales, et le marchepied du maître-autel, magnifique mosaïque exécutée par M. Morat et se composant de trois médaillons qui représentent : le Bon pasteur, des Colombes buvant dans une coupe et des Colombes becquetant des raisins entassés dans une corbeille ; la chapelle de la Vierge, qui contient une belle statue de Bonnassieux, des bas-reliefs de M. Fabisch, un confessionnal du style byzantin, chef-d’œuvre de menuiserie ; le beau portail antique qui forme l’entrée des fonts baptismaux ; la chapelle Saint-Martin, dont la voûte est décorée de fresques. Près de l’église d’Ainay se voit une ancienne église dans laquelle se trouve la crypte qui passe pour avoir été la prison de saint Pothin et de sainte Blandine.

Saint-Nizier, bâtie au-dessus d’une chapelle souterraine, offre un beau portail de la Renaissance construit par Philibert Delorme et orné des statues de la Vierge, par Bonnassieux, de sainte Anne, de saint Joachim et de saint Nizier, par M. Fabisch. La tour méridionale et la flèche gothique qui la surmonte sont modernes. L’attention est attirée à l’intérieur par une belle Statue de la Vierge, œuvre de Coysevox, et le maître-autel, en marbre blanc de Carrare, remarquable par la délicatesse de ses ornements.

Saint-Irénée renferme une crypte qui remonte au IIe siècle, et qui contient les tombeaux de saint Irénée, de saint Epipode et de saint Alexandre. On y voit aussi une grande quantité d’ossements qui sont regardés comme ceux des dix-neuf mille martyrs immolés par ordre de Septime-Sévere.

L’église Saint-Bonaventure, commencée au XIVe et terminée au XVe siècle, vient d’être tout récemment restaurée ; les portails ont été relevés avec beaucoup de soin. On y remarque de très-beaux vitraux, style XVesiècle, peints par Steinheil, et plusieurs ouvrages de sculpture, en particulier la châsse de saint Donatien, par M. Bellot, d’après un dessin de Mme Benoist.

L’église Saint-Georges, récemment agrandie sur les plans de M. Bossan, est surmontée d’un fort joli clocher. Elle renferme également un maître-autel gothique, sculpté récemment sur les dessins du même architecte Cet autel est surmonté d’un retable représentant les saintes femmes au tombeau, sculpté par M. Fabisch.

Saint-Polycarpe possède le plus bel orgue de la ville. Cet instrument compte quarante-huit jeux et a été fabriqué par un artiste lyonnais, M, Zeiger. Tout récemment on a construit dans cette église une chapelle très-riche et d’un goût remarquable. De belles sculptures, dues au ciseau de M. Fabisch, ornent le maître-autel. Elles représentent un saint Jean l’Évangéliste se reposant sur le cœur de Jésus.

L’église de l’Hôtel-Dieu, qui a son entrée place de l’Hôpital, est richement ornée. On y remarque une chaire en marbre, des stalles et des boiseries de chapelle très-bien sculptées ; deux groupes très-remarquables, représentant l’un Jésus-Christ, Marthe et Marie, l’autre une Vierge soutenant le corps du Christ sur ses genoux, ont été sculptés dans le marbre, le premier par M. Fabisch, le second par M. Blanchet. On voit enfin dans cette église un bas-relief très-beau, représentant Notre-Dame de Pitié.

L’église de l’Immaculée-Conception, aux Brotteaux, qui vient à peine d’être terminée, est un monument assez vaste, construit dans le style roman. Les voûtes de la nef sont très-élevées et s’appuient sur des arcades à plein cintre surhaussées, dont les retombées portent sur des piliers formés de quatre cotonnettes accouplées. L’intérieur n’a rien de remarquable.

Parmi les autres églises de Lyon nous signalerons : Saint-Pierre, dont le portail roman date du IXe ou du Xe siècle ; Saint-Paul, dont la coupole et la porte latérale sont d’architecture byzantine ; Saint-Pierre-aux-Liens, belle église moderne dans le style du IXe et du Xe siècle, renfermant un magnifique maître-autel ; la chapelle de l’Enfant-Jésus ; la loge du Change, servant depuis 1810 de temple aux protestants ; le temple évangélique, etc.

Sur une colline de la rive droite de la Saône s’élève l’église Notre-Dame-de-Fourvières. De nombreux chemins y conduisent, notamment la montée Saint-Barthélémy. Cette église doit son nom au forum romain qui se trouvait jadis à cette place. C’est en grande partie une construction moderne en style roman. L’intérieur de cette église n’a rien de particulièrement remarquable ; elle est tapissée d’ex-voto apportés par les fidèles du culte catholique venus de tous les points de la France. Deux tableaux assez ordinaires ornent l’intérieur de l’église. Le premier est de M. Martin Daussigny et rappelle l’inondation de 1810. Il représente la ville de Lyon réfugiée sur des ruines que les eaux envahissent déjà et implorant la Vierge, Le second, dû à Victor Orsel, représente Lyon épargnée par le choléra grâce à l’intervention de la Vierge. Au bas de ce tableau on voit la colline de Fourvières, puis au-dessous le portrait du peintre, mort avant d’avoir terminé son œuvre, qu’ont achevée ses amis. La tour de Notre-Dame-de-Fourvières a des proportions énormes qui s’harmonisent mal avec l’ensemble du monument et l’écrasent. Elle a 52 mètres de hauteur et sur son sommet se trouve placée une statue de la Vierge en bronze doré. Cette statue a été payée par le produit de quêtes faites parmi les fidèles du culte catholique. Elle fut installée au commencement de décembre 1851. Elle a été fondue par MM. Lanfrey et Constant Baur, sur le modèle scupté par M. Fabisch. Sa hauteur est de 5m,60 ; le socle octogone sur lequel elle est placée mesure 3 mètres de hauteur. Les abords de la chapelle sont garnis de marchands d’objets de piété, qui cumulent ce commerce avec la location de puissantes longues-vues. En 1869 et 1870, avant la déclaration de guerre, on avait installé sur le sommet de la colline un véritable observatoire. La vue est du reste splendide à cette hauteur, et de ce point, mieux que de partout ailleurs, on distingue très-nettement les principaux groupes de l’agglomération lyonnaise.

L’hôtel de ville, construit de 1616 à 1655, incendié en 1671, réparé en 1702 par Mansart, récemment restauré sous la direction de M. Desjardins, se compose de deux façades et de deux ailes. La façade qui donne sur la place des Terreaux offre une statue équestre de Henri IV, par Legendre-Herald, sculpteur lyonnais, et une balustrade en pierre ornée des statues d’Hercule, par M. Fabisch, et de Pallas, par M. Bonnet. La tour de l’horloge, surmontée d’une coupole, a 50 mètres de hauteur. Dans le vestibule de la grande porte dont la voûte est d’une grande hardiesse, se voient les groupes en bronze dits la Saône et le Rhône, par les frères Coustou. La façade qui donne sur la place de la Comédie, reconstruite en 1858, est formée de plusieurs arcades que surmonte une galerie avec une balustrade en pierre. On remarque à l’intérieur : les salons de réception et les appartements du préfet ; la salle des Archives, renfermant, outre une riche collection d’archives, un musée historique ; la salle du Conseil municipal, ornée des portraits de Jacquard, par M. Bonnefond, et du célèbre abbé Rozier, par Genod, et le plafond du grand escalier peint à fresque par Blanchet.

Le palais du Commerce et de la Bourse a été inauguré le 18 août 1860. « Il a, dit M. Ad. Joanne, deux façades qui rivalisent de magnificence, l’une sur la place de la Bourse, l’autre sur la place des Cordeliers. La salle de la Bourse occupe le centre de l’édifice ; elle est décorée de huit statues en pierre représentant les quatre éléments et les quatre saisons, par MM. Bonnassieux, Fabisch et Roubaux. »

La façade principale du palais de justice, construit sur l’emplacement du palais des comtes de Roanne, consiste en une colonnade corinthienne supportée par un soubassement en pierre de taille.

Le palais des Beaux-Arts comprend l’école des beaux-arts, les musées de statues et de tableaux, les musées archéologiques, le musée d’histoire naturelle et la bibliothèque des beaux-arts. « C’est, dit M. Ad. Joanne, l’édifice le plus intéressant de la ville de Lyon, par les beautés mêmes de son architecture., heureux mélange des ordres dorique et corinthien, comme par les nombreuses richesses qu’il renferme. On vient d’en restaurer la façade, et il est question d’en construire une autre.

Le musée de peinture renferme un nombre très-considérable de tableaux, parmi lesquels nous allons indiquer ceux qui sont les plus dignes d’attirer l’attention, soit par leur mérite réel, soit pour le nom de leur auteur, soit enfin pour le sujet qu’ils représentent.

Galerie des peintres lyonnais. Animaux, fleurs et fruits, par Berjon ; Baie de La Madeleine, par Briard ; Marché d’animaux, Portraits, Vue de Rome, par Boissieu ; Origine de la fabrication des étoffes de soie à Lyon, par Bonirote ; la Cérémonie de l’eau sainte dans l’église des Grecs catholiques, à Rome, par Bonnefond ; le Dante, conduit par Virgile, visite et console les envieux frappés d’aveuglement, et Euripide écrivant ses tragédies dans une grotte de l’île de Salamine, par H. Flandrin ; Moïse présenté à Pharaon, Adam et Eve auprès du corps d’Abel, par Victor Orsel ; un Tournoi, par Revoll ; Offrande à la Vierge, par Saint-Jean ; Intérieur d’un atelier, par Trimollet ; Marché au bétail, par Louis Guy ; Vue d’une Chartreuse, par Paul Flandrin ; Portrait du général Gémeau, par Janmot.

École française. Portrait d’unmilitaire, par Sébastien Bourdon ; le Martyre de saint Gervais et de saint Protais, par Lesueur ; les Vendeurs chassés du temple, par Jean Jouvenet ; Animaux, fleurs et fruits, par Desportes ; Tête de jeune femme, par Girodet-Trioson ; Corinne au cap de Misène, par Gérard ; Interrogatoire de Savonarole, par Granet ; le bon Samaritain, par Drolling ; Lisière d’une forêt, par Marilhat ; Scène du déluge, par Court ; le Père du Cid, par Lehmann ; Songe de Jacob, par Ziegler ; Chœur des Capucins de la place Barberini, à Rome, par Granet.

Écoles allemande, flamande et hollandaise. L’Empereur Maximilien Ier et Catherine, sa femme, à genoux devant la sainte Vierge et l’Enfant Jésus, qui posent sur leurs têtes des couronnes de fleurs, par Albert Dürer ; Portraits, par Mirevelt ; Saint François, saint Dominique et plusieurs autres saints préservent le monde de la colère de Jésus-Christ, et l’Adoration des Mages, par Rubens ; Saint Jérôme dans le désert, par Gaspard de Crayer ; les Quatre éléments, par Jean Breughel ; la Visitation, Mercure et Argus, par Jordaens ; Deux têtes d’étude, par Van Dyck ; Découverte des reliques de saint Gervais et de saint Protais, la Cène, par Philippe de Champaigne ; Saint Jérôme, par Quellyn ; le Message, par Terburg ; Délivrance de saint Pierre, par Téniers ; le Pâtre, par Ferdinand Bol ; Intérieur de forêt, par Jean van Hagen ; le Ruisseau, par Jacques Ruysdaël ; Un jeune fumeur allumant sa pipe, par Schalken ; l’Atelier de maréchal ferrant, par Blœmen ; le Printemps, par Jean van Huysum ; Cavaliers en reconnaissance, par Van der Meulen.

École italienne. Saint Jacques et saint Grégoire, l’Ascension de Jésus, l’œuvre capitale du musée de Lyon, par le Pérugin ; le Repos de Jésus, par Sébastien del Piombo ; le Sacrifice d’Abraham, par Andréa del Sarto ; la Maîtresse du Titien, par Pâris-Bordone ; Ex-voto, Danaé, par Tintoret ; Moïse sauvé des eaux, par Paul Véronèse ; le Christ à la colonne, par Palma le Jeune ; le Baptême de Jésus, par Louis Carrache ; Portrait du chanoine de Bologne, par Annibal Carrache ; l’Adoration des rois, la Reine de Chypre, par Carletto Véronèse ; la Circoncision, par le Guerchin.

École espagnole. Saint François d’Assise placé après sa mort dans une grotte, sous le maître-autel d’une église, par François Zurbaran.

Le musée renferme aussi quatre mosaïques antiques, découvertes dans le département du Rhône. Elles représentent une course de chevaux et de chars, chez les anciens, dans l’enceinte du cirque ; la lutte de l’Amour et du dieu Pan ; Orphée, coiffé du bonnet phrygien, assis et pinçant de la lyre, etc.

Le musée d’histoire naturelle comprend ; une collection minéralogique générale et une collection minéralogique spéciale du département du Rhône ; une collection des roches et des terrains ; une collection générale des fossiles ; une collection des minéraux, des roches et des terres appartenant au département du Rhône, et une galerie de zoologie.

Les musées archéologiques, créés au commencement du siècle, sous l’administration de M. Fay de Santhonay, par Artaud, puis par M. de Comarmond, se composent du musée lapidaire, du musée des antiques et de celui du moyen âge. Le musée lapidaire occupe le portique du palais des Arts. Cette collection est une des plus riches de l’Europe. On y comptait plus de quatre cents inscriptions en 1872, un nombre considérable de fragments de sculpture, de nombreux vases d’argile, des coupes et des bassins de marbre de toutes dimensions. Le musée des antiques est reporté dans le premier étage. Les objets les plus curieux que contienne ce musée consistent en bracelets, bagues, pierres gravées, colliers trouvés sur la colline de Fourvières en 1841, à l’époque où l’on fit des fouilles pour l’aménagement et la construction de la chapelle. Tous ces bijoux réunis dans une vitrine, portent le titre d’Écrin d’une dame romaine, c’est ainsi que les a baptisés M. de Comarmond, un des fondateurs de ce musée. Avec cet écrin il convient de signaler, comme ayant une bien plus grande importance au point de vue historique, les célèbres Tables de bronze de l’empereur Claude. Ces tables, qui figuraient autrefois dans la galerie des tableaux, ont été découvertes à Lyon en 1528 sur la côte de Saint-Sébastien. Elles contiennent presque en entier un discours prononcé devant le Sénat par l’empereur Claude, discours qui avait pour but de faire admettre les chefs gaulois dans le Sénat romain. Ces tables, assez bien conservées, sont certainement ce qu’il y a de plus curieux dans ce genre.

Le musée du moyen âge, situé lui aussi dans les salles du premier étage, ne comprenait autrefois que des armures du XVe et du XVIe siècle. On l’a aujourd’hui (1873) enrichi d’une foule d’autres objets de la même époque, tels que tapisseries, étoffes, oratoires, etc., etc. La bibliothèque du palais des Arts se compose de plus de 160,000 volumes. Le cabinet des estampes renferme environ 40,000 pièces.

Le palais des Arts, où se trouvent ces musées et la bibliothèque, était jadis le monastère de Saint-Pierre, appartenant à des religieuses de l’ordre de Saint-Benoît, qui n’y étaient admises qu’après avoir fait preuve de noblesse. Au XIVe siècle, ce monastère possédait les plus beaux immeubles de la ville, et augmentait sans cesse ses richesses en prêtant à gros intérêts aux autres chapitres, ou en achetant leurs biens à bas prix quand ils avaient besoin d’argent. Pour mieux écouler les produits de leurs vignobles, les dames de Saint-Pierre établirent un cabaret dans l’abbaye. L’archevêque de Lyon leur ayant ordonné de fermer le cabaret, l’abbesse en appela au saint-siège, accusant le chapitre de vouloir vendre seul ses récoltes. Le pape donna raison aux religieuses et défendit de les inquiéter, sous peine d’excommunication. Saccagé par le terrible baron des Adrets, le couvent fut reconstruit tel que nous le voyons aujourd’hui. Il fut habité par les dames de Saint-Pierre jusqu’à la Révolution. En 1802, il devint le palais du Commerce et des Arts,