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— sons de nos auteurs chd-ris ! Ye-nez, en

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pour vqus tous des chanson-neC - tes ; J’ai des re-frains pour vos mu-set • tes, Ac felS§ li3ËSipîpa

cou-reitous, ûl-let-tes et garçons, Voici, voici le marchand, de chansons, VoiiiËjiïpipiiÉÉiÉii

le marchand de chansons !

DEUXIÈME COUPLET.

C’est Désaugiers qui signa ces couplets-Enfants, ce nom vous fait déjà sourire. Fut-il jamais un plus joyeux délire ? Dieu l’a vers lui rappelé pour jamais. J’ai vu son buste, un jour, au cimetière ; Sur son tombeau l’amitié le plaça. Aux sombres bords, le vieux C.iron, naguère, Sourit, dit-on, le jour qu’il le passa. Chez nous, encore, nul ne le remplaça ! "Venez, enfants...

TROISIÈME COUPLET.

Toi, Mathurin, tu veux être soldat ; Prends, mon enfant, cette chanson chérie, Ce chant sublime aimé de la patrie Nous fit jadis vaincre en plus d’un combat. La Marseillaise ! hymne noble et sacrée ! L’auteur n’est plus ! mais, pour ce chanlrc-la, Je n’ai rien vu sur sa tombe adorée. A. sa mémoire, hélas ! nul ne songea ; Et cependant, pour le peuple il chanta. Venez, enfants...

QUATRIÈME COUPLET.

Le plus célèbre arrive le dernier ; Prenez, enfants, prenez de préférence, C’est un des noms les plus chers a. la France, C’est Béranger, le divin chansonnier ! J’ai de Paris, j’ai de bonnes nouvelles : 11 chante encor, la France applaudira. 0 nobie musel o chansons immortelles l Esprit, génie, amour, cœur, tout est la ! Nul, fei-bas ne le remplacera ! Venez, enfants...

— Iconogr. Les costumes plus ou moins pittoresques des marchands des divers pays ont été retracés par une multitude de peintres de genre, de dessinateurs, de graveurs et de lithographes. Nous n’avons pas l’intention de passer ici en revue las innombrables compositions qui ont été exécutées en ce genre de sujets ; il nous suffira d’en signaler quelquesunes qui nous ont paru intéressantes pour l’étude des mœurs populaires :

Le Marchand d’allumettes, gravé par Ch. Kuight d’après J.-R. Smith (1786). Le Marchand ambulant, tableau de Woutermaertens (Exposition universelle de 1855).Lajl/«rchande ambulante, gravé par F. Aubertin, d’après J.-M.-W. Turner. Le Marchand ambulant au Caire, tableau de Gérôme (au Salon de 1869) : ce marchand, à la face bronzée, coiffé d’un turban blanc, s’avance vers le spectateur par une ruelle obscure où vaguent trois ou quatre chiens rogneux, et où sont arrêtés trois hommes causant de leurs affaires ; il porte un casque de cuivre, un fusil damasquiné et dont le bois est incrusté de nacre, une veste rose et une écharpe rouge. Ce tableau est exécuté avec l’étonnante précision dont M. Gérôme semble avoir dérobé le secret à Miens et à G. Dov.

Le Marchand de balais, gravé par H. Bary, d’après Brauwer (î). La Marchande de beignets, chef-d’œuvre de Gérard Dov, au inusée de Florence : une vieille femme, installée devant une maison tout enguirlandée de pampres, reçoit le prix qu’une petite lîllelui donne d’une assiette de beignets ; une autre fillette, plus petite et sans doute lu sœur de l’acheteuse, porte un beignet à sa bouche ; un homme, coiffé d’un chapeau de feutre, regarde par une fenêtre basse. Divers ustensiles, un tonneau près duquel un chien est couché, des balances, un panier de fruits et d’autres accessoires ornent cette composition et sont peints avec une finesse extraordinaire. Ce tableau a été gravé dans la Galerie des arts de Réveil (VII, 32J. Le Marchand’de bibelots, en costume oriental, tableau de Pierre Beyle (Saion de 1873). La Marchande de bouquets, gravures de L.-M. Bonnet et de Jean Mathieu (d’après Beugnel). La Marchande de

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buis, tableau de Mlle Amanda Fougère (Salon de 1870).

La Marchande de calendriers, gravure de J.-A. Klein (ISl-l). La Marchande de cerises, tableau de T. Webster (Exposition universelle de 1855). L’importance donnée aux fruits est pour ainsi dire plus grande que celle donnée aux figures ; toutefois, le petit garçon qui tend son feutre pour recevoir les fruits que lui vend la marchande a une expression de gourmandise bien sentie. Le Marchand de châles à Vamas, tableau de J.-B. Huysmans (Exposition d’Anvers, 1858). Le Vendeur de chansons, tableau d’Ostade, gravé par Edme Bovinet (v. chansonnier). Le Marchand de chevaux, tableau de Carie Vernet, gravé par P.-C. Coqueret et par L.-Fr. Caron ; tableau d’H. Bellutjgé (Salon de 1827). La Marchande de citrons, costume napolitain, tableau d’Edouard Sain (Salon de 1870). Le Marchand de complaintes, tableau d’Ad. Dillens (Salon do 1857). La Marchande de crêpes, tableau de G. Dov, à la pinacothèque de Munich ; tableau de Trayer (Exposition universelle de 1867 ; la scène se passe en Bretagne, à Quimperlé, un jour de grand marché). La Marchande de dentelles, tableau de G. Gresly (musée de Dijon). Le Marchand d’eau-de-vie, gravé par Mich. Lasne, d’après Ab. Bosse (xvno siècle).

Le Marchand d’esclaves, gravure de Boullay (1788) ; tableau d’Aehillezo (Salon de 1852) ; tableau de Victor Giraud (Salon de 1S67). Ce dernier ouvrage a obtenu un assez grand succès, dû à une exécution vigoureuse, à’un coloris éclatant, à une composition originale. La Bcène se passe sur la terrasse d’une villa antique. Un vieux trafiquant de chair humaine présente une bellejeune femme à un patricien ennuyé et blasé, vêtu d’une tunique jaune et d’un manteau bleu de ciel, qui est nonchalamment accoudé sur le dossier du siège où il est assis. Deux lévriers blancs jouent sur une natte près du patricien. Trois femmes, faisant déjà partie du gynécée, sont groupées à gauche ; l’une d’elles, penchée près du berceau de son enfant, regarde, d’un air de dépit, la nouvelle venue ; la seconde paraît plus indifférente ; la troisième est occupée à peigner son opulente chevelure. Deux enfants sont debout sur un divan. Quatre esclaves mâles complètent cette composition. Au fond, on aperçoit une ville, des montagnes et un coin de mer. Le Marchand d’encre, gravé par H, Bonnart (tin du xvue siècle).

Le Marchand de fagots, gravé par Michel Lasne, d’après Abr. Bosse. Le Marchand de figues, eau-forte de Yeyrassat, d’après Decamps (Salon de 1864). La Marchande de fleurs, gravure de Ch. Knight, d’après J.-R. Smith (178G) ; tableau d’E. Sain (costume italien ; Salon de 1870) ; tableau de Firmin-Girard (Salon de 1872). Les Marchands forains, tableau de Ph. Wouvermans, au musée de l’Ermitage, gravé par Moyreau. Le Marchand de fromages à la crème, gravé par Mich. Lasne, d’après A. Bosse. Le Marchand de fromages de Marolles, gravé par H. Bonnart. La Marchande de fruits, tableau de Miéris, autrefois dans la galerie Choiseul.

Le Marchand de gâteaux, gravure de J.-B. Leprince (1772), Le Marchand de gibier, tableau de Miéris, au Louvre. La Marchande de gibier, tableau de J. Toorenvliel (1674), autrefois dans la galerie de Pommersfolden ; tableau de Kr. Snyders, collection La Caze (au Louvre) ; tableau de G. Dov, qui a fait partie des collections du duc de Choiseul, du prince de Conti, du duc de Chabot, de Coupry-Dupré (vendu 26,000 fr. en 1801), de sir Robert Peel.

Le Marchand d’habits, tableau de Chavet (Exposition universelle de 1855). Le Marchand d’habits au Caire, tableau de Gérôme (Salon de 1867) ; une merveille de finesse, de précision et d’exactitude ethnographique, a oit T. Gautier. Ce dernier ouvrage a fait partie de la galerie de Khalil-Bey. Le Marchand de hallebardes, tableau de Lesrel (Salon de 1873). La Marchande de harengs, tableau de G. Dov, au musée de l’Ermitage ; tableau de G. Metsu, gravé par G.-H. llodges ; tableau de P.-C, Wonder, au musée de Rotterdam ; gravure de Catherine Beauvarlet, d’après Greuze. Le Marchand d’huitres, tableau de W. Miéris, qui a fuit partie des collections Van der Pots et James Gra.y. La Marchande d’huitres, gravures de Michel Lasne, d’après A. Buss, dePh. Dawe, d’après G.-H. Morland, de H. Bonnart (VEscaillère).

Le Marchand d’images, tableau de Demai ne, autrefois dans la galerie Delessert. Muichands Israélites, tableau d’Ad. Aze (Salon de 1868).

Le Marchand de lacets, gravé par J. Gole, d’après C. Dusart. La Marchande de légumes, tableau de G. Dov, a la pinacothèque de Munich ; tableau de L.-J. Hansen, au musée Van der Hoop (Amsterdam) ; tableau de Ch. Nègre (Salon de 1850) ; tableau de Ch. Beranger (Salon de 1842). Le Marchand de lunettes, eau-forte d’Adr. van Ostade ; tableau d’Horemans, au musée de Besançon ; gravure de J.-S. Helmann, d’après J.-B. Leprince.

La Marchande de maquereaux frais, gravure de Nie. Bonnart (xviit siècle). Les Marchands ou Vendeurs de marée, tableau de Th. Michau, autrefois dans la galerie Kesch. Le Marchand de marrons, gravé par Jacob Louis, d’après A. Both. Le Marchand démarrons, par Beau varlet, d’après Greuze. Le Marchand de marrons, par P.-L. Auvray, d’après

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J. Bertaux. Le Marchand de melons, tableau de Ch.-H. de Boissieu, qui a fait partie des collections Tolozan et Delessert. La Marchande de modes, gravé par R. Gaillard, d’après Fr. Boucher. Le Marchand de mort aux rats, gravures de Michel Lasne, d’après A. Bosse, de C. von Mechel, d’après Wille (1758), de Dietrich (eau-forte datée de 1732), de Ph. Dawe, d’après G.-IL Morland, de C. Visscher, de J.-P. Norblin (1781).

La Marchande de noix, gravé par J. Mathieu, d’après Beugnet. La Marchande de noisettes, gravé par Hémery, d’après J. Touzé.

Le Marchand d’œufs, gravé parJ.Binck (xvi« siècle). Lé-Marchand d’œufs, par Jean Daullé, d’après Fr. Boucher. Le Marchand d’œufs, par H.-S. Beham (1520). Les Vendeurs d’œufs, gravure de R. de Laimay, d’après Van der Wertf. La Marchande d’œufs, gravure de A.-F. Hémery, d’après J. Touzé ; tableau de M°"> Haudebourt-Lescot (Salon de 1824). Le Marchand d’oiseaux, gravé par J. Daullé, d’après Boucher. La Marchande d’oranges, tableau de Vito d’Ancona (Salon de 1871). Le Murchand d’orviétan, tableau de Wouwermans, gravé par Moyreau ; tableau de Harel Du Jardin, gravé par F.-A. David (v. charlatan) ; tableau de D. Teniers {vente Soret, 1863) ; gravure de L.-M. Bonnet. La Marchande d’oubliés, gravure deMich. Lasne, d’après A. Bosse.

Le Marchand de pantins, tableau d’H. Baron (Salon de 1S64). Le Marchand de parapluies, tableau de Boichard (Salon de 1833). Le Marchand de plâtres ambulant, tableau d’H. Bellangé (Salon de 1833). Les Marchands de poissons, tableau de Ph. Wouwermans, gravé par A. Chataigner dans le Musée Filhol ; tableau de Fr. Snyders, au Louvre (n<> 493) ; tableau de D. Teniers, gravé par Le Bas ; eau-forte de H. Kobell (1777) ; gravure de L.-A. Claessens, d’après A. van Ostade. Le Marchand de poisson, gravé par Bonnet, d’après J.-B. Huet. Le Marchand ds poisson, par J.-B. Garaud, d’après Besnard. La Marchande de poisson, tableau de G. Dov (1651), qui a fait partie de la galerie Pommersfelden ; tableau de Nicolas vau Haeften (1704), dans la galerie d’Arenberg ; gravure de Bout ; gravure de Beauvarlet, d’après Michel Carré. Le Marchand de porcs, tableau de Le Poitevin (Salon de 1834).

La Marchande de saumon, tableau de G. Schalcken, qui a fait partie de la collection Gaillard de Gagny (1762). ha Marchande de soieries, tableau de Fr. van Miéris, du musée du Belvédère, gravé par Seb. Langer. Le Marchand de soieries japonais, tableau d’Alph. Gaudefroy (Sulon de 1873).

Le Marchand de tableaux, tableau de Seigneurgens (Salon de 1850). Le Marchand de tabletterie, eau-forte de Dietrich (1741). La Marchande à la toilette, tableau de Vien (Salon de 1763) ; gravure de Cl. Duilos, d’après L. Aubert.

Les Marchands de vins de la vallée d’Ossau, tableau d’Eugène Deveria. La Marchande de volailles, tableau de Gab. Metsu, gravé par P. Audouin ; tableau de P. van Slingelaudt, au musée de Dresde, etc.

Sous le titre les Cris de Paris, Abraham Bosse a gravé, au xvno siècle, divers types de marchands, savoir : le Vendeur d’eau-devie, le Porteur d’eau, l’Oubtieur (marchand d’oubliés), le Marchand de mort aux rats, le Vinaigrier, le Vendeur d’huilre*s le Pâtissier, etc. Vers la même époque, P. van den Berge a gravé, à Paris : le Marchand d’eaude-oie, le Marchand de légumes, le Marchand de moules, le Marchand de poisson, la Fruitière, la Marchande de beignets. Ces estampes nous font connaître les cris par lesquels les vendeurs d’alors annonçaient leur marchandise. Le Marchand de poisson, par exemple, crie. « Mon frais cabillaud 1 mon beau saumon 1 J’ai ce qu’il vous faut ! » Le Marchand de légumes : • Mes tendres carottes I mes jeunes oignons ! ahI mes beaux choux 1 > Le cri de la Fruitière est assez original : « La voisine Anne a de beaux fruits ; courez-y vite, mes petits enfants I » Cela nous rappelle la façon excentrique dont un marchand d’encre, accompagné de son fils, annonçait sa marchandise dans les rues de Pans, il y a quelques années ; le gamin criait de sa voix la plus aiguë : « Papa vend de l’encre !» Et le père ajoutait aussitôt d’une voix profonde : « L’enfant dit vrai ! • V. marché.

Marchands d’Amours (la), célèbre peinture antique, au musée des Studj, à Naples. Elle est jeune, elle est accorte, elle est charmante, cette marchande d’Amours ; sa tunique jaune laisse à découvert ses épaules, une grande partie de sa poitrine, et ses bras qui sont ornés de manchettes d’étoffe verte. Elle s’est introduite furtivement, avec une cage contenant sa marchandise, chez deux sœurs, deuxjolies patriciennes qui languissaient dans la retraite ; déjà elle a tiré de laçage un gentil petit Amour, qui est allé se placer tout de suite près d’une des deux sœurs et qui la regarde avec une mine adorable de solliciteur ; la jeune fille, assise en face de la marchande, vêtue d’une tunique bleue et d’un péplum vert, examine le joli quémandeur, et paraît toute disposée à l’accueillir. L’autre sœur, debout et les mains appuyées sur les épaules de la précédente, sourit à la vue d’un deuxième Amour qui lui tend les bras, et que la marchande tient par les ailes, comme on tiendrait un pigeon ; au fond de la cage un

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troisième Amour est accroupi, se tenant des deux mains aux barreaux ; celui-ci ne semble pas disposé à prendre sa volée ; on dirait que le gaillard s’attend à rester pour le compte de la jolie marchande.

Cette charmante peinture fut découverte à Gragnana en 1759. Vien en a fait une imitation libre, qui a été gravée par Beauvalet et par Réveil ; dans sou tableau, la marchande est une simple villageoise, qui a trouvé une nichée de petits Amours ; elle s’en est emparée avant qu’ils aient pu prendre leur essor, et les a apportés à une belle et élégante jeune fille, languissamment assise près d’une table où sont posés des bijoux, un vase de fleurs é une cassolette a parfums. Derrière cette jeune beauté, une soubrette est debout, jetant des regards de convoitise vers le bambino ailé que tient la villageoise.

Un peintre contemporain, M. Isambert, et un sculpteur, M. Denécheau, ont fait sur le même sujet, l’un un tableau qui a figuré à l’Exposition universelle de 1855, l’autre un groupe de marbre qui a été exposé au Salon de lsj9, sous ce titre : « Amourst Amours ! Marchande d’Amours ! i

Marchnnds cbasiéi du templo (LES), SUjefc

fréquemment traité par les artistes. V. Vendeurs.

MARCHAND (Louis), célèbre organiste français, né à Lyon en 1669, mort à Paris en 1732. Il fit ses études à Paris, au collège des jésuites, et ù 1 âge de quatorze ans fut nommé organiste à Nevers, Dix ans après, il fut appelé au même poste, à Auxerre, y séjourna cinq ans environ, puis revint dans la capitale, et obtint la place d’organiste chez les jésuites. Sa réputation grandit en peu de temps, à tel point qu’on lui confia l’orgue de la chapelle de Versailles, et qu’il reçut le cordon de l’ordre de Saint-iMicnel. Cependant son inconduita, ses extravagances vinrent interrompre sa brillante fortune ; et enfin il se compromit d’une manière si grave, qu’en 1717 il reçut l’ordre de quitter U France. Il se rendit alors à Dresde, à la cour d’Auguste de Pologne, et plut tellement à ce prince, que ce dernier offrit à Murchand la place d’organiste de la cour. Mais Volumier, maître de concerts de la cour, craignant une rivalité dangereuse, appela secrètement Jean-Sébastien Bach, alors organiste à Weimar, pour disputer à l’orguniste-français la place vacante. Bach accepta l’invitation, et se rendu incognito à la séance musicale, dans laquelle Marchand récolta force applaudissements. L’Allemand se mit alors au clavecin, y joua de mémoire l’air et les variations de Marchand, y ajouta douze nouvelles variations plus brillantes que celles de son adversaire, et présenta au Français un thème qu’il venait de noter, l’invitant ainsi a une lutte scientifique. Mais Marchand, craignant une défaite certaine, prit immédiatement la fuite.

Ou lit dans l’Essai sur la musique, de Lahorde : à Le célèbre Rameau, l’ami de Marchand, et son plus dangereux riviil, nous a dit plusieurs fois que le plus grand plaisir de sa vie était d’entendre Marchand, que personne ne pouvait lui être comparé pour manier la fugue, et qu’il n’avait jamais pu concevoh une pareille facilité pour improviser. » Celte admiration intempestive prouve que Rameau n’avait jamais entendu aucun organiste allemand ni italien. et que la fugue française n’était qu’une combinaison harmonique insignifiante. Du reste, Rameau n’eut pas à se louer de Marchand ; car celui-ci, qui l’avait accueilli avec une certaine cordialité, et pensait l’utiliser, comme suppléant, à sou orgue des jésuites, entendit un jour préluder le futur auteur de Castor et Pollux, et, consterné do la supériorité de son employé, mit en œuvre toute son influence pour l’évincer. Un concours ayant été ouvert pour la place vacante d’organiste à l’église Saint-Paul. Marchand, nommé juge de ce concours, écarta Rameau, et fit nommer Daquin, qu’il savait parfaitement inférieur à son rival.

Quand Marchand eut reçu l’autorisation de revenir à Paris, et qu’il se fut fixé définitivement en cette ville, la vogue s’attacha à ses leçons, et cependant, malgré ses gains énormes, car on prétend qu’il gagnait plus de dix louis par jour, sa prodigalité excessive le plongea dans une affreuse misère. Il mourut, dénué de tout, à l’âge de soixante-trois ans.

Rien n’est resté des œuvres de Marchand, et aucune de ses compositions ne méritait da lui survivre. Son exécution seule a fait sa réputation. Nous avons eu la curiosité de lire quelques-unes de ses pièces pour orgue. Ses idées musicales sont pauvres et mesquines, son harmonie est inaigre et incorrecte. Son bagage scientifique est très-restreinl, et ses notions du graml art de la fugue et du contrepoint on ne peut plus incomplètes. Du reste, en exceptant François Couperin et Rameau, toutes les productions des organistes français du xvme siècle ne méritent pas un instant d’étude.

MAHCIIAND (Prosper), érudit et bibliographe français, né à Guise (Picardie) vers 1675, mort à La Haye en 1756. Après de brillantes études, il entra chez un libraire pour apprendre le commerce, et fut reçu dans la corporation des libraires en 1698. Il ouvrit rue Saint-Jacques, à l’enseigne du Phénix, une boutique qui devint bientôt célèbre. Mais protestant zélé et gêné dans sa religion, il