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nés, pour lui donner des leçons, le philosophe Apollonius, une des célébrités de 1 époque.

Antonin, dont Marc-Aurèle avait épousé la tille Faustine, mourut le 7 mars de l’an 161, et Marc-Aurèle lui succéda sans contestation. Le nouvel empereur associa immédiatement à son pouvoir Lucius Aurefus Verus, son frère adoptif, à qui il fiança sa allé Lucilla. Les débuts de ce règne ne furent pas heureux. Les inondations, la famine et la peste désolèrent Rome, l’Italie et une partie des provinces. La guerre vint se joindre aux éléments pour compliquer la situation : une révolte eut lieu en Bretagne ; les Quades envahirent le liord de l’empire ; les Parthes menaçaient l’Asie et’la Syrie.-Pendant que les lieutenants de l’empereur allaient combattre les Quades et les insurgés bretons, "Verus partait pour l’Orient. Marc-Aurèle voulait arracher ce dernier à la mollesse qui dévorait la jeunesse romaine, et il le fit accompagner de plusieurs de ses amis, chargés de veiller sur sa personne en même temps que sur la conduite de la guerre. Ce fut peiné perdue : Verus n’alla pas plus loin qu’Antioche, cette Rome asiatique, et retrouva là les filles de joie et les plaisirs qu’il avait laissés dans la capitale dé l’empire.1 En attendant, son collègue essayait dé restaurer les institutions à l’intérieur ’et de pourvoir aux’ nécessités du moment. Il étendit les attributions du sénat, lui rendit un peu d’honneur en y introduisant quelques personnages distingués, donna l’exemple du respect dû aux décisions de rassemblée en y obéissant lui-même. Une de ses maximes était que la raison de plusieurs vaut mieux que celle d’un seul.

En même temps, il abaissa le taux de l’usure, établit une nouvelle assiette de l’impôt, poursuivit’les agents du fisc qui pressuraient les provinces 4 nota d’infamie la délation, protégea les progrès du commerce et favorisa les relations’internationales. Les trafiquants romains allaient jusque dans l’Inde par la mer Rouge, les Parthes s’étant emparés de la voie de terre. En 166, un ambassadeur de Marc-Aurèle pénétra même jusqu’en Chine.

L’établissement de greniers publics dans toute l’Italie prévint le retour de la famine. Une réforme plus importante encore à opérer était celle des mœurs. Depuis l’établissement de l’empire, Rome était devenue un mauvais lieu, et la vie romaine une orgie de tous les jours. Les récits des historiens à cet égard sont effrayants. Marc-Aurèle défendit aux deux sexes de fréquenter les mêmes établissements de bains : il essaya de réagir

contre l’habitude qui s était établie parmi les jeunes gens des grandes familles de faire consister l’honneur dans l’immoralité publique. Marc-Aurèle fit’ ce qu’il put pour atténuer le mal, et il faut lui savoir gré de n’avoir pas cherché une popularité facile en favorisant une dissolution que la plupart de ses prédécesseurs avaient encouragée, parce qu’elle n’était pas inutile au maintien de leur pouvoir.

Cependant Verus, dont les généraux avaient contenu, sinon défait, les Parthes, revint au bout de cinq ans, et on lui décerna les honneurs du triomphe, que Marc-Aurèle voulut bien partager avec lui. Il accepta a cette occasion le surnom de Parthique, qu’il n’avait pas mérité, mais qu’il ne tarda pas à échanger contre celui de Germanique, lorsque ses succès contre les Germains lui en eurent donné le droit.

Les Quades et les Marcomans recommençaient à désoler le nord de l’empire. Mare-Aurèle et Lucius Verus marchèrent contre eux (109). L’empereur, pour obéir aux préjugés religieux des légions, fit précéder son départ pour la Germanie du sacrifice de tant de bœufs que les philosophes se moquèrent de lui en disant qu’il n’en trouverait plus à son retour pour remercier les dieux d’avoir remporté la victoire. Les Quades et les Marcomans furent vaincus, mais non soumis. Les deux empereurs étant venus établir leurs quartiers d’hiver dans l’a ville d’Aquilée, ia peste les en chassa. Sur ces entrefaites, Verus mourut subitement, et l’on déclara qu’il avait succombé h une attaque d’apoplexie foudroyante ; mais l’opinion des gens avisés fut qu’il avait été empoisonné, les uns disent par Marc-Aurèle, qui était las de ce triste collègue-, d’autres par Lucille, fille de Mare-Aurèle et femme de Verus.

Quoi qu’il en soit, Marc-Aurèle fit rendre de grands honneurs à la mémoire de Verus, et continua ses préparatifs d’une nouvelle campagne contre les Marcomans. Vu l’épuisement des finances, il fut contraint, pour faire les frais de la guerre, de vendre le mobilier des palais impériaux. L’exemple de l’empereur avait de quoi animer le courage de ses troupes Sobre, austère et calme, il veillait le jour à l’expédition des affaires générales, a l’organisation de son armée, au soin de rendre la justice ; la nuit, il s’enfermait seul pour lire les philosophes, méditer et nourrir dans son âme cet amour de la vertu qui ne le quitta jamais. Une partie de ses Pensées fut rédigée durant cette expédition. Les Quades furent domptés pour longtemps. C’est à cette guerre que se rapporte la fameuse légendo de li. légion dite Culminante (v. légion). On i dit qu’à lu suite de ce miracle Marc-Aurèle aurait défendu d’iuquiéter les chrétiens j mais la lettre sur la MARC

quelle on fonde cette assertion est de 171, et le prétendu miracle est de 17-4.D’ailleurs, les chrétiens furent persécutés à Lyon et à Vienne trois ans après, sous le règne même de Mare-Aurèle. La violation du traité conclu avec les Quades força l’empereur de prolonger son séjour en Germanie. Dans l’intervalle Avidius Cassins, que de récents succès remportés sur les Parthes avaient signalé à l’estime des troupes, fit répandre le bruit que Mare-Aurèle était mort, et se fit proclamer empereur par les légions d’Orient, placées sous ses ordres. À la nouvelle de cette trahison, Marc-Aurèle réunit ses troupes et, dans une harangue conservée par Dion Cassius, leur exposa la conduite de son compétiteur, homme de cœur et de talent, dont il promit d’oublier le crime, s’il consentait à se soumettre. Avidius Cassius ne tint pas compte de la magnanimité du procédé. Marc-Aurèle allait à sa rencontre, à la tête de ses troupes, quand on lui. apporta la tête du rebelle. Il détourna les yeux et fit inhumer avec honneur cette triste dépouille. Les enfants d’Avidius Cassius furent mis en possession de la moitié des biens de leur père ; on leur laissa leur prérogative de fils de sénateur, et l’empereur leur permit de se retirer où ils voudraient. Les villes d’Orient qui avaient participé à la révolte furent épargnées, et Marc-Aurèle ordonna de brûler les papiers du gouverneur de Syrie, de peur qu’ils ne compromissent un grand nombre de personnes. Dans un voyage qu’il lit en Orient, il réédifia la ville de Smyrne, détruite par un incendie, prodigua ses bienfaits à celles d’Antioche et d’Alexandrie, et n’abolit aucun des actes d’Avidius Cassius, A Athènes, où il se rendit ensuite, il voulut être initié aux mystères de Cérès. Les études étaient négligées dans la ville de Socrate et de Platon ; Marc-Aurèle fonda des chaires, dota des professeurs, rétablit la ville dans son antique splendeur, lui accorda des privilèges, en un mot sut conquérir l’estime et l’admiration d6 tout le monde grec. De retour à Rome, il fit élever un temple à la Bonté, puis il se retira pendant quelque temps à Lavinium pour s’y reposer de ses travaux et reprendre ses études de philosophie. A l’âge de soixante ans, il suivait encore les cours du philosophe Sextus. On se doute bien que sous son règne les philosophes ne furent pas persécutés., Cependant il n’aimait pas les sophistes et il le leur témoigna en plusieurs circonstances. « Que les peuples seraient heureux, répétaitil après Platon, si les philosophes étaient rois ou si les rois étaient philosophes I »

En 178, il reprit le chemin de la Germanie, où les barbares inquiétaient de nouveau la frontière romaine. Il remporta sur eux une victoire décisive. Mais il mourut à Sirmium, d’autres disent à Vienne (Autriche). On a prétendu qu’il s’était laissé mourir de faim, a l’exemple de quelques stoïciens ; il est plus probable qu’il fut empoisonné par, Commode, soni fils, qui était pressé de régner. Ses cendres furent rapportées à Rome et déposées dans le tombeau d’Adrien. « Rien n’était capable, dit Montesquieu, de fairéoublier le premier Antonin, que Marc-Aurèle qu’il adopta. On sent en soi-même un plaisir secret lorsqu’on parle de cet empereur ; on ne peut lire sa vie sans une espèce d’attendrissement ; tel est l’effet qu’elle produit, qu’on a meilleure opinion de soi-même parce qu’on a meilleure opinion des hommes. ■ Faustine, sa femme, était indigne de lui ; Marc-Aurèle ne se plaignit jamais d’elle, et l’on dit même qu’il remerciait les dieux de la douceur et de la complaisance de sa femme. Il n’ignorait pas ses déportements j mais comme on lui conseillait de la’répudier : « 11 faudra donc, répondit-il, lui rendre sa dot ? » Cette dot, c’était l’empire. On a accusé Marc-Aurèle d’avoir persécuté les chrétiens ; on peut affirmer au contraire que, sans abolir les lois de l’empire qui les punissaient, il les toléra d’une façon qui leur permit de se multiplier à l’infini sous son règne. Marc-Aurèle avait écrit sa propre biographie ; elle est perdue, mais on peut le juger par ses Pensées, petit livre dans lequel on le retrouve tout entier. Comme philosophe, il ne fut que moraliste, et de parti pris s’éloigna des recherches métaphysiques. « Marc-Aurèle, comme tous les

stoïciens de son temps, méprise la science métaphysique, dit M. Jules Simon. Rien de plus obscur, selon lui, que ce que l’on essaye de dire sur le fond même et sur l’origine des choses ; les stoïciens eux-mêmes y échouent comme les autres. Chaque philosophe a son opinion, et le changement qui est dans les pensées est aussi dans leurs objets : tout ce monde et la science qui le reflète ne sont que des flots changeants. Voilà bien le scepticisme des stoïciens romains, qui n’exceptaient que la morale. Et cependant, avec la même inconséquence que Sénèque, il s’écrie ailleurs : « Il faut vivre pour se demander t quelle est la nature de l’univers, quelle est « la nôtre, quels sont leurs rapports. » Il est vrai que pour lui l’étude de ces rapports et de cette double nature est purement expérimentale. Sa psychologie n’est qu’une suite d’observations tout extérieures ; elle n’a quelque force que dans l’analyse des passions, parce qu’il retrouve lu son talent de moraliste et d’observateur. Quand il distingue dans l’homme un corps, un soufflo et le principe directeur, c’est k peine là une donnée scientifique, puisqu’il ne la relève par

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aucun fait nouveau, par aucun raisonnement, par aucune détermination précise. Ce souffle ou, si l’on veut, cette âme, est un élément tout matériel. L’ii-même recherche ailleurs ce que ces âmes deviennent quand le corps les a quittées, et répond qu’elles se confondent par dissolution dans les airs, comme la terre absorbe les corps. Quant au principe directeur, c’est la raison, la liberté ; une émanation de cette force divine qui circule dans le monde entier et l’anime, émanation fugitive qui brille un instant en nous et s’absorbe aussitôt dans sa source ; éternelle, si on la considère comme partie de cette force universelle d’où elle part et où elle retourne, périssable si on l’attache à cet individu, à ce moi qu’elle illumine et qu’elle dirige. »

Comme pour tous les stoïciens, 1rame, pour Marc-Aurèle, est un corps d’une nature éthérée et supérieure. Quelques-uns cependant’ ont voulu voir eu lui un spiritualiste. La raison, pour Marc-Aurèle, est cette force inhérente à la mntière, que les stoïciens appelaient la force vivifiante. Marc-Aurèle n’a pas de théodicée ; quelques passages de ses Pensées ont fait croire qu’il inclinait au panthéisme.

Marc-Aurèle admet la souveraineté de la conscience individuelle. Elle est le juge suprême de nos actes comme de nos pensées. On n’a pas le droit d’intervenir contre elle. Marc-Aurèle était un stoïcien de la secte des politiques, à laquelle appartenaient aussi Sénèque et Epictète. Ne pouvant changer le monde, ils le prenaient comme il était. Les farouches s’isolaient de leurs semblables et cherchaient un refuge dans la solitude ; les politiques, sans les condamner, les taxaient d’exagération et s’arrangeaient de la vie commune. « Comme Antonin, disait Mare-Aurèle, ma patrie est Rome ; comme homme, ma patrie est le monde. Nous sommes tous concitoyens, nous sommes tous frères ; nous devons nous aimer, puisque nous avons la même origine et le même but. » De là à la doctrine de l’égalité il n’y a pas loin, et Mare-Aurèle l’admet expressément : • Alexandre et son muletier, morts, ont la même condition, ou rendus au principe générateur ou dispersés en atomes. » Cette doctrine sceptique à propos de la destinée humaine est caractéristique chez lui : « L’homme, doit vivre, dit-il, selon la nature pendant le peu de jours qui lui sont donnés sur la terre, et quand le moment de la retraite est venu, se soumettre avec douceur, comme une olive mûre qui en tombant bénit l’arbre qui l’a produite et rend grâce au rameau qui l’a portée. » L’amour du bien pour le bien lui-même est sa théorie, comme celle de Sénèque : • Il y a loin d’un calcul habile à une belle action, dit ce dernier ; l’œil ne demande pas son salaire pour avoir vu, le pied pour avoir marché : fais le bien parce que c’est ta nature, et ne demande pas de salaire. » On sait que l’apologie du suicide est systématique chez les stoïciens. Marc-Aurèle hésite entre la théorie en vertu de laquelle le suicide est une désertion, et la théorie de l’école stoïcienne, qui proclame le suicide une action héroïque. En somme, il est pour le sentiment d’Epictète : « 11 y a ici de la fumée ; tu n’as qu’à sortir. •

La première édition des Pensées de Mare-Aurèle (texte grec avec traduction latine) est de Zurich (1558, in-8°). Ella est due aux soins de Xylander, de qui est aussi la traduction. On estime celle qui fut publiée à Slesvig en 1802 (in-8°) par J.-M. Sohulz. Elles ont été traduites plusieurs fois en français, notamment par Dacier (1601, 2 vol. in-12), Jolie (1770, in-12), puis par Pierron (1843, iu-18).

Ou peut consulter sur Marc-Aurèle : Capitolin, Vie de Marc-Antonin et de L. Verus ; Vulcatius Gallicanus, Vie d’Avidius Cassius ; Tilleiuont, Histoire des empereurs ; Mai, Correspondance de Froulon et de Marc-Aurèle ; Chipault, Histoire philosophique de MarcAntonin ; de Suckau, Étude sur Marc- Auréle. Marc-Aurèle (LES DERNIÈRES PAROLES DE) ou Mnrc-Aurèle moumiu, tableau d’Eugène Delacroix (Salon de 1845, acheté par le musée de Lyon). C’est une des compositions les moins mouvementées du maître ; elle a même toutes les qualités d’une excellente peinture académique. Marc-Aurèle sentant la vie lui échapper, et se sachant peut-être empoisonné par Commode, a mandé près de lui son indigne fils. Capitolin raconte que, dans la persuasion où Commode était que son père mourait de la peste, il n’avait qu’un seul désir, celui d’abréger l’entretien pour échapper à la contagion. A demi couché sur un lit de repos, et enveloppé Uu manteau de philosophe, qu’il préférait à la pourpre impériale, Marc-Aurèle le retient d’un geste affectueux et résigné ; il lui faut écouter les dernières paroles de l’empereur, et l’ennui de cette contrainte se lit sur ses traits maussades. Celui qui va mourir a plus de calme et de sérénité que celui qui demain sera le maître du monde. Cette toile, qui ne compte p ; is parmi les meilleures de Delacroix^ se recommande pourtant par ces énergiques qualités de composition et de couleur qui sont empreintes dans tout l’œuvre du maître.

Mnrc-Aurèle (COLONNE DE). Cette Colonne,

qui se dresse au centre d’une dos principales places de Rome, est appelée plus communément, mais à tort, colonne Automne.C’est un

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des monuments les mieux conservés de l’ancienne Rome. L’inscription moderne du piédestal a substitué par erreur le nom d’Antonin le Pieux à celui de Marc-Aurèle. C’est, en effet, en l’honneur de ce dernier empereur, et en commémoration do ses victoires sur les Marcomans et autres peuplades de la Germanie, que le sénat lit ériger cette colonne. Une inscription que l’on conserve au Vatican la désigne sous le nom de Columna Centemria divi Marci. Dans les siècles de barbarie qui suivirent la chute de l’empire romain, cette colonne éprouva de nombreuses dégradations. Les différents envahisseurs qui occupèrent la ville éternelle endommagèrent à l’envi son piédestal. Elle eut en outre à souffrir des incendies, alors si fréquents à Rome, et fut même frappée de la foudre. Le pape Sixte-Quint fit restaurer la colonne de Marc-Aurèle par le célèbre architecte Fontana. La statue de l’illustre empereur romain fut remplacée par celle de 1 apôtre saint Paul, qui couronne encore le monument. Le fût de la colonno a un diamètre de 3m, g8 à sa base, et de 3™,68 à son sommet. Sa longueur, y compris le piédestal et le chapiteau, est de 41’V5f mais près de 4 mètres du piédestal sont enfouis dans le sol. La statue qui la couronne atteint, avec son piédestal, une hauteur de S^S, ce qui porte la hauteur totale du monument à 49Œ,83.

Le piédestal n’est pas proportionné au fût ; le chapiteau appartient à l’ordre dorique. Le fût est formé de 28 blocs de marbre blanc, placés les uns sur les autres ; à l’intérieur, et dans le marbre même, est taillé un escalier en spirale de 190 marches, qui conduit à la galerie du sommet, laquelle est entourée d’une balustrade. La surface extérieure du fût est couverte de bas-reliefs, disposés aussi en spirale et représentant les Victoires de Mnrc-Aurèle sur les Germains. Ces sculptures, inférieures au point de vue du style et de l’exécution à celles de la colonne Trajane, ont été gravées par Santo-Bartoli, et expliquées par Bellori. Le monument que nous ve■ nons de décrire a fait donner à la place qu’il décore le nom de Piazza Colonna (place de la Colonne).

Mnrc-Aurèle (STATUE ÉQUËSTRB DE), en bronze doré antique, sur la place du Capitule, à Rome. L’empereur, monté sur un cheval énorme, étend la main droite comme pour bénir ou pardonner ; la main gauche, ouverte et abaissée au-dessus du genou, parait avoir tenu primitivement’ soit les rênes, soit un sceptre. Il a la barbe et les cheveux frisés et regarde vers la droite avec une placidité majestueuse. Il a les pieds chaussés de brodequins lacés et porte, par-dessus sa tunique, un manteau qui flotte derrière.ses épaules et forme de beaux plis sur la croupe du cheval. Celui-ci, le pied droit de devant levé, a des formes robustes et magistralement accusées. Il était très-admiré de Michel-Ange qui fut chargé par Paul III, en 1538, d’ériger cette statue équestre sur le Capitule. En l’an 545, elle avait été enlevée de Rome par ïotila, et déjà elle était sur la route d’Ostie, lorsque Bélisaire la reprit. Au x» siècle, elle était dans le forum Boarium ; en 1187, Clément III la fit placer devant le palais de Latrun.

Cette œuvre, une des plus importantes que nous ait léguées l’antiquité, a été plusieurs fois gravée, notamment par Marco da Ravenna et par Corn. Bos dans la première moitié du xvie siècle.

Des bustes antiques de Marc-Aurèle se voient dans les musées du Vatican, des Offices, des Studj et du Louvre. Au Vatican est un bas-relief antique en stuc représentant le Triomphe de Marc-Aurèle, composition des plus intéressantes qui a été gravée en 1565 par Nie. Béatrizet.

Vien a exposé au Salon de 1765 un MarcAurèle faisant distribuer au peuple du pain et des médicaments, destiné à la galerie de Choisy. Guillemot a exécuté pour le Louvre une peinture décorative intitulée la Clémence de Marc-Aurèle. L’empereur est dans sa tente, au milieu de son camp, assis sur son tribunal. On amène devant lui des chefs asiatiques qui avaient manqué à la fidélité qu’ils lui avaient jurée- Marc-Aurèle tient à la main des écrits qui contiennent la preuve de leur trahison ; il les jette au feu. Les chefs se prosternent pour lui témoigner leur reconnaissance. Citons enfin le Marc-Aurèle mourant ou les Dernières paroles de Marc-Aurèle, œuvre capitale d’Eug. Delacroix, qui appartient au musée do Lyon et dont nous avons parlé plus haut.

111A II C DUFBAISSB (Étienne-Gustave), écrivain et homme politique frunçais. V. Du FRAISSB.

MAHCA (Giovanni-Battista Lombardelli DELLA), surnommé Monlnuo de Monlciiovo,

peintre italien, né àMomeuovo en 1532, mort en 1587. Il suivit les leçons de Rafaellino da Reggio, montra une étonnante facilité, mais finit por se livrer à la paresse et ne répondit pas aux espérances qu’il avait fuit naître. On voit de lui des fresques estimées à Rome, à Pérouse et dans sa ville natale.

MA 11CA (Lactance DELLA) OU Lactunee de

Riiuini, peintre italien, né à Monterubirano. Il vivait vers 1553. Fils d’un peintre habile et élève de Pierre Pérugin, il exécuta, U la mort de son.altre, tous les travaux qu’il