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une ligne qui représente la forme que doit I courbure et a été désignée par Frézier sous avoir-la lunette. Cette courba est à double I le nom de cyclaïmbre.

Élévation

Fil. 2.

20 Berceau droit pénétré par un autre de moindre diamètre qui le rencontre obliquement. Les axes des deux berceaux sont AB et CD, qui se rencontrent obliquement. Le tracé de cette réunion de berceaux ne diffère du précédent que par la position oblique du petit, qui donne pour l’arête de la lunette une courbe formant une espèce d’arc rampant en pian et en élévation. Nous avons reproduit les mêmes lettres et les mêmes chiffres que sur la figure précédente parce que la méthode de construction est la mémo. L’arête 0,12, formée par la rencontre des deux berceaux, donne une courbe à double courbure, appelés par Frézier ellipsimbre, parce que sa hauteur est moindre que la moitié du diamètre qui lui sert de base. Cette courbe, de même que la cycloïmbre, ne peut être tracée dans son état naturel que sur une surface courbe, semblable à celle du grand ou du petit berceau. La rencontre de deux berceaux obliques produit un effet désagréable et donne lieu à des angles inégaux qui, indépendamment de l’irrégularité de leur forme, occasionnent des efforts qui ne se correspondent pas. Pour corriger cette irrégularité et former une construction plus solide, on supprime l’angle aigu au moyen d’une partie de berceau perpendiculaire au grand cintre, que l’on raccorde avec la partie oblique lorsqu’on ne peut pas éviter ces pénétrations irrégulières.

Si l’on s’est bien rendu compte de la manière dont le tracé de la lunette a été obtenu précédemment, on pourra facilement résoudre toutes les difficultés que présentent les pénétrations des voûtes, quelles que soient les formes en plan et eu élévation des berceaux qui se rencontrent. Les voûtes d’arête ne sont pas autre chose que des lunettes dont les sommets concourent au môme point ; elles sont engendrées par des voûtes en berceau, de même hauteur de cintre, qui se croisent et forment à leur réunion des angles saillants. Leur tracé ne présente aucune difficulté en plan ; quelle que soit la manière dont les berceaux se croisent, les arêtes sont toujours suivant les diagonales d’un carré, d’un rectangle, d’un polygone, ou les diamètres des cercles dans lesquels ils sont décrits. On donne encore le nom de lunette à l’œil circufaire ménagé au centre d’une voûte d’arête, en guise de grande clef, pour le passage des cordes qui, dans les églises gothiques, servent à mettre les cloches en branle.

— Fortif. La lunette est un ouvrage de fortification permanent, le plus souvent ouvert à la gorge. Il a deux faces et deux flancs. L’escarpe et la contrescarpe sont presque toujours revêtues en maçonnerie. Il y a pourtant dos lunettes tout en terre.

Les lunettes sont employées comme ouvrages détachés d’une place et tirent alors leur défense, soit de la place elle-même, soit d’ouvrages intermédiaires, rarement de leurs propres fossés. Les lianes des lunettes n’ont d’autre but que de battre le terrain qui n’est pas battu par les faces.

Les lunettes ont parfois un réduit défensif, une grosse tour crénelée, comme la lunette

Darçon, à Metz. Cette espèce de lunette a reçu le nom générique de lunette Darçon, du nom de son "inventeur, Jean-Claude-Eléouore Le Migeau-Darçon, général du génie.

Comme les redans et les ouvrages à cornes, les lunettes peuvent servir de tôtes de pont.

LUNETTE, ÉE adj. Cu-nè-té— rad. lunette). Zool. Qui a les yeux entourés d’un cercle coloré. Il Qui porte une tache en forme de lunette.

Lunetterie s. f. (lu-nè-te-r ! — rad. lunette). Art ou commerce du lunettier : La lunetterie parisienne.

LUNETTIER, 1ÈRE s. (lu-nè-tié, iè-rerad. lunette). Personne qui fabrique ou vend des lunettes.

LUNÉVILLE, ville de France (Meurtheet-Moselle), chef-lieu d’arrond. et de deux cantons, sur la Vezouse, près de son confluent avec la Meurthe, à 30 kilom. S.-E. de Nancy, sur le chemin de fer de Paris à Strasbourg ; pop. aggl. 11,929 hab. — pop. tôt. 12,369 hab. L’arrondissement comprend actuellement 8 cantons et 1G2 communes. Le recensement de 1873, antérieur à la loi de la même année qui annexe à l’arrondissement de Lunéville deux nouveaux cantons comprenant 17 communes, donne à cet arrondissement une population de 80,770 hab. Tribunal do première instance ; deux justices de paix ; collège communal ; bibliothèque publique ; musée, cabinet d’histoire naturelle.

En tête des produits industriels de Lunéville se placent la faïencerie et la ganterie. La première manufacture de faïence fut établie dans ce pays en 1731, par Jacques Chamj butte. La brasserie, la fabrication des cheminées de tôle, la broderie, les papiers peints, les cartes à jouer, les blanchisseries de toile, les lilatures de coton, les fabriques de bas au métier, les vins, les eaux-de-vie, le chanvre, le lin, les grains, les bois constituent les autres branches les plus intéressantes de l’industrie et du commerce de la ville.

Lunéville tire son nom (Lun% villa) du culte que l’on rendait autrefois à Diane sur le mont Léomont, éloigné de 4 kilom. L’histoire ne parle pas cependant de cette localité avant le xe siècle de notre ère. C’était à cotte époque le chef-lieu d’un comté considérable, que le duc Mathieu II réunit à ses États. Ses successeurs fortifièrent cette place, dont Charles le Téméraire s’empara en 1476, mais qui fut reprise la même année par le prince de "Vaudeinont : En 1587, Charles III, duc de Lorraine, augmenta les fortifications de Lunéville pour mettre cette place en état de résister à l’armée des protestants d’Allemagne, qui venaient au secours des calvinistes français. Sous Louis XIII, Lunéville fut prise et reprise plusieurs fois par les Français et —les Lorrains. Enfin, en 1633, les Français finirent par emporter cette place d’assaut, après un siège de quinze jours, et en firent sauter les fortifications. En isûi fut signé à Lunéville le traité de paix qui terminait la guerre de la deuxième coalition contre la France,

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Lunéville possède un certain nombre de monuments intéressants. Les châteaux de Stanislas et de Commercy ont été convertis en caserne. L’église Saint-Jacques, achevée sous le règne de Stanislas et consacrée en 1745, offre un beau portail très-orné et surmonté de deux tours, dont l’une porte la statue de saint Pierre et l’autre la statue de saint Michel terrassant le démon. L’intérieur renferme deux tableaux de Girardet, une magnifique tribune et le cœur de la marquise du Châtelet. Nous signalerons encore : l’église Saint-Maur, édifice moderne, dont le clocher frappe par son élégance ; une chapelle funéraire érigée par le prince de Hohenlohe ; la halle au blé ; le manège couvert, dont on admire la belle charpente et où peuvent manœuvrer 200 cavaliers ; la caserne de l’Orangerie ; le champ de Mars, qui a plus de 200 hectares de superficie ; la promenade du Bosquet, formée avec les restes du jardin qui entourait le château ; la salle de spectacle ; deux ponts jetés sur la "Vezouse ; le collège ; le musée ; le cabinet d’histoire naturelle, etc.

Lunéville (traité de), traité célèbre qui mit fin à la guerre de la deuxième coalition contre la France. Conclu entre la France et l’Autriche, il fut signé le 9 février 1801 par Joseph Bonaparte et M. de Cobentzel, le négociateur de Campo-Formio. Après la bataille de Marengo, l’Autriche s’obstinait à continuer la lutte ; mais la victoire de Moreau à Hohenlinden et la marche de ce général sur Vienne, tandis que notre armée d Italie convergeait vers le même but, décidèrent enfin le cabinet autrichien à solliciter d’abord l’armistice de Steyer, puis à entrer en négociation pour la paix. Lunéville ayant été désignée pour cet objet, M. de Cobentzel s’était rendu dans cette ville au mois d’octobre 1S00, et y avait trouvé Joseph Bonaparte ; mais il n’avait fait qu’entasser difficultés sur difficultés, trahissant à chaque instant le mauvais vouloir de sa cour et le sien ; cependant les derniers événements ayant éclairé l’abîme où allait être précipité le gouvernement autrichien, il fallut bien mettre de côté toute hésitation pour éviter une catastrophe et accepter les conditions du vainqueur. Nous allons les résumer, ou plutôt en emprunter le détail à M. Thiers.

Le thalweg du Rhin, depuis sa sortie du territoire helvétique jusqu à son entrée sur le territoire batave, formait la limite de la France et de l’Allemagne. Dusseldorf, Ebrenbreitstein, Cassel, liehl, Philipsbourg, Vieux-Brisach, situés sur la rive droite, restaient à l’Allemagne, mais après avoir été démantelés. Les princes héréditaires qui faisaient des pertes sur la rive gauche devaient être indemnisés. Il n’était pas parlé des princes ecclésiastiques ni du mode d’indemnité ; mais il était bien entendu que tout ou partie des territoires ecclésiastiques fournirait la matière de l’indemnité. L empereur, à Lunéville comme à Campo-Formio, cédait les provinces belgiques à la France, ainsi que les petits territoires qu’il possédait sur la rive gauche, tels que le comté de Falkenstein, le Frickthal, une enclave entre Zurzach et Bàle. 11 abandonnait de plus le Milanais à la Cisalpine. Il n’obtenait d’autre indemnité pour cela que les États vénitiens jusqu’à l’Adige, qui lui étaient précédemment assurés par le traité de Campo-Formio. Ainsi la même faute, le même attentat contre un noble pays se perpétuait, sans que la clairvoyance de Bonaparte, à défaut du sentiment de la justice, vînt lui révéler les conséquences de Ce crime politique.

L’empereur perdait en plus l’évêché de Salzbourg, qui lui avait été promis par un article secret du traité de Campo-Formio, et le duc de Toscane, de la maison d’Autriche, était dépossédé de ses États, qui passaient à la maison de Parme ; toutefois, une indemnité lui était promise en Allemagne ; le duc de Modène, également de la maison d’Autriche, et dépossédé, recevait de son côté la promesse du Brisgau. Ainsi l’Autriche continuait d’avoir l’Adige pour limite, mais la Toscane passait de sa maison à une famille dépendante de la France ; les Anglais étaient exclus de Livourne ; toute la vallée du Pô, depuis la Sesia et le Tanaro jusqu’à l’Adriatique, appartenait à la république cisalpine, fille de la république française ; le Piémont, enfin, confiné aux sources du Pô, dépendait de nous. Nous occupions donc toute l’Italie centrale, et nous isolions l’Autriche du Piémont, des États de l’Église et de Naples.

Le principe des sécularisations n’était pas explicitement, mais implicitement posé, puisque l’on promettait d’indemniser les princes héréditaires, sans parler des princes ecclésiastiques. Evidemment l’indemnité ne pouvait être demandée qu’aux princes ecclésiastiques eux-mêmes.

La paix était déclarée commune aux républiques batave, helvétique, cisalpine et ligurienne, dont l’indépendance était garantie. Quant à Naples, au Piémont et au saint-siège, qui dépendaient du bon vouloir de la France, rien ne fut, décidé à leur égard.

L’empereur, c’était une desi conditions imposées par Bonaparte, signait le traité non-seulement pour lui-même, comme souverain des États autrichiens, mais pour tout le corps germanique, comme empereur d’Allemagne. La France promettait d’employer

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secrètement son influence auprès de la Prusse pour la disposer à couvrir de son approbation cette manière da procéder. Les armées françaises devaient évacuer l’Allemagne, mais après que les ratifications auraient été échangées par la France et par l’Autriche. Enfin, une clause particuliers stipulait que tous les détenus pour cause politique seraient rendus à la liberté.

LUNGERN, village et paroisse de Suisse, canton d’Untervald, à 13 kilom. S. de Sarnen, sur le petit lac de son nom, au pied du Brunig ; l,4S2 hab. Les habitants ont fait de grands travaux pour diminuer les eaux du lac et livrer à la culture une partie du sol qu’il recouvre.

LUNGHI, famille d’architectes italiens, dont plusieurs membres eurent une grande réputation dans les xvio et xvue siècles, et qui ont enrichi de leurs œuvres un grand nombre de villes italiennes. L’artiste le plus renommé de cette famille est le suivant.

LUNGHI (Martino), dit lo Vieux, architecte italien, né à Vigiù (Milanais) vers 1530, mort à Rome vers 1600. D’abord ouvrier, employa à l’extraction d’une carrière de marbre, il parvint à acquérir quelque instruction, sadonna à l’architecture, devint en peu do temps un habile artiste et se rendit à Rome. « Après avoir restauré avec autant de goût que d’intelligence, dit Quatremère de Quincy, quelques édifices importants, on lui confia la partie du palais de Monte - Cavallo qu’on nomme la Torre dé Venti. » Ce travail, assez considérable et très-réussi, eut un véritable succès, et de ce moment date la réputation de l’architecte. Lunghi construisit ensuite l’église des Oratoriens, appelée la ChiesaNuova (1575), gracieux et élégant édifice, la tour du Capitole, la façade de l’église de San-Girolamo degli Schiavoni (1DSS), acheva lo palais Altemps, etc., et fut chargé de construire le palais Borghèse, regardé comme son chef-d œuvre. Le terrain accidenté sur lequel s’élève cet édifice présentait pour la coEStruction des difficultés que Lunghi surmonta avec un rare talent. V. Borghèse (palais).

Citons encore de cet artiste la chapelle de Santa-Maria in Trastevere, et la restauration de Saint-Vincent et Saint-Anastase, où l’on admire de superbes parties. — Son petit-fils, Martino Lunqhi, dit le Jeune, est l’auteur du fameux escalier en marbre de cent quinze marches qu’on voit à Rome, au palais Ruspoli.

LUNGHI, nom de divers artistes italiens.

V. LONGHI.

LUN’GONB, bourg maritime du royaumo d’Italie, province de Livourne, sur la côte S.-E. de l’Ile d’Elbe ; 3,535 hab. Petit port do commerce ; pèche, cabotage.

LUN’GRO, bourg du royaume d’Italie, province do la Calabre citérieure, district et à 16 kilom. S.-O. de Castrovillari, ehof-lieu de mandement, sur une hauteur, près de la rive gauche du Tiro ; 5,0S8 hab.

LUNICOLE s. ( !u-ni-ko-le — du lat. luna, lune ; colo, j’habite). Habitant de la lune- : Il sera de l’évidence ta plus parfaite que, chez de tels LUNtcoi. KS, la relation de père et de fils différera prodigieusement de celle qui a lieu parmi les hommes. (Bonnet.)

LUN1ER, marin français, né à Nantes en 1749, mort en 1S07. Il passa sa jeunesse dans la marine marchande, fut capitaine de corsaire, puis, abandonnant sou périlleux métier, vint à Paris cultiver les sciences et les lettres. On lui doit : Dictionnaire des sciences et des arts (1805, 3 vol. in-S»), excellent livre qu’on peut consulter encore aujourd’hui avec fruit.

LUNIFA s, m. (lu-ni-fa). Bot. Un des noms vulgaires du nymphéa.

LUNIFÈRE adj. (lu-ni-fè-re— du lat. luna, lune ; fero, je porte). Hist. nat. Qui présente une tache en forme de croissant.

LUNIFORME adj. (lu-ni-for-me — du lat. luna, lune, et de forme). Qui a la forme d’un croissant.

— Diplom. Lettres luniformes, Lettres dont les jambages sont recourbés en forme do croissant, il Sigma luniforme, Ancien sigma grec qui avait la forme d’un croissant.

LUNIG (Jean-Chrétien), historien et publiciste allemand, né à Schewalenberg (Lippe) en 1662, mort en 1740. Il parcourut l’Europe pour y recueillir des documents relatifs à l’histoire et au droit public de l’Allemagne. Après avoir été secrétaire d’un général qu’il accompagna dans les campagnes contre Louis XIV, il devint bailli à Eilenburg, puis greffier de la ville de Leipzig. Lunig a publié un grand nombre de pièces diplomatiques relatives à l’histoire européenne. En outre, on a de lui des ouvrages juridiques très-importants, plus remarquables, il est vrai, par l’érudition que par la critique. Nous citerons : Archives de l’empire (1710-1722, 24 vol. in-fol.); Chancellerie de l’empire (1714, 18 vol. in-8°); Mémoires diplomatiques écrits en Europe (1715, 2 vol. in-fol.) ; Discours tenus par des princes et des ministres (1719, 12 vol. in-8°); Code diplomatique de l’Italie (1725-1732, 4 vol. in-fol.) ; Corps du droit féodal germanique (1727, 3 vol. in-fol.) ; Codex Germaniæ diplomaticus (1732, 2 vol, in-fol.), etc.