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sur l’état ancien et actuel du port, de ta ville tt de la province de Civita-Vecchia (1837, in-6«).

MANZ1NI, nom d’une ancienne famille da Rome. V. Mancini.

MANZOLLI (Pier-Angelo), poète latin, né près de. K’.-1’rare au commencement rlux vie siècle. Il était, à c : e qu’on croit, médecin du duc de Ferrure. Manzulli est pluS connu sous le nom de Mnrreiie Paiigeuio, anagramme de son vériiable nom, qu’il voilait ainsi pour échapper aux persécutions ’du clergé. Il est auteur d’un poème curieux, intitulé Zodincus vitm (Venise, in-8<> ; Bâle, 1537, iu-S«). C’est une satire qui contient des attaques véhémentes contre le clergé et quelques dissertations philosophiques d’une grande hardiesse. La première édition fut anéantie par l’inquisition ; ce poème a été traduit en français par Lamonnerie (1731).

MANZON (Marie-Françoise-Clarisse Enjalra.nd, dame), un de» principaux personnages du procès Fualdës. V. Manson.

MANZON I (Francesca), femme poëte italienne, née à Barsio (Milanais) en 1710, morte en 1743. Sous la direction de son père, jurisconsulte de talent, elle reçut une instruction à la fuis scientifique et littéraire, apprit plusieurs langues anciennes et modernes, le droit, la géométrie, la musique, etc., devint membre de plusieurs académies et épousa un Vénitien appelé Luigi Giusti. Outre des poésies insérées dans divers recueils, on a délie des tràg dies sacrées : Ester, tragédie (Venise, 1733, in-8°) ; Abiiiaïl (1734) ; la Debbora (1735) ; la Madré dei Macaibei (1737) ; une traduction des Tristes, d’Ovide ; une Histoire de toutes les femmes savantes, restée manuscrite.

MANZONI (Alexandre), célèbre poète et romancier italien, né à Milan le 8 mars 1784, d’une famille patricienne, mort le ! ?3 mai 1873. Il était, par sa mère, le petit-fils de Beccaria, l’auteur du traité Des délits et des

fieines, duquel il hérita un goût marqué pour a philosophie voituirienne du dernier siècle. Il aima la poésie dès ses plus jeunes années. Un de ses biographes raconte qu’un jour, aux exumens de 1 école où il faisait ses premières classes, et devant une assistance nombreuse et illustre, il-alla de lui-même droit à Monti, qui régnait alors en poésie, et lui baisa la main. Il se passionna également pour Alfieri et Foscolo. Après avoir terminé ses études à l’université de Favie, il vint à Paris avec sa mère ; c’était en 1805, dans les premiers jours de l’Kinpire. Le nom.de Beccaria le lit admettre d emblée dans cette société des idéologues détestés du maître, dont faisaient partie Destutt de Traey, Voluey, Fauriel, Garât et Maigret. M nznni devint même l’intime ami de Fauriel, auquel il.dédia plus tard sa tragédie du Comte de Carmugnola. Ce fut à Paris que le jeune poète publia sa première pièce de vers, à l’occasion de la mort d’un ami de sa famille ; c’est une élégie en vers blancs, intitulée : Sur la mort de Carlo Sinbouilli (1806). Au milieu de réminiscences classiques et d’une mythologie assez froide, on y remarque un fort beau passuge, qui semble avoir servi de ligne de conduite au poète durant sa longue et glorieuse carrière : Ne pactiser jamais avec la bassesse, ne jamais trahir la vérité, ne jamais laisser échapper un mot pour encourager le vice ou ridiculiser la vertu. » En 1807, Manzoni revint à Milan avec sa mère, et, l’année suivante, il épousa la tille d’un banquier genevois, Louise-Henriette Blondel. C’est vers la même époque (1809) qu’il rit paraître son poéma d’Urunie, d’une facture médiocre et dont l’auteur a où lui-même s’excuser plus tard comme d’une erreur de jeunesse.

Maigre ses premières tendances philosophiques, l’esprit de Manzoni se sentait attiré vers les poétiques légendes du catholicisme, et bientôt, sous l’influence de sa femme, récemment convertie au catholicisme, il devint un fervent disciple de la religion. Cette conversion, dont on ne saurait révoquer en doute la parfaite sincérité, fut marquée par la publication des hymnes sacrés sur les principales fêtes de la religion romaine, dans lesquelles, changeant complètement de manière, il adopta un lyrisme tout à fuit en rapport avec l’objet de ses vers (1810). C’était l’aurore du romantisme en Italie. Voulant du premier coup dépasser les timides tentatives de Siivio Pellico et d’Ugo Foscolo, il lit paraître sa tragédie du Comte de Carmugnola (1820), qui déchaîna contre lui tous les ennemis de la nouvelle école. Manzoni répondit vivement à ses critiques dans une lettre écrite en français sur la règle des trois unités, et peu de temps après il lit Daraltre sa tragédie &’Adelchi, avec mîtes et éclaircissements historiques (1823). Dans ses deux draines, Carmagnola et Adelchi, Manzoni a ajouté aux défauts du genre les siens propres, qui sont n’eire trop calme pour traduire la passion et la terreur, connue aussi de développer trop lentement l’action et les caractères, d’introduire des épisodes à tout le moins inutiles. Eu vain Gcethe prit la défense de Carmugnola, visiblement imité de Goetz de berlichinyen ; ces deux pièces sont plutôt faites pour la lecture que pour la scène, on l’a vu quand d’imprudents amis les y ont risquées. Si ces deux ouvrages furent si goûtés, c’est parce que les héros n’y sont

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plus des Romains, comme ceux de Monti, des Flamands ou des Écossais, comme ceux de Pindemonte, mais des Italiens et presque " des champions de la cause nationale ; c’est surtout parce que le style imagé du novateur reposait de la sécheresse >i Alfleri. Les plus brillantes qualités de Manzoni tiennent du genre lyrique ; ses chœurs sont des chefsd’œuvre, où la rime et la strophe, loin de paraître un embarras, ajoutent de nouvelles beautés. Dans sa fameuse ode du Cinq mai 1821, trop vantée, quoiqu’il y lutte brillamment contre trois de nos meilleurs poëtes, on ne trouve ni images fausses, ni épithètes forcées, ni pensées obscures ou sans lien. Manzoni s’abstient de toute attaque, soit contre. Napoléon, soit contre les puissances à qui d’autres ont reproché sa mort ; c’est un chrétien qui se recueille devant les arrêts de son Dieu et qui n’a d’autre tort que da prêter au guerrier mourantr-par une fiction poétique, des sentiments, religieux dont les témoins oculaires ne se seraient jamais doutés. ■ Il n’a pas servi le vainqueur, dit M. Marc Monnier, il n’a pas souffleté la vaincu ; il reste calme et grave devant le tombeau qui vient de s’ouvrir. Est-ce de l’indifférence ? Peut-être. L’indifférence du catholique anéanti sous les décrets de la Providence. Il ne s’indigne pas, ne se révolte Îioint ; il se résigne. Manzoni fut le poète de a résignation.

Dieu qui, tour à tour, ici-bas,

Punit, relève, abat, console,

Près du mourant qu’il a brisé.

Sur le lit désert s’est posé. •

Mais les vers lyriques de Manzoni, si fort admirés au delà des Alpes, n’eussent guère servi sa renommée au dehors, n’eût été le succès qui accueillit l’œuvre du romancier, et qui a consacré sa gloire littéraire : / promessi sposi ou les Fiancés. Publié à Milan en 1827, ce roman fut aussitôt traduit eu plusieurs langues. Dans une belle édition illustrée qui parut en 1842, l’auteur ajouta au texte primitif une Histoire de la colonne infâme, où il fait un tableau saisissant des exécutions cruelles et iniques auxquelles donna lieu la superstition populaire pendant la terrible peste de 1630. Manzoni aborde dans ces pages les plus hautes questions d’économie Sociale et de droit criminel, montrant ainsi que ie souvenir de son aïeul Beccaria l’a guidé dans ses travaux. Avant cette dernière publication, il n’avait repris la plume que pour essayer une réfutation d’un passage de l’Histoire des républiques italiennes de Sismondi, dans lequel l’historien italien apprécie avec une grande autorité et une grande justesse de vues l’influence de l’Église sur la société au moyen âge. Cette pseudo-réfutation était intitulée Observations sur la morale catholique (Florence, 1834). On lui doit également (de la même époque) un Discours sur l’histoire de la Lombardie. L’influence littéraire qu’exercèrent ces différents ouvrages s’est fait sentir principalement sur la langue, dans laquelle Manzoni a introduit de nouveaux éléments de jeunesse et de beauté, en reprenant à leur source les nombreux dialectes italiens.

Depuis de longues années, l’illustre vieillard se reposait dans sa gloire. Il avait été d’ailleurs cruellement atteint dans ses affections de famille : après la mort de sa première femme (1833), il avait vu mourir successivement ses quatre enfants. Resté seul, il a longtemps vécu dans la retraite sur les bords du lac Majeur ; c’est là qu’il aimait à passer ses étés ; 1 hiver il habitait Milan. Immuable dans ses opinions, il n’a cessé, sous la domination autrichienne, d’appartenir à la cause libérale, sans protester autrement, du reste ; car ses œuvres portent la marque d’un esprit désintéressé des choses de son temps. Néanmoins, à son insu, il a inspiré les écrits de Gioberti, de Rosinini, de Uarlo Troya et de Massimo d’Azeglio, son gendre, et secondé par cela même le mouvement national de 1847. Immuable aussi dans sa foi, malgré les infidélités de Rome et ses propres désenchantements, il. est resté, selon l’expression d’un de ses biographes, le chef immortel de ceux qui se résignent. Il a fait partie du sénat italien, au sein duquel il a représenté la plus grande il-lustration littéraire de l’Italie moderne. Sa mort produisit en Italie une impression profonde. Milan lui fit des funérailles presque royales et une somme de 20-.000 francs fut votée par la municipalité pour lui ériger un tombeau. La maison où il est mort doit être achetée et convertie en une sorte de musée, où seront conservés tous ses manuscrits et la correspondance qu’il a entretenue pendant un demi-siècle avec toutes les illustrations da l’Europe.

11 existe de la plupart des ouvrages de Manzoni des traductions françaises ; Fauriel a traduit le Comte Carmagnola et les Adelchi (Paris, 1823) ; ces deux drames, sous le titre de Théâtre de Manzoni et accompagnés de son Étude sur les unités et des Eclaircissements historiques, ont été traduits une seconde fois par M. de Latour, qui nous a également donné ses Poésies (1841). La traduction la plus estimée des Fiancés est celle de M. Duieuil (1828, 5.vol. in-16). Manzoni travaillait, dans les dernières années de sa vie, à des Études sur la langue itatienneet avait achevé des Réflexions sur la Révolution française que ses amis livreront sans doute à la publicité.

MANZOKA, rivière d’Afrique (Cafrerie). Elle

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naît dans.la partie S. du Monomotapa, coule au N.-E., et se perd dans le Zambèse, a l’O. des monts Lupata, après un cours de 500 kilom.

MANZUOLI (Thomas), dit Mnio da Son-Friano, peintre italien, né à San-Friano en 1536. mort en 1575. Il suivit les leçons de Charles Portelli, exécuta, en 1563, un grand tableau à la détrempe pour les funérailles de Michel-Ange, et se fit connaître par un assez grand nombre d’œuvres, dont les plus remarquables sont : la Résurrection de Jésus-Christ, la Nativité, à Florence, et surtout la Visitation, tableau qu’on voit au musée du Vatican, à Rome. Cette Visitation passe pour un chefd’œuvre de grâce et de composition.

MAON s. m. (ma-on). Métrol. Poids en usage dans l’Inde. V. Maund.

MAONEY s. m. (ma-o-né). Métrol. Mesure agraire usitée dans l’Inde, et équivalant à 2 ares,2298.

MAOR1DATH s. m. (ma-o-ri-datt). Hist. relig. Nom donné par les musulmans aux deux derniers chapitres du Coran, qu’ils récitent pour se mettre à l’abri des maléfices.

MAORIS, habitants indigènes de la Nouvelle-Zélande. Bien qu’à première vue les

naturels de la Nouvelle-Zélande semblent former un groupe complètement isolé dans la grande famille des peuples, il suffit d’un court examen pour se convaincre qu’ils appartiennent à lagrande race des Polynésiens, qui est répandue sur la plupart des îles de la grande moitié orientale de l’océan Pacifique. Une preuve irréfutable de cette consanguinité entre des peuples séparés les uns des autres par des espaces immenses, c’est qu’ils parlent tous une langue que l’on ne peut s’empêcher de reconnaître identique, malgré les différences inévitables des dialectes d un même idiome, parlés par des tribus restées depuis de longues années sans communication les unes avec les autres. Du reste, toutes les peuplades que nous rattachons à ce groupe ont des traditions’ communes, telle que celle d’un dieu créateur, appelé Maoui, mot d’où l’on peut, sans trop torturer l’étymologie, tirer, ce nous semble, celui de Maori ; toutes ont la pratique du tabou, usage qui consiste a déclarer maudites ou sacrées certaines personnes ou certaines choses ; toutes ont le même teint bronzé, des traits et des membres qui se rapprochent étonnamment par leur conformation du type caucasique, de même que, sous le rapport intellectuel, les Polynésiens se rapprochent beaucoup des Européens. Il serait facile d’établir également la transition des Polynésiens aux Micronésiens, et de ces derniers aux Malais, dont les tribus ne couvrent pas seulement les lies situées au sud de l’Asie, mais qui s’étendent encore jusqu’à l’extrémité méridionale de l’Afrique ; car les Malgaches ou habitants de Madagascar appartiennent aussi à la race malaise, ainsi que l’avait avancé Guillaume de Humboldt, dont l’assertion a été continuée par les recherches récentes des plus savants géographes.

Entre tous les Polynésiens, ce sont les Maoris qui méritent le plus d’attirer l’attention, tant parce qu’ils habitent les lies les plus grandes et les plus favorisées sous le rapport du climat, que parce qu’ils sont supérieurs à tous les autres par leur intelligence. La Nouvelle-Zélande se compose de deux grandes îles, l’île du Nord et celle du Sud, et de plusieurs autres lies plus petites. C’est l’Ile du Nord que les Maoris habitaient primitivement ; ils l’appellent Te ika à Maoui, c’est-à-dire le poisson de Maoui, parce que, d’après leurs traditions, Maoui l’aurait fait sortir de l’onde comme un poisson, tradition fondée sur ce que les contours de l’Ile reproduisent grossièrement la forme d’un poisson. Ils donnent a l’île du Sud le nom de Te wahi Pounamou, c’est-à-dire l’Ile de la pierre verte, parce que l’on trouve sur sa côte occidentale une espèce de néphrite qu’ils appellent pounamou et dont ils se servent pour fabriquer des pendants d’oreilles, des colliers et des haches.

Le premier navigateur qui ait fait mention des Maoris est Tasman. Lorsque son bàtiment approcha de leurs côtes, ils le hélèrent à granus cris ; mais au moment où ses matelots débarquaient dans une baie, sur la cote septentrionale de l’île du Sud, ceux-ci furent attaqués par les naturels, qui en tuèrent quatre à coups d’avirons et de massues. Aussi Tasman uouna-t-il à cette baie le nom de golfe des Meurtriers, le premier sous lequel la Nouvelle-Zélande ait été connue des Européens. Les naturels ne démentirent pas, dans la suite, leur réputation, car on ne tarda pas à reconnaître que c’étaient des cannibales déterminés. On a attribué ce cannibalisme à la disparition de la race du moa (epiornis maximus), oiseau gigantesque, dont le Muséum possède un œuf qui mesure om,90 de circonférence j’el qui a une capacité de 10 "t,5. (Jet oiseau formait, à cause de l’absence de grands quadrupèdes, le fond de la nourriture animale des naturels ; lorsqu’il eut disparu, ils se rabattirent sur les corps de leurs semblables. À cette assertion on peut objecter que le cannibalisme existe chez d’autres peuplades aussi bien douées que les Maoris sous le rapport intellectuel, sans que l’on ait pu assigner pour cause à cette coutume la même disette de chair fraîche. La forme du gouvernement était purement patriarcale. La

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masse de la population se composait, en quelque sorte, de clients ou vassaux sous des chefa qui n’étaient liés entre eux par aucun lien hiérarchique, mais qui, en revanche, étaient en lutte continuelle les uns avec les autres. Le pouvoir des chefs reposait entièrement sur les croyances religieuses, notamment sur l’idée du pouvoir qu’on leur attribuait sur les méchants esprits de la terre, de l’eau et de l’air. C’était aussi la religion qui servait da base à l’autorité paternelle. Le père de la famille était le prêtre du dieu de la maison, représenté par la Quinine du foyer.

Les chefs habitaient sur leurs pahsou montagnes fortifiées qui, dominant au loin la plaine, formaient des forteresses presque imprenables. Les flancs de ces montagnes étaient taillés tout autour en terrasses superposées, de 3 à 5 mètres de hauteur, et dont chacune était entourée d’une double palissade. Çà et là, dans l’intérieur, se trouvaient des fosses profondes, recouvertes de branches d’arbre, de fougère et de roseaux, vrais pièges à loups, auxquels devait se prendre l’ennemi. D’autres fosses, communiquant entre elles paren haut et par en bas, et munies d’issues secrètes, servaient de passages et de lieux da refuge ; dans d’autres, enfin, on conservait les provisions. Ces travaux étaient exécutés par les Maoris, sans autres outils que des pelles de bois, des marteaux, des ciseaux et des haches de pierre, des couteaux en coquillages. Les palissades étaient formées de poutres solides, dans lesquelles ou taillait parlois de capricieuses arabesques et des figures humaines, qui uvaient la prétention de refirésenter lb chef de la tribu. Le sommet de a montagne était la demeure du chef, de sa famille et des nobles. Au pied de la montagne, les vassaux habitaient au milieu de champs de koumara (natales). Les anguilles fumées, le requin et autres poissons, 1 huître et la moule tonnaient, avec le kiore, espèce de rat particulier à cette contrée, les principaux éléments de la nourriture animale.

Leurs armes consistaient en haches et en massues de pierre, fabriquées avec la néphrite de l’île du Sud ; leurs barques étaient ordinairement creusées dans le bois si dur du totara ; les grandes barques de guerre portaient souvent, comme de nos jours encore, de soixante à soixante-dix rameurs, et c’est un spectacle vraiment surpreuaut que celui d’une de ces barques complètement équipée et embellie d’ornements de toute nature, lorsqu’au sou du battement cadencé des rames, qu’accompagne un chant d’une mélodie sauvage, elle vole avec une rapidité qui égale presque celle d’un bateau à vapeur. Pour faire leurs habits, les toits de leurs maisons, etc., les Maoris avaient recours à une plante précieuse, le phormium lenax ou fin de la Nouvelle-Zélande ; les plumes des oiseaux leur servaietit d’ornements. Ils se tatouaient le corps et la figure d’après un modèle invariable dans chaque tribu, mais qui différait d’une tribu à l’autre. Us réunissaient, comme les Japonais, leur longue chevelure noire, en un nœud fixé derrière la tête, et sur lequel ils plantaient une plume d’albatros. Leurs huttes, eu bois et en tresses de phuiiniuiu, étaient spacieuses et ornées de sculptures, sinon artistement, du moins très-adroitement ciselées. Quant à leur religion, c’était ie culte des éléments, mais ils n’avaient ni idoles ni temples. Du chef au vassal, il existait six rangs hiérarchiques. Les chefs étaient polygames. Le territoire appartenait en commun à tous les membres de chaque tribu.

Les Maoris se partageaient eu une foule de > : ibus continuellement en lutte les unes avec les autres ; mais l’imperfection des armes de pierre aurait rendu les combats peu meurtriers, si la coutume universellement répandue du cannibalisme n’eût introduit celle de rôtir et de manger les ennemis tués ou faits prisonniers. Les femmes exécutaient la plus plus grande partie des travaux manuels. Les enfants appartenaient plus a la tr.bu qu’à leur famille. De bonne heure on les façonnait aux exercices du corps, tels que la course, la danse et la lutte ; on leur upprenait aussi à chasser les oiseaux, à pêcher, à tendre des pièges aux rats, etc. Le fils du chef devait être initié aux traditions, aux lois et aux rites de la triuu. Le meurtre des enfants était ussez ordinaire, surtout en temps de disette. Eu 1770, le nombre des Maoris s’élevait à plus de 100,000 ; eu 1S58, il n’était plus que de 56,049. Cette diminution effrayante dans un intervalle de temps aussi court doit être attribuée, pour moitié au moins, aux combats sanglants livrés par les Anglais aux indigènes, de 1840 à 1847. Samuel Marsden, l’apôtre de la mer du Sud, fut Je premier qui fonda, en 1814, un établissement de missionnaires à la baie des lies. En 1822, les missionnaires ■wesleyens arrivèrent à leur tour. Ce ne fut qu’en 183$ que les prêtres catholiques y pénétrèrent. Les missionnaires apprirent à fond la langue maorie, dans laquelle ils traduisirent plusieurs livres de la Bible, et ne tardèrent pas à voir leurs efforts couronnés de succès.. L’ambitieuse tentative du chef Hongi vint cependant les entraver un instant ; mais, après sa mort, arrivée eu 1823, toutes les tribus, épuisées par la lutte meurtrière qu’il avait soutenue, laissèrent un champ facile aux travaux des missionnaires. Les stations de mission augmentèrent rapidement avec le nombre des prosélytes ; des écoles furent fondées, et la sanctification du dimanche lé-