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Enfin la totalité de l’édifice mesure dans œuvre, du grand portail d’entrée à l’extrémité de la dernière chapelle, une longueur d’environ 130 mètres. ■ La façade principale offre un immense pignon en appareil réticulé. Audessus des trois portes règne une grande fenêtre, garnie de magnifiques vitraux peints. La porte du milieu est décorée de trois sculptures très-frustes. Les parois du portail latéral sont ornées des statues des rois de Juda et de nombreuses statuettes de saints et d’apôtres. La voussure est chargée de sculptures, dont quelques-unes représentent des scènes de la vie du Christ. À l’extrémité du transsept méridional s’élève une haute tour carrée, dont les contre-forts sont garnis de statues. Cette tour est couronnée d un dôme moderne. « La nef, dit M. Adolphe Joanne, est divisée en trois parties, parallèlement à son axe, par deux rangées de piliers, qui, par suite d’un travail de reprise eu sous-œuvre, renferment chacun intérieurement un fût plus petit, datant de la construction d’Arnould ou d’Hoël. Les arcades sont en ogive, avec un tore et une moulure de chevrons pour archivolte ; elles sont surmontées d’autres arcades en plein cintre, parfaitement reconnaissables encore d’ans le parement, et provenant aussi de la précédente construction. Au-dessus règne une galerie étroite, avec huit arcades en plein cintre, ornées de tores et de chevrons. Enfin l’amortissement de la travée présente une ogive, dans le tympan de laquelle sont percées deux fenêtres cintrées, flanquées de colonnettes. La voûte est ogivale, renforcée d’ares-doubleaux tressaillants et de nervures croisées. Au contraire, les voûtes des collatéraux sont en plein cintre. Les collatéraux sont éclairés par des fenêtres cintrées, dont chacune correspond à. une arcade de la nef. Une petite arcature en plein cintre règne au bas des murs latéraux. Les fragments de briques romaines que l’on aperçoit dans les purois extérieures de ces murs, bâtis en petites pierres cubiques et par assises égales, n’ont rien qui doive étonner : ce sont des matériaux provenant du mur romain, dont une partie fut détruite lorsque Guillaume le Conquérant construisit le château du Mans. Les chapiteaux présentent toutes sortes de figures monstrueuses et imaginaires : des harpies, des gi-liions, des chimères, des serpents enlacés, des mascarons grimaçants, etc.» Le chœur de la cathédrale du Mans est certainement un des plus beaux de France : colonnes, arcades, fenêtres, galeries, tout est d’une extrême élégance et dune grande richesse. Les vitraux du iriforium ut du clerestory forment la principale beauté de la cathédrale. Les vitraux du triforium sont consacrés à des légendes de saints ; ils retracent ta légende de la Vierge, de saint Evron, de saint Calais, de Théophile, d’Eustache ; ils figurent aussi un Arbre de Jessé et Saint Bernard chantant avec ses moines les louanges de la Vierge ; on y voit aussi un portrait fort curieux du pape Innocent IV, un Sire de Pirrnii et un Seigneur qui porte sur sa cotte d’armes « de gueules à deux léopards. » Sur les vitraux du clerestory, on remarque : Saint Matthieu, Saint André, Saint Luc, David, Isaac, Moïse, les Apôtres, les Membres de la corporation des drapiers du Alans, Suint Paul, Aaron, Saint £ tienne, Saint Gervais, Saint Protais, Saint Vincent, la Vierge et l’Enfant Jésus, VEoc’que Geoffroy de Loudun, les Saints éoêques du Alans. Presque tous ces vitraux datent du xuie siècle. (Consulter légrand ouvrage in-folio maximo de M. E. Hucher, intitulé : Calques’des vitraux peints de la cathédrale du Alans.) On remarque, en outre, dans la cathédrale : des peintures murales du Xive siècle ; un sépulcre de 1610 ; la porte de la sacristie, faite des débris d’un jubé de pierre ; de curieuses tapisseries du xvi<s siècle, représentant des légendes de saints ; les tombeaux de Charles IV, du comte du Munie, et de Guillaume de Langey du Bellay, vice-roi de Piémont sous François 1er ; le tombeau de la reine Bérengere, œuvre très-huéressauto du xino siècle ; le mausolée de Mgr Bouvier, exécuté dans le style du xmc siècle, .etc. Un peulveu de 4 mètres et detnidehauteurestappuyc contre la façade de la cathédrale.

L’église de la Couture, ancienne abbatiale du monastère dont elle a conservé le nom, date en partie du xie siècle. Elle u été classée parmi les monuments historiques. Les sculptures du tympan du portail sont fort curieuses ; elles représentent le Jugement dernier et le Pésement des âmes. La voussure est peuplée de têtes humaines sortant des feuillages, et d’un grand nombre de statuettes de saints ou de saintes de l’aspect le plus ■ gracieux. On remarque surtout à l’intérieur : les grands arcs ogives à lancettes qui soutiennent les murs latéraux de la nef ; les peintures murales, récemment découvertes sous le badigeon ; les chapiteaux du chœur ; les colonnes des chapelles du chœur, qui remontent, dit-on, au ixc siècle ; les vitraux et le suaire de saint Bernard, étoffe très-curieuse du vie au xic siècle (sacristie). Audessous du chœur règne une crypte très-ancienne et digne d’attention.

L’église Noue-Dame-du-Pré, classée parmi les monuments historiques, était celle d’une abbaye de femmes de l’ordre de Saint-Benoît. Ce monument est en forme do croix latine et a un portail cintré, décoré de colonnes, Res MANS

taure en 1863, il a été décoré depeintures à fresque par MM. Andrieux et Jaffard,

Parmi les autres églises du Mans, nous mentionnerons : l’église Saint-Pavin des Champs, emi a conservé quelques parties romanes ; 1 église Saint-Pierre de la Cour (xn« siècle), convertie en école mutuelle ; l’église de la Visitation, dont la façade principale est ornée de magnifiques colonnes cannelées, que surmonte un bel entablement ; l’église Notre-Dame de la Gare ; l’ancienne église de la Mission, transformée en caserne, etc.

L’hôtel de ville a été bâti au siècle dernier, sur l’emplacement du château des comtes du Maine. L’hôtel de la préfecture occupe les anciens bâtiments du couvent de la Couture. On y a installé la bibliothèque de la ville, qui compte environ 45,000 volumes, et le musée de peinture et d’histoire naturelle. Le musée de peinture se compose de 323 tableaux. Les toiles les plus dignes d’attirer l’attention sont : une Adoration des mages, de l’école du Giotto ; la Vierye et l’Enfant Jésus, de Lippi ; le Christ déposé de la croix, de l’école française de la fin du xve siècle ; un Enfant donnant à manger à un bouc, par Ferdinand Bol ; une Adoration des mages, par Philippe de Champaigne ; un Paysage, par Desjobert ; le Jugement dernier, par Frans ; un Alchimiste dans son laboratoire, par Heemskerk ; le Tintoret et sa fille, par Janron ; la Présentation de Jésus au temple, par Jean Jouvenet ; Jésus livré aux bourreaux, par Ribera ; Portrait, par Andréa del Sarto ; Sainte Véronique tenant le suaire, par Simon Vouet, etc.

Les collections d’histoire naturelle et d’antiquités se composent d’environ 1,200 échantillons, trouvés dans le département. La zoologie y est représentée par près de 3,600 échantillons. L’herbier renferme plus de 4,000 espèces indigènes et exotiques. Mais la pièce capitale du musée est une grande plaque d’émail cloisonné, du xne siècle, représentant Geoffroy Plantagenet, comte d’Anjou et du Maine.

Le musée archéologique, installé dans les soubassements de la salle de spectacle, renferme des vases grecs, étrusques et campaniens ; des bas-reliefs en terre cuite, des bustes antiques ; des antiquités franques, des vitraux, des médailles, des boiseries de la Renaissance, etc.

Mentionnons aussi : la belle salle de spectacle, bâtie en 1842 sur l’emplacement d’un amphithéâtre gallo-romain ; l’hôpital général et sa jolie chapelle ; le lycée ; l’évêché, construit en 18-14 dans le style de la Renaissance ; le palais de justice ; l’hôtel du Grabataire, ancienne infirmerie des chanoines ; la maison qui fut habitée par Scarron, alors qu’il jouissait du titre de chanoine du Mans ; la maison dite de la reine Bérengere ; les restes de l’enceinte gallo-romaine ; l’asile des aliénés ; la promenade des Jacobins, formée de belles avenues de tilleuls ; le jardin d’horticulture ; la promenade du Greffier ; la promenade des Sapins et le grand cimetière.

L’industrie de cette ville s’exerce en général sur les productions des environs, surtout les céréales, les chanvres, la cire, les poires, les pommes, le houblon. Elle consiste principalement dans la fabrication des farines, des fécules, des toiles de toute espèce, des cordages, des huiles, des bougies, papiers peints ; la construction des machines ; les fonderies de cloches, de cuivre et de fer ; la mégisserie et la marbrerie. L’engraissement des volailles a une grande importance : les poules et les chapons du Mans ont acquis une réputation méritée. Les plus beaux et les meilleurs produits viennent principalement de l’arrondissement de La Flèche, surtout de la commune de Mézeray,

Le commerce a pour objet les articles manufactures dans la ville même ou aux environs, ainsi que les productions agricoles des contrées voisines, telles que chanvre, cordages, toiles, fruits, miel, poulardes, cire, bois de construction et bois à brûler, moellons, tuiles, ardoises, chevaux, moutons, porcs et bœufs. Six routes, plusieurs voies î’erréees, qui rayonnent du Mans sur les grands centres voisins, une succursale de la Banque de France, la navigation de la Sarthe, desservie par des bateaux à vapeur et des gabares à voiles, favorisent considérablement le mouvement commercial de celte ville.

Le Mans est une ancienne ville des Gaules, capitale desAulerces-Cenomans. Les Romains la fortifièrent au iie siècle de l’ère chrétienne. Elle tomba successivement ensuite au pouvoir des Armoricains (486), de Clovis (510), de Thierry, roi de Bourgogne, de Clotaire II (598). Du temps de Charlemagne, elle était une des villes les plus riches et les plus considérables de l’empire. Les Bretons d’abord, puis les Normands la saccagèrent ; mais ces derniers en furent expulsés par Louis d’Outremer en 937. Au xio et ail xn<= siècle, elle eut beaucoup à souffrir des guerres des comtes d Anjou et des ducs de Normandie, puis, pendant trois siècles, des guerres entre l’Angleterre et la France. Prise par Philippe-Auguste en 1189, reprise en 1199 par Jean sans Terre, qui l’abandonna l’année suivante, elle retomba au fiouvoir des Anglais en 1424 et revint à la France en 1448. En 1562, les protestants s’en rendirent maîtres. Quelques années plus tard, les habitants du Mans embrassèrent le parti de la Ligue. Henri IV assiégea la ville et la força à capituler, après

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quelques jours de siège, en décembre lSâ9. Depuis Clovis jusqu’à ce jour, elle avait soutenu vingt-trois sièges. Pendant l’insurrection de la Vendée, les royalistes s’emparèrent de la ville (10 décembre 1793) ; mais, dès le lendemain, ils furent complètement défaits par les troupes républicaines. En 1799, les Vendéens attaquèrent encore une fois Le ManF, qu’ils livrèrent au pillage. Enfin pendant la guerre de 1870-1871, les Allemands livrèrent devant Le Mans, à l’armée française commandée par le général Chanzy, une grande bataille dont nous parlerons ci-après. Ajoutons, en terminant, qu’un concile fut convoqué au Mans en 1188, par le roi d’Angleterre Henri II, sur le point de partir pour la croisade. Ce prince ht déclarer par les évêques que les dîmes du clergé, pendant l’année U88, seraient affectées aux besoins de l’expédition.

Mmi» (batailles du). Le Mans a donné son nom à deux batailles, dont la première forme un des épisodes les plus remarquables des guerres de la Vendée, et dont la seconde présente une des péripéties les plus émouvantes de la guerre franco-allemande de 1870-1871.

— I. Le général Marceau venait de succéder a l’inepte Rossignol dans le commandement de l’armée républicaine, lorsque La Rochejaquelein, après un combat très-vif, s’empara de la ville du Mans, le 10 décembre 1793. Aussitôt les divisions républicaines, sous les ordres de Marceau, se réunirent au village de Foultourte, rendez-vous général de l’armée, pour marcher successivement sur Le Mans. Westermann, suivi de la division Muller, formait l’avant-garde, À la nouvelle de l’approche des républicains, La Rochejaquelein fit battre la générale et marcha droit à eux. Westermann, culbuté au premier choc, se replia sur la division Muller, et, se sentant appuyé, se lança de nouveau en avant avec son impétuosité ordinaire. 11 venait d’être repoussé une seconde fois lorsque Marceau accourut pour diriger lui-même tous les mouvements. Sa vue ranime le courage des soldats ; on savait qu’en partant de Rennes pour prendre le commandement de l’armée, il avait dit : t Je suis déterminé à me battre, n’eussé-je que trente hommes à commander. » Bientôt la cavalerie de Westermann se fut ralliée, grâce à l’appui de la divisiun de Cherbourg et des restes de la garnison de Mayence, et La Rochejaquelein, ne pouvant résister au choc terrible de ces troupes d’élite, dut se renfermer dans Le Mans, dont il prit soin de rendre l’accès formidable.

Cependant Marceau, prévenu contre Westermann, dont la bouillante intrépidité pouvait compromettre le salut de 1 urmee, lui remettait un billet du conventionnel Bourbotte renfermant des reproches en ce sens, et qui lui enjoignait, sous peine de la vie, de ne plus engager d’action et de se borner à éclairer la marche de l’armée. En conséquence, aux approches dé la nuit, Marceau donna l’ordre à Westermann de prendre position en avant de la ville pour attaquer le lendemain. « La meilleure position, répondit Westermann, sans s’inquiéter des menaces de Bourbotte, est dans la ville même ; profitons de la fortune. — Tu joues gros jeu, brave homme, lit le généreux Marceau en lui serrant la main ; n’importe, marche et je te soutiens, i

Il était alors quatre heures et demie, et le soleil venait de se coucher. Westermann, suivi des grenadiers d’Armagnac, s’avance vers Le Mans dans le plus profond silence ; on bat la charge, et en un instant le pont, les retranchements sont forcés, les royalisles mis en fuite, La Rochejaquelein fît vainement pleuvoir sur les assaillants la mitraille de plusieurs batteries ; l’impétueux Westermann, entraînant ses soldats, se portant partout, ramenant à coups de sabre les indécis, fait face partout’aux efforts des royalistes. En même temps, il s’entend avec Marceau pour ordonner des dispositions irrésistibles. Vers dix heures du soir, une fusillade terrible éclate, entremêlée de coups de canon. La Rochejaquelein, après des prodiges de valeur, après avoir eu deux chevaux tués sous lui, est obligé de rentrer dans l’intérieur de la place, où les républicains se précipitent, sur ses pas. C’est bientôt un pêle-mêle épouvantable au milieu de l’obscurité. Alors les chefs vendéens, croyant la battailie perdue sans ressource, ne songent plus qu’à se ménager une retraite. Avec les débris de leur cavalerie ils se lancent sur la route do Laval, déjà encombrée de fuyards. La Rochejaquelein, entendant encore tonner l’artillerie, crut que sa défaite n’était pas complète et rejoignit au galop son arrière-garde ; mais l’héroïque chef vendéen est entraîné de nouveau par un torrent de fuyards qui lui crient que tout est perdu et que ses efforts sont inutiles. Ce ne fut cependant qu’au matin que les républicains purent entrer dans la ville, que d’opiniâtres roj-alistes s’étaient obstinés k défendre, et qu’ils n’abandonnèrent que lorsque le jour leur eut montré l’impossibilité) d’une plus longue résistance.

— IL En parlant de l’armée de la Loire (v. Loire), nous avons raconté l’admirable retraite opérée par le général Chanzy après la reprise d’Orléans par les Prussiens (5 décembre 1870). Après avoir essayé de s’établir

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à Vendôme, la seconde armée de la Loiro avait dû se replier sur Le Mans, ou le général en chef avait réorganisé ses troupes, décimées par quinze jours de combats consécutifs. Les Prussiens, eux aussi, avaient reçu des renforts et renouvelé leurs cadres, et poursuivant leur objectif, qui était l’anéantissement complet de cette armée, devenué

la principale force de la France, ils s’étaient peu à peu rapprochés du Mans, le nœud de toutes nos communications entre l’ouest, le nord et le midi de la France.

Le 10 janvier 1871, les combats de Parignél’Evêque, de Changé, de Saint-Hubert et de Champagne montrèrent les forces ennemies réunies autour de la ville et prêtes à en recommencer l’attaque. Voici quelle était la situation le 10 au soir, au moment où allait s’engager la bataille. La seconde armée de la Loire s’était établie dans de bonnes positions ; elle avait préparé des épaulements pour les batteries, des tranchées et des abattis pour la défense des lignes, coupé les routes et les chemins. Les corps s’étaient complétés en effectif, en vivres et en munitions. Malheureusement le général Chanzy se trouvait en ce moment souffrant. En outre, par suite d’une habile manœuvre de l’ennemi, il se trouvait privé de 15,000 k 18,000 hommes aguerris, commandés par les généraux Jouffroy, Curten et Cléret, et au lieu de 60,000 mobilisés bretons qu’on devait lui envoyer, il n’en avait reçu que 9,000 ou 10,000, mal équipés et mal organisés. Enfin son armée manquait d’homogénéité et de cette confiance en elle-même que donne le succès. En face de cette armée se trouvaient 180,000 Allemands, admirablement organisés et disciplinés, et commandés par le prince Frédéric-Charles et le grand-duc de Meeklembourg.

Le général Chanzy sentant la nécessité do défendre Le Mans et de le conserver à tout prix, adopta le plan suivant : repousser l’ennemi des positions dont il s’était emparé le 10 janvier, en avant de nos lignes, et qui pouvaient menacer directement ces lignes ; assurer la défense des positions que nous devions conserver coûte que coûte et sans aucune idée de retraite. Les fuyards devaient être ramenés par la cavalerie et maintenus sur la première ligne de tirailleurs ; ils devaient être fusillés s’ils cherchaient à fuir. Le 11, au matin, la neige qui couvrait le sol à une grande épaisseur avait cessé de tomber ; le temps était froid ; l’atmosphère, complètement dégagée, permettait de suivre au loin les divers mouvements qu’allait entraîner la bataille. Dès le matin, l’action s’engagea sur toute la ligne. L’ennemi, qui avait passé l’Huisne, marcha sur Montfort pour s’emparer de Pont-de-Gennes ; le général Jaurès, à la tète de trois compagnies de marins et do trois compagnies du 94e, repoussa les Allemands et nous assura cette position. Pendant ce temps, l’attaque n’était pas moins vive contre les autres divisions du 21» corps, à Colcom et au Chêne. Le général Colin, jugeant ses positions trop étendues pour io nombre de troupes dont ils disposait, se décida à se replier sur la seconde ligue qlii lui avait été assignée. La première brigade, s’étant retirée prématurément et sans ordres, fut cause de l’occupation des plateaux do Lombron parl’euueiui. Si l’échec était peu de chose, les perles étaient considérables ; elles montaient, pour ce 21= corps, à 100 officiers ee 3,000 soldats. C’est contrôle plateau d’Auvours surtout et contre les hauteurs d’Ivrél’Evèque que l’ennemi dirigea ses principaux efforts. Les hauteurs d’Ivre l’Evêque furent défendues avec succès durant toute la journée ; il n’en fut pas de même du plateau. d’Auvours. Après une résistunee désespérée des mobiles de Bretagne, les Prussiens parvinrent à s’en emparer, et, installés perpendiculairement à nos lignes, ils foudroyaient

de leur artillerie nos jeunes troupes, dont le mouvement de retraite commençait à s’accentuer. Devant cette panique, le général de ■ Colomb donna l’ordre de reprendre le plateau d’Auvours coûte que coûte. Le gênerai Bougeard se mit à la léte d’une colonne d’attaque de 2,000 hommes, et enleva la position après une action des plus brillantes. Il eut son cheval percé de six balles et fut nommé commandeur de la Légion d’honneur sur le champ de bataille. Ainsi, sur les deux rives de l’Huisne, le général Jaurès et le général Colomb étaient à la miit maîtres des positions qui de ce côté assuraient la défense du Mans. Sur la droite de nos lignes, dans le secteur sous les ordres de l’amiral Jauréguiberry, la lutte avait été vive, quelques incidents étaient survenus, mais en somme le succès était des plus satisfaisants. L’action dura sur toute la ligne jusqu’à six heures du soir. La nuit venue, nous étions maîtres de toutes nos positions, et le seul échec, celui du plateau d’Auvours, avait été brillamment réparé ; si nos pertes étaient sérieuses, celles de l’ennemi l’étaient plus encore, et à voir son artillerie reportée en arrière et en colonne, on pouvait espérer que le lendemain il songerait à la retraite. Un incident imprévu vint tout changer et transformer en désastre une véritable victoire. À huit heures du soir, les mobilisés de Bretagne, qui avaient la garde de l’importante positon de la Tuilerie, furent surpris par le retour offensif et inattendu d’une colonne de Prussiens. Saisis d’une panique subite, ils s’enfuirent après quelques coups de canoD, abandonnant cette impor-