Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 10, part. 3, Lu-Marc.djvu/307

Cette page n’a pas encore été corrigée

1060

MAND

quelle un auteur médiocre serait aisément tombé en traitant un tel sujet. « Lucrèce, dit Ginguené, est une femme honnête, mais soumise, simple et crédule ; Callimaque, un amant hardi, entreprenant, à qui rien ne répugne pour réussir dans son amour. Son travestissement en médecin et son latin de collège ne semblent pas avoir été inconnus h, Molière : Le parasite Saturio est tout différent de ceux de la comédie latine ; c’est un gourmand, mais un gourmand spirituel. Timothée est ce que les meilleurs moines étaient alors. Il n’est ni débauché ni même trop hypocrite ; il ne s’occupe que de faire venir l’argent au couvent, et, comme on dit, l’eau au moulin. Tout moyen lui paraît bon ; mais au fond il n’est pas plus méchant qu’un autre, et c’est la grande différence qui est entre lui et Tartufe, auquel on pourrait croire qu’à d’autres égards il a pu servir de modèle, . Il résulte même de l’immoralité de ce moine une forte moralité, et l’auteur n’a pas voulu qu’elle échappât aux spectateurs. »

Quant à ce que le sujet a d’un peu risqué, Machiavel n’a fait que suivre en cela le goût de son époque ; on n’était pas alors si collet monté qu’à présent. La Mandragore fut représentée avec un grand succès à Florence, sans aucun scandale ; Léou X la fit jouer au Vatican (1520) et y prit plaisir, avec tous ses cardinaux.

MANDRAGORITE s. m. {man-dra-go-ri-te — rad. mandragore). Pharm. Potion narcotique énergique, obtenue en faisant infuser dans du vin de la racine de mandragore.

MANDRE s. f. (man-dre).Hist. relig. Monastère, dans le langage des écrivains de l’Église d’Orient. Il Cellule de solitaire. Il Grotte d’anachorète..,

MANDRERIE s. f. (man-dre-rl — rad. mandrier). Techn. Ouvrages pleins en osier, sans lattes ni cerceaux.

MANDRIER s. m. (man-dri-é). Vannier, ouvrier qui fait des ouvrages en jonc ou en osier, il Vieux mot usité encore dans quelques provinces.

MANDRILL s. m. (man - drill ; // mil.). Manun. Espèce de singe cynocéphale des côtes de la Guinée.

— Encycl. Ce groupe de quadrumanes se — distingue par un museau très-proéminent ; par les parties latérales du nez bordées d’une masse de tissu érectile, formant des sillons de couleur bleue ; par. un nez d’un rouge vif ; par des organes gènuaux également rouges et bleus ; par un pelage gris brun et verdâtre en dessus ; par une barbe et une collerette d’un jaune citron ; enfin par une queue rudiuientaire. Dans les premières années et avant le développement des canines, les mandrills ont là tête large et courte et le corps trapu ; leur face est noire ; les fesses ne présentent encore aucune couleur particulière ; les testicules sont de couleur tannée. Dès que les canines commencent à pousser, leur corps et leurs membres s’allongent ; ils prennent des • proportions élancées, en même temps leur physionomie devient plus grossière par suite de l’allongement du museau. Alors aussi l’extrémité du nez rougit, les fesses se parent de leurs belles couleurs, les testicules prennent une teinte rouge. À deux ou trois ans, les canines Ont pris un développement considérable ; les musclés des membres se sont épaissis ; toutes les parties du corps ont pris de l’ampleur, surtout les postérieures ; le museau s’est développé/dans les mêmes proportions ; le liez est devenu rouge dans toute sa longueur ; les brillantes couleurs des cuisses se sont avivées, ainsi que le rouge des testicules ’ et des parties voisines de l’ànùs. Le pelage jt’a éprouvé que des changements insignifiants ; il est généralement d’un brun verdâ’ tre un peu plus clair sur la tête, où se remarquent des poils colorés dans leur longueur d’anneaux alternativement noirs et jaunâtres. Derrière chaque oreille se trouve une tache d’un blanc grisâtre ;’les. côtés de la bouche sont d’un blanc sale ; une barbe jaunâtre, entourage menton. Lea’parties inférieures’â"u corps sont brunâtres, excepté l’extrémité postérieure de l’abdomen, qui est blanchâtre. Chez les individus d^un âge, avancé, les poils de la tête se-relèvent" quel- ’•' quefois de manière à former une sorte d’aigrette. Les oreilles et les mains sont noires. La voix des mandrills est sourde et semblable à un grognement, dans lequel on distingue seulement l’articulation aou, aou. Les femelles sont toujours un peu plus petites que les mâles, et leur peau ne se colore jamais de teintes aussi brillantes. À l’époque du rut, c’est-à-dire chaque mois, leur vulve se trouve entourée d’une protubérance monstrueuse, de forme à peu près sphérique, qui résulte d’une grande accumulation de sang : Lorsque le rut cesse, cette protubérance s eiface peu à peu pour reparaître vingt-cinq à trente jours plus tard. Les mandrills sont assez doux et confiants.dans leur jeunesse ; mais, avec l’âge, ils deviennent de la plus atroce méchanceté. Les bons traitements n’ont pas la moindre prise sur eux ; les actions les plus insignifiantes, un geste, un regard, une parole, suffisent pour exciter leur fureur. D’un autre côté, il est vrai, la circonstance la plus légère les apaise. « Tous les mammifères, à l’époque où ils deviennent capables do se reproduire, acquièrent, dit Frédéric Cuvier, un accroissement de vie et de force, une viva MAND

cité et un éclat de couleurs, une harmonie de proportions qui frappent les esprits les moins observateurs ; cependant, parmi tous ces êtres, qui s’embellissent précisément à l’époque où ceux de sexes différents doivent se rechercher et se plaire, on n’en connaît aucun qui se revête de teintes plus riches, plus brillantes, que le mandrill. On sait que tes sexes d’espèces différentes ne sont point portés à se réunir ; ce n’est qu’au moyen de circonstances particulières qu’on arrive à former de ces associations contre nature, et, s’il en provient une race métisse, elle n’a point la faculté de se conserver. Il semble que, plus on se rapproche de la race humaine, plus s’affaiblit la différence qui éloigne les espèces l’une de l’autre et les empêche de se confondre. En effet, il n’est pas rare de voir, parmi les singes, des individus d’espèces différentes se livrer à tous les actes de la reproduction, comme pourraient le faire ceux d’une même espèce. Ces exemples se sont produits plusieurs fois dans notre ménagerie, mais ces accouplements irréguliers n ont jusqu’à présent jamais été féconds. Ce sont les macaques, et surtout les cynocéphales, qui éprouvent avec le plus de violence ces besoins d’accouplement ; il parait même que ces derniers singes, dans l’égarement de leur passion, pourraient devenir dangereux pour les femmes. • Ce qui est certain, c’est qu’ils les distinguent très-bien des hommes ; on ne peut en douter aux signes nombreux qu’ils en donnent. Et comment font-ils cette distinction dans une espèce si différente de la leur et sur des individus couverts de vêtements au milieu desquels on ne peut apercevoir qu’une partie du visage ? Quoi qu’il en soit, le mandrill est un des singes qui, dans ses désirs d’amour, montre le moins d’éloignement pour l’espèce humaine. • Nous avons déjà eu occasion de parler, dit a ce sujet Georges Cuvier, de l’amour des singes pour les femmes : aucune espèce n’en donne des marques plus vives que celle-ci. L’individu de la ménagerie du Muséum que nous décrivons entrait dans des accès de frénésie à l’aspect de quelques femmes, mais il s’en fallait bien que toutes eussent le pouvoir de l’exciter à ce point ; on voyait clairement qu’il choisissait celles sur lesquelles il voulait porter son imagination, et il ne manquait pas de donner la préférence aux plus jeunes. Il les distinguait dans la foule ; il les appelait de la voix et du geste ; et on ne pouvait douter que, s’il eût été libre, il ne se fût porté à des violences. Ces faits bien constatés, observés par mille témoins éclairés, rendent très-digne de foi ce que les voyageurs rapportent sur les dangers que les négresses courent de la part des grands singes qui habitent leur pays. On a attribué à l’orang-outang, ou plutôt au chimpanzé, plusieurs traits de ce genre qui appartiennent vraisemblablement au mandrill. Il est clair, par exemple, que le barris de Gassendi est bien plutôt un mandrill qu’un chimpanzé ; et, ce qui paraîtra peut-être singulier, il n’est pas sûr que le nom même de mandrill n’appartienne pas en revanche au chimpanzé plutôt qu’à l’animal que nous décrivons ici, il parait du inoins certain, ainsi que l’a observé Audebert, que Smith, dont Buffon a emprunté ce nom, a réellement voulu parler du chimpanzé. »

MANDR1M.ON (Joseph), littérateur français, né à Bourg (Ain) en 1743, mort à Paris sur léchafaud en 1794. Il se livra d’abord au commerce, voyagea en Amérique, s’établit ensuite en Hollande, où il publia des écrits politiques. Revenu en France, il fut emprisonné comme correspondant du duc de Brunswick et condamné à la peine capitale. Ses ouvrages sout : le Voyageur américain ou Observations sur l’état actuel, la culture et te commerce des colonies britanniques, etc. (Amsterdam, 1783, in-8o), traduit de l’anglais, précédé d’un précis historique ; le Spectateur américain ou Remarques générales sur l’Amérique septentrionale, etc. (Paris, 1784, in-4o ; Bruxelles, 1785, in-8o), ouvrage estimé, réédité avec des Recherches historiques sur la découverte du nouveau monde (Paris, 1795, in-8") ; Fragments de littérature et de politique, suivi d un Voyage à Berlin (Paris, 1784, 1788, iu-S°)" ;’. Vaux patriotiques (Bruxelles, 1780, iii-8°)-i Mémoires pour servir à l’histoire de la révolution des Provinces-Unies en 1787 (Paris, 1791, in-8»).

MANDRIN s. m. (man-drain). Techn. Pièce qui se visse sur le nez d’un tour en l’air, et qui sert à saisir les objets que l’on veut façonner : Mandrin universel. Mandrin à vis, à virotes, à pince. Mandrin à ovales. Il Outil dont les forgerons et les ajusteurs se servent pour agrandir et égaliser les trous, il Pièce métallique cylindrique, creuse, servant à réunir et à’maintenir deux objets introduits dans chacune de ses ouvertures. Il Pièce centrale d’une roue hydraulique, qui en supporte les bras. Il Outil en bois ou en métal sur lequel on emboutit des feuilles de métal. Il Outil à tourner certaines pièces d’horlogerie. Il Cylindre en fer sur lequel on contourne une ferrure. Il Longue tige de fer sur laquelle on forme le tuyau d’un cor de chasse. Il Instrument de fer servant k soutenir, entr’ouvrir, travailler plusieurs pièces d’épée ou de fourreau. Il Plateau de Lois de grandeur variée, sur lequel le doreur prépare les grandes pièoes. Il Cylindre de bois sur lequel l’artificier roule les cartouches et gargousses. u Axe de

MAND

bois qui maintient toutes les pièces d’une colonne en menuiserie. Il Poinçon avec lequel on perce le fer chaud.

— Mar. Morceau de bois poli qui sert de gabarit aux charpentiers.

^ — Chir. Stylet qui remplit le canal d’une sonde et empêche l’écoulement involontaire de l’urine.

— Comm. Etoffe grossière dont s’habillent les gens de la campagne.

— Encycl. C’est surtout dans la chaudronnerie en cuivre et en fer que l’usage des mandrins à emboutir rend de grands services pour la fabrication des fonds de chaudière, des plaques de foyer des locomotives et enfin de toutes les pièces embouties, qui sont nombreuses dans cette industrie. Pour emboutir à l’aide de mandrins, on place la feuille plnne sur la surface de ces derniers et on la bat d’abord a’vec le maillet en bois pour lui faire prendre la forme qu’elle doit avoir, puis on l’égalise à coups de marteau Quand il s’agit de pièces mécaniques de grosses dimensions, et pour lesquelles les tôles ont une forte épaisseur qui les met à même de résister aux chocs des maillets et des marteaux, on les fait chauffer dans un four à réchauffer et, après les avoir amenées au rouge naissant, on les place sur le mandrin et on les soumet au marteau-pilon, qui porte, au lieu de sa masse ordinaire, une pièce épousant la forme du mandrin, c’est-à-dire concave si celui-ci est convexe et convexe s’il est concave. Ces pièces, qui prennent alors le nom de matrices, laissent entre elles un jeu correspondant à l’épaisseur de la feuille à emboutir, pour ne pas diminuer l’épaisseur de cette dernière et produire l’effet d’un forgeage.

MANDRIN s. m. (raan-drain — nom d’un voleur fameux). Personne d’un caractère violent et capable de tous les excès.

MANDRIN (Louis), bandit fameux dont le nom est demeuré proverbial et dont la personne même et les aventures sont passées à l’état de légende. Il naquit à Saint-Étiennede-Saint-Geoirs (Isère) eu 1724, d’une famille d’artisans, servit quelque temps dans l’armée, déserta et se hvra à la contrebande sur la frontière de la Savoie, à la tète d’une troupe composée surtout de déserteurs, qu’il payait régulièrement à. raison de 6 livres par jour. Il parcourait ensuite les villages du Dauphiné et de plusieurs autres provinces de l’Est et du Midi, vendant ses marchandises à boutique ouverte, au nez des employés des fermes, qu’il recevait à coups de fusil quand ils voulaient l’arrêter. Il repoussa également des détachements de troupes régulières envoyées contre lui ; enfin, il en arriva jusqu’à attaquer des villes, comme Bourg, Beaune, Autun, et à forcer les entreposeurs des fermiers généraux à lui acheter sa contrebande. Un fait curieux qui montre quel rôle important il était parvenu à jouer dans le inonde, c’est que, lorsqu’il eut emporté Beaune de vive force, il fut reçu à l’hôtel de ville par le maire qui lui offrit le vin d’honneur comme à un personnage. Il paraît que ses exactions n’atteignaient jamais que les fermes et qu’il respectait les personnes et les biens des particuliers. Cela n’est peut-être pas très-certain ; mais ce qui n’est pas douteux, c’est la popularité dont il jouissait. Le peuple, irrité contre l’avidité et le despotisme écrasant des fermiers généraux, voyait en Mandrin un vengeur, une manière de libre échangiste à main armée, et, en achetant ses marchandises à bon marché, le bénissait comme un bienfaiteur et ne tarissait pas sur ses exploits. De leur côté, les fermiers généraux tirent écrire contre ce terrible contrebandier une foule de biographies fantaisistes où une longue suite de crimes tenait lieu d’histoire. Dans la suite les deux versions se mêlèrent, se confondirent dans l’esprit du public et produisirent la plus singulière des légendes. Mandrin, protégé par l’espèce de complicité des paysans, par sa connaissance des localités et par son audace, bravait les troupes du roi, à qui il fit éprouver des perles sérieuses, battait la campagne avec la tranquillité d un capitaine à la tête de sa troupe et continuait sur une vaste échelle son étrange industrie. Enfin, trahi par sa maitresse, il fut arrêté après une énergique résistance et amené à Valence. Un village sur sa route avait pris les armes pour le délivrer. Il fut roué vif et étranglé à Valence le 26 mai 1755, et subit cet affreux supplice avec le plus grand courage. Des centaines de volumes ont été écrits sur cet illustre bandit. L’un des plus curieux est un poëme apologétique intitulé la Mandrinade (1755, in-8o). U faut citer encore le 2’estament politique de Louis Mandrin, par le chevalier Goular (1756, 7« édition). C’est un pamphlet contre les fermiers généraux. L’auteur fait dire à son héros : • Je pourrais impunément me comparer h Alexandre, à César et à tous ces autres perturbateurs de l’univers... D’eux à moi, toute la différence est dans l’importance de l’objet. »

Mandrin (LES AVENTURES DE). V. AVENTU-RES DE Mandrin.

MANDRINÉ, ÉE (man-dri-né) part, passé du v. Mandriner : Pièce mandrinée.

MANDRINER v. a. ou tr. (man-dri-nérad. mandrin). Techn. Fixer sur uà mandrin,

MAND

en parlant d’une pièce que l’on veut travailler.

MANDRITE s, m. (man-dri-te — rad. mandée). Hist. relig. Religieux qui habite une maudre, un monastère, il Cénobite, solitaire.

MANDUMENS, en latin Mandubii, peupla de la Gaule, dans la Lyonnaise Ir^ entre les Eduens et les Lingones. Ils avaient pour capitale Alesia ou Alise et étaient clients des Eduens.

MANDUCABILITÉ s. f. (man-du-ka-bi-li-té — rad. manducable). Caractère de ce qui est manducable, de ce qui peut se manger.

MANDUCABLE adj. (man-du-ka-ble — du lat. manducare, manger). Que l’on peut manger ; qui n’est pas nuisible à la santé, comme aliment.

MANDUCATEUR, TRICE adj. (man-du-kateur, tri-se — du lat. manducare, manger). Physiol. Qui sert à la manducation : Les appendices manducateurs peuvent seuls faire croire à la présence d’une tête. (Walckenaer.)

MANDUCATION s. f. (man-du-ka-si-ondu lat. manducare, manger). Action de manger ; actes qui préparent la digestion des aliments, et comprennent la préhension, la mastication, l’insalivation et la déglutition : L’insecte de ses mandibules fait l’usage le plus varié ; ce ne sont pas seulement des armes et des instruments de manducation, mais des outils pour totis les arts. (Michelet.) Les premières lueurs de la morale ont fait cesser le massacre des gens et la manducation des cadavres. (Proudh.)

— Relig. Communion, action de manger le corps eucharistique de Jésus-Christ.

MANDUCUS s. m. (man-du-kuss — mot lat. formé de manducare, manger). Théâtre lat. Personnage des pièces atellanes, qui portait un masque armé de longues dents qu’il faisait claquer ; sorte de Croquemitaine, dont les dames romaines faisaient un épouvantail pour leurs enfants.

— Encycl. Ce personnage des féeries romaines était promené à travers les rues de la ville, à la tête de certaines processions publiques. L’esclave qui jouait ce rôle grotesque était coiffé d’une tête -énorme uvec une bouche immense et des dents très-apparentes.

Parmi les emprunts que les acteurs d’aiellanos paraissent avoir faits aux vieilles marionnettes des pompes religieuses et triomphales de l’Etrurie, on place le Manducus, cette figuré effrayante, d la maschouere si bien endentelée, qui montrait ses dents clicquetantes aux grutlins de la caoea et faisait trembler le rustique enfant et un peu Sa mère, suivant le vers de Juvénal :

In gremio matria formidat rusticiis infa ?is.

C’est Rabelais qui nous dépeint ainsi ce mangeur d’enfants, monstre à tête humaine, type colossal du Machecroute lyonnais et du Croquemitaine parisien : < Avecques amples, larges et horrificques maschoueres bien endentelèes, tant au dessus comme au dessoubs, lesquelles avecques l’engin d’une petite chorde cachée... l’on faisoyt l’une contre l’autre territicquément chaqueter. » C’est encore la description ’donnée par Scaliger dans son latin : Magnis malis lateque deliiscenset clare crépitons dentibus.

Le grammairien Festus avait écrit avant Scaliger : Manducus, effigies in pompam antiquorum, inter ceteras riuiculas formidolosasgue personas ire solebat, magnis matis ac late dekisceus, et ingentemdentibus sonitum faciens. Festus fait, comme on voit, accompagner Manducus par plusieurs autres personnuges également grotesques ou effrayants. Parmi ces formidables machines étaient, notamment, ces. lamise, goule3 africaines que Lucilius appelle oxyodontes, c’est-à-dire aux —dents aiguës.

Nonius Marcellus fait des Manduci, Manducones ou Mandones, toute une famille de voraces, edaces. C’est, d’ailleurs, le sens étymologique du mot,

Le clare crepitans de Scaliger et le clicqueter de Rabelais sont empruntés à Plaute, qui, dans son liudens, prête, entre autres, cette plainte burlesque à son Charmides u peine sorti d’un bain forcé dans la mer :

CHARMIDES.

Quid ! si aliquo ad ludos me pro Manduco locem ?

iubkax. Quapropter ?

CHAOM1DES.

Quia pot clare crepito dentibus. « Je devrais demander un emploi de Manducus à quelque théâtre. — Pourquoi cela ?-Parce que je sens mes dents horriliquement cliqueter. ■

Ce passage de Plaute nous apprend que Manducus n’était plus seulement une figura dès processions publiques, mais était devenu un personnage ordinaire du répertoire de certaines scènes.

MANDUESSUDUM, nom latin de Manchester.

MANDURIA, ville du royaume d’Italie, province de la Terre d’Otraute, district et à 35 kilom. S. — E. de Tarente, ch.-l. de mandement et de circonscription électorale ; 8,284 hab. C’est la Mandunium des Romains, ancienne ville des Saleiitius, que Fabius Maximus détruisit en grande partie à l’èuo-