Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 10, part. 3, Lu-Marc.djvu/303

Cette page n’a pas encore été corrigée

Ï05G

MAND

mule l’émment jurisconsulte proposait d’inscrire en tête du mandat : à L’assemblée de... a nommé librement et légalement les sieurs... auxquels elle a donné pouvoir de représenter aux états généraux du royaume le bailliage de... en leur prescrivant très-expressément de n’exercer ce pouvoir inviolable que selon les clauses, les vues et l’esprit qui seront développés dans les articles suivants. » Il est impossible dédire plus clairement que, dans l’esprit de l’auteur, le député n’était qu’un porteparole. L’examen des vingt-quatre articles qui suivaient cette formule nous fait connaître à quel point le mandat impératif était dans sa pensée de l’essence même du mandat le • gislatif :

« Art. 1er. Les députés ne pourront user de leurs droits que dans une Assemblée légalement constituée, c’est-à-dire qui réunira ces deux caractères : l’un que tous les membres soient librement élus, l’autre que les représentants du tiers état égalent un moins en nombre eaux de la noblesse et du clergé réuuis.

« Art. B, Les députés emploieront tout ce qu’ils ont de ruisou et de courage pour obtenir que les opinions soient recueillies par tète, et non par ordre,

« Art. 3. Les députés sont chargés de proposer à l’Assemblée nationale, comme un objet vraiment préliminaire, l’examen, la rédaction et la déclaration de tous les droits naturels et imprescriptibles de l’homme et du citoyen, déclaration qui servira de base à toutes les lois civiles et politiques.

Art. 4. Après cette déclaration, les députés sont chargés de demander que la première liberté de l’homme, colle qui seule peut assurer toutes les autres libertés, en un-mot la liberté de penser, soit fondée sur une loi, sur la liberté de l’imprimerie.

Art. 5. Les députés demanderont tout co qui peut assurer la liberté personnelle, ou la liberté d’agir, tet, pour la rendre inviolable, l’abolition des lettres de cachet et autres ordres portant atteinte à la liberté individuelle, sous quelque forme et quelque prétexte qu’ils puissent être décernés. Ils exigeront la réforme de la justice criminelle.

« ArL 6. Le nombre, la constitution, la levée et l’emploi des troupes avant un rapport essentiel avec la liberté publique et particulière, le bailliage de... charge spécialement ses députés de demander que leur nombre soit mesuré sévèrement sur 1»besoin absolu delà pure défense de l’État, que leur constitution resserre les liens qui les attachent à la patrie en diminuant la dépendance qui les soumet aux ministres ; quant à leur emploi, les députés proposeront que par une loi précise il soit déclaré que les troupes, uniquement destinées à la défense de l’État contro les attaques de l’ennemi du dehors, ne seront jamais employées contre les citoyens mêmes, sans le consentement exprès de l’Assemblée.

Art. 7, Pour établir la sûreté de la propriété, les députés sont chargés de réclamer la réforme de la justice civile, réforme à trois points de vue, celui des lois civiles elles-mêmes, celui des juges qui décident sur les procès, celui des magistrats qui ’les préviennent.

« Art. 8. Le bailliage de... défend spécialement à ses représentants d’énoncer aucun voeu sur les impôts, subsides ou emprunts, avant d’avoir déterminé par le suffrage des représentants de la nation le vœu général sur les points déjà exprimés.

Art. 9, Aucun impôt ne sera ’consenti dont la durée excéderait la durée des états généraux.

Art. 10. Les impôts fondés sur les baux, à ferme sont exceptés.

Art il. La réunion des premiers états généraux sera fixée à deux ou trois années au plus tard à compter du jour de la dernière séance de l’Assemblée nationale.

« Art 12. Les députés voteront pour uné répartition générale et commune des impôts, dans la seule proportion des facultés des contribuables, sans distinction de rang, de naissance et de privilège. <,

Art. 13.. L’impôt territorial sera préféré aux autres.

> Art. 14. Les députés demanderont que tous les genres de dépenses soient spécialement assignés sur des impôts déterminés.

« Art. 15. Les députés consentiront aux emprunts indispensables, mais en exigeant la création d’une caisse d’amortissement.

« Art. 10. Le loyer des baux à ferme sera affecté au remboursement des dettes,

Art. 17. Les députés demanderont qu’il soit statué par une loi précise qu’à l’avenir les ministres du roi soient comptables à la nation représentée par les états généraux de toutes les dépenses et emplois des impôts, subsides et emprunts, de quelque nature qu’ils soient.

« Art. 18. Les députés demanderont que tous les comptes rendus aux états généraux, vérifiés et certifiés par eux, soient rendus publics par la voie de l’imprimerie.

■ Art. 19. Par une loi, les ministres seront déclarés responsables et judiciables de l’Assemblée nationale.

Art. £0. Les députés protesteront contre la constitution abusive des états particuliers de la province de... et réclameront le droit imprescriptible des citoyens de ladite province d’être gouvernés par une constitution légitime et vraiment représentative.

MAND

« A :- !. îi. Ce n’est que si les représentants de toutes les provinces ont reçu’ le mandat de s’occuper des réformes particulières de la constitution de chaque province, que le bailliage de... permet à ses mandataires de voter sur. la réforme de sa constitution particulière.

Art. 22. Le bailliage de... se réserve le droit de contrôle sur le plan de réforme approuvé par les états généraux en ce qui le concerne.

« Art. 23. Pour éviter des Conflits, le bailliage de... propose, concurremment avec celle de l’Assemblée nationale, la convocation des trois ordres de chaque province.

Art. 24. À l’égard des points non prévus, le bailliage de. ;. laisse à ses députés la liberté d’opiner selon leurs lumières et leur conscience, à défaut d’instructions particulières. »

Telle était l’idée conçue par Servan pour le mandat des députés aux états généraux. On voit qu’il se préoceune fortement de rappeler aux membres de 1 Assemblée nationale que, loin d’être des souverains indépendants ils ne sont que les représentants du peuple choisis pour signifier ses volontés, et, au besoin, son ultimatum au pouvoir. La nature de leur mandat, pour lui, était tout à fait impérative. D’ailleurs, il faut le reconnaître, ses prescriptions étaient conformes a l’esprit de sagesse et de modération qui ne doit jamais abandonner un homme politique.

Quant au mérite de l’oouvre en elle-même, il est très-grand. À cette époque où tout était a fonder sur les débris du monde féodal encore subsistants, où l’éducation politique était nulle et se résumait à s’incliner devant le droit divin, .Servan, avec une extrême puissance d’intuition, devine du premier coup le remède à apporter au mal et trouve la formule précise des droits et des devoirs, dans des termes assez clairs pour les révéler au peuple, aux députés, au gouvernement, sans froisser personne.

MANDAT (Jean-Antoine Gailliot, marquis DB), officier français, né à Paris en 1731, mort le 10 août 1792. Il était capitaine, aux gardes-françaises lors du licenciement de cj corps en 1789, et fut nommé commandant d’un bataillon de la garde nationale parisienne. Après la démission de La Fayette comme général de cette milice, chaque chef de bataillon la commanda à tour de rôle pendant quinze jours. À l’époque du 10 août 1792, c’était le tour de Mandat. Occupant les Tuileries, il avait reçu l’ordre de repousser la force par la force, et l’on savait que, attaché à la famille royale, il était décidé à le faire. La Commune insurrectionnelle, qui s’est installée a l’Hôtel de ville dans la nuit, le fait appeler le matin du 10 ; il s’y rend ; ses réponses n’étant pas satisfaisantes, ordre est donné de le conduire à l’Abbaye ; mais if peine est-il sur le perron, que la foule qui grondait sur la place se précipite sur lui, le massacre et traîne son cadavre à la Seine.

MANDATAIRE s. (man-da-tè-re — rad. mandat}. Personne chargée d’un mandat : Un mandataire. Une madatairk.

— Dans le langage commun, Personne qui exécute quelque chose au nom d’une autre : Voire mandataire a parfaitement exécuté vos ordres.

— Politiq. Délégué du peuple ou d’une classe de citoyens : Le chef de l’État, quel gue soit son titre, n’est que le mandataire du peuple gui lui adjoint pour conseil d’autres mandataires, les députés. (Proudh.)

« — Féod. Magistrat du Dauphiné, dont la charge finit par devenir une sorte de fief.

— Dr. canon. Celui en faveur de qui le pape a expédié un mandat. "

— Rem. L’usage du féminin n’est pas universel ; quelques-uns se servent du masculin, même en parlant d’une femme.

MANDATÉ, ÉE (man-da-té) part, passé du v. Mandater : Somme mandatée. Traitement mandaté.

MANDATEMENT s. m. (man-da-te-man — rad. mandater). Action de mandater : Le mandatement d’une somme, d’un quartier de pension.

MANDATER v. a. ou tr. (man-da-térad. mandat). Délivrer un mandat pour le payement de : Mandatée une somme.

MANDATEUR s. m. (man-da-teur — du lat. mandtitum, ordre). Ane. art milit. Militaire chargé de porter des ordres.

MANDAT1F, IVE adj. (man-da-tiff, i-verad. mandat). Qui appartient au mandat : Forme mandativk.

— Ane. gramm. Mode mandatif, Futur employé avec le sens impératif, comme lors qu’on dit : Tu iras porter cette lettre. Vous obéirez sur-le-c/iamp.

MANDATUM s7 m. (man-da-tomm —■ mot lat. signifiant chose ordonnée). Liturg. Cérémonie du lavement des pieds, qui a lieu le jeudi saint,

MANDAVI, ville de l’Indoustan anglais, dans la principauté tributaire de Katch, avec un port sur la côte septentrionale du golfe de Katch, à 48 kilom. S. de Bhoudj, 47,000 lmb. Commerce avec l’Arabie. Port sûr et commode d’où l’on exporte principalement du beurre, des grains et du coton. Cette ville eut beaucoup a souffrir du tremblement de terre du 16 juin 1819.

MANDCHOU, OUE s. et adj. (man-ehou, dû). Géogr. Habitant de la Mandchourie ; qui appartient à la Mandchourie ou à ses habitants : Les Mandchous ou Mandchoux. La littérature MANDCHOUE.

— s. m. Langue que parlent les Mand■ enoux : Le mandchou s’écrit alphabétique- I ment. Le makdcuou n’a ni article ni genre.

; — Encycl. Linguist. V. Mandchourie.

j MANDCHOURIE ou MANTCHOU111E, con- ; trée de l’Asie orientale, baignée à l’E. par la j mer Jaune et la Manche de Tartarie, bornée

au S. par la Chine propre, à l’O. par la Mon-1

golie et le territoire du Trans-Baïkal, au N. par la Sibérie orientale (gouvernement russe d’Iakoustk), et faisant partie, au S., de l’empire chinois ; au N. et h l’E. ries immenses possessions asiatiques de la Russie. Ce pays. Sur lequel nous ne possédions il y a une vingtaine d’années que des notions géographiques très-imparfaites et que les relations’des explorateurs nous ont fait connaître depuis peu, est compris entre 38» 58' et 55<> 30’ de lat. N., et luoet 1390 de long-. E. Superficie, 1,500.000 kilom. cariés, La population est évaluée à 15,000,000 d’habitants. Cette vaste contrée est sillonnée sur plusieurs points par de nombreuses montagnes, qui appartiennent à quatre chaînes principales ; celle des monts Sta-’. novoî au N., nommée par les Chinois Hinghan ; la chaîne de Ilinghan qui court du N. au S., dans la partio occidentale de la contrée ; celle qui, s’élevant dans la partie méridionale, comprend le Tohang-pe-chang ou Chanyanalin, et est célèbre dans l’histoire des Mandchoux ; enfin la chaîne située le long de la côte de la mer du Japon et de ce golfe allongé nommé Manche de Tartarie, qui en forme la partie septentrionale. En général, ces montagnes sont d’une médiocre élévation.. L’Amour est le plus grand fleuve de la contrée, dont il arrose le N.-O., le centre et le N.-E., et dont il rassemble presque toutes les eaux. Les autres cours d’eau importants sont lu Niouman, te Silimdehi et le Dchinrjach, affluents de la rive gauche de l’Amour ; le Soungari e, t l’Oussouri, affluents de la rive droits du même fleuve. Dans le S.-O., coule le Liao, qui se jette dan3 le golfe de Liaotoung ; le Hinka, dans le S.-E., est le lac le plus considérable. Le^sol de la Mandchourie, d’une nature assez variée, est en partie argileux et calcaire, en partie sablonneux, graveleux ou marécageux ; il est presque partout très-fertile. « Sur la côte orientale, dit La Pérouse, nous rencontrâmes à chaque pas des roses, des lis, des muguets ; îfbus recueillîmes en grande abondance des oignons, du céleri, de l’oseille, et d’autres plantes pareilles a celles de nos prairies ; les

Îiins couronnaient le sommet des montagnes, es chênes commençaient à mi-côte ; les bords des ruisseaux étaient plantés de saules, do bouleaux, d’érables ; et, sur la lisière des grands bois, on voyait des pommiers, dos azeroliers en fleurs avec des massifs de noisetiers. ■ L’intérieur du pays, surtout sur les bords de l’Amour, n’offre pas un aspect moins agréable : de magnifiques forêts ornent les environs de ce fleuve. Le climat est plutôt froid que tempéré, ce qui est dû sans doute à l’élévation générale du sol et à la grande abondance dos bois ; les hivers sont longs et rigoureux : ils commencent a la fin de septembre et durent jusqu’à la fin d’avril. Ce n’est guère que dans la partie méridionale qu’on trouve des terrains cultivés : là croissent le mûrier, l’abricotier et le pêcher. On y récolte du froment, de l’orge, des pois, ’ du sarrasin, diverses plantes oléagineuses, du tabac, et le ginseng ou jen-chen, planta médicinale si estimée des Chinois. Les montagnes sont généralement couvertes des mêmes arbres qui peuplent les forêts de l’Europe centrale. Le soin des troupeaux est la principale occupation de la plus grande partie des habitants de la Mandchourie ; les gras pâturages qui bordent les cours d’eau et tapissent les lianes des montagnes nourrissent beaucoup de chevaux, de bêtes a cornes et de moutons. Les Mandchoux sont passionnés pour la chasse ; leur pays renferme beaucoup d’animaux à fourrure, tels que renards, martres, zibelines, hermines, loutres, castors, ours tachetés de noir, loups, plusieurs espèces d’antilopes et de sangliers. Entre les oiseaux, on distingue l’argus, plusieurs sortes de faisans et de faucons, dés pies, des merles, etc. La pêche est fort abondante, aussi bien dans les cours d’eau que dans la mer. Le règne minéral offre de lor, du cuivre et du fer ; le salpêtre et le sel se trouvent en divers endroits.

À propos des productions minérales de la Mandchourie, reproduisons ici une intéressante communication de M, Anossolf, adressée au mois d’août 1863 à la Société de géographie de Saint-Pétersbourg : « Au lieu d’une contrée vierge remplie de richesses minérales intactes, nous n’avons trouvé qu’un pays qui a vécu, qui a eu son histoire et, de plus, son histoire aurifère. A en juger par les traces qui restent des unciens travaux, on voit quils ont eu un immense développement, et que l’exploitation des lavages d’or n’était point l’œuvre de quelques aventuriers, mais que des milliers d’esclaves y étaient employés, et on remarque un certain système dans les travaux, exécutés. On rencontre fort

MAND

srmvent des vallées orousées de fossés profonds et encombrées d’éboulenïentset de terrains fouillés. En, outre, on remarque partout des traces d’habitations et des restes de fortifications anciennes.,

Tout indique que ce pays a été jadis peuplé, qu’il a contenu des villes, que des fortifications y ont été élevées. Que sont devenus ces habitants, ces constructions ? Quel a été le sort de ce peuple ? Nous l’ignorons. Peutêtre cet abandon a-t-il eu pour cause la cessation do la présence de l’or dans les mines. Si l’on en croit les traditions fournies par les anciens des colonies chinoises du pays, il aurait existé ici, il y a trois siècles, un royaume particulier dont la capitale se trouvait sur la rivière Sou-Tchan, qui se jette dans le golfa America.

< Les Chinois qui s’y trouvent aujourd’hui continuent à s’occuper, quand ils n’ont rien da mieux à faire, de la recherche de l’or. Ils creusent en fouillant patiemment dans les anciens travaux, et se contentent d’un sabla donnant un rendement aurifère des plus misérables. »

Une industrie un peu perfectionnée n’existo que dans les parties S.-O., où l’influence du voisinage de la Chine a fait introduire quelques arts. Dans le reste le.s habitants nomadesou ichthyophages empruntent aux produits du leur chasse ou de" leur pêcho presque tout ce qui leur est nécessaire. Les fourrures, les objets en fer, les tissus et quelques articles de parure qu’on trouve chez eux viennent de la Chine proprement dite. Les Mandchoux fournissent, en retour, des pelleteries, des poissons séchés et Salés. Leur commerce avec les Russes est assez considérable, et se fait surtout à Tzouroukaïtou, près de l’Argoun.

La Mandchourie chinoise comprend trois provinces : Chin-King, eh.-L, Ching-Ynn ou Moukden ; Giliirin ou Kiriny ch.-l. du même nom ; et Sakhalien-Oulta ch, -l., SakhulieuOula-Khoton.

L’histoire de ce pays, qui est resté "jusqu’ici complètement étrunger à la civilisation européenne, est pour nous lettre close. Il y a aujourd’hui à peu près deux cents ans que les Moscovites entendirent prononcer pour la première fois le nom du fleuve Amour. C’était dans le temps précisément (vers 1640) qu’un chef mandchou venait de conquérir la Chine et d’y fonder la dynastie qui règne encore sur le Céleste-Empire. Les aventuriers qui, sur les traces du Cosaque Ycnnak, poussaient leurs reconnaissances à travers les plaines sans fin de ce qu’on appelait d’après eux la Sibérie, étaient arrivés eu 1G39 sur les bords do la mer d’Okhostfc. Là ils entendirent parler d’un grand fleuve qui débouchait à la mer en peu plus loin vers le sud, dans un territoire où le blé croissait et où l’on échangeait de belles fourrures contre de l’argent et des objets fabriqués. Les explorations se portèrent aussitôt de ce côté ; à partir de 1G45, le fleuve Amour fut parcouru plusieurs fois dans toute son étendue. Ce pays surpassait tellement les territoires plus septentrionaux de la Sibérie, tout à la fois par la quantité d’animaux à fourrures que renfermaient les forêts et^pâr la fertilité de ses plaines, que la renommée en fit un Eldorado. Les chasseurs, les coureurs d’aventures, les colons même y arrivèrent de toutes parts. Le poste fortifié d’Albazin fut fondé sur la rive gauche du fleuve, dans sa partie supérieure. Cependant lu dynastie mandchoue qui s’était affermie en Chine, considérant la Mandchourie comme une de ses possessions, s’efforça d’en expulser les Eusses qui s’étaient établis dans la partie septentrionale. Après une guerre prolongée, dans laquelle les revers furent compensés par quelques succès, les cours do Moscou et de Pékin signèrent, en 1689, le truite de Nertchin.sk d’après lequel le cours tout entier de l’Amour, à partir du point où le fleuve se forme par la réunion de ses deux grandes branches supérieures, la Cliilka et 1 Argoun, fut restitué à la Chine, ainsi que In pays boisé qui s’étend au N. du fleuve jusqu aux montagnes ; le bassin de la Chilka et toute la partie gauche de l’Argoun (territoires connus sous le nom de Daourie} restèrent à la Russie. Kien no fut changé à cet arrangement jusqu’à ces dernières années. « Seulement, dit M. Vivien de Saint-Martin, il arriva une chose assez singulière : c’est que la contrée assez sauvage située au N. de 1 Amour étant fort peu connue, la limite y fut très-mal définie, et par suite, en traçant eux-mêmes leur frontière, les Chinois restèrent fort en deçà de la ligne que les commissaires russes avaient entendu désigner. La. Russie se trouvait ainsi depuis bientôt deux siècles posséder à son insu un territoire d’au moiîis 50,000 verstes carrées (environ 3,000 lieues carrées, ce qui représente le dixième de la superficie de la France), Des redevances do pelleteries arrivaient chaque année à Irkoutsk, envoyées par des tribus dont on savait à peine le nom et pas du tout la demeure. L’exploration du naturaliste russe Middendorff (janvier 1845) révéla cette anomalie. Cette découverte raviva les convoitises russes ; des études actives furent ordonnées sur le cours inférieur de l’Amour et sur les côtes de la mer Jaune. Le résultat de ces études fut la conviction que le fleuve Amour présentait une ligne ininterrompue de communications fluviales entre les régions centrales de la haute Asie et l’Océan ; que la longue étendue des côtes de la Mandchourie pos-