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treraent persuadé de l’autre vie. » Il professait que la religion des honnêtes gens doit être celle de leur prince, et avait souvent à la bouche, le mot attribué par Prudence à 3’empereur Gallien :. Cole dsemonium quod colit civitas. Quand on lui parlait du paradis et de l’enfer, il disait : «J’ai vécu comme les autres ; j’irai où sont allés "les autres.» Un matin qu’il allait rendre visite à la duchesse de Bellegarde, on lui dit qu’elle était à la messe. «Pourquoi faire ? dit-il ; qu’a-t-elle à demander à Dieu, maintenant que le maréchal d’Ancre est mort ?» À la dernière extrémité, il refusa longtemps de se confesser, et n’y consentit que sur l’observation qu’on lui lit que, pour être fidèle à sa maxime favorite, il devait faire comme tout le monde.

— Bibliogr. La bibliographie dû Malherbe est considérable. Toutes ses premiftres œuvres ont paru en brochures détachées, ainsi que quelques lettres, la traduction du xxinc livre de Tite-Live, l’Ode au roi allant châtier la rébellion des Rochellois (1587-1628). De 1630 jusqu’à 1852, il n’y a pas moins de soixante-quatre éditions contenant, soit ses œuvres complètes, soit quelqu’une de ses œuvres détachées. Dix - neuf recueils de poésie, parus de 1597 à 1G35, contiennent diverses pièces de Malherbe. De toutes ces éditions, aucune ne peut lutter avec celle qu’ont donnée MM. Ludovic Lalanne et Ad. Régnier, dans ^Collection des grands écrivains de la France (Paris, 1862-1SC9, 5 vol. in-8°). Authenticité des textes, réunion complète de tout ce qu’a écrit Malherbe, notes historiques, philologiques et bibliographiques, rien ne manque à cette édition, véritable monument élevé en l’honneur du célèbre réformateur de la poésie. Le premier volume contient toutes les poésies de Malherbe par ordre chronologique, ce qui permet de suivre les progrès constants et très-remarquables dans la manière du poëte, progrès qu’il fit faire en même temps à notre langue. Le deuxième volume est consacré à la traduction du livre des Bienfaits, des quatre-vingt-onze premières lettres de Sénèque. Dans le troisième et dans le quatrième volume se trouve la correspondance de Malherbe, qui est assez étendue et qui.offre un grand intérêt au point de vue historique. C’est une chronique précieuse et authentique de la cour de France pendant les dernières années de Henri IV et les premières de Louis XIII. On ne doit point y chercher l’enjouemeut et la vivacité des lettres de Mmo de Sévigné ; Malherbe avait l’esprit-Jiaturellement sérieux, et il n’écrivait que pour envoyer à ses amis de Provence le récit des intrigues de la cour, que sa position le mettait à même de bien connaître. Ces lettres, publiées en 1822 dans une édition fort incorrecte, paraissent pour la première fois dans les conditions de netteté et d’authenticité désirables. Le quatrième volume contient aussi le Commentaire sur Desportes, l’œuvre dans laquelle on peut le mieux étudier Malherbe comme poiite et comme réformateur de la langue. Ce voluino est terminé par une table analytique très-détaillée. Le cinquième volume renferme le Lexique de Malherbe, auquel nous.consacrons un article spécial.

On ne connaît que trois portraits contemporains de Malherbe : l’un a été peint par Kinsonius ; le second est dû au crayon du célèbre Daniel Dumoustier, ce biblioinaue un peu fou dont Tallemant.nous a raconté si vivement l’histoire ; et enfin il en existe un troisième à la bibliothèque de Caen. Segrais éleva une statue à Malherbe ; Dantan en a fait une de lui pour la ville de Caen ; et enfin, dans les niches du nouveau Louvre, figure une statue en pierre de Malherbe.

AIIue. Uttér. En On Malherbe tlui !..., Célèbre hémistiche de Boileau (Art poétique, chant Ier). Le législateur du Parnasse, comme on l’appelait autrefois, a voulu marquer, par la venue de Malherbe, le passage des ténèbres à la lumière. La poésie française était, d’aprèslui, dans le chaos le plus complet, et Malherbe prononça le Fiat lux. Après avoir t’ait semblant de croire que jusque-là le caprice avait été la seule règle, .que

La rima au bout des mots assemblés sans mesure Tenait lieu’d’ornementfl, de nombre et de césure,

dans Ronsard, dans Marot, dans Desportes, Du Bartas et autres excellents poètes ; après avoir affirmé que Villon, le premier, avait débrouillé l’art confus de nos vieux romanciers, » lesquels, selon toute apparence, Villonn’avait jamais lus et ne connaissait pas même de nom ; après avoir ainsi traité sous la jambe, avec le pédantisine le plus outrecuidant, toute notre poésie du xvie siècle, qu’il ignorait, Boileau s’écrie :■ Enfin Malherbe vint, et le premier en France Fit sentir dans les vers une juste cadence.

Ainsi Ronsard et Du Bellay, dont les rhythmes sont si savants, si variés et si harmo’ nieux, avaient ignoré la cadence du vers I Ils ue connaissaient même pas la valeur d’un mot mis en sa place ! Malherbe méritait d’être loué, mais autrement, et c’est ce que nous avons essayé de faire. L’hémistiche de Boileau est une de ces inepties profondes que l’on remâche encore dans les écoles et partout où l’on jure sur la foi du maître ; il n’a plus aucune valeur dans la littérature sérieuse depuis les travaux de Villemain, Sainte-Beuve et Philarète Chasles sur le xvic siècle. Toutefois, il a fait son chemin dans le monde,

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. tant est grande la force de l’habitude, et l’on y fait encore allusion, comme à un aphorisme indiscutable :

Enfin Malherbe vint... La Convention nationale déclara que les écrivains ne lui faisaient pas peur, et elle fit une loi par laquelle les auteurs d’écrits en tous genres, les compositeurs de musique, les peintres et les dessinateurs qui feraient graver leurs tableaux ou leurs dessins avaient le droit exclusif de vendre leurs ouvrages et d’en céder la propriété dans le terrritoire de la république durant leur vie entière. »

Ed. Texibr.

« Enfin Malherbe vint, Mis. littérature française, malheureuse jusqu’alors dans ses essais et plus naïve que noble, commença par l’ode, c’est-à-dire par ce qu’il y a do plus élevé dans la composition poétique ; et dans ce genre, ses coups d’essai furent quelquefois des chefs-d’eeuvre. »

De Bonald.

tEnfin Velasquezm’nf.’.. C’était au moment où Philippe IV montait sur le trône.»

Louis Viardot.

M ni herbe (LEXIQUE DE LA LANGUE DE), par M. Ad. Régnier (1869, in-S° ; tome V des Œuvres complètes de Malherbe dans la collection des Grands écrivains de la France). Malherbe tient une place assez importante dans l’histoire de notre langue et de notre littérature pour que les éminents érudits qui ont entrepris cette collection aient songé à reprendre un à un tous les mots dont il s’est servi, à relater les sens divers qu’il y a attachés, à analyser minutieusement toutes ses-tournures grammaticales et poétiques, à faire enfin le lexique de la langue française telle qu’elle serait si Malherbe était la seule autorité irrécusable. Ce travail intéressant et consciencieux est surtout l’œuvre du fils de M. Ad. Régnier ; celui-ci l’a fait précéder d’une excellente préface.

On peut se convaincre, en lisant ce Lnxigueyàu rôle littéraire de Malherbe ; quoique l’ouvrage soit volumineux, le nombre de mots qu’il enregistre est bien restreint, comparé à

I immense vocabulaire de Rabelais, de Montaigne et de Ronsard ; et cependant, malgré le choix attentif que faisait le réformateur, malgré le soin qu’il mettait à éplucher chaque terme avant de s’en servir, un bon tiers de ses mots a vieilli. Il est vrai que le Lexique ne renferme pas que les mots dont Malherbe s’est servi en vers ; il présente aussi ceux de sa correspondance familière, bien moins étudiée, et c’est comme poète surtout qu’il s’est montré réformateur. Si l’on comptait seulement les mots de son vocabulaire poétique, on trouverait que Malherbe a usé à peine de douze ou quinze cents verbes, adjectifs ou substantifs, toujours les mêmes. Il est évident que la langue française ainsi réduite aurait été d’une extrême indigence. Ce que l’on peut lui reprocher encore, c’est de n’avoir pas toujours fait le choix le plus judicieux. A tant faire que d’émouder, à grands coups de serpe, le feuillage un peu touti’u de la langue du xvie siècle, au moins ne devait-il pas supprimer les jeunes pousses pleines de sève pour conserver de vieux rameaux flétris ; c’est ce qu’il a fait pourtant. Bon nombre des mots qu’il croyait durables sont passés à l’état d’archaïsme bien peu de temps après sa mort, et du vocabulaire de la pléiade, qu’il méprisait, nous tenons encore aujourd’hui une foule d’expressions neuves et pleines de vigueur.

Le Lexique est précédé d’une Introduction grammaticale dans laquelle sont étudiés un à un tous les pronoms, verbes, adverbes, ellipses, pléonasmes, en un mot toutes les figures de grammaire employées parle poëte, le tout accompagné de remarques qui n’offrent pas seulement un intérêt de curiosité, mais qui présentent une certaine importance pour l’histoire de la langue. Ce travail est le plus complet qu’il soit possible de faire sur un écrivain.

MALHERBE (Joseph-François-Marie), écrivain et chimiste français, né à Rennes en 1733, mort en 1827. Membre de l’ordre des bénédictins avant la Révolution, il enseigna la philosophie à l’abbaye de Saint-Germain-des-Prés, à Paris, rentra ensuite dans la vie civile et fut successivement adjoint à la commission chargée de recueillir les livres dans les dépôts littéraires (179-1), bibliothécaire de la cour de cassation (1799), puis du tribunat, et enfin censeur des livres (1812). Malherbe s’était beaucoup occupé de chimie. Il remporta le prix proposé pour la fabrication de la soude par la décomposition du sel marin et s’attacha à améliorer la fabrication du savon. Outre divers ouvrages historiques restés manuscrits, on a de lui : Testament du publiciste patriote ou Précis des observations de M. l’abbé de Mably sur l’histoire de France (Paris, 1789, in-8°) ; la révision de l’édition des Œuvres de saint Ambroise, celle du sixième volume de l’Histoire générale du Languedoc, etc.

MALHEUR s. m. (ma-leur — de mal et heur). Mauvaise fortune, état infortuné : Tomber dans le malhkur, dans un abîme de malheurs. Supporter courageusement son

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malheur. Les mortels osent accuser les dieux, et ce sont eux-mêmes qui, par leur folie, se précipitent dans des malheurs qui ne leur étaient pas destinés. (Homère.) Le malheur fait connaître les vrais amis. (Ennius.) Ce sont les petits malheurs de chacun qui composent le malheur général. (Montesq.) Il faut de la prudence pour éviter le malheur, et du courage pour le soutenir. (J.-J. Rouss.) Le malheur est le chemin des grands talents, ou au moins celui des grandes vertus, qui leur sont bien préférables. (B. de St-P.) Notre bonheur n’est qu’un malheur plus ou moins ^consolé. (Ducis.) Le malheur est peut-être moins difficile à supporter que l’extrême bonheur. (De Ségur.) Le malheur n’apprend rien aux rois. (Chateaub.) Nous ne pouvons pas supposer que Dieu ait voulu imposer le malheur à l’homme. (Ficquelmont.) On peut dire du malheur ce qu’on a dit du ridicule : l’accepter, c’est le détruire. (Ch. Lemesle.) Plus le malheur est grand, plus il est grand de vivre.

Crébillon.

Il Accident fâcheux, circonstance regrettable : Il pourra vousarriuer malheur. Un malheur est d’autant plus touchant que celui qui y-tombe en est moins digne. (Fonten.) Le plus grand des malheurs, c’est d’être malheureux par sa faute. (J.-J. Rouss.) Tout homme, en qualité d’homme, est sujet à tous les malheurs de l’humanité. (J. de Maistre.) Après le malheur de naître, je n’en connais pas de plus grand que celui de donner le jour à un homme. (Chateaub.) Le bruit que fait un malheur qui nous arrive nous en console déjà. (Bougeart.) Est-ce un si grand malheur que de cesser de vivre ?

Racine. Les vrais malheurs sont ceux qu’on a pu mériter.

Desmauis.

— Mauvaise chance, sorte de fatalité : Avoir du malheur au jeu. L’homme n’est ni ange ni bête, et le malheur veut que qui veut faire l’ange fait la bête. (Pasc.) Il Ce qu’il y a de fâcheux : Le malheur est qu’il nous a vus.

— Par ext. Personnes qui sont dans le malheur : La pourpre, qui communiquait- naguère la puissance, ne servira désormais de couche qu’au malheur. (Chateaub.)

— Ellipt. Malheur à ou sur, Puisse -1 - il arriver malheur à : Malheur sur la ville, malheur sur le temple, malheur sur le peuple ! (Chateaub.) il II arrivera malheur à : Malheur aux aveugles qui conduisent ! Malheur aux aveugles qui sont conduits I (Pasc.) Malheur à qui prête le.flanc au ridicule ; sa caustique, empreinte est ineffaçable. (J.-J. Rouss.) Malheur, en amour comme dans les arts, À qui dit tout ! (Balz.) Malheur aux hommes qui tombent ! (P. Lanfrey.) Malheur à qui attise la guerre ! (L. Jourdan.) Malheur au peuple qui ne voudra pas ou ne pourra pas s’arracher au passé ! (Michel Chev.)

Quand sous le crime heureui tout languit abattu, Malheur au citoyen coupable de vertu !

M.-J. Chénier. Malheur à vous, qui par l’usure Etendez sans un ni mesure La borne immense de vos champs !

Lamartine. Il II y aura complet insuccès pour : Il faut attendre que l’inspiration vienne ; malheur A qui fait des vers quand il le veut ! (Volt.) Malheur k tout livre qu’on n’est pas tenté de relire ! (D’Alemb.)

Malheur des temps, Circonstances fâcheuses qui se présentent à une certaine époque : Le malheur des temps le força à s’expatrier.

Pour le malheur de, Par une fâcheuse occurrence pour, de façon à causer du mal à : Je l’ai connu pour mon malheur.

Titus, pour mon malheur, vint, vous vit et vous plut. Racine.

Porter malheur, Causer du malheur, par une sorte d’influence fatale : Cela vous portera MALHEUR. le PORTE MALHEUR à meS

amis. Rien ne porte malheur comme payer ses dettes.

Reonaed.

Jouer de malheur, Avoir une mauvaise

chance persévérante : Je perdis en une soirée 1,300 sequins que j’avais amassés : on n’A jamais joué d’un plus grand malheur. (Cazotte.) Prov. À quelque chose malheur est bon,

Les événements fâcheux procurent toujours quelque avantage :

Quand le malheur ne serait bon Qu’à mettre un sot à la raison, Toujours serait-ce ajuste cause Qu’on le dit bon à quelque chose.

La Fontaine. Il Un malheur ne vient jamais seul, Xlnmaihem est toujours suivi d’autres malheurs. Il II n’y a qu’heur et malheur en ce monde, Ce qui fait le malheur des uns fait le bonheur des autres, it Le malheur n’est pas toujours à la porte d’un pauvre homme, On peut être malheureux sans être pauvre.

— Interj. Manière d’exprimer son dépit ou son désespoir : Malheur 1 elle ne m’aime plus !

— Loc. adjec. De malheur, Funeste, qui cause ou annonce un malheur : Femme db malheur. Heure de malheur. Prophète de

MALHEUR.

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— Loc. adv. Par malheur, Par une fâcheuse occurrence : // arrioa par malheur que...

J’en pourrais, par malheur, faire d’aussi méchants, Mais je me garderais de les montrer aux gens.

Molière.

— Syri. Mnlhcur, adversité, dûircâsc, disgrucc, infortune, mi.ère. V. ADVERSITÉ.

— Mnlheur, calamité, catastrophe, etc. V. CALAMITÉ.

— Allus. hist. Malheur aux vaincus I Exclamation fameuse de Brennus. V. V* vtctisI -.

Malheurs d’un amant heureux (LES), roman de Mme Sophie Gay (1823, 3 vol. in-8»). Ce roman est donné, dans le sous-titre, comme les mémoires d un jeune aide de camp de Napoléon, écrits par son valet de chambre, et l’auteur a pu puiser, soit dans ses souvenirs personnels, soit dans la conversation de ses contemporains, quelques renseignements vrais sur l’entourage de l’empereur ; elles les a rendus d’une façon piquante. Le héros du livre est un homme à bonnes fortunes, toujours amant heureux, comme on se plaisait à représenter tous les officiers de l’Empire, faisant l’amour entre deux batailles, et n’ayant pas le temps d’attendre. Nous ne savons trop ce qu’il y a de vrai dans ces irrésistibles colonels et ces séduisants aides de camp ; mais ce fut longtemps un thème consacré. Gustave de Bié vannes met successivement à mal trois femmes mariées : sa cousine Lydie, qu’il abandonne presque aussitôt ; une certaine Stéphania, qui s’empoisonne de désespoir parce qu’il la soupçonne d’un crime commis contre une de ses rivales, et enfin une intrigante, Mme de Verseuil, femme de son général. Celle-ci manœuvre si bien, qu’à la fin le galant si disputé lui reste ; elle, le force à la compromettre, afin de pouvoir divorcer, lui fait recevoir un bon coup d’épée pour la défendre et va se jinarier avec lui. C’est trop de bonheur pour l’amant, qui se serait contenté de beaucoup moins ; mais il n’y a plus moyen de reculer. Ce sera sa punition que de devenir l’époux d’une femme si perverse. Si l’auteur s’était arrêté à ce dénoûment, le titre de l’ouvrage serait justifié, et l’on verrait véritablement le malheur d’un amant trop heureux. Mais Mme Sophie Gay n’a pas voulu faire finir si tristement son héros. Au moment où il passe l’anneau nuptial au doigt de celle à qui il ne peut penser saus répugnance, il a lu curiosité de la regarder entre les deux yeux, et il reconnaît sa cousine Lydie. C’est sa mère, une excellente femme, qui veillait de loin sur lui et qui a de la sorte arrangé les choses ; elle a obtenu que Mme de Verseuil se tiendrait tranquille, moyennant finance, et comme Lydie était devenue veuve, que, de pius, elle était enceinte de Brévannes, et que c’est le seul faux pas dont elle se fût rendue coupable, elle l’a fait vite venir chez elle et l’a substituée, pour la cérémonie, à l’odieuse intrigante. Ainsi finissent les malheurs de l’amant, sans que ceux de l’époux commencent. Ce roman est bien mené et finement écrit ; ce qui le fit surtout apprécier lors de son apparition, ce furent quelques indiscrétions sur Bonaparte, Barras, Tallien, Joséphine, et des portraits satiriques d’hommes marquants de l’époque impériale.

Scribe a tiré de ce roman une assez jolie pièce, qu’il a faite sous le même titre (théâtre du Gymnase, 29 janvier 1833).

Malheur d’Ciro jolio (le), opéra-comique en un acte, paroles de Charles Desnoyers, musique de M. François Bazin, représenté a l’Opéra-Comique le 18 mai 1847. Une jeune demoiselle, tenue enfermée dans un château par un tuteur, est promise à un vieux baron. Elle aime le page Isolier, et, pour échapper. à un mariage odieux, elle prend un élixir qui doit la rendre laide aux yeux du baron. Son tuteur apprend heureusement le sortilège innocentet consentàl’union des jeunes amants. Après une ouverture brillante, on entend un petit chœur de femmes et une romance gracieuse : Dédaignant toujours l’alliance ; l’air chanté par le valet Cadicbon : Quand le bon docteur travaillait, a un accompagnement d’une couleur fantastique qui répond au sujet ; la romance du page : Enfant encore, admis près d’elle, est écrite dans un style arvehaïquo qui ne manque pas da couleur locale.

MALHBURE s. f. (ma-leu-re — de mal adj., et de heure). Usité seulement dans l’expression : Aller à la malheure, Être maudit, tomber dans quelque malheur mérité :

Aile : à la malheure, allez, âmes hautaines.

Malherbe.

Il Vieux mot qui aujourd’hui s’écrit plutôt en deux mots. V. heure.

— Loc. adv. A la malheure, Par malheur, pour causer un malheur :

Ou bien d la malheure est-il venu d’Espagne,

Ce courrier î

Molière.

MALHEUREUSEMENT adv. (ma-lèu-reuze-man — rad. malheureux).- D’une façon malheureuse : Il est tombé si malheureusement, qu’il s’est cassé la jambe. Les méchants sont des hommes malheureusement organisés. (Ch. Nod.) Je suis malheureusement ne •• les blessures qu’on me fait ne se ferment jamais.