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elle n’avait pas séduit que les hommes ; les femmes qu’elle y rencontrait, Mme  de Sévigné, Mme  de Coulantes, Mme  de La Fayette, la Montespan elle-même, s’étaient vivement intéressées à elle. C’était Mme  de Montespan qui lui avait fait donner la pension de 2,000 iivres ; elle lui réserva un autre emploi : l’éducation d’un enfant qu’elle avait déjà du roi. Elle lui fit louer, rue de Vaugirard, une petite maison discrète, et on lui conduisit le jeune prince, qui mourut presque aussitôt (1669). L’année suivante, on lui confia le duc du Maine ; puis vinrent le comte de Vexin, Mlle  de Nantes et Mlle  de Tours. « On envoyait chercher Mme  de Maintenon, dit Mme  de Caylus, quand les premières douleurs pour accoucher prenaient Mme  de Montespan. Elle emportait l’enfant, le cachait sous son écharpe, se cachait elle-même sous un masque, et, prenant un fiacre, revenait ainsi à Paris. Combien de frayeur n’avait-elle pas que cet enfant ne criât ! Ces craintes se sont souvent renouvelées, puisque Mme  de Montespan a eu sept enfants du roi. » Ce rôle subalterne, qui touchait à la domesticité, fut pour l’ambitieuse le premier échelon des grandeurs. Maîtresse du secret royal et, de plus, bien gouvernée par son confesseur, le Père Gobelin, elle entrevoit dès lors vaguement un avenir possible. Louis XIV était bien loin de se douter des vues qu’on avait sur lui, et même Mme  de Montespan fut plusieurs fois obligée de le faire revenir de préventions qu’il avait contre Mme  Scarron ; elle n’y réussit que trop bien. Le monarque ayant légitimé le duc du Maine (1673), Mme  Scarron eut un appartement à Versailles ; peu après, Louis XIV lui fit cadeau de la terre de Maintenon, érigée en marquisat, et lui ordonna d’en prendre le nom. Il ne songeait pas à en faire sa maîtresse ; mais son esprit lui plaisait, et comme il aimait beaucoup le duc du Maine, il passait de longues heures chez elle. La Montespan s’inquiéta et se plaignit. « Si elle vous déplaît, que ne la chassez-vous ? » lui répondit le roi. Ainsi, il était encore bien loin de ne pouvoir se passer d’elle, et les choses restèrent encore six ou sept ans en cet état. En 1680, Louis XIV n’aimait plus Mme  de Montespan, quoiqu’il lui conservât son rang à la cour de maîtresse favorite ; il lui préférait la duchesse de Fontanges. Celle-ci mourut ; aussitôt les prêtres, jésuites et capucins, confesseurs et prédicateurs s’agitèrent : c’était le moment de frapper le grand coup. Bossuet lui-même s’en mêla ; déjà, pendant le jubilé de 1676, il avait tonné en chaire contre l’adultère royal et presque contraint son pénitent à renvoyer sa maîtresse, qui était rentrée en grâce peu de temps après. Cette fois l’intrigue cléricale fut mieux ourdie ; Mme  de Maintenon, que le monarque, toujours galant, visitait longuement chaque jour, dédaigna de prendre la survivance de la Fontanges ; le renvoi de Mme  de Montespan fut exigé, au nom de la religion et de la morale et pour rapprocher le roi de la reine. Le confesseur appuyait dans le même sens ; il y eut chez le monarque plusieurs mois d’indécision ; les intrigues se croisaient en tous sens. Louvois tenait pour Mme  de Montespan et négociait un raccommodement. On en a la preuve dans cette lettre de Mme  de Maintenon, qui témoigne de l’urgence du péril ; « M. de Louvois a ménagé à Mme  de Montespan un tête-à-tête avec le roi ; on le soupçonnoit depuis quelque temps de ce dessein, on étudioit ses démarches, on se précautionnoit contre les occasions, on vouloit rompre ses mesures, mais elles étoient si bien prises qu’on a donné dans le piège. Heureusement le roi a été averti. Je l’ai félicité de ce qu’il avoit vaincu un ennemi si redoutable... ; il avoue que M. de Louvois est plus dangereux que le prince d’Orange. » Tout échoua contre l'habileté de Mme  de Maintenon et la ténacité des jésuites. « Mme  de Montespan, dit M. Eug. Pelletan dans sa Décadence de la monarchie française, Mme  de Montespan, trahie et remplacée par la femme qu’elle avait prise par la main dans le lit de Ninon de Lenclos, qu’elle avait associée à sa fortune, admise dans sa confidence, joua la tragédie, remplit le palais de sa fureur d’Ariane abandonnée ; elle pleura, elle sanglota sur elle-même à faire crouler le plafond. Mais pourquoi pleurer ? pourquoi crier ? Elle avait chassé La Vallière, une autre la chassait à son tour, c’est la loi du talion. César devait tomber devant la statue de Pompée. Elle osa un jour interpeller le maître sur son infidélité ; mais le maître lui répondit sèchement : Je ne veux pas être gêné, et tout fut dit ; l’Olympe trembla. La favorite disgraciée sans retour essaya d’évaporer sa douleur au grand air, en courant la poste sur les grands chemins... »

Mme  de Maintenon ne la remplaça pas tout d’abord, comme cette citation pourrait le faire croire ; elle était trop habile. Elle se contenta de rapprocher le roi de la reine qui s’écria que Dieu sans doute l’avait suscitée pour cette bonne œuvre. Jamais Louis XIV n’avait eu tant d’égards pour la délaissée ; quant à celle dont il rêvait de faire sa maîtresse, elle le faisait languir, « Je le renvoie toujours désolé et jamais désespéré, » disait-elle à cette époque. Elle le tint ainsi en suspens durant trois longues années, paraissant toujours prête à céder et sans cesse arrêtée par des scrupules. Ce qu’elle attendait, c’était la mort de la reine, qui arriva enfin en 1683. Alors d’autres scrupules survinrent ; la religion lui défendait d’abord d’être la maîtresse d’un homme marié ; elle lui défendait, maintenant qu’il était libre, de se livrer à lui en dehors des liens du mariage. Louis XIV capitula : l’union restée secrète fut bénie par l’archevêque de Paris, Du Harlay, en présence de M. de Montchevreuil et de Bontemps, premier valet de chambre du roi (décembre 1684). Rien ne parut s’être passé, mais la cour, qui depuis longtemps observait, put voir à un certain nombre d’indices qu’un grand changement s’était consommé. Mme  de Maintenon dès ce jour resta assise devant Monsieur ou Monseigneur (qui ne pouvait s’habituer à reconnaître sa belle-mère dans la veuve Scarron) ; les princes du sang ne se présentaient devant elle que par des audiences demandées ; elle disait : « ma mignonne » à la duchesse de Bourgogne qui la nommait sa tante ; elle s’habillait et se déshabillait devant le roi qui l’appelait Madame, madame tout court, etc., etc. À aucune de ses maîtresses, même les plus aimées, Louis XIV n’avait toléré de telles licences.

D’ailleurs la date du mariage est à peu près fixée par cette lettre de Mme  de Maintenon que M. Th. Lavallée a mise en lumière ; elle est datée du Ier janvier 1685 et adressée à l’abbé Gobelin : « Il faut vous faire des reproches de la manière pleine de respect et de cérémonie dont votre lettre est écrite. Je ne sais si les honneurs dont je suis environnée (elle avait d’abord écrit couronnée) vous inspirent quelque chose de nouveau ; mais pour moi je ne suis point changée pour vous, et je reçois les marques de votre souvenir et de votre amitié comme j’ai fait depuis seize ans qu’il y a que je suis en commerce avec vous. »

À peine Mme  de Maintenon était-elle solidement, quoique secrètement, attachée au roi que les persécutions contre les protestants prirent le caractère le plus odieux. En vain plus tard a-t-elle voulu se disculper de sa participation à la révocation de l’édit de Nantes et aux horreurs des dragonnades ; élevée jusqu’au trône par les prêtres, elle fut bien forcée de subir leurs exigences, et elle doit partager la responsabilité de ce qu’ils ont fait, à l’ombre de son pouvoir. Les dragonnades commencèrent en 1684, la révocation est de 1685, et les supplices des récalcitrants, l’enlèvement de leurs enfants, l’émigration d’un vingtième de la population française se continuèrent précisément pendant les premières années de sa faveur. À cette même époque, il est vrai (1685), elle fondait la noble maison de Saint-Cyr et répandait en bonnes œuvres la plus grande partie de ce qu’elle tenait du roi ; mais cela prouve qu’elle savait faire également le bien et le mal. La fondation de cette maison, la rédaction de ses règlements et la surveillance active de ses pensionnaires occupèrent la plus grande partie du reste de sa vie, fort ennuyée de l’étiquette de la cour et qu’attristait encore l’humeur sombre du monarque vieillissant. « Quel supplice, disait-elle, d’avoir à amuser un homme qui n’est plus amusable ! » Ce supplice, elle l’avait voulu et ardemment désiré.

Son influence fut aussi néfaste en politique qu’en religion. C’est elle, en grande partie, qu’il faut accuser des désastres et des misères sans nom de la fin du règne. Elle tenait le fil de toutes les intrigues diplomatiques et jamais main ne fut plus malheureuse que la sienne ; c’est elle qui éleva Chamillard jusqu’au ministère et fit confier une armée à Marsin ; peu lui importait la capacité, pourvu qu’on fût dévot. C est elle encore qui faisait donner par an 2 millions de subsides au roi Jacques, pour souffler la guerre civile en Irlande ; elle trempa aussi dans les intrigues de la guerre d’Espagne et sut pourvoir Philippe V d’une gouvernante à sa guise, la princesse des Ursins, qui joua les Maintenon à Madrid. En même temps, elle éloignait de la cour et abreuvait de dédains Villars et Catinat, seuls capables de soutenir la vieille monarchie entamée de toutes parts. Michelet a divisé le règne de Louis XIV en deux parties : l’une toute splendide et partout triomphante, avant la fistule (1661-1686) ; l’autre remplie d’atrocités religieuses, de fatales erreurs politiques et des plus grands désastres militaires, après la fistute (1686-1715). On peut tout aussi bien la diviser, aux mêmes périodes et avec les mêmes dates : avant et après la Maintenon. Son dernier acte politique fut le testament qu’elle arracha à Louis XIV en faveur du duc du Maine et qui faillit faire livrer une partie de la France à l’Espagne !

Malgré tout son pouvoir, si fort et si occulte à la fois, Mme  de Maintenon s’ennuyait incurablement au sein de ces grandeurs qu’elle avait tant souhaitées. « Que ne puis-je, écrivait-elle, vous donner mon expérience ? Que ne puis-je vous faire voir l’ennui qui dévore les grands et la peine qu’ils ont à remplir leurs journées ! Ne voyez-vous pas que je meurs de tristesse, dans une fortune qu’on aurait eu peine à imaginer ? J’ai été jeune et jolie ; j’ai goûté des plaisirs ; j’ai été aimée partout. Dans un âge plus avancé, j’ai passé des années dans le commerce de l’esprit ; je suis venue à la faveur et je vous proteste que tous les états laissent un vide affreux. » Et Voltaire, après avoir lu ces plaintes, s’écrie : « Si quelque chose pouvait détromper de l’ambition, ce serait assurément cette lettre. » C’est se montrer bien indulgent. La cour de Versailles ne se trompait pas à ces faux semblants hypocrites, et les libelles les plus injurieux, les épigrammes les plus cruelles pleuvaient sur la parvenue, partis de la main même de ceux qui la voyaient de plus près. Voici un sonnet qu’on attribua à Mlle  de Nantes, une des filles du roi et de Mme  de Montespan, mais dont la facture révèle un poëte exercé :

Que l’Éternel est grand ! que sa main est puissante !
Il a comblé de biens mes pénibles travaux ;
Je naquis demoiselle et je devins servante ;
Je lavai la vaisselle et souffris mille maux.

Je fis plusieurs amants et ne fus point ingrate ;
Je me livrai souvent à leurs premiers transports.
À la fin j’épousai ce fameux cul-de-jatte
Qui vivait de ses vers comme moi de mon corps.

Mais enfin il mourut, et vieille devenue,
Mes amants sans pitié me laissaient toute nue,
Lorsqu’un héros me crut encor propre aux plaisirs.

Il me parla d’amour, je fis la Madeleine ;
Je lui montrai le diable au fort de ses désirs ;
Il en eut peur, le lâche !... et je me trouve reine...

Mme  de Maintenon se consolait de ces injures, qu’elle n’ignorait pas, dans le sentiment de sa toute-puissance et surtout parmi ses pensionnaires de Saint-Cyr, chez lesquelles elle allait se soustraire à tous les ennuis de l’étiquette. La mort du roi, qu’elle assista jusqu’à son dernier moment, la confina tout à fait dans cette retraite où elle se plaisait, Louis XIV avait à peine rendu le dernier soupir que Mme  de Maintenon, voyant que c’en était fait, passa dans son appartement ; elle s’apprêtait à brûler certains papiers de sa cassette, lorsque se présenta un capitaine des gardes, M. de Cavoie ; il venait par l’ordre du duc d’Orléans s’emparer de tous les papiers de la favorite et prier celle-ci de le suivre à Saint-Cyr. Elle fut atterrée, mais obéit. Son règne était passé. Arrivée au seuil de la maison qu’elle avait fondée, la supérieure se présente pour la recevoir ; mais devinant, en apercevant auprès d’elle un capitaine des gardes, tout ce qui s’est passé, elle s’approche de M. de Cavoie. « Monsieur, lui dit-elle, ne me compromettrai-je pas en recevant ici Mme  de Maintenon sans la permission de M. le duc d’Orléans ? » Le régent lui octroya non-seulement de passer le reste de sa vie a Saint-Cyr, mais vint lui faire visite en personne et lui assurer qu’une somme de quarante-huit mille livres lui serait exactement payée. Mme  de Maintenon fut inhumée à Saint-Cyr. Son tombeau ayant été brisé pendant la Révolution, ses cendres jetées au vent, le premier consul fit rétablir le monument en 1802.

Mme  de Maintenon a été jugée à des points de vue très-divers. Saint-Simon, dans ses Mémoires, l’a présentée sous le jour le plus défavorable ; Voltaire, au contraire (Siècle de Louis XIV), l’a trop complètement absoute. M. de Noailles, dans son Histoire de Mme  de Maintenon (1858, 4 vol. in-4o), n’est guère qu’un panégyriste continuel ; descendant et héritier de la célèbre marquise, il manque complètement d’impartialité, mais ses recherches ont une certaine valeur. M. Th. Lavallée s’est placé au même point de vue dans la série d’éditions, précédées de notices intéressantes, qu’il a faites des lettres et opuscules de Mme  de Maintenon : Lettres historiques et édifiantes adressées aux dames de Saint-Louis (1856, 2 vol. in-12) ; Entretiens sur l’éducation des filles (1854, 1 vol. in-12) ; Conseils et instructions (1857, 2 vol. in-12). On peut consulter aussi son Histoire de la maison royale de Saint-Cyr (1853, in-8o). Michelet a consacré à Mme  de Maintenon quelques pages sévères dans son Histoire.

Les Lettres de Mme  de Maintenon avaient été publiées pour la première fois par La Beaumelle. (V. l’article suivant.) Le même compilateur publia également les Mémoires de Mme  de Maintenon (Amsterdam, 6 vol. in-12j, qui sont regardés comme apocryphes. Cependant il est probable que l’auteur eut sous les yeux des matériaux importants et des pièces originales.

Maintenon (LETTRES DE Mme  de), publiées par La Beaumelle (1752, 2 vol. in-12, et 1756, 9 vol. in-12). M. Th. Lavallée en a donné une édition plus correcte sous le titre de Lettres historiques et édifiantes (1856, 2 vol. in-12), en séparant divers opuscules sous forme de lettres qui ne pouvaient être rangés parmi des pièces de correspondance. Les Lettres à la princesse des Ursins ont été éditées à part (1826, 4 vol. in-8o), ainsi que les Lettres sur l’éducation des filles (1856, 2 vol. in-12). Mme  de Maintenon aimait à écrire, comme en témoigne cette masse de documents épistolaires. Ce que l’on admire surtout dans ces Lettres, dont la plupart ont trait à l’éducation des jeunes filles, c’est le bon sens, le jugement, la solidité ; elles sont pleines de fine raison agréablement relevée de détails curieux, de piquantes anecdotes, de récits gracieux et amusants. Ce ne sont pas des instructions dogmatiques ni un traité ex professo sur l’éducation des jeunes personnes ; ces lettres sont familières et pratiques, écrites jour par jour, heure par heure, suivant les besoins et les personnes, tantôt aux dames de Saint-Cyr, tantôt aux demoiselles. Saint-Simon définit leur style « un langage doux, juste, en bons termes, naturellement éloquent et court. » Elles nous représentent bien cette épouse morganatique du roi-soleil, femme toute de convenance et de calcul, pleine de sens et d’esprit, mais manquant de cœur et de générosité ; sans fausseté peut-être, mais remplie d’artifices, trop facile à abandonner ses amis quand ils déplaisaient à son royal époux qu’elle rapetissa au lieu de lui inspirer de grandes choses. La religion, représentée non par ses dogmes, mais par le prêtre, y tient trop de place.

Lors de la première publication, on accusa La Beaumelle de supercherie ; mais ces Lettres « présentent, dit Voltaire, un caractère de naturel et de vérité qu’il est presque impossible de contrefaire. » L’édition de M. Th. Lavallée, en faisant connaître les textes authentiques, a montré que La Beaumelle s’en était très-peu écarté. Les Lettres historiques et édifiantes, qui étaient le fonds de sa publication, sont celles qui aujourd’hui ont le plus grand intérêt.

Maintenon (Mme de), portrait de Mignard ; musée du Louvre, n° 359. Dans ce portrait devenu historique, la célèbre marquise est représentée assise dans un fauteuil, le corps tourné du côté droit, le bras gauche appuyé sur une table, tenant un livre de prières, et la main droite posée sur sa poitrine. Elle porte sur la tête un voile vert et par-dessus sa robe un manteau de velours bleu doublé d’hermine ; sur la table est posé un sablier emblématique. Ce portrait, en sainte Françoise, dit le livret, est d’une simplicité austère et calculée comme toutes les paroles de cette femme profondément dissimulée. « Dans cette page, dit M. Viardot, comme dans toutes les autres signées de son nom, Mignard montre la même correction froide, la même habileté dans l’art de flatter et d’embellir, le même soin du gracieux et du léché porté jusqu’à cette afféterie qu’on a nommée de son nom, alors comme un éloge, aujourd’hui comme un blâme ; mais aussi une finesse, une légèreté, une vivacité même de pinceau qui, dans ce temps d’abandon systématique du coloris, l’ont rendu facilement le premier coloriste des peintres de la cour de France. »

Relevons en passant l’erreur de M. Viardot et de bien d’autres qui croient que c’est du nom du peintre qu’on a fait l’adjectif mignard, pour poli, affecté : mignard et mignardise ont été employés par Amyot, Ronsard et Régnier.

MAINTENU, UE (main-te-nu) part, passé du v. Maintenir. Tenu fixe ; Une charpente maintenus par des barres de fer.

— Fig. Conservé d’une manière permanente : L’homme ne peut être réduit et maintenu en esclavage que par la force. (Ûuvier.)

MAINTENUE s. f. (main - te - nû — rad. maintenir). Jurispr. Confirmation juridique d’un droit en faveur de celui qui en jouit de fait : Obtenir un arrêt de maintenu ! ;, « Pleine maintenue, Maintenue définitioe, Celle qui déboute définitivement la partie qui attaquait le droit. Il Maintenue provisoire, Celle qui conserva l’usage du droit jusqu’au jugement définitif seulement. Il Maintenue de noblesse, Confirmation par jugement de la noblesse d’un gentilhomme.

— Encycl. Maintenue de noblesse. Ces maintenues eurent lieu lors de la recherche des usurpateurs de titres nobiliaires. Il y avait plusieurs sortes de maintenues ; les unes par lettres, d’autres par arrêts, et d’autres par jugements des intendants et commissaires départis par le roi dans les provinces du royaume.

L’expédition des jugements de maintenue, délivrée par le généalogiste des ordres du roi, avait foi en justice, par arrêt du conseil du 5 mai 1699. Les jugements de maintenue ou de condamnation, rendus pendant la reoher- • che des faux nobles par les commissaires généraux départis dans les provinces, devaient être remis au généalogiste des ordres chargé de dresser le catalogue de la noblesse du royaume, par arrêts du conseil des 12 avril, 12 juin 1683 et 11 mai 172S. Les jugements de maintenue obtenus sur de faux titres furent déclarés nuls par édit du 30 janvier 1703.

MAINTIEN s. m. (main-tiain — rad. main' tenir). Action de faire durer, conservation : Le maintien d’un droit. Le maintien de l’ordre. Le but de la société est le maintien de la liberté et de l’égalité. (.Mesnard.) Tout ce qui militait en 1789 pour le maintien de l’ancien régime n’existe plus. (Chateaub.)

— Contenance, attitude, manière de tenir son corps et de composer ses traits ; Un beau maintien. Un maintien noble et simple. Un maintien libre et naturel. Un maintien débraillé. Un professeur de maintien. Soyez simple dans tout votre habillement et dans tout votre maintien. (Boss.) Une femme prude paye de maintien et de paroles ; une femme sage paye de conduite. (LaBruy.) Quand la gravité n’est que dans le main’HUN, comme il arrive très-souvent, on dit graoement des inepties. (Volt.) Je n’ai jamais vu d’homme ayant de la fierté dans l’âme en montrer dans son maintien. (J.-J. Rouss.) Le maintien est une sorte de tangage qui emprunte sa dignité du caractère. (Beauchène.)

... Un amant qui voit épouser sa conquête Doit se trouver, s’il assiste à la fête, Un peu gêné dans son maintien,

Demoustier.

N’avoir pas de maintien, Tenir mal son