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mort à Paris en 1G5U. Membre de la congré tation de l’Oratoire, il fut choisi par le carinal de Bérulle, fondateur de cet ordre, pour être supérieur de la maison de Rouen, resta quinze ans en fonction, puis fut nommé curé de Sainte-Croix-Saint-Ouen, paroisse de la même ville. Il se relira plus tard à l’abbaye de Saint-Oyran, puis en 1649 dans la maison de Port-Royal, à Paris, où il mourut. Ses ouvrages sont : Stances chrétiennes pour louer Dieu (Paris, 1038, m~4°). L’auteur y défend la grâce contre la doctrine de Pelage, de Calvin, etc. ; Factum apologétique sur la grâce, adressé à l’archevêque de Rouen ; Y Aujourd’hui évanyélique, dans lequel à explique le passage de l’Évangile dans lequel Jésus-Christ défend de se mettre en souci du lendemain.

MAIGNART (Charles), seigneur de Bernière, de la Rivière-Bourdet, de Bostières, de Berquetot, etc., conseiller du roi et maître des requêtes, né à Rouen en 1617, mort à Issoudun (Berry) en 1662. Il fit bâtir à ses Trais, dans sa ville natale, un nouvel hôpital, agrandir celui des pestiférés, et se consacra à l’adoucissement de la condition des indigents de Normandie, de Picardie et de Champagne. Ayant vendu sa charge de maître des requêtes pour être plus à même de secourir les malheureux et plus libre de solliciter les riches en leur faveur, il se consacra aux œuvres de charité avec tant de zèle et de succès, qu’on lui donna le nom de Procureur

général des pauvres do iout le royaume. 11

lit, pour toucher les âmes charitables, imprimer les deux traités de l’abbé de Saint-Cyran sur l’aumône. Chargé par MD« de Longueville, à laquelle il avait rendu quelques services lorsqu’elle se trouvait à Rouen, de visiter les paroisses qu’elle avait sous sa dépendance en Normandie, il s’acquitta de cette mission avec un grand zèle. Soupçonné de jansénisme à cause de ses liaisons avec les solitaires de Port-Royal, chez lesquels il s’était retiré, Maignurt de Bernières fut exilé à Issoudun, où il emmena ses deux fils. Il supporta cet exil avec beaucoup de résignation, et mourut peu d’heures avant la réception d’un ordre de rappel. On l’inhuma à Rouen.

MA1G.NE (Julien-Louis), homme politique français, né à Brioude (Haute-Loire) en 1816. II était professeur à Paris lorsque éclata larévolution du 24 février 1848, à laquelle il prit une part active. Le gouvernement provisoire le nomma alors sous-coinmissaire de la République dans sa ville natale, et il remplit ces fonctions jusqu’à l’époque des journées de Juin. De retour à Paris, M. Maigne devint un des membres du comité démocratique socialiste des Ecoles, fut un des fondateursetdes rédacteursdu Défenseur du peuple, et se fit remarquer dans plusieurs banquets démocratiques, où il prononça des discours essentiellement révolutionnaires. Le 31 mai 1849, les électeurs du dépa rtement de la Haute-Loire envoyèrent M. Maigne siéger à l’Assemblée législative. Le jeune représentant du peuple s assit sur les bancs de la Montagne, vota avec les démocrates socialistes, devint un des signataires de l’acte d’accusation contre le pouvoir exécutif au sujet de l’expédition de Rome, se rendit avec Ledru-Rollin.au Conservatoire des arts et métiers lors de la manifestation du 13 juin, et fut arrêté. Condamné par la haute cour de Versailles à la déportation, M, Maigne fut cuiiduit à Doullens, puis à Belle-lsle et en Corse. Après l’amnistie de 1859, il ne voulut pas rentrer eu France, et alla habiter Genève. — Son frère, Francisque Maigne, s’est également fait connaître, en 1848, comme un chaud républicain. Lorsque Julien-Louis eut été déclaré déchu de son mandat de représentant par s’uite de sa condamnation à la. déportation, Francisque se porta candidat à sa place dans la Haute-Loire, et fut élu le 10 mai 1850. Il vota constamment avec le parti démocratique jusqu’au coup d’État du î décembre, époque où il dut quitter la France, par suite du décret de proscription du 9 janvier 1852.

MA1GNELAIS (Antoinette nu), maîtresse de Charles VII, roi de France, et de François II, duc de Bretagne, née vers 1420, morte vers 1474. Cette courtisane joua un rôle politique. Elle supplanta Agnès Sorel, contribua à la ruine de Jacques Cœur, et domina complètement le roi en se faisant l’entremetteuse de ses plaisirs. Elle noua des intrigues avec le dauphin révolté, et c’est à la suite de la découverte de cette trahison que le roi, se défiant de tous ses serviteurs, s’abstint volontairement de toute nourriture, et mourut de faim (1461). Antoinette était depuis quelque temps déjà la maîtresse du jeune duc de Bretagne, François II ; elle exerça sur cet esprit faibls un ascendant absolu. La duchesse de Bretagns en mourut de douleur. Antoinette fit entrer la due dans la ligue du Bien public, et souffla le feu des hostilités contre Louis XI, qui s’en vengea en confisquant ses biens.

MAIGNELAY, bourg de France (Oise), ch.-l. de caiit., arrond. et it 25 kilom. N.-E. de Clermont ; pop. aggl., 723 hab. — pop. tôt., 740 hab. Justice de paix. Fabrique de taillanderie et d’ustensiles de ménage, chandelles, tannerie, corderie. Commerce important de moutons, bestiaux, cordes. L’église paroissiale, classée parmi les monuments historiques, fut terminée eu 1516. C’est un des

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édifices gothiques les plus remarquables du département. On y remarque surtout les riches décorations du porche aux trois grandes arcades légèrement ogivales et de la voûte de la nef ; ses piliers aux niches sculptées, couronnées de gargouilles curieuses ; une belle Passion du xvie siècle en bois doré ; les fonts baptismaux ; deux statues en marbre placées sur l’autel ; un bénitier formé par un gros chapiteau de colonne d’ordre corinthien, etc. Du château construit au xvl" siècle par Louis d’Halluin, il ne reste qu’une tour et des bâtiments ornés de pilastres corinthiens. Grâce à ce château, Maignelay était, au moyen âge, un- poste militaire important et le siège d’une seigneurie dont l’hérédité fut transmise jusqu’à la Révolution. Le château de Maignelay soutint avec avantage plusieurs sièges, et fut restauré sous le règne et par les ordres du roi Louis X. « Il fit relever, dit la France monumentale, les murs d’enceinte qui avaient 5 pieds d’épaisseur et qui étaient flanqués de huit tours. La principale avait 10 mètres de côté ; elle était fort élevée : on la nommait la tour de Judith. Sur la plate-forme, on voyait une statue gigantesque en plomb de cette héroïne, tenant la tête d’Holopherne. Quatre portes et autant de ponts-levis donnaient accès dans ce château. » Quelques années avant la Révolution, le domaine de Maignelay appartenait à M. de Longeval, qui le vendit à un membre de la famille de La Rochefoucauld.


MAIGNET (Étienne-Christophe), avocat, conventionnel montagnard, né à Ambert en 1758, mort en 1834. Ii fut nommé, par le département du Puy-de-Dôme, député à l’Assemblée législative, puis à la Convention, où il vota la mort du roi. En 1793, il fut un des commissaires chargés de soulever les habitants de l’Auvergne pour activer la reddition de Lyon. Envoyé ensuite dans le Midi pour étouffer les mouvements royalistes qui y éclataient, il apporta dans cette mission toute la douceur que permettait les circonstances difficiles où se trouvait la République. L’obstination coupable des habitants de Bédouin (Vaucluse) l’obligea à des actes de rigueur, qui furent enflés outre mesure après le 9 thermidor, et motivèrent son incarcération, qui dura un an. Maignet, sorti les mains pures des affaires, reprit sa profession d’avocat, siégea à la Chambre des représentants en 1815, et fut exilé à la deuxième Restauration.


MAIGRAGE s. m. (raè-gra-je — rad. maigre). Agric. Pâturage où l’on met les bœufs à l’engrais.

MAIGRE adj. (mè-gre — lat. macer, proprement battu, aminci, de la racine sanscrite makch, frapper, battre, serrer, condenser, accumuler). Qui est mal en chair, qui est plus ou inoins décharné, en parlant des personnes ou des animaux : Une femme maigre. Un cheval maigre. Un chapon maigre. Vous gui êtes gras comme un moine, troubliez pas le plus maigre des Suisses, qui vous aime de tout son cœur. (Volt.) Toute femme maigre désire engraisser. (Brill.-Sav.) Les gens maigres uivent, en général, plus longtemps que les gens gras. (Maquel.)

Vous êtes maigre entrée, il faut maigre sortir. La Fontaine,

Il Qui contient peu de graisse, en parlant des chairs : La dactyloptère pérapède a ta chair maigre. (Lacép.)

— Qui n’est ni de viande, ni apprêté avec du jus de viande, en parlant d’un aliment : Un plat maigre. Une soupe maigre. Des légumes, des poissons, des œufs et autres aliments maigres. Jadis la discipline de l’Église Supposait que les macreuses, les loutres et autres espèces aquatiques étaient une chair maigre. (Virey.)

Il Qui ne se compose que d’aliments maigres : Hepas maigre, liégime maigre. Il Où l’on ne doit manger que des aliments maigres, d’après les lois de l’Église : Jours maigres. Temps MAIGRES.

— Par ext. Peu abondant ou peu délicat, en parlant de la nourriture : Maigre chair. Maigre pitance. Maigre repas.

Hélas ! sur le Parnasse ils font maigre cuisine.

Coi. NET.

— Par anal. Peu fertile, stérile, infécond, en parlant du sol : Un sot maigre. Une terre maigre et sablonneuse. Dans l’intérieur du pays, le sol est maigre et ne produit qu’avec peine. (Barthél.) il Chétif, en parlant de la végétation : Une sorte de préau s’étend entre la montagne et la rue, tapissé d’un maigre gazon troué et flétri. (Th. Gaut.) Il l’eu abondant :

Un maigre filet d’eau, suintant goutte à goutte. Marquerait par sa chute aux tons intermittents Le battement égal que fait le cœur du temps. Th. Gautier.

Il Peu riche, en parlant d’un objet : Un maigre tapis vert. (Balz.)

— Poétiq. Qui amaigrit :

La faim maigre apparaît sur ton» les corps flétris.

A. Barbier.

— Fig- Pauvre en agréments : Un maigre divertissement. De maigres distractions. Il Peu avantageux : Faire un maigre mariage. Epouser un maigre parti, il Peu important : S emporter pour un maigrk sujet. Se décider sur de maigres raisons.

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Et vous me la chassez pour un maigre sujet.

MOLIÈRE.

Il Peu riche, en parlant d’une personne : Tout maigre et gueux qu’il est, Il veut encor plaider.

Reouard.

— Fam. Maigre échine, Personne très-maigre, il Cheval chargé de maigre, Rosse décharnée.

— Loc. prov. Il revient de La Rochelle, il est chargé de maigre, 11 est excessivement maigre. Se dit par allusion à la famine que supportèrent les RocheJois pendant le long siège de leur ville. Il Ce sont deux chapons de rente, l’un gras et l’autre maigre, Ce sont deux personnes dont l’une est très-grasse et l’autre très-maigre. Il Être maigre comme un hareng sauret, comme un squelette, comme un coucou, comme un chat de gouttière, Être excessivement maigre. Il A/archer, courir, aller du pied comme un chat maigre, Marcher, courir très-vite :

Lors, dispos du talon, je vais comme un chat maigre.

R.EGXARD.

Il A chevaux maigres vont les mouches, Ce sont les petits, et non les grands, qui supportent les charges publiques, il Les bons coqs sont toujours maigres, Les personnes maigres sont seules propres aux plaisirs amoureux.

— B.-arts. Qui manque d’ampleur, de largeur ; qui est sec, dur et étriqué : Un dessin maigre. Un crayon, un pinceau maigre. Une touche maigre. Il Trop étroit, trop mince, trop exigu : Une colonne un peu maigre. Des moulures bien maigres.

— Calligr. Dont les pleins manquent d’épaisseur : Une écriture maigre Des majuscules trop maigres*

— Typogr. Grêle dans les pleins : Caractères maigres. Lettre maigre- Filet maigre.

— Techn. Qui est trop petit pour remplir sa place : Une clef de voûte un peu maigre. Des tenons beaucoup trop maigres. Il Angle maigre, Angle aigu.

— Constr. Qui ne contient que peu de chaux, en parlant du mortier : Mortier maigre. Il Qui contient beaucoup de silice, en parlant de l’argile ■ Argile maigre.

— Mar. Navire maigre, Navire resserré par les flancs, il Maigre eau, Eau peu profonde.

— Substantiv. Personne maigre : Une grande

MAIGRE.

— s. m. Partie da la viande qui contient peu ou point de graisse : Préférer le maigre du jambon. Le maigre du porc se trouve convenablement salé au bout d’un mois ou six semaines. (Joigneaux.)

— Aliment maigre : Manger du maigre. Servir en maigre. Il Obligation de ne manger que des aliments maigres, à certains jours lixés par l’Église : Le sage institution du maigre, qui défend aux humains de se faire un dieu de leur ventre, avait conféré à la carpe une haute importance. (Toussenel.)

Manger, faire maigre, Ne manger que des aliments maigres : Il est aujourd hui peu de personnes, même pieuses, qui passent maigre tout le carême.

— Navig. Partie d’une rivière où l’eau est peu profonde : C’est ici que commence le maigre,

— Ichthyol. Grand poisson do mer du genre sciène.

— Adv. B.-arts. D’une manière maigre : Peindre, dessiner maigre.

— Techn. Etamper maigre, Percer près du bord extérieur les trous ou étampures d’un fer à cheval.

— Fauconn. Voler bas et maigre, Voler de mauvais gré, en parlant de l’oiseau de proie.

Moigre entreprise (la), po8me en latin macaronique d’Antoine des Sables, connu sous le nom d’Antoine Arena (1537, in-12). Le poëte burlesque s’égayeaux dépens de Charles-Quint et de son invasion en Provence en 1530. Facétieux disciple de Merlin Coccaie, il lui emprunte ses tours de phrase bizarres, son latin de cuisine et ses barbarismes. Du reste, il ne pouvait guère écrire qu’en latin ce qu’il voulait raconter, car la plupart des incidents du poëme sont des gauloiseries assez malpropres. Voici le titre complet : Maygra entreprisa calholiqui imperatoris quando en 1536 veniebat per Provensam, bene carossatus in posiam, prendere Fransam. Charles-Quint, sous le nom de Janot d’Espagne, s’est mis en tête de conquérir le monde et d’avaler d’une bouchée la France et son roi. Cette folle vision lui a été inspirée par son lieutenant Antoine de Leyva, songe-creux maladif, qui se fait porter en litière comme une relique par des paysans. Derrière lui viennent le duc de Savoie, le traître marquis de Saluées, le duo de Bavière et le marquis du Guast. Le nouveau Pyrrhus s’est dirigé vers Antibes avec l’e-poir d’envelopper d’un seul coup de filet Marseille, Arles et Avignon ; mais il a compté sans le courage des Provençaux et surtout sans leurs raisins, qui forcent bientôt ses soldats à s’arrêter pour mettre bas sinon les armes, du moins leurs chausses. Ce premier épisode est décrit avec une verve bouffonne. Le récit continue tour à tour burlesque, gouailleur, entremêlé de menaces, d’apostrophes et de malédictions Ailleurs, ce

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sont les pilleries des gens d’armes français battant et dépouillant les bourgeois d’Aix qu’ils sont venus protéger ; car telle est ta loi de la guerre : elle se fait toujours aux dépens du peuple. Enfin, la dyssenterie emporte le conseiller du monarque, et toute l’armée espagnole, sujette à un flux de ventre continuel, se retire décimée, laissant partout de son passage des’traces empestées.

Arena, qui habitait la Provence, avait lui-même été témoin de l’invasion et il raconte plaisamment qu’il en avait grand’peur ; ce passage donnera une idée de son latin :

De tali guerra non escapare putabant Et mihi de morte grande paura fuit.

Poil.’ Poix ! bombanlx de tota jmrte pétabant

In terrammvltos homincs tombare videbam. Testas et brassos atque votare pçdes.

Non espargnabant ullos de morte fzrire :

Quem non blessabant ille bentus erat

Et cela continue ainsi durant 2,400 vers.

MAIGRELET, ETTE adj. (mè-gre-lè, è-te — dim. de maigre). Tout maigre, maigre et fluet : Une petite fille maigrelette. Femme aigrelette Est maigrelette.

(Vieille chanson.)

Il On dit quelquefois maigret, ettk.

— Substantiv. Personne maigrelette : Un grand maigrelet. Ces gros petits ci’apoussins crèvent tomme des mousquets, et nous maigrelets, nous vivons. (Volt.)

MAIGREMENT adv. D’une manière maigre, peu abondante ou peu délicate, petitement, d’une façon mesquine : Traiter maigrement ses convives. Logement maigrement meublé. Qui dort grassement dine maigrement. (Mme A. Tastu.)

MAIGRET, ETTE adj. (mè-grè — dimin. de maigre). Petit et maigre ; tout maigre : Un enfant Maigret.

MAIGREUR s. f. (mè-greur — rad. maigre). État d’une personne ou d’un animal maigre : Une maigreur excessive. La maigreur est l’état d’un individu dont la chair musculaire, n’étant pas renflée par la graisse, laisse apercevoir les formes et les angles de la charpente osseuse. (Brill.-Sav.) La maigreur n’exclut point la santé. (Renauld.)

— Caractère d’un terrain maigre, stérile : La maigreur du sol se corrige par les engrais.

— Fig. Pauvreté, défaut de ressources pour vivre :

C’est la mntgretir des uns qui fait un ventre aux au très. Tu. de Banville.

— Littér. Défaut d’abondance, de fécondité : La maigreur d’un sujet. La maigreur du style.

— B.-arts. Défaut de largeur, d’ampleur dans l’exécution : La maigreur du dessin, de la louche, de la couleur. On reproche au peintre la maigreur uniforme de son travail. (A. Merson.) à Exiguïté dans les proportions : La maigreur d’une colonne. La maigreur d’une moulure.

— Encycl Au mot bmaciation, nous avons traité de la maigreur à un point de vue purement physiologique et médical ; elle offre encore un autre intérêt, que nous pourrions appeler social, et dont le développement trouvera ici sa place naturelle. La maigreur excessive, lorsqu’elle se concilie avec la santé, n’olfre aucun danger, mais présente un incon vénient : c’est qu’elle est digracieuse. L’inconvénient ne paraît pas grave aux hommes sérieux ; mais les femmes lui donnent la proportion d’un véritable malheur ; car les procédés de toilette les plus ingénieux ne peuvent suppléer efficacement les formes absentes. Le remède contre la maigreur est donc très-activement recherché. Or, « pour les femmes qui sont nées maigres, dit Brillât-Savarin, qui ont l’estomac bon, nous ne voyons pas qu’elles puissent être plus difficiles à engraisser que les poulardes : et s’il faut, y mettre un peu plus de temps, c est que les femmes ont l’estomac comparativement plus petit, et ne peuvent être soumises à un régime rigoureux et ponctuellement exécuté, comme ces animaux.» Tout le secret pour acquérir de l’embonpoint consiste dans un régime convenable ; il ne faut que manger et choisir ses aliments. Si cette condition est remplie, les prescriptions relatives au repos et au sommeil deviennent à peu près indifférentes ; «car si vous ne faites pas d’exercice, dit encore Brillât-Savarin, cela vous disposera à engraisser ; si vous en faites, vous engraisserez encore, car vous mangerez davantage ; et quand l’appétit est savamment satisfait, non-seulement on répare, mais encore on acquiert, quand on a besoin d’acquérir. Si vous dormez beaucoup lé sommeil est incrassant ; si vous dormez peu, votre digestion ira plus vite et vous mangerez davantage.» Tout consiste, selon cet auteur, à user d’aliments très-nourrissants, ce qui établit, sans fatigue pour l’estomac, un grand travail d’assimilation. C’est là évidemment une grande hérésie physiologique ; Brillât-Savarin a donné un moyen efficace pour augmenter la richesse du sang, mais absolument nul pour développer le tissu adipeux. Boire largement, surtout de la bière, consommer une grande quantité de farineux, c’est un procédé imité de celui qu’on emploie pour engraisser les animaux domestiques et qui réussit parfaitement pour l’homme. Lea marchands d’esclaves d’Orient le pratiquent