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travail de statistique considérable et acquirent la preuve qu’en Allemagne, et notamment à Berlin,1e 11,1e 12 et lel3 niai sont constamment plus froids que les jours précédents et que les jours suivants. Depuis, cette période de froid a été constatée sous beaucoup d’autres climats ; seulement, elle ne tombe pas partout en même temps. À Paris, elle survient le 13, le 14 et le 15 mai ; à Lyon, le 19, le 20 et le 21 mai, etc.

L’explication la plus plausible de ce singulier phénomène consiste à attribuer ce froid à la fonte des neiges et des glaces dans le nord et sur les montagnes de l’Europe. La neige en fondant absorbe, comme on sait, une grande quantité de chaleur qu’elle emprunte à tous les corps environnants, et par conséquent aussi à l’air, avec lequel elle est en contact., On a donc supposé que le froid qui en résultait se propageait du nord vers le sud, et amenait successivement l’abaisse1 semeut de température que nous avons sifnalé, Mais il nous semble pourtant qu’avantadmettre l’explication il serait bon de s’assurer si les faits eux-mêmes sont parfaitement exacts.

— Econ. rur. Les travaux de la grande culture subissent pendant ce mois un léger temps d’arrêt. C’est le moment, pour l’agriculteur, d’organiser le service d’été relativement à la nourriture des animaux. C’est le moment aussi où les ventes sont le plus actives. Les fumiers qui restentaprès les grands travaux du mois précédent doivent être sans retard conduits sur les terres où se feront les récoltes suivantes. On peut même les conduire sur la jachère, à moins que le sol de celle-ci ne soit en pente ou excessivement perméable. La perte résultant de l’évapora. tion est compensée par le surcroît de vitalité que communiquent à la terre ces fumures anticipées. On a proposé divers moyens d’empêcher, ou tout au moins d’atténuer l’évaporation ; aucun n’a complétementréussi ; le meilleur peut-être, et, à coup sûr, le plus simple semble être la stratification et la couverture du fumier avec de la terre. On peut porter encore les engrais liquides dans les prairies arrosées, en ayant soin de les déposer dans la principale rigole, afin que l’eau puisse les entraîner.

C’est au commencement de mai que commence le parcage des bêtes à laine sur presque tous les points de la France. On exécute des drainages et des plâtrages sur quelques fourrages verts. Quand les labours destinés à préparer les récoltes de printemps sont terminés, on donne une façon aux jachères mortes placées en terres argileuses. Si les terres sont moins fartes et si la jachère est destinée à fournir du fourrage pour les bêtes à laine, on ne laboure qu’à la fin de juin. Il est essentiel qu’à cette époque surtout les labours soient faits en temps opportun. À l’automne, on peut parfois impunément semer le blé dans une terre mouillée, sans que la récolte soit compromise. Les gelées réparent en partie le mal ; mais, au contraire, les chaleurs de l’été ne peuvent que l’aggraver. Un mauvais labour au printemps ne cause pas seulement la perte d’une récolte, il a pour effet le plus souvent de gâter la terre pour plusieurs années. C’est maintenantl’époque la plus propice pour faire l’échardonnage des blés ; plus tard, on procédera à celui des avoines et des orges. Pour se débarrasser des chardons, il ne suffit pas qu’un ou deux propriétaires échardonnent leurs champs ; la mesure doit être générale. Les maires, sous-préfets et préfets ont le droit d’ordonner un échardonnage général ; malheureusement ces arrêtés sont presque toujours mal exécutés faute d’une surveillance suffisante. Dans la première quinzaine de mai, on peut herser les avoines, les blés de printemps, les orges, les pommes de terre ; en même temps, on donne le second binage aux œillettes, aux carottes, aux choux, aux betteraves, aux. rutabagas en pépinière. Lorsque les betteraves semées en place ont deux feuilles outre des cotylédons, on doit leur donner un binage, dans les terres sales ou à surface dure. Dans les terres meubles et propres, on peut retarder ce binage de quinze jours à trois semaines, et alors on le fait coïncider avec l’éclaircissage. On sème des betteraves dans tout le courant de mai, principalement sur les sols froids et humides, qu’il est rarement possible de préparer plus tôt. Le mois de mai est encore l’époque la plus favorable pour semer les pommes de terre, le maïs, le colza, la navette de printemps, la camelino, le millet, le moha, le lin de mai, les haricots, le chanvre, le sorgho, dans les terres froides et humides. À la lin du mois, on sème en place les choux-raves et les rutabagas, à moins que, comme cela se pratique souvent, on n’ait préféré semer ces deux légumes en avril pour les repiquer en

i’uin et juillet. Dans le centre et l’ouest de la i’runce, où les betteraves transplantées paraissent mieux réussir que celles qui sont semées en place, on repique alors celles qu’on a semées en mars. On repique aussi le tabac et les choux.

Le seigle fourrage, soit seul, soit mélangé avec des vesces, doit être à peu près coupé h cette époque ; sinon il devient dur et n’est bon qu’à faire de la graine. Immédiatement après la coupe de ce fourrage, on commence celle du trèfle incarnat et de la luzerne, et l’on s’arrange de telle façon qu’il no puisse y

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avoir aucune interruption dans la nourriture au vert. Les prairies artificielles, non destinées a être fauchées, peuvent être dans ce mois livrées au pâturage.

Dans les prairies naturelles, on n’arrose guère que la nuit, et l’on restreint la durée des arrosages à mesure que les chaleurs augmentent. On veille surtout avec beaucoup de soin à ce que nulle part l’eau ne.reste stagnante.

Les animaux domestiques exigent en cette saison quelques soins partic.uliers. Les chevaux suent au moindre effort et sont par conséquent exposés à des refroidissements. Lorsqu’on les nourrit au vert une partie de l’année, c’est en mai qu’on doit commencer à le leur donner. Pour éviter les coliques que ce genre de nourriture occasionne aux cnevaux qui n’y sont pas habitués, on commence par mélanger le vert avec le sec, en ayant soin d’augmenter progressivement lapropor-tion de vert jusqu’à ce qu’il forme à lui seul toute la ration. Le trèfle convient moins aux’chevaux que la luzerne et les vesces. Les bêtes à cornes sont déjà au vert depuis près d’un mois, soit à l’étable, soit au pâturage. Dans tous les cas, on doit leur donner encore un supfdément de nourriture sèche. Les bêtes à aine peuvent déjà vivre au pâturage ; cependant, il serait bon de leur donner un peu de paille chaque matin. Cette simple précaution empêcherait la rosée de leur être nuisible. C’est surtout au printemps qu’il y a lieu de craindre la météorisation ; on aura donc soin de ne conduire les moutons dans les minettes, trèfles et luzernes, que lorsqu’ils se seront déjà en partie rassasiés dans les pâturages garnis de graminées. Vers la fin du mois, les troupeaux transhumants du Midi quittent les plaines pour aller passer la belle saison sur les montagnes. Dans les troupeaux bien tenus, la laine doit avoir acquis tout son développement ; c’est donc le moment de faire la toute. C’est à tort que parfois on retarde cette opération, dans la persuasion où l’on est que les toisons gagnent par la chaleur. Si les toisons gagnent quelque chose à partir du mois de mai, ce ne

fieut être qu’en poussière et en suint. Pour es porcs, on substitue avec avantage les fourrages verts donnés à l’étable au pâturage sur place. C’est dans le courant de ce mois que commence l’éducation des vers à soie.

La vigne doit être liée pour la seconde fois et vigoureusement ébourgeonnée. On lui donne ensuite la seconde façon au moyen de la bêche à dents ou de la charrue.

La végétation est en ce moment dans toute sa force ; il ne serait donc plus temps de donner aux bois les soins d’entretien qu’ils exigent. Aucun animal pouvant brouter les feuilles, et les jeunes pdusses ne doit plus pénétrer dans les taillis. Dans les coupes, il ne doit plus y avoir que les écorces de chêne destinées au service des tanneries, parce que l’enlèvement de ces écorces ne peut se faire qu’en temps de sève. Vers la fin du mois, on commence déjà à carboniser les bois nouveaux.

En horticulture, les travaux sont extrêmement multipliés. Dans la culture maraîchère, on achèvera de semer toutes les cucurbitacées, les radis, les romaines, les laitues d’été, des poireaux, des carottes, des céleris pour l’hiver, les choux-fleurs demi-durs, les brocolis, les choux-raves, le chou de Milan court hâtif, les choux de Vaugirard, de Poméranie, le chou-navet, le rutabaga. On sèmera sur couches les chicorées et escaroles, et en pleine terre tous les haricots, les fèves et pois tardifs, les navets, l’oseille, les poirées blondes et à cardes, le cerfeuil, le persil, la ciboule, la chicorée toujours blanche, les laitues, les épinards, le pourpier et les cardons. On plante les dernières pommes de terre, l’estragon ; on met en place, à une bonne exposition, les tomates, les aubergines. Les arrosements sont indispensables pour peu que la sécheresse se fasse sentir. On taillera les melons, les concombres, les tomates, les potirons. On plantera les derniers œilletons d’ananas. Les pieds d’ananas qui ont monté à fruit en mars peuvent être rempotés, lorsqu’ils sont défleuris, dans des pots de 0<a,22 à om,25.

Les arbres fruitiers en plein air réclament en ce mois beaucoup de soins. On greffe encore la vigne, les noyers et les châtaigniers. On supprime les bourgeons inutiles ou mal placés. On éclaircit les abricots s’ils sont trop serrés. On commence le pincement des.bourgeons. Les limaçons, les limaces et généralement tous les insectes nuisibles doivent être recherchés avec soin en ce moment où les fruits se forment. Les feuilles cloquées du pêcher doivent être minutieusement épluchées.

Aux arbres fruitiers en culture forcée on* donne grand air, en ayant soin d’ombrager pendant l’ardeur du soleil. On commence les bassinages et les opérations d’été, telles que pincement, palissage, éclaircie des fruits.

On doit suspendre la plantation des arbres et arbustes d ornement à feuilles caduques, mais on peut encore planter tous les arbres verts et à feuilles persistantes qui peuvent être levés en mottes ou qui sont en pots. On termine les semis de graines d’arbres résineux. On commence à greffer en fente et à écussonner à œil poussant. À la fin du mois, on taille les arbres qui ont fleuri en janvier, février, mars et avril.

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Mai est le mois des fleurs ; aussi les travaux de la floriculture sont-ils pendant toute sa durée nombreux et variés. On repique en pépinière, pour les garnitures d’automne, les balsamines, les œillets d’Inde et de Chine, les roses de l’Inde, les reinès-marguerites, les agérates du Mexique, les coréopsides, les pétunias, etc. On plante les garnitures d’été. On plante, sur vieilles couches encore un peu chaudes, certaines plantes à tubercules qui ont besoin d’entrer en végétation avant d’être plantées à demeure, telles que dahlias, érythrines, crètes-de-coq, ipomées. On plante en place ou bien en pépinière les chrysanthèmes. Dans la seconde moitié de ce mois, on pourra former sur les terres légères des massifs de pétunias, de verveines, de pélargoniums et autres plantes auxquelles on a fait passer l’hiver sous châssis. On sème, pour les repiquer à l’automne, les corbeilles d’or, les thlaspis, les roses trémières, et généralement toutes les plantes, soit vivaces, soit bisannuelles, qui fleurissent en juin.

Dans les serres et les orangeries, on achèvera de rempoter toutes les plantes et de les porter à l’air libre. On donnera de l’air aux plantes de serre chaude. On les bassinera tous les deux jours et on les tiendra dans un état constant de propreté. Dans la serre aux orchidées, on maintiendra une atmosphère humide autour des plantes qui poussent. On commencera à leur donner un peu d’air.

En général, il faut redoubler de soins pour les plantes cultivées à cause de leurs fleurs, afin d’en éloigner les insectes et d’en diriger la végétation.

— Hist. Le mois de mat, où s’épanouit le printemps, était célébré chez les païens par des cérémonies et des coutumes dont on retrouve des vestiges au moyen âge. Le 1er mai était dans beaucoup de contrées un jour férié. Les paysans étaient dans l’usage de planter un arbre qu’on appelait le mai. Il y eut même des contrées ou cet usage devint une obligation féodale, entre autres à Châteauneut. Beaucoup de redevances se payaient à la même époque, et on les appelait dans la basse latinité maiagium. Le l" mai, le maître des forêts recevait sur la table du roi, au bord de la forêt de Fontainebleau, les redevances qui consistaient en gâteaux, jambons, vins, etc. C’était aussi l’usage au 1" mai d’aller présenter le mai, ou, comme l’on disait alors, esmayer. Souvent le mai que l’on offrait ainsi était un défi. Un chroniqueur du xve siècle, Lefèvre de Saint-Remy, parle de cette coutume à l’année 1414 : « Messire Hector, bâtard de Bourbon, manda à ceux de Compiègne que le premier jour de mai il les iroit esmayer, laquelle chose il fit, monta à cheval, ayant en sa compagnie deux cents hommes d armes des plus vaillants, avec une belle compagnie de gens à pied, et tous ensemble chacun un chapeau de mai sur leur harnois de fête, allèrent à la porte de Compiègne, et avec eux portoient une grande branche de mai pour les esmayer. » La coutume de planter un mai dans les villes subsistait encore au xvn" siècle. En 1610, on en planta un dans la cour du palais, qui en reçut même le nom de cour du mai. La corporation des orfèvres de Paris était dans l’usage de faire un présent tous les ans à l’église de Notre-Dame, le premier jour de mai. En 1449, ils offraient un arbre vert qu’on nomma le mai verdoyant. Dans la suite, ils élurent pour présenter le mai-deux d’entre eux qu’on appela les princes du. mai. En 1499, ils ajoutèrent au mai une œuvre d’architecture en forme de tabernacle, avec des sonnets, rondeaux et autres pièces de poésie. En 1533, le tabernacle fut orné de petits tableaux représentant l’histoire de l’Ancien Testament. En 1608, ils offrirent avec le tabernacle trois tableaux. Enfin le présent de mai fut converti en un tableau votif qu’on appela tableau de mai ; le sujet était tiré ordinairement des Actes des Apôtres. Le tableau de «wi restait exposé devant le portail les premiers jours du mois, et pendant le reste de ce mois, il était suspendu dans la chapelle de la Vierge. Piganiol de La Force a donné une description des tableaux de mai dans sa Description historique de Paris.


Mai 1793 (journée du 31). C’est la première journée, le premier acte de la tragédie révolutionnaire qui eut pour dénoûment la chute des girondins, consommée deux jours plus tard, le 2 juin.

Aux articles Convention], girondins, montagnards, on trouvera des détails suffisants sur cette grande et funeste lutte. Ici, nous n’avons donc qu’à nous occuper de la péripétie finale, du fait matériel de l’insurrection.

La crise du 31 mai fut le résultat d’une explosion du peuple de Paris contre le parti de la Gironde, qui d’ailleurs avait tout fait pour attiser la haine et soulever les colères. Les violences de la commission des Douze, les arrestations arbitraires que cet instrument de la faction girondine avait fait exécuter, achevèrent de combler la mesure. Paris s’agita, envoya des délégués à la barre de la Convention pour réclamer contre l’emprisonnement des patriotes et des magistrats municipaux, pour demander la suspension des principaux girondins, et enfin forma une assemblée révolutionnaire composée des commissaires de trente-six sections, et qui se constitua en permanence à l’Évêché (29 mai).

Cette assemblée, composée d’environ cinq cents membres, s’augmenta successivement des délégués des douze autres sections. C’était comme une nouvelle Commune qui joua un rôle décisif dans cette révolution, en exprimant d’une manière nette et précise ce que voulait le parti montagnard. Présidée par Hassenfratz (le célèbre chimiste), elle déclara, au nom des sections, que Paris était en état d’insurrection contre la faction aristocratique et oppressive de la liberté (Procès-verbal du 30 mai).

À trois heures du matin, le tocsin de Notre-Dame, puis celui de l’Hôtel de ville, commencèrent à sonner. Quelques heures plus tard, tout Paris était debout et en armes. Les commissaires de l’Évêché, au nom des pouvoirs révolutionnaires qui leur avaient été donnés par les sections, cassèrent la Commune et les autorités de Paris, et les réinstallèrent presque aussitôt. Le but de cette formalité était de leur donner en quelque sorte l’investiture révolutionnaire pour sauver la chose publique. On nomma ensuite Hanriot commandant général provisoire de la force armée de Paris. De minute en minute, la générale, le canon d’alarme et le tocsin rassemblaient les citoyens autour du drapeau de leur section. Un comité révolutionnaire, créé par les commissaires de l’Évêché, la Commune et les Jacobins, s’installa à l’Hôtel de ville et prit la direction du mouvement.

Ainsi, l’insurrection fut essentiellement parisienne, dirigée par le conseil de la Commune, celui du département, les sections et leurs commissaires, etc. C’est un point important à noter. De tous les représentants, Marat seul joua un rôle actif ; dans la nuit, il avait paru à l’Évêché pour encourager les commissaires et leur souffler ses colères et son audace.

Danton, Robespierre et les autres montagnards, bien que favorables au mouvement, n’y prirent personnellement aucune part. Leur intervention, d’ailleurs, eût été superflue : l’unanimité était telle dans la population, qu’à chaque moment affluaient à l’Hôtel de ville les citoyens, les officiers civils, juges de paix, commissaires de police, les officiers judiciaires, les gendarmes, les pompiers, etc., pour prêter le serment révolutionnaire. Paris entier, cela est incontestable, se prononçait contre la Gironde. Mais il n’était encore question que d’une insurrection morale.

À la Convention, les délibérations étaient tumultueuses. Tandis que les girondins réclamaient la destitution des autorités de Paris, l’arrestation de ceux qui avaient fait sonner le tocsin et tirer le canon d’alarme, les montagnards demandaient la suppression de la commission des Douze et appuyaient énergiquement les pétitionnaires, qui venaient d’heure en heure déclamer contre les chefs de la Gironde et réclamer leur suspension. Enfin, un peu plus tard, les envoyés de la Commune parurent pour exprimer les vœux de la population de Paris : création d’une armée révolutionnaire, décret contre les Douze et les Vingt-Deux, déjà dénoncés par les sections de Paris ; établissement, dans les places publiques, d’ateliers d’armes ; licenciement de tous les nobles occupant des grades dans l’armée ; allocation de secours aux femmes et aux enfants des citoyens morts pour la patrie ; arrestation des ministres Clavière et Lebrun.

Les pétitionnaires sont admis aux honneurs de la séance, et, chose assez singulière, sur la motion de Vergniaud. Le même orateur venait même, quelques instants auparavant, de glorifier un mouvement dirigé contre son propre parti, en faisant décréter que, dans cette journée, le peuple de Paris avait bien mérité de la patrie. « Ce jour suffira, s’était-il écrié, pour montrer combien Paris aime la liberté. On n’a qu’à parcourir les rues, à voir l’ordre qui y règne, les nombreuses patrouilles qui y circulent, etc. »

Évidemment, la Gironde voulait ou gagner les sections ou donner le change sur la nature et le but de leur soulèvement.

Bientôt parut une nouvelle députation des autorités de Paris. Lullier, procureur-syndic du département, porte la parole au nom de tous et formule les mêmes demandes avec un redoublement d’énergie.

Robespierre, dans un discours véhément, appuie les demandes des pétitionnaires. Toutefois, après bien des orages, la Convention se borna, dans cette journée, à décréter la suppression de la commission des Douze et la saisie de ses papiers.

Grave échec pour les girondins, qui voyaient ainsi la majorité de l’Assemblée échapper à leur influence et leur royauté pâlir.

Mais cette concession ne parut pas suffisante aux républicains ardents. L’agitation continua le lendemain. Paris resta en armes. Tous les hommes du mouvement étaient convaincus que la Gironde était le grand obstacle et qu’il n’y aurait rien de fait tant qu’on n’aurait pas écarté ce parti, qui depuis dix-huit mois tenait la Révolution en échec et paralysait les efforts des patriotes. C’était l’opinion de Robespierre, de Danton, de toute la Montagne, aussi bien que des sections de Paris, de Pache, le judicieux et honnête maire de Paris, de Chaumette et de son substitut Hébert, des jacobins, des cordeliers, des hommes de l’Évêché, enfin de tous les groupes qui constituaient, dans ses nuances diverses, le grand parti révolutionnaire, dont la Gironde ne paraissait plus alors qu’une secte désormais réfractaire