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MADE.

MADERAKKO, déesse adorée par les Lapons. Elle protégeait principalement les femmes. Son culte se célébrait au sommet des montagnes, et avec elle on invoquait également ses trois filles. ♦

MADÈRE s. m. (ma-de-re), Vin que l’on récolte à Madère : Madère sec. Un verre de madère. Le madërb est excellent après la soupe. (Cussy.)

MADÈRE, en portugais Madeira, Ile portugaise de l’océan Atlantique, à 660 kilom. O. de la côte N.-O. d’Afrique, à 1,050 kilom. S.-O. de Lisbonne, au S.-E. des Açores, par 32» 37 ? de latit. N., et 19» 15’ de longit. E. Elle mesure 57 kilom. de longueur de l’E. À l’O., depuis la pointe de Pargo jusqu’à la pointe San-Lôrenzo, et 22 kilom. dans sa plus grande largeur, de la pointe de Cruz à la pointe Suint-Georges. Superficie, 1,000 Uilom. carrés ; 100,000 hab. La capitale, Funcbal, dont la population s’élève à 20,000 habitants, est ’ la résidence du gouverneur et d’un évêque. Cette ville, située par 3"° 20’ de latit. N., et1 19° 16’ de longit. O., sur la côte méridionale ’ de l’île, au fond d’une grande baie, offre un aspect charmant quand on l’examine de la mer. C’est la que les étrangers passent l’hiver. On y trouve un hospice pour les poitrinaires et une école de médecine.

« L’aspect général de l’île est majestueux et imposant, dit M. le docteur Garnier, qui a publié un excellent travail sur Madère. Sur des montagnes dépassant 6,000 pieds et d’une pente parfois très-rapide s’étend un immense rideau de verdure formé par de riches vignobles, des vergers de citronniers, d’orangers et d’autres plantations, où se confondent les végétaux des tropiques avec ceux d’Europe. Des pics isolés, des rochers formidables et d’énormes talus de basalte, d’une part ; de l’autre, de profondes excavations, des ra- ’ vins, des précipices, des cascades et des rivières au cours sinueux, descendant de la cime des montagnes jusqu’à l’Océan en roulant leurs eaux comme des torrents et avec fracas sur ce sol bouleversé, accusent les déchirements et les épouvantables convulsions dont cette terre a été l’objet. »

Le climat de l’île, renommé pour sa douceur et sa salubrité, convient surtout aux tempéraments délicats et aux personnes affectées de maladies pulmonaires chroniques. Des étrangers de tout rang y viennent en foule passer la saison d’hiver.

L’île, de forme triangulaire, est hérissée de montagnes très-hautes, très-escarpées et en quelques endroits dépouillées de toute espèce de terre. Le point culminant, le Pico-Ruyro, atteint 1,900 mètres au-dessus du niveau do la mer. Ces montagnes sont entrecoupées d’un grand nombre de vallées fertiles et bien cultivées. Au centre de l’Ile se trouve la belle et profonde vallée appelée Curraldas-Freiras, enfermée dans deux murs presque perpendiculaires, composés de rochers basaltiques aux formes les plus étranges. L’origine volcanique de l’île paraît tout à fait évidente, d’après la nature du sol. De petites couches de pierre ponce et de houille y alternent avec le basalte et le tuf. Mais, malgré des preuves non équivoques d’éruptions volcaniques, on n’a trouvé cependant, nulle part de traces certaines de cratère.

Madère a éprouvé plusieurs secousses de tremblement de terre, particulièrement en 1813, en 1811 et 1816. Les phiies<n’y sont pas abondantes ; cependant, en 1809, elles ont causé une inondation qui a fait périr près de 400 personnes. Le blé qu’on y récolte forme à peine le cinquième do la consommation, mais l’orge et le seigle sont plus abondants.. La culture de la pomme de terre et de la patate y est considérable. L’igname et la colocase comestible jouent aussi un rôle important dans l’alimentation. La culture de la canne à sucre est à peu près abandonnée et remplacée par celle de la vigne, qui forme la grande richesse du pays. Les premiers ceps ont été apportés de Chypre en 1445. On ne cultive guère que les variétés a raisin blanc ; les plus cultivées sont le verdelho, le negramol, le bastardo, le huai et le tinto, donnant les meilleures qualités du vin dit madère sec. Les vignobles, pour lesquels on a ménage avec soin des moyens d’irrigation, s’élèvent sur les pentes méridionales des montagnes, à une grande hauteur. Les raisins mûrissent à l’ombre des treilles et sont récoltés à peine mûrs. On évalue la récolte à environ cent cinquante mille hectolitres, dont la moitié est exportée en Angleterre, en Amérique et dans l’Inde ; la France en reçoit très-peu et en consomme énormément, ce qui s’explique par la fabrication très-aetive de faux vins de Madère qui se fait un peu partout, mais particulièrement à Cette. Parmi les vins blancs de Madère, on distingue les vins secs, notamment. le blanc sercial, qui-est presque roi vin fabuleux, tant il est rare, et les vins de liqueur, dont le plus estimé est le malvoisie ; le muscatelle, qui appartient également aux vins doux, est très-rare et ne s’exporte pas. Ces vins sont en général âpres et durs dans le3 premières années ; on les fait souvent vieillir au moyen de l’étuve, ce qui est un procédé vicieux. Il vaut mieux les faire voyager : ils prennent, en ce cas, le nom de vino de roda, et, après trente ans, ils deviennent blancs, limpides, délicieusement parfumés ; ils se vendent alors jusqu’à 24 francs la bouteille. Le vin rouge de Madère, dit tinto ou negra-

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mol, est un vin parfumé, agréable, au goût, mais capiteux à l’excès. Il est peu1 connu’ dans le commerce. Les médecins l’ordonnent comme un puissant astringent.

Dans ces derniers temps, on à introduit à Madère la culture du café, qui donne d’excellents produits et est devenue déjà un article d’exportation d’une certaine importance. On y cultive aussi beaucoup de dattiers, d’abricotiers ; do pêchers et en général tous les arbres à fruit du Midi. Dans les jardins, on cultive l’ananas et d’autres plantes tropicales. ■

Les bœufs et les moutons qu’on a importés à Madère sont de petite taille, mais leur chair est agréable au goût ; ils sont du reste peu nombreux, de même que les chevaux. Les mulets servent communément de bètes de somme. Les oiseaux sont nombreux et d’espèces assez variées. La mer est très-poisson1 neuse et fournit principalement du ihon en abondance, des soles et des sardines.

Le commercé de l’île, presque tout entier1 entre les mains des négociants anglais fixés à Funchal, consiste surtout dans l’exportation1 des vins ; dont la plus grande partie passe en Angleterre oit dans ses établissements coloniaux. On exporte aussi de l’eau-de-vie, ’ des cédrats confits, etc. Les importations consistent principalement en farine, poisson sec ou salé, meubles et articles de luxe. Les exportations, en 1364, se sont élevées à 2,000,000 de francs, et les importations à 450,000 francs.

La population est un mélange de Portugais, de mulâtres et de nègres. Les montagnards sont vigoureux, mais d’une grossièreté excessive. Les femmes de la campagne sont chargées des travaux les plus rudes, La classe supérieure est fière et indolente et communique peu avec les Anglais et les autres étrangers, qui sont les habitants les plus riches de l’île. La religion catholique y domine. *

L’île de Madère fut découverte en 1344 par un Anglais et reconnue dès 1418 par des Portugais. En 1431, les Portugais Jean-Gonzalès Zarco et Tristan Vaz la visitèrent. Ce n’était alors qu’une immense forêt (madeira), qu’on incendia par mégarde ; cet incendie dura sept ans, et l’amas de cendres qui en résulta donna au sol la fécondité extraordinaire dont nous avons déjà parlé. Occupée par les Anglais, de 1801 à 1814, cette île fit retour au Portugal après les événements qui terminèrent le règne de Napoléon le.

Madère, avec les petites îles de Porto-Santo, Baxo, etc., qui l’avoisinent, forme depuis 1836 un arrondissement particulier, divisé en huit districts, mais qui n’est point placé sous l’autorité d’un gouverneur général. L’administration de ce groupe d’îles dépend immédiatement du Portugal. Au point de vue religieux, elle forme un évêchè, dont le siège est à Funchal.

MADERINIER s. m. (ma-de-ri-nié). V. ma-

DRINIER.

MADERNO (Carlo), architecte italien, né à Bissouc, près de Côtne, en 1556, mort à Romé en 1629. Neveu de Dominique Fontana, qui jouissait à Rome d’une vogue méritée, Carlo Maderno, fut appelé par son oncle dans la ville des papes. Il était fort jeune alors et déjà plein d’avenir. Deux années, en effet, s’étaient à peine écoulées depuis son entrée à l’atelier, lorsqu’il fut charge par son maître de la’décoration de quelques panneaux en stuc. Il les remplit d’arabesques charmantes, modelées finement, et dont 1 arrangement original et neuf révélait, pour ce genre de sculpture, les plus brillantes dispositions. À l’occasion des obélisques relevés par ordre de Sixte-Quint, Carlo aida son oncle à surmonter les obstacles de cette opération jugée depuis longtemps impossible. À partir de ce moment il prit goût à l’architecture et s’y adonna entièrement. Le pape Clément VIII, grand ami de Fontana, s’intéressa particulièrement aux progrès de son neveu, et le chargea de travaux considérables dès qu’il le vit capable de les mener à bonne fin. C’est ainsi que Maderno débuta par la construction du palais Salviati, et par l’achèvement de l’église Saint-Jacques-des-Incurables, que Francesco da

Volterra n’avait pu terminer. Ce début donnait une haute idée de ce que serait un jour le jeune architecte. La pointe trop aigu@ qui termine la coupole de Saint-Jacques n’est pas, il est vrai, d’un aspect agréable ; mais la disposition intérieure de l’édifice, le style des chapelles, le bon goût de l’ornementation si sobre de détails, compensent bien cette faute de jeunesse. La façade de Sainte-Suzanne, que Maderno construisit vers le même temps, est trop chargée d’ornementation et on y trouve un enchaînement de balustrades sans aucune raison d’être ; mais on ne saurait contester que la facture de ces balustrades ne soit ravissante. Le palais Aldobrandini, le palais Strozzi, le palaisRusticacci, élevés ensuite par le jeune architecte, offrent certainement des côtés défectueux ; toutefois on admire dans ces édifices une science profonde, une rare intelligence des distributions intérieures, beaucoup de goût et une véritable originalité.

Le pape Paul V, dès qu’il eut pris possession du trône pontifical en 1605, voulut faire achever promptement la basilique de Saint-Pierre. Maderno l’ut chargé de cet immense travail. Deux plans existaient déjà, celui de Bramante, et celui de Michel-Ange, qui avait déjà lancé dans les airs la Splendide coupole. Maderno rejeta le plan de Michel-Ange et ne

MADE, .

garda de celui de Bramante crue la forme d’ensemble : une croix latine. Cette détermination stupéfia les contemporains. Les enthousiastes du grand Florentin crièrent à la barbarie, au vandalisme, au sacrilège, tandis que les amis de Carlo Maderno applaudissaient vivement cette résolution. Maderno voulait faire de la basilique Saint-Pierre le plus vaste temple de la chrétienté, le plus bel édifice du monde entier ; tel était le programme imposé pur le pape, acceptépar l’ar- ■ uhitecte. Le programme a-i-il été rempli, le, problème a-t-il été résolu ? Sans entrer dans ■ la discussion, nous constatons simplement que-Saint-Pierre de Rome passe depuis longtemps

pour l’une des merveilles du monde. C’est la formule. Or s’il était vrai que l’architecte eûti donné aux basses nefs une largeur insuffisante/ s’il était vral qu’il n’eût pas donné assez de pro1’ fondeur aux deux.premières chapelles ; s’il ; était vrai que la hauteur de son frontispice-fût. hors de proportion avec sa largeur, etc. ; silesl reproches ; en un mot, qui remplissent les diatribes dont il a été l’objet étaient fondés, son. œuvre, à laquelle Bramante et Michel-Angé avaient déjà mis la main, serait-elle l’une des merveilles du monde ? Evidemment non. Il y a donc’de l’injustice, de la : passion dans ces critiques, dont quelques-unes cependant sont justifiées. Et l’on peut, en conscience, avanr cer que Maderno s’est élevé, dans la construction de la fameuse basilique, à la haurteur des plus grands architectes dont l’histoire ait gardé le souvenir.

Presque on même temps s’élevèrent, d’à- ; près ses dessins, les deux splendides fontaines de la place Saint-Pierre.

Carlo acquit alors’une immense célébrité, qui lui valut la direction des travaux les plus importants de son époque. Il termina le palais du Quirinalj les palais Olgiati, Borghèse.i Ludovici, Lancelotti, Chigi, etc. il fitdrossen devant Sainte-Marie-Majeura la colonne dei Constantin ; il restaura avec un goût charmant, une science profonde, l’église Santa-’ Andrea-del-Valle. Il bâtit le magnifique palais’ de Castel-Gandqlfo, résidence d été de Paul V, i sur le lac d’Albano ; le palais Mattei, une des’ merveilles de la ville des merveilles, etc. Le^ magnifique, palais Burberini, achevé d’après1 ses plans et dessins par Beruini et Borotrtini ses élèves, avait été commencé par lui. Il s’enoccupait avec l’ardeur d’un jeune homme

quand la mort vint le surprendre. Carlo Maderno s’était distingué aussi comme ingénieur militaire. Il laissa en mourant une. grande fortune, acquise à force de travail et de génie. Plusieurs souverains, dit-on, voulurent t’attirer à leur cour ; mais il résista aux ; offres les plus séduisantes, pour ne pas quitter. Rome.

MADERNO (Stefano), sculpteur et architecte italien, né près de Côme en 1576, mort à.Rome en 1636. Il commença par restaurer des statues, par faire des uopies d’œuvres antiques et modernes, puis exécuta à Rome, pour les églises, un grand nombre d’œuvres. originales, consistant en statues et en busreliefs. Parmi ces morceaux, qui ne donnent pas une très-grande idée de son talent, nous citerons : Saint Charles Borromée, à San-Lorenzo ; Saint Pierre et Saint Paul, au palais de Monte-Cavallo ; la Sainte Morte, .il Sainte-Cécile, statue couverte d’un voile, qu’on regarde comme son chef-d’œuvre. Comme architecte, il est l’auteur de la chapelle Pau^ fine, dont il exécuta une partie des sculptures. Ce n’est pas un chef-d’œuvre, mais l’ornementation en est riche et variée. Maderno ayant obtenu un emploi important dans les gabelles renonça complètement a son art.

MADBRUP (Olaus), missionnaire danois, né dans l’île de Fionie en 1711, mort en 1776. En 1741, il remplissait les fonctions du ministère évàngélique à Tranquebar, sur la côte du Coroinanilel. Il revint dans sa patrie après quelques années où il fit preuvo d’un zèle à toute épreuve. On a de lui : Essai sur quelques passages de VJicriiure sainte, qui sont expliqués pur diverses coutumes, cérémonies et façons de parler des païens l’umouts (Bergen, 1776, in-4») ; Journal tenu à bord du navire Princesse Charlotte-Amélie durani son voyage à Tranquebar, ouvrage inséré dans les cahiers du Recueil de Bangs et dans la ltelation de la mission des Indes orientales.

MADESCLAIRB (Pierre-Auguste), homme politique français, né à Tulle (Corrèze) en 1803. Il était membre du conseil municipal de sa ville natale, où il dirigeait une importante brasserie, et s était signalé par ses opinions républicaines lorsque la révolution de 1848 arriva. Elu représentant à la Constituante dans son département, il vota avec les membres les plus avancés de la gauche, se prononça notamment pour la mise en accusation de Louis-Napoléon, chef du pouvoir exécutif, fut réélu à l’Assemblée législative, où il suivit la même ligne politique, fit partie des représentants qui essayèrent de résister lors du coup d’État qui fit l’Empire et dut alors renoncer à la vie politique active.

MADEWEIS (Frédéric), savant allemand ; né à Sammentin, dans le Neumark, en 1648, mort à Halle en 1705. Il devint directeur des postes à Halle. On lui doit l’invention d’un sixième ordre d’architecture, la’ colonne de Brandebourg, et quelques ouvrages : De Stella régis Judxorum (Kiel, 1670, in-4o) ; De basilisco exovo galli decrepiii çriundo (iéna, lC7l) ;

895.

De armorum militumqiw simulacris in xre comparentitius(lènii, 1671) ; Stirps brandebur-i gica electoralis chronologies delineala (Brandebourg, 1U7S, in-fol.).

IHABFOUNÉII, "villagede la haute Égypte : V. Abydos. :

MADGYAR, ARE s. et adj. (ma-dji-ar, a-re). i Syn. de hongrois : Les Màdgyars. La race madgyare. La langue madgtare. il On écrit : aussi MAGYAR. •

— Encycl. Le peuple mndgyar n’apparut1 en Europe qu’au IXe siècléde notre’ore et so’ fixa dans la contrée appelée Psuinotiiè par les Romains, contrée déjà occupée par uu.miélange de Slaves, d’Allemands, do Bulgares, de Valaques et d’Italiens, sans compter les ;

t débris des hordes.hunniqu.es, . installées Jà après avoir’été’repousséfis de l’ouest dàTÈurope. Les anciens historiens voyaient dans ; les Màdgyars, les nus une horde scythique, d’autres des Parthes/queiqués-uris une tribu turque, originaire de la contrée dû Mad’stiar, au piéd du Caucase. Lès recherches les plus’ récentes de M. Huo (Travetsin’Tartary)’<ï, là, constatation de certaines affinités’ de racesj dohnént à croiré qùé les Màdgyars, appa’rtiennent à ces races mongûlo-tartares qui vivent dispersées aux frontières de la Chine.

Les Màdgyars, chassés.par des troubles inJ testins de leur pays /’trouvèrent, pendant plusieurs siècles, une patrie autour du Caucase et sur les bords stériles du Volga. Vers la fin du ixe siècle, ils pliaient subitement leurs tentes pour se presser irrésistiblement vers le cœur même de l’Europe. Immédiatement après avoir franchi les limites orientales (1 an 889 de notre ère), les Madgym% élurent pour chef suprême Arpad, le fils d’Almos, qui les avait conduits aux frontières de la Hongrie, mais qui ne fut pas assez heureux pour jouir de sa’conquête. Le corps entier, sous la conduite d’Arpad, était composé d’à peu prés Un million d individus’ parmi lesquels on comptait 200,000 guerriers’ environ, divisés en sept tribus, dont chacune avait son chef particulier. Le pays, dont ils, allaient prendre possession, et dont la partie centrale était alors nommée Pannoma, sel trouvait partagé en plusieurs petits États, et’ habité par des races différentes d’origine etf de langue, notamment par des Slaves et des Valaques ; des Huns et des Avares s’y trouvaient également, mais en minorité..

Disons ici ou avant de commencer leur conquête, les Màdgyars firent entre eux un’ pacte fondamental, qui jette quelque lumièré sur leur caractère général. Ce pacte stipulait entre autres choses : l° la souveraineté, héréditaire en faveur de la famille d’Arpad ; pendant que la puissance des chefs dètribu était aussi reconnue héréditaire au profit des descendants de chacun d’eux j 20 l’obligation1 pour chaque prince successif ou héritier do se soumettre aux lois constitutives avant de prendre en main le pouvoir à lui dévolu ; 3» l’envoi en exil des chefs de l’État convaincus de trahison où’do perfidie, et la poino do mort pour les chefs de tribu convaincus du même crime ; 4° le partage dûs fruits do la conquête d’après le mérite de chacun.

Cette sorte de charte fut sanctifiée autrement que par’un serment verbal, par ces sevères intronisateurs d’un droit nouveau. Devant le soleil levé, au milieu d’un cercle, on place un vase de pierre d’un travail grossier ; les chefs assemblés l’entourent ; alors Arpad, le premier, étend son bras droit, le perce dé la pointe de son poignard et fait couler le sang de sa blessure dans le vase ; les chefs de tribu imitent son exemple ; la coupe fume de ce sang tout chaud ; puis chacun à son tour l’approche de ses lèvres et boit à longs traits ce breuvage étrange, témoignant ainsi de l’engagement solennel qu’il a pris de vaincre ou de mourir avec sus compagnons.

j Bientôt après Arpad descendait avec ses guerriers dans ces vastes plaines d’où Attila, quatre siècles auparavant, avait dominé sur deux parties du globe. Cuvuliers intrépides et des plus adroits, armés do lances légères et d’arcs infaillible.», les Màdgyars suivaient leurs chefs d’une victoire à l’autre, Se rendant partout maîtres du territoire situé entre la Theiss et le Danube. Ayant achevé sa conquête, Arpad prit sa résidence sur l’île du Danube nommée Csepel, quoique lo siège du gouvernement fût établi à Liude ou A ttelbonrg. On ne connaîc de la politique de ce fondateur de la Hongrie que ia division du pays en plusieurs districts, dont’chacuti était dirigé par un gouverneur militaire, et la justice qu’il sut rendre à tous les vaincus, afin de donner plus de consistance à l’œuvre d’assimilation.

L’amour des Màdgyars pour leur nouvelle patrie n’avait pu éteindre chez eux la passion des aventures lointaines et sanglantes. Les expéditions les plus téméraires furent entreprises par plusieurs chefs sous le règne de Zoltan, fils d’Arpad (907), et de son successeur Tucksony, expéditions dont fut remplie là première partie du " siècle. Les populations énervées et superstitieuses de l’Europe oroyaiènt moins au châtiment de Dieu qu’à celui des Màdgyars ■ tombés directement du ciel ; » le bruit seul de leur approche suffisait pour chasser des milliers d’habitants dans les replis des montagnes et les profondeurs dêb forêts, et les prêtres trouvaient encore lu moyen d’augmenter la panique en intercalant dans leurs litanies la phrase :«Dieu nous préserve des Màdgyars, ’ • <