Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 10, part. 3, Lu-Marc.djvu/12

Cette page n’a pas encore été corrigée

LUCI

LUCI

Le succès de la cavatine : 0 bel ange, dont i l’avait été à Naples, à Milan, où le talent de les ailes, a été aussi grand en France qu’il | Duprez l’avait rendu populaire. Lcrahetla. Edcurd. p

J’ai pour moi mon droit, mon glai-va ! Pour frap-per mon bras se

Ég^^^S^SS^Pitelgaggaî^Bl

lè - ve ; S’il faut per - dre mon beau rê - ve, Sa ten- dres-so, sa tendresse, mon tré m^mÊÊ^m'^ÊÊm^èms^

^-^-•-^* : — L =-é-g-ysor ! De son vceu j’ai la le " ga - - ge ; Mais l’ef • froi, sur son vi

^^g^^^^^pE^^p^^^

sa - ge, Du par-ju - ro est le prf. sa- ge, Je t’aime in-gra" te, oui, je t’aime en /7N ~

Lucie.

tÈMiÉËpi

cor, je t’ai- me en-cor !

Lui ! û- de • le a sa ten-dres • se ! Tout m’ao-ca- ble en ma dé wm'^Ê^m^s^m^'Êm^

très - se ! Comme u-ne om-bre ven-ge- res - ee, Du re - mords l’an - ge

ï—.— t ■ a *’ * t * g^g^l^S^

—fesh-

Ses^^atas^^^g

fe£

-£=£

Lucie.

ASTHON.

Lucie.

ASTHON.

Lucie.

Asthon. I

Lucie.

ASTHON.

Ldcik.

voi - le. Dans ma nuit, plus u - ne é- toi-le ; Dans l’a - bi - me, dans l’a m^= !pm

£=^=

bl-me, plus un port !

ate—-^fe^aiÉkg^^

g

m

Ah ! vois ses pleurs, fre - re cou- pa - ble ! Pau- vro

»=

g^gB^gSJf^^

Ah ! tout m’ac-ca-ble ! Il m’aime encor !

d-*-t-

m<^^Ê^Ë^m

sœur» In. douleur l’ac-ca-blel

P^^^^^Eg^g^P^S^

— Ah !

tout m’ac- ca • ble I II m’aime en-cor !

^55

ifyz

Ah ! vois ses

pi

Ah| toutm’ac 3

pleurs, trè - re cou-pa-ble ! Pau-vre sœur, ladou-leur l’ac-ca-ble !

ca- ble ! Il m’ai-mc encor !- =X+1 *.

Ah !

tout m’acca - ble ; il m’aime en-cor ! 11 m’ai - mai

Edoar

Lucie.

Ingrate ! Il t’aime encor ! 11 t’aime en - cor !

/T /T

I

rSMr

Ko

LUCI

LUCIEN, célèbre rhéteur et philosopha grec, né à Samosate (Syrie) vers l’an 120 ap. J.-C, mort vers l’an 200. Il est difficile, faute de renseignements certains, de préciser l’époque de la naissance et de la mort de cet original et fécond écrivain ; mais on sait qu’il parvint à une vieillesse avancée et qu’il vécut sous Trajan, Adrien, les Antonins et Commode. Sa famille était obscure et pauvre. Après qu’il eut appris la grammaire, on le plaça en apprentissage chez un de ses oncles, sculpteur, qui passait pour avoir un grand talent, il Samosate. Pour son coup d essai, il brisa une table de marbre, ce qui lui valut une rude correction et le dégoûta pour jamais de la sculpture. Lucien s’enfuit chez sa mère, qui le fit rentrer à l’école et continuer d’étudier les lettres, pour lesquelles il montrait plus de goût.

Dès qu’il eut acquis une certaine aptitude, Lucien se voua d’abord au barreau ; mais il y avait pour les beaux par leurs un métier plus lucratif, celui de rhéteur. À cette époque de décadence des lettres grecques, l’éloquence, ou ce qui en avait seulement" le semblant, était fort prisée, et de misérables sophistes acquéraient une grande renommée et une fortune considérable à parcourir les villes, débitant dans chacune d’elles des discours d’apparat, quelquefois le même en vingt lieux diilérents. Une do leurs séances était annoncée à l’avance, comme aujourd’hui un concert donné par un virtuose célèbre ; les conférences des grands écrivains, romanciers et poëtes, qui sont si fort goûtées en Amérique, donnent encore mieux 1 idée de ces sortes de solennités littéraires. Les principales villes dé l’Asie Mineure et de la Grèce se discutaient les rhéteurs en renom et les faisaient venir à prix d’or. Lucien fit comme ses maîtres ; comme eux il s’enrichit et parcourut très - agréablement l’Asie, la Grèce et la Gaule. Il s’arrêtait dans chaque ville, récitant quelque composition écrite à l’avance ou improvisant sur les questions qui lui étaient soumises, Bon nombre des plus élégants comme forme et des plus médiocres comme fond, parmi les opuscules que nous possédons de lui, doivent être rangés parmi ces compositions de rhétorique : les Dipsades, Phalaris, le Médecin déshérité par son père, Sur un appartement, les Cygnes, Hésiode, Hérodote, le Miroir, les Bains d’Hippias, Bucchus, Hercule, le Tyrannicide, le Scythe, l’Éloge de la patrie, Y Éloge de la mouche, etc. L’ingéniosité, les grâces du style, l’art de la phrase et de ses développements ont rarement été poussés plus loin par les Grec3 ; tous ces morceaux sont remarquables par la correction du langage, l’atticisme, les belles périodes artistement travaillées. Majs Lucien, dans ce genre, avait des maîtres qu’il égale a peine, Libanius, Dion Chrysostôme, et, en remontant plus haut, Isocrate, dont l’Éloge d’Hélène est le modèle du genre. Si Lucien n’avait produit que ces opuscules, il est peu probable que son nom fût venu jusqu’à nous ; du moins n’aurait-il pas le même éclat. Mais son esprit, si fin et si caustique, s’était encore aiguisé dans ce travail incessant de la pensée ; son scepticisme naturel s’était accru en maniant, pour les produire devant un auditoire attentif, toutes les subtilités delà philosophie et de la rhétorique. Il éleva son ambition plus haut et s’exerça à faire la satire amusante des mœurs, des superstitions et des croyances religieuses. À son retour des Gaules, il visita 1 Italie, s’arrêta quelque temps à Rome, et il nous a laissé, dans son Nigrinus, un cynique tableau de la corruption romaine à cette époque. C’est un de ses confrères, un sophiste qu’il attaque, et les vices hideux qu’il lui attribue, les actes immondes qu’il lui reproche nous donnent une triste idée de la dépravation des mœurs. C’est à cette époque aussi, vers i’âge de quarante ans, comme il nous l’apprend lui-même, qu’il composa ces Dialogues qui tiennent dans son œuvre une place importante : Dialogues des dieux, Dialogues des morts, Dialogues des courtisanes. L’indépendance et la causticité de son esprit, son scepticisme railleur k l’égard des religions et les plus rares qualités de l’observateur se montrent pleinement dans ces petits chefs-d’œuvre inimitables. (V. dialogues.) Sa négation de toute croyance religieuse s’affirme peut-être encore plus hardiment dans l’Assemblée des dieux, Timon, Jupiter tragique et Jupiter confondu, Çltaron, les Ressuscites, Ménippe, le Coq, les Vœux, les Lapilhes, les Sectes à l’encan, etc. L’érudition de Rabelais, le bon sens de Montaigne, l’esprit de Voltaire, unis à la verve ordurière de Martial, telle est l’impression que laissent ces opuscules mordants et gouailleurs, ciselés avec la patience d’un styliste.

Lucien retourna en Grèce, vécut quelque temps à Athènes et assista, en 165, aux courses olympiques. Il y fut témoin de l’acte insensé qu’il a raconté durfis son Pevegrinus. Un vieux charlatan de ce nom fit publier dans toute la Grèce qu’il se brûlerait vif, publiquement, à Olympie. Le bûcher fut préparé et l’imbécile sophiste se mit en marche ; il espérait bien qu’on l’arrêterait en route. Pas du tout, on le laissa faire, et il fut obligé de consommer le sacrifice. Ce qu’il y a-de piquant, c’est que Lucien, dans son récit, tout en parlant de Peregrinus, fait allusion au Christ, qu’il appelle un sophiste crucifié : il les met tous les deux sur le même rang. Ceux qui ont cru que Lucien était chrétien, comme

LUCI

■765. vl’ont écrit plusieurs Pères de l’Église, no peuvent guère expliquer ce passage ; ils se rattrapent en disant qu’à cette époque il avait sans doute apostasie. La vérité probable, c’est que Lucien n’était ni païen ni chrétien ; il se moquait de tous les cultes. Il a tourné en ridicule tout aussi bien la Trinité que Jupiter.

C’est également à cette époque de sa maturité qu’il faut rapporter la composition de son traité De la manière d’écrire l’histoire, exposé lumineux des qualités requises d’un historien digne de ce nom ; son Histoire véritable, où, pour se moquer des faiseurs de son temps, il s’amuse, trop longuement peut-être, a entasser des faits invraisemblables et des conceptions chimériques ; son traité Dés littérateurs à la solde des grands, où il bafoua sans pitié les rhéteurs, poètes et versificateurs, qui se faisaient les bouffons des gensen place, gagnaient leurs dîners à l’aide d’un bon mot, d’une pièce de vers, et vivaient en parasites ; la ;Déesse syrienne, curieux chapi^ tre de mœurs ; il y expose tout le charlata- ’ nisme des prêtres do Cybèle, leurs obscènes pratiques et le respect superstitieux dont le peuple crédule entoure, sous prétexta de religion, d’affreux mendiants enclins à tous les vices ; enfin sa Litciade ou l’Ane d’or, ce spirituel roman qu’il ne fit peut-être qu’abréger, en prenant le fond de Lucius de Patras. ; Apulée, au contraire, étendit en dix livres le canevas primitif, et c’est le titre de sou œuvre qui a prévalu. Le roman de Lucien, d’une narration plus serrée, d’un style plus vif, est bien préférable, et Paul-Louis (Jourier n’a pas dédaigné de le faire revivre dans ce français archaïque et coloré qu’il recomposa de toutes pièces. ;

Lucien, au faite de la fortune et do la renommée, après tant d’excellents travaux, , voulut revoir sa ville natale. U s’établit à • Samosate ; la faveur de l’empereur Commode l’en tira. Il accepta une haute position dans l’administration de l’Égypte, et ses ennemis ! l’accusèrent alors de foriaire à ses principes, de rentrer dans la classe de ces « litlérateurs, à la solde des grands » qu’il avait stigmatisés. Lucien se défendit avec sa verve habituelle et n’eut pas de peine à prouver qu’autre chose est de vivre des miettes de la table d’un enrichi qu’on encense ou d’occuper dans l’État, loin de la cour, la position à laquelle vous appellent de grands talents et une capacité reconnue, llest probable qu’il mourut a son poste, en Egvpta ; mais on ne sait même pas quelle était la fonction à laquelle l’avait appelé Commode. Il avait alors com- ’ posé tous ses ouvrages, et il trouva là ce repos honorable, otium cum dignitate, que Cicèron disait devoir être la couronnement d’une vie bien remplie. Suidas prétend qu’il mourut dé la rage ; Boissonade pense, avec beaucoup’ de raison, qu’il dut mourir de la goutte, à laquelle il était sujet et qu’il a même prise pour texte d’un petit poSme. Il ne faut pas oublier que les annotateurs de Lucien, dans les premiers siècles, et ses copistes même, qui étaient des moines, ne nous ont donné sur ce génie singulier que des indications empreintes du plus violent esprit de parti. Les manuscrits de l’œuvre de Lucien ne nous sont parvenus que chargés, en notes, d’anuthèmes ; ses copistes ne l’appellent que l’athée, le médisant, l’enragé, le blasphémateur ; « maudit Lucien/auteur impie, exécrable boufTonl" telles sont les aménités qu’on trouve toujours en marge du texte. C’est que vis-à-vis des moines, des sophistes, des charlatans de toutes sortes, Lucien joua au me siècle de notre ère le même rôle qu’Érasme au xvi» et Voltaire au xvme siècle.

Quelquesopuscules, dontl’authenticitéaété contestée, sont d’ordinaire annexés à ses œuvres ; tels sont : l’Etage de Démoslhàue, beau " morceau oratoire, dont la fin est pathétique et que Boissonade a cru devoir ; malgré 1 avis des autres critiques, lui restituer ; le dialogue de XAlcyon, œuvre très-médiocre, qu’il n’a pu composer, si elle est de lui, que dans sa jeunesse ; le Charidème ; les Amours, obscène controverse sur l’amour féminin et l’amour masculin, si cher aux Grecs ; le Philopatris, diatribe dirigée contre le dogme de la Trinité, et quelques autres encore d’une moindre valeur. En outre, l’Anthologie a conservé de lui un assez grand nombre de pièces de vers remarquables par leur ingéniosité. Outre le poème de la Goutte, il y a de jolies épigrammes, de petites étéyies, de courtes sa- ; tires d’un tour vif et spirituel.

« Lucien, dit M. Feillet, est le premier des grands rieurs, des grands douteurs, le précurseur des Érasme, des Rabelais, desVanini, des Montaigne, des Voltaire. On ne peut faire plus ouvertement profession de scepticisme, mais d’un scepticisme qui cache souvent une pensée sérieuse ou même une excellente morale ; l’horreur du système, des préjugés, du mensonge, de l’hypocrisie. Aussi, dans l’antiquité, nul n est comparable à Lucien lorsqu’il est dans le vrai, lorsqu’il attaque les vices et les défauts de son époque. Quelle facilité merveilleuse à tout comprendre, à tout discuter, sous mille formes diverses, à faire saisir le ridicule des choses l Quel admirable bon sens étincelant de verve et d’esprit, d’orudition, de fine plaisanterieI So» ouvrages, courts, légers, dWotyie preste et agile, semblent faits pour courir de main en main, et par leur forme variée, leur brièveté amusante, font deviner le talent de nos pamphlétaires et do