Page:Larousse - Grand dictionnaire universel du XIXe siècle - Tome 10, part. 2, Lep-Lo.djvu/61

Cette page n’a pas encore été corrigée

LEVA

mis au fait de cette curieuse histoire, et avait pénétré dans l’intimité des personnages presque aussi avant que moi ; dans le dépouillement des correspondances manuscrites, il était le premier à me signaler des particularités piquantes, mais voilées, qui seraient restées inaperçues pour tout autre. »

LEVALLOIS-PEIt II ET, commune de France (Seine), arrond. et cant. de Saint-Denis ; pop. uggl., 19,050 hab. — pop. tôt., 19,153 hab.

I.crann, ouvrage pédagogique par Jean-Paul Riehter (Brunswick, 1S07). Dans ce livre didactique, consacré à l’éducation, Jean-Paul a déployé une grande élévation do pensées. Au point de vue philosophique, Jean-Paul paraît incliner vers le panthéisme : il traite avec peu de respect les dogmes et les formes du culte ; mais il manifeste à plusieurs reprises sa ferme croyance dans 1 immortalité de l’âme. Ce qu’il y a de passager et de visible sur cette terre est, à ses. yeux, un problème dont la solution réside dans ce qui est éternel et invisible. C’est principalement dans Levana que Jean -Paul s’est livré à toutes les excentricités de son style. Il va jusqu’à se jouer des lois de la grammaire, il l’orge des mots nouveaux, il produit des phrases interminables, il ouvre des parenthèses et des soûs-parenthèses, il fait des jeux de mots incompréhensibles par les allusions qu’ils renferment. Ce sont des dissonances et des obscurités à chaque ligne. La narration est parfois coupée par une feuille d’extra contenant l’intercalation la plus inattendue et la moins motivée. Il n’y a en français que l’Histoire du roi de Bohême et de ses sept châteaux, par Charles Nodier, qui puisse donner une idée d’une conception aussi fantasque par la forme et aussi irrégulière par le plan. La grâce manque généralement ; mais la sensibilité qui touche l’âme abonde ; puis à chaque instant, au milieu de ces incohérences, apparaissent des aperçus profonds et grandioses, des échappées lumineuses. La mélancolie succède à l’humour, et la raison à la folie, de telle sorte que le surnom à’Unique donné par les Allemands à Jean-Paul se justifie amplement,

LEVANNA ou AIGUILLE-DE FONCE, montagne de France (Savoie), sur la frontière de France et du royaume d’Italie, au N.-E. du mont Conis. Elle donne naissance à l’Are, affluent de l’Isère. De son sommet, on jouit d’une vue magnifique sur les Alpes et sur la plaine de Turin.

LEVANT, ANTE adj. Ce-van, an-te —rad. lever). Qui se lève, qui paraît à l’horizon ; ne s’emploie qu’avec le mot soleil : Le propre du soleil levant est de nous faire rire de toutes nos terreurs de la nuit. (V. Hugo.)

— Fig. Soleil levant, Puissance nouvelle, influence qui commença h se faire sentir : Adorer, faire sa cour au soleu. lkvant. Chacun s’efforçait de se surpasser dans le féroce empressement de courir au soleil levant des Bourbons. (Bulz.)

— s. m. Orient, côté où le soleil se lève : Un appartement situé au levant. One cha/nbre exposée au levant. Les meilleurs vents pour la c/iasse du lièvre sont ceux du levant et du couchant. (E. Chapus.)

— Nom donné, dans le midi de la France, au vent qui souffle du côté de l’Orient : Le lkvant souffle depuis trois jours.

— Pays situés à l’Orient, et particulièrement sur la côte orientale de la Méditerranée : Trafiquer auec le Levant. Faire un voyage au Levant.

— Mar. Echelles du Levant, Ports de commerce situés sur les côtes orientales de la Méditerranée.

— Syn. Levant, e*t, orient. V. EST.

— Antonym. Couchant, occident, ouest, ponant.

Levant (voyage du), par Tournefort (1717, 2 vol. in-4o). Sur la proposition dé l’Académie des sciences, Louis XIV chargea Tournefort de voyager dans le Levant. Accompagné d’Aubriet, peintre distingué, et deGundelsheimer, médecin allemand, l’illustre botaniste part de Paris pour Marseille le 5 mars 1700. Il écrit en forme de lettres la relation de son voyage au fur et k mesure qu’il avance dans soit itinéraire. Il visite l’île de Candie, l’Archipel, Cônstantinople, les côtes méridionales de la mer Noire, l’Arménie turque et persane, la Géorgie, le mont Ararat, et il revient par l’Asie Mineure, qu’il traverse en passant par Tocat, Angora, Pruse, Smyrne et Éphèse. Il no peut explorer la Syrie et l’Égypte, la peste ravageant alors ces contrées. Tournefort rentre, le 3 juin 1702, dans le port de Marseille. De tous les lieux, où il a séjourné, il a envoyé en France des descriptions et des dessins. La botanique a été ie principal objet de ses recherches : il a reconnu dans la Grèce toutes les plantes des anciens ; il a recueilli et décrit 1,356 plantes, ■nouvelles pour la plupart. Sous ce rapport, la relation de Tournefort a un grand prix. Elle offre aussi de l’intérêt à d’autres points de vue : l’archéoloyue et le géographe peuvent tirer parti des nombreux détails que le voyageur a notés sur sa route. Tournefort a lové les plans des villes et des lieux considérables ; il explique les médailles et les monuments antiques ; il décrit les moeurs, les usages, la religion, les produits territoriaux, le commerce des divers pays qu’il a parcourus.

LEVA

Le ton de sa narration est digne et simple, et devient tantôt grave, tantôt enjoué, selon le sujet. Depuis, les voyageurs ont tous reconnu l’exactitude rigoureuse de ses assertions. Le Voyage du Levant est un des monuments scientifiques les plus remarquables de l’époque. Cet ouvrage fut traduit en anglais en 1741, et en allemand en 1776.

LEVANT ou TITAN (île du), île de la Méditerranée, sur les côtes du départ, du Var, dont elle dépend, la plus grande du groupe des îles d’Hyères ; elle mesure 8 kiloin. île longueur, et 5 kilom. 1/2 de largeur. C’est la plus remarquable de 1-Archipel par ses curiosités minôralogiques ; on y. trouve des grenats, de la tourmaline, de l’asbeste et des cristaux de titane rutile..Son point culminant atteint 129 mot. d’altitude. À l’extrémité orientale se trouvent un phare d’une portée de 15 milles, et les restes de l’ancienne tour du Titan. On y a installé, dans ces dernières années, une colonie pénitentiaire de jeunes dûtenus.

LEVANT (rivière du). V. Gênes (État de).

LEVANTIN, INE adj. Ce-van-tain, i-ne). Qui est né dans le Levant, qui habite le Levant : Les peuples levantins. Les nations levantines.

— Qui à rapport, qui appartient aux habitants du Levant : L’humble théâtre du Caire doit encore un certain éclat à ces toilettes levantines. (G. de Nerv.)

— Substantiv. Personne née dans le Levant : Les Levantins. Les Levantines. Il y a chez les Levantins une expansion chaleureuse qui doit être séduisante. (G. de Nerv.)

Les Levantins en leur légende

La Fontaine.

— Màr. Matelot de la Méditerranée, ■ et plus particulièrement matelot des côtes de la Turquie et de l’Asie Mineure. Il Matelot français provenant des levées faites dans les quartiers du littoral de la Méditerranée.

— s. f. Coram. Etoffe de soie unie et légère : La ceinture d’un petit tablier de levantine yros-vert entourait sa taille. (E. Sue.)

— Moll. Nom donné par les auteurs anciens à plusieurs espèces de coquilles qui proviennent des mers du Levant.

LEVANTINE (val), vallée de la Suisse, s’étendant au N.-O. du canton du Tessin, entre le Saint-Gothard et le confluent du Tessin, comprenant les vallées de Bedretto et du Tessin. La longueur de la Levantine est de 31 kilom., mais ejle n’a nulle part plus de 1,500 mètres de largeur. Le Tessin, qui y a ses sources, la parcourt du N. au S., en y recevant un grand nombre d’affluents. Le terre-plein de la vallée est peu considérable, mais on y compte beaucoup de vallons latéraux. Bile est bordée par deux chaînes de montagnes élevées "et très-âpres, dont celles du nord renferment des glaciers. Sa population, qui est de 12,000 hab., se livre à l’élève des bestiaux, à la fabrication des fromages et des toiles, et au commerce de transit par le Saint-Gothard. Le chef-lieu de la Levantine est Faido, Cette vallée, connue des Romains sous le nom de vallis Lepontina, tomba, au vue siècle, au pouvoir des rois lombards, qui la hôrissèrent-deeitadelles, donton peut voir encore des vestiges.

De 1411 à 1798, la vallée forma un bailliage sous la souveraineté du canton d’Uri. Aujourd’hui, elle fait partie du canton du Tessin. À Dazio-Grunde, la Levantine est tout.à coup fermée par de gigantesques rochers, au travers desquels le Tessin s’est frayé un passage dans un défilé long et étroit. Une belle route, supportée en grande partie par des arcades et des terrasses, descend cette gorge sauvage qui passe à bon droit pour la plus pittoresque de la Suisse.

LKVANTO, ville du royaume d’Italie, province de Gènes, à 19 kilom. N.-O. delaSpezia, chef-lieu de canton, près de la Méditerranée^, 317 hab. Le territoire, où croissent le palmier et le cactus opuntia, est fertile en olives, limons, oranges ; on y fabrique des vins doux estimés. •

LEVANZO, autrefois Buccina, Phorbantia, île de la Méditerranée, l’une des Egades, dépendance du royaume d’Italie, par 38° 5’ de latitude N., et 10059’ de longitude E. ; 18 kilom. carrés de superficie ; 4,500 hab. Sol fertile : excellents pâturages, grains, huile et fruits en abondance.

LEVASSEUR (Jacques), érudit et littérateur français, né à Vismes, près d’Abbeville, en 1571, mort à Noyon en 1638. Il fut successivement professeur d’humanités et de philosophie à Paris, recteur de l’université de cette ville (1609), enfin archidiacre de Noyon. C’était un homme fort instruit et qui a laissé de nombreux ouvrages écrits dans un style bizarre et de mauvais goût. «Tousses livres, dit Bordier, sont des tableaux d’une variété infinie où se pressent et se succèdent les images, les métaphores, les figures hyperboliques et la mysticité la plus ardente. » Nous citerons de lui : les Devises des empereurs romains (Paris, 1608, in-8<>) ; Antithèses ou Contre-pointes du ciel et de la terre (Paris, 1608) ; Entrée et sortie de l’homme au monde (Paris, 1G12) ; Epistolarum centuris dux (Paris, 1623) ; Annules de l’église de Noyon (Paris, 1033), son ouvrage le meilleur et le plus curieux.

LEVA

LEVASSEUR (Josuô), savant hébraïsant et théologien français, né vers 1C20, mort à Sedan en 1672. D’abord pasteur à Givoune, il devint ensuite professeur d’hébreu à l’académie de Sedan, où il enseigna aussi le grec et la théologie. On lui doit une grammaire hébraïque sous ce titre : Grammatica hebrxa, bréviter et melhodice proposita (Sedan, 164G, in-12), et une thèse Dejustificatione.

LEVASSEUR (Thérèse), femme de J.-Jacques Rousseau, née k Orléans en 1721, morte au Plessis-Belleville au mois de juillet 1801. « Son père était officier de la Monnaie d’Orléans, sa mère étaitmarchande, dit J.-J. Rousseau. Ils avaient beaucoup d’enfants. La Monnaie d’Orléans n’allant plus, le père se trouva sur le pavé ; la mère, ayant essuyé des banqueroutes, fit mal ses affaires, quitta le commerce et vint à Paris avec son mari et sa fille, qui les nourrissait tous trois do son travail. » Thérèse était attachée comme lingère à l’hôtel Saint-Quentin lorsque J.-J. Rousseau vint y loger. Le philosophe genevois ne tarda pas à se lier avec cette jeune fille, qui lui parut douce et timide, et il en fit la compagne de sa vie. Mais Thérèse fut loin de lui donner le bonheur et le calme sur lesquels il comptait en l’associant à son existence. Elle était non-seulement sans instruction, mais encore tout à fait dénuée d’intelligence, sotte, méchante, d’humeur acariâtre, d’un caractère insupportable. «Thérèse Levasseur, dit G. Petitain, fut tout à. fait indigne de Rousseau. La manière dont elle s’est conduite après sa mort suffirait pour mettre la chose hors de doute, si déjà la preuve n’en était bien acquise par le témoignage unanime de tous ceux qui ont fréquenté Rousseau à toutes les époques do sa vie. Or, il est constant qu’à iMotiers, et partout où elle a suivi son mari, jusqu’à ses derniers moments, elle a fait naître et entretenu en lui l’ombrage et la méfiance, prompte à" lui rendre suspects tous ceux qui l’approchaient et qui parvenaient à lui plaire, pour posséder seule sa confiance et le dominer avec plus d’empire. Si cette femme, s’ennuyant a Motiers, ne négligea rien pour en rendre le séjour insupportable à Rousseau, que né dutelle pas faire dans la solitude de Wootton, où elle devait n’avoir rien plus à cœur que de le mettre dans la nécessité d’en sortir ! Or tout assure que, pour donner plus d’nppui à ses suggestions calomnieuses et perfides, elle brisait les cachets des lettres adressées à son mari, qui, dupe de cette manœuvre, en tirait mille inductions, mille conséquences plus étranges les unes que les autres, mais dont il n’y a plus dès lors droit de s’étonner.» Après la mort de Rousseau, dont elle avait eu plusieurs enfants, elle reçut d’importants secours des admirateurs du philosophe. « Du Peyrou nous apprend que, dès l’année suivante, elle réunissait à un viager de 700 livres la propriété d’un contrat de 15,000 livres de principal, résultat d’un traité avec les éditeurs tic Genève. Du Peyrou et M. de Girardin s’étaient réunis pour lui assurer tous ces avantages.» Enfin, le 21 décembre, l’Assemblée nationale décrétait, en même temps que l’érection d’une statue à Jean-Jacques, une pension.de 1,200 francs h sa veuve. Mais Thérèse ne tarda pas à dissiper la fortune inespérée qui venait de tomber entre ses mains, et descendit jusqu’à la misère la plus profonde, bien plus, dans l’abjection. « En peu de temps, dit M. Petitain, tout fut dissipé par l’effet de la liaison qu elle contracta, presque aussitôt après la mort de Rousseau, avec un Irlandais, nommé John, palefrenier au service de M de Girardin. Forcée de quitter Ermenonville un an après, elle vécut longtemps avec ce John au Plessis-Belleville, à deux lieues de là ; et, si l’on en croyait d’Escherny, elle aurait mangé avec cet homme plus de cent mille francs, que Du Peyrou lui aurait fait passer successivement, ce qui est contre toute vraisemblance ; mais ce qu’on peut bien croire, d’après le même témoignage, c’est que, dans les dernières années, de sa vie, abandonnée et manquant de tout, elle était réduite à mendier son pain à la porte de la Comédie-Française. » V. Rousseau (J.-J.).

LEVASSEUR (Jean-Charles), graveur français, né à Abbeville en 1734, mort à Paris en 1804. Élève de Daullé, de Beauvarlet et de Cars, il obtint de bonne heure de brillants succès. Son burin savant cachait habilement dans un laisser-aller spirituel une science profonde. Aussi ses gravures, même les premières, ont-elles un charme particulier, prime-sautier et naïf qui leur donne un grand attrait. Quelle grâce charmante et quelle fermeté de rendu dans le Petit polisson, dé Greuze, les Fruits du ménage et Vénus sur les eaux, de Boucher, Diane et Endymion, de Vanloo, etc. ! Levasseur devint, en 1777, membre de l’Académie de peinture. M. Charles Blanc, dans son Manuel de l’amateur d’estampes, donne en entier le catalogue de l’œuvre de Levasseur. Ce catalogue immense comprend spécialement la reproduction des meilleurs tableaux de l’école française du xviiio siècle, notamment les œuvres principales de Boucher, de Greuze, de J.-B. de Troy, de Vanloo, Restout, Léptcié, Bertin, Lemoine, Jeanrat, etc., et celle de quelques œuvres de maîtres flamands, telles que le Saint Georges, de Téniers, la Fureur bachique, de Brouwer, etc.

LEVA

439

I.EVASSEDR (Rosalie), cantatrice française, une des plus grandes actrices qui aient paru sur la scène de l’Opéra, où elle débuta en 1769, et qui fut pour Sophie Arnould une dangereuse rivale, moins par la supériorité du talent que par l’esprit d’intrigue. Do puissants protecteurs, l’amitié de Gluck, qui habitait sa maison et lui donnait des leçons, rélevèrent au premier emploi. Les grands rôles de princesses lui convenaient merveilleusement, et, malgré sa voix un peu aigre, elle passionna les habitués de l’Académie de musique, oui admirèrent longtemps son talent de comédienne. Si l’on en croit la chronique scandaleuse, Rosalie Levasseur avait débuté de bonne heure dans la carrière de la galanterie. À neuf ans, elle était mère, cas extraordinaire qui rappelle le discours îv dos Dames galantes, du cynique Brantôme : « Ainsi qu’il advint, il n’y a pas douze ans à Paris, d’une fille d’un pastissier, laquelle se trouva grosse en l’aage de neuf uns. » Une telle précocité n’empêcha pas Rosalie de figurer l’Amour dans Orphée. Gluck enleva ensuite le rôle d’Alceste a Sophie Arnould, rôle écrit à Vienne en 1764 pour Antonia Bernasconi, et le donna à sa protégée, qui était bien plus encore la protégée du comte de Mercy-Argenteau, ambassadeur d’Autriche. Sophie Arnould se vengea de ce passe-droit par des mots piquants, mais spirituels. M"8 Levasseur y répondit par une satire atroce et dé’ goûtante que l’on jeta dans le parterre et dans toutes les loges de l’Opéra. Aux iuiuiiliés des admirateurs et des adversaires de Gluck se joignait l’esprit d’opposition des partisans de l’une et de l’autre virtuose. Si l’on applaudissait Mil» Levasseur, Sophie Arnould disait : « Ce n’est pas étonnant, elle a pour elle la voix du peuple. » Dans le rôle d’Alceste, M’o Levasseur chantait le bel air qui finit par ce vers :

Il me déchire et m’nrrache le cœur.

Un nmi de Sophie Arnould s’écria : « Ah ! mademoiselle, vous m’arrachez les oreilles.-Ah I monsieur, quelle fortune, si c’est pour vous en donner d’autres ! » lui répliqua son voisin, transporté par le sublime passage et la manière dont il était rendu.

M’|c Levasseur avait paru d’abord sous le nom de M11* Rosalie ; mais Palissot ayant fait représenter sa comédie des Courtisanes, l’actrice, scandalisée au dernier point de co qu’un des personnages féminins qui figuraient au premier rang dans cette pièce s appelait Rosalie, se crut obligée d’abandonner un prénom compromis. M’e Levasseur devint bientôt baronne du Saint-Empire avec 30,000 livres de rente, par les soins du comte do Mercy-Argenteau, qui plus tard l’épousa. Elle avait de ce dernier un fils naturel, que le comte reconnut et à qui fut donné le nom de chevalier de Noville. Ce titre de baronne du Saint-Empire, officiellement expédié, n’empêcha pas Rosalie Levasseur de rester au théâtre, où la retenaient ses goûts. Au lieu donc de se réfugier dans ses terres, la cantatrice continua de se faire applaudir. Elle ne prit sa retraite qu’en 1785, après avoir créé, outre les rôles cités plus haut, ceux d’Armide, dans Armide, d’Angélique, dans Itoland, dTphigénie, dans Jphigénie en Tauride, et d’Armide, dans le Renaud de Sacchini. Ce fut en 1790 qu’elle épousa le comte de Mercy-Argenteau, qui la laissa veuve après quatre ans de mariage. À la Révolution, elle avait suivi le comte en Allemagne ; aussi futelle inscrite sur la liste des émigrés et tous ses biens en France furent-ils vendus. Devenue veuve, elle épousa à Neuwied le chevalier de Coucy, émigré français, puis elle rentra en France et vint résider quelques années en Touraine. Les uns disent qu’elle y mourut, les autres qu’elle retourna en Allemagne. Quant aux dictionnaires biographiques, ils se taisent sur ce point comme sur l’époque et le lieu de sa naissance.

LEVASSEUR (A.-F.-Nicolas), jurisconsulte français, né à Boiscommun (Loiret), mort en 1808. Avocat au parlement de paris avant la Révolution, il adopta avec chaleur les idées nouvelles, devint juge à Boiscommun, directeur du jury d’accusation, puis retourna à Paris, où il publia un assez grand nombre d’ouvrages de jurisprudence. Nous citerons : Nouvelles procédures criminelles (1792, in-8") ; Traité des avantages entre époux (1801) ; Portion disponible (1805) ; Manuel des justices de paix (1802, 3 vol, in-S»), très-souvent réédité.

LEVASSEUR (René), dit do In Snnhe, conventionnel, né nu Mans vers 1747, mort en

1834. Il exerçait dans sa ville natale la profession de chirurgien accoucheur, quand les électeurs l’envoyèrent, en 1792, siéger à la Convention. Il y vota la mort du roi, contribua à l’établissement du tribunal révolutionnaire et, le 25 décembre 1793, prononça aux Jacobins un éloge pompeux de Murât. Envoyé en mission aux armées, il y montra une mâle énergie, haranguant fréquemment les troupes et les électrisant par sa parole. Après le 9 thermidor, il combattit vivement la réaction ; mais il se vit accusé d’avoir pris part au mouvement populaire du 12 germinal et fut incarcéré quelque temps. Toutefois, il fut mis bientôt en liberté, et figura comme employé dans l’armée jusqu’en 1815. Revenu au Mans à cette époque, il fut enlevé pur les Prussiens, qui le conduisirent k Cologne et né le relâchèrent qu’après plusieurs mois de