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souvenir des choses de la vie dans le séjour des bienheureux, souffre qu’un frère d’armes que tu ne vis jamais arrose de ses pleurs ta dépouille mortelle et jette quelques fleurs sur ta tombe. »

Prudhomme fut quelque peu piqué qu’on attribuât à Loustallot tout le mérite et le succès des Révolutions de Paris, et, craignant pour l’avenir de son journal, il donna à entendre que lui seul était l’inspirateur et le directeur. Camille Desmoulins le redressa vertement et lui reprocha de vouloir diminuer la gloire de Loustallot après avoir exploité son talent. Il paraît qu’en effet l’habile éditeur avait gagné des sommes considérables avec son journal (on parle de 200,000 livres), tandis que l’éminent publiciste était resté pauvre.

Ce jeune homme, du plus noble caractère, d’un talent sobre et contenu, d’une conviction profonde, avait conquis la sympathie universelle parmi les patriotes et mérité l’estime de ses adversaires les plus passionnés. Il eût certainement joué un rôle important dans la Révolution ; mais il périt dans sa fleur ; et sa mort, à cette époque de tant de passion, fut regardée comme une calamité publique et causa une impression de douleur aussi intense et aussi profonde que celle qui se produisit à la mort d’Armand Carrel, qui ne l’a point égalé.

M. Marcellin Pellet a publié : Élisée Loustallot et les Révolutions de Paris (1872, 1 vol.). Dans ce travail, l’auteur a pieusement réimprimé ou analysé les principaux articles de Loustallot et rassemblé les rares renseignements qu’il a pu recueillir sur cette existence si tôt et si brusquement éteinte.


LOUSTIC s. m. (lou-stik — de l’allemand lustig, gai, jovial, de lust, plaisir, qui se rapporte au gothique luston, jouer, folâtrer, de la racine sanscrite los, même sens, latin ludo, lithuanien loszlu). Hist. Bouffon en titre attaché aux compagnies suisses, qui avait pour mission de préserver ces soldats de la nostalgie, en les égayant.

— Par ext. Farceur de caserne, militaire qui cherche à faire rire ses compagnons. || Gros farceur, homme qui amuse par de grossières facéties : Le loustic, c’est le plaisant, le jovial qui amuse tout le monde. (P-L. Courier.) Il est des gens qui veulent à tout prix l’influence et qu’où s’occupe d’eux ; là où ils ne peuvent être oracles, ils se font loustics. (V. Hugo.) || On écrivait autrefois loustig,

— Encycl. Le loustic était originairement, en Allemagne, un forçat facétieux qui se chargeait d’égayer un peu ses camarades. Par analogie, on donna le même nom aux soldats dont le genre d’esprit était plaisant ; il y en avait toujours un dans chaque régiment allemand ou Buisse, Ce furent les Suisses qui introduisirent en France le loustic ; on en entretenait un dans chaque compagnie pour distraire les soldats et dissiper par sa gaieté la mélancolie auxquels ils sont sujets loin du pays. Des casernes le mot passa dans les atelfers, mais c’est à Paul-Louis Courier qu’il dut sa fortune littéraire. Courier avait lancé quelques épigrammes piquantes contre le duc Pasquier, Celui-ci s’écria un jour que le pamphlétaire n’était qu’un bouffon. « C’est, ajoutait-il, le loustic des ennemis du roi. » Le met fut trouvé très-spirituel et fit son chemin. Quelques jours plus tard, Courier put le lire fraîchement imprimé dans le journal d’Indre-et-Loire. Le spirituel écrivain ne manqua pas une aussi belle occasion de montrer sa verve caustique et intarissable. Voici sa réponse à M. Pasquier : « Sur les injures, je me tais. 11 en sait plus que moi, je n’aurais pas beau jeu. Mais il m’appelle loustic, et c’est la-dessus que je le prends. Il dit, et croit bien dire parlant de moi, le loustic du parti national, ot fait là une faute, sans s’en douter, le bonhomme I Ce mot est étranger. Lorsqu’on prend le mot dos puissances étrangères, il ne faut pas le changer. Les puissances étrangères disent lustig, non loustic, et je crois même qu’il ignore ce que c’est que le lustig dans un régiment teutsche. C’est le plaisant, le jovial qui atnuse tout le monde et fait rire le régiment, je veux dire les soldats et les bas officiers ; car tout le reste est noble et, comme de raison, rit à part. Dans une marche, quand le lustig a ri, toute la colonne rit et demande : qu’a-t-il dit ? Ce ne doit pas être un sot. Pour faire rire des gens qui reçoivent des coups de bâton, des coups de plat de sabre, il faut quelque talent, et plus d’un journaliste y serait embarrassé. Le lustig les distrait, les amuse, les empêche quelquefois de se pendre, ne pouvant déserter ; les console un moment de la schlague, du pain noir, des fers, de l’insolence des nobles officiers. Est-ce ià l’emploi qu’on me donne ? Je vais avoir de la besogne. Mais quoi ? j’y ferai de mon mieux. Si nous ne rions encore, quoi qu’il puisse arriver, il ne tiendra pas à moi ; car j’ai toujours été de l’avis du chancelier Thomas Morus, ne faire rien contre la conscience, et rire jusqu’à l’échafaud inclusivement. Comme cet. emploi, d’ailleurs, n’a point de traitement, ni ne dépend des ministres, je m’en accommoda d’autant mieux. »

LOUTAUD (le chevalier de), poète français qui vivait vers le milieu du xvne siècle. 11 prit part à l’expédition de Candie et rédigeait un journal en vers, dans lequel il relatait les événements de chaque jour. Ce jour LOUT

nal a été publié sous le titre de la Campagne des Français à Candie (Paris, 1670, in-12).

LODTCHINE s. f. (lou-tchi-ne). Nom donné en Russie à des fragments de bois résineux qu’on allume pour s’éclairer : Sur une table était une tige de fer portant une loutchine qui brûlait mélancoliquement, près de s’éteindre. (Ern. Charrière.)

LOUTH, ville d’Angleterre, comté et à 40 kilom. N.-E. de Lincoln, avec un port sur la Ludd, et une station du chemin de fer du Great-Northern ; 9,000 hab. Manufacture de tapis ; fabrique de couvertures, savon, papier. Exportation assez considérable de blé et de laine. On y voit une vaste et belle église gothique, surmontée d’un clocher octogone de 72 mètres de hauteur. I] Village d’Irlande, dans le comté de son nom, à 10 kilom. S.-O. de Dundalk ; 718 hab. il Le comté de Louth, le plus petit des comtés d’Irlande, à l’extrémité N. de la province de l.einster, sur la côte orientale, entre ceux d’Armagh au N., deMonaghan et de Cavan à l’O., deMeath au S., et la mer d’Irlande à l’E., mesure 45 kilom. de longueur sur 19 de largeur. Superj ticie, 852 kilom. carrés. La population, qui, en 18-11, s’élevait à 111,979 hab., n’en compte

! plus aujourd’hui que 87,872. Le sol de ce
comté, montagneux au N., onduleux partout
; ailleurs, est généralement fertile et arrosé

1 par le Creaghan, la Dane, le Lagan, le Deo, ’ et à son extrémité méridionale par la Boyne, ainsi que par le canal de Drogheda. L’agrij culture y a fait de remarquables progrès ; ou I y récolte principalement du froment, de l’avoine, des pommes de terre, du lin, etc. Le chef-lieu de ce comté est Dundalk, où se trouvent concentrés à peu près toute l’industrie et tout le commerce du comté, où l’on fabrique surtout des draps, toiles, mousselines, papier, batiste, etc. La première fabrique de batiste y fut fondée, en 1737, par des Français ; c’est la plus ancienne de l’Irlande.

LODTHERBOCRG (Philippe-Jacques), peintre français. V. Lutherburg.

LOCTHF-AlI-KHAN, vékyl ou vice-roi de Perse, né en 1769, mort en 1794. Après l’assassinat de son père, Djaafar-Khan (1789), Louthf, qui s’était déjà signalé par ses talents militaires et par ses qualités brillantes, continua la lutte que son père avait soutenue contre l’eunuque Aga - Mohammed, maître d’une partie de la Perse, rentra dans Chiraz, où il fit mettre à mort les assassins de Djaafar, battit Aga à Kharezoun, à Zargoun, mais se vit abandonné par ses principaux officiers, et dut se retirer dans le Khorassan. En 1791, reprenant l’offensive, il conquit Ispahan, et rétablit son autorité dans la Perse méridionale ; mais, en 1793, il fut battu à son tour par Aga-Mohammed, qui l’assiégea dans Kerinan, s’empara de lui par trahison, et ordonna do le mettre à mort après lui avoir fait crever les yeux. Avec Louthf s’éteignit la dynastie des Zend.

LOUTRE s. f. (lou-tre — lat. lutra, mot qui, d’après Varron, est pour lythra, et vient du grec luâ, délier, détacher, parce qu’on dit que la loutre coupe les racines des arbres sur les rives ; mais ce mot ne se trouve pas en grec. Il serait peut-être plus nature ! de penser au grec loutron, bain, de loua, je lave, à cause des habitudes aquatiques de l’animal). Mamm. Genre de mammifères carnassiers, de l’ordre des digitigrades, famille des mustéliens, comprenant une vingtaine d’espèces, répandues dans toutes les régions du globe : La loutre est un animal vorace, plus avide de poisson que de chair. (Buff.) Les loutres ne se creusent point de domicile, mais elles se gitent dans les premiers trous guise présentent. (V. de Bomare.) Les statistiques de la louvèterie française affirment qu’il se lue ou qu’il se prend quatre mille loutres en France, bon an mal an. (Toussenel.)

— Fourrure fournie par la loutre : Un manchon, un chapeau de loutre.

— s. m. Objet confectionné avec la fourrure de la loutre, comme chapeau, manchon, etc. : Être coiffé d’un loutre. 11 Vieilli en ce sens.

— Encycl. Mamm. Le genre loutre présente pour caractères spécifiques, système dentaire : incisives 6-6, canines 1-1, 1-1, molaires 5-5, 5-5, ou 5-5, 6-6, en totalité 36 dents ou 38. Le corps est long, épais, écrasé, bas sur pattes ; la tête large, aplatie ; les oreilles courtes et arrondies ; les membres très-courts, forts ; les doigts des mains et des pieds allongés, armés d’ongles crochus, non rétraûtiles, réunis par une membrane, et se

transformant en des espèces de rames propres à la natation. La queue, moins longue que le corps, forte, est déprimée à la base.

La loutre est un animal essentiellement aquatique, comme l’indiquent les caractères que nous venons d’énoncer. Elle ne marche que difficilement sur le sol, et semble même ne faire que s’y traîner, taudis qu’au contraire l’eau est Son véritable élément ; là, elle progresse avec une grande rapidité, elle plonge très-facilement, et exécute les mouvements du poisson le plus agile. La loutre se nourrit presque exclusivement de poissons et en détruit un très-grand nombre ; elle mange également les autres animaux aquatiques qu’elle rencontre, tels que crustacés, vers, etc. Elle se retire dans un gîte qu’elle se forme dans la fente d’un rocher ou dans

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la cavité d’un arbre, mais très-près des rivières. Certaines espèces sont fluviatiles, d’autres sont marines.

Cet animal semble d’un naturel sauvage, intraitable, et peu apte à être gardé en domesticité. Toutes les loutres ont à peu près le même pelage ; toutes sont brunes, plus ou moins foncées en dessus, d’un brun clair en dessous, et surtout à la gorge, qui est même quelquefois presque blanche. Les loutres sont nocturnes, c’est-à-dire qu’elles dorment le jour, et que la nuit elles chassent. Le pelage des loutres est très-épais et assez doux ; les poils soyeux qui en garnissent la superficie sont longs, doux, luisants, et plus épais vers la pointe qu’à la base. Le duvet placé en dessous de ceux-ci est épais et d’une extrême douceur ; aussi ces fourrures sont-elles très-estimées ; mais on ne les emploie qu’après les avoir dépouillées de leur jar. On connaît un grand nombre d’espèces de loutres, qui ne différent que peu entre elles, surtout quant à leur pelage.

La loutre d’Europe est l’espèce la mieux connue de toutes ; elle a une longueur de om,70 depuis le bout du museau jusqu’à l’origine de la queue ; et la longueur de cette dernière est de om,30 à û^^S. Cet animal vit sur le bord des étangs, des rivières et des fleuves. La femelle met bas trois ou quatre petits par an. La fourrure de la loutre est d’un grand usage pour la fabrication des casquettes et pour le doublage des manteaux dans les pays froids. D’autres espèces, telles que la loutre du Canada, de la Caroline, de la Trinité, de la Guyane, servent aux mêmes usages.

Quoiqu’il soit difficile d’apprivoiser la loutre, l’histoire fait mention de celle que le ro’ de Pologne, Jean Sobieski, acheta du chevalier Pack. • En lui envoyant la loutre, dit le chevalier dans ses Mémoires, j’avais écrit une feuille entière d’instructions relatives à ses habitudes et à la manière de la nourrir ; on suivit à la lettre mes conseils, et elle s’accoutuma peu à peu à sa nouvelle habitation. 1 Malheureusement, un jour que la pauvre bête flânait dans les bosquets et les prairies qui avoisinaient la résidence royale de Villanova, un soldat du train l’aperçut, la tua roide d’un coup de bâton, et vendit sa peau à un juif pour douze sous. Le roi faillit faire fusiller le soldat.

La loutre de mer, plus de deux fois aussi grande que la loutre d’Europe, habite le Kamtchatka, les îles Aléoutiennes et la côte nord-ouest de l’Amérique. Elle a le pelage noirâtre, éclatant et des plus riches que l’on connaisse ; il est composé presque en entier de poils laineux de la plus grande douceur. Les Chinois en font un très-grand cas, et, chaque année, les Russes, les Anglais et les Américains en font à la Chine et au Japon un commerce très-lucratif.

— Chasse. Celui qui possède soit un vivier, soit un étang, soit un droit de pêche sur l’un de nos grands cours d’eau, peut seul savoir combien la loutre est-un animal nuisible, et combien il serait urgent d’en détruire 1 espèce. Avec elle, un étang est bientôt dépeuplé. Il suffit que deux ou trois de ces animaux se réunissent dans un canton, pour que la pêche devienne beaucoup moins productive.

Avant de nous occuper de la manière de la détruire, quelques mots sur ses habitudes nous semblent nécessaires. La connaissance la plus indispensable au chasseur est de savoir que la loutre, lorsqu’elle veut dévorer sa proie, vient se poster sur un endroit dont là blancheur tranche sur les terres environnantes ; elle choisit ordinairement une pierre ou un tas de pierres. Il est nécessaire de plus de savoir que, dans les lieux fréquentés, cet animal ne se livre que la nuit à ses déprédations.

La loutre se loge toujours assez à proximité de l’eau pour pouvoir s’y jeter à la moindre alerte, ou dès que les circonstances sont favorables à la pêche ; quelquefois même elle prend son domicile dans les espaces vides des bois à flotter ; mais, le plus souvent, son habitation consiste en un terrier composé de différentes loges, étagées les unes au-dessus des autres, afin que, dans les plus grandes crues, il lui reste toujours une retraite assurée et bien au sec. Elle pratique au sommet de ce terrier une petite ouverture pour laisser un passage à l’air, ouverture qui se dissimule toujours au milieu d’un épais buisson.

L’entrée de l’habitation donne ordinairement sur un cours ou une pièce d’eau, au-dessous du niveau du liquide, de façon que l’animal, sortant de chez lui, se trouve de suite dans l’eau, sans qu’aucun brait ait pu trahir sa présence.

On reconnaît la présence des loutres dans le voisinage des étangs aux excréments remplis d’écaillés et d’arêtes que ces animaux laissent sur les berges ; on s’est aperçu qu’elles passent presque toujours au même endroit ; lors donc que l’on a reconnu leurs traces, on tend dessus un traquenard solidement assujetti à un pieu ou à un arbre.

La trace de la loutre est un peu plus forte que la voie d’un renard ; on reconnaît facilement l’empreinte de son pied palmé, mais on ne distingue jamais la marque de son talon.

La manière la plus usitée de chasser la

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loutre est de la capturer dans des filets disposés entre deux eaux. Souvent on tend à travers un ruisseau ou une petite rivière, en amont et en aval, deux solides panneaux à grosses et fortes mailles. Deux chasseurs veillent à chaque filet, d’autres battent la rive avec les chiens, et chassent la loutre de sa retraite. La loutre, en sortant de chez elle, s’élance dans l’eau, plonge, et de refuites en refuites donne dans un des filets. Alors le chasseur, sentant la secousse, lève promptement le filet et se hâte de tuer l’animal.

Le piège à loutre employé en Bavière, et dont Bischoff nous a donné le dessin, se compose de rondins plantés dans l’eau et disposés en labyrinthe, de façon que l’animal puisse y rentrer, mais non en sortir. Le poisson se réfugie entre les piquets, la loutre l’y suit, mais ne peut l’atteindre ; lorsqu’elle veut respirer, elle ne le peut, parce que le haut du labyrinthe est fermé de plancb.es à fleur d’eau ; elle meurt asphyxiée.

Les autres pièges à loutre sont l’assiette da fer et le traquenard. Baudrillart conseille l’emploi d’un appât composé de 4 onces de graisse d’oie ou de porc, 3 grains de camphre, 4 grains de castoréum, et un demigrain de musc, le tout fondu et bien amalgamé. Nous donnons cette recette sans la préconiser..

On peut aussi chasser la loutre h l’affût. Lorsqu’un pêcheur ou un propriétaire d’étang s’est aperçu qu’une loutre vient prélever avant lui la dîme qu’il considère comme sa propriété, il ne doit pas perdre un seul jour, et il lui faut se pénétrer de cette idée que les pièges sont souvent insuffisants à détruire son ennemi. Le parti le plus sûr est d’attendre le vorace et de le tuer sans pitié, d’un coup de fusil. Mais comment faire ? La loutre est l’un des animaux les plus déliants que l’on puisse trouver, et il est impossible de l’approcher. Le chasseur doit donc se dissimuler et attendre la bête, lorsque, la nuit, elle vient commettre ses déprédations. Ordinairement, le chasseur se cache dans le feuillage d’un arbre sur lequel il grimpe ; il choisit son poste aux environs des lieux fréquentés par la loutre, presque toujours près d’une pierre blanche sur laquelle il a remarqué des écailles ; il doit bien faire attention que le vent ne souffle pas vers la loutre, car cet animal sent la poudre ou l’odeur de l’homme et ne se livre pas. Ainsi posté, le chasseur passe en ce lieu deux ou trois nuits, sans donner signe de vie. Comme la loutre ne revient pas tous les jours au même endroit, il ne doit pas se désespérer après les premières nuits ; mais il doit songer que son ennemi, étant venu une fois eu ce lieu, ne saurait manquer d’3' retourner. Enfin, après plusieurs nuits d’attente, la loutre annonce sa présence par le bruit qu’elle fait en nageant ; aussitôt sortie de 1 eau, elle vient dévorer sa proie sur la pierre où elle s’est déjà postée, et le chasseur n’a plus qu’à lâcher la détente de son arme. Cette sorte de chasse est la plus commune, parce qu’elle est la plus simple.

On ne chasse plus, en France du moins, la loutre au chien ; mais cette manière de la chasser, étant longuement décrite dans tous les traités de chasse, nous lui accordons quelques lignes.

La citasse à la loutre faite par les chiens est d’autant plus agréable, qu elle diffère de toutes les autres chasses. Dès la petite pointe du jour, le chasseur diligent va quêter avec ses. chiens aux alentours de la rivière ou de l’étang, où se tient sa future victime. Il ne quête pas en descendant, mais en remontant le cours de l’eau, parce que le courant apporte l’odeur de l’animal à ses chiens, qui nagent à sa poursuite ou à sa recherche.

Ki lu loutre a mis pied à terre, les chiens sortent de l’eau et la suivent à la piste, heureux s’ils peuvent la lancer dans un endroit où il y a peu d’eau, car alors elle est perdue. On partage sa bande de chiens en deux troupes que l’on place l’une à gauche l’autre à droite du lit ; on se poste à une centaine de pas en avant de la meute, tandis qu’un autre chasseur se tient à cent pas en arrière, de façon que lorsque la loutre passera, soit devant, soit derrière, on se trouve toujours à portée de lui tirer un coup de fusil. Lorsqu’un chasseur manque la bête, ce qui arrive quelquefois, il crie tuyau.’ et court se poster à un autre endroit pour prendre sa revanche. Outre les chasseurs armés de fusils, un grand nombre de personnes doivent se trouver à ces sortes de chasses ; elles portent des bâtons ou des fourches et battent les roseaux, les souches et les racines qu’elles rencontrent sur les deux rives, de façon à effrayer la bête et à ne pas la laisser derrière elles.

Lorsque la loutre se voit pressée, elle se précipite vers le plus rapproché de ses terriers, et si elle n’est pas morte avant d’y être arrivée, elle peut se considérer comme sauvée, car les chiens ne l’y poursuivront pas, et si l’un d’eux s’y aventurait, mal lui en prendrait ; d’un seul coup de dent la loutre lui couperait le museau, avec autant de facilité qu’elle pourrait couper une pomme. Heureux le chien qui revient d’un pareil combat ! Cette chasse, on le voit, est pleine de péripéties, et par conséquent d’agrément ; j cependant, elle est presque inusitée, parce qu elle réclame une même spéciale, meute d’eau que l’on ne se donne pas la peine de