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les ministres contestaient. Mais on sait que les radicaux seuls persistèrent et que le centre gauche finit par se retirer, en présence des préparatifs militaires du gouvernement, ne voulant point se charger de la responsabilité des événements, peut-être aussi parce qu’il se sentait débordé par le parti radical.

Le reste appartient à l’histoire de la révolution de 1848, et nous devons nous borner à renvoyer le lecteur à l’article février pour les détails de ce grand drame historique.

On sait que le roi, après avoir résisté jusqu’à la fin, se décida trop tard à la réforme, à la retraite des ministres impopulaires, et qu’après le massacre du boulevard des Capucines (le soir du 23 février), quand tout Paris était debout, il se résigna à abdiquer, mais trop tard encore, car déjà la révolution était triomphante (24). Il dut s’enfuir des Tuileries, et se réfugia d’abord au château d’Eu, où il comptait se fixer : car il emportait l’illusion que son petit-fils, le comte de Paris, pourrait lui succéder. Le 25, il apprit avec stupeur la proclamation de la République. Forcé de s’expatrier de nouveau, le vieux prince fut pénétré de douleur et frappé d’un coup dont il ne se releva plus. Il ne pouvait comprendre sa chute, qu’il semblait cependant avoir recherchée, provoquée par son obstination. Certes, il est dur de quitter à cet âge le premier trône du monde pour aller achever dans l’exil une existence qui avait été déjà si tourmentée. Mais qui ne prévoyait un pareil dénoûment ? On l’a répété bien souvent : si Louis-Philippe, six mois avant février, avait cédé aux vœux énergiques de la nation, pris des ministres libéraux et donné au moins la réforme électorale, il est à peu près certain qu’il eût conservé le trône à sa famille, ou tout au moins reculé l’avénement de la République. Parti d’Eu sous un déguisement, il gagna Honfleur, puis Le Havre ; et, après bien des alertes et des traverses, parvint à s’embarquer sur un navire anglais, l’Express, qui le conduisit en Angleterre. Il s’établit dans un château appartenant à son gendre le roi des Belges, Claremont, qui devait être son dernier asile.

Sa santé avait été gravement altérée par cette dernière et terrible secousse ; dès lors, il ne fit plus que languir, et il mourut le 26 août 1850. Il avait presque soixante-dix-sept ans. La résidence de Claremont n’appartenant pas aux d’Orléans, on n’y pouvait construire un mausolée. Une catholique nommée miss Taylor, propriétaire d’un cottage au hameau de Weybridge, à quelques kilomètres de Claremont, reçut dans son caveau de famille les restes de ce roi, auquel la mort infligeait comme un dernier exil.

De son mariage avec Marie-Amélie, Louis-Philippe eut huit enfants : le duc d’Orléans ; Louise, reine des Belges ; Marie, princesse de Wurtemberg ; le duc de Nemours ; Clémentine, mariée à un Saxe-Cobourg ; le prince de Joinville, le duc d’Aumale et le duc de Montpensier.

Louis-Philippe et la contre-révolution de 1830, par M. Sarrans jeune (1834). L’auteur avait publié en 1832 un autre ouvrage : Histoire des hommes et des choses de Juillet, dans lequel il flagellait vertement « ce gouvernement issu des barricades, qui se suicidait par l’ingratitude. » Au bout de vingt mois, une réfutation partit des Tuileries sous ce titre : Deux ans de règne. M. Sarrans y était accusé de calomnie, et les hommes de 1830 vilipendés. Indigné, il répondit par ce livre, où il reprend avec plus de force les arguments de son premier ouvrage. « Puisqu’on nous provoque, dit-il, il n’est plus permis d’acheter le repos par l’opprobre, et, puisque la royauté veut, à tous les hasards, courber la glorieuse France sous le joug d’un orgueil sans prestige et sans magie, le plus humiliant de tous, il n’est plus loisible à personne de trouver de l’élan pour d’étroites réformes, de la gratitude pour de faibles garanties arrachées à la nécessité, et des sympathies pour un libéralisme bâtard, sans forme, sans caractère, qui se prête à toutes les spéculations, s’accommode à tous les souvenirs et ne répudie que le fait actuel, le fait impérieux qui domine tout, la révolution de Juillet. »

M. Sarrans entreprend de démontrer l’impossibilité’ de la coexistence de la Révolution de 1830 avec l’établissement monarchique qui en fut le résultat. Il place la royauté du 7 août en regard de ses actes patents et de ses actes secrets, et il démontre qu’elle n’a rien de ce qui peut prendre racine en France, ayant tout fait contre et non pour les intérêts de la France.

Le livre de M. Sarrans est bon à consulter sur l’histoire des premières années du règne de Louis-Philippe ; mais les infiniment petits y tiennent trop de place, ainsi que cela est concevable dans un livre de circonstance. L’histoire véritable doit être plus large.


EMPEREURS.


LOUIS Ier, le Débonnaire ou le Pieux, roi des Francs et empereur d’Occident, fils de Charlemagne, né à Casseneuil (Agenois) en 778, mort en 840. Il n’avait que trois ans lorsque son père l’emmena à Rome pour le faire sacrer par le pape roi d’Aquitaine. Jeune encore, il conduisit plusieurs expéditions contre les Arabes et les Vascons et resta dans son royaume jusqu’à l’époque où il fut associé à l’empire (813). L’année suivante, Charlemagne étant mort, l’immense fardeau de l’empire tomba entre les mains débiles de Louis. Son premier acte fut juste et sage : il permit aux Saxons transportés par Charlemagne de rentrer dans leur patrie, ce qui lui gagna le cœur de ces exilés. Mais Louis était plus occupé de réformes ecclésiastiques que des affaires de l’État, et la décadence de l’empire de Charlemagne commençait déjà : toutes les nations dont il se composait essayèrent de briser le joug ; toutefois, ces révoltes furent réprimées. En 817, Louis partagea l’empire entre ses trois fils, Pépin, Louis (le Germanique), et Lothaire. Mais, s’étant remarié depuis et ayant eu un quatrième fils, Charles le Chauve, il voulut, afin de le doter, revenir sur le partage (823) : ses trois fils se révoltèrent et l’enfermèrent dans un couvent ; la diète de Nimègue le rétablit sur son trône. Une seconde fois, il est renversé (833) et rétabli de nouveau. Il mourut six ans après (840), dans une île du Rhin, du chagrin que lui causa une nouvelle rébellion de son fils Louis le Germanique. L’unité de l’empire mourut avec lui : Lothaire lui succéda comme empereur, et Charles le Chauve comme roi de France. Ce règne n’avait été qu’une suite de dissensions intestines et de guerres mêlées aux ravages continuels des Sarrasins et des Normands. Louis le Débonnaire fut un des principaux fondateurs de cette puissance des papes contre laquelle se débat encore le monde moderne, en souffrant qu’ils prissent possession, en 840, du souverain pontificat sans attendre sa confirmation. Pasquier, dans ses Recherches, fait la remarque suivante, qui donne bien le sens qu’on doit attacher à cette épithète de Débonnaire : « Les Italiens, qui en s’agrandissant de nos dépouilles ne furent chiches de belles paroles, voulurent attribuer ceci à piété, et pour cette cause l’honorèrent du mot latin Pius, et les sages mondains de notre France, l’imputant à un manque et faute de courage, l’appellèrent le Débonnaire, couvrant sa pusillanimité du nom de débonnaireté. Sur ce propos, il me souvient que le roi Henri III disoit en ses communs devis, qu’on ne pouvoit lui faire plus grand dépit que de le nommer le Débonnaire, parce que cette parole impliquoit sous soi je ne sçai quoi du sot. »


LOUIS II, dit le Jeune, empereur et roi d’Italie, né en 822, mort en 875. Fils de Lothaire Ier, il fut nommé roi d’Italie en 844, associé à l’empire en 849, et enfin devint empereur en 855. Il se fit céder par son frère Charles de Provence (852) le pays situé entre le Jura et les Alpes, et, après la mort de Charles, partagea la Provence avec Lothaire II (863). En 866, il combattit les Sarrasins d’Italie, éprouva un échec à Bari (867), mais parvint à les expulser de la Calabre. Sa fille Ermengarde, son unique enfant, épousa Boson, premier roi d’Arles.


LOUIS III, dit l’Aveugle, empereur, roi d’Italie et de Provence, petit-fils du précédent, né en 880, mort en 929. Il succéda à son père Boson dans le royaume d’Arles (887), vainquit Bérenger en Italie, et se fit couronner empereur à Rome en 900. Bérenger l’ayant peu après surpris dans Vérone, lui fit crever les yeux et le dépouilla de l’empire (903). Louis III retourna alors en Provence, où il termina sa vie.


LOUIS IV, dit l’Enfant, dernier empereur carlovingien d’Allemagne, né en 893, mort en 911. Après avoir succédé à son père Arnulf comme roi de Germanie en 899, il devint empereur en 908. Ne pouvant résister aux Huns, qui se répandaient en Allemagne, ni aux ducs de Saxe et de Franconie, qui se disputaient ses États, il s’enfuit à Ratisbonne, où il mourut.


LOUIS V, empereur et duc de Bavière, surnommé le Bavarois, fils de Louis le Sévère, né vers 1284, mort en 1347. Élu empereur en 1314, il eut une guerre sanglante avec l’archiduc Frédéric le Bel, son compétiteur, le vainquit et le fit prisonnier à Muhldorf (1322). Louis eut ensuite de longues luttes avec le pape Jean XXII, qui voulut le contraindre à abdiquer, l’excommunia parce qu’il ne voulait y consentir et engagea le roi de France, Charles IV le Bel, à se mettre sur les rangs pour obtenir la couronne impériale. Louis répondit à ces actes d’hostilité du pape en entrant avec une armée en Italie (1327). Après s’être fait couronner roi d’Italie à Milan, il se rendit à Rome, remplaça Jean XXII par l’antipape Nicolas V (Pierre de Corbière), qui le sacra empereur (1328), puis revint en Allemagne, où il eut plusieurs fois à combattre les puissants ennemis que le saint-siége lui suscitait. L’année qui précéda sa mort, il fut excommunié par Clément VI. Il eut pour successeur un de ses rivaux à l’empire, Charles IV. Ce fut lui qui plaça deux aigles dans le sceau de l’empire, lequel depuis eut une aigle à deux têtes.


ROIS ET DUCS DE BAVIÈRE.


LOUIS, ducs de Bavière. V. Bavière.


LOUIS Ier, roi de Bavière, mort à Nice le 29 février 1868. V. Bavière.


LOUIS II (Othon-Frédéric-Guillaume), roi régnant de Bavière, né à Nymphenbourg en 1845. Il est fils du roi Maximilien II et de la reine Marie, fille du prince Guillaume de Prusse. Il venait d’être déclaré majeur et se préparait à aller visiter les universités d’Allemagne, lorsque la mort soudaine de son père (10 mars 1864) l’appela au trône. Son avènement ne produisit aucun changement dans la politique soit extérieure, soit intérieure de la Bavière ; il n’y eut qu’une simple substitution de personnes.

La première fois que le jeune roi fit acte indépendant d’autorité, ce fut pour appeler à Munich le compositeur Richard Wagner. Lohengrin était le premier opéra de cet artiste qu’il eût entendu, alors qu’il n’était encore que prince royal, et cette œuvre fit sur lui une impression que les circonstances contribuèrent encore à rendre plus profonde ; car la légende du chevalier du Cygne est intimement liée à l’histoire du romantique château d’Hohenschwangau, où s’étaient écoulées les premières années du jeune roi. Dès son arrivée à Munich, Wagner acquit sur le roi une influence qui n’a pas cessé de s’accroître depuis cette époque. Ami de la solitude, le roi Louis n’a d’autres distractions que la musique, dite de l’avenir, et la lecture des romans. Personne ne peut se vanter d’être son confident, sauf Wagner. Dans les rares circonstances où le roi s’est mêlé de politique, il a fait preuve des idées les plus libérales. Pour ce qui est de la politique suivie par la Bavière dans le conflit austro-prussien de 1866, politique qui a abouti à la conclusion entre la Prusse et la Bavière du traité du 22 août 1866, si désavantageux pour cette dernière, on ne peut réellement pas en faire retomber la responsabilité sur le jeune roi. Il s’efforça, mais en vain, de se soustraire à l’influence prussienne, contre laquelle le pays se prononça vivement lors des élections de 1869, et laissa s’introduire plusieurs réformes libérales. Au commencement de cette année, il fonda un musée de moulages d’après les chefs-d’œuvre de l’antiquité, et fit monter, à ses frais, plusieurs opéras de Wagner.

Lors de la réunion du concile où devait être proclamée l’infaillibilité papale, son gouvernement se prononça avec énergie contre les prétentions ultramontaines, et Munich devint le centre de la résistance aux doctrines du Syllabus. Ce fut là, en effet, que se forma, à l’instigation de Doellinger, le schisme des vieux catholiques. Le 1er mars 1870, le roi Louis dut, malgré ses répugnances, appeler le comte de Bray à remplacer le prince de Hohenlohe, suspecté par les chambres de sympathies pour la Prusse. Quelques mois plus tard, une rupture éclatait entre cette puissance et la France. Le roi Louis et son gouvernement désiraient vivement rester en dehors du conflit ; mais, sous la pression du gouvernement prussien, la majorité des députés consentit à se ranger du côté de la Prusse et à envoyer un contingent au roi Guillaume. Après la prise de Metz, le roi Louis envoya ses félicitations au roi de Prusse (29 octobre 1870), négocia alors l’entrée de la Bavière dans la confédération du Nord, et, pris tout à coup d’enthousiasme pour le prince victorieux, il proposa aux princes allemands de proclamer Guillaume empereur d’Allemagne (7 décembre 1870), Depuis lors, le jeune roi se vit engrené, non sans regret, dans le système prussien, et le parti catholique, qui s’était prononcé contre l’absorption prussienne, reprit une telle influence que plusieurs de ses chefs furent appelés au ministère (août 1871). Ce ne fut pas sans peine que le roi Louis se décida à aller saluer à Ratisbonne l’empereur d’Allemagne, et au mois de septembre 1872, il refusa de se rendre à Berlin pour assister à l’entrevue des trois empereurs. Depuis lors, il s’est tenu de plus en plus sur la réserve à l’égard de la Prusse, a appelé au pouvoir le ministère Gasser, à la fois ultramontain et hostile à l’hégémonie prussienne, a fait une vive opposition à l’adoption d’un système uniforme d’organisation judiciaire mis en avant par M. de Bismark, et a adressé une vive réprimande, en janvier 1873, au bourgmestre de Fussen, pour avoir fêté le prince impérial de Prusse de passage dans cette ville.


ROIS DE GERMANIE.


LOUIS Ier, le Débonnaire, roi de Germanie. V. Louis Ier, empereur.


LOUIS II, le Germanique, roi de Germanie, troisième fils de Louis le Débonnaire, né en 806, mort à Francfort en 876. Il avait eu dans le partage de l’empire la Bavière et la Germanie (817). Il s’associa à la révolte de ses frères en 829 et en 833 et hâta la mort de son père par une dernière révolte (840). En 841, ligué avec son frère Charles le Chauve, il combattit Lothaire à Fontenailles. C’est à l’occasion de cette ligue que fut prononcé, au bord du Rhin, ce fameux serment d’alliance dont la version française est le plus ancien monument connu de la langue romane. Louis ajouta à son royaume par le traité de Verdun (843) la Saxe, la Thuringe, la Bavière, et par le traité de Mersen, en 869, la Lorraine et les Grisons. Il laissa trois fils, Carloman, Louis le Saxon et Charles le Gros.


LOUIS III, dit le Saxon, roi de Germanie, deuxième fils et successeur du précédent, mort en 882. Il monta sur le trône en 876. Il fit plusieurs fois la guerre à son oncle Charles le Chauve, qu’il battit près d’Andernach (876), augmenta ses États de la Bavière, écrasa les Normands (881), mais fut vaincu à son tour par eux à Ebsdorff et mourut de chagrin.


LOUIS IV, roi de Germanie. V. Louis IV, empereur.


LOUIS V, le Bavarois, roi de Germanie. V. Louis V, empereur..


LANDGRAVES DE THURINGE.


LOUIS Ier, landgrave de Thuringe, mort en 1140. Il doit à Louis le Débonnaire, dont il avait appuyé l’élection à l’empire, le titre de comte provincial ou de landgrave de Thuringe, et fixa cette dignité dans sa famille.


LOUIS II, dit de Fer, landgrave de Thuringe, fils du précédent, mort en 1168 ou 1172. Son surnom lui a été donné parce qu’il portait constamment une cuirasse. Il ne ménageait point sa noblesse, et l’histoire rapporte qu’ayant vaincu une partie de ses grands vassaux révoltés, il ordonna qu’ils fussent attachés à des charrues et leur fit labourer ses domaines.


LOUIS III, dit le Débonnaire, landgrave de Thuringe, fils du précédent, né vers 1152, mort en 1197. Après de longues luttes soutenues avec des chances diverses contre Henri le Lion, duc de Saxe, et le comte d’Anhalt, le margrave Othon de Misnie et l’archevêque de Mayence, il se croisa et partit pour la terre sainte où il se signala par son courage à toute épreuve.


LOUIS IV, dit le Saint, landgrave de Thuringe, mort en 1227, au moment de s’embarquer pour la terre sainte. Il avait épousé Élisabeth de Hongrie. V. Élisabeth.


GRANDS-DUCS DE HESSE.


LOUIS Ier, grand-duc de Hesse-Darmstadt, né à Prenzlow en 1753, mort en 1830. Il était fils du landgrave Louis IX et fut élevé avec soin sous la surveillance de sa mère, Henriette-Caroline, princesse de Deux-Ponts-Birkenfeld. Après avoir passé quatre ans à l’université de Leyde, il entra en 1773 au service de la Russie, qu’il quitta bientôt après, et épousa en 1777 Louise-Caroline-Henriette, fille de Georges-Guillaume, landgrave de Hesse-Darmstadt. Il vécut alors dans la retraite jusqu’à la mort de son père (1790), auquel il succéda sous le nom de Louis X. Lors des campagnes de la République française en Allemagne, ses troupes combattirent sur le Rhin, en Alsace et dans les Pays-Bas ; il assista lui-même au siège de Mayence ; enfin il se vit forcé de quitter sa capitale et de se réfugier d’abord à Giessen, puis en Saxe. En mars 1799, il conclut un traité de paix particulier avec la France, et plus tard obtint le duché de Westphalie en dédommagement des territoires qu’il avait perdus sur la rive gauche du Rhin. En 1806, il entra dans la confédération du Rhin, reçut de Napoléon le titre de grand-duc souverain et prit comme tel le nom de Louis Ier. Son alliance avec la France lui coûta de grands sacrifices, et les troupes hessoises combattirent en Espagne, à Wagram et en Russie. En 1813, il s’unit aux alliés par la convention de Francfort, et au congrès de Vienne, en 1815, il reçut la Hesse rhénane en échange de la Westphalie. Sa principauté, qui, à son avènement, comptait à peine 300,000 hab. sur une superficie d’environ 5,500 kilom. carrés, avait maintenant 68O,000 hab. et une superficie de plus de 9,000 kilom. carrés. Après 1815, le calme fut loin de régner dans ses États ; les aristocrates et les libéraux furent continuellement en lutte les uns avec les autres, et la paix ne fut rétablie qu’en 1820 par l’octroi d’une nouvelle constitution. Louis Ier était un prince d’un caractère élevé et libéral ; il ne chercha jamais à entraver la liberté de parler dans ses États, même sous Napoléon, et n’y souffrit jamais de police secrète. Le grand-duché jouit d’une entière liberté de la presse, jusqu’au décret de la diète germanique (1819), et même après cette époque il n’y eut qu’une censure des plus débonnaires. À la fois religieux et tolérant, le grand-duc protégeait les artistes et les savants ; mais son amour pour le théâtre lui attira parfois de vifs reproches, qu’on ne se gênait pas pour lui exprimer hautement. Son indifférence pour la Hesse rhénane, qu’il ne visita jamais, fut cause que bien des améliorations ne furent pas introduites dans cette province.


LOUIS II, grand-duc de Hesse, fils du précédent, né en 1777, mort en 1848. Après avoir fait ses études à Leipzig, il épousa, en 1804, Wilhelmine, fille du prince royal Charles-Louis de Bade et, jusqu’à son avènement, vécut à Darmstadt sans prendre beaucoup de part aux affaires. Cependant, après le rétablissement de la constitution, il entra dans la première Chambre, et devint en 1823 membre du conseil d’État. Dès qu’il eut succédé à son père, il se produisit entre les états et lui un tel désaccord, que non-seulement ils lui retranchèrent sa liste civile, mais ne voulurent même pas qu’il payât ses dettes privées avec les fonds de la caisse de l’État. Le contre-coup de la révolution de Juillet 1830 s’étant aussi fait sentir dans la Hesse, le grand-duc, personnellement plein de bonne volonté, mais mal conseillé par son entourage, entra dans la voie d’une réaction politique qui produisit bien quelques améliorations matérielles, mais qui eut aussi pour résultat l’oppression de la Hesse, et ne put jamais conduire au rétablissement de la bonne harmonie entre le grand-duc et son peuple. Dès le début des événements de mars 1848, Louis II, depuis